Magnum Opus :: Royaume-Uni :: Londres
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Re: Les tisseuses de Whitehill [Terminé] par Sam 12 Sep - 15:55
Ce moment de tranquillité fut de courte durée : le grand frère de Cyriac entra dans la pièce avec Grace et Ismaël. Leur air grave ramena immédiatement l’adolescent à la situation présente.
« Cyriac, Yorick. Nous avons réfléchi et puisque vous êtes venus jusqu’ici, vous allez vous rendre utiles. » déclara l’auror.
Yorick faillit demander s’il allait pouvoir se battre. Mais il vit son père et cette idée l’abandonna aussitôt.
-La mission que nous vous confions est dangereuse. Nous avons cherché à limiter au maximum les risques mais ils ne sont pas inexistants. Vous allez en effet apporter un message à Père. Il sera le plus à même de prendre les dispositions nécessaires pour nous envoyer des renforts au plus vite. Nous voulons par conséquent que vous preniez le balai que voici et que vous vous envoliez en dehors du chemin protégeant le manoir dans la direction inverse de celle où se sont rassemblés les vampires. Une fois sortis de la protection, Yorick devra créer un Portoloin jusqu’au manoir Longbottom. De là, expliquez la situation à Père et donnez-lui ce parchemin, il vous indiquera alors la démarche à suivre. »
« Qui est votre père ? glissa Yorick à son compagnon.
- C’est le directeur du ministère de la Défense contre les Forces du mal. »
Les deux adolescents purent reprendre leur baguette. Yorick s’aida du livre sur les flux et trouva rapidement un itinéraire pour rejoindre Londres. Créer le pentagramme adapté lui pris encore un quart d’heure, puis le groupe partit.
Les adultes conduisirent Yorick et Cyriac jusqu’à l’entrée principale du monastère. Crestian escortait son jeune frère tandis qu’Ismaël se tenait à côté de son fils.
« Père, osa finalement demander Yorick, allez-vous combattre ? »
L’étudiant n’aurait pu concevoir de partir sans avoir posé cette question, mais il s’attendait à être rabroué sans ménagement. Son père n’en fit rien, mais sursauta légèrement et grimaça. Le vieux Mérindol répondit avec la voix la plus apaisante qu’il put :
« Allons bon ; tu ne t’en fais pas pour ton père tout de même ? Ne t’inquiète pas pour moi, va. Les renforts arriveront avant même que le combat ne com… »
Une autre secousse l’interrompit. Le groupe s’arrêta un instant, mais le tremblement ne dura pas. Ils reprirent donc leur chemin.
« Ne t’inquiète pas. » conclut Ismaël.
La nuit était particulièrement froide, et de légers flocons flottaient dans l’air. Yorick n’avait pris que son pull et frissonna.
« Tiens, prends donc cela pour te tenir chaud. déclara le père en enlevant le manteau qu’il portait.
- Père, non… Et puis, il est bien trop grand pour moi…
- Arrête donc de discuter les ordres de ton père, veux-tu ? gronda Ismaël ; et promet-moi de faire tout ce qu’on te demande.
-Oui père.
-Et quand tu seras rentré, de bien travailler à l’école.
-Oui père.»
Mérindol aida son fils à mettre le manteau. Crestian vint les trouver avec son frère ; il était temps de partir.
Yorick se mit derrière Cyriac, et s’accrocha au poufsouffle comme il put afin d’être sûr de ne pas tomber. Le balai décolla sans difficulté et s’éleva bientôt dans les airs. Quand il eut disparu, Ismaël se rapprocha de Crestian.
« J’ai fait ma part du marché, et je vous ais mis en contact avec les tisseuses. A vous de tenir parole. Le travail que j’ai effectué mérite son salaire ; alors si le pire devait arriver, je veux que Yorick puisse avoir cet argent. »
Les silhouettes d’Ismaël et Crestian devinrent rapidement minuscule, alors que les deux étudiants continuaient à prendre de l’altitude. Yorick aperçu aussi les vampires, attachés à la destruction d’un point de l’enchantement de protection. Ils levèrent la tête mais ne purent rien faire d’autre qu’observer leurs proies leur filer entre les doigts.
« Arrête-toi là, demanda Yorick quand ils furent assez loin, je vais créer le portauloin maintenant. »
Il commença à tracer un cercle, mais un mouvement trop brusque lui fit perdre l’équilibre et il fut sur le point de tomber du balai. Cyriac le remarqua juste à temps et le retint par le col d’une main ferme.
« Bon sang, attention !
-Oui, oui, pardon… » répondit nerveusement Yorick.
Il traça avec plus de précaution le cercle dans les airs, et quand ce fut fait, mis un bout de bois au centre. Les lettres qu’il avait écrites dans les airs rentrèrent dans le bois, et les deux jeunes gens se téléportèrent.
Comme toujours lors de l’utilisation d’un portauloin, Yorick et Cyriac se sentirent entraînés par une force d’une puissance phénoménale. C’était désormais le flux de magie qui conduisait le balai, sans que Cyriac puisse intervenir ; en plus de cela, à cette heure et avec cette vitesse, le jeune capitaine de quidditch ne parvenait plus à distinguer ce qu’il y avait autour de lui. Il comprit qu’il ne serait pas capable de guider correctement son balai juste avant d’arriver à destination.
Projetés par le portauloin, Les deux étudiants faillirent s’écraser contre un mur qui se présenta tout à coup devant eux ; Cyriac dévia la course à temps, mais Yorick ne parvint pas à s’accrocher suffisamment fort et, entraîné par la force centrifuge, se cogna contre les briques et tomba au sol. Le balai de Cyriac dérapa sur le côté ; il avait déjà perdu beaucoup de sa vitesse, mais Cyriac percuta tout de même de plein fouet une statue. Il lâcha le balai, tomba sur la statue qui s’écrasa par terre dans un bruit retentissant.
L’étudiant de poufsouffle reprit ses esprits rapidement. La statue qu’il avait détruite était une Vénus antique donnée par un ami de son père à la famille ; il se trouvait dans son jardin aménagé à la mode anglaise, derrière le manoir familial ; le mur qu’il avait failli percuter était celui de sa maison.
Devant lui se trouvait une allée de jardin qui menait jusqu’à une porte donnant elle-même sur la cuisine. C’est ici que dormait certains elfes de maisons au service de la famille Longbottom.
Les elfes avaient été réveillés par le bruit et crurent avoir affaire à des voleurs. En un clin d’œil, ils attrapèrent Yorick dans le buisson de rose où il avait atterri et le mirent sur pied de force ; ils s’approchaient de Cyriac afin de le capturer, mais à la lueur d’une lampe, ils le reconnurent.
« Maître… Maître Cyriac ? »
Les plus jeunes sautèrent de joie et aidèrent leur maître à se relever avec beaucoup de déférence. Un seul elfe se montra moins joyeux : il était plus vieux et savait ce qui allait bientôt arriver.
« Lâchez-moi ! » criait Yorick. Il n’avait jamais vu de telles créatures, et n’avait aucune idée de ce qu’était un elfe de maison. Leur nombre et leur aspect bizarre l’effrayait.
« C’est un ami. S’empressa de préciser Cyriac. Nous devons voir Père de toute urgence.
- Je suis là. » répondit une voix grave.
Un homme était apparu dans l’encadrement de la porte, encore en robe de chambre, sa baguette à la main. Les elfes de maison reculèrent.
Benedict Longbottom jeta un œil sur le tableau qui se présentait à lui. Il devait être six heures du matin. Il y avait un étranger à sa gauche, un jeune homme maigre et pas très grand, tout égratigné, avec un manteau trop grand pour lui. Devant lui, son fils cadet était là, à des kilomètres de Poudlard. Un balai brisé gisait à côté de la Vénus détruite.
« Suivez-moi, tous les deux. » ordonna Benedict d’une voix glacial.
Les adolescents le suivirent jusqu’à son bureau et durent rester debout devant le secrétaire, tandis que le maître de maison allumait une lampe, posée sur le meuble. Il s’assit finalement sur un fauteuil.
« Aucun mot ne saurait exprimer la colère que je ressens devant un comportement si irresponsable, Cyriac.
-Père, je…
-Et tu oses en plus de cela interrompre ton père ? » gronda M. Longbottom. Cyriac fut forcer de se taire et écouta sans rien dire, les yeux rivés sur le sol. Yorick était lui-même effrayé, et n’osa pas dire un mot pour prendre la défense de son compagnon.
« Tu as fugué de ton école, plein milieu de la nuit, avec un autre de tes camarades. Tu as volé un balai pour te rendre ici, et tu as vandalisé ta propre maison. Ton attitude te rend indigne du nom que tu portes, Cyriac. Maintenant, je ne veux pas entendre un seul mot d’excuse de ta part, car rien de ce que tu dirais ne pourrait justifier tes actes. Tu vas me fournir les explications de ce tapage de façon claire et concise, et je choisirai ensuite la punition adaptée. »
Le jeune Longbottom raconta les événements qui s’étaient déroulés jusqu’à présent. Son père ne l’interrompit pas mais son visage se fit de plus en plus sombre au fur et à mesure qu’il apprenait la situation.
« Très bien. Vous allez attendre ici jusqu’à mon retour. Lorsque cette affaire sera réglée, nous auront une discussion, Cyriac. »
Le visage de Cyriac trahissait son peu d’enthousiasme à l’idée de cette discussion. Le directeur du siège de la défense disparu dans une pièce annexe. Quand il ressortit, il était habillé et quelques elfes de maisons qui devaient auparavant dormir dans l’annexe l’accompagnaient.
« Surveillez-les. » ordonna Benedict. Et il disparut.
« Quel galère… » soupira Cyriac quand son père fut parti. Il porta sa main à son front, et se soutint en s’appuyant sur le secrétaire. Yorick ne put pas répondre tout de suite ; mais il souffla finalement :
« Je… Je suis vraiment désolé. Tout cela… C’est entièrement ma faute. Je suis vraiment, vraiment désolé.
-N’en parlons pas. »
Un elfe de maison était sorti, et revint avec des compresses. Deux autres amenèrent deux chaises, et quand les adolescents furent assis, les elfes commencèrent à les soigner. Yorick ne parvenait pas à dissimuler sa gêne. En la voyant, les elfes de maisons avaient compris qu’il n’était pas du même statut social que leur maître, et le traitait donc avec une politesse froide.
« C’est incroyable, ton père a disparu tout à coup ; je ne comprends pas comment il a fait ça. dit finalement Yorick.
-Il a transplané. C’est une méthode de téléportation très dangereuse et difficile à maîtriser, mais à part ça elle a bien plus d’avantage que les portauloins ou les poudres de cheminette. » expliqua Cyriac sans y penser. Il tourna son regard vers son cadet, et eut la surprise de voir que celui-ci semblait déjà réfléchir aux moyens de maîtriser cette technique.
« Dis donc, c’est interdit pour les étudiants d’essayer de transplaner ! »
Yorick sursauta comme s’il sortait d’une rêverie.
« Oui mais… Même si c’est interdit, cela peut toujours être utile. Il me semble que les règles sont essentielles mais, parfois, il faut savoir les enfreindre non ? »
Après un silence, Cyriac répondit finalement :
« Je suis on ne peut plus d’accord avec toi. »
« Cy… Cyriac ? » balbutia une voix féminine.
Les deux jeunes hommes se retournèrent d’un même mouvement. La mère de Cyriac se tenait là, encore un peu endormie, dans un peignoir de soie bleue nuit aux motifs chinois. Ses longs cheveux brun étaient défaits, et tombait d’un côté de son épaule. Elle devait avoir un peu plus d’une quarantaine d’année ; mais Yorick la trouva immédiatement très belle.
« Madame. » salua l’adolescent en bondissant sur ses pieds, un peu maladroitement.
Madame Longbottom considéra ce jeune homme pâlichon qu’elle ne connaissait pas et qui était pourtant dans sa maison au beau milieu de la nuit. Elle tourna ensuite son regard vers son fils.
« Mais… Que fais-tu ici ? Est-ce qu’il y a un problème avec l’école ? demanda-t-elle.
- Non Mère. »[/color] Répondit Cyriac.
Yorick se sentit un peu forcé d’ajouter :
« C’est de ma faute… Je m’inquiétais pour mon père et Cyriac m’a aidé à le rejoindre.
-Vous… Vous avez fugué de l’école ? interrogea Madame Longbottom inquiète.
- Non pas vraiment, expliqua Cyriac ; on pensait être de retour avant l’aube mais à cause des vampires…
-Vous avez croisé des vampires ? Madame Longbottom pâlit, anxieuse.
- On les a aperçu disons, rectifia Yorick. Mais heureusement le grand frère de Cyriac est venu nous aider et…
-Mais alors Crestian se bat contre ces monstres en ce moment même ! » Maintenant, Madame Longbottom paraissait en proie à un grand effroi, et sa peau avait pris la même couleur que celle de la Vénus antique.
-Il n’est pas en train de se battre Mère, » tenta de la rassurer Cyriac.
Mais il était un peu fatigué par tous ces événements, et sa langue fourcha quand il continua sa phrase :
« Il est en sécurité dans le monastère assiégé.
-Assiégé ? Assiégé par qui ? Par les vampires ? Ne me dites pas que Crestian est assiégé par des vampires ! Oh mon Dieu ! »
Cyriac et Yorick s’entreregardèrent, totalement démunis.
M. Longbottom revint à ce moment-là, avec plusieurs régulateurs à ses côtés. C’est avec surprise qu’il découvrit sa femme en proie à une grande panique. Il ordonna aux elfes de maison de l’accompagner ailleurs et de la rassurer. Puis, il tourna son regard vers le jeune étudiant de Serdaigle.
« Yorick Mérindol. Comment t’y ais-tu pris pour construire un portauloin ?
- Qu… J’ai tracé un pentagramme…
- Mais selon quelle méthode ? »
L’adolescent ne sut comment répondre à cette question. Il n’y avait pas de livres sur la création des Portauloins dans la bibliothèque de Poudlard, parce que ces sorts n’étaient étudiés qu’à partir de la faculté. Il avait seulement trouvé la carte des flux, comme ces sortes de fleuves magiques étaient utiles pour beaucoup de choses ; mais pour le reste, Yorick et ses amis l’avaient plus ou moins inventé.
« Bon, montre-nous. Construis le Portauloin pour le monastère de Whitehill. »
Yorick commença à tracer le pentagramme. Un régulateur s’approcha et s’exclama :
« Mais… C’est de l’allemand ! Il faut utiliser du sumérien ou de l’akkadien pour les portauloin, sinon ce serait trop instable !
- Euh… Je ne savais pas… » avoua Yorick.
Il comprenait mieux maintenant pourquoi il avait toujours été projeté quand il faisait ses portauloins.
« Enfaite je connais bien l’allemand, alors j’ai préféré utilisé cette langue… Et puis cela ne prendrait pas un temps fou de construire un portauloin avec des langues cunéiformes, il y a trop de pictogrammes à marquer, non ?
- Des jours et des jours… Mais les langues cunéiformes ne possèdent pas de mots avec différents sens, ou des nuances, ce qui permet une meilleure stabilité. En utilisant que l’allemand, c’est un miracle que tu sois toujours arrivé là où tu le voulais.
- Oh, je n’utilise pas que de l’allemand ; là par exemple… »
La conversation dura encore un petit moment. Cyriac ne cessait de regarder son père.
Finalement, le Régulateur revint vers Benedict.
« Je n’ai jamais vu quelque chose de pareil. C’est vraiment un portauloin fait de bric et de broc, grâce à des intuitions et des coups de chance. La bonne nouvelle c’est qu’il est très rapide à réaliser. Mais il y a quelques contreparties : d’abord, nous serons littéralement projetés dans la bataille, sans avoir le temps de savoir où nous sommes, et ce qui est autour de nous. A cause de cela nous serons vulnérables un court instant. De plus, nous ne pourrons établir notre trajectoire avec précision, il y aura une part d’aléatoire. Enfin, le portauloin se déclenchera immédiatement. Celui qui le réalise se trouvera donc projeté aussi.
-Et ne pouvez-vous pas faire vous-même le portauloin sur les indications de ce jeune homme ? demanda Benedict.
- Non, je ne suis pas assez familier avec cette façon de faire. Si je ne suis pas sûr de moi et que ma main tremble, ou si je commets une erreur, cela pourrait avoir de graves conséquences. »
Monsieur Longbottom fronça les sourcils et dévisagea le jeune homme. La décision qu’il devait prendre le rebutait, mais il n’avait pas le choix.
« Très bien. Yorick Mérindol, tu vas finir le Portauloin. Régulateurs, je veux que vous fassiez un cercle autour de lui pour le protéger une fois que vous serez sur place, le temps qu’il en construise un autre pour rentrer chez lui.
« Père ! s’exclama Cyriac, je veux aussi venir avec vous ! Je veux me battre !
- Cesse tes enfantillages, Cyriac, répliqua M. Longbottom d’un ton glacial. Ce n’est pas de gaité de cœur que je ramène ton camarade au monastère. Je préfèrerai amplement pouvoir m'assurer la sécurité de Yorick comme de la tienne. Quand les régulateurs seront partis avec ton ami, je te ramènerai immédiatement à Poudlard pour les empêcher de suivre ton message et de se rendre là où fourmillent des vampires.
- Mais Père, je sais me battre ! Je serai d’une aide précieuse !
-Une aide précieuse ? siffla M. Longbottom. N’as-tu aucun sens des réalités? Que crois-tu qu’un écolier puisse faire contre des vampires assoiffés de sang ? Tu ne serais bon qu’à nous gêner et à mettre en péril la vie des autres par ton inexpérience. Alors pour la dernière fois, cesse tes enfantillages. Tu n’as aucune idée de ce qu’est le danger. »
Vaincu, Cyriac ne put rien répondre si ce n’est un « bien Père » d’une voix faible.
Yorick ne se sentait pas aussi prêt que Cyriac pour le combat. Sa détermination le quittait, il sentait qu’il tremblait.
Cependant, sachant que son père se trouvait là-bas, il ne pouvait refuser une occasion d’y retourner. Néanmoins, il se sentait épuisé et préféra ne pas mentir au chef des opérations :
« Je ne suis pas sûr de pouvoir repartir une fois que je serai au monastère : j’ai construit déjà trois portauloins, et je me sens épuisé. »
Benedict Longbottom sortit une fiasque d’un revers de son manteau et la tendit à l’adolescent.
« Avale ça. Une gorgée, pas plus. Ça te revigora.
- Qu’est-ce que c’est ?
- Mieux vaut que tu ne le saches pas. »
La boisson avait un goût un peu amer, mais Yorick perçut son effet immédiatement : il eut comme une décharge d’adrénaline, son sang commença à brûler dans ses veines, et il se sentit plus fort qu’il ne l’avait jamais été.
Il termina le pentagramme en un clin d’œil ; le groupe de régulateurs et l'adolescent furent projetés jusqu’à Whitehill.
En haut des murailles, Ismaël veillait au côté de Crestian. Il devait être six heures du matin. Même si la nuit était complète, un rayon de lune qui s’était abaissé jusqu’à la colline permettait désormais de voir les vampires progresser.
Ils restaient bien trop loin pour qu’on puisse les attaquer. Il fallait donc les regarder détruire l’enchantement et s’approcher. Le marchand était allé chercher, en plus d’un poignard, une arbalète qu’il avait dans sa carriole, et la tenait maintenant contre un créneau, prêts à tirer. Aux tremblements qui secouaient Whitehill, l’on sentait que la cadence pour la destruction des enchantements s’était accélérée. De loin, Ismaël put constater qu’un sorcier accompagnait les vampires, et était à l’origine de cette avancée. Mais il lui sembla ensuite que ce sorcier tirait ses ordres d’un vampire, qui mimait les mouvements à faire avec la baguette.
Enfin, ils brisèrent le dernier point de l’enchantement.
Les vampires se ruèrent vers la citadelle, et le sorcier lança des sorts en direction des religieuses. Dès qu’elle le vit, Grace contra les sorts, récita une formule en levant la main. Pendant une seconde Ismaël crut qu’il ne s’était rien passé ; un objet atterrit dans la main ouverte : il s’agissait de la baguette du sorcier, maintenant désarmé.
Protégée derrière les créneaux, Les sœurs commencèrent à se défendre. Elles envoyèrent des petits projectiles enflammés vers les vampires afin de les enflammer. Aucun ne toucha sa cible : les attaquants se déplaçaient beaucoup trop rapidement. Sûr d’eux, ils se précipitèrent vers le monastère, et déclenchèrent le premier piège.
Deux vampires tombèrent dans la première fosse sans comprendre ce qui leur arrivait ; un troisième cru qu’il s’agissait d’un simple trou et sauta par-dessus. Les religieuses lancèrent immédiatement leurs sorts sur le piège, la fosse s’enflamma, et emporta les trois créatures.
Au-dessus de la tranchée se dressait maintenant une immense barrière de feu, nourri des vestiges des métiers à tisser. Les braises volaient autour, et les flammes jetaient au loin de grands éclats qui faisaient apparaître la colline totalement rouge.
Dernière édition par Ismaël Mérindol le Ven 16 Oct - 21:55, édité 1 fois
- Invité
Que vois-tu…?
Re: Les tisseuses de Whitehill [Terminé] par Sam 19 Sep - 18:26
Lawrence, dans son grand âge, posait d’ailleurs bien souvent un regard bienveillant sur les frasques de ce petit-fils qui lui rappelait son excentrique oncle, à l’agacement contenu de son fils. Benedict, habitué à n’avoir aucun problème majeur de discipline avec son aîné ne savait parfois que faire de son benjamin. Comme si avoir une cadette bien trop indépendante pour son bien n’était pas suffisant ! Il voyait pourtant bien que le cœur de Cyriac battait pour des causes justes mais l’adolescent avait un peu trop tendance à se détourner du droit chemin s’il croyait que cela lui permettrait d’arriver plus vite à ses objectifs. C’était ce qui faisait de lui un stratège si brillant au Quidditch, il n’hésitait en effet pas à faire usage de techniques fort peu orthodoxes si cela lui permettait de mettre à mal un adversaire un peu trop puissant. Le tout sans jamais franchir la ligne de la légalité, mais en s’en approchant beaucoup trop au goût de son ancien Auror de père.
Ainsi, dans le cas présent, son désir d’aider l’avait poussé à braver tous les dangers pour venir en aide à un camarade en faisant fi de la prudence la plus élémentaire. Et si, bien qu’il ne l’avouerait jamais, une partie de Benedict était on ne peut plus fière du courage et de la loyauté démontrée par son fils, une partie bien plus grande s’inquiétait fortement de son incapacité à réaliser le danger de ses actions. C’était la raison pour laquelle il l’avait rabroué sèchement lorsqu’il avait bêtement voulu jouer les héros. Car, pour aussi bon duelliste qu’il ait pu être, le Poufsouffle n’en restait pas moins un enfant de quinze ans totalement incapable de faire face à des vampires dans la force de l’âge. Et c’était bien cela que craignait le Lord, qu’un jour son fils ne finisse par sauter par-dessus la ligne de trop et n’en subisse amèrement les conséquences sans que personne ne soit là pour le tirer du danger où il se serait fourré seul.
Ainsi, une fois les Régulateurs et le jeune Mérindol partis, sans se laisser attendrir par son attitude de chiot battu, il fit signe à Cyriac de s’approcher, lui tendit le bras pour qu’il s’y accroche et transplana en direction des abords de Poudlard. En effet, avant de retourner auprès de Bucks pour discuter du comportement de plus en plus inquiétant de la communauté vampirique ces derniers temps, il voulait s’assurer qu’au moins un des deux adolescents placés sous sa garde était de nouveau en sécurité. Et que ce dernier soit son fils ne faisait qu’amplifier ce désir.
A peine atterris, il entraîna donc l’adolescent à sa suite et frappa à la porte du château. Personne ne répondit mais il ne douta pas une seconde que sa présence avait été notée et qu’un elfe s’était empressé d’aller prévenir le Directeur que le Directeur du Département de Défense contre les Forces du Mal se trouvait à l’entrée du château en compagnie de son fils. Vindictus Viridian fit donc bien vite son apparition en compagnie du professeur Swott, ce dernier s’empressant d’emmener Cyriac de retour à son dortoir non sans lui avoir d’abord fait visiter l’aile médicale de l’école. Mais, alors que l’adulte et l’enfant s’apprêtaient à partir, Benedict s’adressa de nouveau à son fils, choisissant d’enfoncer le clou pour s’assurer qu’il ne lui viendrait pas à l’idée de recommencer une aventure du même style.
-La punition que le Directeur Viridian choisira de t’imposer pour avoir fugué ne remplacera pas celle qui t’attendra à ton retour au manoir aux prochaines vacances. Elle ne fera que t’y préparer.
Les épaules du Poufsouffle s’affaissèrent un peu plus encore, détruisant l’image de jeune leader qu’il traînait le plus souvent derrière lui pour ne laisser plus qu’un enfant dépité par le poids de sa situation. Benedict n’y accorda néanmoins pas la moindre attention, préférant suivre le Directeur jusqu’à son bureau pour lui expliquer toute l’histoire et lui dire où se trouvait son deuxième élève manquant.
Il avait beau s’être préparé mentalement au trajet inconfortable que supposerait de voyager grâce à un Portoloin créé par un élève de quatrième année, le Régulateur Johnson n’en perdit pas moins pied à l’arrivée. Il se reprit néanmoins bien vite et cria un ordre à ses camarades pour qu’ils forment un cercle autour du gosse. Ils avaient en effet, par chance, atterris un peu à l’écart des combats mais cela ne signifiait nullement qu’ils étaient tirés d’affaire. De ce qu’il voyait, malgré une barrière enflammée qui entourait le château, le champ de bataille s’était déjà déporté à l’intérieur du couvent. Les nonnes ne devaient en effet pas être au courant de la capacité à se déplacer instantanément des vampires les plus avancés. La technique était proche du transplanage mais elle s’en différenciait en ce que les vampires n’avaient pas d’obligation de connaître l’endroit qu’ils visaient pour s’y rendre. A condition de voir l’endroit, ils pouvaient s’y déplacer même sans n’y avoir jamais mis les pieds. Une bonne partie des vampires se trouvait donc déjà sur les remparts en plein combat avec les habitants de la citadelle. Les restants étaient sans doute aucun les sous-fifres encore incapables de se déplacer de cette façon et par conséquent bloqués par la barrière de flammes.
Au vu de la situation, Johnson prit une décision rapide. Le Directeur Longbottom n’apprécierait certainement pas et il savait risquer gros en agissant ainsi mais il ne travaillait pas pour le Siège de la Défense Contre les Forces du Mal et il espérait que son propre Directeur comprendrait qu’il avait dû réagir dans le feu de l’action. Il commença donc à aboyer ses ordres.
-Flack, Norton, Smith, vous vous occupez du groupe d’en bas. Les autres vous vous assurez que personne ne puisse s’en prendre au gamin pendant qu’il travaillle.
Il se tourna ensuite vers ledit gamin et lui adressa la parole.
-Quant à toi, vu les circonstances, te renvoyer à Poudlard me semble trop dangereux. Même avec le remontant que tu as pris, je crains qu’un nouveau trajet sur une si longue distance ne t’épuise totalement avec tous les risques que ça pourrait supposer. A la place, je vais te demander de faire un dernier Portoloin qui nous amènera, mes hommes, toi et moi jusqu’aux murailles. Nous n’y avons en effet jamais pénétré et ne pouvons par conséquent pas y transplaner. Et avant que tu n’évoques la question des barrières empêchant de se transporter magiquement dans le couvent, la simple présence des vampires prouve que ces barrières ne sont plus. Donc plus vite tu travailleras, plus vite nous pourrons venir en aide à ton père et aux autres.
Son ton était peut-être un peu trop brusque pour s’adresser à un adolescent traumatisé mais il était Régulateur spécialisé dans la traque de vampires, pas assistant sociale pour loup-garou. La douceur et la compréhension ne faisaient pas exactement partis de son arsenal de compétences. Il donnait des ordres, ses hommes obéissaient, point final.
-Ne dîtes pas une chose pareille ! s’écria Crestian face à la demande du marchand. Vous serez bien évidemment payé à la hauteur de votre compensation mais pensez-vous vraiment que je serais capable de refaire face à votre fils si vous mourriez alors que je me tenais à vos côtés ? Ayez un peu plus confiance en mes talents d’Auror. Vous m’avez montré le quotidien d’un marchand itinérant, à moi de vous montrer en quoi consiste le travail d’un Auror.
Et comme les combats n’allaient pas encore commencé, il commença par revoir toute leur stratégie avec Grace et deux des sœurs qui faisaient volontairement office de relais entre le groupe de commandement et les sœurs restées pour se battre. Mais, ce n’était qu’une question de temps avant que l’inévitable ne finisse par arriver. Et, alors que l’aube s’apprêtait à se lever, la lune dardant ses derniers rayons comme un ultime affront à son jumeau qui faisait tout ce qui était en son pouvoir pour la renverser de son trône d’ombre, la dernière secousse annonçant la chute définitive des protections du château se fit ressentir.
La première vague de vampires, clairement pas les plus malins, s’élança à l’assaut de la forteresse mais succomba au piège ingénieux de Sœur Grace. Cela stoppa l’avancée des suivants mais bien vite, la vampire qui avait proclamé son désir profond d’en finir avec lui quelques heures auparavant cracha quelques mots clairement méprisants au reste de ses comparses avant de disparaître dans un nuage de fumée noire. Reconnaissant le geste, l’Auror ne put que crier un avertissement à ses compagnons avant que la vampire n’apparaisse juste devant lui, un rictus de haine déformant ses traits aristocratiques.
Poussant instinctivement Ismaël hors de portée de la créature assoiffée de sang, il pointa sa baguette sur elle et cria plus qu’il ne déclama « Incendio ». La sangsue se déporta néanmoins sur la droite, la langue de feu venant s’écraser contre le crénelé des murailles. Pendant ce temps-là, la vampire s’était emparé d’une des sœurs et lui avait brisé la nuque sans même un regard, ses prunelles d’ébène plantées dans celle d’un Crestian désemparé devant la première victime de la nuit. Dans un sourire mauvais, elle lui adressa donc la parole.
-Alors Auror, qu’est-ce que cela fait de se savoir une fois de plus responsable de la mort d’autres ?
Auror
Que vois-tu…?
Messages : 732Date d'inscription : 08/07/2013
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Parchemin Magique
Classe: Sorcier Spécialiste
Branche: Haute-Magie
Spécialité(s): Métamorphose
Re: Les tisseuses de Whitehill [Terminé] par Dim 4 Oct - 13:11
Le marchand était dépassé : les monstres se déplaçaient bien trop vite pour qu’il y ait un espoir de les toucher avec un tir d’arbalète. En un instant ils fondaient sur une tisseuse et lui buvait son sang, ou lui brisait la nuque. Pourtant, ces créatures n’hésitaient pas à afficher leurs intentions, et il était facile de comprendre quelle personne serait leur prochaine cible, parce que les vampires savaient que rien ne pourraient les stopper.
Il fallait donc aller à l’affrontement.
Un vampire fixa tout à coup une vieille religieuse qui avait tenté de l’immobiliser par un sort. Ismaël se trouvait juste à côté de la combattante, et quand leur ennemi chargea, le marchand s’interposa.
Le quadragénaire sentit une vive douleur à l’épaule gauche ; il plongea de toutes ses forces le poignard qu’il avait dans le ventre de son adversaire. Ce dernier ne s’attendait pas à une résistance et recula, surpris, tandis que son abdomen commençait déjà à se régénérer. Le marchand trancha la gorge de la créature qui s’écroula par terre, et les sœurs l’immolèrent avant qu’elle ne se relève. La fumée qui s’en dégagea fut accompagnée d’une odeur immonde de chair brûlée.
Le nettoyage de la zone ne fut qu’une question de minute pour les régulateurs. Il restait au bas du château trois vampires et le sorcier. L’humain fut le premier à périr : les Régulateurs comprirent immédiatement qu’il s’agissait de l’élément le plus faible et lui lancèrent un sort de mort avant qu’il ne puisse réagir. Les trois vampires posèrent plus de problème, et un régulateur fut blessé. Mais contrairement aux vampires qui agissaient en solitaire et par instinct, les sorciers avaient développé une synergie de groupe et appris des stratégies. Une fois le travail fait, ils revinrent auprès de leur collègue.
Le portauloin avait été prêt encore plus rapidement que le précédent : l’étrange liqueur qu’avait bu Yorick faisait toujours son effet, et l’adolescent sentait que ses capacités mentales et physiques s’étaient décuplées. Ils se téléportèrent jusqu’au chemin de garde de Whitehill.
En une seconde l’étudiant compris la situation. Il y avait des corps sur le sol ; plus loin, Crestian affrontait la vampire qui l’avait menacé tantôt. Deux autres étaient encore en vie. Le premier se précipita sur les Régulateurs dès qu’il les vit. Le plus proche se trouva démuni et ne sut réagir à temps ; la morsure du vampire lui déchira la gorge et il tomba à terre. Ce vampire-ci capta toute l’attention du reste des Régulateurs. Il était bien plus puissant que ceux resté à l’extérieur du monastère, et savait prévoir avec facilité leur tactique.
Yorick s’était détourné du combat. La sensation grisante de se sentir plus fort que jamais avait désormais disparue, et l’adolescent commençait à sentir la fatigue peser sur lui. Néanmoins, la liqueur faisait encore suffisamment effet pour que son envie de se battre brûle ses veines. Ainsi, lorsque l’étudiant vit le chef des vampires qui faisait des ravages parmi les sœurs, il décida d’aller à sa rencontre.
Le régulateur mort gisait prêt de Yorick. Le jeune homme se surprit lui-même par son manque de peur et de dégout. Une gourde semblable à celle de Benedict Longbottom était accrochée à sa ceinture. L’adolescent la pris, but trois gorgées de la liqueur et courut vers son ennemi.
La plupart des vampires tuaient avec beaucoup de sauvagerie, comme des animaux enragés ; Owain agissait différemment. Il tuait méthodiquement et calmement. Un coup précis suffisait, et Owain le faisait le plus souvent l’air de rien, comme s’il s’agissait de gestes aussi naturels que marcher ou cueillir un fruit. En même temps qu’il faisait sa besogne, il observait l’attitude ou l’expression du visage de ses victimes, dans leurs derniers instants de vie. Certaines mourraient avec un regard furieux, sans avoir conscience que leur existence se terminaient ; mais d’autres –et cela était plus intéressant- comprenaient ce qui adviendrait dans les secondes à venir. La plupart des sœurs faisaient un naïf mouvement vers l’arrière, comme pour se dérober à la mort, ou tournaient des yeux apeurés et suppliants vers leurs camarades d’infortunes, espérant une aide impossible.
Un incident vint perturber la réflexion du scientifique : un jeune homme lui avait lancé un sortilège particulièrement puissant, et le vampire dû faire un ample mouvement sur le côté afin de l’éviter. Cette force le déconcerta, et il se tourna afin de connaître l’auteur du sort. Mais ce qu’il vit le déçut : il s’agissait d’un adolescent pâle, suant à grosses gouttes, les yeux dilatés et injectés de sang ; il devait être drogué, et sa force inhabituelle venait de là, tout simplement. Avec un soupir agacé, Owain s’approcha pour tuer l’enfant. Il l’avait presque atteint, et regardait son visage pour déceler ses dernières pensées ; pendant un instant, il fut déçu d’y voir la détermination de quelqu’un qui ne sait pas qu’il va mourir. Puis le piège se déclencha.
Après avoir laissé le vampire s’approcher, Yorick lança un sort de lumière tout à côté de lui, le plus puissant qu’il put. Le sort, appelé « buisson ardent », était un peu particulier : Yorick l’avait appris grâce à un vieil ouvrage gardé dans la réserve de la bibliothèque de Poudlard. L’adolescent avait tout de suite admiré la démarche de l’auteur, qui s’intéressait aux vampires et décrivaient des aspects de leurs vies afin de mieux comprendre leur psyché. A partir de divers observations, l’auteur avait construit une ébauche de sorts qui, une fois terminé, devait permettre de reproduire l’effet du soleil sur la physiologie vampire. Pour que le sort soit complet, il suffisait de faire un travail de recherche afin de savoir quelle langue serait la mieux adaptée à le lancer ; occupation somme toute un peu ingrate, mais non pas difficile pour l’auteur. Pourtant, celui-ci avait abandonné le projet en route, comme si le simple fait de savoir que le buisson ardent pouvait exister lui suffisait. Ni Christopher ni Patty n’avaient réussi à finaliser cette idée, et ils avaient donc abandonné, décrétant que cette tâche dépassait les connaissances qu’ils possédaient pour l’instant. Mais Yorick avait interprété cette incantation incomplète comme un défi, et avait passé plusieurs nuits blanches pour la comprendre et la terminer.
Comme décrit dans le livre, le sort avait pris l’apparence d’une sphère lumineuse de la taille d’un bras d’adulte, et lévitait au-dessus du sol. Le vampire dut s’écarter de quelques pas et grinça des dents. Il n’eut pas le temps de se reprendre : L’étudiant le bombarda de sort pour l’enflammer, et des religieuses imitèrent le jeune homme. Ses vêtements commencèrent à prendre feu.
« Cela suffit ! » cria le scientifique.
Il se changea en fumée noire et passa prêts des sœurs. Une partie se trouvait devant les créneaux ; il les poussa et les fit basculer dans le vide. Pour les autres, il leur arracha leur baguette et les lança à l’extérieur du château. Ainsi, il ne s’agissait plus que de pauvres femmes sans défense. Quand cela fut fait, il se matérialisa en face du jeune homme. Utiliser cette technique de déplacement alors que le buisson ardent brûlait semblait l’avoir fatigué. Yorick voulut de nouveau l’enflammer, mais un mouvement de cape suffit à repousser les sorts. Enfin, le scientifique observa le sort qu’il avait en face de lui.
« Inutile d’essayer, vous ne parviendrait jamais à contrer ce sort ! » clama Yorick en voyant la mine de son adversaire.
Il se souvenait avoir vu le vampire calculer tout haut devant l’enchantement, et avait compris qu’il était le responsable de la destruction de la protection magique. Cette maîtrise de la magie était rare chez les sorciers, et Yorick avait supposé jusque-là qu’elle n’existait pas chez les vampires. Un fait le rassurait cependant : il était impossible de détruire un sort inconnu si rapidement ; il aurait fallu au moins une heure ou deux.
Le buisson continuait de faire effet, et un autre vampire perdait du terrain face aux religieuses et aux régulateurs qui l’assaillaient.
Owain récita quelques incantations, et au désespoir de Yorick la sphère crépita et s’éteignit. Owain attrapa brusquement le col de l’étudiant et le souleva de terre. Le jeune homme tentait de se débattre mais ses forces décroissaient.
« C’est impossible, vous… commença Yorick avec peine.
- C’est moi qui est créé le buisson ardent. Coupa Owain.
- Menteur, siffla le sorcier en se débattant toujours, c’est un chercheur illustre du nom de…
- Owain O’Hary. Lorsque j’étais humain, les vampires me fascinaient et j’ai effectué des travaux pour comprendre la nature de leur pouvoir. Je ne pensais pas qu’un enfant s’amuserait à compléter une formule que j’avais inventée. »
Yorick suffoquait. Owain lui maintenait le col trop serré et l’empêchait presque totalement de respirer. En plus de cela, l’adolescent commençait à se sentir mal : il transpirait, ses muscles le faisaient souffrir, sa vue se troublait, son cœur battait à tout allure dans sa poitrine.
Le vampire dont s’occupaient les religieuses fut vaincu à ce moment. Ismaël, qui était avec elle, se retourna à ce moment-là, et aperçut son fils.
Les claquements des pas sur la pierre, les exhortations des Régulateurs qui hurlaient des ordres, les chuintements des sorts fusant de part et d’autres du chemin de garde ; le chemin de garde où avait eu lieu la bataille, Le rouge de l’incendie diminuant, le noir du ciel, Whitehill même, tout s’évanouit aux yeux du le vieux père, ne laissant que l’image de son fils qui agonisait devant lui.
Il cria, sûrement ; lui-même n’aurait pas su le dire. Il bondit vers l’avant plus vite qu’il ne l’avait jamais fait ; il courut comme il n’avait jamais couru. Il ne s’arrêta pas devant le vampire, bien au contraire, il se jeta sur lui dans le but de le renverser et lui planter son poignard dans le cœur. Et surtout, surtout, pour qu’il ne touche plus jamais un cheveu de son fils.
Owain sourit en voyant ce quadragénaire qui pensait pouvoir le toucher et s’apprêta le tuer. Seulement voilà : la chance pour que Ismaël survive à cette tentative était très faible ; la pierre de crapaudine que Yorick avait enchantée, et qu’Owain avait gardé dans sa poche, qui chauffait de plus en plus, atteignit une température particulièrement élevée ; le métal qui l’enchâssait fondit, transperça le tissu, et coula sur la jambe du vampire.
Le scientifique poussa un hurlement terrible, tandis qu’Ismaël s’abattait sur lui et lui transperçait le cœur. Dans un dernier sursaut, Owain parvint à se changer en un nuage de fumée et s’enfuit ; il se laissa dégringoler le long des remparts de Whitehill et disparut dans la nuit.
Ismaël serrait Yorick dans ses bras, tenant la tête de l’adolescent contre sa poitrine, et l’appelant dans l’espoir de le réveiller. L’étudiant avait les yeux vides, et ses membres étaient parfois agités par de brefs spasmes. Il ne semblait pas conscient.
Le régulateur Johnson s’approcha et reconnut immédiatement les symptômes.
« Bon sang, que lui arrive-t-il ? s’exclama Ismaël
- Il a trop bu d’une potion que nous réservons pour des cas extrêmes. Répondit Johnson d’une voix calme.
- Faites quelque chose ! répliqua le marchand ; c’est de votre faute s’il est dans cet état ! »
Evidemment, le régulateur n’aurait jamais permis que l’enfant boive une si grande quantité de la potion, et le jeune garçon devait avoir réussi à en dérober. Mais il était inutile d’expliquer tout cela au vieux Mérindol ; il ne l’aurait jamais accepté.
« Il n’y a rien que je puisse faire. Déclara finalement Johnson. Votre fils est encore jeune, Il s’en remettra s’il est suffisamment solide. »
Ismaël avait laissé son fils entre les bras de religieuses et s’était relevé. Sans sommation, il agrippa le col du régulateur et le frappa. Les autres régulateurs se précipitèrent pour les séparer.
« Assassin ! Tueur d’enfants ! C’est donc ça, le credo des sorciers ? Vous menez des enfants aux combats et vous les laissez mourir ? Espèce de monstre ! criait le père.
Grace tentait de calmer sans succès le quadragénaire ; elle-même était bouleversée de voir son neveu revenu dans la bataille et en si piètre état. Enfin, une religieuse réussit à calmer le marchand lorsque, après avoir regardé autour d’elle, elle ouvrit grand les yeux et demanda :
« Mais, je ne vois pas la femme vampire… Et où est M. Longbottom ? »
Dernière édition par Ismaël Mérindol le Ven 16 Oct - 21:54, édité 1 fois
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Re: Les tisseuses de Whitehill [Terminé] par Sam 10 Oct - 16:18
Alors, lorsque le père du gamin commença à l’accuser de négligence, son sang ne fit qu’un tour. Il n’était en rien responsable de la stupidité du gosse. Lord Longbottom lui avait pourtant bien précisé que la potion avait des effets secondaires puissants et qu’il ne devait en boire qu’une gorgée, s’il avait malgré cela choisi de ne pas écouter ses conseils et s’était procuré une autre gourde, le résultat était entièrement de son cru. Sans compter que s’il y avait une personne qui devait se remettre en cause dans toute cette histoire c’était bien le père du gamin. Comment avait-il éduqué son fils pour que celui-ci fugue de Poudlard et se croit capable d’affronter des vampires dans la force de l’âge ? C’était bien là une attitude de moldu ignorant des dangers représentés par les créatures magiques ! Ils se croyaient tous protégés par leur soi-disant Dieu et lorsque quelque chose ne se passait pas selon leurs désirs, ils accusaient systématiquement les sorciers. Voilà pourquoi sans mépriser ouvertement les Né-Moldus - il avait eu l’occasion de travailler avec certains d’entre eux et ils pouvaient se révéler aussi brillants que les enfants de sorciers - il avait un a priori négatif sur ces êtres entre deux mondes, parfois beaucoup trop imprégnés de culture moldue pour ne pas représenter un danger pour la société sorcière. Il s’empara donc des mains du moldu attachées à son col et le repoussa brusquement.
-Ne me poussez pas à bout Moldu ou vous le regretterez. Si quelqu’un à quelque chose à se reprocher ici, c’est bien vous. Si vous aviez éduqué correctement votre fils, il ne serait pas au beau milieu d’un champ de bataille et il n’aurait pas subtilisé une potion dont on l’avait mis en garde contre la dangerosité. Alors, lorsqu’il se réveillera, si tant est qu’il se réveille, rajouta-t-il vicieusement sous le coup de la colère, je vous conseille de le remettre à sa place.
La discussion n’eut pas le temps de s’envenimer plus, ce qui évita au Régulateur de regretter par la suite d’autres paroles qu’il aurait pu prononcer sous l’effet de la rage, car la question apparemment anodine posée par une des sœurs encore en vie rétablit un silence de mort parmi les présents. L’héritier Longbottom n’était en effet visible nulle part et, un instant, Johnson craint d’être l’infortuné qui devrait annoncer au Directeur du Siège de la Défense la mort de son aîné. Il n’avait jamais particulièrement craint l’homme qui avait une réputation de calme et justice, mais la mort d’un fils ne laissait personne indifférent. Lui-même faisait régulièrement des cauchemars où son fils de trois ans était vidé de son sang par des vampires sans visage. Alors, pour la première fois de son existence, il se surprit à prier ce fameux Dieu auquel il ne croyait pas pour que Longbottom fils fasse une apparition soudaine.
La question de la vampire, à l’inverse de l’effet qu’elle avait très certainement voulu produire, le sortit de sa torpeur. Elle avait raison, s’il ne se reprenait pas immédiatement toutes les morts à venir seraient sur sa conscience. Et pour cela, il devait faire abstraction des morts déjà advenues et se concentrer sur celles qu’il pouvait encore empêcher. Autrement dit, il devait attirer complètement l’attention de la créature sur lui et se déplacer dans un endroit où leur combat ne ferait pas de victimes collatérales. Il avait en effet eu le temps de réfléchir à une façon d’en finir avec elle pendant qu’ils attendaient le début de l’attaque mais elle reposait sur sa capacité à convaincre la sangsue que s’en prendre directement à lui était sa meilleure option. Or, il était de notoriété publique qu’il était plus doué avec sa baguette que ses mots. Il tenta donc le tout pour le tout.
-Tout ce que je vois c’est que, fidèle à la lâcheté de ta race, tu préfères t’en prendre à d’autres plutôt que de m’attaquer directement.
La moue rageuse qui s’empara des traits de la créature lui prouva qu’il était sur la bonne voie et il n’hésita pas à en rajouter une couche supplémentaire.
-Pour un peu, on croirait que je te terrifie.
S’il avait été bon comédien, il aurait rajouté un sourire sardonique à la suite de sa provocation mais il en était tout bonnement incapable, il se contenta donc d’attendre l’attaque qui ne tarderait pas. Et, exactement comme prévu, il ne fallut pas plus de deux secondes à la vampire pour se matérialiser devant lui. Mais, il avait anticipé son coup et lorsqu’elle planta ses griffes dans son bras, il transplana à son tour jusqu’à la cour intérieure, entraînant la créature à sa suite.
Il avait choisi cet endroit car les sœurs cachées se trouvaient de l’autre côté du couvent. Il n’y avait donc personne qui risquait de s’interposer dans leur combat. Autre façon de dire qu’il pourrait s’en donner à cœur joie contre le monstre sans risquer de mettre un tiers en danger. Mais, avant d’en arriver aux grands moyens, il pouvait déjà user de l’avantage qu’il s’était créé en acceptant volontairement d’être blessé, à savoir que la vampire était désormais à sa merci. Et s’il ne pouvait user d’un Incendio alors qu’ils étaient si proches sans prendre le risque de se brûler lui-même, il pouvait parfaitement chercher à la décapiter. Et c’est ce qu’il tenta d’un sort de découpe. Mais la créature était agile et elle se défit de son empoigne facilement. Il put néanmoins constater avec plaisir l’entaille profonde qui ouvrait sa gorge délicate. Un humain aurait succombé sur le champ après une blessure pareille mais les derniers rayons lunaires aidaient les facultés régénératrices de la sangsue et Crestian sut qu’il n’avait pas de temps à perdre s’il voulait pouvoir réattaquer tandis qu’elle était encore affaiblie.
Alors, visant le sol, il prononça un enchantement compliqué qu’il avait appris pendant les cours obligatoires de runes imposés à tous les futurs Aurors et un cercle de flammes apparut tout autour de la vampire. Celle-ci poussa un cri et, pendant un moment, Crestian la crut suffisamment enragée pour tenter de traverser la barrière qu’il avait imposée entre eux, mais aussi vite que l’idée lui était venue, elle repartit lorsque la vampire sembla considérer qu’elle était définitivement battue. Elle jeta en effet un regard vers les remparts où les combats étaient finis et, semblant n’y constater rien à son goût, une moue qui oscillait entre la rage et le mépris apparut sur ses traits altiers. Crestian crut l’entendre jurer contre un certain Owary mais il n’eut pas l’occasion d’en savoir plus car, se sachant vaincue, elle planta une dernière fois son regard haineux sur lui et déclara avant de disparaître pour de bon.
-Ce n’est que partie remise.
Une fois la vampire définitivement disparue, l’ancien Gryffondor fixa le cercle enflammé devant lui, encore incrédule de s’en être si bien sorti, jusqu’à ce qu’une voix au loin qui criait son nom ne le tire de sa contemplation.
-Il est là-bas ! Messire Longbottom ! Messire Longbottom ! Etes-vous blessé ?
Il ne savait pas bien qui lui adressait la parole et à vrai dire il ne se sentait même pas la force de se retourner pour vérifier. Le combat contre la vampire l’avait épuisé, non pas tant physiquement puisqu’il n’avait duré que quelques minutes mais émotionnellement. Ce n’était pas tous les jours qu’on l’on recroisait la créature qui avait failli vous tuer et semblait bien décidée à recommencer jusqu’à arriver à son but. Raison pour laquelle, alors que son bras saignait légèrement suite à la griffure de la créature - griffure qu’il était mieux placé que personne pour savoir qu’il devait traiter au plus vite s’il ne voulait pas se retrouver avec une cicatrice similaire à celle qui ornait sa tempe au risque d’inquiéter toutes les femmes de son entourage – il n’y prêtait aucune attention, tout son esprit concentré sur la tâche de se convaincre que oui, le combat était fini et que, pourtant, il était encore en vie.
Auror
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Re: Les tisseuses de Whitehill [Terminé] par Ven 16 Oct - 21:53
« Je reste avec lui, ne vous en faites pas. S’il y a quelque chose à faire pour l’aider, je le ferai. Ne vous inquiétez pas, je suis persuadée que Yorick s’en sortira. Mais la bataille n’est pas encore terminée et M. Longbottom a peut-être besoin de vous. »
Le père ne répondit pas, les yeux encore rivés sur son fils.
«M. Mérindol… Ismaël ? » osa finalement Grace.
En entendant son prénom, le marchand réagit et sortit de sa contemplation.
« Votre fils est sauvé. Allez retrouver l’auror. Vite.
- Oui, vous avez raison. » articula Ismaël. Il regarda une derrière fois l’adolescent puis partit au pas de course.
Des groupes de trois furent constitués pour couvrir le plus de terrain possible. Ismaël se trouvait avec une religieuse et un régulateur. Ils découvrirent Crestian dans une salle à part. La femme vampire n’était pas visible, mais l’auror avait dressé cercle de flammes au milieu de la pièce.
«Il est là-bas ! Messire Longbottom ! Messire Longbottom ! Etes-vous blessé ? s’exclama la tisseuse.
- Longbottom ! » reprit Ismaël en mettant sa main sur l’épaule du jeune homme.
L’auror avait mauvaise mine : son teint était cireux et ses yeux hagards. Quand il tourna son regard vers le marchand, ce dernier y lut la même question que se posait tous ceux qui étaient dans ce château : est-ce bien fini ?
Cela l’était. Il n’y avait plus de vampires à Whitehill. Lentement, les tisseuses s’organisèrent pour remettre en ordre ce qu’il restait. Il fallait faire sortir de leur cachette les autres sœurs, détruire les pièges de l’enceinte. Il fallait soigner les blessés, rassembler les morts. Les Régulateurs aidèrent les religieuses dans leurs tâches, mis à part Johnson qui partit faire son rapport en utilisant le portauloin construit par Yorick.
Ismaël ne comprit pas d’abord pourquoi on lui demandait d’aller à l’infirmerie. Mais la bataille passée, il sentit une douleur à l’épaule, et vit que la chair avait été déchirée par un vampire. Le marchand se trouvait près de son fils, et Crestian Longbottom se faisait lui-même guérir par une autre sœur. Les deux religieuses s’absentèrent un instant pour aller chercher des baumes.
« Comment vous sentez-vous, Longbottom ? » demanda le marchand.
Quand Crestian lui eut répondu, Ismaël laissa s’écouler un temps avant de continuer :
« Cette vampire était présente lors de l’attaque contre les vampires qui a mal tourné n’est-ce pas ? Elle vous a parlé comme si elle vous connaissait. »
Bientôt les sœurs revinrent, puis les deux hommes se remirent au travail. Des nuages s’amoncelaient dans le ciel, et une aube grise se leva. C’était le matin.
Johnson revint avec Benedict Longbottom et plusieurs autres sorciers. Celui-ci vint officiellement constater le désastre et présenter ses condoléances. Les autres sorciers mirent la main à la pâte pour aider à la reconstruction de Whitehill. Benedict s’entretint avec Grace et la mère supérieure Dolorès, puis avec son fils aîné. Puis, il vint vers Ismaël.
« J’ai appris ce qui est arrivé à votre enfant, Yorick Mérindol. Sachez que c’est moi qui ai pris la décision de l’envoyer au front, et qui lui ai donné la première gorgée de la liqueur qui a provoqué son état actuel. Je prends toute la responsabilité de ce qui est arrivé à votre fils.
- Pourquoi l’avez-vous envoyé au cœur des combats ? Il était venu vous voir avec le jeune Cyriac justement pour y échapper ! s’exclama Ismaël.
- Votre fils était le seul capable de fabriquer le portauloin qui pouvait emmener les Régulateurs jusqu’à vous suffisamment vite pour que les femmes de Whitehill ne soient pas toutes tuées. J’avais demandé à ce qu’il me soit renvoyé juste après son arrivé ici, mais les événements ont fait que cela n’a pas été possible. Sachez que c’est son portauloin qui a permis aux régulateurs de faire leur travail, et au monastère d’être sauvé.
- Vous voulez me faire avaler qu’aucun de vos puissants sorciers n’était capable d’imiter un garçonnet de quinze ans ? Je ne suis pas aussi naïf que vous le croyez ! répliqua aussitôt le quadragénaire.
- C’est pourtant la vérité. Mais je n’en comprends pas moins votre colère ; votre récompense sera à la hauteur de la mission que vous avez accomplie, ainsi que des risques que vous avez encouru, votre fils et vous. Au nom du ministère de Défense contre les Forces du Mal, je vous présente mes plus sincères excuses.
- Ne croyez pas que votre argent me fera oublier votre incompétence. siffla le vieux marchand.
- Ce n’était pas mon intention. » répondit le responsable du ministère. Il salua Mérindol puis s’éloigna.
Johnson revint vers son supérieur et laissa entendre que ce dernier n’avait pas à s’excuser comme il l’avait fait devant un moldu qui n’était pas capable d’élever un sorcier correctement, devant un homme qui n’était pas capable de juger justement d’une situation.
« Une grande carrière vous attend Johnson ; apprenez dès maintenant qu’on ne demande jamais aux parents des victimes de reconnaître les fautes de leurs proches disparus, ni les leurs, tout simplement parce que cela est inutile. C’est le prix à payer pour prendre des décisions où les vies d’individus sont en jeu. A mon humble avis, c’est le prix à payer pour prendre des décisions qui changent quelques choses dans notre pays. Maintenant, si vous voulez bien m’excuser, d’importantes affaires m’attendent.
-oui monsieur. »
Le régulateur s’inclina légèrement dans un remerciement silencieux pour le conseil que son supérieur avait daigné de lui prodiguer.
Yorick reprit conscience en fin d’après-midi. Il avait un terrible mal de crâne et se sentait épuisé. Son père se tenait à ses côtés. Le quadragénaire ne se rendit pas tout de suite compte que son fils était réveillé, parce qu’il fixait une fenêtre. Mais le marchand baissa bientôt les yeux.
« Comment te sens-tu ? demanda-t-il doucement.
- Je vais bien. Mais je me sens un peu fatigué. » Avoua Yorick.
Au fur et à mesure que l’adolescent reprenait conscience, la honte l’envahissait.
« Je suis désolé Père… Je vous ai désobéi, balbutia l’étudiant. J’espère que je parviendrai à me racheter à vos yeux.
- A quoi pensais-tu ? Que croyais-tu ? le questionna soudainement Ismaël. Veux-tu donc qu’on demande à ton vieux père d’enterrer son fils ? »
Yorick n’osait rien répondre, même s’il aurait aimé osé déclarer qu’il n’aurait jamais pu rester en arrière et courir le risque de laisser ainsi mourir son père et les religieuses. Cependant, Ismaël devait déjà avoir réfléchi aux motivations de son fils et les deviner, sans avoir besoin que Yorick ne les exprime. Le quadragénaire pu donc reprendre :
« A mon âge, Yorick, la mort se rapproche à grand pas, et il en va de même pour la plupart des religieuses de ce monastère. Qu’avons-nous gagné ? Un ou deux ans ? Alors que tu aurais pu perdre la trentaine d’année qui t’attend. »
Yorick voulut répondre mais un regard de son père l’arrêta.
« Ne cherche plus à gâcher ainsi ta vie. Tu n’es qu’un enfant, et tu as trop à apprendre pour mourir maintenant. »
Le père et le fils restèrent silencieux pendant un moment. Encore harassé, Yorick finit par s’endormir. Ismaël le laissa se reposer ; puis il le réveilla pour lui proposer d’assister aux enterrements des défunts. L’adolescent accepta et son père le soutint afin qu’il puisse rester debout.
La mère Abélia fut enterré d’abord, eu égard à son statut. Son corps était rigidifié, et elle ne ressemblait déjà plus tellement à celle qu’elle avait été de son vivant. Puis vint le tour du Régulateur mort juste après qu’il ait été transporté dans l’enceinte du monastère. Il fut mis dans un cercueil, mais pas enterré, afin d’être rapatrié auprès de sa famille, sur Londres.
Puis les religieuses furent enterrés les unes après les autres. La blessure qui avait causé leur mort restait visible ; en vérité, leur vêtement même n’avait pas été changé et restait tâché de sang. Yorick grimaça et sentit son ventre se retourner de dégoût devant certaines meurtrissures. Heureusement il tint bon, et soutint cette vision. Une fois seulement il détourna les yeux, quand on amena la jeune fille aux cheveux roux et bouclés.
Enfin, les cadavres des vampires furent brûlés ; mais les sœurs offrirent une sépulture au sorcier qui combattait à leur côté.
Une journée était passée, le soir tombait. Benedict offrit de ramener Yorick et Ismaël sur Londres, puis l’enfant à Poudlard. Le quadragénaire déclina l’invitation pour lui-même, mais accepta l’offre qui concernait son fils. Seuls restèrent Ismaël et Longbottom, car leur mission n’était pas finie.
Le dîner eut lieu dans le réfectoire. La mère Dolorès prononça un long discours, puis une prière avant de dire le bénédicité. Avant de manger, les tisseuses respectèrent une minute de silence ; mais même après cela, elles gardèrent les yeux baissés sans échanger de parole, ni de regard.
Seule Mère Dolorès prit la parole, parce qu’elle voulait s’adresser aux deux hommes. Elle vint les trouver à la fin du souper afin de leur demander de la suivre, et les conduisit à son bureau. Il n’y avait plus aucun meuble désormais.
« Le monastère de Whitehill est redevable auprès du gouvernement anglais pour son intervention. De ce fait, nous accepterons à titre exceptionnel un contrat avec vous, et nous fabriquerons la quantité de tissus que vous nous demanderez avec les propriétés que vous désirerez, si vous voulez bien nous fournir des métiers à tisser : il ne reste rien des nôtres. » expliqua Mère Dolorès.
Bien qu’elle n’ait pas participé au combat, elle semblait aussi dévastée que celles qui l’avaient fait.
« où va-tu Patty ? »
La jeune fille se retourna vers son camarade Christopher Frost. Une fois que la cloche de la fin des cours avait retenti, Il avait remarqué que son amie rangeait ses affaires plus rapidement que d’habitude, et se montrait empressée de sortir.
« Il faut que j’aille voir Cyriac Longbottom. Tu viens ou pas ? »
Christopher grimaça. Il était dix-sept heures, et depuis le matin même, Yorick avait disparu. Ses deux camarades s’inquiétaient car Christopher dormait dans le lit voisin à celui de Yorick, et avait découvert en se réveillant que son ami n’était pas là. En plus de cela, Edgard Brasey, une connaissance qu’ils appréciaient, avaient avoué que des rumeurs couraient chez les poufsouffles ; qu’un mot aurait été retrouvé qui annonçait la fugue de Yorick avec Cyriac Longbottom. Et pourtant, Cyriac était bien là, lui.
« Ecoute, murmura Patty pour s’assurer que personne ne les écouterait, moi je vais lui parler. Toi, fais comme tu veux.
- Je t’accompagne. » répondit aussitôt Christopher. Patty pensait que Cyriac avait peut-être fait du mal à Yorick ; Christopher lui, supposait que toute cette histoire de papier ressemblait plus à une fausse rumeur.
Mais il préférait tout de même accompagner la jeune fille pour éviter qu’elle se montre trop impolie.
Ils marchèrent rapidement à travers les couloirs afin de rejoindre l’aile où les cinquièmes années recevaient leurs cours, et croisèrent enfin Cyriac Longbottom.
« Toi là, invectiva immédiatement Patty, il faut qu’on te parle maintenant. »
Les autres étudiants ne faisaient pas attention à eux et continuaient leur chemin.
« On cherche notre ami Yorick Mérindol. Je sais que des cinquièmes années l'embêtaient ; est-ce que ça te dit quelque chose ? continua Patty sur un ton glacial.
- ça ne te dis peut-être rien, ajouta Christopher, mais comme on s’inquiétait, on a préféré te demander au cas où. Il n'est pas très grand, avec des cheveux blonds. »
- Invité
Que vois-tu…?
Re: Les tisseuses de Whitehill [Terminé] par Dim 18 Oct - 18:19
Telle une ruche qui se remet peu à peu au travail après une tornade, les sœurs prirent la direction des opérations, remettant peu à peu sur pied leur lieu de vie et de travail. Les observer se déplacer parmi les ruines et les cadavres, silencieuses et efficaces, était une véritable leçon de vie. Et pour autant qu’il ne comprenne pas leur foi, Crestian ne put que respecter la douceur avec laquelle elles s’emparaient de chaque nouveau mort sur leur route pour lui apporter le repos éternel. Même les Régulateurs, connus pour les manières brusques, étaient étrangement calmes en leur présence, comme si l’aura de deuil qui entourait les lieux s’était infiltrée en eux. Ils travaillaient aux côtés des religieuses, dans une complémentarité étrange mais efficace.
Crestian n’eut néanmoins pas l’occasion de s’émerveiller longtemps de cette alliance suprenante car une religieuse d’une trentaine d’années au regard vieilli par les combats mais toujours plein d’une volonté farouche de survivre le prit par le bras pour l’emmener jusqu’à l’infirmerie. Là, il retrouva Mérindol père et fils et un seul regard à Yorick lui suffit pour s’inquiéter du sort de son frère. Où était Cyriac ? Et pourquoi Yorick semblait-il aux portes de la mort ?
Il interrogea immédiatement la sœur en charge de s’occuper de son bras et celle-ci lui répondit qu’elle ne savait pas où se trouvait son frère., ne l’ayant pas vu depuis le début des combats. Il n’eut heureusement pas le temps de paniquer car la sœur qui l’avait amené à l’infirmerie refit son apparition avec un Régulateur récalcitrant et lui expliqua que Yorick était revenu seul. Il eut alors un mal fou à ne pas lâcher un soupir de soulagement. Il se serait en effet senti particulièrement honteux de se réjouir du bien-être de son frère alors que Mérindol était au chevet de son fils qui, lui, semblait bien mal en point. Ce fut d’ailleurs la voix de celui-ci qui le tira de ses pensées moroses.
-Heureux d’être en vie, soulagé que nos pertes se soient révélées limitées en comparaison de ce qu’elles auraient pu être mais enragé à l’idée de toutes les vies que nous avons néanmoins perdues.
Pourquoi Lord Bucks n’avait-il pas anticipé une attaque pareille ? Et pourquoi la vampire qui l’avait attaqué et ses camarades s’en prenaient-ils soudain à un couvent perdu au beau milieu de la campagne anglaise ? Leur groupe de dissidents n’était-il pas censé s’attaquer uniquement à des moldus ? Il ne comprenait plus rien et détestait cette impression de ne pouvoir réagir qu’après coup, sans jamais prévoir les mouvements de l’adversaire. Il se rendait d’ailleurs parallèlement compte qu’en vouloir au Directeur de la Régulation était une attitude stupide. Les vampires étaient des créatures hautement intelligentes plutôt habituées à ne pas se mêler des affaires des mortels alors il ne pouvait pas espérer de Bucks qu’il surveille leurs moindres faits et gestes. Il avait déjà bien assez à faire avec l’alliance apparemment manifeste entre les Nott, pourtant célèbres dans la Régulation des Harpies, et ces dernières.
-Cette vampire était présente lors de l’attaque contre les vampires qui a mal tourné n’est-ce pas ? Elle vous a parlé comme si elle vous connaissait.
Voilà que se perdre en conjectures silencieuses devenait une habitude ! Tournant de nouveau son attention sur le marchand qui venait de lui réadresser la parole, il répondit en désignant la cicatrice qui ornait sa tempe et dont ils avaient discuté quelques jours auparavant.
-C’est elle qui m’a laissé cette marque après s’être abreuvé au cou de mon supérieur. Il faut croire qu’elle n’a pas apprécié de voir sa proie s’échapper.
Exactement comme il avait détesté assister au massacre de ses collègues, impuissants face à des vampires dans la force de l’âge et les ayant pris par surprise. En effet, les Aurors ne recevaient qu’un entraînement succinct pour affronter les créatures magiques, laissant aux Régulateurs les confrontations réelles. Et Crestian était certain que si son père avait su que la mission ne consisterait pas en une simple collecte d’informations il leur aurait adjoint des Régulateurs, voire il aurait directement confié la mission aux hommes de Bucks. Mais, tel n’était pas le cas et puis ils étaient cinq. Ils n’auraient pas dû se retrouver en si mauvaise position. Cependant, il fallait croire que les vampires les attendaient ou tout au moins qu’ils les avaient entendus arriver. Quoiqu’il en fut, ressasser le passé ne servait à rien. Il y avait déjà suffisamment à faire dans le présent.
Expliquer l’intégralité de la situation au Professeur Viridian se révéla plus complexe que prévu mais le Directeur savait écouter sans interrompre et Benedict arriva donc jusqu’à la fin de son récit sans difficulté. Il lui promit de le prévenir dès qu’il avait remis la main sur le jeune Mérindol et de le lui ramener personnellement. Il était celui qui avait envoyé l’adolescent au-devant du danger, il était désormais de son devoir de s’assurer qu’il revenait sain et sauf. Il salua donc une dernière fois le Directeur et se fit raccompagner jusqu’à la porte du château par deux elfes avant de transplaner de nouveau jusqu’au manoir.
Une fois arrivé, il s’assura que sa femme avait bien été droguée. Brianna avait en effet les nerfs trop fragiles pour certaines situations et il préférait avoir à affronter ses multiples questions à son retour, une fois qu’il aurait toutes les cartes en main plutôt que de risquer de l’inquiéter encore plus si elle venait à l’interroger sur l’état de leur aîné alors qu’il était dans l’incapacité de lui répondre. Il commença ensuite à coucher sur le papier ses premières impressions de toute cette histoire et c’est dans cette position que Johnson le trouva lorsqu’il apparut pour le prévenir que les combats avaient pris fin et que son fils et les deux Mérindol étaient encore en vie.
Il apprit cependant avec un net désagrément que l’adolescent avait abusé de la potion de Revigorement dont il lui avait fait boire une gorgée et qu’il en subissait désormais les conséquences. Ainsi, après s’être entretenu auprès des deux Mères Supérieures encore en vie pour leur apporter ses plus sincères condoléances et leur promettre une protection du Siège de la Défense si jamais elles venaient à la nécessiter dans l’avenir, il passa rapidement auprès de son fils aîné pour s’assurer que celui-ci était sain et sauf, avant de se tourner vers les Mérindol, père et fils. Le premier était en effet assis au chevet du second et son cœur de père se serra pour le moldu.
Il s’approcha donc du marchand et lui présenta ses plus sincères excuses au nom de la Chambre des Sorciers tout en insistant sur l’aide inestimable apportée au Siège de la Défense par Yorick. Bien entendu, cela n’apaisa en rien la douleur de l’homme mais son honneur lui dictait sa conduite et il était prêt à subir toutes les remontrances de l’homme. C’était probablement la seule manière que ce dernier avait de supporter la souffrance de voir son fils si mal en point, il pouvait donc bien lui offrir cette petite compensation pour tout le mal que son Département lui avait causé involontairement. Attitude que Johnson, toute à la fougue de sa jeunesse, ne comprit pas. Il prit donc le temps de remettre le Régulateur sur le droit chemin. L’homme lui avait semblé un agent de talent mais s’il n’apprenait pas à être aussi efficace une fois les combats terminés que pendant ceux-ci, il n’irait pas bien loin dans la vie. C’était une chose qu’il avait appris il y avait bien longtemps et il n’était que trop heureux de transmettre son savoir aux nouvelles générations.
Il finit ensuite la journée auprès de Crestian, l’informant de ce dont il avait discuté avec les Mères Supérieures pour qu’il puisse terminer les négociations dans les meilleures conditions possibles, et ce malgré la situation si particulière. Puis, le lendemain, Yorick s’étant réveillé, une fois les enterrements terminés, il tint sa promesse à Ismaël et ramena le Serdaigle à Poudlard lui-même. Viridian les attendait à la porte en compagnie du Directeur des Bleu-et-Bronze, il leur laissa donc le jeune Mérindol, désormais rassuré sur son cas, mais non sans d’abord s’adresser une dernière fois à l’enfant.
-Mr Mérindol. Lorsque vous croiserez Cyriac, dites-lui que j’attends une lettre de sa part pour calmer les inquiétudes de sa mère avant le weekend ou sa punition sera doublée.
Crestian n’avait jamais assisté à un enterrement religieux mais il trouva la cérémonie assez similaire à celle des sorciers. La seule différence majeure reposait dans les prières incessantes des moniales. A part cela, la célébration de la vie et des accomplissements des personnes parties était identique. Il serra néanmoins les poings de rage lorsqu’on apporta le cadavre de l’adolescente rousse qu’ils avaient chargé de garder son frère et le fils Mérindol. Elle aurait dû avoir encore toute la vie devant elle mais une bande de vampires sans scrupules en avait décidé autrement. C’était tellement injuste !
Il se promit alors en cet instant de ne pas laisser ce massacre avoir eu lieu pour rien. Il ne repartirait pas tant que les Mères Supérieures n’auraient pas accepté l’alliance du Ministère. Son père lui avait laissé carte blanche sur les moyens de persuasion dont il pouvait user et l’avait informé qu’il avait promis une future protection du couvent quoiqu’il en fût. Ainsi, c’est armé pour une discussion qu’il envisageait déjà sans fin qu’il suivit Mère Dolorès dans son bureau après le dîner. Et quelle ne fût pas sa surprise lorsque la vieille femme déclara être prête à s’engager auprès du Bureau des Aurors. Il s’empressa donc de sauter sur l’occasion avant que la religieuse ne puisse changer d’avis.
-Bien entendu. Le Siège de la Défense ne sera que trop heureux de vous fournir tout le matériel nécessaire au bon déroulement des travaux. De même, mon père m’a déclaré vous avoir proposé la protection du Bureau des Aurors, tout au moins pendant la durée de notre association, mais il m’a également fait savoir que, si vous le désireriez, je pouvais vous fournir un moyen de contacter à tout moment la Chambre du Conseil si vous veniez à vous trouver en danger d’anéantissement comme ce fut le cas hier.
Benedict avait en effet considéré d’une importance vitale d’assurer la protection d’un atout aussi précieux que celui représenté par des tisseuses capables de créer des tissus d’un genre nouveau. Elles pourraient en effet bien révolutionner à elles-seules la protection de la société sorcière. Bien entendu, il n’était pas dit qu’elles accepteraient un contrat à long terme après la débâcle de cette première approche mais Mère Dolorès se faisait âgée et il arriverait une ère où Sœur Grace prendrait sa place en tant que première Mère. Qui pouvait alors prédire ce que la sorcière déciderait ?
Le retour à la vie normale était atrocement difficile. Outre la menace de la punition qui l’attendait à son retour à la maison, il était collé jusqu’aux prochaines vacances et ne s’était pas vu retirer son poste de capitaine de pure justesse. A vrai dire, il ne savait pas vraiment ce qui avait fini par ramollir le cœur rabougri de Viridian : les larmes qu’il avait bien failli verser à l’écoute de sa sentence ou la panique qui s’était emparée de sa Directrice à l’idée de perdre son meilleur joueur. Quoiqu’il en fut, il avait échappé au pire mais, malgré cela, alors que le match décisif avait lieu dans moins de deux jours, il n’arrivait pas à se concentrer dessus.
Toute son attention était concentrée sur l’attente du retour de Yorick. Il s’inquiétait pour le rachitique Serdaigle comme il ne s’était jamais inquiété pour personne. Certes, une partie de son esprit avait également peur pour son frère, mais Crestian était un Auror entraîné, Yorick, lui, n’était rien de tout cela. Il n’était qu’un petit surdoué embourbé dans une histoire bien trop dangereuse pour lui. Et surtout il n’était toujours pas revenu ! Cela faisait bientôt vingt-quatre heures qu’ils avaient été séparés et Cyriac était sur le point de mourir d’angoisse. Ses camarades le sentaient qui, contrairement à leur habitude, avaient choisi de le laisser un peu seul.
Pourtant, ils avaient commencé par le bombarder de questions en tout genre à son retour mais son air abattu, en total contraste avec son attitude habituelle leur avait vite fait comprendre qu’il avait besoin de se remettre de ses émotions avant de pouvoir se confier. En bons amis, ils avaient donc décidé de lui laisser un peu d’espace pour respirer non sans garder un œil attentif sur lui de loin. Ainsi, lorsqu’une furie aux couleurs de Serdaigle fonça sur leur meilleur ami et l’invectiva sur un ton glacial, Jonathan et Erwan s’empressèrent de s’en mêler.
-Hey ! Ce ne sont pas des façons de s’adresser aux gens quand on a une question à leur poser.
-Oui, on ne t’a jamais appris la politesse chez toi ?
Cyriac les coupa cependant d’une voix sans appel.
-Jonathan, Erwan, ça suffit. Laissez-nous.
-Mais, elle…
-S’il vous plaît, je sais ce que je fais.
-Non, mais…
-Allez viens Erwan, fais-lui confiance. Mais je te préviens Longbottom, on reste à proximité et si on n’aime pas ce qu’on voit, on interviendra de nouveau.
-Ça marche, merci les mecs.
Lorsque les deux Poufsouffles furent partis, Cyriac fit signe aux Serdaigles de le suivre jusqu’à une alcôve un peu en retrait contre laquelle il s’appuya.
-Je ne sais rien de ce qui a pu lui arriver avec des cinquième années mais je sais où il est. Ou du moins où il était hier soir. Je l’ai choppé à roder autour de notre salle commune. Il disait vouloir y faire un Portoloin parce que son père était en danger. J’ai accepté de le faire entrer mais uniquement si je partais avec lui. On est donc partis mais pas avant que je ne laisse un mot aux deux zouaves que vous venez de voir. Et Merlin soit loué parce qu’on s’est retrouvé au beau milieu de nulle part à côté d’un couvent de religieuses sorcières attaquées par des vampires. Bref, c’est un peu compliqué de tout raconter mais j’ai été ramené de force et il est resté sur place parce qu’il était le seul à pouvoir emmener les Régulateurs sur place grâce à un Portoloin. Et depuis je n’ai plus de nouvelles, finit-il sur un ton désespéré.
Auror
Que vois-tu…?
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Re: Les tisseuses de Whitehill [Terminé] par Sam 24 Oct - 22:44
Un camarade le suivit en ajoutant :
« Oui, on ne t’a jamais appris la politesse chez toi ? »
L’apparition de deux étudiants plus âgés qu’elle effraya Patty qui devint rouge pivoine ; mais elle ne voulait rien perdre de sa superbe, et allait répondre une pique à sa façon quand Cyriac demanda à ses amis de s’éloigner. Les deux connaissances du Poufsouffle obtempérèrent avec quelques rétiences, en surveillant tout de même la conversation d’un œil. Cyriac lui-même emmena les deux cadets dans un endroit plus à l’écart. Une nouvelle fois, la conduite du jeune homme rassura Patty ; mais une nouvelle fois, elle n’en voulut rien montrer.
« Alors ?
-Je ne sais rien de ce qui a pu lui arriver avec des cinquième années mais je sais où il est. Ou du moins où il était hier soir. Je l’ai choppé à roder autour de notre salle commune. Il disait vouloir y faire un Portoloin parce que son père était en danger. J’ai accepté de le faire entrer mais uniquement si je partais avec lui. On est donc partis mais pas avant que je ne laisse un mot aux deux zouaves que vous venez de voir. Et Merlin soit loué parce qu’on s’est retrouvé au beau milieu de nulle part à côté d’un couvent de religieuses sorcières attaquées par des vampires. Bref, c’est un peu compliqué de tout raconter mais j’ai été ramené de force et il est resté sur place parce qu’il était le seul à pouvoir emmener les Régulateurs sur place grâce à un Portoloin. Et depuis je n’ai plus de nouvelles.»[/color]
L’inquiétude de Christopher pour Cyriac augmentait au fur et à mesure du discours de Cyriac,. Mais sa réaction ne fut pas comparable à celle de Patty : la jeune fille pâlissait, tremblante, la main sur la bouche. Ses espoirs de porter assistance à ses amis s’envolaient un peu plus loin à chaque mot que prononçait leur aîné. Elle ne pouvait que répéter en murmant :
« Oh mon Dieu… ! Oh mon Dieu ! »
Christopher aurait voulu la rassurer ; seulement il ne savait pas que lui dire alors qu’il ignorait si Yorick était encore en vie ou non ? Finalement, il lui prit le bras pour lui demander le plus doucement qu’il lui fut possible malgré son propre trouble :
« Patty… Calme-toi… S’il-te-plaît…»
Le jeune étudiant crut qu’elle allait fondre en larme. Mais elle releva un instant les yeux, et son regard se figea sur quelque chose derrière Cyriac.
Christopher suivit le regard de son ami, et vit Yorick qui arrivait. Leur ami semblait plus pâle encore qu’à son habitude, et son teint avait pris une couleur jaunâtre maladive. Sans se soucier des convenances qu’elle brisait, Patty se précipita et serra de toutes ses forces les mains de Yorick.
« Tu vas bien ? Tu n’as rien ?
Un regard sur la situation suffit au fils Mérindol pour comprendre que ses camarades savaient tout.
- Non… Je… Tout va bien maintenant. Tout va bien. »
Patty et Christopher gardaient cependant un air hagard ; leurs yeux semblaient errer dans l’espace qu’ils ne reconnaissaient plus, parce qu’ils n’avaient jamais eu l’idée qu’un de leurs amis puissent être mêlé à quelque chose d’aussi grand et d’aussi dangereux. La jeune fille ne lâchait pas les mains de son camarade, comme pour l’empêcher de partir à nouveau, si par mégarde elle tournait le regard. Christopher restait plus en retrait, gardant un instinct raisonné qui lui dictait de laisser un peu d’air pour respirer à Yorick, malgré l’envie qu’il devait avoir de le presser de question et de manifester, lui aussi, ses doutes.
Comment ne pas les comprendre ? Un élève passe, de cinq à dix-huit ans, la majorité de sa vie dans son école, où il mange et où il dort. Les études sont chères, et tous ceux qui peuvent les payer ne voient pas plus le monde quand ils rentrent chez eux : un foyer bien gardé les attendent ; leurs fenêtres ne donnent que sur des jardins paisibles.
Cyriac observait la scène et respectait par son silence les retrouvailles du petit groupe.
« Patty, Christopher… Je suis désolé, je dois vous laisser un instant. Il faut que je parle avec Cyriac, ce ne sera pas long. Je reviendrais tout de suite. »
Patty se recula et laissa passer son camarade. Avec Christopher, elle s’éloigna suffisamment pour laisser aux adolescents un peu de tranquillité.
« C’est ton Père qui m’a ramené il y a trois quart d’heure à peine. La bataille est finie. Whitehill a survécu. Ton frère et mon père sont encore en vie, mais beaucoup de sœurs sont mortes. »
Yorick dû garder la tête baissée durant un instant avant de pouvoir continuer :
« La plupart des vampires sont morts aussi. Je crois que certains ont réussi à s’échapper. A part ça, je ne sais pas grand-chose de plus… Ton père m’a transmis un message avant de me laisser : Il m’a demandé de te dire que tu dois écrire une lettre à ta mère, faute de quoi ta punition du week-end sera doublée. »
Le Serdaigle soupira.
« Je suis vraiment désolé… Tout cela est totalement de ma faute. Si je peux faire quoique ce soit pour alléger ta punition, ou n’importe quoi d’autres, n’hésite pas à m’en parler… C’est grâce à toi si l’on a pu aller à Whitehill, puis prévenir les Régulateurs, et on ne peut pas dire que tu en sois bien récompensé… Je suis sincèrement désolé, pardon. Et merci pour ton aide. »
La nuit avait de nouveau posé son voile sur Whitehill. Le monastère semblait encore plus silencieux qu’à son habitude, lui déjà si austère. Après les paroles de Mère Dolorès, Ismaël était resté quelques heures dans sa chambre, à méditer. Puis, le besoin de compagnie l’avait pris, et il était parti rejoindre Grace.
La Mère se trouvait en effet dans sa chambre, en train de prier. Le marchand toqua à sa porte. Elle ne releva pas tout de suite les yeux, surement afin de formuler en son entier la pensée qu’elle adressait à Dieu. Enfin, elle se mit debout, et accueillit avec le meilleur sourire qu’elle put son visiteur, et le salua :
« Bonsoir mon fils.
- Bonsoir. Est-ce que je ne vous dérange pas ?
- Bien sûr que non, le rassura la sœur. Entrez, je vous en prie. »
Ismaël s’exécuta. Les meubles avaient été enlevés dans cette cellule aussi. Quelques tissus amassés au bord d’un mur formaient la seule couche qui restait ; et les barreaux de la fenêtre, la seule décoration. Des bougies sur le sol éclairaient la cellule. Bien sûr, ce faible apport de lumière ne chassait pas les ténèbres, qui jouaient avec les flammes et dessinaient d’étranges silhouettes sur les murs, qui dérobaient les formes aux regards, et enfin, qui rendaient incertain même le visage le plus familier. Néanmoins, dans cette obscurité régnante, percé par endroit par la chaleur d’une bougie, l’habit monacale dessinait une grande forme blanche, tantôt éclatante, tantôt effacé, qui ne disparaissait jamais et qui renvoyait un peu de la lumière qu’elle recevait, produisant l’illusion qu’elle brillait.
« Mère Dolorès nous a annoncé que le monastère acceptait de produire le tissus demandé par le gouvernement, dit Ismaël.
Sa voix grave rebondit contre les murs et résonna un peu dans la pièce vide.
« Oui, sa décision a été prise avant même que je ne parle en votre faveur. Répondit Grace dans un murmure.
« Vous savez, Les gens du ministère ont besoin de vous. Ils pourront vous protéger, vous serez en sécurité désormais. »
Comme Crestian, Ismaël espérait que Grace succéderait à Mère Dolorès et intensifierait les échanges avec le gouvernement afin que le monastère soit protégé.
- En sécurité… répéta Grace rêveusement.
Elle garda le silence un instant, fit quelques pas, en proie à de sombres pensées. Puis elle reprit :
« Je me rends compte aujourd’hui quel orgueil j’ai eu de croire que je pouvais construire ce havre. Un fleuve qu’on détourne peut toujours retourner dans son lit, et il en va de même des chemins. Dans les journaux qu’O’Connell m’apportaient, je lisais que de nouvelles techniques de téléportation se mettaient au point. La main du monde s’étend. Bientôt peut-être, la solitude n’existera plus, les distances seront abolies, il n’y aura plus de lieux reculés. Et nous, dans notre orgueil, nous voulions encore communiquer avec les hommes, mais sans avoir à les craindre ! Comment ai-je pu penser qu’un tel compromis était possible ?
- Ce n’est pas de votre faute, ma sœur, intervint Ismaël.
-Oh si, c’est de ma faute ; j’ai insisté pour que vous nous aidiez à vendre aux villages alentour nos tissus. Ne voyez pas l’ombre d’un blâme dans ma voix. J’ai toujours admiré un travail qui consistait à tendre des ponts entre les hommes, à prendre le trop et à l’échanger contre le pas assez. Mais accepter cet échange, ce n’était pas vivre en recluses, recluses que nous devrions être.
- Je ne suis pas d’accord, tonna le marchand. De cette façon vous avez prévenu de nombreuses maladies, vous avez pu vivre plus sainement, alors que la forteresse était avant un lieu insalubre. Vous avez sauvé des vies !
- Et j’en ai perdu d’autres, objecta Grace. Celles qui auraient péri de maladie auraient pu recevoir l’extrême onction, se confesser avant d’affronter le jugement de Dieu. Alors que les femmes qui sont mortes la nuit dernière ont terminé leur vie en reniant leur principe, puisqu’elles cherchaient à tuer, et peut-être ont-elles tué ; elles sont mortes sans que personnes n’aient pu recueillir leurs derniers regrets. Savez-vous que nous sommes huit à avoir survécu, M. Mérindol ? Huit religieuses sur trente dont le corps a survécu ; l’âme, je ne saurais le dire. »
La religieuse se tenait droite, le regard fixé sur une des bougies qui s’étaient presque totalement consumée.
« Qu’avez-vous en tête ma sœur ? » interrogea finalement Ismaël, que toutes ces réflexions inquiétaient.
La religieuse se tourna vers lui, il put apercevoir son visage. Il ne restait rien de la joie, du pétillant, de l’enfantin qui avaient constitué une part de la personnalité de Grace. Elle ne pleurait pas ; elle ne faisait pas semblant de sourire. Son visage n’était pas déchiré par la douleur, ni masqué par la politesse. Comme à travers une vitre, il laissait voir ses émotions, et Ismaël y lut toute la tristesse qu’elle ressentait à cet instant, ainsi que toute sa résolution.
« Bon Dieu, qu’allez-vous faire ? Grace ! s’exclama Ismaël.
- Ne jurez pas ; ne vous inquiétez de rien. Mon esprit est clair désormais, et je discerne parfaitement la voie qui se dessine pour les tisseuses de Whitehill.
- Qu’est-ce que cela veut dire ? » questionna Ismaël, mais il n’obtint pas de réponse.
La Mère Supérieure lui demanda la permission pour continuer la prière qu’elle avait interrompue. Le marchand hocha la tête et s’en alla, plus soucieux qu’à son arrivé.
Le ministère fournit rapidement les métiers à tisser aux religieuses, et passa sa commande. Ismaël et Crestian furent rappelés à Londres. Pendant un certain temps, ils ne purent plus se voir : Ismaël reçut sa récompense, et sa première action fut de s’arranger avec le directeur de Poudlard afin de payer en avance les frais de scolarité de son fils. Le directeur n’opposa pas de résistance, et l’affaire se conclut rapidement. Il paya aussi les créanciers qu’ils avaient, puis expédia à Poudlard tous les manuels et toutes les affaires dont son fils avait manqué jusqu’à présent. En vérité, le quadragénaire crut qu’il n’entendrait plus parler du ministère. Il commençait à réfléchir concernant l’argent qui lui restait, et le moyen de l’investir le plus utilement possible. La possibilité d’avoir sa propre échoppe et de ne plus courir les routes le tentait, afin d’offrir à son fils une vie plus stable. En s’établissant, il ne serait plus un marginal hors de la société. Il deviendrait un bourgeois, et si les affaires marchaient bien, il créerait une source de revenus qui ne tarirait jamais.
Un mois était passé, les maisons dormaient dans leur lit de neige sous le ciel couleur givre de février. Ismaël ne faisait plus affaire avec le repère de malfrats qu’était Covent Garden : l’argent qu’il avait lui constituait une avance suffisante pour acheter les tissus les plus nobles, et les revendre dans les boutiques les plus réputées. Aucun commerçant ne lui fermait sa porte, car c’eut été refuser les meilleurs articles. Quelques-uns se plaignaient du bonhomme acariâtre et bourru, mais gardaient contact avec lui parce qu’il était aussi honnête et sensé.
Tandis qu’il sortait d’un magasin, quelqu’un l’interpella, et à son habit, Ismaël devina que le ministère avait une dernière chose à lui dire.
On l’introduisit dans le siège du ministère, et l’envoyé le conduisit dans une antichambre où Crestian Longbottom attendait déjà.
« Tiens donc, monsieur l’Auror, commença Ismaël avec amusement. J’espère que l’on ne me fait pas attendre pour me dire que la transaction s’est mal passée, et qu’on me retire ma récompense. »
Ils échangèrent quelques propos avant que le même envoyé ne vienne les chercher et ne les guide à travers le dédale de couloir. En chemin, ils croisèrent le Régulateur Johnson. Ismaël se rembrunit immédiatement, tandis que le Régulateur fit mine de n’avoir pas vu le quarantenaire et passa sans froncer un sourcil.
Ismaël maugréa une insulte dans sa barbe, n’ayant pardonné en rien le Régulateur. Enfin, le groupe arriva devant le bureau du directeur. Leur guide leur ouvrit la porte et la referma derrière eux, les laissant seuls avec Benedict Longbottom.
« Bonjour Monsieur Mérindol. Bonjour Crestian. Asseyez-vous, je vous en prie. Nous avons fini de consolider le portauloin construit par le jeune Yorick Mérindol. L’échéance pour la production des tissus arrive demain. Un groupe empruntera alors le portauloin et ira récupérer la production des sœurs. M. Mérindol, vous avez toujours été intermédiaire privilégié entre les tisseuses et le reste du monde ; Crestian l’est devenu lors de la mission où vous l’avez rencontrez. C’est pourquoi je vous convie à participer à ce voyage, dans l’espoir qu’il conclut notre accord, et jette les bases d’accords à venir. »
De la même façon qu’avec Johnson, Ismaël n’avait en rien pardonné au directeur. Néanmoins, Benedict avait plus de charisme, et semblait moins borné, plus fiable. Qui plus est, le quadragénaire s’inquiétait encore pour Grace, et cette opportunité lui permettrait de s’assurer qu’elle allait bien.
Le marchand accepta donc. Comme à son habitude, il dormit dans sa carriole, à l’extérieur de Londres, à ceci près qu’il possédait désormais un manteau bien chaud qui le préservait des maladies. Le lendemain, il revint au ministère.
Le portauloin avait été détourné, et sa course commençait désormais non plus dans le jardin des Longbottom, mais dans une cour intérieure du siège de la défense contre les forces du mal. Trois personnes étaient déjà présentes : l’auror avec un de ses collègues, et une femme qui se présenta à Mérindol comme la porte-parole du ministère.
Dès que le marchand fut arrivé, le groupe se réunit en cercle. Sans que Mérindol comprenne pourquoi, ils avaient tous pris un balai. Ismaël les imita avec un qu’on lui avait donné, attrapa le portauloin avec les autres, et fut transporté dans les airs, à un kilomètre de Whitehill.
Sous la surprise, Ismaël faillit tomber, et s’accrocha tant bien que mal au balai qu’il avait et qui flottait dans les airs. Le collègue de Crestian l’attrapa afin de le remettre droit.
« Non mais ça va pas ?! Pourquoi ne sommes-nous pas sur la terre ferme ? » s’exclama le marchand.
- Nous n’avons pas réussi à changer ce point-là du portauloin, expliqua le porte-parole.
- Mais pourquoi ne m’avez-vous rien dit ? répliqua Ismaël furieux, collé autant qu’il le pouvait au manche qui le soutenait.
-Selon le rapport que j’ai lu, annonça l’employée du ministère un peu surprise, Sœur Grace a exposé cette idée devant vous, donc vous deviez le savoir, non ? »
La discussion avec Grace lui revint en mémoire. Néanmoins, le vieux Mérindol avait cru que les deux jeunes gens devaient voler puis se poser pour faire le portauloin, et non pas l’exécuter dans les airs. Encore une fois, le marchand n’était pas très au courant des risques que prenait son fils.
« Votre balai est enchanté pour rester en apesanteur, mais comme vous n’avez aucun pouvoir, vous ne pourrez pas le dirigez. C’est pour cela qu’il est rattaché au balai de M. Longbottom. M. Longbottom vous tira derrière lui. Tout ce que vous avez à faire, c’est ne pas tomber. »
La petite équipé vola jusqu’à Whitehill, et se posa dans la vallée devant l’ancienne forteresse. Dès qu’il le put, Ismaël sauta sur le sol. Une épaisse couche de neige recouvrait les alentours, ne gardant du paysage que des teintes de gris et de blanc.
« Quelle folie de faire de pareilles sorcelleries ! maugréa le marchand. Les balais n’ont jamais été faits pour voler ! Comment peut-on détourner des objets de leur utilité première et croire que cela va fonctionner ? Quelle folie, vraiment ! »
En tant qu’auror, le collègue de Longbottom avait l’habitude de côtoyer toute sorte de gens, et la remarque ne lui fit aucun effet. Au contraire, le porte-parole, bien qu’elle s’abstînt de répondre quoique ce soit, eut l’air de se demander si le marchand était vraiment un ami des sorciers. Le groupe se mit donc en marche, et parvint jusqu’aux portes de Whitehill ; à leur arrivé, ils constatèrent avec surprise qu’elles étaient entrebâillées, et que n’importe qui pouvait passer. Ismaël passa en premier et scruta la cour. Personne ne les attendait.
« Mère Dolorès ? Mère Grace ? » cria-t-il à tout hasard.
Le claquement d’ailes d’oiseaux qui s’envolaient fut la seule réponse qu’il obtint.
Il traversa la cour, inspecta quelques couloirs. Aucune sœur ne se montrait. Les potagers semblaient abandonnés depuis un certain temps.
« Bon Dieu, comment est-ce possible ?» jura Ismaël.
Une idée lui traversa l’esprit, et il partit au pas course dans un couloir.
« Monsieur Mérindol, où allez-vous ? Monsieur Mérindol ! » appela le porte-parole, mais elle fut obligée de suivre le marchand, parce que celui-ci ne prit pas la peine de lui répondre.
Le groupe parvint dans la salle de tissage. Tous les métiers à tisser étaient présent, bien à leur place, ce qui prouvait qu’il n’y avait eu aucune lutte. L’unique cheminée de Whitehill se trouvait dans cette salle, afin que le froid ne porte pas préjudice à la dextérité des tisseuses ; il était éteint pourtant, sans braises qui auraient trahi une activité récente. La matière première demandée par le ministère se trouvait au centre, soigneusement rangée.
Ismaël ne s’y arrêta pas. Il monta au premier étage, et entra successivement dans la cellule de Grace et celle de Mère Dolorès. Les deux étaient inoccupées. Puis il redescendit au rez-de-chaussé et courut vers le cimetière. Il n’y avait pas plus de tombes qu’auparavant. Enfin, il revint dans la salle de tissage, où le porte-parole avait ramassé le tissu, et avait vérifié qu’il y en avait bien la quantité demandée.
« Elles sont parties… ! Elles sont parties… ! » dit-il finalement.
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Re: Les tisseuses de Whitehill [Terminé] par Jeu 29 Oct - 19:15
Pourtant le quatrième année n’était à cet instant pas exactement le prototype de la personne en parfaite santé, plutôt le contraire même au vu de son teint palot, mais Cyriac était tellement content de le savoir en vie que le reste importait peu. Il ne quitta néanmoins pas sa place, laissant les Serdaigles prendre des nouvelles de leur ami en premier, sachant que son tour arriverait bien assez tôt. Lui et Yorick avaient vécu des aventures bien trop intenses en l’espace de vingt-quatre heures pour ne pas désormais se considérer comme, si ce n’est des amis, tout au moins plus que des connaissances.
Et, ainsi, fidèle à ses prédictions, son cadet prit congé de ses camarades pour s’approcher de lui. Il commença alors par lui rapporter les paroles de son père et une moue contrariée s’empara des traits du Poufsouffle. C’était moins le rappel de sa punition qui le dérangeait que le fait d’avoir inquiété sa mère. Il détestait la savoir toujours nerveuse du bien-être de Crestian et leur père et s’était promis qu’il ferait tout ce qui était en son pouvoir au moment de choisir sa carrière future pour ne pas devenir une nouvelle source d’inquiétudes pour elle et voilà qu’il avait rompu sa promesse avant même de quitter Poudlard. Quel fils indigne il faisait !
Il se promit donc de lui écrire une longue missive dans laquelle il entreprendrait de la rassurer définitivement. Parce que s’il comptait sur Crestian, il était mal barré ! Il avait beau idolâtrer son frère, celui-ci était une quiche finie au moment de s’exprimer et finissait plus d’une fois par faire une bourde grosse comme lui alors qu’il cherchait à améliorer une situation. Enfin, ça faisait partie de son charme aussi, ce côté grand boulet timide. Alors qu’il était sans peur sur le terrain, il pouvait se liquéfier sur place au beau milieu d’une réception. Une situation que Crestia et Cyriac aimaient particulièrement observer lorsqu’ils s’ennuyaient à une fête quelconque. Après tout, Crestian était l’héritier et celui à qui tout le monde voulait toujours s’adresser lorsque Benedict n’était pas disponible, il n’avait donc jamais la paix alors qu’il en rêvait. Injustice majeure lorsqu’on savait que Cyriac s’en serait mille fois mieux sorti que son aîné dans ce genre de situations mais c’était la vie alors il pouvait au moins s’amuser aux dépens de son frangin non ?
-Ne t’en fais pas. J’ai pris une décision en décidant de t’accompagner, je saurais en assumer les conséquences. Et puis, ne le répètes sous peine de ne plus me revoir au retour des vacances mais, si c’était à refaire, je le referai, dit-il sincèrement. Pas que je manque d’aventure à ce point-là, le Gryffondor sans peur et sans reproche c’est mon frère, mais ce n’est pas tous les jours qu’on a l’occasion de se sentir réellement utile. Après tout, toi plus que moi certes mais on a aidé à sauver quelques vies, pour aussi lourdes qu’aient été les pertes, ce n’est pas un exploit dont tout le monde puisse se vanter.
Non qu’il comptât crier leurs mésaventures sur tous les toits, mais objectivement qui savait si le père de Mérindol et Crestian auraient survécu sans leur intervention, pour aussi déplacée qu’elle eût été. Et rien que pour se dire qu’il avait peut-être aidé à maintenir son frère en vie, il était prêt à recommencer les yeux fermés. Il serra donc doucement sa poigne sur l’épaule du Serdaigle en un geste amical et déclara :
-Remets-toi, ce sera la meilleure des compensations que tu pourras me faire et si ça ne te suffit pas, je saurais bien trouver un moment où j’aurais besoin de ton aide. Mais ne viens pas te plaindre lorsque j’exigerai le paiement de mes dettes, termina-t-il avec un sourire malicieux avant de rendre le quatrième année à ses amis pour rejoindre les siens dont la discrétion au moment d’écouter la discussion qui venait d’avoir lieu laissait franchement à désirer. Il allait falloir qu’il leur ré-apprenne le sens du mot.
Beaucoup de choses s’étaient déroulé en un mois. Peut-être presque trop. Toutes avaient laissé leur trace sur sa vie – certaines en bien, d’autres en mal, la plupart un peu des deux – mais il devait avouer être heureux de retourner à Whitehill pour fermer au moins ce chapitre de sa vie. Car s’il avait déjà discuté de la question avec son père lors de ses récents passages au manoir et savait être désormais l’intermédiaire privilégié de la Chambre auprès des tisseuses, il avait également été convenu qu’il passe le flambeau à un porte-parole officiel lors de sa prochaine visite au couvent pour pouvoir reprendre ses fonctions habituelles. Il ne pouvait en effet à la fois se préoccuper en permanence de la sécurité des sœurs restantes et remplir son devoir d’Auror. Et sa priorité serait toujours son métier.
Il était par conséquent de plutôt bonne humeur lorsqu’il retrouva Mérindol le jour convenu pour la récupération des tissus commandés. Les deux hommes échangèrent donc tranquillement les banalités de circonstance, s’informant notamment de la santé mutuelle de leurs fils et frère jusqu’à ce qu’on les amène auprès de Benedict. Sur le chemin, l’Auror ne put que remarquer le petit numéro du marchand face au Régulateur Johnson mais ne sachant bien de quoi il retournait, il préféra se taire. Ils arrivèrent de toute façon bien vite devant le bureau de son père, non sans avoir d’abord traversé la salle où travaillait la plupart des Aurors dans laquelle plus d’un collègue de Crestian observa étrangement Mérindol. L’héritier jeta donc un ou deux regards de réprimandes ici ou là sans grande réussite serait-il juste de préciser. Heureusement, la traversé fut courte et ils furent rapidement installés dans le bureau de Benedict.
Pendant le discours de celui-ci, il n’écouta que d’une oreille, étant de toute façon déjà au courant de la situation depuis quelques jours. Puis, il guida Mérindol jusqu’à la cour où les attendaient les autres membres de l’expédition vers le couvent. Il salua l’Auror Fulbert qu’il ne connaissait que de nom mais dont la réputation d’intégrité et de tolérance expliquait sa présence avant d’incliner la tête envers la porte-parole du Ministère. Il ne connaissait pas la femme mais ne doutait en rien de ses capacités, si elle avait été nommée comme sa « remplaçante ». Ainsi, attrapant le Portoloin et enfourchant le balai qui lui étaient tendu par Fulbert, il se laissa porter jusqu’à leur destination.
L’arrivée fut quelque peu acrobatique mais rien d’impossible. Tout sorcier savait s’équilibrer sur un balai. Tout sorcier… justement ! Ismaël manqua de peu de tomber mais Fulbert le rattrapa à la dernière minute entamant une discussion avec la porte-parole qui expliqua alors qu’il devrait tirer le moldu jusqu’au couvent au vu de l’absence de pouvoirs de ce dernier. Ce qu’il fit sans grandes difficultés bien qu’il devait admettre voler à une vitesse bien inférieure à l’habituelle à force de devoir tirer un poids double de la normale.
Lorsqu’ils atterrirent, la réaction d’Ismaël ne se fit pas attendre et Crestian retint tant bien que mal un sourire amusé. Il n’avait pas oublié le caractère bougon du quarantenaire et pour une fois que leur vie n’était pas réellement en danger, il trouvait cela hautement comique. Il regagna néanmoins bien vite son sérieux en se rendant compte que quelque chose ne tournait pas rond : les portes du couvent étaient ouvertes. De plus, aucun bruit ne se faisait entendre et un mauvais pressentiment s’empara soudain de lui. Pressentiment confirmé par les paroles criées par Mérindol : les sœurs n’étaient plus là. La question aux mille gallions étant pourquoi ?
-Il semblerait qu’elles soient parties après avoir fini leur commande, commenta Fulbert qui était resté auprès de la porte-parole pour confirmer la quantité de tissu.
-Mais pourquoi partir alors que la Chambre leur avait promis aide et protection ? continua cette dernière. Qu’en pensez-vous Mr Mérindol ?
Ne laissant pas au marchand le temps de répondre, Crestian lança sa propre hypothèse d’un ton bien sombre.
-Vous imaginez-vous continuer à vivre dans un lieu où vous avez perdu deux tiers des vôtres, même sous protection du gouvernement ?
Lui en tous les cas était certain qu’il aurait quitté les lieux dès ses obligations remplies. Et il semblait bien que les sœurs avaient réagi exactement comme lui. Restait à savoir ce qu’en pensait Mérindol.
Auror
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Re: Les tisseuses de Whitehill [Terminé] par Ven 30 Oct - 14:57
Crestian répliqua immédiatement :
« Vous imaginez-vous continuer à vivre dans un lieu où vous avez perdu deux tiers des vôtres, même sous protection du gouvernement ? »
En effet, le monastère aurait difficilement pu rester un havre de paix après le drame d’il y a un mois. Cependant, le marchand se souvint des paroles que lui avait dites Grace, le soir suivant l’agression ; la culpabilité qu’avait ressentie la jeune femme à l’idée que les sœurs avaient peut-être été punie pour avoir trahi leur conviction, pour ne s’être pas conduites en véritables recluses ; et surtout, la détermination qu’il y avait dans ses yeux et dans sa voix.
Ce départ était plus qu’un regret du passé, de toute évidence ; et les sœurs espéraient plus qu’un oubli de la tragédie. C’était, en vérité, un retour de onze ans en arrière, avant que les religieuses ne rencontrent Ismaël et ne commercent avec les villages alentours ; avant qu’elles ne réétablissent un commerce avec le monde ; avant qu’elles ne deviennent les tisseuses de Whitehill. En quittant Whitehill, les religieuses se coupaient de leur point d’attache avec la société, et elles vivraient de nouveau dans une misère et dans un recueillement inaccessible, inconnu de tous.
Le porte-parole et les deux aurors regardaient le marchand et attendaient d’entendre sa réponse.
« Contrairement à ce que vous avez l’air de croire madame, le ministère avait très peu à offrir aux tisseuses de Whitehill. » bougonna Ismaël.
Son interlocutrice fut piquée au vif, parce qu’elle savait bien plus exactement ce que la Chambre pouvait proposer aux religieuses que le marchand. Mais on l’avait prévenu que le moldu n’était pas des plus sympathiques, et elle ne fit pas de commentaire.
La petite équipé revint avec les tissus, Ismaël repartit à ses affaires ; néanmoins l’histoire ne s’arrête pas tout à fait ici.
Parfois, ici où là, survint une rumeur de fantômes que l’on appelait les banschees, parce qu’on les apercevait dans les cimetières, en train de prier sur la tombe de personnes mortes il y a peu. Les villageois qui crurent croiser leur chemin dire qu’elles étaient enveloppées dans de longues capes noires, et qu’elles s’évaporaient dès qu’elles se mettaient à marcher. L’on dit aussi que certaine nuit, après le passage des banshees, une tombe s’ajoutait au cimetière, n’ayant qu’une simple croix en bois dénuée d’inscription.
Mais tout cela ne resta que des on-dit ; bientôt les rumeurs se turent, et plus jamais l’on entendit prononcer le nom des tisseuses de Whitehill.
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