Concilier l'inconciliable [Terminé] par Sam 20 Juil - 0:40
C'était peut-être moins parce qu'il avait souvenir d'Elya Black comme d'une jeune fille intelligente et à la conversation recherchée, que par désir de se faire mousser qu'Aïlin avait porté son dévolu sur la potionniste. L'idée d'inviter une héritière Black sous le toit d'un Bower l'amusait grandement. Il y voyait là un délicieux outrage au discours de son père. Quant à Cathleen Black, certainement s'étoufferait-elle dans sa bile si elle apprenait que sa descendante avait accepté une invitation à la demeure de tolérants. Aïlin ne le souhaitait pas pour autant, pour le bien d'Elya. Il y avait presque, dans cela, un acte symbolique, aussi. Il n'éprouvait l'envie de rompre le dialogue avec aucun des deux partis qui s'opposaient.
Pourtant, cela n'avait pas été le but qu'il recherchait, de prime abord. Bower avait, avant tout, eu besoin d'une personne qui maîtrisait l'art des potions pour l'avancée de ses recherches personnelles. Quand le nom d'Elya Black avait été murmuré du bout des lèvres par Henry, Aïlin avait vu là l'occasion de faire d'une pierre deux coups. Puis, l'envie subite de découvrir comment avait évolué la Serdaigle avait bientôt suivi le souvenir de son visage d'ange. La jeune femme était-elle devenue aussi froide et intolérante que la maîtresse de famille ? Il fallait supposer que non, sinon, Aïlin se doutait qu'elle n'aurait pas même prit la peine de répondre à son hibou. Le fait qu'elle ait accepté son invitation, où il y sous-entendait un besoin d'aide en vue d'études alchimiques, l'avait rendu curieux et impatient.
L'horloge sonna deux heures dans le manoir, et Aïlin quitta sa chambre à grandes enjambées. Il vérifia auprès de l'elfe de maison que tout le monde avait bien quitté le manoir, comme il en avait suggéré l'idée à Bronach et Lynn, et demanda à la créature d'ouvrir le portail de la propriété, afin que son invitée puisse approcher l'imposante demeure.
Le salon était déjà prêt pour recevoir Miss Black. Il ne restait plus qu'à la demoiselle de se faire accueillir, certainement avec le léger retard qui convenait à toute femme bien née. Aussi Aïlin patienta, jouant distraitement un air connu au clavecin, jusqu'à ce qu'enfin, l'on frappe à la porte. Le jeune homme laissa l'elfe se charger d'accueillir, avec force cérémonie, Elya Black, dont Bower entendit bientôt les pas dans le couloir. Un sourire haussa ses lèvres, et il continua de jouer jusqu'à ce que le serviteur mène leur convive jusqu'à lui, et que sa petite voix servile ose interrompre les notes allègres qui s'élevaient entre les hauts murs. Seulement alors, Aïlin leva les yeux pour observer celle qui se présentait à lui.
Elle était bien plus jolie que dans ses souvenirs, l'âge aidant, mais il y avait quelque chose, dans son attitude, qui durcissait légèrement l'harmonie délicate de son visage. Il n'aurait su dire, en revanche, s'il s'agissait de froideur ou seulement de réserve. Ou peut-être était-ce, là, les stigmates qu'une éducation rigide laissait, celles-là mêmes qu'on lisait sur les traits de Bower, l'exigence un peu cruelle qu'on pouvait parfois voir flamboyer dans son regard.
L'alchimiste se leva du tabouret, puis s'inclina respectueusement devant la jeune femme, avant de lui adresser son plus charmant sourire.
« Bonjour, Miss Black. Je vous remercie d'avoir accepté mon invitation. C'est un plaisir de vous revoir, après tant d'années. »
Salua-t-il sobrement, s'interdisant d'ajouter qu'il n'avait pas réellement pensé cela encore possible. Il était plus sage, pour le moment, de garder ce genre de sous-entendus à l'intérieur de son crâne, et ne pas les laisser filer. Il n'y aurait certainement pas pire façon de se présenter comme un goujat que d'agir avec une attitude aussi désinvolte.
D'un geste, Aïlin l'invita à s'avancer dans le vaste salon, et lui tendit un siège avant de s'installer à son tour. Entre eux, une table basse accueillait quelques gourmandises et une cafetière fumante, accompagnée de deux tasses.
« Puis-je vous proposer une tasse de café ? Je sais que ce n'est pas la boisson favorite des anglais, mais celui-là est fameux. »
Bien sûr, il n'avait pas encore prononcé un mot sur la raison de la présence d'Elya, pas même pour la remercier d'éprouver assez d'intérêt, vis-à-vis ses recherches, pour venir jusque dans les terres sauvages d'Irlande. Il préférait, et de loin, laisser à Elya le soin d'introduire le sujet, pour mesurer le degré d'intérêt qu'elle portait à sa requête. Requête dont elle ignorait encore tout, si ça n'était que l'alchimiste désirait concilier l'art des potions et de l'alchimie, sans préciser ce qu'il désirait obtenir. Aïlin aimait intriguer. C'était le meilleur moyen d'obtenir ce que l'on désirait.
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Re: Concilier l'inconciliable [Terminé] par Lun 22 Juil - 20:09
L’elfe de maison baissait la tête, tendant à bout de bras un plateau sur lequel reposait un parchemin enroulé sur lui-même et tenu par une fine cordelette, recouvert d’un cachet. Lâchant son livre des yeux, Elya attrapa la lettre et remercia Sully d’un geste de la tête, ses doigts s’employant d’ors et déjà à dérouler le papier. Elle examina avec attention les mots, son visage fermé à tout expression jusqu’à ce qu’elle découvre, par la signature, l’auteur de cette missive. Bower. Un sourire effleura ses lèvres un instant, avant que celles-ci ne s’ouvrent.
« Aïlin Bower, alchimiste… » - lâcha-t-elle avec lenteur.
Elle réfléchit un instant à la situation, ses yeux ne cessant de parcourir encore et encore les lignes écrites de la main de Bower. Elle se rappelait très bien de cet ancien Serdaigle, de quatre ans son aîné. D’une intelligence terrible, elle avait, à l’époque déjà, apprécié sa présence et sa conversation, peut-être un peu moins ses manières. Car elle gardait le souvenir d’un jeune homme très charmeur et aux mœurs discutables, profitant de son physique avantageux et de la lourde somme que portait son nom pour s’approcher de la gente féminine. A part cela, elle n’avait rien contre lui. Contrairement à sa Grand-Mère, qui, d’apprendre que sa petite fille côtoyait des Sang-Mêlés, verrait sans doute en Aïlin un moins que rien et un potentiel danger à la réputation des Black. Mais si la jeune femme arrivait à cacher depuis plus d’un an déjà son attache au Conseil par l’intermédiaire de Lord Longbottom à la responsable de famille, nul doute qu’elle n’aurait aucun mal à passer sous silence un après-midi passé au Manoir Bower. Après tout, même si son nom renvoyait au monde magique l’image d’une intolérante, elle restait une éternelle indifférente face aux conflits entre les sorciers et les Moldus. Et puis, cette proposition de lier alchimie et potions l’intriguait. Ce suspens finit par la convaincre. Aussi, elle fit amener plume, encre et parchemin et répondit à son prochain hôte une courte lettre d’approbation qu’elle envoya sans attendre. Puis elle reprit sa lecture, un éphémère sourire sur les lèvres.
Le matin du jour J, la jeune femme enfila son corset, qu’elle serra un peu plus que d’habitude, puis une robe prune aux manches courtes, ayant l’avantage d’être pratiques. Comme à son accoutumance, elle releva ses longs cheveux noirs en un chignon parfait, dégageant sa nuque et ses épaules, puis habilla son visage de poudre et d’une pointe de rouge à lèvres. Le tout était sobre, mais dégageait charme et élégance. Assise face à sa coiffeuse, la jeune sorcière regardait pensivement dans le miroir sans se voir. Ses pensées se tournaient déjà, à quelques minutes de son départ, vers le fruit de ce rendez-vous. Bower s’était montré si évasif dans sa lettre, que la jeune femme peina à s’imaginer le déroulement de l’après-midi. Elle se demanda quel genre d’expérience le Serdaigle souhaitait pratiquer, et pourquoi avait-il fait appel à elle alors que leur relation s’arrêtait à quelques discussions intellectuelles qu’ils avaient partagées dans leur salle commune, des années de cela auparavant. Sa réputation de jeune potionniste n’était plus à faire, en tant que petite fille et élève de Cathleen Black, mais il n’y avait aucun doute que quelques hommes plus expérimentés auraient sans doute convenu tout autant qu’elle, si ce n’est plus. Mais le choix de Bower s’était tourné vers une femme, jeune et dont la main était encore à prendre. Les sourcils d’Elya se froncèrent un instant. Non, Aïlin Bower n’était pas assez sot pour s’imaginer l’aînée des filles Black à son bras, pas avec le statut sanguin dont il faisait part. Elle, née Black, aura l’honneur d’être donnée tel un morceau de gras à un chien revenant victorieux d’une chasse, à un sang pur qui ne l’aimerait que pour l’influence et le pouvoir qu’elle ajouterait à sa famille. Etait-ce là tout ce que la soi-disant élite offrait à ses membres ? Quel charme. Le soupire qui caressa les lèvres rouges de la jeune femme définissait mieux que les mots n’auraient pu le faire l’agacement que déclenchait en elle cette idée de mariage, auquel elle n’échapperait pas.
Elle chassa donc ses idées en se repoudrant le nez, puis, lorsque Sully lui apporta avec beaucoup de mal son nécessaire à potions, elle se leva, fit entrer ses affaires dans un tout petit sac d’un coup de baguette, puis pria l’elfe de lui amener son ombrelle prestement, l’heure du départ approchant. Elle se rendit ensuite devant la grande porte d’entrée de la demeure et appela sa jeune sœur pour la prévenir de son départ, Cathleen étant absente pour la journée, avant de sortir sous un soleil de plomb dont les rayons s’écrasèrent rapidement sur la sombre ombrelle qu’Elya plaça au dessus de sa tête. Au bout de l’allée du jardin, après avoir passé le portail de fer forgé, la jeune femme se tourna vers l’elfe de maison qui l’avait suivi jusque là, et lui adressa une dernière parole :
« Garde un œil sur Carey, et garde-toi bien de donner l’adresse où je me rend. Je serais de retour avant le diner. Du moins, je l’espère. »
Tout en se penchant suffisamment bas pour prouver son allégeance à la fille Black, la créature s’emporta en paroles, jurant qu’aucune information ne sortirait de sa bouche. Satisfaite, Elya transplana.
L’allée du Manoir Bower accueillit avec légèreté les pas de la sorcière, qui se murent rapidement et élégamment vers la bâtisse, dont la jeune femme admirait la beauté et le style. Au moins, la fortune des Bower ne faillait pas à sa réputation. Même la porte, sur laquelle Elya tapota de la phalange de l’index, était somptueuse. Lorsque l’elfe de la famille lui ouvrit la porte, il l’accueillit en l’assommant de bonnes manières, lui prit son ombrelle et, sur un fond de notes de clavecin résonnant dans tout le manoir avec légèreté et douceur, il lui fit traverser un couloir pour l’amener jusque devant son hôte, dont l’absence lors de l’arrivée de l’invitée fut remarquée par celle-ci. Il jouait avec grâce, semblant, de prime abord, ignorer la présence d’Elya, jusqu’à ce que l’elfe le rappelle à l’ordre en annonçant sa présence. Alors, les yeux bleus d’Aïlin se levèrent sur elle, qui, instinctivement, ferma son visage d’une clé de froideur. Elle était heureuse de découvrir la personne qu’il était devenu avec l’âge, tout autant bel homme qu’il ne l’était déjà à l’époque, si ce n’est plus, mais sa méfiance naturelle prenait le pas sur ses sentiments. Seul un maigre sourire poli s’installa l’espace d’un instant sur ses lèvres lorsqu’elle répondit avec parcimonie aux salutations du jeune homme. Elle le suivit avec une expression vide sur le visage jusqu’à son assise sur laquelle elle prit place avec l’élégance des jeunes femmes de bonnes familles, puis, après avoir observé l’immense pièce rapidement, elle porta son attention sur son ancien camarade, et approuva sa proposition d’un « volontiers », regrettant de ne pouvoir boire un thé, boisson plus légère pour la saison. Cependant, elle ne dit mot et agita juste la main lorsque la quantité de café contenue dans le récipient la satisfasse pour qu’on cesse de la servir.
Apportant la tasse à ses lèvres, elle dégusta deux gorgées de l’or noir qu’elle complimenta, puis reposa la vaisselle, jugeant qu’il n’était pas nécessaire de parler de la pluie et du beau temps avec Aïlin. Aussi, puisqu’à présent les bonnes manières lui permettaient, tout en agitant une cuillère dans sa boisson, elle entra dans le vif du sujet, trop intéressée par le fin mot de sa présence pour attendre plus longtemps que nécessaire. Relevant des yeux bleus azurs vers l’hôte, elle s’exprima en le fixant d’un regard à la fois froid et intense.
« Pardonnez-moi de vous brusquez dans votre rôle d’hôte, Monsieur Bower, mais puis-je à présent connaitre la finalité des recherches que vous souhaitez mener ou devons-nous respecter l’usage en introduisant le sujet après quelques échanges sur nos vies respectives ? Non pas que vos occupations journalières ne m’intéressent guère, mais, voyez-vous, je ne pense pas que telle conversation soit plus intéressante que le but même de ma visite. »
Elle s’était redressée tout en parlant, son dos maintenant droit et ses bras croisés sur ses jambes. Un sourire léger mais très expressif se dessinait sur ses lèvres, tandis que ses yeux observait avec insistance la réaction de l’héritier Bower. Elle savait qu’elle n’avait pas besoin de se comporter avec cet homme comme elle aurait dû le faire avec les autres grands du monde et se permettait ainsi de s’exprimer comme elle aimait le faire, brusquement et clairement. Le ton était à présent donné. Si Bower avait, dans son rôle d’homme, eu la mauvaise idée de la voir comme une femme et non comme son égale pour leurs travaux, elle espérait que sa tirade corrigerait définitivement le tir.
Dernière édition par Elya Black le Ven 10 Jan - 20:30, édité 1 fois
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Re: Concilier l'inconciliable [Terminé] par Mar 23 Juil - 18:12
Distraitement, Aïlin bu une gorgée de café lorsque la potionniste braqua ses yeux sur lui, afin de ne rien laisser deviner de son inspection. Quant aux pensées qu'elles avaient entraînées, elles coupèrent bien vite court, lorsque la voix claire de la jeune femme brisa le silence, qu'ils avaient laissé s'installer l'espace de courtes secondes.
Et bien, Miss Black n'avait pas sa langue dans sa poche ! S'il l'avait oublié, le souvenir de la jeune femme franche et directe qu'il avait connue venait de lui être abruptement rappelé en mémoire. Aïlin fronça les sourcils, prenant un visage de gentilhomme choqué par un comportement indécent. Cela n'était d'ailleurs qu'à moitié faux, car le ton d'Elya avait bel et bien heurté l'orgueil chatouilleux de l'héritier Bower.
« Moi qui aurais tant espéré vous entendre narrer le récit de vos passionnantes journées d'héritière Black, me voilà complètement désappointé... »
Rétorqua-t-il de but en blanc, avant de répondre au sourire de la jeune femme, un brin espiègle. Il but une gorgée de son café et la savoura pendant un instant, davantage pour faire trépigner son invitée que par véritable envie. Enfin, lorsqu'il estima que son silence avait assez punie la belle Elya, il posa sa tasse face à la sienne et s'installa plus confortablement dans son fauteuil, croisant l'une de ses jambes par-dessus l'autre.
« La finalité de mes recherches... Pour tout vous avouer, Miss Black, elle n'est autre que celle que j'ai évoqué dans ma missive. Coupler deux arts à priori bien distincts. Vous connaissez certainement cette potion qui consiste à renforcer le pouvoir d'une autre potion. La potion de sublimation, je crois ? À dire vrai, j'aimerais utiliser cette potion à une fin légèrement différente. À savoir, sublimer le pouvoir d'un métal ou d'une pierre, en ajoutant à l'eau mercurielle quelques gouttes de cette potion. »
Son regard, inquisiteur, étudia Elya Black tandis qu'elle assimilait le début d'information que consentait enfin à lui fournir Bower. Un léger sourire passa sur ses lèvres, lesquelles il caressait de l'index.
« Vous ignorez peut-être la nature de l'eau mercurielle, Miss Black. Afin de vous faire une idée, cette eau sert de base à l'obtention du rebis, qui lui même est le premier germe de la pierre philosophale. Cette eau sublime, transmute, irrigue le pouvoir des métaux en fusion qu'elle touche, afin que ceux-ci irradient la magie qu'ils renferment à l'état solide. L'eau mercurielle est un puissant canalisateur, et vous pourriez me répondre qu'elle se suffit à elle-même. Il est vrai. »
Aïlin marqua une pause, pendant laquelle son regard s'égara en direction de la table basse. Toute trace d'humour avait disparu de son visage à présent qu'il entrait dans le détail de ses plans. Son index se figea contre sa bouche, et il releva les yeux sur Miss Black.
« Néanmoins, j'aimerais légèrement détourner l'eau mercurielle de son usage premier, afin d'avoir la possibilité de purifier certaines pierres sans leur faire subir de transformation. Il nous est apparu, à Maître Peverell et moi-même, qu'un tel procédé pouvait être utile à bien des usages. C'est un chemin qu'Henry me laisse prendre seul, car il n'aime avoir à quérir l'assistance d'un non-initié lors de ses travaux. »
Et la potion de sublimation, même alors qu'on en suivait la recette, était particulièrement difficile à réussir pour un sorcier qui ne possédait pas de bases particulièrement solides dans cet art délicat. Si Aïlin, de part sa rigueur d'alchimiste, était loin d'être mauvais dans ce domaine, il admettait volontiers ne pas être capable de créer ce philtre seul.
« Vous êtes jeune, Miss Black. Néanmoins, on chuchote que vous avez hérité du don admirable de votre grand-mère en matière de potions. Merlin sait comme je porte cette femme dans mon cœur, néanmoins, il faut admettre qu'elle est l'une des meilleures que le Royaume-Uni connaisse. »
Déclara Aïlin, l'ombre d'un sourire sur les lèvres. Puis, il se pencha en avant, s'appuyant du plat de la main sur l'accoudoir de son fauteuil, alors que son sourire mourait au profit d'un air plus grave. Alors, il reprit d'une voix convaincante :
« Vous êtes manifestement vouée à devenir toute aussi brillante qu'elle. La découverte d'un tel procédé ne peut qu'être enrichissant pour votre avenir de potionniste. »
Immobile, Aïlin étudia la réaction de la jeune femme, l'air d'abord parfaitement sérieux. Cela ne dura guère longtemps en revanche, car l'instant d'après, il reprenait ses manières qu'Elya lui avait connues à Poudlard. Sans ciller, il adressa un clin d'oeil à la jeune femme, et un sourire vint renaître contre le coin de sa bouche.
« Bien sûr, j'entends que cela vous servira intellectuellement. Je doute que Lady Black vous autorise à avouer publiquement votre collaboration avec un impur. C'est, hélas, l'obstacle que je crains. »
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Re: Concilier l'inconciliable [Terminé] par Jeu 25 Juil - 1:46
Lorsqu’enfin il entra à son tour dans le vif du sujet, elle l’écouta avec attention, un voile de sérieux reposant à présent sur son visage. Elle encaissa les informations rapidement et tout aussi lucidement que s’il s’agissait d’une banale conversation sur la météo, acquiesçant son hôte de la tête lorsqu’il la questionna brièvement à propos de la potion de sublimation. Les ingrédients lui virent petit à petit en tête. Ils étaient nombreux, mais la plupart se trouvaient facilement. Ne voulant interrompre Aïlin à ce sujet, elle le laissa continuer, buvant ses paroles pour s’approprier au mieux toutes les informations fournies. Elle ne s’autorisa un mouvement que lorsque le sorcier lui parla de Peverell. Ainsi, lui aussi avait la chance d’être l’élève d’un grand maître. Elle releva sa main pour poser son menton sur le dos de celle-ci, son coude reposant sur sa deuxième main, elle-même posée sur sa jambe. Elle n’avait pas douté des compétences alchimiques de Bower, mais restait tout de même impressionnée qu’il ait été élu pour recevoir le savoir du neveu du plus grand mage de ce siècle.
Elle était restée très sérieuse tout le long de ses explications, mais lorsque virent les compliments, un sourire amusé se posa sur ses lèvres tandis qu’elle se mouvait sur sa chaise pour prendre une posture plus détendue, avant de saisir sa tasse. Ses yeux lâchèrent l’homme des yeux, elle se retenait pour ne pas les faire rouler. Elle ne fit pas garde à l’aversion dont il faisait part envers sa grand-mère, bien consciente qu’elle n’était que peu apprécié dans le monde magique, et ne fit pas plus attention au reste de la conversation. Elle n’avait cure des flatteries du Lord, qu’elle estimait hypocrites et inutiles. Mais sans doute s’était-il vu obligé par les bonnes manières à les formuler. Seules les dernières phrases prononcées par Bower percutèrent la jeune femme. Elle n’en montra rien sur le moment, se contentant de porter la tasse à ses lèvres pour humidifier sa gorge de quelques traits chauds de café. Puis elle baissa la tasse sur ses genoux, et ses yeux sur la tasse. Elle réfléchit un instant, redoutant un test de la part de Bower quant à son opinion sur le statut du sang, avant de tourner ses yeux vers lui, un sourire espiègle sur les lèvres.
« Vous avez raison de craindre Cathleen, Monsieur Bower. Mais pour le moment, c’est en ma présence que vous êtes, donc je vous conseille de ne pas trop vous inquiéter pour ma grand-mère… Si vous devez le faire, inquiétez-vous plutôt pour vous. »
Lança-t-elle sans se départir de son sourire. Elle releva ensuite la tête et posa à nouveau sa tasse sur la table basse, avant de replonger son regard dans celui du sorcier. Son sourire se perdit l’instant d’après, alors qu’elle reprit la parole.
« Bien, maintenant que vous m’avez allégrement complimenté, je ne peux plus refuser vos projets, puisqu’ainsi est l’usage. Nous allons donc pouvoir parler plus en détails de cette potion. Peau de serpent du Cap, cœur de dragon et ailes de fées sont trois des éléments dont j’aurais besoin. Vous l’avez compris, ce sont trois ingrédients difficiles à trouver et les ailes sont trop fragiles pour les faire importer par hibou. Qui plus est, la potion de sublimation nécessite treize jours pleins pour être préparée, et malgré mon don admirable, je ne peux pas réduire ce temps. Les potions sont capricieuses, Monsieur Bower, et nous, simples mortels, purs ou impurs, sommes bien obligés de nous plier à leurs caprices. »
A la manière d’Aïlin, elle se pencha légèrement en avant et le fixait avec attention. Elle entrouvrit les lèvres sans qu’aucun son ne sorte de sa bouche pendant quelques secondes, puis elle sourit lors d’une infime seconde avant de reprendre la parole :
« M’avez-vous fait venir jusqu’aux terres rudes de l’Irlande uniquement pour me commander une potion, ou avez-vous prévu autre chose ? Vous n’êtes pas sans savoir que cette visite est risquée pour la réputation des Black, ou tout du moins pour la mienne. J’espère donc ne pas avoir pris de risques pour une simple commande qui aurait pu être faite par hibou. »
Cette conversation, penchant entre le sérieux et le désinvolte, la distrayait de plus en plus. Un sourire amusé s’installa sur ses lèvres tandis qu’elle reprenait ses aises en se laissant aller sur le dos de son siège. Son regard parcouru le visage d’Aïlin et, doucement, au fur et à mesure qu’elle découvrait les traits fins de son visage, son sourire s’estompa. Il était vraiment beau jeune homme.
Dernière édition par Elya Black le Lun 28 Sep - 4:08, édité 1 fois
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Re: Concilier l'inconciliable [Terminé] par Sam 10 Aoû - 15:58
Du moins, c'était ce qu'il avait pensé avant que le si beau sourire taquin d'Elya meurt tout à coup, et que la froideur cassante de son parlé ne resurgisse. Aïlin dû retenir une grimace devant l'outrage que lui faisait Elya, en lui parlant d'une telle façon. Manifestement, cette manie de la pureté du sang donnait des ailes aux héritiers de cette idéologie, et Miss Black prenait un peu trop ses aises vis-à-vis de lui. À moins qu'elle l'estimait assez vulgaire pour prononcer des encouragements qu'il ne pensait pas, mais cela aurait été pire encore.
Au moins avait-elle le bon sens d'accepter sa proposition, et de passer sans plus tarder aux choses sérieuses. C'était tant mieux, car Aïlin aurait douté pouvoir tenir encore longtemps sans se montrer encore un peu moins obséquieux à l'égard de son interlocutrice. Il ne le voulait pas cependant, par égard envers la jeune femme qu'il avait connue à Poudlard, et qui l'avait tant distrait par sa verve. Cela dit, ce temps-là était derrière-eux.
Le jeune homme voulu répondre au discours de la potioniste, mais celle-ci ne sembla pas en avoir fini. Elle s'était penchée en avant, révélant un peu plus la courbure ronde de sa poitrine, soutenue par le corset qu'elle portait sous ses robes et sur laquelle le regard de Bower ne put s'empêcher de chavirer, une très courte seconde. Il la vit entrouvrir la bouche, après s'être apprêtée de la chaleur d'un sourire, mais le silence perdura encore un instant avant qu'elle ne consente, enfin, à partager le fond de sa pensée.
Tiens donc, n'était-elle donc pas ravie d'entendre ce que l'on attendait d'elle de vive voix, ou espérait-elle, derrière le tranchant acerbe de ses répliques, qu'autre chose ait poussé le geste de son hôte ? Aïlin observa la jeune femme intensément, essayant de deviner ce qui pouvait se passer dans ce charmant petit crâne. Qu'avait donc pu attendre Miss Black, autre que ce qu'il lui proposait là ? Cela n'avait rien d'une simple commande, comme elle le sous-entendait. Était-ce encore une façon de l'insulter de façon détournée, ou de lui montrer une autre sorte d'intérêt ? Aïlin n'était pas dupe. Il avait même un bon instinct en la matière. Une intuition presque empathique, qui lui faisait deviner la nature de la lueur pâle, fugace, qui venait de passer dans les yeux d'Elya alors que celle-ci l'observait. Un regard qu'Aïlin lui renvoya, avant de se radosser à son siège. Ah, si son père avait eu la fantaisie de céder à la mode du sang-pur... !
L'héritier Bower posa finalement sa tasse de café et se leva, pour s'approcher du siège d'Elya, auprès duquel il passa en la regardant. Il s'attarda, près d'elle, une main effleurant le dossier.
« Ce n'est en rien une simple commande, que je vous propose, Miss Black. Mais, si vous trouvez plus intéressant de jouer avec vos herbes sans but un peu plus grand que de créer des somnifères, rien ne vous retient ici. Si vous n'avez pas de temps à perdre, moi non plus. Et si vous craignez trop pour votre réputation, vous ne m'intéressez pas. »
Lâcha-t-il d'un ton glacial. Il était temps de mettre les choses au point, et de montrer qui, dans cette conversation, avait l'ascendant sur l'autre. Il ne comptait pas se laisser faire par une femme. Sans la lâcher du regard, Aïlin se pencha au-dessus d'elle, tandis que sa main venait se poser délicatement sur le bord de l'accoudoir.
« Nous ne sommes plus des enfants, Miss Black. Ne battez pas le chaud et le froid avec moi, vous risqueriez de perdre à ce petit jeu. »
Un sourire arqua ses lèvres, et il resta une seconde de trop penché près d'elle avant de se redresser de toute sa hauteur et de détourner le regard vers l'une des hautes fenêtres du salon.
« J'ai besoin d'une femme capable d'adapter les effets de la potion qu'elle prépare aux circonstances, une potionniste réactive et inventive. S'il s'agissait d'un protocole à suivre, je ne vous aurais pas fait perdre votre temps. Il ne s'agit plus d'imprégner d'une magie puissante une potion, mais une eau, ainsi que des métaux. La recette devra inévitablement être adaptée. Je présume, cependant, qu'un cœur de dragon sera de toute façon nécessaire. Je n'en ai pas en ma possession, mais en cherchant bien, cela peut se trouver. Un voyage à Portree devrait suffire pour m'en procurer. Quant aux ailes... Elles sont bien rares. Peut-être devrons-nous nous résigner à chasser celles-ci nous-mêmes, à moins que cet exercice vous rebute. Je le comprendrais. »
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Re: Concilier l'inconciliable [Terminé] par Mer 14 Aoû - 4:23
Mais en attendant, c’était à Aïlin qu’elle devait faire face. Elle ne le quitta pas des yeux, répondant à son regard hautain par un regard glacial. Elle le dévisagea un peu plus lorsqu’il s’attaqua à son métier, et se retint de partir quand il parla de sa réputation. Il parlait de choses qu’il ne connaissait pas, et ne semblait pas s’en soucier outre mesure. La sorcière, crispée sur sa chaise, tentait, jusqu’à présent avec brio, de garder un air neutre malgré la haine qui passait au travers de ses yeux. Comment un homme de cette envergure pouvait parler ainsi de réputation ? En avait-il une à préserver, lui, à part celle de coureur de jupon et collectionneur de catins ? Pouvait-on vraiment parler de réputation lorsqu’il s’agissait de quelque chose d’aussi sale que celle de ce Bower ? Naturellement, aucune de ces pensées ne sortiraient de la bouche de la jeune femme tant que celle-ci réussissait l’exploit de se contenir, sa main n’ayant pas encore cherché le chemin de sa baguette, qui avait pourtant nombre de fois été le prolongement naturel de son bras.
Jusqu’à ce qu’Aïlin se penche vers elle. Elle se recula au même rythme qu’il fondait sur sa personne tel un oiseau sur une proie, ses doigts enserrant le pommeau de sa fidèle baguette de chêne rouge cachée dans les plis de sa robe, tandis qu’elle tournait sa tête sur le côté, ne supportant plus le regard du Lord sur elle. Si proche, il était si proche. Sa main pâle, posée sur l’accoudoir de son siège, la confinait dans un espace minuscule où elle se sentait étouffer. Elle l’écouta à nouveau silencieusement sortir sa menace à peine camouflée, avant de réagir enfin.
« Cela suffit, Monsieur Bower »
Elle avait parlé calmement, selon les leçons qu’elle avait reçues, en espérant qu’il ne décèlerait pas les sentiments que sa voix pondérée ne devrait pas porter. Sans tourner le visage, elle le vit se redresser lentement, et aperçu même son sourire satisfait qu’elle détestait tant. Elle attendit quelques secondes qu’il reprenne son discours pour décrisper sa main et tout son corps, et quelques-unes de plus pour se lever, s’éloigner du Lord qui ne semblait pas décidé à bouger. Elle l’écoutait, ses talons produisant un bruit à chacun de ses pas, qui résonnait dans la pièce. Elle marchait lentement, ses mains croisées sur le devant de sa robe, en évitant soigneusement de regarder son hôte. Arrivée devant une fenêtre autre que celle qui attirait tant le regard de l’homme, elle se posta devant, regardant par-delà le jardin du manoir, ses yeux se perdant dans le ciel à l’écoute du mot « Portree ». Les Hébrides. Les belles îles sauvages d’Ecosse. L'ont disait, il y a bien longtemps, que ce fût l'endroit où Drew devait être envoyé, lorsqu'il fut déshérité. Mais quatorze ans plus tard et sans aucune nouvelle de sa part, il ne faisait aucun doute pour Elya que l'homme n'avait jamais atteint sa destination. Elle ressentit un pincement au cœur en repensant à son paternel, sorti de sa vie des années de cela auparavant et dont elle ressentait un manque permanant, même à présent qu’elle avait dépassé le cap des vingt années Elle tenta tant bien que mal de chasser rapidement ces sentiments pour se concentrer sur la suite discours d’Aïlin à propos des ailes de fées. Le doute qu’il exprima quant au fait qu’Elya ne pourrait se résoudre à leur prendre leurs précieux moyens de locomotion finit par lui arracher un soupire bref, presque inaudible, mais ô combien apaisant pour sa colère grandissante.
Elle chercha ses mots un bref instant, ses mains serrées l’une sur l’autre, tentant de chercher encore un peu de force pour rester sereine et ne pas céder à l’envie de partir. Car non, elle ne se résoudrait pas à rentrer chez elle tel un chien battu se faufilant dans sa niche. Sans se retourner, elle lança alors, d’une voix calme mais suffisamment haute pour remplir la pièce et ne pas avoir à répéter.
« Je crains que nous nous sommes mal compris, Monsieur Bower. Je suis venue ici pour travailler avec vous en tant qu’égale. Considérez-vous les sang-purs comme étant des sorciers hautains, orgueilleux, arrogants ? Vous nous méprisez, n’est-ce pas ? Mais ne venez-vous pas vous-même de vous montrer tout autant orgueilleux que ceux que vous dénigrez ? Et pourquoi ? Parce que vous êtes un homme, et que je suis une femme. »
Avec lenteur, elle se retourna, s’approchant du Lord avec élégance et légèreté, son visage ne reflétant absolument aucun sentiment, ni de froideur, ni de chaleur. Ses yeux bleus le fixaient sans rien exprimer, et tout en avançant, elle parlait avec le même calme dont elle avait fait preuve plus tôt.
« Vous parlez de réputation. Quel beau terrain, pour promener vos menaces. Dommage que la vôtre ne soit pas à la hauteur de votre manoir. Mais sachez Aïlin, que si je suis ici, en Irlande, c’est que je ne crains pas pour ma si grande réputation de sang-pur. D’ailleurs, que mon sang soit pur ou non, je suis persuadée qu’il est tout aussi rouge que le vôtre. »
Elle marqua un temps de pause, durant lequel elle s’arrêta, à quelques pas d’Aïlin seulement. Elle espérait que ses mots soient suffisamment forts pour faire comprendre à son hôte qu’elle n’accordait que peu de crédit au sang, contrairement à ce qu’il semblait penser. Doucement, sa tension redescendit et elle s’autorisa même un sourire charmeur au Lord, qu’elle regardait en levant légèrement les yeux.
« Mais nous ne sommes plus des enfants, n’est-ce pas ? Je suis sûre que nous arriverons à nous entendre à merveille pour avancer sur votre projet. Pardonnez-moi si je vous ai … offensé. Je pensais que vous auriez pu différencier l’insolence à la taquinerie. Tout comme l’étaient vos paroles, je n’en doute pas. Mais méfiez-vous tout de même des somnifères, Aïlin, certains peuvent vous endormir tellement profondément que votre entourage vous croit mort et vous enterre encore vivant. »
Elle le fixait avec un petit air d’enfant, ses lèvres étirées en un léger sourire innocent. Elle s’était approchée encore d’un pas. Elle resta un instant là, plantée devant lui, à le détailler en souriant telle une enfant. Un instant de trop, qui lui coûta l’assurance qu’elle avait gagné petit à petit en parlant. Elle perdit son sourire brusquement, s’éclaircit la gorge et se retourna pour ne pas montrer à Aïlin le rouge qui se cachait à présent sous sa poudre blanche et qui lui réchauffait les pommettes.
« Bien, pardonnez-moi pour mon comportement, et reprenons sérieusement. Je vous fais donc confiance pour le cœur de dragon, si vous pensez pouvoir vous en procurer. Pour les ailes de fées, en effet, les chasser nous-mêmes est une possibilité. Quant à la peau de serpent du cap, je connais une personne qui saura où en trouver. En espérant que cela ne prenne pas trop de temps. J’adapterais la potion en changeant sa consistance, mais je ne peux retirer d’ingrédient. En ajustant le feu et la quantité d’eau et d’œufs d'Ashwinder, ce ne devrait pas être trop difficile de jouer sur la consistance. Qu’en dites-vous ? »
Le ton de sa voix était moins serein, mais au fur et à mesure de son discours, elle semblait avoir reprit de la consistance. Les potions étaient son domaine, et elle se sentait bien plus à l’aise à parler d’ingrédients étranges plutôt que de parler à un homme, surtout quand ceux-ci étaient aussi arrogants et beaux que ce Bower.
Dernière édition par Elya Black le Lun 28 Sep - 4:21, édité 1 fois
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Re: Concilier l'inconciliable [Terminé] par Jeu 15 Aoû - 1:10
Qu'avait donc sa réputation ? Il était peut-être temps qu'Aïlin s'y intéresse de plus près ; peut-être était-ce là la clef de la colère sourde que semblait lui vouer son père depuis plusieurs semaines. Bower ne s'intéressait pas à ces choses là, pour la simple raison que Devin, lui, le faisait trop. Il s'était jusqu'alors refusé à prêter oreille aux qu'en dira-t-on que l'on proférait à son encontre, et il se rendait compte à présent que cela pouvait être un désavantage. Et de taille, car voilà qu'il se trouvait handicapé, incapable de savoir ce qu'Elya pouvait bien s'imaginer de lui. Cela n'était pas très agréable, pour lui qui aimait tant avoir le contrôle de la situation. Pour cette fois, Miss Black marquait un point. Une donnée lui échappait bel et bien.
Il baissa les yeux, tandis que l'héritière des Black parvenait à sa hauteur, toute proche de lui, assez pour qu'il puisse, s'il le désirait, toucher son visage sans tendre le bras. Encore une attitude qui n'était pas très convenable de la part d'Elya. Les usages, sous ses grands airs, semblaient en effet être le dernier de ses soucis, alors qu'avec un air d'enfant joueur, elle lui détaillait l'air de rien la façon dont elle pouvait le supplicier avec un simple somnifère. Un sourire fit tressauter le coin des lèvres d'Aïlin, signe qu'il s'était retenu d'éclater de rire, franchement amusé par la répartie acérée de sa vis-à-vis.
Ils étaient aussi fiers et susceptibles l'un que l'autre. Pouvaient-ils réellement s'entendre ? Ils étaient de fortes têtes, mais malgré ça, Elya était assez belle pour avoir un avantage quasi constant sur Aïlin. Cela la rendait, quelle qu'était la façon dont son regard perçant le regardait, désirable. Un avantage dont le jeune homme ferait peut-être bien de se méfier. Les charmes qu'elle possédait, malgré ses attitudes d'iceberg dont elle se paraît de temps à autre, comme se rappelant soudain de son devoir, ne laissaient pas Bower indifférent.
Attitudes d'iceberg qui revinrent brusquement, quand en lui retournant un regard à la fois contemplatif et amusé, Aïlin vit Elya perdre son sourire, aussi rapidement que si quelqu'un le lui avait arraché. Quelle drôle d'attitude avait Miss Black à son égard ! À la fois froide, agressive, distante et joueuse, taquine et rougissante dès lors que leur regard s'arrêtaient l'un sur l'autre plus d'une seconde. L'une des deux attitudes était un masque. Mais l'autre, était-elle vraiment un signe qu'il pouvait interpréter ? Aïlin resta immobile à observer la jeune Black, contemplatif. Et, comme il se demandait si cette attirance physique pouvait avoir quelques fruits, il n'écoutait pas vraiment ce que la jeune femme lui disait. Il la voyait seulement reprendre de l'assurance alors qu'elle discourait, maintenant qu'elle n'était plus à un pas d'être sur ses chaussures. Quand elle lui demanda son avis, Aïlin dû forcer sa mémoire à un exercice de gymnastique pour rassembler la signification des paroles ayant traversées ses tympans, et dont il n'avait retenu que quelques bribes.
« Vous êtes l'experte, Elya. » se permit-il d'une voix suave, profitant qu'elle ait elle-même utilisé son prénom plutôt que son nom. « Je vous fais confiance pour cette partie du travail, vous êtes plus avisée que moi pour savoir ce que vous pouvez ou ne pouvez pas faire. »
Aïlin vint se mettre à sa hauteur, pour avoir le loisir d'observer au moins son profil. Converser avec une personne qui lui montrait le dos n'était pas ce qui lui plaisait le plus. L'absence de contact visuel, s'il rassurait Elya, ne lui donnait pas l'impression d'entretenir une réelle conversation. Le jeune homme la regarda un instant, puis se décida à lui faire face pour s'incliner légèrement devant elle.
« Je suis heureux de vous voir penser autrement que le reste de votre famille. S'il est vrai que je ne vous considère pas comme une égale, ma chère, c'est bien parce qu'en se consentant un moment de réflexion, on ne peut intelligemment pas penser qu'un homme et une femme soient égaux. Nous sommes trop différents, cela pour mon plus grand soulagement. »
Il s'était grandement adouci et bizarrement, cela n'était pas à contrecœur, au contraire de ce que l'on aurait pu penser, eut égard aux propos froids qu'il avait prononcé un instant plus tôt. Un sourire amusé avait même ponctué son dernier commentaire.
« Vous faut-il autre chose, Elya ? Je ne suis pas dépourvu de réserves d'ingrédients et certains, plus ou moins rares, pourraient vous être utiles. Il suffira de me les demander pour qu'ils soient à votre disposition. D'ailleurs, puisqu'il s'agit davantage d'un partenariat que d'une commande, puis-je compter sur votre présence à mes côtés, lors des expérimentations ? Il serait peut-être plus confortable pour vous que nous travaillions dans un lieu plus... plus neutre, disons. »
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Re: Concilier l'inconciliable [Terminé] par Jeu 15 Aoû - 18:28
Ce dont semblait bien vouloir faire preuve Aïlin à présent. Maintenant qu’elle le regardait en face, l’entendre prononcer son prénom lui paraissait étrange. Comme s’ils s’étaient soudain rapprochés suffisamment pour pouvoir se permettre ce genre d’intimité. Mais elle ne le voyait pas comme un manque d’éducation, mais plutôt comme une possible ouverture à la complicité, comme celle qu’elle entretenait avec Cécilia, par exemple, et qu’elle pensait avoir déjà éprouvé envers Bower lorsqu’ils se parlaient, à Poudlard. Mais était-ce seulement possible d’être amie avec un homme lorsqu’on dépassait le cap des dix-sept ans, ou devait-elle considérer cela comme une approche plus personnelle de la part du lord ? C’était un intérêt qu’était tout à fait capable de porter l’héritier Bower. Ces pensées eurent le don de mettre dans l’embarras la jeune femme, qui ne se rappelait que trop bien l’époque où elle aimait tant se plonger dans le bleu des yeux de son ami sans que cela ne soit mal vu par la société, car ils n’étaient encore que des enfants. Aujourd’hui, elle préférait les éviter, afin d’oublier ce qu’elle y voyait et ne pas prendre le risque de s’y perdre.
A la question d’Aïlin, Elya se concentra pour penser à son sous-sol où étaient entreposés bon nombre d’ingrédients, son esprit embrouillé par le regard que portait son hôte sur elle. Elle hésita un instant, mais n’eut pas à répondre tout de suite car déjà le Lord changeait de discussion, proposant à Elya d’être là lors des expériences. Il y avait mille raisons de refuser, mais la jeune sorcière se concentrait plutôt sur celles qui lui permettraient de rester. Le maniement de la potion et la curiosité lui suffirent à croire que sa présence était nécessaire. Quant au lieu plus neutre, la proposition l’étonna et un sourire gêné figea son visage
« Et bien, je ne comptais pas vous laisser seul pour ces expériences, vous risqueriez de vous tromper dans les dosages et de manier incorrectement ma potion. Ce qui serait vraiment dommage, vu les ingrédients nécessaires. Ce n'est absolument point contre vous, Aïlin, mais la potion de sublimation fait partie de celles qui demandent le plus d'attention, tant lors de sa concoction que lors de son utilisation. Et puis, j'aimerais être sûre que les changements apportés conviennent bien. C'est donc avec plaisir que je vous assisterais. Et … pardonnez-moi, mais un lieu plus neutre ? Où comptez-vous travailler, exactement ? »
Elle s’imagina un instant dans un endroit reculé du Royaume-Uni, telle une grotte dans une vallée sauvage où personne ne pourrait l’entendre si par malheur il lui arrivait quelque chose. Cette pensée ne fit qu’accentuer davantage son sourire embarrassé. Elle baissa la tête pour le camoufler, resta un léger instant à fixer le costume pourpre d’Aïlin au niveau de son torse avant de relever son regard bleu vers lui.
« Est-ce parce que les membres de votre famille ne doivent pas savoir que vous vous parez de la compagnie d’une Black ? Si vous craignez pour votre réputation, vous ne m’intéressez pas. »
Elle avait prononcé cela avec un petit sourire, amusée par le retournement de situation. Comme rassurée par l’impression de dominer à nouveau la situation, elle le fixa avec un air de vainqueur, ses yeux bleus pénétrant les siens.
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Re: Concilier l'inconciliable [Terminé] par Ven 16 Aoû - 17:07
« Il me serait facile de trouver un local plus accessible pour vous que le manoir. C'était une simple proposition, je n'avais pas d'idée précise. »
Précisa-t-il, se faisant la réflexion que, si l'on excluait qu'un tel endroit constituerait un laboratoire, la masure qu'il s'imaginait déjà avait des airs de garçonnière. Ce n'était peut-être pas une mauvaise idée, qu'il venait d'avoir là. Pour cette recherche ou pour plus tard, Aïlin devrait étudier cette possibilité. Trouver un refuge hors du manoir Bower était une éventualité plaisante. Éviter père et mère dès qu'il le désirait lui permettrait de respirer un peu. Mais il y avait aussi Lynn, qui risquerait de lui en vouloir de la laisser seule dans la vaste demeure de leurs ancêtres. Ses bouderies allaient être insupportables, si elle se refusait à entendre les raisons qui le poussaient à changer d'air.
Néanmoins, ce n'était pas son problème, pour l'instant. Revenant à l'instant présent, il baissa de nouveau les yeux sur son interlocutrice, qui elle, évitait toujours son regard. Aïlin avait l'impression de jouer au chat et à la souris avec le beau regard de la demoiselle Black. Dès lors qu'il consentait à se laisser attraper, un mot d'Aïlin suffisait à le faire fuir de nouveau, comme si ces yeux d'azur possédaient un trésor qu'ils ne voulaient pas laisser tomber entre les mains du jeune homme. Et, naturellement, Bower se prit le désir de capturer son regard autant que celui-ci espérait s'échapper. Il alla pour faire un bon mot, mais Elya fut plus rapide que lui. Enfin, elle consentait à le regarder une nouvelle fois, et cela lui donnait l'impression qu'elle le narguait de ne pouvoir se complaire trop longtemps dans l'observation de ses iris d'un bleu clair, printanier.
Elya ne manquait définitivement pas d'esprit. Un rire étouffé échappa à l'alchimiste, tandis qu'il se penchait légèrement vers elle, sans forcer cependant son espace vital, comme il l'avait fait près du canapé. Ce n'était pourtant pas l'envie qui lui manquait. Les taquineries et les demi-fuites de la belle Elya lui donnaient des envies qui n'avaient rien à faire dans une relation professionnelle.
Il prit sa voix la plus douce, la plus séduisante pour lui répondre :
« Au contraire, milady, je n'en serais que trop heureux. Laissez ma réputation. Elle est, selon vos dires, de toute façon déjà faite. Pour parler sérieusement, je crains davantage pour votre sécurité que pour mes relations familiales. Je ne me le pardonnerai pas s'il vous arrivait du mal par ma faute, Elya. Lord Bower n'est vraiment pas un homme conciliant. Vous connaissez cela, n'est-ce pas ? »
Aïlin s'attarda dans les yeux de la jeune femme, profitant qu'elle les lui offre sans détour, à présent qu'elle se sentait maîtresse de la situation. Il fit le sien docile, repoussant les éclairs d'intransigeance qui avaient tendance à frapper ses iris, pour mieux l'amadouer, la mettre en confiance. Instinctivement, il prenait là une attitude de séduction, avant même qu'il y ait réfléchi ou pensé. Elya était belle, fine et inaccessible. C'était certainement cela qui la rendait si attrayante. Il ne l'avait jamais vu de cette façon à Poudlard, mais à présent, ce n'était non plus une enfant mais une femme qu'il avait devant les yeux, bien que les restes de cette enfance se lisaient encore, parfois, dans ses gestes et sur son visage.
« Dites-moi, Elya... » commença-t-il, d'une voix toujours doucereuse. « J'ignorais que vous prêtiez oreille aux ragots, mais puisque c'est le cas, je serai très intéressé parce qu'il se raconte à mon sujet. Vous aviez l'air, tout à l'heure, d'en avoir une idée très précise. »
Aïlin osa s'approcher d'un pas, sans plus quitter la jeune femme du regard. Il était curieux de savoir ce qui paraissait si inacceptable à la lady. Était-ce sa réputation de cynique désinvolte, qu'on lui prêtait dans les soirées, ou y avait-il eu quelques remontées beaucoup moins glorieuses ? Les rumeurs avaient souvent un fond de vrai, et le jeune homme pouvait redouter de voir surgir à la surface des secrets d'ordre très privé, qu'il avait jusqu'alors bien caché. Sous son air désinvolte, le jeune homme ressentait une pincée d'inquiétude. Au fond, l'idée qu'Elya le mésestime lui importait davantage que la façon dont les gens du monde parlaient de lui en son absence. Il était assez bien entouré pour ne pas craindre les ragots, car ceux qui lui portaient de l'intérêt s'élevaient au-dessus des qu'en dira-t-on.
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Re: Concilier l'inconciliable [Terminé] par Sam 17 Aoû - 16:37
« En effet »
C’était tout entendu qu’elle connaissait la tyrannie d’une femme peu, si ce n’est pas conciliante. A présent qu’elle était entrée dans sa vingtième année, elle aurait l’occasion de le vérifier une dernière fois pour toute. Car la coutume voulait que la main des jeunes femmes de la famille soit accordée à un homme choisi par le père ou, en l’occurrence, le responsable de la future mariée à ses vingt-ans. Et Elya ne doutait pas de la capacité de Cathleen à lui trouver un bon parti parfaitement ignoble avec lequel elle se verrait obligée de finir sa vie. La menace planait depuis quelques jours seulement, mais elle semblait déjà insupportable pour la jeune femme. Mais ces pensées semblaient être restées au domaine Black, tandis qu’ici, elle se complaisait à admirer silencieusement l’immensité qu’offraient les yeux bleus d’Aïlin.
Ils se regardaient l’un l’autre, le regard d’Aïlin docile, le sien indomptable et pourtant tellement doux. Un instant, le temps s’arrêta à ces pupilles, à tous ces reflets, à ces nuances de bleus. Ses yeux filaient entre ceux d’Aïlin, fixant le droit, puis le gauche, sans réussir à se décider entre ces deux trésors. Son cœur battait lentement, tandis que son cerveau refusait de réagir à la situation. Il n’y avait pas besoin, elle la maitrisait. Elle se devait de la maitriser. Ce n’était qu’une conversation banale, entre deux partenaires de travail qui, heureux d’avoir pu conclure à leur collaboration, échangeaient quelques mots sans importance, ou très peu. C’était tout, et pourtant lorsqu’Aïlin reprit la parole, la jeune femme répondit d’une voix involontairement sensuelle.
« Oui Aïlin ? »
Mais lorsqu’il énonça sa demande à propos de sa réputation, la jeune femme retourna dans la morne réalité de sa vie. Que savait-elle de ses habitudes ? Trop, sans doute, pour que cela paraisse normal. Le Chemin de Traverse était un lieu qu’elle était amenée à visiter à de nombreuses reprises lorsque la plupart des enseignes fermaient leurs portes pour laisser la nuit s’emparer des mœurs de riches personnes dans d’autres lieux bien moins fréquentables. Le trafic de Vélanes arrivait doucement en Angleterre, alors que celui d’esclaves prospérait encore un peu plus. Les cabarets n’étaient qu’un exemple parmi tant d’autres d’acheteurs, mais, contrairement aux particuliers, eux faisaient l’état d’une observation permanente venant du siège de la Justice magique. Et c’était là un des aspects de son travail, parmi les missions les plus simples qu’elle pouvait recevoir. Cela impliquait d’être invisible et de connaitre tous les habitués de ces lieux de débauches.
Ces créatures et êtres humains vendues pour quelques gallions sonnants servaient, pour la plupart, de catins aux clients, et d’employées polyvalentes à leur maître. Et la popularité d’un cabaret se mesurait souvent aux exploits et à la beauté de ses prostitués. Aucune dame ne devrait connaître les mystères de ces lieux desquels rentrent fatigués et comme hypnotisés les hommes, tant mariés que veufs et sans promise. Et à choisir, la jeune femme aurait préféré ne pas faire abstraction de cette règle. Mais son métier présentait autant d’avantages que d’inconvénients. Et si la plupart du temps elle jouissait de la liberté gratuite qu’offraient les missions de Lord Longbottom, parfois elle regrettait la vie admirablement pauvre en connaissances de certaines congénères, vieillissantes dans une sérénité enviable, et dont les rides n’étaient creusées que par le temps qui s’écoulait sur leur peau et par leur vie de ménagères et épouses.
Quoi qu’il en fût, elle n’était pas censée connaitre cette partie de la vie du Lord, qu’elle avait reconnu, parfois, tard dans la nuit sur le Chemin. Malgré la proximité grandissante d’Aïlin, la jeune femme garda son calme et soutint son regard sans ciller. Elle lui offrit un sourire, avant d’ouvrir la bouche.
« Je les écoute malgré moi – se justifia-t-elle – Mais ils restent ce qu’ils ont toujours été. De simples rumeurs. Je n’ai pas pour habitude de m’y fier. Et cela n’a, de toute façon, aucune sorte d’importance. Permettez-moi de former mon avis à votre sujet en vous découvrant par moi-même, je suis sûre que cela portera plus de fruits que ces frasques de phrases perçues à mon encontre. »
La jeune femme espérait bien que cette proposition dissuaderait son hôte de poser plus de questions à ce sujet. Sa couverture était ce qui comptait le plus dans son métier, et elle ne voulait pas prendre le risque de la perdre à cause de l’envoûtement qu’exerçait Aïlin sur elle, bien qu’elle ne s’avouerait jamais une chose si absurde que celle-ci.
« Allons-nous nous fixer debout tout le long de l’après-midi ou prévoyez-vous autre chose ? Je ne souhaite pas être surprise ici par votre père le Lord Bower. Que risque-t-il de s’imaginer, à nous voir là, l’un en face de l’autre ? Ce n’est pas très conventionnel. »
Elle lui offrit à nouveau un sourire amusé, suivit d’un pas en arrière, comme une tentative de se détourner de cet homme sans vraiment y arriver, puisque ses yeux ne semblaient pouvoir se libérer de l’emprise du regard bleu océan d’Aïlin.
[Désolée si c'est médiocre, pas le temps de relire, plus de batteriiiiiie :bounce: Mais bonne nouvelle, ma mère peut mettre son portable en modem ! ]
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Re: Concilier l'inconciliable [Terminé] par Sam 24 Aoû - 0:06
La voix d’Aïlin s’était comme égarée, à l’instar de son regard. Il demeurait rivé dans celui d’Elya, plus sombre, presque plus triste, son masque qui lui servait de façade, son orgueil, s’absentant alors qu’il s’oubliait dans cet océan que lui opposait la jeune femme, sauvage et pourtant, ô combien harmonieux. La réponse d'Elya était parvenue à écarter les craintes d’Aïlin — moins opiniâtre lorsqu’il s’agissait d’une jolie femme — mais aussi par le séduire avec la façon dont elle présentait les choses. Il espérait, cependant, que cette marque d’intelligence ne fut pas du simple évitement.
Encore une fois, le jeune homme s’approcha d’un pas, refusant cette-fois de laisser Elya se soustraire à lui. Elle l’avait dit elle-même. Leur conversation, la façon dont ils se regardaient tous deux, n’avaient plus rien de conventionnel, si jamais ils avaient su en faire preuve à un moment de la discussion. Il suffisait parfois de peu pour se perdre dans les yeux d’une femme. Un ton, un trémolo dans la voix, ouvrait parfois plus de portes que n’importe quel mot.
« Mon père pourrait imaginer bien des choses, mais, heureusement pour nous, il n’est pas là pour l’instant. Vous n’avez pas à craindre de le voir surgir dans votre dos. Et quand bien même cela arrivait, croyez-bien que j’assumerai pour deux les conséquences de m’être complu un peu trop longtemps dans les profondeurs envoûtantes de vos yeux. Car, pour ma part, je pourrais me perdre dans votre regard le reste du jour. »
Aïlin était demeuré immobile, faiblement penché vers elle, à la fixer sans ciller une seconde tandis qu'il parlait. Et à présent que le silence revenait, il n'avait pas changé de position, comme désireux de lui prouver ses dires. Pourtant, c'était davantage que de se perdre dans les yeux d'Elya, qu'il désirait, lorsqu'il contemplait ainsi les prunelles de la belle scintiller sous l'effet des lueurs du jour. Il aurait volontiers rompu la distance qui les séparait l'un de l'autre pour poser ses lèvres sur celles d'Elya, juste pour voir ce que cela faisait, comment elle réagirait. Un mouvement, léger, qu'il retint aussitôt, eut d'ailleurs le don de trahir la pensée qu'il avait eue. Il s'agissait d'un mouvement vers elle, réprimé, mais qui en disait long sur l'intention qu'il avait eue. Un sourire d'excuse passa sur ses lèvres.
« Néanmoins, vous avez raison. Il y a mieux à faire, pour nous faire une opinion l'un de l'autre, que de me consumer dans vos yeux. »
Murmura-t-il, sans chercher l'ambivalence dans ses paroles. Il demeurait un gentilhomme, malgré l'amour qu'il se payait en gallions. Il ne pouvait aller aussi loin qu'il venait de l'envisager avec Elya. Elle n'était pas pour lui, et il n'était pas digne d'elle. Il devait, de fait, avoir davantage de certitudes qu'un trémolo dans la voix et une flamme dans le regard pour oser franchir un pas dans la relation renaissante qu'il avait avec Elya. Aussi, sa main alla-t-elle chercher la sienne, puis la deuxième, et il éleva les mains de Miss Black à ses lèvres, pour les effleurer d'un baiser. Puis, il se recula.
« Puisque vous avez fait le déplacement jusqu'aux rudes terres d'Irlande, pourquoi ne pas découvrir le paysage qu'elles ont à vous offrir ? Ce serait du gâchis que de ne pas en profiter car, ma chère Elya, je parierais que vous ne connaissez pas de paysage plus splendides que ceux que je m'apprête à vous faire découvrir... »
Un sourire charmeur glissa sur ses lèvres et il haussa légèrement les sourcils, comme pour la mettre au défi de le contredire. Il avait formulé son invitation d'une telle façon qu'elle ne puisse vraiment la refuser sans paraître particulièrement impolie. C'était malin, mais peut-être pas suffisant pour retenir Miss Black encore un peu auprès de lui. Pour cela, il comptait sur l'envie de rester qu'éprouvait elle aussi la jeune femme. Il ne doutait pas une seconde que lui donner congé, sans se laisser une chance de discuter d'autres choses que d'affaires, de renouer les liens rompus, aurait déçu Elya autant que lui l'aurait été. Mais, plutôt que de retourner s'assoir en revenant aux amabilités des prémisses de leur discussion, il préférait la liberté et le grand air qu'offrait une promenade au milieu de la nature. Son sourire s'accentua, de même que son air à la fois mutin et convaincu, alors qu'il laissait un court moment de silence planer.
« De cela, je parierais un baiser... »
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Re: Concilier l'inconciliable [Terminé] par Mer 28 Aoû - 11:54
Mais lorsque, penché sur son visage, il fit un mouvement léger vers elle, la potionniste sentit son sourire diminuer. Elle n’était pas prête à se livrer ainsi, malgré l’attirance que son hôte exerçait sur elle et qu’elle ne pouvait dissimuler. Pourtant, elle ne bougea pas, bien que la douceur de ses yeux se soit muée en inquiétude, faible, mais perceptible. Une inquiétude qui demeura, malgré l’air désolé que lui envoya Aïlin. Une lueur à peine visible qui s’éteignit aussi vite qu’elle s’était allumée lorsqu’il lui prit les mains pour y déposer un baiser. Elle rougit un peu plus encore, ne cessant de le dévorer du regard avec une ardeur qu’on ne lui connaissait pas. Une légère déception s’installa même sur son visage lorsqu’il se recula. S’était-il décidé à arrêter le jeu de séduction qu’il avait entamé ? Sans doute était-ce le mieux à faire, pour continuer une conversation plus saine à propos d’alchimie et de potions.
Mais ce n’était pas du tout l’intention de Bower. Et tout en fixant la jeune femme avec un sourire charmeur, il l’invita à continuer cette journée avec lui. Un sourire gêné lui répondit. En s’éloignant ainsi du contexte professionnel dans lequel ils avaient évolué jusque là, bien que ce serait mentir que d’assurer qu’ils n’avaient pas dévié de ce contexte, ils s’éloignaient aussi de tous les usages habituels. Ainsi, aucun masque ne lui permettrait de se rassurer en se disant qu’elle était ici pour un travail. En visitant l’Irlande au côté d’Aïlin, ils transformaient ce rendez-vous professionnel en rendez-vous personnel. Mais au fond d’elle, Elya désirait cette balade, elle voulait se laisser porter par la légèreté d’une conversation au gré du vent et du soleil, vivre comme on devait vivre lorsqu’on avait vingt ans. Un après-midi où elle pourrait être libre en bonne compagnie. Après tout, c’était la première fois qu’elle avait l’occasion de visiter l’Irlande au bras d’un irlandais qui, elle n’en doutait pas, devait connaitre des endroits magnifiques au vue de ses dires. Et il aurait de toute façon été si malpoli de refuser qu’elle ne s’y résolut pas. Alors, malgré la menace que représentait la réputation d’Aïlin, malgré sa propre réputation, et sa robe non adaptée, envers et contre tout ce qui la retenait, elle s’apprêta à accepter lorsque :
« De cela, je parierais un baiser... »
La belle étouffa un rire embarrassé tout en rougissant davantage. Aïlin semblait si sûr de lui que cela relevait de l’arrogance, ce qui eu le don d’amuser la demoiselle. Etait-il à ce point convaincu de pouvoir s’offrir avec tant de facilité la chaleur d’un baiser venant d’une héritière Black ? En tous les cas pour elle, il était hors de question de mettre en jeu ses lèvres.
« Allons Aïlin, ne soyez pas si avide. Vous ne pouvez pas parier quelque chose d’aussi concret pour une chose si abstraite qu’est l’esthétique. Et puis, je ne doute nullement de la beauté des paysages de votre pays, n’ayant connu que le petit village qu’est Loutry Sainte Chaspoule, la vaste plaine sans relief de Londres et les paysages que nous offrait Poudlard, du temps où nous y étions étudiants. Aussi, parier dessus serait comme accepter de perdre immédiatement. Vous devez vous douter que ce n’est pas dans mes habitudes. Surtout si je parie autant. »
Après tout, elle était joueuse uniquement quand elle avait une chance de gagner. Sinon, cela n’avait aucun intérêt. Aussi, elle ne demanda même pas ce qu’elle gagnerait si elle prouvait au Lord qu’elle connaissait des endroits plus féérique encore que ce pays. Après tout, elle n’était pas censée connaitre le Royaume-Uni aussi bien qu’elle le connaissait de nuit. Elle laissa planer le silence, comme pour faire durer le plaisir du suspens.
« Contentons-nous d’admirer le paysage, voulez-vous ? Cela me ferait plaisir de partager ce moment en votre compagnie. »
A condition qu’il ne tente rien sans l’accord de la potionniste. Quoi que …
[Je te laisse conclure pour recommencer en Irlande ? ]
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Re: Concilier l'inconciliable [Terminé] par Dim 15 Sep - 22:39
Il savait qu'il ne devait pas même penser à séduire Elya. De fait, il ne pouvait s'empêcher d'essayer. Il y avait une alchimie en eux, quelque chose d'électrique, de grisant, qu'il ne connaissait pas mais qu'il comprenait. Il avait envie d'elle, non pas de ses cuisses mais de sa présence et il voulait étirer le temps pour éloigner le moment où elle rejoindrait son triste manoir, la marâtre ignoble qui lui servait de tutrice, harpie sans cœur qui empêchait Aïlin de nourrir le moindre espoir vis-à-vis de sa petite-fille. Le monde était si souvent mal fait...
« J'aurais au moins essayé... » sourit finalement Aïlin. « Et puis, il y a des façons plus terribles de perdre. »
Il accompagna sa remarque d'un clin d'oeil, mais lui tendit galamment la main plutôt que de protester davantage.
Malgré leur tenue en rien appropriée, Aïlin guida la jeune femme à l'extérieur, sa main d'abord refermée sur la sienne, jusqu'à ce qu'ils aient passé les marches du perron. Alors, le jeune homme proposa son bras à son invitée et s'engagea dans la cour. À peine avait-il fait deux mètres qu'il s'immobilisa, arrêté par une idée.
« Il faut que vous voyiez l'Irlande comme seuls quelques rares privilégiés peuvent la voir. Venez avec moi. »
Faisant demi-tour, Aïlin alla jusqu'aux jardins, qu'il traversa à grands pas, la main d'Elya de nouveau dans la sienne. Il guida sa belle invitée jusqu'à une écurie qui se trouvait aux limites de l'enceinte. Aïlin s'empara d'un sifflet en argent ouvragé, suspendu au mur du bâtiment, et souffla dedans. Un son léger et mélodieux s'en échappa, traversa l'air et sembla monter vers les cieux. Un instant plus tard, deux formes claires se distinguèrent dans l'azur du ciel et bifurquèrent, pour migrer en direction des deux jeunes gens. Des tâches brunes qui grossirent, laissant bientôt deviner deux paires d'ailes immenses. Les créatures plongèrent vers le sol, et se posèrent en un éclair, pour fouler l'herbe de leurs sabots, trottant jusqu'à Aïlin. L'alchimiste tendit la main pour caresser les naseaux de l'un des chevaux.
« Un couple d'Ethonan. La fortune les a mis sur mon chemin tandis que je me promenais près de Leitrim, un village non loin d'ici. Ils paniquaient les villageois depuis deux jours à voler près d'eux, et les plus courageux cherchaient à les abattre dès qu'ils touchaient le sol pour brouter ou boire l'eau du lac. Certains les prenaient pour des dragons. Je leur souhaite de ne jamais en voir un pour de vrai, ils seraient surpris... »
D'un coup de baguette, Aïlin fit apparaître une bride autour du crâne de l'animal. Il s'avança d'un pas décidé et prit Elya par les hanches, pour l'aider à monter. Il ne lui laissait pas le choix, mais il savait à l'avance qu'elle ne le regretterait pas.
« En selle, Miss Black. Vous n'oublierez pas de si tôt cette virée dans les airs. »
Aïlin sauta sur le dos de sa monture, derrière Elya, et s'empara des rennes. Il se cala du mieux qu'il le put derrière les ailes et, d'un coup de talon, fit prendre à l'Ethanon son envol. Aïlin passa un bras autour du ventre d'Elya lorsque la monture se cabra, pour partir au grand galop. D'un bond, les ailes déployés, il quitta le sol, entraînant sur son dos les deux jeunes gens, vers l'immensité bleu qui s'étendait au-dessus d'eux.
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