La Charte de la Pureté du Sang. par Mar 21 Fév - 9:44
Il n’y avait aucune faille. Sous ses yeux, le parchemin qu’elle avait méticuleusement travaillé lui semblait parfait. A présent que Lord Prewett avait été écarté et que la démonstration de force du Roi Moldu avait atteint le cœur de chacun des sorciers, il était grand temps d’abattre la première carte d’une longue série qui les mènerait à la victoire. Il lui fallait, bien sûr, convaincre Lord Longbottom, mais Lady Black comptait bien lui apporter des arguments qu’il ne pouvait décemment pas ignorer. Elle avait tant travaillé sur ce projet qu’elle avait trouvé une réponse à chacun des contre-arguments qu’on pourrait lui opposer. Aujourd’hui, dans les négociations qu’elle s’apprêtait à mener devant Benedict Longbottom, Cathleen comptait bien imposer ses idées et ne laisser aucune marge de manœuvre au remplaçant de Bartholomew Prewett.
Elle avait rendez-vous aujourd'hui avec lui. Depuis le procès des Moldus et son dénouement désastreux, chaque réunion se tenait en comité restreint, afin de ne pas attirer l’œil malveillant du Roi Jacques II. Une exception avait été faite dans son manoir, réunissant tous les hauts-représentants de la communauté à l'occasion d'une assemblée extraordinaire, mais le Conseil avait décidé de les limiter. Cathleen avait alors transmise la Charte de la Pureté du Sang qu'elle avait rédigé à chaque responsable du Conseil. Il y avait eu, bien sûr, des oppositions, mais la majorité soutenait ce décret, de quoi octroyer à Lady Black une confiance infaillible. Cependant, et afin de faire preuve d'une sainte honnêteté, elle avait proposé ce débat entre un représentant des opposants et elle, devant Lord Longbottom, détenteur de la décision finale. C'est ainsi qu'elle se retrouva dans le bureau du responsable de la Défense contre les Forces du Mal en compagnie de Lothaire Malefoy. Il était certain que ce débat s'avérerait plaisant, et déjà Cathleen affichait un semblant de sourire ravi sur le visage.
« Lord Longbottom, merci de nous recevoir dans votre demeure. Lord Malefoy, je suis ravie que vous vous soyez proposé pour représenter les opposants de ce décret. Comme vous le savez, suite aux événements malheureux qui secouent notre pays, j'ai fait parvenir aux différents responsables au sein du Conseil des Sorciers une charte concernant des règles à suivre pour protéger notre espèce. Celle-ci présente peu de contraintes, et permettrait à la communauté magique de se préserver de la menace moldue. »
Significativement, Cathleen tendit deux parchemins identiques à Lord Longbottom et Malefoy, sur lesquels ladite Charte était rédigée. Sa voix était assurée et sans aucune agressivité et ses gestes étaient doux. Elle mettait en confiance les deux hommes, attendant avec patience et apprêt les contre-arguments de Lothaire.
« Comme vous le savez, les arrestations n'ont de cesse d'augmenter, le roi Jacques II ayant renforcé son armée de Gardiens. La plupart des nôtres qui tombent entre leurs mains sont victimes de dénonciation de la part de voisins moldus. Je prends pour preuve l'arrestation toute récente de Messire Toothill, au nord du Royaume-Uni, dénoncé par le boucher de son village. Ce n'est malheureusement pas un cas isolé, et si une partie de ces captures se fait à cause de voisins malveillants, il existe aussi plusieurs cas où ce sont des moldus, liés à une famille sorcières par les liens d'un mariage, qui ont agi contre ces sorciers. »
Il y avait une peine feinte dans sa voix, mais son visage restait neutre, incapable d'exprimer le moindre sentiment. Elle fixait tour à tour Lord Longbottom et Lord Malefoy avec une conviction inébranlable et un regard franc, parlant avec calme et pourtant certitude. Un instant, prenant une pause dans son récit, elle se concentra sur leurs faits et gestes pour déceler leur état d'esprit. Puis, se concentrant ensuite uniquement sur Benedict, Cathleen prit un air grave et reprit la parole.
« La communauté sorcière a peur, Lord Longbottom. Pour l'instant, la situation reste calme, mais qui peut assurer que cela restera ainsi ? Vous avez déclaré vous-même qu'une guerre ouverte mènerait à une situation bien pire encore. Empêchons cela en éloignant les sorciers des Moldus. C'est peut-être bien la dernière façon que nous avons de nous protéger de notre propre colère. »
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Re: La Charte de la Pureté du Sang. par Sam 11 Mar - 17:40
« Te sens-tu prêt à affronter la chimère ? »
Un sourire amusé répondit à la question sarcastique de Lady Malefoy : « Plus que jamais. ».
Ce n’était pas tout à fait vrai, mais Acanthe fit mine de le croire sur parole. Si Lothaire ne craignait pas de faire face à Lady Black, il ne pouvait pas s’empêcher de ressentir quelque appréhension. Le rouleau de parchemin qu’il avait reçu d’elle, quelques jours auparavant, l’avait à l’instar de beaucoup de ses pairs plongé dans la plus grande perplexité.
Cette charte que tenait à imposer Lady Black n’était rien de moins qu’un repli sur soi qui pousseraient les sorciers à se cacher des moldus avec l’espoir que ceux-ci finissent par oublier leur existence et le concept lui paraissait proprement absurde. Comment une catégorie entière de la population pourrait bien disparaître, rien qu’en rompant les liens avec la majorité des êtres humains peuplant le Royaume-Uni ? Les moldus étaient au moins deux fois plus nombreux qu’eux, et les éviter semblait être une affaire proprement impossible. C’était pourtant ni plus ni moins le but vers lequel ce genre de papier mènerait. Sinon quoi ? Instaurer un système de valeur au sein de la caste sorcière, en fonction du potentiel d’une famille à rester pure de l’influence moldue ? Ou alors, mener à une guerre qui conduirait à la perte d’une grande partie de la jeune génération, mettant en péril la survivance de la magie au sein de l’espèce humaine ? Lothaire était d’accord avec Lord Bower. Cette ambition était vouée à l’échec, et la meilleure méthode pour préserver leur tranquillité était encore d’infiltrer la Cour moldue pour ranger à leur avis ceux qui étaient encore doté d’un peu de bon sens. L’entreprise était certainement trop compliquée et trop subtile pour des gens qui ne voulaient pas sortir de leur vision étriquée de la famille et de la société.
Cependant, si de tels partis finissaient par remporter la réthorique, il était absolument nécessaire pour lui et sa famille de se laisser une porte ouverte. Car, si Lady Cathleen Black osait sortir le grand jeu maintenant, c’était qu’elle avait toutes les raisons de le faire et de croire qu’elle gagnerait.
Le mariage de son fils n’était pas encore décidé, mais Lothaire savait qu’il ne prendrait plus le risque de l’unir à une moldue. L’union d’Evannah était en revanche un sujet plus complexe. La situation avait bien changé depuis l’accord qu’il avait passé avec son allié irlandais, et Lothaire craignait de la mettre en danger en l’unissant à un jeune homme qu’on cherchait manifestement à abattre. C’était peut-être l’occasion de connaître les positions de Lady Black, et d’apprendre ce qu’elle réservait aux jeunes gens qui n’avaient pas eu la chance de naître avec la même « pureté de sang » que les membres estimables de l’auguste famille.
Ses projets de débusquer l’adversaire ne l’avaient pas quitté lorsque Lothaire se retrouva devant le bureau de Lord Longbottom. Le sorcier avait à dessein prit de l’avance sur l’horaire afin d’échanger brièvement avec Benedict Longbottom, espérant à la fois l’influencer positivement et connaître son opinion sur le sujet. Il était difficile, avec un tel homme, d’être certain de ce qu’il pensait au fond de lui, tant l’image de l’homme impartial lui tenait à cœur. Pourtant, Malefoy avait bien senti, ces quelques minutes avant que n’apparaisse Lady Black sur le pas de la porte, que l’homme était aussi réticent que lui. De quoi le conforter et s’armer de toute son assurance lorsque s’éleva la voix de la veuve.
Circonspect, mais souriant, Lothaire accueillit dans sa main droite le parchemin roulé que lui offrit Lady Black, mais ne le déroula pas ni n’y jeta un regard. Le membre honorable du Conseil connaissait le texte par cœur et il prenait un plaisir quelque peu mesquin à ne pas faire grâce à la femme d’une nouvelle lecture. Aussi, comme il s’était réinstallé dans le fauteuil que lui avait présenté Benedict à son arrivée, il posa le parchemin sur l’accoudoir sans plus de cérémonie. Malgré son sourire bienveillant, Lothaire observait avec attention les gestes de Lady Cathleen, tout en écoutant aussi bien ses propos que les intonations de sa voix. La sorcière était rôdée à ce genre de petit jeu et tenait fort bien son rôle, camouflant ce que cette charte taisait de ses ambitions secrètes sans l’ombre d’une difficulté. Elle paraissait réellement soucieuse du bien-être du commun, et quelqu’un qui ne connaissait pas le personnage aurait pu s’y laisser prendre. Il ne bougea pas tandis que le regard dérangeant de la lady se fixa sur lui et ne s’octroya pas le loisir de se tourner vers Longbottom lorsque la première adressa la suite de son laïus à l’intendant. D’un geste à priori détendu, Lothaire posa le coude sur l’accoudoir libre, faisant mine de prendre le temps de la réflexion. Puis, enfin, il répondit :
« Vos intentions sont louables, Lady Black, et je ne peux qu’abonder en votre sens lorsque vous dites qu’une guerre entre les deux communautés serait un gâchis déplorable, en plus de mettre en péril le monde magique. Cependant, comme vous le dites, il n’y a pas que des membres d’une même famille pour se dénoncer l’un l’autre… Par ailleurs, on ne peut empêcher les règlements de compte au sein de celles-ci. Ces dénonciations découlent le plus souvent de conflits tels que nous en avons tous connu un jour ou l’autre au sein du microcosme familial… Qu’apporterait votre solution à ceux qui vivent au milieu des moldus ? Comment pourraient-ils, par ailleurs, limiter leurs interactions avec eux sans que cela n’entrave grandement leur quotidien ? »
Son intervention était totalement dépourvue d’agressivité ou de méfiance. Au contraire, le ton était affable, ouvert, comme si la réponse à ce premier problème pratique l’intéressait vraiment. C’était d’ailleurs le cas. Lothaire avait besoin d’avoir la vision globale de la sorcière s’il voulait mettre à mal son argumentaire. Elle aurait, autrement, toutes les facilités de démonter au fur et à mesure ce qu’il pourrait répondre.
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Re: La Charte de la Pureté du Sang. par Dim 19 Mar - 16:11
Depuis sa conversation avec Elya Black lors de la réapparition inattendue de celle-ci quelques semaines auparavant, il savait en effet que Cathleen Black préparait quelque chose d’important. C’était la seule conclusion logique qui expliquât les allées et venues incessantes de membres du Conseil au manoir Black. Pourtant, cela ne lui permettait pas d’en savoir plus sur les manigances de la matriarche et, en conséquence, il ne pouvait décemment pas se préparer à l’attaque de la veuve. Le départ précipité de sa seule alliée dans le milieu des extrémistes Sang Pur l’avait rendu aveugle et sourd aux manœuvres de la frange la plus radicale de la société sorcière et il se désespérait de voir les jours passer sans bénéficier de la moindre once d’information. Ainsi, lorsque le parchemin de la charte était parvenu jusqu’à son bureau, il en avait éprouvé un mélange de soulagement et d’excitation qu’il s’était empressé de cacher à quiconque.
Certes, le contenu du document lui avait rapidement tiré une moue mi-agacée, mi-désappointée mais, au moins, il savait désormais à quoi il avait à faire et pouvait réagir en conséquence. Car, s’il n’était pas opposé par principe à l’idée d’une séparation plus prononcée des mondes sorciers et moldus – c’était même la solution qu’il préconisait depuis fort longtemps sans pour autant le crier sur tous les toits – plusieurs points de la charte l’avaient profondément dérangé. Le premier d’entre eux l’existence d’un « comité de bonnes mœurs » dont il ne doutait pas une seconde que Lady Black voulût prendre la tête. Il n’était cependant plus de son ressort de s’opposer à la veuve. Désormais qu’il était Intendant, il se devait plus que jamais de penser au bien commun avant tout et ne pas laisser ses inimitiés personnelles altérer son jugement. Le rôle d’opposant au texte revenait donc à Lord Malefoy et, lorsque celui-ci arriva et qu’ils commencèrent à discuter en attendant l’entrée de Cathleen, il sut immédiatement qu’il n’avait pas à s’inquiéter pour lui. Lothaire était un négociateur aussi habile que son adversaire mais le rappel de ses capacités rassura l’ancien Auror. Il allait pouvoir conserver son impartialité sans craindre que Lady Black ne l’emporte avant même de commencer.
Il laissa donc la sexagénaire s’exprimer avec attention mais sans résignation. Si elle était ici c’était qu’elle avait obtenu le soutien de l’essentiel du Conseil, pourtant rien n’était encore joué. S’il ne se faisait aucune illusion sur sa capacité à refuser pleinement le texte, il espérait néanmoins obtenir de substantiels changements grâce à l’intervention de Lord Malefoy. En effet, sa position personnelle était bien trop précaire pour lui conférer une telle autorité si tant est qu’il l’eût seulement désirée, lui qui avait toujours eu horreur du jeu politique contrairement aux deux prédateurs présents dans son bureau. Par ailleurs, il n’était à vrai dire pas même sûr de désirer se débarrasser complètement de la charte qui était un premier pas – trop brutal mais un premier pas tout de même – vers la séparation qu’il appelait de ses vœux.
Une fois la tirade de Lady Black terminée, tirade dont il admira l’audacieuse tranquillité, il choisit donc volontairement de ne pas répondre à son apostrophe, préférant laisser les deux camps s’exprimer librement avant de prendre la parole. Lothaire prit donc la suite de la conversation, soulevant un point des plus intéressants. Que faire des familles, le plus souvent de basse extraction, qui vivaient parfaitement mélangées aux moldus ? Il ne parlait pas tant d’unions mixtes que de lieux mixtes comme l’île de Portree récemment attaquée. Une séparation était certes désirable mais elle ne pouvait se faire du jour au lendemain, la précipitation risquant d’être l’étincelle qui mettrait le feu aux poudres comme aimaient tant à dire les Moldus.
-Votre inquiétude est compréhensible Lady Black et je pense pouvoir dire avec certitude que nous la partageons tous. Personne ne souhaite voir le sang sorcier couler lors d’un conflit qui ne pourrait mener qu’à la perte de nos deux mondes. Pour autant, la solution que vous nous présentez aujourd’hui est loin d’être sans reproche. Sans même évoquer la critique fort pertinente de Lord Malefoy à laquelle je vous laisserai répondre en temps et en heure, je veux personnellement revenir sur le Comité évoqué dans la version du texte qui m’a été fournie. Ce n’est pas tant en ma qualité d’Intendant que je pose la question qu’en celle de Représentant du Siège de la Défense : si jamais votre charte venait à être acceptée par le Conseil, quelles seraient les prérogatives de ce Comité et, bien plus important encore, devant quelle autorité devrait-il répondre de ses actions ? Car je ne doute pas un instant que vous ne comptez pas imiter l’arbitraire tant récrié de Jacques II en privant de contre-pouvoir notre société.
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Re: La Charte de la Pureté du Sang. par Dim 4 Fév - 21:43
Elle avait écouté avec attention, un calme sage détendant ses traits, hochant parfois la tête pour signifier qu'elle comprenait bien leurs inquiétudes. Enfin, elle se tourna vers Malefoy et d'une voix claire répondit avec bienveillance.
« Nous sommes tous ici conscients que les problèmes familiaux ne sont que difficilement gérables et les risques encourus ne peuvent qu'être limité à l'avenir et non pas corrigé présentement. Pour les familles vivant au sein de communauté moldue, un temps d'adaptation est bien sûr de circonstance. Une aide sera apportée afin de proposer une transition, soit un déménagement dans un village où une communauté sorcière est déjà installée afin de réduire les interactions avec les moldus, soit la mise en place de mesures pour éloigner les moldus de leur famille, grâce à l'usage de sortilèges de confusion, voire d'oubliette, si cela est nécessaire. Cela au choix des familles selon les circonstances, bien entendu. »
Elle se tourna ensuite vers Longbottom, le regard respectueux de la lionne qui ne veut pas voler la part de viande du lion, tout en tirant la fierté de l'avoir apporté elle-même.
« Le Cerbère n'est qu'un comité de sorciers délégués, Lord Longbottom, qui se placera sous l'autorité du Conseil des Sorciers. Chaque sorcier ayant signé cette charte pourra bien évidemment avoir la possibilité de siéger à ce comité, à la condition d'accepter les responsabilités que cela incombe. À savoir veiller à ce que cette charte soit respectée à travers tout le royaume, aller à la rencontre des familles sorcières afin de leur apporter de l'aide lorsque cela est nécessaire et être en mesure d'évaluer la bienveillance à l'égard de la tradition sorcières des sang-mêlés concernés par le troisième point de la charte. Le Chef du Conseil aura en tout temps droit de regard sur les actions du comité, bien entendu. »
Laissant planer un très léger silence, Cathleen s'installa plus confortablement dans son siège. Si elle se confortait dans sa victoire, elle laissa pourtant paraître aux deux hommes qu'elle était ouverte à la discussion, leur laissant le loisir de poser plus de questions auxquelles elle était prête à apporter des réponses.
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Re: La Charte de la Pureté du Sang. par Dim 11 Fév - 17:06
Alors qu’elle répondait cette fois aux interrogations légitimes de Longbottom, Lothaire caressa du plat de l’index son menton, son regard étincelant toujours braqué sur la célèbre Vipère. Elle était habile, mais personne ici n’était dupe.
« Ayant conscience du danger que représentent à la fois l’Église et le Royaume moldu, je romps à compter de la signature de cette charte toute relation directe avec les personnes moldues, quelle que soit leur classe sociale. » récita-t-il sans même prendre la peine de vérifier cette première clause sur le parchemin que lui avait donné Cathleen.
« Pardonnez-moi Milady, je n’avais point entendu la notion de tolérance dans les mots employés à l’intérieur de cette charte. Des mots qui semblent pourtant avoir été très soigneusement choisis. Par ailleurs, je continue de m’interroger. Avec quel argent comptez-vous déplacer des familles entières vers des lieux jugés plus habitables ? Loutry Sainte-Chaspoule n’est pas une cité florissante où nous pourrions prospérer. Godric’s Hollow est mixte. Qu’adviendrait-il du domaine de Sir Longbottom, ici présent, ou encore du domaine Peverell ? Chasserons-nous ce qu’il reste de la population moldue pour investir le village ? Même alors, cela n’offrirait jamais assez de toits pour autant de sorciers et sorcières.
Arrêtez-moi si je me trompe, Sir Longbottom, mais il me semble que la défense de notre communauté a déjà englouti une très grande part des fonds du Conseil, ce n’est un secret pour personne. »
Malefoy se redressa, manifestant par ce geste qu’il n’en avait pas fini et n’attendait pas, pour l’instant, de réponse de la sorcière. Rapidement, son regard se déporta sur Lord Longbottom avant de revenir sur son adversaire.
« Enfin, ma plus grande et ma plus vive inquiétude, Lady Black, n’est pas tant de rompre le contact avec les moldus que de savoir ce qu’il adviendra de nos mutmags et de nos sorciers d’ascendance mixte. Vous parlez, dans votre charte, d’accepter au sein des familles sorcières seulement des sorciers et sorcières de père sorcier. Et encore ! Vous les présumez coupables. Combien de membres de notre communauté cela nous fait-il rejeter ? Mille sorciers ? Cinq mille ? Plus encore, certainement. Nos ennemis se comptent, eux, par millions, si l’on considère définitivement les moldus comme nos opposants.
Nous sommes entre personnes d’expérience, ne nous parons pas de faux semblants. Nul ici n’est dupe du regard que vous portez sur ceux qui n’ont pas pour souci premier de veiller à la pureté de leur lignée. Je n’ai pas de honte à vous avouer, Ma Lady, que je compte moi-même quelques moldus dans les branches de mon arbre généalogique, tout comme certains de mes amis. Pour autant, mon plus grand désir est de voir notre culture perdurer et la magie résister aux assauts défiants du catholicisme. Mais je ne veux pas que ce soit au prix de la perte de milliers des nôtres, ni à la mise à l’opprobre de familles qui n’ont eu, jusqu’alors, rien à se reprocher. »
Nul ne s’attendait à ce qu’un homme de l’ambivalence de Lothaire se mette à parler avec une telle franchise à une femme de la stature de Cathleen. Pourtant, il le faisait avec calme et aplomb, sans jamais perdre la douceur sympathique qui donnait des notes caressantes au timbre de sa voix.
Il savait, cependant, que c’était sa seule et unique occasion. Il l’avait travaillé, il s’y était préparé. S’il semblait lui fermer une porte, sûrement était-ce pour lui en ouvrir une autre, qu’elle était libre ou non de passer. L’avenir de sa famille se jouait maintenant, et bien plus encore. Il ne pouvait pas partir perdant de ce duel d’éloquence.
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Re: La Charte de la Pureté du Sang. par Ven 2 Mar - 18:41
Lady Black se sentait en terrain conquis. Ses paroles étaient mesurées et posées, comme si elle énonçait de simples évidences. Le calme avec lequel elle proposait de séparer des familles de Sang-mêlé, en recourant à la magie si nécessaire était, inquiéta d’ailleurs grandement Benedict. Qui pourrait en effet s’assurer que des abus ne soient pas commis en de telles circonstances ? Le fameux Comité dont Cathleen vantait tant les mérites ? Il en doutait grandement. Les Aurors ? Il ne s’agissait nullement là de leurs prérogatives et ce n’était pas avec le budget alloué par la Commission qu’il pourrait doubler les missions de ses hommes.
Budget sur lequel revint d’ailleurs habilement Lothaire Malfoy puisque son adversaire avait choisi de passer sous silence les réalités matérielles des décisions qu’elle venait proposer. Un pragmatisme ici bien politique mais que Lady black ne pourrait cependant refuser d’adresser sous peine de faire preuve d’une désinvolture bien peu propre à la situation. Puisqu’elle proposait rien de moins qu’un changement radical de la société, d’où espérait-elle sortir les fonds pour une telle entreprise ? Car, que sa remarque soit motivée par des intérêts bien plus personnels qu’altruistes, Lord Malfoy soulevait là un point non négligeable : comment compenser les pertes de toutes les familles amenées à se déplacer à la suite de la signature de la charte ? Par ailleurs, où trouver la place d’accueillir l’intégralité de la société sorcière ? Ils avaient beau être bien moins nombreux que les Moldus, ils n’en étaient pas moins quelques dizaines de milliers. On ne déplaçait pas une telle quantité de personnes, qui plus est discrètement, sans moyens titanesques à sa disposition. Moyens dont le Conseil manquait âprement.
Néanmoins, là où le début du discours de Lothaire était attendu – il était après tout connu pour son amour des chiffres et son sens des affaires – la suite de son propos aurait tiré une moue étonnée à un homme moins entraîné que Benedict. Il ne s’attendait en effet nullement à le voir quitter les doubles sens et autres diableries dont il raffolait pour parlerait franchement. Non que la situation ne l’exigeât pas, bien au contraire cela en disait long sur le sérieux de celle-ci qu’elle forçât un Malfoy à dévoiler son jeu. L’heure n’était cependant pas à l’ébaubissement et ce d’autant moins que s’il ne reprenait pas en main la situation, il y avait fort à parier qu’elle lui échapperait pour se régler entre les deux Serpents.
-Lord Malfoy soulève un point délicat. Si c’est la discrétion que vous désirez Milady, vous risquez d’être bien mal en point au moment de la mettre à l’œuvre. Et si vous choisissez de vous en passer, il faudra faire face aux répliques des Gardiens. Or, comme l’a fait remarquer Milord, la Défense n’a pas les moyens de protéger tous nos concitoyens qui choisiraient de quitter leur résidence actuelle pour rejoindre des lieux plus sûrs, si tant est qu’ils existent.
Réalisant trop tard qu’il avait prononcé à voix haute cette dernière remarque pessimiste, il enchaîna sans transition pour ne pas laisser aux deux autres le temps d’y réagir.
-Ne serait-il pas plus judicieux de renforcer les défenses existant déjà autour des habitations sorcières plutôt que d’envisager un exode complet ? En d’autres termes puisqu’il s’agit de parler clairement : faites attention à ce que votre retraite ne se transforme pas en réclusion. Sans apport de sang nouveau, un groupe périclite, que cela nous plaise ou non, il s’agit là d’une règle intangible de la biologie. Et s’il est normal de contrôler les nouveaux venus, une trop grande suspicion risquerait de tarir définitivement la source.
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