S'allier ou se trahir. par Lun 2 Jan - 15:45
« Il fallait s’y attendre… ! » murmura l’empoisonneuse en repliant soigneusement la lettre, puis en se levant pour s’installer à une table.
« Quoi donc ? » demanda une voix doucereuse, sur le pas de la porte.
Levant les yeux, lady Gaunt remarqua que son fils venait de paraître, somptueusement vêtu malgré le fait qu’il revêtait une tenue de voyage doublée d’une lourde cape en fourrure de loup noir.
« Une affaire entre Cathleen et moi. Elle m’a demandé d’en taire les tribulations, aussi tu veilleras à tenir ta langue si tu souhaites en entendre le détail…
— Mère, vous m’insultez, rétorqua Janus avec hauteur. Quand ai-je jamais trahi les secrets de notre famille ?
— Cette fois, il s’agit de taire cela à la famille entière. Mais je ne peux pas te maintenir à l’écart de ceci, car mon fils, il s’agit d’une affaire qui te concerne en partie.
— En quel honneur ?
— Il s’agit d’Elya Black, et tu sais quels sont les projets qui vous concernent tous deux. Des projets pour lesquels je ne peux m’empêcher d’éprouver un vif dégoût, car cette fille n’est pas digne de toi.
— Le but n’était-il justement pas de la modeler afin qu’elle en soi finalement digne ? Je ne peux nier que l’idée de ce défi excitait mon imagination… »
La lueur sournoise qui brilla dans les yeux iridescents de son fils fit sourire Alceste. Elle posa soigneusement la lettre sur la table et, d’un coup de baguette magique, fit apparaître plume et encre devant elle, avant de se tourner face à son fils. Croisant les mains sur ses jambes, elle lui répondit :
« Toi seul pourra faire le choix de l’accepter encore pour épouse ou l’abandonner à son triste sort lorsque tu auras eu ouïe du récit de ses frasques. Moi, je suis d’avis que seule la vive amitié que j’éprouve pour Cathleen mérite qu’on perde encore un peu de notre temps pour cette traître à son sang, mais de là à lui faire le sacrifice de mon fils unique… Ah ! Janus, je ne te ferai pas l’insulte de te le demander encore ! »
Alors, Alceste raconta par le menu les faits, tels qu’elle les connaissait. Elya, qui avait expréssement menti à sa grand-mère pour partir avec le sang-mêlé Aïlin Bower, dans un but que Cathleen n'avait pas réussi à élucider. Par dégoût, ou peut-être par crainte que l’information ne se perde avant que le hibou ne parvienne à Alceste, Cathleen n’avait pas expressément cité le bâtard, mais il avait été très facile de faire le rapprochement quand, de vive-voix, Lady Black avait demandé à son amie de faire le nécessaire pour que le jeune homme disparaisse du monde des vivants. Ayant craint que le fourbe ait souillé l’indomptable Serdaigle, Cathleen l’avait maintenue cloîtrée sous haute surveillance, veillant à ce que son ventre ne s’arrondisse pas. Elle avait juré, la haine dans les yeux, qu’elle tuerait sous les yeux de l’intéressée l’infâme rejeton qui aurait l’audace de naître de cette intolérable union, ce qu’avait vivement approuvé lady Gaunt. Cathleen avait, par ailleurs, ajouté qu’elle se serait personnellement chargée de transmettre à l’auteur de cette injure le rejeton égorgé né de ses ardeurs. Mais le ventre d’Elya ne s’était pas arrondi, au plus grand soulagement de son aïeule, qui l’avait malgré tout gardée captive du manoir Black pour la punir du mépris avec lequel elle avait traité les valeurs de sa famille, et de l’irrespect avec lequel elle avait balayé le sacrifice de sa parente, qui avait tant donné pour faire d’elle une héritière digne d’en porter le titre.
Mais, aujourd’hui, quelques jours seulement après la mort de la bâtarde Bower, Cathleen lui apprenait que sa petite-fille s’était enfuie, sans qu’aucun elfe de maison ne puisse rien faire pour la retenir. Elle n’était revenue au manoir qu’un instant après qu’Elya en ait quitté le seuil, mais hélas, il était déjà trop tard.
Au terme du récit, Janus, qui s’était assis à côté de sa mère et avait tourné sa chaise pour lui faire face, demeura enfermé dans un silence pensif. Finalement, une lueur narquoise irradia son regard :
« Décidément, quelque chose semble ne pas fonctionner avec le système éducatif de lady Black… ! » puis, voyant la désapprobation de sa mère, il ajouta avec moins de moquerie : « Cela doit provenir des mauvais gènes de son père. Toujours est-il que je vous suis gré de ne pas persister à vouloir m’unir avec cette catin. Je ne supporterai pas l’idée de passer après un bâtard. Qu’il l’ait touché ou non, peu m’importe, sa seule promiscuité est déjà un outrage fait à la qualité de son lignage. »
Alceste acquiesça les propos de son fils, non sans en éprouver un soulagement si vif qu’elle sentit un peu de chaleur la submerger.
« Et, maintenant, elle appelle votre aide, car vous êtes la seule dans la confidence, c’est bien cela ?
— La tâche n’est pas aisée, car comment envoyer nos vassaux à la recherche de l’héritière Black sans révéler son infamie ? À ce jeu, je te sais néanmoins doué, mon fils. Ton aide nous serait précieuse.
— Vous savez que vous avez ma fidélité, ma loyauté et mon obéissance, mère. Dites-moi ce que je dois faire, et je m’exécuterai. La seule demande que je pourrais formuler en retour, serait… »
L’obscurité du sourire de Janus avait de quoi faire frissonner ceux qui connaissaient la cruauté du sorcier, mais Alceste, pour sa part, n’avait aucune crainte de son fils. Elle inclina la tête de côté avant de l’inviter à s’exprimer.
« Si je la trouve, j’aimerais que vous interveniez en ma faveur auprès de Cathleen afin que je sois celui qui châtiera la jeune Black. Après tout, c’est, aussi, ma personne qu’elle insulte en me préférant à cet immonde bâtard sans envergure. J’estime mériter revanche.
— Attention, Janus, Cathleen la veut vivante… ! s’amusa Alceste.
— Oh, vous me connaissez, mère. Il y a bien des jeux qui n’impliquent pas de tuer, et j’éprouve un vif plaisir à ces jeux-là… »
Ainsi lady Gaunt s’octroya le silence et la coopération de son fils. Sans tarder, elle répondit à son amie d’enfance, lui assurant sa discrétion et son aide dans l’affaire qui les concernait. Elle lui proposa, par ailleurs, d’être celle qui irait à la rencontre de la plus jeune des Black pour l’interroger au sujet de sa sœur, car la jeune fille pourrait peut-être se sentir impressionnée à l’idée de se confier à celle qui avait toute autorité sur elle. Dès lors, se sachant sûre d’avoir l’approbation de Cathleen, elle écrivit une autre missive, adressée à la puînée Black. Dans celle-ci, elle lui demandait audience le lendemain même au soir, au sein de Poudlard. Les visites n’étaient généralement pas tolérées à l’intérieur du château, mais Alceste, ou plutôt son époux, avait les appuis nécessaires pour obtenir de Viridian un laisser-passer. L’affaire qui l’animait était de la plus haute urgence, précisa-t-elle dans une troisième missive, cette fois adressée au directeur, et un refus serait une insulte aux famille Black et Gaunt. Alceste savait que Viridian ne s'aventurerait pas à faire affront au nom des Black et à celui des Gaunt en même temps.
Le lendemain soir, Alceste se trouvait une nouvelle fois devant les portes de la célèbre école de Sorcellerie, fondée par son ancêtre lui-même. Un faible pincement de cœur la surprit quand, devant elle, les portes consentirent à s’ouvrir et qu’un elfe de maison vint à sa rencontre, démesurément petit au milieu de l’imposante et superbe architecture.
Un chignon sophistiqué, un peu plus lâche qu’à l’accoutumée, grandissait de quelques centimètres de cheveux bruns la sorcière frêle et pourtant crainte qu’était Alceste. Elle s’était vêtue avec soin, fardée de même, et son visage paraissait presque jeune, dépourvu des marques de son âge, après qu’elle venait de boire une potion de jeunesse concoctée avec des ingrédients de la plus haute qualité. La sorcière dépensait des fortunes pour ceux-ci, obsédée qu’elle était par la perspective effarante de perdre à jamais sa beauté d’autrefois, qui fanait sous l’implacable tic-tac du temps.
Une longue robe gris perle, assortie à ses yeux ourlés de blanc, voyait sur sa traîne reposer son imposante cape de fourrure. Sa taille était soigneusement cintrée par un corset de brocarts bleu-gris s’arrêtant sous sa poitrine. La douceur des couleurs qu’elle portait n’était pas anodine. Elle venait en paix vers Carey Black et souhaitait paraître d’emblée rassurante, plutôt que menaçante. Même l’expression de son visage était plus douce qu’à l’accoutumée.
L’elfe s’inclina devant elle et la conduisit dans un salon qui avait été improvisé à l’occasion de cette rencontre dans l’aile est, moins fréquentée que le reste du château. D’un claquement de doigts, le serviteur fit apparaître du thé bien chaud, des petits gâteaux, du sucre et du lait avant de murmurer que Carey avait déjà été prévenue de son arrivée, et qu’on l’avait envoyé chercher. Il resta, discret, dans un coin de la pièce, au cas où la sorcière avait besoin de quoi que ce fut, à moins qu’il ait été chargé de veiller à ce qu’elle ne quitte pas la pièce qui lui avait été réservée, jusqu’à ce qu’enfin, la porte s’ouvre et Carey paraisse sur le pas de la porte.
Par courtoisie, malgré la vassalité de la jeune fille à l’égard de son aînée, Alceste se leva pour accueillir sa petite-nièce.
« Carey, j’ai grand plaisir à te voir. Je t’en prie, viens prendre tes aises. Un thé bien chaud te fera le plus grand bien après une journée d’études. »
Alceste laissa la jeune fille s’installer puis, d’un coup de baguette magique, elle enchanta thé, sucre, pichet de lait et cuiller pour que ceux-ci les servent à la façon dont elles avaient, chacune, l’habitude de boire leur thé. Accueillant dans sa main gauche sa tasse, la maîtresse des serpents focalisa toute son attention sur la petite-fille de son amie.
« Je suis navrée de prendre de ton temps de la sorte, je sais combien il est précieux pour une dernière année, d’autant plus lorsque celle-ci est préfète-en-chef, mais ta grand-mère m’envoie pour une affaire de la plus haute gravité. As-tu idée de ce dont il s’agit ? »
Le regard fixé sur elle, Alceste leva sa tasse jusqu’à son menton pour souffler doucement sur son contenu fumant. Elle était curieuse de voir comment la jeune fille réagirait, et attendait avec une patience feinte sa réaction.
Dernière édition par Alceste Gaunt le Dim 8 Jan - 11:23, édité 1 fois
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Re: S'allier ou se trahir. par Sam 7 Jan - 21:26
Les trois lettres tremblaient dans ses mains, le papier se froissant sous ses doigts. La bouche sèche, Carey regardait sans y croire les lignes qui dansaient sous ses yeux. Elle n'osait lever la tête, sachant par avance que les élèves de sa table devaient tous l'observer à la dérobée, curieux de savoir ce qu'annonçaient les trois hiboux qui s'étaient posés devant elle dans un bruissement d'aile furieux, il y avait à peine quelques instants. Les pensées se bousculaient dans l'esprit de la Serpentarde, et celle qu'il lui fallait absolument sortir de la Grande Salle au plus vite dominait. Le regard étrangement fixe, elle se leva trop brusquement pour que cela ne se remarque pas et mais n'esquissa pas un sourire en direction de ses camarades. L'air digne, le visage fermé, la jeune femme remonta l'allée vers les grandes portes de chêne tandis que le plafond nuageux de la Grande Salle se mettait à gronder dangereusement. Ses pas étaient rapides, sans doute un peu trop, et elle ne savait pas où elle allait. Se laissant guider par son intuition, elle monta différents escaliers, traversa quelques couloirs puis poussa une porte au hasard, qu'elle verrouilla derrière elle d'un coup de baguette. C'était sans doute une salle de classe abandonnée, le tableau était poussiéreux et quelques chaises étaient retournées sur des tables de bois.
Le dos appuyé contre la porte, sa main toujours crispée sur les lettres, Carey se sentait étrangement vide. Ses lèvres tremblaient mais aucun mot n'aurait pu sortir de sa bouche. Elle avait chaud, mais son corps était traversé de frissons glacés. Elle ne savait que penser, elle ne savait que faire. Son esprit s'était empli de questions pour se vider soudainement, et aucune pensée cohérente ne lui venait. La jeune femme resta longtemps ainsi, immobile et silencieuse. Les informations affluaient sans que rien ne transparaisse sur son visage, une statue aurait été plus expressive. Doucement, les sentiments naissaient en elle, tous plus contradictoires les uns que les autres. Soudain, tout revenait, tout se bousculait dans sa tête, comme sous l'effet d'un coup de vent, et son souffle se coupa sous le choc.
Elya l'avait abandonnée. Un sourire sans joie naquit sur ses lèvres. Peut-être aurait-elle dû pleurer ? Il lui semblait que c'est ce qu'elle était censée faire, mais ses yeux restaient définitivement secs. Un peu comme si elle s'y attendait, comme si elle l'avait senti, ou comme si elle avait l'habitude que ses moments de joie soient brutalement réduits à néant, d'un coup. Elya, Elya, Elya. Qu'avait-elle fait ? Que lui avait-elle fait ? Après lui avoir donné l'infime espoir que tout irait mieux, qu'elles allaient enfin se confier l'une à l'autre, s'appuyer l'une sur l'autre. Après lui avoir fait croire que ce n'était pas de sa faute, qu'elle l'aimait et qu'elles étaient une famille. Tout irait mieux écrivait-elle, mais pour qui ? Pour elle, sans doute. Enfin Elya était débarrassée de sa famille, des règles, des obligations, débarrassée d'elle. Y avait-elle pensé ? La question taraudait Carey. Elya avait-elle un instant pensé à sa sœur ? Elle lui avait dit qu'elle avait le choix, qu'elle pouvait vivre la vie qu'elle voulait et, un instant, Carey avait été tentée d'y croire, de laisser ce qu'elle connaissait pour un monde nouveau. Mais c'était fini. Elya avait tout emporté avec elle, lui laissant le poids de l'héritage des Black, qu'elles avaient jusqu'alors partagé.
Il semblait à Carey que c'était ainsi que son monde mourrait, sans un bruit, sans un éclat, ou dans un grondement de colère. Elle se sentait bête à présent, d'avoir pu croire une seconde qu'Elya allait changer, et un rire amer s'échappa de sa gorge. Ainsi, sa famille se réduisait à Cathleen. Sans doute était-ce mieux ainsi. Elya vivrait la vie qu'elle avait toujours voulu. Et elle... Elle vivrait la vie pour laquelle elle était faite, pour laquelle elle avait été faite.
Il fallait qu'elle réponde à Cathleen. Elle avait besoin de savoir ce qu'il c'était passé. Et elle devait se préparer à recevoir sa grande tante. D'un mouvement de baguette, la Serpentarde fit apparaître une plume, un encrier et deux parchemins différents. Elle répondit rapidement à Alceste puis copia la lettre de sa sœur pour l'envoyer à sa grand-mère. Quelle étrange coïncidence, qu'elles soient arrivées ensemble toutes les trois. La jeune femme les glissa dans la poche de sa cape et, le visage toujours impassible, elle sortit de la pièce, laissant la porte se refermer derrière elle.
La journée passa rapidement, ainsi que celle du lendemain. Personne n'osa l'importuner, sans doute à cause de l'éclat féroce qui brillait au fond de son regard. Jamais elle n'avait eu autant de mal à se concentrer, et cela l'irritait particulièrement. Aussi surprenant que cela puisse paraître, elle avait hâte de voir Alceste. La veuve Black ne lui avait pas répondu et elle avait besoin d'informations. Pour la première fois, elle se sentait à l'étroit à Poudlard, coupée du monde et de sa réalité, comme enfermée dans une cage qui l'empêchait de respirer correctement. Carey fut soulagée lorsqu'arriva le soir. Elle venait de finir de se préparer dans son dortoir lorsqu'un elfe de maison apparut sur le seuil pour lui annoncer que sa grande tante l'attendait déjà dans l'aile est du Château. La créature se ratatina sous le regard toujours plein de colère qu'elle posa sur lui, mais elle hocha finalement la tête et sortit à sa suite. Elle ne prêta aucune attention à ses camarades, déjà tous en tenue de nuit, lorsqu'ils la regardèrent curieusement traverser la Salle Commune de Serpentard.
La jeune femme avait revêtu une longue robe d'un vert aussi sombre que son humeur, ourlée d'une dentelle discrète. Elle avait ôté son insigne de Préfète-en-Chef et ses cheveux d'un noir de jais étaient remontés en un chignon élégant dont quelques boucles s'échappaient pour tomber gracieusement sur une de ses épaules. Elle ressemblait vraiment beaucoup à Cathleen, plus qu'Elya.
Ce soir, Carey semblait plus calme, malgré le tumulte qui régnait toujours sous son crâne. Sans doute était-ce la perspective d'avoir des réponses, ou au moins la présence de quelqu'un qui se sentirait comme elle, trahie et en colère, même si ce ne serait certainement pas pour les mêmes raisons.
L'elfe s'arrêta devant une porte et s'inclina devant elle pour la laisser entrer. La cadette des Black s'avança dans la pièce, qui avait été transformée en un petit salon pour leur rencontre. Alceste Gaunt, majestueuse et toujours aussi charismatique dans sa robe gris perle se leva pour l'accueillir. Carey exécuta une parfaite révérence.
« Bonsoir Madame. Je vous prie de croire que le plaisir est entièrement partagé. »
Sous le regard de sa Grande-Tante, qui paraissait pourtant plutôt calme ce soir-là, la Serpentarde se souvint qu'il fallait rester prudente. Il aurait fallu être fou pour croire Alceste innocente et maternelle, quand bien même elle semblait venir en paix. Carey avait beau être soulagée de voir un visage familier, son instinct de survie lui ferait toujours craindre la maîtresse des serpents.
Suivant l'invitation, la jeune femme s'installa dans un fauteuil face à Alceste et accepta avec gratitude la tasse de thé qu'elle lui avait préparé. Elle avait eu beaucoup de mal à manger depuis la veille.
Comme à son habitude, Lady Gaunt ne perdit pas de temps pour lui annoncer le but de sa visite. Savoir qu'elle était envoyé par Cathleen lui réchauffa un peu le cœur. Au moins, elle n'avait pas été oubliée de tous. Evidement, elle savait de quoi il s'agissait, et elle hocha doucement la tête.
D'un geste de la main droite, prononçant la formule dans sa tête, Carey fit apparaître deux lettres sur la table basse. Il n'y avait rien dans celle de sa sœur qui puisse lui nuire, peut-être aurait-elle agit autrement si cela avait été le cas, ou si elle avait été moins déçue et blessée par sa fuite, mais à cet instant, elle était persuadée que la meilleure chose à faire était de faire savoir à Alceste et Cathleen qu'elle avait reçu quelques mots d'Elya.
« Il s'agit d'un mot de ma Grand-mère pour me mettre brièvement au courant de la situation. Son hibou est arrivé en même temps que le vôtre, et que celui d'Elya. - prononcer son nom lui fit serrer les mâchoires. C'est tout ce dont je suis au courant. » La jeune femme paraissait calme, mais parler de la fuite d'Elya rendait celle-ci plus réelle et plus douloureuse. Une bouffée de ressentiment la submergea. « Que c'est-il passé ? », demanda-t-elle lorsqu'elle fut certaine qu'Alceste avait fini de lire les lettres, un éclat de rancoeur mal dissimulé au fond de ses yeux polaires.
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Re: S'allier ou se trahir. par Dim 8 Jan - 15:29
Aussi accueillit-elle les politesses sans les juger ni feintes, ni sincères. Et, lorsqu’Alceste posa la question qui la taraudait, elle observa avec d’autant plus d’attention chaque mimique, chaque mouvement de la jeune femme pour déceler la moindre trace de mensonge ou de fourberie. La sœur était une traître à son sang, tout comme leur père l’avait été. La pomme pourrie avait contaminé la branche, et rien n’assurait encore que Carey ait été épargnée par la souillure.
Mais, plutôt que de feindre l’ignorance ou même hésiter, l’apprentie sorcière eut une réaction spontanée et, même, décidée. Dans un faible éclat de lumière, deux lettres apparurent sur la table qui les séparait, vers lesquelles le regard d’Alceste bifurqua. Elle adoptait la meilleure des réactions. Sa coopération lui attira une œillade presque bienveillante, tandis que d’un geste délicat, Alceste tendait la main vers la lettre d’Elya pour s’en emparer.
La deuxième et troisième lecture de la lettre d’Elya ne lui apportait pas davantage d’informations que la première. Elle était probablement auprès de celui qui l’avait corrompue. C’était seulement ce qu’elle pouvait présumer au vu des quelques lignes qu’elle avait écrit, mais rien n’était moins sûr. Les traîtres à leur sang pouvait-ils avoir accueilli la fille Black au sein de leur manoir ? Si tel était le cas, il ne serait pas évident de s’en assurer. Sonner à leur porte après l’attaque qu’elle avait elle-même perpétré aurait été particulièrement culotté. Et bien trop compromettant.
Tout en réfléchissant, lady Gaunt avait relevé les yeux des parchemins qu’elle gardait pourtant entre les mains. Son regard allait d’un point imaginaire à un autre, quelque part au-dessus de la tête de Carey, à laquelle elle ne prêtait plus attention. Puis, finalement, elle reposa calmement les papiers sur la table et croisa les mains sur ses jambes. La jeune fille lui avait posé une question et, pour une fois, Alceste voulait bien consentir à y répondre. Alors, elle ramena son regard sur elle et, la fixant dans les yeux, lui raconta, comme elle l’avait fait la veille à Janus, le détail de tout ce qu’elle savait de l’histoire. Elle mentionna Aïlin, ne cacha pas les craintes qui avaient poussé Cathleen à cloîtrer l’héritière Black, l’effarement et la déception qui avait frappé leur grand-mère en découvrant l’odieux mensonge de la jeune Black. Elle mentionna l’engagement rompu d’Elya auprès de Janus et, bien sûr, du poids qu’elle faisait peser se faisant sur la dernière héritière des Black, sur Carey, qui était la seule jeune femme parmi les Black sur laquelle il était encore possible de compter. Elle laissa ensuite passer un silence, profitant de ce moment pour boire une gorgée légèrement refroidie de son thé, lui laissant le temps de digérer toutes les informations qu’elle lui avait fourni.
« La famille est ce qu’il y a de plus important au monde, Carey. C’est un fait que j’ai toujours soutenu et que je persisterai à soutenir. Il n’y a pas soutien plus fort, pas attachement plus profond que les liens qui nous unissent par le sang. Aussi, l’attachement qui te lie à ta sœur doit ce soir t’apparaître déchirant. Car Elya nous a trahi. Elle nous a tous trahi, et elle t’a abandonné. Toi, l'être qui devrait lui être le plus cher. »
D’un mouvement, Alceste s’approcha de Carey, prenant appui sur le rebord de son siège et inclinant légèrement le buste vers elle.
« Sache, Carey, que si ce soir, tu me rapportes un propos qu’elle aurait tenu et qui puisse nous aider à la retrouver, ce n’est pas toi qui serais auteure d’une traîtrise à son égard. Au contraire, tu agirais pour son bien. Les Bower sont d’une fourberie et d’un égoïsme que tu ne t’imagines pas. Ils n’ont ni le sens de la famille, ni conscience de la valeur du sang. Ils n’ont d’attrait que pour la richesse et le vice et seraient les pires alliés qui se puissent trouver. Je doute fort que le sang-mêlé qu’est le fils vaille mieux que son traître à son sang de père. Auprès de lui, Elya est exposée à l’humiliation, à la déchéance et à une vie misérable. Il serait déjà miraculeux de lui trouver un parti susceptible de vouloir encore d’elle s’il s'apprenait la terrible erreur qu’elle est en train de commettre, mais tout espoir n’est pas encore perdu si nous la retrouvons au plus vite et que cela ne s’ébruite pas. »
Carey ne savait peut-être rien, comme elle l’avait dit plus tôt. Ou, peut-être, avait-elle une petite idée de la raison pour laquelle sa sœur avait ainsi perdu l’esprit. Peut-être s’était-elle un jour confiée, peut-être avait-elle eu un comportement qui avait laissé soupçonner quelque chose… Car, il y avait tout de même un grand mystère dans toute cette histoire. Pourquoi Elya avait-elle feint de partir en Allemagne pour mieux s’évader, le temps de quelques jours, avec le bâtard ? Qu’avaient-ils été faire ? La supposition la plus évidente était la plus écœurante, mais malgré le peu d’estime qu’Alceste avait pour Elya, elle ne pouvait pas croire qu’elle puisse s’oublier à ce point. Elle lui était, jusqu’alors, apparue comme une jeune femme de sang-froid, réfléchie.
« Je te le demande pour ta grand-mère, et ce que tu me répondras sera gardé secret pour toute la famille. Il est cependant nécessaire que nous sachions. T’a-t-elle parlé du moindre projet, avec ce Bower ou sans lui ? T’a-t-elle semblée étrange ? Peut-être était-elle ailleurs, ou son comportement aurait changé ? Je ne te cacherais pas que c’est une théorie qui me convainc peu, mais on ne peut exclure qu’elle ait été victime d’un envoûtement. Humilier une jeune femme et détruire sa vie pour affaiblir le reste de sa famille serait une pratique qui ne m’étonnerait guère de lord Bower et de son engeance. »
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Re: S'allier ou se trahir. par Mer 11 Jan - 19:51
Assise sur le bout du fauteuil, le dos bien droit, Carey avait les yeux fixés sur Alceste, attendant une réaction. Allait-elle lire quoi que ce soit qui éveille un écho dans son esprit ? Avait-elle des informations concernant l'endroit où se trouvait Elya ? Impossible de le savoir, mais la maîtresse des serpents semblait entièrement concentrée sur sa lecture.
La cadette des Black buvait sa tasse de thé à petites goulées. La visite de sa grande-tante lui faisait se poser des questions auxquelles elle n'avait pas encore songé. Selon elle, sa sœur était partie, pour des motivations certes inconnues, mais elle allait enfin obtenir tout ce qu'elle avait toujours si ardemment désiré. Mais il semblait maintenant évident que Cathleen ne laisserai pas les évènements prendre cette tournure si chère à Elya, et qu'elle ferait tout ce qui était en son pouvoir pour la retrouver. Seulement, Carey avait-elle réellement envie de la revoir ? Que pourrait-elle bien lui dire ? Quand bien même sa sœur aînée aurait été pardonnée pour sa fuite - ce qui lui paraissait hautement improbable -, comment pourrait-elle croiser son regard en sachant qu'elle ne désirait rien d'autre que de s'échapper, de partir le plus loin possible d'elle et de ceux qui l'avaient élevée depuis son plus jeune âge ?
Lady Gaunt avait terminé sa lecture, et elle reposa les lettres sur la table, le visage toujours impassible. Pour la première fois peut-être, la Serpentarde avait le sentiment d'être considérée comme une adulte à part entière. Elle avait toujours été informée des grandes affaires concernant sa famille, mais jamais encore on ne l'avait conviée à participer à quoi que ce soit. Elle avait attendu ce moment pendant longtemps. Elle songeait seulement avec amertume qu'il était bien dommage que son entrée dans le monde des adultes consiste à se retourner contre sa sœur. Elya aurait-elle été fière d'elle, dans d'autres circonstances ? Cela semblait peu envisageable. Carey imaginait sans peine le regard peiné et réprobateur que son aînée aurait posé sur elle, déçue de la voir si à l'aise et enthousiaste auprès de cette famille qu'elle-même ne pensait qu'à quitter.
Alceste lui raconta dans le détail tout ce qu'elle savait d'Elya et de sa fuite. La jeune femme apprenait des choses qu'elle n'avait jusqu'alors que soupçonné. Elle savait que, quelques mois auparavant, sa sœur ne s'était pas rendue en Allemagne, mais était partie avec Aïlin Bower dans un endroit inconnu de tous. Carey n'avait pas eu grand mal à deviner le nom de ce dernier, à partir des cris furieux de Cathleen au retour d'Elya. Elle ne connaissait pas le jeune homme. Elle se souvenait vaguement de lui à Poudlard, et l'avait recroisé presque un an plus tôt à la Fête de la Concorde, mais rien de plus. Elle savait simplement que sa famille, et plus particulièrement son père, n'était pas tenue en très haute estime par sa Grand-mère, mais qu'il était sans doute un proche ami de sa sœur. À croire que, insatisfaite de la famille qui lui avait été donnée, Elya avait décidé de s'en constituer une autre, à sa mesure... Mais aujourd'hui, l'aînée des sœurs Black était en fuite. Etait-ce dû à tout ce qu'on avait pu lire ces derniers temps dans la Gazette sur la famille des Bower ? Un seul homme aurait-il pu motiver sa trahison ? Cela aurait sans doute rendu l'acte d'Elya encore plus stupide qu'il ne l'était déjà mais, intuitivement, Carey était certaine qu'aucun homme n'avait à voir dans cette histoire. Elle connaissait les convictions de sa sœur, et ce qui semblait être une folie avait sûrement été mûrement réfléchi. Et cela rendait son départ encore plus douloureux.
Puis, sans crier gare, Lady Gaunt mentionna l'engagement qui liait Elya à son fils Janus jusqu'alors. Pas une seule seconde Carey n'y avait songé. Elle comprit immédiatement de quoi il s'agissait lorsque sa grande-tante parla du poids du devoir qui reposait à présent sur ses épaules, et son visage afficha une certaine surprise. Jamais encore on ne lui avait parlé sérieusement de son mariage. Même pour sa sœur, le sujet ne lui avait jamais semblé très concret. C'était seulement une sorte de projet lointain, qui viendrait en son temps. Mais à présent... Elle, mariée à Janus ? La jeune femme ne savait que penser. Elle savait que se marier par amour était impossible, cela allait de soi, mais elle avait toujours cru que Cathleen lui trouverait bon parti d'à peu près son âge, d'une famille pure, et que son mariage renforcerait des liens politiques. Rien de plus. Mais Janus... Il avait le double de son âge. Elle ne le connaissait pas vraiment, et sans doute ne l'avait-il jamais remarqué lui-même. Elle savait juste qu'il était d'un charisme glacial, et que les rumeurs qui couraient à son sujet étaient plus que terrifiantes. D'un côté, Carey savait qu'elle aurait dû être accablée par cette nouvelle, et elle l'était en partie, même si son visage n'en montrait rien. Quelle femme aurait voulu se savoir condamnée à épouser un homme sadique et calculateur, qui semblait n'avoir que du mépris pour les femmes qui n'étaient ni sa mère, ni sa sœur ? Mais de l'autre côté, une voix légèrement malsaine lui susurrait que la fuite d'Elya lui offrait le meilleur parti possible pour une jeune fille de son rang. Aurait-elle pu rêver mieux que le dernier héritier de Salazar Serpentard en personne ? Elle se demandait quelle avait été la réaction de sa grande-tante lorsqu'elle avait appris qu'elle serait l'épouse du redoutable Arnald Gaunt... Prise d'un doute soudain, elle failli ouvrir la bouche pour dire à Alceste qu'elle ne pensait pas être Fourchelang, mais elle se retint à temps. Ce n'était absolument pas le sujet de la conversation.
« La famille est ce qu’il y a de plus important au monde, Carey. C’est un fait que j’ai toujours soutenu et que je persisterai à soutenir. Il n’y a pas soutien plus fort, pas attachement plus profond que les liens qui nous unissent par le sang. Aussi, l’attachement qui te lie à ta sœur doit ce soir t’apparaître déchirant. Car Elya nous a trahi. Elle nous a tous trahi, et elle t’a abandonné. Toi, l'être qui devrait lui être le plus cher. »
Le cœur de Carey se serra soudainement à l'entente des paroles d'Alceste. Elle disait tout haut ce qu'elle-même avait pensé tout bas depuis deux jours. Peut-être la maîtresse des serpents essayait-elle simplement de la gagner à sa cause, c'était même fort probable, mais c'était tout de même un réconfort pour la jeune femme d'entendre enfin quelqu'un qui semblait - ou feignait - de la comprendre. Elle avait toujours pensé que rien n'était plus important que la famille, mais manifestement, Elya n'avait jamais partagé cette conviction.
Elle hocha doucement la tête, les lèvres serrées, son regard polaire plongé dans celui d'Alceste. Les questions de cette dernière la laissèrent silencieuse, le visage fermé. Ses sourcils se froncèrent.
Savait-elle quelque chose ? Ses grands yeux balayèrent la pièce tandis qu'elle réfléchissait. Il y avait bien quelque chose, en effet, mais elle n'était pas certaine de vouloir en parler. C'était un secret, comme elle en avait si peu partagé avec sa sœur. Et Elya, même sous la torture de Cathleen, avait tout fait pour le garder. C'était un pas à franchir, peut-être un de trop. Jamais Elya ne lui pardonnerait d'avoir avoué cela à Alceste. Mais elle-même lui pardonnerait-elle un jour de l'avoir abandonnée ? Sans doute pas. La réticence qu'elle éprouvait à présent montrait à Carey que, malgré sa trahison, elle ressentait toujours un certain devoir de loyauté pour sa sœur. Même si Elya n'avait jamais rien fait pour le mériter.
La jeune femme reporta son regard sur Lady Gaunt qui attendait, le buste légèrement penché vers elle.
« Je... », souffla-t-elle d'une voix qui lui parue un peu trop aiguë. Elle inspira et aussitôt, son visage retrouva son apparence déterminée. « Il y a peut-être quelque chose, oui... Une idée dont Elya m'avait parlé il y a quelques mois... »
Carey ne savait plus par où commencer. Elle avait l'impression que ses propres paroles la déchiraient, et pourtant, elle aurait voulu pour tout cracher au plus vite, se débarrasser de cet ignoble secret, pourtant si cher à Elya. Mais Elya n'était plus là. Le regard de la Serpentarde s'assombrit à cette pensée et, se redressant machinalement sur son fauteuil, elle reprit son récit d'une voix plus assurée.
« Elya m'avait donné rendez-vous à Pré-Au-Lard. Elle avait l'air plutôt excitée, mais aussi un peu anxieuse. Elle m'a annoncé qu'elle venait de découvrir que son père était en vie, et qu'elle savait où le trouver. Qu'elle voulait le rencontrer. Mais je ne sais rien de plus. Comment elle l'a apprit, ou si elle l'a réellement fait. Je n'ai pas réagi de la façon dont elle l'espérait, alors nous avons clos cette conversation. Elle a toujours été différente de moi, de Cathleen. Cela a commencé par sa maison à Poudlard, mais même cela, tout nous a toujours séparées. Nous ne partagions pas beaucoup, finalement. »
La jeune femme observa Alceste. Est-ce que cette dernière savait que Drew Black était vivant ? Cathleen n'avait jamais jugé bon de parler de leur géniteur à ses petites-filles, et tout ce qu'elles avaient su, elles l'avaient apprit par de lointains membres un peu trop indiscrets de leur famille, ou par des bruits de couloirs.
Avouer le secret d'Elya la mettait mal à l'aise. Malgré ce qu'avait dit Lady Gaunt, elle avait tout de même l'impression de la trahir et, pire que tout, elle avait aussi le sentiment d'être coupable. Sa sœur avait-elle fuit pour retrouver son père ? L'avait-elle déjà retrouvé avec Aïlin, plusieurs mois auparavant ? Elle lui avait laissé certains indices, mais de quoi pouvait-elle être sûre ? Carey se racla la gorge.
« Je n'en ai jamais parlé. Je m'en excuse. Si Elya croyait Drew mort, ce n'a jamais été mon cas. Elle m'a proposé de venir avec elle. - Un sourire dur naquit sur ses lèvres. - Pourquoi aurais-je accepté ? Il n'est rien pour moi. Ce n'est pas un homme digne d'être mon père. Si Cathleen a jugé bon de l'éloigner de nous, c'est à raison, jamais je ne remettrai en question ses décisions. Je n'ai jamais pensé qu'Elya le rencontrerait véritablement. Cela me semblait impossible... - Son regard sembla perdu un instant avant de revenir se poser sur ses mains d'un air légèrement coupable. - Si j'ai tu une information qui aurait pu empêcher sa fuite, j'en suis désolée. J'espère que celle-ci vous sera utile. Je ne pense rien savoir de plus à son sujet, Madame. »
- Préfète-en-Chef de Serpentard
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Re: S'allier ou se trahir. par Sam 14 Jan - 13:35
Face à sa grande-tante, Carey semblait bien incertaine. Son visage jusqu’alors si digne avait trahi la surprise suscitée par le discours d’Alceste à propos des engagements qu’Elya abandonnait sur les épaules de sa cadette, et à présent, elle cherchait ses mots. Elle semblait en proie à un dilemme, qu’Alceste lui laissa le temps de résoudre, sans broncher. Elle en avait déjà trop dit, de toute façon, et quoi qu’il arrivait, la maîtresse des Serpents la ferait parler, d’une façon ou d’une autre. Il ne faisait aucun doute qu’elle soupçonnait quelque chose et lady Gaunt appréhendait la suite. Non pas qu’elle s’inquiétait pour Elya, dont la trahison ne l’étonnait pas, mais elle se faisait plus de souci pour Cathleen. La sorcière, de quelques années son aînée, était une femme estimable qui ne méritait pas la malchance qui s’était abattue sur sa famille.
Carey parla et Alceste lui octroya toute son attention. Ses yeux en amande, fixes comme ceux d’un serpent, ne quittèrent plus le visage juvénile de son interlocutrice, et seul un léger mouvement de son pouce, glissant machinalement sur ses ongles repliés vers la paume de sa main, trahissait l’impatience et la nervosité camouflée de la mère des Serpents.
Le père. Drew Black. À peine fut-il mentionné qu’Alceste se redressa pour s’enfoncer lentement dans le dossier de son fauteuil, tout en prenant une profonde inspiration. Drew Black. L’immense déception.
Alceste se rappelait bien de ce jour où Cathleen lui avait appris la faute impardonnable de son héritier. Le choc avait été immense, pour l’une comme pour l’autre. Lady Black, que son amie avait toujours connue si forte, si impassible, avait été effondrée. Oh ! Bien sûr, elle ne l’avait pas montré par les plaintes et par les larmes, elle qui était d’une dignité exemplaire en toutes circonstances, mais la douleur qu’Alceste avait lu dans ses yeux n’avait pas été feinte. Drew avait certainement brisé le cœur de sa mère en trahissant celle-ci et, avec elle, l’intégralité de ses ancêtres.
« Que vas-tu faire ? » avait demandé Alceste à son amie, n’osant demander explicitement si elle comptait le tuer. La lady s’était mise à la place de Cathleen, et la seule perspective de découvrir une trahison de Janus, l’obligeant à l’éliminer de l’arbre généalogique, l’avait plongée dans un effroi abyssal. Elle avait compati, sincèrement, et n’avait pas prononcé la moindre critique quand Lady Black avait pris la décision d’exiler Drew plutôt que de le tuer. La Nott qu’elle fut aurait pu, en effet, faire preuve d’une telle sévérité.
Ce jour-là, la promesse qu’elles s’étaient faite l’une et l’autre d’unir, d’une façon ou d’une autre, leurs enfants, était devenu un poids terrible pour Alceste. Peu après le mariage de la jeune Lady Nott, Alceste avait promis à cette dernière une fille pour son héritier si Morgane lui permettait d’en mettre une au monde. Et, en échange, Cathleen avait promis de même, si d’aventure la première union ne pouvait point se faire. D’une façon ou d’une autre, Black et Gaunt se mêleraient de nouveau. Mais les fausses-couches de lady Gaunt se multiplièrent, et Cathleen mit au monde un garçon, de même qu’Alceste, quelques années plus tard. Quand Despina vint au monde, Drew était déjà un jeune homme promis à une autre, comme personne n’attendait plus d’Alceste qu’elle parvienne encore à mettre un terme un enfant.
Janus avait grandi, et le regard d’Alceste s’était tourné vers la progéniture de ses frères, où elle était certaine de voir apparaître une fourchelang. Hélas, Silvanus n’eut jamais la moindre descendance avec son épouse avant que celle-ci ne rende son dernier souffle, et Lugus mit au monde un héritier. Elizabeth ne s’était plus jamais révélée fertile ensuite. Ni les Carrow, ni les Nott, ni les Berk n’engendrèrent de fourchelang, et nulle promise ne fut trouvée à Janus. Il ne resta plus que le serment fait entre deux jeunes amies, et les deux filles que laissait Drew dans sa fuite.
Elya venait de réaliser la pire crainte d’Alceste. Se révéler être un fruit aussi pourri que son traître de père, alors qu’elle était promise à l’unique héritier de Salazar Serpentard. Père qu’elle souhaitait désormais retrouver.
Alceste était demeurée silencieuse. Elle avait légèrement pâli et son visage ne trahissait aucune des émotions susceptibles de la traverser. Ses mains étaient à présent crispées sur les accoudoirs de part et d’autre d’elle, et ses yeux, qui avaient légèrement dérivé, bifurquèrent de nouveau sur Carey lorsque celle-ci se racla la gorge.
Lorsque la jeune femme s’excusa, lady Gaunt s’efforça de se détendre. Ses doigts se relâchèrent et elle secoua légèrement la tête, puis elle expira doucement la gorgée d’air qu’elle avait retenu trop longtemps dans ses poumons.
Au moins, la cadette Black se révélait être assez digne et méritante pour elle et sa sœur.
« Tu as bien agi, Carey. Évidemment, tu aurais dû en alerter ta grand-mère sitôt qu’Elya t’a parlé de ce projet, mais elle comprendra comme moi que tu aies voulu ramener ta sœur à la raison avant de l’exposer aux remontrances. »
La voix d’Alceste était à présent nerveuse. Elle parlait avec plus de précipitation qu’auparavant, et dans ses mots se mêlaient un surprenant accent fourchelang, qui faisait siffler ses phrases comme si elle s’exprimait à l’un de ses serpents.
« La fuite d’Elya s’éclaire sous un nouveau jour… » murmura-t-elle alors qu’elle pensait tout haut.
Mais qu’est-ce que ce Bower venait donc faire dans toute cette histoire ? Il manquait une clé susceptible de fournir une suite logique à toute cette histoire.
De ce qu’elle savait, le bâtard était du même âge que son neveu Magnus, plutôt que de l’âge d’Elya. Avaient-ils pu être de la même Maison à Poudlard ? Alceste l’ignorait, et interrogerait le jeune homme à ce sujet. Une théorie se dessinait dans son esprit, cependant. Celle qu’Aïlin avait été celui ayant rapporté la nouvelle à Elya, après avoir découvert, d’une façon mystérieuse, le secret des Black. Le but de la manœuvre était évident, et typique de cette famille perfide et sans scrupule. Perdre la jeune femme avait été facile. L’histoire se tenait. Et la fuite d’Elya quelques jours seulement après la mort de Lynn prouvait le lien subtil des Bower dans toute cette affaire.
Quoi qu’il en fut, Alceste ne pouvait rien faire sans consulter Cathleen. La décision concernant le cas d’Elya lui appartenait, mais aux yeux de la Maîtresse des Serpents, ce qu’avait fait l’héritière Black était bien plus grave encore que les agissements pervers de son géniteur. Elle avait trahi sa famille, renié leurs valeurs, désobéi à sa grand-mère et s’était acoquinée avec le fils d’un traître à son sang. La faute était terrible et les répercussions seraient immenses. Si Janus, dédaigné pour un sang-mêlé, retrouvait Elya en premier, ni Cathleen, ni Alceste ne pourraient rien faire pour réfréner la fureur de l’héritier de Salazar. D’ailleurs, quelle qu’était l’estime qu’elle portait à Ladyship Black, la seconde n’escomptait pas s’opposer à son fils et sa juste colère.
« Ta grand-mère t’a demandé de ne pas entrer en contact avec ta sœur, et à la réflexion, elle a certainement bien fait. Elya cherchera à te déstabiliser et te rallier à ses idées déviantes. Elle s’est gravement perdue, et tu n’y peux plus rien désormais. La seule chose que tu puisses faire est de te montrer digne de tes ancêtres et de l’héritage que tu portes. »
Machinalement, Alceste récupéra son thé, sans pour autant le boire. Elle joua avec la anse de sa tasse tout en évaluant la dernière née Black d’un œil scrutateur, tout en se rappelant, à travers l’attitude de la jeune Black, sa propre jeunesse et les tourments qui accompagnaient cette période.
« Tu as douté, je le sais. Je l’ai vu lors de notre dernière rencontre. Tu as certainement douté du bienfondé de nos agissements, peut-être aussi de la valeur des devoirs dont tes aïeux t’accablent, mais le doute n’est pas une faute en lui-même, tant qu’il te mène à prendre conscience de ta propre valeur, et de l’importance de suivre la voie de tes ancêtres. Le poids de la responsabilité peut être effrayant. Je le sais, j’ai eu ton âge, et j’étais bien plus jeune encore lorsque mon destin m’a été révélé. Mais il y a quelques mois, j’ai parlé à une enfant tandis qu’aujourd’hui, je constate que je m’adresse à une jeune femme, intelligente et solide. Il y a beaucoup de Cathleen en toi. Aussi, ne te laisse pas influencer par les sentiments malvenus susceptibles de te faire vaciller. Honore les sacrifices et le dur labeur qu’a fait ta grand-mère pour faire de toi une Black digne de ce nom. Ta naissance te promet de devenir une grande sorcière et tu le deviendras si tu acceptes ta destinée. Nous sommes celles de qui naissent les grands noms de l’histoire, mais nous ne sommes pas que des mères et des épouses. Par la qualité de notre sang, et pour faire honneur à nos grands ancêtres, nous nous devons d’être les meilleures sorcières du monde magique. Nous veillerons sur toi, Carey. Oublie Elya, ton avenir est plus grand que le sien. »
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Re: S'allier ou se trahir. par Ven 3 Mar - 0:26
Le cœur de Carey battait à tout rompre dans sa poitrine, elle l'entendait résonner jusque sous son crâne, un battement sourd et désordonné qui l'assourdissait. Un goût de bile semblait lui monter de la gorge et ses doigts serraient nerveusement un des plis de sa robe. Les mots étaient sortis de sa bouche, certes hésitants, mais ils étaient sortis et rien ne pourraient plus les rattraper. De nombreuses fois, durant son enfance, la jeune femme avait eu un malin plaisir à attirer des ennuis à Elya, comme toute petite sœur jalouse l'aurait fait par pure mesquinerie. Mais ces chamailleries de gamines lui semblaient bien loin à présent. Elles avaient toujours été différentes, s'étaient finalement toujours très peu entendues et n'avaient quasiment presque rien partagé. Chacune avait établie autour d'elle une muraille infranchissable et s'était souvent drapée dans le mépris pour tenir l'autre à l'écart. Mais jamais cela n'avait été si loin. Un souvenir lui vint à à l'esprit. Une dispute, un éclat de lumière, une douleur atroce, un jet de sang. Cette fois-là, cela paraissait être si lointain, c'est physiquement qu'Elya l'avait blessée. La Serpentarde en gardait une fine cicatrice, qu'elle oubliait parfois. Mais aujourd'hui, tout était différent. Et à la lumière des paroles d'Alceste, Carey se demandait si la blessure que lui avait faite sa sœur aînée deux jour plus tôt cicatriserait un jour.
D'une certaine façon, elle ne demandait pas mieux. La jeune femme avait toujours eu cette capacité à mettre froidement les problèmes à distances, jusqu'à ce qu'ils ne deviennent plus rien. C'était ce qui s'était passé avec Drew. Parler de lui ne lui faisait même plus mal, ce n'était qu'un problème qu'elle avait repoussé jusqu'à ce qu'il n'est plus d'importance à ses yeux. Mais Elya... Un frisson lui parcouru l'échine. Malgré leurs désaccords constants, elle avait toujours été là. Comme une habitude à laquelle elle n'avait jamais vraiment prêté d'attention. Elles se croisaient à Poudlard au détour d'un couloir, échangeaient un regard qui ne disait rien, mangeaient face à face au Manoir, en silence. Ce n'était rien, et pourtant, savoir que cela n'arriverait plus lui laissait comme un trou immense au milieu de la poitrine.
Elya avait fuit, ébréchant ainsi ce qu'il y avait entre les deux sœurs mais, en révélant son secret à Alceste, Carey avait tranché net le peu qu'il leur restait. Pour la première fois peut-être, la cadette des Black songeait qu'aucun retour en arrière ne serait jamais possible.
En face d'elle, Alceste semblait plongée dans de bien sombres pensées, enfoncée dans le dossier de son fauteuil et le regard perdu dans le vide. La Serpentarde se demandait quelles conclusions sa grande-tante pouvait bien tirer des informations qu'elle venait de lui donner.
Carey, derrière sa tasse de thé, en profita pour l'observer. Lady Gaunt était sans aucun doute une des sorcières les plus puissantes qu'elle connaissait. Ses connaissances magiques paraissaient infinies, mais elle était également la femme de l'homme le plus craint de Grande-Bretagne. Cela semblait être beaucoup de pouvoirs pour une seule personne, et la jeune femme était impressionnée par la capacité que sa grande-tante avait de diriger tout cela d'une main de fer. Un peu comme Cathleen d'ailleurs. Son cœur se serra en pensant à sa grand-mère. Elle n'avait toujours pas répondu à sa lettre et Carey ne savait donc pas comment elle réagissait à toute cette histoire. Aussi étonnant que cela puisse paraître, même si Cathleen était forte et solide, la jeune femme s'inquiétait pour elle et même si elle n'aurait rien pu faire pour l'aider, elle aurait voulu être à ses côtés.
La voix d'Alceste la tira de ses pensées et la Serpentarde lui accorda de nouveau toute son attention.
« Ta grand-mère t’a demandé de ne pas entrer en contact avec ta sœur, et à la réflexion, elle a certainement bien fait. Elya cherchera à te déstabiliser et te rallier à ses idées déviantes. Elle s’est gravement perdue, et tu n’y peux plus rien désormais. La seule chose que tu puisses faire est de te montrer digne de tes ancêtres et de l’héritage que tu portes. »
Ainsi, à présent Elya était l'ennemie. Malgré sa trahison et toute la colère qu'elle ressentait à son égard, Carey se pouvait s'empêcher de penser que jamais sa sœur ne lui voudrait réellement de mal. Sans vouloir lui chercher d'excuses, elle se disait simplement qu'Elya était partie en pensant à elle-même, mais pas à cause de sa sœur. Un instant, la jeune femme se demandait ce qu'il se passerait si elles se retrouvaient de nouveau face à face. Il lui paraissait inconcevable de faire du mal à Elya, elle préférait que leurs routes se séparent sans un mot, mais son aînée serait-elle du même avis si elle découvrait qu'elle était celle qui avait trahi son secret ?
Alceste évoqua les doutes de Carey, et la jeune femme baissa honteusement les yeux. C'était pourtant vrai. Pendant quelques temps, elle avait été tentée de croire Elya et toutes ses belles idées, mais la réalité l'avait très vite rattrapée. Elle n'était pas Elya. Jamais elle ne trahirait son nom.
Elle releva la tête lorsque sa grande-tante lui parla du poids de son destin. Elle était toute ouïe. Le discours d'Alceste l'enflammait de l'intérieur, à la fois excitée et terrifiée de voir que ses plus grandes espérances étaient sur le point de se réaliser. Elle avait toujours voulu être un des piliers de sa famille, une grande sorcière, et elle travaillait chaque jour un peu plus dur que le précédant pour atteindre son but. Elle misait tout sur son avenir, et celui que lui prédisait Alceste était encore plus grand que tout ce qu'elle avait pu imaginer jusque là.
« Vos paroles me touchent plus que vous ne pourriez l'imaginer lady Gaunt, et je tacherai de suivre vos conseils pour honorer de mon mieux les valeurs de notre famille. » déclara-t-elle d'une voix ferme qui trahissait cependant la vive émotion qu'elle ressentait d'être enfin considérée comme une sorcière à part entière et non plus comme une enfant. Elle laissa passer un moment de silence avant de se rappeler qu'au départ, Alceste n'était pas venue pour elle. « Puis-je vous être utile en quoi que ce soit d'autre Madame ? »
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Re: S'allier ou se trahir. par Sam 11 Mar - 12:27
Écoutant la promesse d’engagement de la jeune femme, Alceste acquiesça puis porta, sans réelle envie, son thé à ses lèvres. La chaleur du breuvage apaisa légèrement cette tension sous-jacente qui ne la quittait pas depuis le début de cette conversation.
Elle aurait beaucoup à dire à Cathleen. Non comptant de lui rapporter ce que sa petite-fille lui avait appris, Alceste devrait s’entretenir avec son amie d’enfance du futur de Carey. Rien ne semblait plus s’opposer à ce qu’elle devienne la future Lady Gaunt, pas même Carey elle-même. Elle aurait eu des raisons, pourtant, de s’en effrayer. L’inconnu prenait parfois des dimensions effarantes, et la différence d’âge entre son promis et elle était un détail non négligeable. Il était largement temps que Janus épouse une sang-pur. Il était plus que temps qu’il donne aux Gaunt une nouvelle descendance. D’une certaine façon, la jeunesse de Carey était une aubaine. Elle aurait de nombreuses années devant elle pour enfanter, et cela augmentait ses chances de mettre au monde plusieurs enfants viables et, surtout, un garçon. Entourée de deux sorcières telles que Cathleen et Alceste, Carey aurait toutes les chances de voir ses grossesses soldées par l’éveil d’une vie. Une génération s’était passée, de nouvelles découvertes avaient été faites et les soins qu’on prodiguait aux femmes et à leurs enfants à naître s’était améliorés. Désormais, Alceste avait bon espoir.
Pourtant, maintenant que le mariage de son fils devenait concret, l’actuelle lady Gaunt ne put s’empêcher de ressentir une pointe d’angoisse. Les nouvelles générations venaient remplacer les précédentes, et quand bien même Alceste avait le sentiment que sa vie était loin d’être achevée, elle ne pouvait s’empêcher d’imaginer que ce qui était à venir la mettrait de côté. Le souvenir encore amère de sa propre belle-mère vint lui glacer le sang. Mais, surtout, la perspective de voir l’ensemble de ses devoirs vis-à-vis de sa famille prendre fin dans la consécration d’une nouvelle Gaunt lui noua la gorge. Et après ? Ne put-elle s’empêcher de penser. Mais, heureusement, la question de Carey la ramena à des considérations plus immédiates.
La sorcière hocha la tête et bu une nouvelle gorgée de thé, davantage pour se débarrasser de ses propres angoisses que pour répondre à la jeune femme. Puis, abaissant sa tasse près de ses genoux, elle planta son regard dans celui de Carey.
« Il n’y a rien de plus, pour le moment. Je transmettrai les faits que tu m’as rapporté à ta grand-mère. Elle seule décidera de ce qu’il adviendra. Nous parlerons également de ton avenir. Si tu as une parole à transmettre à parente, sens-toi libre de me la confier. Je suis sûre qu’elle appréciera savoir que sa petite-fille l’approuve et la soutient. »
C’était la fin de ce court entretien. Alceste n’avait plus rien à apprendre, ni à dire tant qu’elle n’avait pas pris de décision définitive avec Cathleen. Aussi se leva-t-elle, non sans poser d’abord sa tasse presque vide. D’un geste élégant, elle pointa sa baguette vers le col de sa cape pour en rajuster le port, et la faible lumière de son sort fit briller le bouton d’argent massif orné du serpent de Salazar qui accrochait sa cape autour de sa gorge.
Néanmoins, la sorcière regardait toujours Carey, la laissant libre de parler ou de lui poser une dernière question. Beaucoup de changements allaient bousculer le train de vie de la jeune femme. Sa sortie de Poudlard serait déjà un évènement en soi, mais des responsabilités bien plus grandes que la plupart de celles portées par d’autres jeunes femmes de son âge viendraient très vite transformer sa vie. Elle avait au moins la chance de profiter, elle, du soutien et de la protection de celle qui deviendrait sa belle-mère. Un soutien sur lequel n’avait pas pu compter Alceste, pour sa part.
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