Sur les traces du Mal par Ven 24 Aoû - 22:35
Malgré lui, il s’attarda sur le visage endormi de la jeune femme. Elle semblait particulièrement paisible, si paisible qu’Aïlin avait l’impression d’apercevoir un demi-sourire sur le coin de ses lèvres. Ses cheveux, qui avaient à peine gagné en longueur depuis qu’elle les avait raccourci en un carré plutôt masculin, striaient ses joues et ses tempes de quelques mèches éparses. Face à ce visage abandonné, la rancœur qu’il avait éprouvé plus tôt dans la journée à son égard lui semblait subitement futile. De même que sa volonté de l’abandonner ici, en France, en dépit de toutes les invitations à la prudence qu’on lui avait données.
C’était pourtant plus fort que son bon sens. Plus fort que l’affection qu’il portait à Elya. Ses appels à la raison, de même que ceux de son père, n’y changeaient rien. Le désir de vengeance était plus puissant que le reste. Lorsque le jour se serait levé, Aïlin se rendrait dans la forêt de Thetford, où se terrait probablement le monstre qui avait tué sa sœur. S’il s’y trouvait encore, il le massacrerait. De jour, le vampire serait plus vulnérable, et ne saurait soigner ses blessures comme il le pouvait la nuit durant. Depuis les premières tentatives de meurtre du vampire, l’alchimiste avait eu le temps de se renseigner, de se préparer. Il ne serait pas celui qui serait pris par surprise, cette fois. Il savait qu’il aurait, ainsi, l’avantage. Par ailleurs, le vampire était désormais seul, privé de son clan. Aucun sorcier ne serait assez fou, ni n’aurait assez d’estime envers une telle créature pour le protéger au risque de révéler son identité. Surtout pas Alceste Gaunt, s’il s’agissait bien d’elle.
Aïlin ne connaissait pas personnellement la femme, et de ce qu’il savait, il s’en portait ainsi bien mieux. Cependant, il savait cette famille assez rigide pour n’accorder de réel intérêt que pour leur cercle familial. Le reste n’était que chair à canon. Personne ne se dérangerait pour prêter main forte à un vampire, tant qu’il restait en-dehors des limites du territoire Gaunt. Ce serait la précaution la plus compliquée.
D’un geste doux, l’alchimiste déposa sur la table de chevet un morceau de parchemin, a priori dépourvu de la moindre note. Il connaissait assez bien Elya pour savoir qu’elle saurait lire le message caché sans difficulté.
Navré, Elya. Je vous retrouverai dans trois jours au laboratoire.
Avec un léger sourire, il fit apparaître de sa baguette une petite fleur bleue, semblable à celle qu’il avait copié dans les jardins de Beauxbâtons. Elle tomba délicatement sur le parchemin déroulé, répandant dans sa chute une effluve raffinée. Ramenant son attention sur la jeune femme assoupie, il poussa un faible soupir. Il savait qu’elle allait lui en vouloir, et que l’accueil qu’elle lui réserverait ne serait certainement pas des plus paisibles. Mais que ferait-elle, à sa place ? Pourrait-elle rester sans agir, attendant d’autres que justice se fasse ?
L’irlandais attrapa un pan du drap qui avait glissé de l’épaule de la jeune femme, alors qu’elle se lovait un peu plus contre l’oreiller, et le rabattit délicatement sur elle. Il effleura une mèche de ses cheveux sombres, puis aussi silencieusement qu’il était venu, quitta la chambre.
En-dehors de la forêt, un rare soleil brillait joyeusement au beau milieu d’un ciel bleu. Le temps était si doux qu’il parvenait même à réchauffer un peu le cœur de cette forêt pourtant sombre et humide. Tant qu’il ne s’était pas trop enfoncé en son sein, les rayons du soleil parvenaient même à réchauffer la peau de son visage et le drapé noir de sa cape courte, qui lui tombait sur l’épaule gauche. À présent qu’il approchait du domaine Gaunt, en revanche, l’humidité et la froidure croissaient de concert. Même les animaux de la forêt semblaient moins enclins à se manifester, par ici. Avec mille appréhensions, l’alchimiste se laissait guider par quelque chose qui n’était, au début, que ce qui ressemblait à de l’intuition. Puis, plus il marchait, plus ce qui lui avait semblé être une intuition devenait perception.
Il y avait quelque chose, dans cette forêt. Une magie sombre, cachée quelque part. Et cela n’avait rien à voir avec une quelconque présence vampirique.
Pour la énième fois, Aïlin incanta un sortilège de repérage. Pour l’heure, il n’avait toujours pas approché les barrières magiques qu’il supposait entourer le territoire des héritiers de Serpentard. Néanmoins, chaque mouvement sinueux entre les feuilles lui causait des sueurs froides. Par réflexe, Bower tranchait net d’un diffindo chaque serpent qu’il voyait surgir dans son champ de vision. Il eut besoin encore de quelques heures de recherches pour trouver un des signes qu’il recherchait.
Alors que sa botte écrasait bruyamment une branche, le faon dont il avait inconsciemment suivit le râle releva la tête, puis bondit hors de vue de l’alchimiste. Tout au long de sa marche, Aïlin avait eut l’impression que l’animal pleurait et, lorsqu’il baissa les yeux sur la masse sombre auprès de laquelle le faon se tenait un instant auparavant, il comprit pourquoi.
L’irlandais s’approcha avec précaution, baguette tendue devant lui. La biche ne bougea pas d’un pouce, et, bientôt, une odeur douçâtre frappa son odorat. L’odeur fraîche de la mort. L’alchimiste mis genou à terre et, de sa main libre, attrapa le museau du cadavre pour tirer son cou en arrière, mais celui-ci résista, parfaitement rigide. Le jeune homme se pencha alors pour observer plus en détail. Une langue blanche pendait à ses lèvres, ses yeux, voilés, étaient encore grands ouverts. Le sorcier ôta avec les dents le gant de cuir qu’il portait et tâtonna de sa main ainsi libérée le long du cou de l’animal, jusqu’à trouver, du côté tourné contre le lit de feuilles et de mousse, la preuve qu’il recherchait. Une plaie. Une plaie béante. Attrapant les pattes de l’animal, Aïlin le retourna et constata, avec un sombre sourire, une blessure qui lui était familière. Il se redressa et, inconsciemment, frôla du bout des doigts la cicatrice argentée qui lui couvrait une partie de la gorge, du côté droit. Par principe de précaution, l'alchimiste trancha dans la longueur la gorge de l'animal, révélant ce à quoi il s'attendait. Son corps séché ne contenait plus une goutte de sang.
La mort était récente. La rigidité cadavérique n’était pas tout à fait complète et, même si le fait que le cadavre soit exsangue pouvait influer sur celle-ci, l’alchimiste était certain que la bête avait été tuée dans la nuit. Il essuya sa main contre son pantalon puis glissa de nouveau celle-ci dans son gant noir, lorsqu’une sensation lui fit faire brutalement volteface.
Il braqua sa baguette vers l'origine de sa tension soudaine et informula un stupéfix avec une telle rapidité que l’éclair rouge irradia la forêt à peine était-il retourné. Le bruit qui l’avait alerté était infime, mais son instinct, exacerbé par la situation, avait été assisté par la magie. Il devait en effet son réflexe à l’amulette de détection de présence qu’il portait autour du cou, un cadeau de sa défunte sœur qui lui était, désormais, d’un secours particulièrement précieux. Peu soucieux de laisser le temps à son potentiel adversaire de riposter, l’alchimiste s’élança en direction de la présence humaine qu’il ressentait et incanta un nouveau sortilège d’attaque, qui alluma la pointe de sa baguette d’une lueur éblouissante, prêt à fuser à la moindre tentative d’agression.
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Re: Sur les traces du Mal par Mar 4 Sep - 23:21
Un faisceau de lumière rouge fit irruption dans son champs de vision, se dirigeant vers lui, d'un geste rapide, le Chasseur dévia le sortilège qui finit plus loin sa course folle. Aussitôt, le Chasseur se protégea d'un sortilège. Étrange.
Il n'avait pas encore franchit le domaine Gaunt et on venait de l'attaquer. Une silhouette finit par se dessiner, surgissant à l'horizon, la baguette tendue vers lui. Le Chasseur le mettait en joue, prêt à se défendre. Il était là pour une raison et personne ne se mettrait en travers de son chemin et sa mission serait accomplie à n'importe quel prix.
- Aïlin Bower ? Demanda t'il vigilant.
Sa seule certitude était que ce n'était pas le vampire, à son grand désappointement.
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Re: Sur les traces du Mal par Jeu 4 Oct - 16:11
Les sourcils jusqu’alors froncés de l’irlandais s’arquèrent brièvement sous la surprise. Il sentait autant de vigilance chez l’autre que chez lui, mais pas d’agressivité. Un des sbires de Donaghue l’aurait sûrement déjà incapacité plutôt que de s’enquérir de son identité. Aïlin les avait assez « côtoyé » pour savoir qu’ils ne faisaient pas dans la dentelle.
Après une brève hésitation, Bower releva légèrement sa baguette. S’il demeurait bien campé sur ses pieds, près à se défendre si nécessaire, il paraissait néanmoins plus ouvert à la discussion qu’à la bagarre.
« Ah. »
La lumière à la pointe de son arme baissa en intensité. Alors, il prononça, en gaélique :
« Vous êtes membre de l’Addanc, je présume ? Il était temps que le Haut-Sorcier daigne finalement envoyer ses troupes… »
Si on pouvait appeler ça des troupes… pensa Aïlin en feignant de chercher du regard d’éventuels collègues du sorcier.
Il n’avait pas pu s’empêcher d’être désagréable. Il savait que ce n’était pas très intelligent, mais ça avait été plus fort que lui. Au moins cet homme là semblait dans la force de l’âge, contrairement aux jeunes louveteaux dont l’avait affublé Devin, à Sligo. Sûrement était-il un peu plus âgé que lui. Il le paraissait, en tout cas. L’expérience valait mieux que l’enthousiasme, surtout face à une menace aussi sérieuse que Kenneth Donaghue.
Mais, avant de se persuader qu'il avait à faire à un allié potentiel, Aïlin préférait attendre la réaction de son vis-à-vis. Même s'il faisait bien partie de l'Addanc comme l'alchimiste le déduisait, rien ne lui assurerait que ce sorcier accepterait sans broncher de s'affubler de celui qui se révélait être ni plus ni moins que la cible principale du vampire pourchassé.
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