La mort attire la Mort par Dim 5 Juin - 22:52
Dans son dos, le clavecin résonnait sous le doigté délicat de Lynn, qui suivait avec une patience contrainte les directives de son professeur de musique. Il pouvait deviner ses soupirs sans même qu’elle ne les pousse lorsque la baguette du musicien frappait la pointe de ses doigts dès qu’elle perdait le rythme de la composition.
Non loin de là, le maître de maison laissait son épouse rajuster la cravate à son cou. Son regard perçant était braqué sur la benjamine, une moue méprisante retroussant ses lèvres.
« Quand seras-tu capable de conserver le rythme ? Ta propension à toujours vouloir aller trop vite te perdra, jeune fille. »
Sans quitter le nez de son grimoire, Aïlin roula des yeux. Dans un instant, le regard pesant de son géniteur allait passer sur lui. Voilà, ça y était. Il sentait la brûlure de ses yeux dans sa nuque, comme deux pinces chauffées à blanc qu’on aurait approché de son dos.
« Quant à toi, je t’interdis de quitter le manoir pendant mon absence. Je serai de retour dans deux jours. Tu ne brilles pas par ton dynamisme depuis des semaines, cela ne devrait pas perturber tes habitudes… »
Le marquis pouvait y mettre tout le dégoût qu’il voulait, cela ne fit pas même sourciller Aïlin, quand bien même le reste de la famille se raidit. Le professeur de musique estima que la leçon était finie pour aujourd’hui et s’effaça aussi discrètement que les convenances le lui permettaient. L’instant d’après, seul le bruit de la page que l’héritier Bower tournait interrompit le silence.
« Réponds-moi, quand je te parle, gronda Devin entre ses dents serrées.
— Hélas, je suis attendu chez les Longbottom, ce soir. Il me faudra donc passer outre votre interdiction, consentit à répondre Aïlin avec la plus parfaite désinvolture.
Il ne fallut pas davantage pour que l’ambiance déjà pesante tourne à l’orage.
« Je te préviens, Aïlin. Si tu quittes ce manoir, ta petite escarmouche avec le vampire sera une aimable conversation en comparaison à ce que je te réserve en conséquence. N’as-tu jamais eu la moindre conscience de ton devoir ?! Combien de fois vais-je devoir te répéter que le manoir ne doit pas rester sans surveillance ! Quoi qu’il m’en coûte, tu es mon héritier et tu as les responsabilités que cela incombe.
— Et combien de fois vous répondrais-je que le manoir n’est jamais sans surveillance ? Combien d’enchantements avez-vous ajouté encore, dernièrement ? Si une menace frappe à la porte sans avoir été retenue par les protections de notre demeure, je doute qu’il y ait quoi que ce soit en mon pouvoir qui me permette de l’arrêter. Parlant de devoir, j’ai aussi conscience qu’on ne décommande pas l’invitation d’une grande famille au dernier moment.
— Tu restes ici ! »
Devin avait véritablement hurlé. Une veine palpitait soudain à sa tempe et ses pupilles dilatées le rendaient pareil à un prédateur prêt à bondir. Tremblante, Bronach rejoignit Lynn, qu’elle prit par le bras pour quitter la pièce avec elle. Aïlin, quant à lui, releva un regard aussi sombre que ses lourds cernes noirs sur son père.
« Que craignez-vous, au juste ?
— Tu n’as pas à le savoir, seulement à m’obéir, vociféra Devin en s’approchant. Je t’ai donné de nombreuses occasions de prendre ta place dans l’Histoire de notre nom, mais tu as préféré t’enterrer dans ces maudits grimoires ! »
D’un grand coup du dos de la main, le lord envoya valdinguer le livre que tenait son héritier. Le grimoire heurta le chien de la cheminée, manquant de s’effondrer dans les flammes.
« Tu n’as pas le pouvoir de t’offusquer de ce que je te demande, encore moins de le discuter !
— Ce n’est pas parce que je ne suis pas aveuglément vos traces que j’ai renié mon devoir et mon nom ! rétorqua Aïlin en se levant. Et j’estime avoir le droit de savoir pourquoi un vampire m’a laissé pour mort, comme j’ai le droit de savoir quelles autres menaces pèsent sur moi par le seul fait que je sois votre fils ! Je suis un homme fait, quoi que vous pensiez de moi, vous n’avez pas à me laisser dans l’ombre !
— Oh, Aïlin, écoutes-toi dont parler ! Toi, toujours toi ! Crois-tu que tu sois la seule cible ? Penses-tu une seule seconde à ta famille ? T’importent-elles, la vie de ta sœur ou de ta mère ? Non, tu n’as à la bouche que le nom des Peverell, et ne jure que par eux. Ne crois pas être autre chose qu’un Bower, car tu ne seras jamais rien d’autre que cela, que tu le veuilles ou non !
— Je trouve absolument extraordinaire que vous ayez l’audace de m’accuser ainsi. Je me soucie certainement plus que vous du sort des miens, vous qui n’avez eu aucun scrupule à me faire passer pour mort, avant même de savoir si je survivrai effectivement ! Non, je ne prétends pas être qui que ce soit d’autre qu’un Bower, père ! J’escompte seulement être un homme moins perfide et impitoyable que vous. »
Le soufflet fit tourner la tête de l’héritier, et sa joue pâle se mit à rougir à mesure que le sang lui montait là où la main avait frappé.
« Si j’avais eu la chance d’avoir deux fils comme le destin me l’avait d’abord promis, crois-bien que je te tuerais sur le champ. On n’a pas fait plus mou et larmoyant que toi en dix générations de Bower, tu me fais honte ! Il n’y a pas besoin de s’affubler d’une mine basse et de perdre son temps dans les apitoiements pour se soucier des autres et agir à les protéger ! Que crois-tu que j’aie fait en annonçant ton décès ? Ils ont semé la terreur à Sligo pour une seule cible, l’occasion de l’achever et d’emporter des membres de l’Ordre de Merlin avec aurait été trop belle. Si tu cessais de penser à l’instant présent et avait la présence d’esprit de te projeter au-delà, tu serais un peu plus lucide sur la raison de mes choix et le bienfondé de mes idées. »
Devin ôta l’index qu’il avait planté dans le torse de son fils mais conserva un rictus rageur, signe de l’effort qu’il mettait à se contenir.
« Oh mais je n’ai jamais remis en question le bienfondé de vos idées, je remets en cause vos méthodes pour les faire valoir ! Nous avons davantage d’ennemis que toutes les familles sympathisantes des moldus réunies, et je ne m’étonnerais pas un instant que de nombreux membres de notre camp veuillent vous voir mort. Tout n’est que calcul et menaces… Vous prétendez à l’intendance de l’Irlande mais les attaques sur votre propre marquisat se multiplient sans que vous ne leviez le petit doigt ! Vous laissez le chaos s’établir alors même qu’il n’y a rien là-dedans qui puisse nous servir !
— Mais c’est justement le chaos qui nous sert, Aïlin. »
Un sourire cruel ourla les lèvres de lord Bower.
« Quand les moldus seront dépassés par la menace des vampires et des bestiaux de la même envergure, les catholiques verront d’un œil neuf celui qui prendra le pouvoir et les débarrassera de cette engeance, la secte des sang-purs avec ! Car le fait est que nous avons besoin de leur sang pour régénérer le nôtre, quoi qu’en disent les Black, les Nott et les Gaunt. Et, s’ils se liguent contre tous les sorciers, si l’on ne focalise pas leur soif de sang, je ne donne pas cher du mode de vie sorcier face au nombre qu’ils représentent. Ce Donaghue est entré dans mon jeu, et avec grand enthousiasme ! Et oui, qu’il t’ait pris pour cible est une aubaine inestimable, car il ne fait confirmer aux yeux de ses ennemis ceux contre qui je me bats. Je ne doute pas qu'ils préféreront soutenir un irlandais, fut-il sorcier, qu'une gouvernance anglaise. »
Aïlin demeura silencieux, laissant son père savourer l’impression d’avoir eu le dernier mot. Une sensation de froid s’était abattue sur le jeune homme, et ce fut d’une voix assourdie qu’il se décida finalement à poser une question dont il connaissait déjà la réponse :
« Vous m’avez utilisé comme appât, n’est-ce pas ? »
Le lordship leva les yeux au ciel, joignant au geste un lever de bras exaspéré.
« Oui, oui Aïlin, je t’ai exposé. C’était un risque à prendre pour forcer nos adversaires à faire le premier pas.
— Vous avez mis en péril votre lignage pour jouer avec vos adversaires…
— Ce n’est pas un jeu, fils, c’est un projet. Et disons que j’ai eu foi en ta capacité à survivre. Elle n’est plus à prouver, après tout. Oh ne me regarde pas de cette façon, Aïlin ! Je ne t’ai pas laissé sans escorte !
— Et la moitié de mon escorte est morte, père…! Il y a eu des dizaines de victimes…! »
Un soupir méprisant échappa des lèvres de Devin. Il se détourna de son fils, claquant des doigts pour faire apparaître à son bras sa cape de voyage.
« Encore des larmoiements. Tu me mets en retard. Profite de ton désarroi, je sais ô combien tu aimes te sentir malheureux pour ceux qui ne sont plus… ou qui ne sont tout simplement rien. »
À peine Devin avait-il passé sa cape sur ses épaules qu’il transplana, laissant seul son fils dans le vaste salon. Celui-ci était soudain devenu particulièrement sombre et froid, malgré le feu qui brûlait encore ardemment derrière lui.
Le soleil n’était pas couché depuis bien longtemps lorsqu’Aïlin frappa à la porte du domaine Longbottom. Enroulé dans une épaisse cape de velours noir, il tenait dans sa main gauche une canne à la poignée d’argent ciselé. Malgré son teint encore blafard et fatigué, l’objet n’avait plus d’autre utilité que de renfermer sa rapière, tandis que sa baguette était accrochée dans le revers de sa redingote.
Lorsque l’elfe le libéra de sa cape et de son chapeau, l’alchimiste ajusta la cravate de dentelles ornée d’une jade qu’il portait autour du cou, par-dessus son élégant costume de brocarts cramoisis. Ce n’était pas tant de la coquetterie que le souci de cacher la cicatrice encore fraîche qui sillonnait son cou.
Alors que le petit elfe le guidait vers ses hôtes, Aïlin s’efforça de se constituer un visage affable. Le cœur n’y était pas. La discussion houleuse qu’il avait eu avec son père lui tournait dans la tête sans qu’il ne puisse l’en chasser. L’émotion qu’il éprouvait allait au-delà d’un sentiment de trahison. Pis que cela, il se sentait désœuvré. Son père était un fléau, pour l’Irlande et pour sa propre famille, et il ne pouvait rien faire contre. Désobéir était son seul refuge, mais il n’était rien qu’un refuge d’enfant, ou de lâche. Comment pouvait-il agir contre l’homme en passe de devenir le plus puissant d’Irlande, s’il ne l’était déjà ? Comment agir contre son propre père ? C’était à lui seul de trouver la réponse. C’était un questionnement qu’il ne pouvait pas partager, pas même à celui à qui il rendait visite, et qui comptait déjà parmi ses plus proches camarades. Alors, en attendant de trouver une solution au poison qu’était son père, il fallait faire bonne figure auprès des Longbottom. Se redressant, l’héritier Bower prit une inspiration et entra dans la pièce que lui désignait le serviteur.
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Re: La mort attire la Mort par Sam 11 Juin - 18:07
Autant dire que sa décision était assez mal passé auprès des petits êtres aux grandes oreilles, ces derniers étant convaincus que Maître Crestian était mécontent de leur travail. Il avait alors dû recourir aux grands moyens pour les convaincre que le problème ne venait pas d’eux mais de lui et, devant l’échec patent de ses tentatives de négociations, avait fini par accepter de se laisser gâter en termes de nourriture en échange de leur promesse de ne pas pénétrer dans son antre. A la fin, il avait la sale impression d’être retourné à l’âge ingrat de l’adolescence mais avait préféré oublié toute l’affaire au plus vite.
Un autre inconvénient de son retour imprévu à la vie familiale étant justement la vie familiale en question. Il vivait en effet seul depuis plus de trois ans et avait un rythme de vie personnel qui ne s’accordait pas forcément à celui de ses parents et sa sœur. L’heure de ses repas notamment n’était plus fixe depuis fort longtemps et devoir se réhabituer à manger à sept heures trente pile lui coûtait parfois grandement. Il aimait terminer ce sur quoi il travaillait avant de se sustenter et devoir laisser ses parchemins à moitié terminés lui laissait toujours un arrière-goût désagréable dans la bouche. Par ailleurs, les questions incessantes de sa mère sur le déroulement de sa journée, si elles étaient la preuve de son affection, devenaient vite fatigantes au jour le jour. C’était une chose de lui accorder son entière attention les rares fois où il passait la voir, ç’en était une autre de devoir se plier à ses demandes d’attention permanentes. Quant à son père, il ne le voyait finalement que bien peu en dehors du bureau, Benedict étant bien souvent retenu au travail au vu de la situation toujours plus tendue.
Finalement, le seul avantage réel à son retour était la présence de Crestia. Il n’avait habituellement que peu d’occasions de passer du temps avec sa jumelle et leurs discussions lui avaient manqué. Elle était toujours de bon conseil et depuis le fiasco plus ou moins mitigé de la présentation de Passiflore au côté Greengrass de la famille, il avait plus que jamais besoin de conseils avisés. Il passait donc plus d’une soirée en compagnie de sa sœur à discuter de tout et de rien tandis que l’apprentie professeure s’adonnait à son passe-temps favori : la création de potions médico-magiques. Le laboratoire installé au sous-sol du manoir était d’ailleurs le seul autre endroit interdit aux elfes de maison, mais pour des raisons de sécurité dans ce cas précis.
Cependant, si les soirées en compagnie de Crestia étaient le summum de son séjour au manoir, cette dernière nécessitait parfois de se concentrer pleinement sur son travail et puisqu’il refusait de devenir un boulet aux pieds de sa sœur, il avait repris l’habitude de travailler dans le jardin comme à l’époque où il faisait ses devoirs de vacances à l’ombre des chênes centenaires. Les rares fois où son père pouvait se libérer plus tôt que prévu, il venait parfois le rejoindre et les deux Longbottom discutaient alors de la situation politique non plus en tant qu’Aurors mais simplement comme père et fils. Malgré tout, tous les membres de la famille réalisaient bien que le retour au manoir pesait à l’héritier et c’était Brianna qui avait fini par lui proposer d’inviter un de ses amis à passer une soirée en sa compagnie.
Au début, l’idée avait paru étrange à Crestian. Son meilleur ami habitait Rome et n’allait pas pouvoir se libérer à la dernière minute. Quant à ses collègues de bureau, il n’avait pas une relation suffisamment proche comme pour les inviter à boire chez ses parents. Dans son appartement, pourquoi pas, mais il doutait fortement qu’ils soient capables de se détendre chez leur patron. Il aurait aussi pu contacter ses anciens amis de Poudlard – à l’exception de Meredith, aucun n’avait quitté le pays – mais il n’en ressentait pas l’envie. Il s’apprêtait donc à abandonner l’idée lorsqu’un visage s’imposa naturellement à lui : Aïlin Bower.
Il s’était en effet rapproché de l’Alchimiste depuis la Nuit de la Concorde et aimait à penser que, s’ils n’étaient pas devenus des amis proches, ils étaient désormais plus que de simples connaissances. Par ailleurs, étant donné les mésaventures qui étaient arrivés à l’Irlandais ces derniers temps, une soirée à se changer les idées lui ferait sûrement autant de bien qu’à lui. Certes un appartement parti en fumée à cause d’une expérience ratée de son voisin du dessous n’était pas le même type de tragédie que de se faire attaquer par un vampire qui en avait après vous, mais il tenait réellement à cet appartement qui était la première preuve de son indépendance financière. Malheureusement, tant que la Brigade de la Police Magique n’en aurait pas fini avec l’enquête, son propriétaire ne pourrait pas envisager de lancer les travaux de reconstruction et il ne pourrait donc y remménager. Autant dire que vu les deux tanches qui avaient écopé du dossier, il n’était pas prêt de retourner chez lui de si tôt. Sérieusement, il n’avait rien contre Hobbs et Lully mais s’ils étaient encore au bas de l’échelon des grades à quarante ans passés, cela impliquait quelque chose au niveau de leurs compétences.
Retenant un soupir, il se rappela qu’il avait échappé par trois fois à l’attaque d’une vampire qui lui en voulait personnellement – qu’il était heureux d’en avoir définitivement fini avec elle soi-dit en passant… – et n’était passé à aucun moment aussi près de la mort qu’Aïlin, il ne pouvait donc décemment pas se plaindre. Il jeta donc un dernier coup d’œil à son reflet dans le miroir et considéra qu’il était suffisamment présentable pour recevoir un ami. Il avait en effet opté pour une simple robe noire cousue de fil d’or. Les dessins représentaient des arabesques aux formes abstraites et c’était cette simplicité qui lui avait immédiatement plu. Passant négligemment la main dans ses cheveux blonds très courts, il retint un sourire lorsqu’il entendit Jilly annoncer la venue de son invité : Bower avait toujours mis un point d’honneur à être à l’heure. Il descendit donc les escaliers et rejoignit son ami dans le salon où se trouvait déjà sa mère en pleine lecture d’un grimoire sur les créatures des tropiques. Adressant un sourire Aïlin et un autre à sa mère, il s’avança vers l’héritier Bower.
-Aïlin, cela fait plaisir de vous voir. Je vous présente Lady Brianna Longbottom, ma mère. Mère, voici Aïlin Bower, le fils de Devin Bower et l’apprenti d’Henry Peverell.
Brianna se leva de son fauteuil et présenta sa main à Aïlin pour que celui-ci la baise tout en déclarant.
-C’est un plaisir de rencontrer le futur de l’Alchimie britannique. J’espère que ma demeure sera à votre convenance. Je vais d’ailleurs vous laisser discuter entre jeunes, je serais tout aussi à l’aise dans le boudoir. Bonne soirée à vous deux.
Et sur ce elle quitta la pièce.
Auror
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Re: La mort attire la Mort par Dim 26 Juin - 11:40
La phrase de bienvenue de l’anglaise le fit cependant tiquer et il se redressa un peu raidement, cachant la pointe d’exaspération qu’il ressentait derrière le sourire humble qu’on attendait de lui face à un pareil compliment.
L’avenir de l’alchimie britannique, sérieusement ? Ces anglais se croyaient définitivement partout chez eux. Si le roi moldu avait annexé sous sa coupe l’Irlande et l’Écosse, Aïlin, en tant que sorcier, ne se sentait aucune sorte d’appartenance avec ce qu’ils appelaient le Royaume-Uni. Ce roi n’était pas le sien, et l’Irlande sorcière n’appartenait certainement pas à l’Angleterre. Il y avait, d’ailleurs, un point de vue qu’Aïlin ne pouvait s’empêcher de partager avec son père : la commission d’Irlande méritait de devenir un gouvernement à part entière. Il n’y avait aucune raison pour que les sorciers d’Irlande soient officieusement annexés à la gouvernance anglaise.
« C’est un honneur de faire votre rencontre, lady Brianna tout comme d’être accueilli au sein de votre demeure. Bonne soirée à vous, milady. » répondit-il.
Inconsciemment, son accent irlandais avait été un peu plus appuyé. À moins que ce n’était qu’en cette somptueuse demeure anglaise, entre deux britanniques au parler distinguer, son phraser détonnait plus facilement ?
Une fois seuls, Aïlin fit enfin attention à Crestian Longbottom. Il y avait quelque chose de différent chez lui qui intrigua le jeune Bower. Ce n’était pas vraiment dans son attitude ou dans le sourire assez pudique qu’il lui adressait, mais c’était plutôt une impression générale. Son regard semblait briller avec plus d’intensité qu’habituellement. Avait-il l’air… plus heureux, plus épanoui ? C’était quelque chose comme cela, semblait-il à l’alchimiste. En fin observateur, il ne pouvait passer à côté, sans pour autant comprendre ce qui avait changé ainsi un homme qu’il ne connaissait pas encore assez pour deviner par quoi son esprit était vivifié.
« Vous m’avez l’air en assez grande forme, Crestian. » sourit Aïlin en accompagnant son salut d’une brève inclinaison du buste. « Bien plus que je ne l’aurais soupçonné après la perte désastreuse de votre appartement. »
Malgré son air fatigué, un rien de malice passa dans le bleu de ses yeux.
« Ah… ces alchimistes amateurs… » soupira-t-il en hochant la tête, un demi sourire au coin des lèvres.
L’apprenti d’Henry se rappela avec une certaine netteté l’accident désastreux qui était une fois survenu au domaine Peverell à la suite d’un virulent désaccord entre le maître et l’apprenti. Aucun n’avait voulu céder sur l’autre, le maître persuadé, de par son expérience et sa supériorité, être forcément dans le vrai par rapport à son apprenti, aussi talentueux et avisé pouvait-il être. Aïlin, quant à lui, avait exécré se voir remettre à sa place par argument d’autorité. Il avait raison, il le savait. Plutôt que de s’arrêter pour y réfléchir plus de deux secondes, les deux alchimistes, tout bornés qu’ils étaient, avaient choisi la pire des réponses à leur désaccord : le compromis. La porte de l’Athanor s’était ouverte en trombe sous la puissance énergétique du feu à l’intérieur, et c’était un réflexe assez incroyable d’Henry qui avait évité aux deux hommes de finir en torche humaine. Ils étaient sortis du laboratoire, noirs de suie, ahuris mais hilares des conséquences de leur stupide fierté. Cecilia les avait trouvés, riant presque aux larmes, et avait à son tour autant ri d’eux qu’avec eux.
Tout en s’installant à l’endroit que l’héritier Longbottom lui désignait, Aïlin pouffa sans même s’en rendre compte. Ses souvenirs l’avaient momentanément éloigné de sa morosité.
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Re: La mort attire la Mort par Jeu 30 Juin - 17:01
D’ailleurs, en parlant du loup ou en l’occurrence de la louve, Aïlin lui fit soudainement remarquer qu’il apparaissait bien détendu pour un homme ayant perdu son toit quelques jours auparavant. Un sourire d’oreille à oreille se dessina alors sur son visage, sachant parfaitement ce qui causait sa bonne humeur évidente. Un instant, il se demanda pourtant s’il était sûr de partager la nouvelle avec le fils de Devin Bower, sachant à quel point l’homme était prêt à utiliser le moindre avantage pour faire avancer sa cause, mais il écarta bien vite ses doutes. Il faisait confiance à Aïlin. Ils n’étaient peut-être pas les meilleurs amis du monde mais il pensait pouvoir compter sur l’Irlandais s’il lui demandait de garder un secret. Sans compter que, il l’avait dit à Passiflore lors de leur dernière discussion, s’il était prêt à faire des efforts suite au fiasco mitigé chez sa famille maternelle, il n’en avait pas moins l’intention de l’épouser et, un jour ou l’autre, ils devraient tous deux faire face aux conséquences de leur union pour le moins inhabituelle.
-Vous êtes toujours aussi observateur à ce que je constate. Je suis en effet un homme comblé depuis mes récentes fiançailles. Je vais épouser une femme délicieuse et brillante qui, de plus, ne m’a pas été imposée mais que j’ai choisie et qui, j’oserais le dire, m’a choisi en retour.
Il aimait en effet à penser que Passiflore n’était pas femme à se laisser impressionner par son titre, sa fortune ou la pureté de son sang et que, si elle avait accepté sa proposition, c’était car elle ressentait à son égard les mêmes sentiments que lui pour elle.
-Les circonstances actuelles nous empêchent néanmoins de célébrer comme il se doit notre future union d’où mon besoin d’exprimer mon contentement tout au moins dans l’intimité de la demeure familiale. Ma promise a beau en effet être une Guérisseuse de grand talent, élève d’un des plus grands Maîtres médicomagiques de notre temps et accessoirement avoir contribué à sauver bien des vies suite à l’attaque du Chemin de Traverse, bon nombre de nos concitoyens ne voient en elle qu’une étrangère de Sang-Mêlée.
La colère et l’amertume avaient teinté la fin de son discours mais il se reprit bien vite, poursuivant sa présentation de sa dulcinée.
-Vous comprendrez donc que nous n’ayons pas annoncé publiquement nos fiançailles. Pourtant, je vous assure que ce n’est pas par manque de vouloir crier au monde entier la chance qui est la mienne. Elle est en effet non seulement une Guérisseuse remarquable mais également une femme d’une beauté à faire tourner plus d’une tête.
Et à vrai dire, il n’était pas peu fier de savoir qu’il était celui qui était autorisé à se considérer « maître » d’une si belle prise lorsque les hommes se retournaient sur son passage dans la rue. Son côté possessif qui n’était habituellement pas très présent pointait alors le bout de son nez et il avait déjà dû se retenir plus d’une fois de passer ostensiblement un bras autour des épaules de la demi-Vélane pour laisser clair à quiconque qu’IL était le fiancé de la belle.
-Mais avec tout ça, je ne vous ai toujours pas dit son nom, si tant est que vous ne l’ayez pas déjà deviné avec les indices que je vous fournis. La Guérisseuse Passiflore Delacour sera donc dans un futur plus ou moins proche Passiflore Longbottom si tant est que l’on nous permette de nous marier en paix.
S’arrêtant là, il reprit soudain, comme une arrière-pensée, ne pouvant s’empêcher de prendre toutes les précautions nécessaires après les promesses faites à sa belle.
-Je vous serais néanmoins on ne peut plus reconnaissant de ne pas le crier sur tous les toits. Je ne pense pas qu’il s’agisse là de vos habitudes mais, par précaution, je vous ai déjà explicitées les raisons de notre discrétion.
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Re: La mort attire la Mort par Dim 3 Juil - 0:21
Quand Bower entendit prononcer le mot « fiançailles », une sincère surprise passa sur ses traits. L’association des marques du bonheur avec la promesse d’un mariage était surprenante, mais que Crestian annonce avoir pu choisir l’élue de son cœur l’était plus encore.
Bien des hommes étaient heureux comme des coqs en pâte pour la seule raison que la fiancée qu’on leur avait choisie était jolie. C’était souvent plus du soulagement que du bonheur, dans un monde où l’on ne connaissait de sa fiancée que le nom et l’importance sociale plutôt que l’individu. Crestian échappait à cela, et Aïlin était pour le moins soufflé de la « modernité » des Longbottom en la matière.
Pour les Bower, un tel arrangement était tout bonnement inimaginable. Certes, Devin avait choisi son épouse, mais Aïlin savait pertinemment qu’il ne l’avait pas choisi par élan du cœur, ni même pour sa beauté. Devin s’était toujours assuré, d’ailleurs, qu’aucun de ses enfants n’imagine qu’il avait agi par élan du cœur. Il ne s’était jamais caché de l’intérêt qu’il avait porté aux biens qu’apportait Bronach Catherwood avec elle, et du marquisat qu’il avait gagné en « bonus » de ses épousailles. Une chance, disait-il, que le patriarche Catherwood l’ait préféré comme héritier à son propre fils, car sinon, le Connaught aurait été perdu pour les sorciers depuis longtemps. Il se posait en sauveur, et beaucoup de sorciers d’Irlande l’approuvaient pour cela. D’autres, au contraire, n’estimaient pas cela comme une raison suffisante de mêler son nom à celui d’une famille moldue. C’était un choix malgré tout, mais un choix pareil à celui que l’on fait sur un échiquier, face à l’armée adverse.
Alors, quand Crestian expliqua qu’il ne pouvait célébrer dignement son union prochaine, Aïlin ne pouvait que comprendre la réaction des autres familles. Non pas qu’il les approuvait, loin de là ! Il haïssait ceux qui avaient l’audace de l’estimer à la valeur de son sang ou, pis encore, le traiter comme un bâtard alors qu’il était un héritier légitime et socialement tout aussi puissant que la plupart, si ce n’était plus. Mais Aïlin gardait ses grandes utopies sur la société pour les dîners arrosés. Dans la réalité, il était pragmatique et rationnel. D’ailleurs, un demi-sourire qui aurait pu sembler un rien condescendant naquit sur ses lèvres quand Crestian loua la beauté de sa dulcinée avec l’entrain d’un cœur transi. L’amour, paraissait-il, sublimait l’autre mieux encore que ne le pourrait Helios lui-même, eusse-t-il déployé toutes les nuances d’or et d’ocre de ses rais pour en auréoler l’élu. Mais l’amour, de ce que l’on en disait, ne durait jamais qu’un temps. C’était la raison pour laquelle on ne faisait pas reposer un mariage sur un tel critère.
Bizarrement, si Aïlin considérait que Crestian était en train de commettre, du peu qu’il en avait entendu, une belle folie, il éprouvait un mélange de bonheur pour lui et d’envie. Il ne le connaissait pas aussi loquace et aussi démonstratif et plutôt que de paraître affaibli par l’aveu des inclinaisons de son cœur, Longbottom paraissait au contraire plus fort et plus sûr de lui. Lui qui était plutôt réservé et en retrait voyait cette attitude transformée en une présence forte et tranquille. Se pouvait-il qu’encore une fois, la philosophie de son père sur l’amour repose davantage sur son tempérament inflexible plutôt que sur la réalité ? Le Serdaigle ne put davantage se pencher sur cette question car enfin, Crestian s’apprêtait à faire la révélation la plus intéressante de la soirée : le nom de la demoiselle. Car, s’il y avait bien une chose qu’Aïlin se demandait, c’était qui elle pouvait bien être. La description que Longbottom lui avait peint ne disait absolument rien à l’alchimiste. Elle aurait pu, pourtant, mais le jeune homme était trop absorbé par les réflexions que suscitaient les mots de Crestian en lui. Il n’aurait, qui plus est, pas su faire le rapprochement, tant la coïncidence était énorme. Car ce nom que révéla l’auror n’était pas inconnu à Bower, loin de là. Entrouvrant la bouche, Aïlin demeura muet de surprise une poignée de secondes, avant de s’entendre émettre un rire à la fois amusé et surpris.
« Miss Delacour ? Vraiment ? »
C’était incroyable. Quelles étaient les chances pour que la future épouse de Crestian soit la sorcière qui lui avait miraculeusement sauvé la vie ? Maintenant, la description qu’avait fait son hôte de sa fiancée lui semblait légitime en tous points. Effectivement, non content d’être une guérisseuse particulièrement douée et dévouée — elle avait été jusqu’à offrir son propre sang pour aider le corps d’Aïlin à renouveler celui qui lui manquait — il fallait avouer qu’elle était extraordinairement belle. Il ne connaissait qu’une femme capable de rivaliser de beauté avec Passiflore Delacour, et possédant ce charme angélique, cette douceur somptueuse qui émanait des êtres innocents, à l’âme pure.
L'alchimiste retrouva sa gravité, aidé par Crestian qui lui demandait de garder le silence sur le secret qu’il venait de lui faire.
« Vous m’offensez, Crestian, rétorqua Aïlin, sa remontrance allégée par la douceur de son ton. Je ne suis pas homme à trahir les secrets partagés dans un élan de confiance. »
Aïlin marqua une courte pause, avant d’ajouter : « En cela, je suis le plus fiable des Bower. Il ne faudrait surtout pas vous aviser de rapporter un évènement pareil à ma sœur ! »
Il la voyait déjà, complètement excitée par la perspective d’un bouleversement dans les codes de la noblesse sorcière, prier Merlin et tous les dieux moldus pour obtenir l’opportunité d’agir comme Crestian et Passiflore.
« Ainsi, vous comptez réellement vous marier par amour… » murmura Aïlin. Il n’y avait pas de trace de jugement dans sa voix, mais il semblait un peu songeur. « Il se trouve que j’ai eu tout le temps de connaître Miss Delacour, récemment. Elle n’est pas, en effet, le parti qu’on vous aurait attendu, mais vous ne pouviez certainement pas espérer, en tant que personne, plus noble jeune femme. Puissiez-vous tous les deux demeurer aussi heureux que vous l’êtes aujourd’hui. »
Crestian aurait pu s’étonner que son vis-à-vis semble si bien informé sur la personnalité de sa future épouse, mais l’alchimiste ne souhaitait pas s’étendre sur ce qu’il venait de sous-entendre. Parler de l’attaque, des heures, des journées de souffrance qu’il avait vécu au dispensaire de l'Ordre de Merlin était un exercice pénible, et il ne se sentait pas assez proche de Longbottom, d’ailleurs, pour lui révéler sa faiblesse. Il l’imaginait assez intelligent pour comprendre de lui-même les circonstances ayant permis la rencontre d’Aïlin et Passiflore, et surtout, de ne point s’attarder dessus.
« Si vous n’avez pas encore pu célébrer votre union prochaine en compagnie d’un cercle plus large, nous ne devrions pourtant pas nous retenir de porter un toast, qu’en dites-vous ? À moins que chez vous, britanniques, ces nouvelles s’annoncent autour d’un thé, auquel cas je me plierai à vos coutumes et attendrai patiemment que la bouilloire siffle. »
Il ne voulait pas insulter les manières de son hôte, néanmoins Aïlin devait bien admettre qu’il venait de lui manquer un verre à lever pour appuyer ses vœux de bonheur. Une chose qui ne serait jamais arrivée chez lui, en Irlande…! Son petit sourire, d’ailleurs, en disait long sur ce qu’il penserait d’un thé en pareille circonstance.
- Héritier rebelle
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Re: La mort attire la Mort par Dim 10 Juil - 21:07
-Vous avez raison, je faillis à tous mes devoirs d’hôte.
Tentant tant bien que mal de rattraper la situation, il reprit la formulation de l’Irlandais à son profit.
-En cela, je suis le moins fiable des Longbottom. Probablement même devant ma sœur. Je n’ose d’ailleurs imaginer ce que Mère penserait de moi si elle n’avait pas déjà quitté les lieux.
La pauvre Brianna avait en effet tout tenté pour faire de son héritier un hôte de qualité mais, tandis que son cadet brillait en société, ayant toujours le bon mot pour tirer un sourire ou dérider un visage, l’aîné était si ce n’est d’une maladresse sans nom tout au moins incapable de saisir bien des indicateurs sociaux qui auraient paru évidents à tout homme de son milieu. Ainsi, là où n’importe quel homme aurait accompagné son annonce de fiançailles d’un toast bien mérité, Crestian s’était contenté de s’extasier sur les qualités de sa belle. Il était néanmoins toujours temps de remonter dans l’estime de son ami en choisissant une boisson digne de célébrer l’évènement.
Il farfouilla donc un instant à la recherche de LA bouteille qu’il avait en tête et finit par la trouver un peu à l’arrière, cachée derrière plusieurs bouteilles de Whisky irlandais et de Scotch écossais, deux boissons qu’il aurait été d’un manque de tact total de proposer à un Irlandais. Dans le premier cas, il était probablement habitué à ce qui se faisait de mieux en la matière, dans le second, l’inimitié qui courrait entre voisins du nord et de l’ouest n’était un secret pour personne et proposer une boisson écossaise à un irlandais une faute de goût que même Crestian ne ferait pas. A la place, il sortit une bouteille aux formes généreuses recelant un liquide joliment ambré et s’approcha de nouveau des fauteuils dans lesquels Aïlin avait pris place à sa demande.
Posant les deux verres qu’il avait récupérés en même temps que la bouteille sur la table, il servit d’abord Aïlin avant de remplir son verre. Puis, reprenant quelque peu constance, il expliqua à son ami l’origine de l’alcool miroitant devant lui.
-C’est du rhum, venu tout droit de la Barbade. Un vieil ami de Père qui s’y est installé peu de temps après sa sortie de Poudlard nous en a apporté une caisse à Noël dernier. Je dois reconnaître en être devenu un grand amateur et ne manque jamais une occasion de m’en délecter lorsque je suis de passage au manoir familial.
Levant alors son verre, il porta le fameux toast qu’il avait dérobé à Aïlin.
-Aux projets d’avenir !
C’était suffisamment vague pour couvrir non seulement son mariage à venir mais toute autre ambition que son ami pourrait posséder. En effet, s’il ne doutait pas un instant qu’une union se profilât dans l’avenir de son compagnon, il mettrait sa baguette à couper qu’elle n’était pas désirée. Il préférait donc laisser à l’Irlandais le choix de mettre derrière cette ample formule ce que bon lui semblerait. Après tout, l’héritier Bower étant un homme secret, n’aimant pas se dévoiler comme le laissait supposer sa subtile évocation de Passiflore – il ne fallait pas être un Serdaigle pour comprendre qu’il avait probablement été son patient lors de son passage à l’Ordre de Merlin après sa rencontre avec le vampire en voulant à sa vie – Crestian lui laissait ainsi la possibilité de relancer la conversation à sa convenance. Il pouvait tout aussi bien rester sur son futur mariage que bifurquer vers un thème lui tenant plus à cœur.
C’est que si l’Anglais était un pataud reconnu lorsqu’il s’agissait de converser – à moins qu’on ne le lance sur un des quelques sujets le passionnant – il n’en était pas moins un fin observateur de la nature humaine. A vrai dire, l’un expliquait probablement l’autre : il passait tellement de temps en silence à écouter les autres qu’il finissait par déceler les discrets mécanismes de leur fonctionnement. Un talent qui se révélait un atout de taille dans sa profession car être Auror ne signifiait pas simplement lancer des sorts à tort et à travers pour arrêter des Mages Noirs comme le pensait le grand public. Encore fallait-il trouver le bon suspect avant de chercher seulement à l’appréhender, sans parler de le neutraliser. Portant le verre de rhum à ses lèvres, il laissa donc la suite de la conversation dans les mains de son ami.
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Re: La mort attire la Mort par Dim 31 Juil - 15:11
Aussi, quand Longbottom revint vers lui, le Serdaigle n’arborait un air ni froissé, ni moqueur. Il accueillit avec curiosité les explications au sujet du breuvage que son compagnon lui présentait et observa avec intérêt la robe mordorée du rhum. Lorsque son ami lui tendit son verre, il s’en empara et leva celui-ci au-dessus de son nez, tel l’amateur d’alcool qu’il était, pour mieux détailler la couleur de la boisson et la façon dont elle roulait dans le verre. Lorsqu’il eut fini son inspection, Aïlin répondit au toast de Crestian avec un hochement de tête.
« Puissent les vôtres se réaliser comme vous l’entendez. »
Bien évidemment, il n’engloba pas ses projets dans ce souhait. En avait-il seulement ? Non, pas le moindre. Il ne s’imaginait aucun mariage, tout du moins pas le moindre dont il ait pris de lui-même la décision. Quant à ses travaux hermétiques, ceux-ci l’intéressaient moins ces dernières semaines, comme si sa convalescence l’avait à ce point épuisé que l’effort intellectuel exigé par son art lui paraissait inatteignable. Par chance, maître Peverell le laissait relativement en paix. Peut-être parce qu’il avait été, lui aussi, marqué par ce qu’il s’était passé, et l’état physique et moral dans lequel il avait retrouvé son apprenti lorsque celui-ci s’était présenté sur le pas de sa porte. Ce jour-là, Aïlin avait senti au plus profond de son âme qu’ils se seraient tombés dans les bras l’un de l’autre s’ils n’avaient pas été tous deux d’un naturel si distant. Il lui faudrait pourtant reprendre son quotidien là où il l’avait laissé. Ce n’était pas tant pour lui que pour ne pas décevoir cet homme qui avait choisi de croire en lui, et qu’il aimait plus profondément qu’il n’aimait son père.
« C’est véritablement excellent. Si vous parvenez à découvrir le nom du fournisseur, je vous serais reconnaissant que vous me le transmettiez. Il manque sans l’ombre d’un doute cette boisson dans ma réserve personnelle ! »
Le compliment était sincère, et s’accompagna d’ailleurs d’une nouvelle gorgée qu’Aïlin but de bon cœur.
« Si vous me permettez d’être honnête, j’admire sincèrement que vous ayez le courage d’affronter les calomnies et les aigreurs que susciteront un mariage de cette nature. Vous osez non seulement écouter vos sentiments, mais d’également mépriser le communautarisme croissant. Vous êtes un exemple pour tous ceux qui n’espèrent pas voir notre monde se briser en un clivage irrémédiable. »
Il ne pensait peut-être qu’à moitié sa dernière déclaration, car l’esprit pragmatique du Serdaigle persistait à croire que c’était pure folie. Néanmoins, il ne se serait jamais permis de faire une telle remarque à son hôte. En tant qu’auror, il n’était certainement pas assez naïf pour ignorer les risques.
« Sachez que vous avez tout mon soutien, quoi qu’il vaille. »
Bower n’en doutait pas, le futur marié aurait besoin de tout le soutien qu’il pouvait espérer, comme il n’avait pas besoin au contraire qu’on lui rappelle les risques qu’il se faisait courir, à lui comme à sa promise. Aussi, Aïlin fit le choix de ne pas insister sur le sujet.
« Peut-être serait-il temps que je m’intéresse moi aussi à ces sujets… Je serai libre d’ici quelques mois de choisir par moi-même une épouse. Connaissant mon père, il y a des chances pour que mon mariage suive de près le vôtre. » constata stoïquement le jeune homme.
Un sourire amusé glissa sur ses lèvres.
« L’un de ses exercices préférés consiste à laisser croire aux patriarches dont il espère les faveurs une union entre moi et leur fille. Je ne compte plus le nombre de jouvencelles que j’ai vu défiler au manoir, ou auprès de qui l’on m’a collé pour que Devin puisse obtenir ce qu’il désire. Il ne promet jamais rien clairement, ainsi l’autre parti ne peut crier au mensonge et à l’humiliation, quand bien même l’un et l’autre sont implicites. Je doute malgré tout qu’il laisse passer l’occasion de choisir pour moi. »
La réputation mitigée qu’il avait auprès des femmes venait sans l’ombre d’un doute de là. Il passait pour un charmeur patenté, quand pour la plupart du temps, il bâillait seulement d’ennui. Il se fichait bien de l’avis que les femmes pouvaient avoir de lui, cependant. Celles qui comptaient véritablement savaient que le portrait qu’on peignait de lui n’avait pas grand-chose à voir avec la réalité.
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Re: La mort attire la Mort par Lun 15 Aoû - 19:23
La fierté se mua rapidement en gratitude mêlée de gêne à l’écoute des compliments du Serdaigle. Il savait qu’Aïlin ne lui mentirait pas concernant ses opinions, il n’avait aucun intérêt à le faire. Et, s’il le soupçonnait d’exagérer quelque peu son soutien de ses actions – il était après tout un pragmatique par nature, comme tous les membres de sa maison – il ne doutait pas un instant que sa promesse d’aide soit réelle. Il en ressentit une profonde affection pour le jeune homme face à lui qu’il connaissait finalement bien peu mais qui n’hésitait pas à proclamer qu’il soutiendrait – publiquement s’il le fallait, le sous-entendu était clair – sa décision qui, s’il ne la regrettait nullement, n’en était pas moins propre du Gryffondor qu’il était : courageuse et à la limite de l’inconscience. Encore plus dans l'état actuel des choses.
Il ne se faisait en effet aucune illusion sur l’avenir qui les attendait, lui et Passiflore, une fois que leurs fiançailles pourraient être révélées au grand public. Evènement qui se révélait cependant de plus en plus improbable au fur et à mesure que le temps passait. En effet, non seulement la présentation désastreuse de sa promise à sa famille avait fini de convaincre Benedict que l'heure n'était pas à risquer bêtement la vindicte populaire en annonçant une union trop avance sur son temps. Mais, de plus, l'arrestation des principaux chefs sorciers et la publication de l'ordonnance royale interdisant la magie reportait nécessairement tout projet d'union oficielle à un avenir indéterminé. Alors que la société sorcière était au bord de l'implosion et le Royaume-Uni pas loin de la guerre civile, Père et fils avaient trop de choses à régler en tant que membres du bureau des Aurors pour penser à des choses aussi triviales qu'un mariage.
A vrai dire, même s'il ne le reconnaîtrait jamais à voix haute, Crestian était presque heureux d'être si occupé par son travail. Cela lui évitait de penser à sa vie privée pour le moins compliquée. En effet, depuis son retour au manoir, il n'avait pas manqué les subtiles remarques de sa mère sur le besoin, peut-être, désormais que la situation avait tant empiré, de choisir une autre épouse. Oh Brianna ne se permettrait jamais de lui dire clairement qu'elle était contre son choix, notamment car elle appréciait sincèrement Passiflore, mais celle-ci pouvait rester une bonne amie sans pour autant hériter du titre de Lady Longbottom. Du moins aux yeux de l'actuelle détentrice du poste. Son fils, lui, était bien entendu totalement opposé à cette idée et, lui d'habitude si peu à l'aise avec les mots, était devenu des plus loquaces dans la correspondance fournie qu'il échangeait avec sa bien-aimée. Car s'ils ne voyaient pas souvent, notamment de par la charge de travail énorme qui était désormais celle du jeune Auror, cela ne les empêchaient pas de prendre des nouvelles régulières. Notamment car Crestian était particulièrement inquiet du bien-être de sa fiancée qui était connue dans le monde moldu pour sa pratique des arts médicomagiques. Or, il s'agissait là d'un crime aux yeux de l'Inquisition pour lequel des hommes et des femmes avaient déjà été arrêtés.
Le tour quelque peu inattendu que prit soudain la conversation mit cependant fin à ses pensées moroses. Et, bien qu’il aurait dû s’attendre à ce que l’annonce de ses fiançailles amène un tel sujet, Crestian ne manqua pas d’entendre la lassitude mêlée d’amertume dans les paroles pourtant parfaitement calmes d’Aïlin. Il savait que, pour autant que sa situation maritale ne fut pas idéale, il était bien plus chanceux que la plupart des héritiers de leur âge dont l’expérience ressemblait plus à celle de l’aîné Bower. Les enfants des grandes familles étaient avant tout des pions servant les intérêts de leurs parents. Et si, de temps à autres, les unions arrangées finissaient par produire une affection réciproque comme cela avait été le cas de ses parents, bien plus courants étaient les couples s’évitant soigneusement une fois le devoir conjugal réalisé. Du simple mépris à la haine profonde, combien de familles étaient fondées sur un désir commun de ne rien laisser paraître des fractures du clan ? Sans aller plus loin, ses grands-parents maternels étaient un parfait exemple d’une union qui n’avait duré que par leur fierté Sang-Pur commune. Moins qu’être joints par un amour quelconque c’était leur mépris commun du reste du monde qui faisait tenir leur couple.
-L’intelligence de votre père n’est plus à prouver, tout comme ses méthodes … peu orthodoxes.
L’Auror choisit un tel euphémisme par respect de son ami. S’il savait que les relations entre père et fils étaient tendues, il ne se considérait pas pour autant le droit de critiquer ouvertement un membre de la famille d’Aïlin. Tout le monde savait qu’il était de très mauvais goût de déclarer son peu d’affection pour un proche de quelqu’un, même lorsque ce dernier n’était pas apprécié de votre connaissance, pour la simple et bonne raison qu’un frère peut critiquer une sœur ou une femme son mari mais le voir fait par un étranger est toujours pris – à raison – comme un affront.
-Je ne doute cependant pas que vous soyez parfaitement capable de lui faire face en usant de vos propres capacités intellectuelles. Choisissez une épouse qu’il ne pourra refuser et qui vous soit tout au moins agréable. Quitte à ne pouvoir choisir vous-mêmes votre moitié, vous pouvez tout au moins l’empêcher de décider à votre place.
Baissant les yeux sur sa boisson, il poursuivit.
-C’est en tous les cas ce que ma sœur a prévu de faire. Pour l’instant, mes parents acceptent sa décision de se concentrer sur son travail mais nous savons tous deux que cela ne pourra durer indéfiniment. Mère est trop impatiente de planifier le parfait mariage or ce n’est pas le mien qui la satisfera sur ce point et Cyriac est encore trop jeune pour envisager autre chose que de simples fiançailles. Crestia a donc une liste de candidats potentiels qu’elle, je cite, « pourrait supporter ». Je crois d’ailleurs que votre nom s’y trouve, ne put-il s’empêcher de préciser avec amusement.
L’idée d’imaginer Crestia et Aïlin ensemble était tout bonnement hilarante. Vu leurs caractères respectifs, s’ils feraient sûrement d’excellents partenaires de travail, consciencieux et acharnés qu’ils étaient tous deux, leur asociabilité commune rendait difficile de construire une quelconque relation en dehors de leurs professions respectives. Enfin, c’était toujours mieux que d’imaginer sa jumelle avec Melvin Flint, il avait cinq ans de moins qu’elle pour l’amour de Merlin !
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Re: La mort attire la Mort par Dim 11 Sep - 16:46
D’ailleurs, il devait bien avouer qu’il ne savait trop quoi penser de cet évènement prochain et inévitable. Tous les jours ou presque, il demandait à sa sœur de ne point en faire une obsession, ni de prendre le mariage comme un sujet si terrible. Il avait même été jusqu’à lui rapporter les propos que leur père lui avait tenu au sujet de l’amour, ce danger qui guettait les cœurs trop frivoles et qui n’apportait que souffrances et catastrophes.
L’amour était un sujet sur lequel on dissertait peu, au manoir Bower. C’était un sentiment mal connu, jugé inquiétant voire dangereux, pour lequel Aïlin éprouvait une méfiance inquiète. L’amour. Un sentiment qui n’avait touché l’alchimiste — outre l’affection inconditionnelle qu’il portait depuis toujours à sa sœur — qu'au contact de la famille Peverell, unie par ce sentiment qui les rendait si harmonieux et sereins, en comparaison aux membres de la lignée Bower. C’était quelque chose qui leur était naturel, instinctif. Et, au fond de lui, l’héritier Bower s’était mis à aimer leur amour, à admirer leur capacité à trouver en lui cette confiance qui les unissait de manière indéfectible. Cela le fascinait, comme un chercheur spectateur d’une coutume étrangère, capable de saisir l’importance de ce qu’il voyait sans jamais l’entendre complètement. Car, s’il y avait une chose de méprisée, voire prohibée sous l’égide impitoyable de Devin Bower, c’était cela. L’amour.
Aussi, la remarque du fils Longbottom tira un sourire à son hôte. Choisir, lui proposait-il. Mais, à quoi bon choisir, finalement ? Qu’est-ce que cela lui apporterait ? S’il pouvait choisir, les prétendantes se seraient certainement comptées sur les doigts d’une main, entre celles qui étaient issues de famille trop éloignées de la philosophie des Bower, et celles qui n’avaient pas la moindre qualité susceptible d’attirer l’attention d’Aïlin.
Sur quoi se focaliserait-il alors, s’il pouvait choisir ou, tout du moins, orienter le choix de son père ? Le respect mutuel, certainement. Une femme pour qui il ressentait ou ressentirait de l’amitié, de la confiance et, sans conteste, une attirance sincère. Trivialement, rien ne lui faisait plus peur que de se trouver incapable d’exécuter son devoir.
Son cœur rata un battement quand il se rendit compte qu’un visage flottait dans ses pensées. Gêné par l’audace de son propre esprit, il secoua la tête, s’interdisant de s’attarder une seconde de plus sur l’idée d’une telle union.
Crestian l’aida sans le vouloir à chasser ses idées étranges de sa tête, en mentionnant sa sœur jumelle et sa liste de prétendants. L’ombre d’un sourire amusé glissa sur les lèvres de l’héritier Bower, mais en revanche, il manqua de s’étouffer dans sa gorgée de rhum lorsque Crestian lui confessa que le l’héritier Bower figurait parmi la liste des prétendants envisageables. Ou, plutôt, selon les mots de Crestia : « supportables ». Y avait-il de quoi s’en sentir flatté ? Aïlin n’en était franchement pas sûr.
Comme il commençait à connaître Longbottom, l’héritier Bower était cependant assez sûr qu’il n’y avait pas de sous-entendu caché derrière les paroles du frère. Beaucoup auraient placé cette remarque dans un but précis, mais Aïlin n’arrivait tout simplement pas à voir Crestian comme un sorcier capable de faire de l’ingérence dans la vie de sa sœur, d’autant plus qu’elle était réputée pour son tempérament indépendant et inflexible. Ce n’était pas le genre de femme qu'il imaginait plier, ni ranger ses convictions au placard en courbant l’échine sous la pression d'un frère.
Le jeune homme était tout de même gêné. S’il se permettait de rire, c’était comme s’il insultait le parti que représentait la sœur de Crestian. Aussi, il esquiva toute réaction insultante ou gênante d’un simple trait d’humour, affichant un semblant d’air humble saupoudré d’une pointe d’amusement.
« Eh bien, je suis flatté… je crois ? »
Puis, prenant une moue faussement songeuse, il fronça les sourcils tout en faisant tourner son verre d’alcool entre ses doigts.
« Supportable… Je crois que c’est le plus beau compliment que puisse m’adresser une femme. Généralement, elles sont plus promptes à m’attribuer la caractéristique inverse ! » dit-il en relevant les yeux vers son vis-à-vis.
« À ce propos, j’ai récemment eut l’opportunité de faire la connaissance de votre cousine, Lenore Greengrass… Elle est venue au manoir en compagnie de son père, et nous nous sommes trouvés à tenter de nous accorder l’un de l’autre sans d’abord savoir sur quel pied danser. Malgré les positions bien arrêtées de son père, j’ai découvert un esprit charmant et bien fait. En définitive, il semblerait que les femmes de votre famille s’accordent à me supporter, et inversement. Peut-être devrais-je me tourner vers vous en tant que conseiller conjugal ? »
Un sourire tout en dents ponctua la plaisanterie du Serdaigle. Imaginer Crestian en marieur était franchement cocasse.
« Entre nous, j’ai une préférence pour les rousses… ou les brunettes. »
La conversation empruntait à présent un ton léger, et l’alcool que Crestian leur resservit acheva de détendre leur esprit. Pour la première fois depuis des semaines, Aïlin se sentait d’humeur charmante. Peut-être était-ce le tour qu’avait pris leur conversation, ou le fait que l’héritier Longbottom était très différent des personnalités qu’il rencontrait, le reste du temps. Le jeune homme était beaucoup moins regardant de ses manières, malgré son rang. Il avait cette spontanéité chaleureuse typique des sorciers issus de Gryffondor et qu’Aïlin retrouvait aussi chez son mentor, Henry Peverell. Le tempérament entier de l’auror atténuait la sophistication affectée typique des Bower. C’était une libération pour l’héritier du nom, après tous ces jours d’enfermement au manoir austère de son père, privé de cette chaleur humaine qu’il n’avait jamais trouvée qu’au-delà des murs du domaine.
L'heure était bien avancée, la lune bien haute dans le ciel quand, profitant d’un court instant de silence entre les deux jeunes gens, une bise glacée traversa le salon, tirant à Aïlin un frisson incontrôlé. Instinctivement, son regard se déporta vers le feu qui conférait jusqu’alors à la pièce chaleur et confort.
Voyant le regard interrogateur de son compagnon posé sur lui, Aïlin s’excusa :
« Pardonnez-moi, je ne suis pas encore totalement remis de mes… blessures. J’ai cru sentir un vent bien froid, mais c’est peut-être de la fatigue. Je n’ai pas l’impression de souffrir de l’heure tardive mais depuis quelques t… »
La phrase d’Aïlin mourut entre ses lèvres entrouvertes. Il avait quitté Crestian des yeux et tourné la tête vers l’une des fenêtres du salon, attiré par un mouvement derrière les vitres. Un nouveau frisson le parcourut, dressant les cheveux de sa nuque. Ce n’était pas le froid, et il se leva, empoignant par réflexe sa baguette magique, sans la lever pour autant.
« Il n’y a pas de spectre à Godric’s Hollow, n’est-ce pas ? »
Si Crestian lui répondit, Aïlin ne l’entendait plus, ni ne le voyait plus.
« Vous sentez ce froid ? »
Le jeune homme tremblait légèrement. Le froid dont il parlait crispait ses muscles, comme s’il provenait de l’intérieur de lui-même. Sa peau ressentait telle une aura la froidure qui la caressait. D’un pas trahissant son appréhension, Aïlin s’approcha de la fenêtre. Ce n’était pas la fatigue. Ce n’était pas un courant d’air. Il y avait quelque chose, là, dehors. Il le sentait comme s’il avait déjà vu et reconnu cette chose, inconsciemment. D’ailleurs, si l’héritier Longbottom regardait le visage de son invité, il pouvait maintenant lire la peur incontrôlable qu’il éprouvait.
« Je suis désolé… cela va vous paraître stupide… j’ai cru voir… pourrions-nous aller vérifier qu’il n’y a rien dans les jardins ? »
Aïlin n’avait aucune envie de vérifier, en vérité. Ce qu’il soupçonnait avoir vu le terrifiait tellement qu’il aurait plutôt préféré tirer les rideaux et se resservir un verre d’alcool pour oublier la silhouette blanche ayant flotté un instant dans son champ de vision.
Avant que les deux sorciers aient pu s’engager vers la porte du salon, celle-ci s’ouvrit brutalement, poussée par une force invisible. L’alchimiste fit volteface, retenant un cri de surprise derrière ses dents serrées. Puis, comme rien ne se profilait sur le pas de la porte, le jeune homme se précipita à l’extérieur de la pièce, pour regarder de part et d’autre dans le couloir du manoir. Son regard s’arrêta sur la porte d’entrée entrebâillée et, secoué d’un nouveau tremblement, il appela Crestian avant de sortir dans la cour du manoir.
Dehors, quelqu’un sanglotait. C’était un son menu et pourtant, il était glaçant, déchirant. Bower resta figé sur les marches du perron, incapable du moindre mouvement. Il n’avait même pas cherché à éclairer les environs d’un lumos, aussi obscure était la nuit. Un nuage, qui flottait jusqu’alors devant la lune, s'esquiva, aidant l’alchimiste à percevoir les formes indistinctes des buissons devant lui. C’est alors qu’il vit, derrière l’un d’eux, une lueur blanche, celle-là même qu’il avait discerné du coin de l’œil, alors qu’il se trouvait encore confortablement assis dans le salon. L’instant d’après, une main spectrale, auréolée de cette étrange lumière pâle, écarta les branchages. Une jeune femme, aux interminables cheveux lisses et roux, apparut devant Aïlin. Ses yeux aussi blancs que le reste de sa parure, jusqu’au grain flou de sa peau, trahissaient dans leur plissement une douleur aussi atroce que le cri qu’elle se mit à pousser en s’effondrant aux pieds de l’héritier Bower. Celui-ci ne respirait plus, pétrifié et pâle, quand la main spectrale de la créature empoigna soudain un pan de sa redingote.
« N… non… pas toi… Disparais ! »
Paniqué, Aïlin tenta de repoussser la main de la Banshee, mais celle-ci referma ses doigts glacés sur ceux de Bower. Aussitôt, le cri affreux de la créature résonna dans la tête d’Aïlin. Et le visage sanglant de sa sœur lui vint aussi clairement que s’il la voyait bel et bien.
« Le manoir est attaqué… Crestian, ma sœur est en danger… »
Alors qu’il ne bougeait pas, paralysé par la terreur, la Banshee se mit à pleurer de plus belle tout en reculant, ployant sous le poids de sa propre douleur. Son bras était encore tendu vers l’héritier, comme pour l’inviter à réagir enfin, et seul son cri déchirant sortit l’alchimiste de sa torpeur. Il sursauta quand il la vit disparaître soudain et agrippa le bras de Longbottom.
« Elle va aller la chercher… Elle va chercher son âme ! Il faut arriver avant elle ! »
Sans attendre de réponse de son compagnon, Aïlin transplana.
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Re: La mort attire la Mort par Mer 21 Sep - 19:19
Ainsi, si un jour le cœur de sa jumelle se devait de brûler d’une passion autre que la soif de connaissance, elle serait à l’origine d’un tel sentiment. Jamais elle ne se permettrait de succomber à une émotion aussi basse que l’amour sans l’avoir sciemment désiré. Pour aussi longtemps qu’il s’en souvenait, elle n’avait jamais rien fait qu’elle n’ait elle-même choisi, personne n’avait réussi à lui imposer quoi que ce fut, et il semblait impossible à son aîné d’imaginer voir un jour les choses changer. Il pouvait visualiser Crestia exigeant d’un pauvre hère qu’il lui accorde son entière attention mais la supposer capable de se mourir d’amour était tout bonnement impensable. Son cerveau logique jusqu’à la moelle ne l’accepterait pas. C’était une chose qu’elle puisse imposer ses sentiments à quelqu’un mais que Circé garde celui qui tenterait l’inverse.
La même chose pouvait d’ailleurs être dite sur Lenore. Sa cousine avait beau être bien moins distante que sa sœur, elle était tout aussi capable de faire regretter à quiconque de l’avoir sous-estimée – un trait caractéristique des Serdaigles peut-être ? Elle était par ailleurs bien plus prompte que Crestia à la sociabilité – ce qui ne signifiait pas pour autant qu’elle s’adonne régulièrement aux « joies » des dîners mondains mais Crestia ne mettait pas la barre bien haut. L’Auror n’en fut cependant pas moins agréablement surpris en apprenant qu’Aïlin avait rencontrée la jeune Greengrass et que leur conversation s’était bien déroulée. Il retint d'ailleurs un gloussement pour le moins peu masculin à l’idée de jouer les entremetteurs entre Aïlin et les femmes de sa famille. Il répondit donc avec humour à son ami.
-Et je m’en vois ravi car je craindrais bien trop les représailles des « douces colombes », le ton se fit volontairement mielleux, de la famille si elles venaient à apprendre que je me mêlais de leurs affaires sentimentales.
Un frisson lui parcourut d’ailleurs l’échine en se souvenant de certaines des représailles que Crestia avait pu mettre en œuvre à l’époque de leur scolarité. A vrai dire, il était presque certain que le fils Nott n’avait plus jamais pu se tenir complétement droit plus de cinq minutes sans souffrir le martyr après le sort de Désartibulation que sa « tendre » jumelle lui avait lancé à la suite d’une remarque malheureuse sur leur patronyme. Bien entendu, il ne craignait pas de telles actions à son encontre mais, en homme prudent, il préférait ne pas tenter le sort. Quant à Lenore, elle pouvait paraître moins dangereuse au premier abord mais il ne s’était jamais fié aux apparences. Elle était la fille de Marius Greengrass et rien que pour ça, il ne convenait pas de la sous-estimer.
Heureusement pour son bien-être mental, la conversation prit bientôt un tour moins dangereux et les deux jeunes hommes partagèrent mille et unes anecdotes sans importance, l’alcool et le feu brûlant dans l’âtre réchauffant leurs cœurs et déliant leurs langues. Tout au moins jusqu’à ce qu’Aïlin paraisse soudain prit d’une inquiétude sans nom. En l’espace d’un instant ses yeux se métamorphosèrent de regard placide et détendu en coups d’œil inquiets. Un frisson bien visible s’empara de lui et Crestian commença à se préoccuper pour la santé de son ami. Il nia donc de la tête lorsque ce dernier lui demande si Godric’s Hollow était le refuge d’un spectre de quelque sorte. D’après son père, il n’y avait plus eu de poltergeists dans le village depuis le XIIIe siècle.
Sa tentative de rassurer l’Irlandais échoua cependant car ce dernier semblait de plus en plus préoccupé et, ne serait-ce que pour calmer ses angoisses, Crestian accepta de l’accompagner dehors. De toute façon, il avait beau ne pas ressentir la moindre sensation de fraîcheur, ses instincts d’Auror lui conseillaient de se tenir sur ses gardes. Le monde était semé de dangers invisibles, inodores, voire intouchables et, s’il ne ressentait nulle présence, cela ne signifiait pas qu’Aïlin devenait fou pour autant.
A peine avait-il pensé cela que la porte s’ouvrit d'ailleurs en coup de vent et Aïlin s’élança dehors. Sortant sa baguette, il répondit donc à l’appel de son ami et se dirigea vers lui. Et ce qu’il aperçut une fois dehors lui glaça le sang. Il avait affronté par trois fois déjà des vampires mais la vision de la banshee accrochée au bras de son ami était mille fois plus terrifiante. Car, s’il était possible de combattre un vampire, l’apparition d’une crieuse de mort était inéluctable. Lorsqu’elle prenait forme devant vous, le mal était déjà fait. Seule restait l’angoisse de savoir qui vous serait arraché.
Mystère qui fut rapidement résolu lorsqu’Aïlin s’exclama d’une voix angoissée que sa sœur était en danger. Une seconde, Crestian fut sur le point de déclarer qu’il ne servait plus à rien de courir, que Lynn était probablement déjà partie mais il se reprit à temps. Outre le manque complet de tact qu’aurait supposé une telle déclaration, que savait-il vraiment du fonctionnement des banshees ? Pas plus que ce qu’en disait les livres de Soins aux Créatures Magiques à Poudlard. Aïlin, lui, était irlandais de naissance et, s’il pensait que sa sœur pouvait encore être sauvée, il était de son devoir non seulement d’Auror et d’ami, mais tout bonnement d’être humain de lui venir en aide. Il se laissa donc entraîner dans un Transplanage d’escorte. L’instant d’après, son regard croisait celui, vicieux et sadique, d’une frêle silhouette masquée dont tout son être lui cria la nature vampirique.
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Re: La mort attire la Mort par Mer 21 Sep - 20:23
Il aurait pourtant dû se douter lorsque le fils Bower n’avait pas fait son apparition au moment où ils avaient activé la dernière alarme que quelque chose ne tournait pas rond. Il avait beau avoir lourdement handicapé le sorcier, tout homme digne de ce nom serait sorti voir quelle était l’origine du grabuge lorsque son foyer était attaqué. A la place, c’était une horde d’elfes de maison qui avaient pointé le bout de leurs nez crochus. Rageur, il en avait attrapé un et lui avait tordu le cou. Bien entendu, le reste avait tôt fait de transplaner pour prévenir ses maîtres, et il était à peu près certain qu’Alceste n’apprécierait que très moyennement son initiative, mais à ce stade de leur partenariat elle devait savoir que son impulsivité – notamment sous le coup de la colère – était une de ses caractéristiques principales.
Il ne s’inquiétait cependant pas outre mesure de la colère de sa compagne, il saurait bien se rattraper une fois à l’intérieur. Il avait donc pénétré dans la demeure à la suite de la maîtresse des Serpents qui n’avait pas oublié de l’inviter pour que les protections ancestrales ne lui interdisent pas l’entrée. Cela faisait partie de ses règles idiotes qu’il n’avait jamais comprises mais - pour autant qu’il se soit efforcé de contourner l'usage - en tant que vampire, il ne pouvait pénétrer l’antre de quiconque sans l’invitation d’une personne déjà présente en son sein ou tout au moins habitant les lieux.
Une fois à l’intérieur, il chercha des yeux le regard terrifié d’Aïlin mais ne croisa que celui d’une femme d’une quarantaine d’années qui poussa un petit cri en les apercevant, lui et Lady Gaunt. Considérant que la sorcière était parfaitement capable de gérer la situation, il continua donc sur sa lancée, recherchant toujours l’héritier des lieux. A peine avait-il cependant atteint l'escalier principal qu’il tomba sur une jeune femme qui arrivait en courant, sans aucun doute rameutée par le cri de sa génitrice quelques instants auparavant. Voyant là l’occasion parfaite de forcer Bower à sortir de sa cachette, il se propulsa jusqu’aux côtés de la femme-enfant d’une grande impulsion et l’attrapa par le bras. Il l’attira tout contre lui, remarquant non sans amertume qu’il était à peine plus grand qu’elle puis humant le fumet délicieux du sang de Vierge, il lui lécha la nuque avant de s’écrier.
-Bower, montre-toi si tu ne veux pas que je redessine le joli minois de cette charmante demoiselle.
Un silence retentissant lui répondit, seulement brisé par la respiration hachée de sa victime. Comprenant alors que Bower n’apparaîtrait pas, il poussa un cri hargneux et se téléporta jusqu’au salon où il avait abandonné Alceste, entraînant la cadette des Bower avec lui.
-Il n’est pas ici !
Sa colère grondait et il se retint de la cracher au visage de la sorcière. Elle n’était pas responsable de l’échec de leur mission, sûrement aussi surprise que lui par la tournure inattendue des événements. Pour se calmer, il se délecta donc de nouveau des phéromones terrifiées de la fille Bower. Avant qu’une idée ô combien savoureuse ne lui traverse l’esprit. Et s’il défoulait ses frustrations sur la petite entre ses griffes ? Après tout, quelle meilleure façon de faire payer à Bower l’affront de lui refuser sa revanche qu’en torturant sa sœur avant de l’achever devant ses yeux ? Car il pouvait attendre toute la nuit le retour du fils prodigue s’il le fallait. Il avait appris il y a longtemps la façon d’infliger les pires souffrances tout en refusant à sa victime la délivrance de la mort.
Constatant qu’Alceste s’était déjà occupée du cas de la mère – vu la prostration de la femme, il soupçonnait un usage démesuré de l’Endoloris – il lui fit donc part de sa proposition.
-Que diriez-vous d’attendre que Bower daigne répondre à notre invitation en nous amusant avec cette petite jouvencelle. Je suis sûre que nous aurons tous deux grandement à apprendre de l’autre en termes de torture.
Le regard fier mais dans lequel transparaissait la terreur finit de le convaincre que l’activité allait se révéler excellente. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas eu l’occasion de s’attaquer à un esprit réellement fort et il était certain que la petite Bower ne le décevrait pas. Alors, juste pour commencer en beauté, il renforça sa prise sur son bras jusqu’à ce qu’un craquement se fasse entendre et que l’os perce la peau d’albâtre. Les effluves ferreux s’emparèrent alors de ses narines et il lui fallut faire preuve d’un contrôle draconien pour se retenir de vider la pucelle de son sang. Cela aurait été trop facile. Il avait encore tant de choses en réserve pour elle. Il se permit néanmoins de goûter aux larmes salées qui perlaient le long des joues de la gamine. Puis, se tournant vers Alceste, il lui fit un sourire resplendissant et requit son aide.
-Très chère, auriez-vous l’amabilité d’empêcher notre invitée de nous fausser compagnie, c’est que j’ai tant de plans pour elle mais j’ai besoin d’avoir mes deux mains libres pour les mettre à exécution.
Un petit son de détresse échappa à la jeune femme et vint ponctuer la fin de phrase. Oh si seulement elle savait combien cela l’excitait, elle aurait probablement retenu sa voix. A condition bien entendu qu’elle l’ait seulement pu. Ce dont il douta bien vite. Les cris de détresse ne s’arrêtèrent en effet que lorsque les cordes vocales de l’Irlandaise se rompirent sous l’effet d'un traitemen trop rude. Quant à sa mère, Alceste lui avait ravi la possibilité de crier dès le début de leur petit jeu, aucun des deux comploteurs ne supportant ses gémissements sans intérêt.
Cela faisait néanmoins bientôt deux heures qu’il prenait son plaisir sous le regard impassible de Lady Gaunt et il sentait que s’il ne ralentissait pas un peu la cadence, il risquait de perdre sa proie avant l’arrivée du principal intéressé. Lynn Bower n’était plus qu’une masse de contusions et os cassés, avec juste un ou deux sorts de soin prodigués ici ou là avec parcimonie lorsqu’il s’était laissé un peu trop allé. Il espérait néanmoins que son frère ferait vite son entrée car sa soif augmentait avec chaque minute qui passait mais il ne voulait pas s’abreuver sans audience. Alors, pour s’occuper l’esprit, il tentait de deviner ce qui parcourait les pensées d’Alceste derrière sa façade de froideur. Que n’aurait-il en effet donné pour oser s’aventurer dans les méandres de son esprit, pour savoir si c’était avec complaisance ou horreur qu’elle le voyait officier ? Mais leur alliance était pour le moment trop importante pour qu’il prenne le risque de la mettre en jeu en usant de Légilimencie pour satisfaire sa curiosité. Il se contentait donc de jouer aux devinettes.
Heureusement pour lui, son attente ne dura plus longtemps car, alors qu’il claquait sa proie pour lui éviter de tomber dans les bras de Morphée - amant possessif dont elle risquait de ne plus quitter le royaume - le bruit si caractéristique du transplanage se fit entendre et deux sorciers apparurent dans le salon ensanglanté. Il n’accorda alors qu’une seconde au tas de muscles derrière Bower avant que son regard ne se fixe dans celui de ce dernier et qu’un sourire malsain n’étire ses traits. Il déclara alors, provocant comme lors de leur première rencontre.
-A ta santé Bower !
Puis, une fois ce toast porté, il planta enfin ses canines dans le cou de Lynn, juste dans le coin de peau intouchée qu’il avait jusque-là évité pour cette exacte même raison.
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Re: La mort attire la Mort par Dim 2 Oct - 12:09
Tout aurait pu être parfait. Mais le fils Bower n’était pas là. Le vampire pouvait s’égosiller et appeler dans toute la maison, il allait bien devoir se rendre à l’évidence. Leur cible manquait à l’appel.
Les lèvres pincées derrière son masque d’os, Alceste se tourna vers la mère de famille qui levait vers elle un regard terrorisé. Cette créature était pathétique. Elle n’avait pas même songé à se défendre à l’aide de sa baguette, et demeurait maintenant prostrée aux pieds de son bourreau, la respiration difficile à cause des côtes qui avaient dû se briser sous le coup d’un maléfice d’Alceste.
« Où est-il ? » demanda la maîtresse des poisons d’une voix profondément menaçante, malgré le calme de façade qu’elle affichait.
La bougresse refusait encore et toujours de répondre, et c’était bien le seul courage qu’on pouvait lui accorder. Malheureusement pour elle, Alceste n’était pas d’humeur à reconnaître quelque qualité à sa victime, énervée qu’elle l’était par la tournure des évènements. L’endoloris fusa. Terriblement long, chargée de la haine de la sorcière contre cette née moldue qui avait saccagé le précieux sang d’une vieille lignée sorcière. Et, comme elle ne voulait toujours pas parler, elle fut bientôt même privée du maigre soulagement de hurler. Le sang lui coula de la bouche lorsque d’un sort de magie noire, ses cordes vocales lui furent arrachées.
Il sembla s’être passé un instant seulement lorsque le vampire réapparut avec un trophée que, dans cette affaire, Alceste avait presque oublié. Un sourire se serait glissé derrière son masque si Kenneth n’avait pas semblé à deux doigts de lui sauter dessus, comme si elle était responsable des allées et venues du fils Bower. Donaghue ne put rien voir de la fureur flamboyante qui irradia son visage, et elle se retint de répondre par un sarcasme agressif. Une chance, la petite sœur était là pour détourner la créature maléfique de sa frustration, et focaliser de même l’attention de la maîtresse des Serpents.
« Faites-en ce qu’il vous plaira, elle aura au moins l’intérêt de combler votre impatience. » rétorqua la sorcière sans même jeter un regard à la pucelle. Le cas de cette fille l’indifférait au plus haut point. Qu’elle meurt, c’était tout ce qui comptait. Elle n’était qu’un dommage collatéral, et son agonie n’était qu’une humiliation destinée à son paternel. Aussi, lorsque les hurlements lui furent arrachés avec un tel brio qu’elle aurait pu en réveiller les morts, ce n’était toujours pas à la victime qu’Alceste prêtait son attention, mais bien à Kenneth.
Sa sauvagerie était indéniable. Il ressemblait à un véritable démon, si ce n’était le Mal suprême, alors qu’il s’acharnait sur sa proie, s’arrêtant juste à temps pour retenir le moment de la mise à mort. Son apparente jeunesse sublimait sa cruauté d’une façon très perturbante. Ce n’était pas la première fois qu’Alceste assistait à une scène de torture. Mais Kenneth n’avait pas cette laideur de chien fou d’Arnald. Malgré une bestialité semblable, il était moins grossier, et savait se contenir juste assez pour que la séance ne tourne pas court, sur une victime désarticulée.
Le sang gicla, frappant d’une estafilade carmine la gorge et le masque d’Alceste. Dans ses bras, Lynn n’était plus guère qu’une poupée de chiffon, que la sorcière finit par lâcher avec soulagement. La promiscuité de son corps contre le sien l’avait pesé, n’appréciant guère le contact de cette impure et l’odeur méphitique de peur qu’elle dégageait.
Le temps s’égrenait, de plus en plus lentement, pendant lequel la sorcière jouait avec sa baguette, non sans frustration. Elle en avait même totalement oublié la mère, si peu intéressante qu’elle n’avait pas même pris la peine de mettre fin à sa vie. Ce n’était pas son rôle, de toute façon. La preuve de la faute devait rester. Si Devin était capable d’un tant soit peu de repentir, il l’achèverait de ses mains. Cependant, quand l’ennui se mit à la peser et que son regard se posa sur le corps de la née moldue, une idée lui traversa l’esprit.
Pointant sa baguette magique sur le corps inerte de l’irlandaise, elle incanta un sortilège qui fit sortir des cordages épais de sa baguette. Ceux-là, tels d’imposant serpents, vinrent s’enrouler autour du corps mou de la pathétique créature, jusqu’à la saucissonner si bien qu’elle se retrouva immobilisée dans une position de soumission. À genoux, les mains fermement retenues dans son dos, un cordage enlacé aux commissures de ses lèvres et rejoignant ses poignets, elle se trouvait forcée de conserver la tête braquée vers sa fille que Kenneth passait copieusement à tabac. Alors seulement, la mère des Serpents informula un enervatum qui força la victime à sortir de sa torpeur. Son abrutissement rapidement passé en découvrant l’horreur qu’on la forçait à regarder, un hurlement voulu sortir de sa bouche, mais ses cordes vocales brisées ne furent capables que de libérer un filet de sang qui coula sur les liens qu’elle mordait. Un rire hilare échappa à Alceste et s’éleva vers les hauteurs du plafond avec une intensité cruelle.
« Voilà où mène ton mutisme, sang-de-bourbe ! » cracha la sorcière.
Le désespoir de cette Bronach avait sorti Alceste de son ennui, et c’était heureux. Lorsqu’enfin, le bruit caractéristique du transplanage claqua derrière elle, la sorcière était de nouveau parée à passer à l’attaque.
Elle fit volteface au moment où deux silhouettes apparaissaient, sa baguette brandie devant elle. Derrière son masque, elle eut un sourire satisfait. Bower fils, enfin. Il amenait cependant avec lui un sérieux contretemps. Alors, tandis que Kenneth profitait de la stupeur de l’héritier pour se mettre en scène, la sorcière n’attendit pas un instant pour se jeter à l’attaque de l’auror Longbottom. Un éclair vert fusa, que le jeune homme parvint à éviter de justesse, mais elle n’en resta pas là. Une puissante gerbe de flammes se projeta en direction de l’auror et tout autour d’eux, consumant dans un grondement féroce tous les objets qu’elle rencontrait. Les flammes s’éparpillèrent dans le grand salon et consumèrent les meubles, donnant à la pièce des allures de purgatoire. Les flammes enchantées semblaient animées d’une vie propre, cherchant à tout prix à se jeter sur leur cible sans jamais s’éteindre, tandis que la sorcière montait à l’assaut. Si le feu la touchait, elle n’en sentait pas la brûlure, quand Crestian aurait subi son atroce chaleur.
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Re: La mort attire la Mort par Dim 2 Oct - 12:55
« À ta santé, Bower ! »
Aïlin n’eut pas le temps de crier un « non ! » de supplication, que les canines du vampire s’enfoncèrent dans la gorge de sa cadette. Le regard gris de sa sœur se planta dans le sien, et il y vit clairement l’insupportable expression de sa résignation, et de son soulagement. L’instant d’après, son beau regard se révulsa, et elle s’effondra comme un pantin de bois dont on venait de lâcher les cordes, entre les bras de son tortionnaire.
À côté de lui, le combat s’engageait. La chaleur des flammes lui brûla la peau quand bien même elles ne le touchaient pas encore. Pourtant, Aïlin ne ressentait rien, ni ne voyait rien de tout cela. Il ne voyait que le corps désarticulé de sa sœur que le vampire jetait comme une vulgaire carcasse sur le marbre maculé. Ses yeux bleus, éperdus, se relevèrent vers la créature dont il ne voyait que les lèvres tachées de sang.
Il avait reconnu cette voix, comme il reconnaissait la façon dont le monstre se pavanait, essuyant d’un revers provocateur le coin de sa bouche souriante. Alors, ce fut comme si les flammes détruisant le mobilier pénétraient son ventre, son corps, ses veines. Un feu, d’une intensité jamais ressentie, brûla tout son corps, vrilla son esprit, dilata ses pupilles. Les lèvres retroussées sur ses dents, il hurla, incapable de retenir la haine qui flamboyait au point d’écraser toute autre émotion.
Tuer. Il voulait tuer ce vampire. Il le ferait ce soir. Il le détruirait, il le pulvériserait. Il le ferait plier et lacérerait son corps comme l’autre avait lacéré celui de sa sœur. Sa baguette tenue dans sa main attirait les flammes passant à proximité, sans même que le jeune lord n’y prête attention. Sa rage seule le commandait. Sa vue s’était couverte d’un voile rouge, tandis qu’il courait vers le vampire, amenant dans sa traîne une bannière de flammes bleues. Levant sa baguette au-dessus de son crâne, il la fit tournoyer d’un geste machinal et le brasier se rassembla, formant la tête altière d’un aigle. Celui-ci ouvrit le bec et fondit sur le vampire comme pour l’avaler, tandis que le reste de son corps se déployait alors qu’Aïlin dirigeait le sortilège sur le vampire.
L’héritier ne pouvait en rester là. Il ne voulait pas attendre de voir quel effet avait eue sa première attaque. Il ne voulait pas laisser à cet animal la moindre opportunité de réagir. Il fallait qu’il souffre. Qu’il regrette à jamais d’avoir osé une telle horreur sur sa sœur. Il pouvait menacer son père, il pouvait menacer sa vie, mais l’acte qu’il venait de commettre était le pire de tous. Rien ni personne ne saurait lui faire davantage de mal, à présent. Mais ses larmes restaient résolument à la surface de ses yeux, illuminant davantage la haine qui s’y reflétait.
« Endoloris ! »
C’était la première fois que le maléfice franchissait ses lèvres, mais son arme le propulsa avec une telle intensité que le sorcier fit un pas en arrière pour se rééquilibrer. Le sortilège se fondit dans le brasier, tandis que son désir meurtrier continuait de l’alimenter, passant de son cœur à son bras jusqu’à la pointe de sa baguette, qui vibrait dangereusement sous ses doigts.
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Re: La mort attire la Mort par Mer 12 Oct - 19:02
Jetant un regard alerte autour de lui, il constata que le feu se répandait à toute allure. Un feu clairement infusé de propriétés magiques soit-dit en passant puisqu’il paraissait le suivre où qu’il allât, le cherchant activement et ne lui laissant pas le moindre répit. Face à une telle situation, il activa l’amulette de protection envoyée par Meredith quelques semaines auparavant. Il s’agissait d’une spécialité des sorciers vénitiens, or son meilleur ami avait passé son voyage de noces dans la Sérénissime avant de retourner à Rome en tant que Diplomage et n’avait pas manqué de lui faire parvenir un souvenir de ses pérégrinations. En apprenant sa destination, il avait trouvé d’une ironie sans nom que le Casanova de service, choisisse la ville du romantisme comme destination de voyage de noces mais, dans le fond, ça lui ressemblait bien. Et puis, il n’allait pas s’en plaindre puisqu'il avait récupéré un artefact d’une grande utilité dans sa vie professionnelle.
L’avantage majeur qu’offrait une amulette sur un charme de Protection était en effet que la dépense de magie nécessaire à son utilisation était bien moindre que s’il avait dû constamment garder un Protego autour de sa personne. Il suffisait de l’activer d’un geste de sa baguette et, par la suite, les incantations runiques gravées sur la pierre, faisaient le reste. Plus besoin de s’en préoccuper. Bien entendu, ce n’était pas une défense parfaite mais c’était mieux que rien.
La meilleure défense restant néanmoins l’attaque, il visa bien vite la deuxième silhouette encapuchonnée. Son identité lui importait peu pour l’instant. Il devait juste s’en débarrasser au plus vite pour pouvoir venir en aide à Aïlin. Ayant déjà eu affaire à des vampires plus d’une fois, il commençait à savoir comment s’y prendre et, s’il savait que son ami avait déjà survécu une fois, il savait aussi qu’il n’était pas passé loin d’y rester. Il ne se considérait donc pas meilleur, non, mais simplement mieux équipé pour faire face à ce genre de situations pour lesquelles il avait été formé lors de son apprentissage en tant qu’Auror.
Son regard s’attarda une seconde sur la pauvre Lynn mais il détourna bien vite les yeux, tout autant par horreur et pudeur à l’égard de son frère que pour ne pas perdre sa concentration. La moindre erreur lui serait fatale, il n’en avait pas le moindre doute. Il lança donc sur sa cible un Frangis, sortilège particulièrement violent, destiné à briser les os de son adversaire. Il choisit par-là l’efficacité plutôt que la prudence, son objectif n’étant pas de capturer l’ennemi mais de l’incapaciter au plus vite. Et puis s’il y avait une situation qui pouvait être qualifiée de légitime défense, c’était bien la présente donc il ne se gênerait pas pour faire usage de la force. Au grognement qu’il entendit, il lui sembla avoir touché son adversaire mais, à cause de la fumée qui s’immisçait partout, il ne pouvait pas en être sûr.
Dernière édition par Crestian Longbottom le Mer 26 Oct - 13:45, édité 1 fois
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Re: La mort attire la Mort par Mer 12 Oct - 19:03
Rares étaient désormais les fois où il côtoyait la mort et, pour pouvoir narguer celle-ci, encore fallait-il créer l’occasion de la rencontrer. Il observa donc comme un enfant hypnotisé les flammes prendre forme, se délectant d’être la source de toute cette haine. Il n’en perdit pas le nord pour autant et se transporta immédiatement à l’autre bout de la pièce, ne voulant pas tenter le hasard. Il avait déjà tâté de la puissance du feu de l’alchimiste, il ne tenait pas plus que cela à renouveler l’expérience. Immortel ne signifiait pas invincible et il tenait bien trop à continuer à profiter de chaque instant pour partir si bêtement. Lorsqu’il entendit l’Endoloris, il ne put s’empêcher d’en rajouter. C’était trop facile, il fallait qu’il provoque Bower.
-Mais c’est que le petit Bower est devenu grand et utilise désormais des sorts d’adulte. Fais attention à ne pas devenir ce que tu détestes, ta sœur n’apprécierait pas.
Cela se révéla cependant une erreur qui, sans être fatale, lui coûta cher car, tout à sa mise en scène théâtrale, il en avait oublié qu’il y avait un deuxième combat en cours et reçut de plein fouet un sort destiné à sa compagne. Sentant les os de son bras se briser en plusieurs endroits avant de se reconstruire dans l’instant sous l’effet de sa puissance magique décuplée par l’heure avancée de la nuit, il poussa un grognement de frustration et fut sur le point de s’en prendre au crétin qui avait osé l’attaquer. Mais, il croisa alors le regard d’Alceste et se reprit. La sorcière saurait bien se débarrasser du gêneur. Quant à lui, une idée diabolique lui traversa soudain l’esprit, étirant ses traits dans le sourire ravi d’un adolescent malsain.
Se transportant jusqu’à la carcasse de la gamine qu’il avait achevée quelques instants auparavant, il s’en empara et entreprit d’en faire son propre bouclier, une sorte de marionnette cadavérique. Après tout, Bower n’oserait pas ajouter à l’affront en défigurant encore plus sa pauvre sœur, n’est-ce pas ? Et puis même s’il le faisait, quelle belle vengeance il tiendrait là pour celui qui avait osé le défigurer ! Se présentant de nouveau aux yeux de l’alchimiste, il tendit sa nouvelle protection et déclara du même ton toujours moqueur.
-Qui a dit que les femmes n’ont aucune utilité ? Ta sœur m’aura tant servi vivante que morte.
Dernière édition par Kenneth Donaghue le Mer 26 Oct - 13:48, édité 1 fois
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Re: La mort attire la Mort par Sam 22 Oct - 12:40
La mère des Serpents sentit son regard s’agrandir derrière son masque morbide. La façon dont le fils Bower retournait son propre sort à son avantage, se l’appropriant même, relevait de la Haute-Magie. Soudain, la sorcière se rappela qu’ils avaient affaire à un alchimiste, un alchimiste formé par un sorcier membre d’une des plus vieilles familles sorcières, tant réputée qu'elle était l'objet de contes. Quel gâchis qu’il ne fut point sang-pur. Et quelle aberration qu’il puisse user avec tant de maîtrise de pouvoirs qui auraient dû lui demeurer inaccessibles.
Alceste se déporta avec aisance pour éviter le sort de l’auror, avec un sang-froid digne de sa grande expérience. Elle entendit le grognement de Kenneth derrière elle, et comprit que le vampire avait reçu le sort qui lui était destiné. Idiot, pensa-t-elle avec agacement. Ce vampire était vieux de plusieurs siècles mais se comportait encore comme l’adolescent impétueux qu’il avait dû être avant de mourir. Il jouait, s’attardait, alors qu’ils avaient déjà passé bien trop de temps à l’intérieur du manoir. Bientôt, du renfort viendrait. Il fallait tuer Bower maintenant, et d’un regard noir et appuyé, Alceste tenta de transmettre le message à Donaghue, avant de disparaître dans les flammes. Mais cet inconséquent refusait d’oublier un instant le jeu.
L’auror la cherchait certainement. S’il avait un tant soit peu de jugeote, il devait se douter que la sorcière profiterait des flammes pour en jaillir par surprise, un sort meurtrier aux lèvres. Il devait être sur le qui-vive, elle apercevait d’ailleurs sa silhouette et le bras tendu portant sa baguette, sans plus le distinguer nettement.
Et puisqu’il s’attendait à son attaque, c’était précisément ce que lady Gaunt ne ferait pas. Apercevant, au milieu du salon, le clavecin mourir sous le feu ardent qui l’embrassait, la sorcière jeta un sort qui fit s’effondrer avec fracas l’instrument, pour camoufler le son de son propre transplanage.
Apparaissant derrière Aïlin, elle braqua sa baguette dans le dos de l’Impur et informula un sort qui fit jaillir un rai sanguin de son arme. Le maléfice frappa le dos de l’alchimiste, ouvrant sa chair comme si des lames venaient de s’enfoncer dans son corps. Ses pieds quittèrent le sol et le sang coula à flots. Serait-ce assez pour éveiller la soif du vampire ? Alceste l’espérait. Il était temps d’en finir avant qu’encore une fois, ce garçon leur échappe.
Les flammes bleues s’évanouirent, signe que le sang-mêlé avait perdu le contrôle de son sortilège. D’une incantation muette, Alceste repoussa les flammes, qui se mirent à brûler en cercle autour d’eux, formant un mur qu’elle souhaitait infranchissable pour l’auror. Ils n’avaient besoin que de quelques secondes pour achever leur œuvre. Lady Gaunt hésitait à relever son masque pour que le vampire puisse mieux lire l’injonction qu’elle tentait de lui transmettre à travers son regard. Mais il y avait encore une chance, certes infime si Kenneth ne tardait pas, que leur cible leur échappe. S’il voyait son visage, elle compromettait sa famille toute entière. Et, quand bien même ce massacre était destiné à satisfaire Cathleen Black et son nouvel allié Kenneth, il était hors de question qu’elle fasse pour autant un tel sacrifice.
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Re: La mort attire la Mort par Sam 22 Oct - 14:38
Son corps s’arrêta sur un battement douloureux quand le vampire le provoqua, rieur, prenant un plaisir pervers à mentionner sa sœur. Le corps était là, près de lui. Il le sentait douloureusement, il le devinait sans l’accepter, sans pouvoir ni s’approcher, ni tourner les yeux vers lui. Il ne voulait plus le voir, et c’était avec un regard de haine qu’il tentait de suivre, malgré le brouillard de l’incendie, le vampire qui le narguait.
« Tu n’as aucune idée de qui je suis. » grogna-t-il férocement.
Ce monstre ne savait apparemment foutre rien des adversaires qu’il s’était choisi. Il ignorait parfaitement les us qu’avait instauré le Marquis de Sligo en sa demeure. Il ne devait pas se douter de la collection d’artefacts de magie noire que le lord cachait amoureusement dans les souterrains du manoir. Comme il ne savait rien de l’éducation implacable qu’Aïlin avait reçue en tant qu’héritier. Présomptueux comme tous ceux qui fréquentaient ces chiens de Sang-pur, il n’imaginait pas un instant que les Bower puissent verser dans les Arts Obscurs, associant cette pratique aux coutumiers des œuvres noires tels que les Gaunt.
Le domaine lui-même possédait un pouvoir. Ils avaient défait les protections et enchantements dressés par son père et par Lynn, mais ils n’avaient pas atteint l’âme de la bâtisse. D’éminents sorciers avaient vécu ici. La grandeur de son nom n’avait jamais été volée. Ses agresseurs pensaient à tort qu’ils ressortiraient sains et saufs de leur vendetta.
Le pas vif, Aïlin marcha en direction de la silhouette du vampire. Les sens en éveil, il cherchait du coin de l’œil sa mère, sans oser cependant s’inquiéter sincèrement de son état. Il n’osait pas même penser qu’elle était peut-être morte, elle aussi. Mais les flammes consumaient tout sur leur passage, et il faudrait s’en débarrasser avant qu’elles n’emportent autant sa sœur que sa mère. Avant que Bower n’ait eu le temps de rejoindre Kenneth et pointer son arme sur lui, ce dernier s’était évaporé, pour réapparaître face à lui, chargé d’un bouclier qui coupa le souffle de l’héritier.
Mis en respect par le cadavre de sa sœur derrière lequel le vampire se protégeait, goguenard, Aïlin se figea d’horreur. Son visage devint livide, une horreur indicible troubla ses yeux rivés sur Kenneth. La main qui tenait sa baguette trembla, et il recula instinctivement.
« Espèce de lâche ! » s’écria-t-il d’une voix nouée et chevrotante.
Ses jambes étaient proches de céder sous lui, tant l’effroi le submergeait. Cet être était un monstre. Un monstre qui osait encore salir sa sœur de son toucher.
« Laisse-la ! »
Il frissonna. Sa détermination à le tuer vacillait face au corps de sa sœur, qu’il frapperait forcément s’il s’avisait de jeter un maléfice au vampire. Sa main trembla davantage, et il finit par relever sa baguette, quand bien même les flammes bleutées dansaient encore autour d’eux.
« C’est moi que tu veux ? Alors viens, à moins que tu craignes de te confronter encore à un pitoyable échec. »
Bower eut à peine le temps d’achever sa phrase. Soudain, une étrange sensation le paralysa. Ouvrant des yeux ronds de surprise, il hoqueta, bouche grande ouverte, en sentant la chair de son dos se perforer comme si des sabres venaient de le pénétrer. Ses pieds quittèrent le sol, une sensation de froid l’enveloppa alors qu’il avait l’impression de planer, le temps ralenti par sa stupeur. Et puis, aussi brutalement qu’il avait senti le maléfice le poignarder, il retomba à genoux et la douleur l’irradia en un éclair. Du sang coula sur ses lèvres et, gémissant, il cracha un filet carmin.
Sa baguette était tombée sur le sol et sa main reposait dessus sans plus la tenir. Il inspira, et la douleur se répandit dans tout son buste. Qu’ils en finissent, qu’ils le tuent, pensa-t-il pendant une fraction de seconde. Mais, l’instant d’après, son corps entier se rebellait contre la perspective de se rendre. Ils ne gagneraient pas. Il se vengerait. Et, puisqu’ils avaient fait s’abattre l’Enfer sur le domaine, puisque les flammes les encerclaient comme une promesse de Purgatoire, il ne les laisseraient pas quitter sans difficultés les limbes dans lesquelles ils l’avaient accompagné.
Sa souffrance n’était plus qu’une donnée dont son cerveau se fichait à présent. Ses doigts se refermèrent sur le bois de son arme, il cracha de nouveau. Tout à coup, la sensation du sang imbibant ses vêtements d’une tiède humidité lui fit ressentir avec une incroyable acuité le fait qu’il soit vivant. Son monde s’effondrait. Il tremblait. Et il ne parvenait, pourtant, plus à ressentir quoi que ce soit, si ce n’était le désir de reprendre le contrôle sur ce qu’il pouvait encore changer. Non, il ne pouvait pas les laisser gagner. « Nul ne peut atteindre le maître en sa demeure. » lui avait dit, plusieurs fois, son père. Et cette phrase, qu’Aïlin avait toujours attribué à la suffisance de son géniteur, lui apparut sous un tout autre jour.
Il essuya sa bouche d’un revers de la main qui tenait sa baguette, et reposa son arme et sa paume ensanglantées sur le marbre du sol.
« Nul ne peut atteindre le Maître en sa Demeure… » murmura-t-il entre ses dents serrées. « …sans verser lui-même le sang qu’il a fait couler. »
L’atmosphère changea. C’était, soudain, comme si les murs du manoir s’étaient éveillés d’un long sommeil. Aïlin lui-même ignorait ce qui allait se produire, si cette formule avait véritablement un effet. Il sentit le sol vibrer, comme si un frisson parcourait sa demeure, et quelque chose sembla passer à l’intérieur de lui. Il releva les yeux et, avec surprise, il cru voir dans l’incendie des silhouettes humaines se dessiner. L’instant d’après, le cri d’une femme retentit dans son dos. Aïlin se redressa puis se leva, tandis que derrière-lui, celle qui avait jeté le maléfice tombait dans la même position prostrée qu’il avait eue un instant plus tôt. Manifestement, le sortilège qu’elle lui avait lancé venait de la frapper à son tour. Le mur de flammes, si haut, s’abaissa, affaibli comme l’était l’auteure du maléfice.
« Allez, viens. Ose. Voyons si ton immortalité te préservera de la Haute-Magie qui imprègne mon domaine, et des souffrances que chacun de tes coups te promettent. »
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Re: La mort attire la Mort par Jeu 27 Oct - 22:32
Etant donné que Lynn Bower – paix à son âme – n’était plus de ce monde et que Lady Bower se trouvait dans son champ de vision éloigné, il en déduisit que l’adversaire qu’il combattait depuis son arrivée était une femme et qu’elle venait d’être attaquée à son tour. L’espace d’une fraction de seconde, la partie réactionnaire de son esprit ne put s’empêcher de trouver cela perturbant mais il ne se laissa pas dominer par des préjugés qui n’avaient nulle place sur le champ de bataille. Encore moins quand il était mieux placé que personne, lui qui était entouré de femmes puissantes et brillantes, pour savoir que l’expression de « sexe faible » n’était là que pour tromper l’esprit naïf des hommes et donner un avantage de plus à ces dames.
Se reprenant, il constata que les flammes s’éteignaient peu à peu, sûrement le contrecoup de la déconcentration subie par leur lanceuse. Il en profita donc pour observer la situation avec un peu plus de détail. La première chose qu’il constata avec horreur fut l’état d’Aïlin, juste avant de remarquer le corps désarticulé de sa sœur entre les griffes du vampire. Son regard se posa enfin sur la deuxième assaillante désormais prostrée au sol et il ne perdit pas un instant pour restreindre ses mouvements. D’un geste de la baguette, il enroula une tapisserie restée assez miraculeusement intacte autour du corps de la femme avant de métamorphoser le tout en un bloc de pierre enserrant désormais la sorcière. Il réalisa trop tard qu’il n’avait pas pensé à lui retirer sa baguette d’un Accio bien placé avant d’agir mais il était désormais trop tard pour faire demi-tour. Dans le feu de l’action, on ne pouvait pas calculer toutes ses actions, il fallait donc profiter du répit acquis pour continuer agir avant qu’elle ne reprenne des forces et ne se lance de nouveau dans le combat.
Ainsi, il tenta par la suite d’éteindre les dernières flammes présentes mais, constatant que pour autant qu’il lançât d’Aguamenti, la situation restait inchangée, il choisit de se préoccuper plutôt de protéger Lady Bower - dans la mesure du possible - des conséquences du combat en place. Il métamorphosa donc les débris de fourniture éparpillés autour d’elle en un abri de fortune. Il aurait voulu pouvoir faire plus mais il n’était pas Guérisseur, juste un spécialiste de la magie métamorphique, chacun sa spécialité. En effet, là où sa sœur avait un don pour les Potions et son frère excellait en Sortilège, il avait quant à lui toujours eu une véritable affinité pour la transformation. Durant un temps, il avait même envisagé sérieusement de tenter de devenir un Animagus mais, une chose en entraînant une autre, il n’avait jamais trouvé le temps. Il se promit néanmoins que, si lui et Aïlin sortaient tous deux vivants de cette confrontation, il irait à la Chambre se faire enregistrer comme aspirant Animagus.
En attendant, il avait mieux à faire. Il se dirigea donc vers son ami qui tenait difficilement debout et l’écouta s’adresser hargneusement au vampire qui apparut déstabilisé. Son instinct d’Auror ayant été entraîné à user de la moindre faiblesse de son adversaire, à peine remarqua-t-il la surprise de la créature qu’il passa à l’attaque. Il avait cependant suffisamment eu affaire à sa race pour faire l’erreur de l’attaquer frontalement. Il visa donc le sol sur lequel le vampire se tenait et celui-ci se transforma soudain en sable mouvant avant de retrouver sa consistance originale l’instant suivant. L’objectif était simple : bloquer les mouvements de la créature en la laissant s’enfoncer avant de solidifier le sol autour de ses jambes. Ainsi, ils seraient désormais deux sorciers à attaquer une créature handicapée et pourraient peut-être réussir à en finir avec le vampire tout en récupérant le corps de Lynn pour la laisser reposer en paix d’une fois pour toutes.
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Re: La mort attire la Mort par Jeu 27 Oct - 22:41
C’était bien vrai. Il ne savait pas vraiment qui Bower était et, à vrai dire, il s’en fichait assez royalement. Il était le fils d’un homme l’ayant offensé et cela faisait de lui sa proie, le reste importait peu. D’ailleurs, personne n’était important à ses yeux. Liliana l’avait été à une époque mais celle-ci était révolue depuis belle lurette. Depuis, seule une existence lui importait : la sienne. Et encore n’était-il pas pleinement convaincu d’y accorder une véritable importance. En effet, si son ego était bel et bien surdimensionné, c’était une conséquence de son immortalité. A force de survivre à tout et son contraire, on finissait par se croire supérieur aux autres. Il ne vivait cependant pas pour se glorifier mais simplement pour faire passer le temps dont il ne savait bien souvent plus que faire.
Ainsi, s’il avait de nettes tendances autodestructrices – il était en cela le digne successeur de Liliana et ne doutait pas une seconde, même s’il ne le reconnaîtrait pas même sous la torture, qu’il finirait comme elle, détruit par la puissance infinie d’Ewald – il n’en était pas pour autant suicidaire, bien au contraire. Jouer avec le feu était une chose, se brûler pour se sentir vivre une autre, complètement stupide à ses yeux. Il ne prit donc pas le qualificatif de lâche comme l’insulte qu’il était sans aucun doute. Après tout, ce n’était qu’une autre façon de dire prudent et pourquoi se mettre inutilement en danger lorsqu’il pouvait l’éviter ? En sa jeunesse, il avait connu la véritable faiblesse, la détresse complète de l’impotent et avait, depuis, tout fait pour ne jamais plus retrouver dans cette situation. Et s’il fallait marcher sur les autres pour cela, cela lui convenait parfaitement. C’est qu’il ne s’encombrait pas de choses inutiles comme une conscience.
A défaut de conscience, il avait cependant de l’orgueil et il réagit à la provocation de Bower suffisamment pour sentir sa prise sur la gamine faiblir avant de se rattraper à la dernière seconde. S’il y avait une chose qu’il détestait par-dessus tout, c’était bien que quelqu’un lui rappellât ses échecs. Il n’eut néanmoins pas l’occasion de réagir d’une manière quelconque car Alceste s’en mêla à son tour. Du moins c’est ce qu’il supposa lorsqu’il vit sa proie se contorsionner sous la douleur physique. La colère de voir sa partenaire s’immiscer là où personne ne l’avait appelée se mélangea alors à la soif tandis que l’odeur du sang se faisait de plus en plus prégnante.
Mais, alors qu’il cherchait encore à démêler ses sentiments, la suite des événements le laissa tout simplement bouche bée. Pour la première fois depuis fort longtemps en la présence d’un autre être vivant qu’Ewald il se sentit à la fois impressionné et légèrement inquiet devant la puissance déployée par l’héritier Bower. Il réalisa par ailleurs qu’Alceste était également en train de saigner et, durant un terrible instant, sa gorge lui sembla si sèche qu’il ne sut sur lequel des humains présents jeter son dévolu. Car le sang de Lady Gaunt n’était pas d’une pureté sans égale sans raison et le fumet qu’il dégageait était tout bonnement étourdissant.
Très vite, il commença à se sentir dépassé par les évènements, presque acculé. Pourtant, il refusait d’abandonner si près du but. Il s’apprêta donc à lancer la carcasse de la fille sur son frère pour gagner l’instant de surprise nécessaire pour se lancer sur sa carotide et la lui arracher. La situation serait loin d’être agréable puisqu’il subirait les mêmes dommages que sa victime mais il survivrait et au moins sa tâche serait-elle d’une fois pour toutes terminée. Sauf que c’était sans compter sur l’autre empêcheur de tourner en rond à cause duquel il se retrouva soudain à moitié engoncé dans le sol. Seulement à moitié car, là où l’humain cherchait clairement à limiter tous ses mouvements, il avait eu la rapidité d’esprit de tenter de sortir un pied hors des sables mouvants et se trouvait désormais un pied dans le sol, un pied dehors.
Voyant la situation empirer à vue d’œil, il réalisa qu’il n’avait plus une seconde à perdre. Alors, avant que les deux humains ne puissent réagir, il lança son humaine protection sur eux comme il l’avait originellement prévu. Puis, serrant les dents à les en faire grincer, il posa ses deux mains sur sa jambe coincée et tira comme un forcené jusqu’à ce que, sous sa puissance inhumaine, le sol se brise et sa jambe se libère. Bien évidemment, l’action avait complètement arrachée la peau de son jarret et sa cheville. Sans surprise, la douleur était extrême et la blessure trop importante pour que la régénération soit immédiate même si le processus commença dans l’instant. Il était cependant trop concentré pour s’en préoccuper. Il n’avait plus qu’un seul objectif en tête : en finir avec Bower et quitter les lieux au plus vite avant que la situation ne s’inverse définitivement et que de prédateur il ne redevienne proie.
Dernière édition par Kenneth Donaghue le Dim 6 Nov - 17:47, édité 1 fois
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Re: La mort attire la Mort par Dim 6 Nov - 11:56
L’autre. Elle l’avait oublié. Maintenant, il se tenait aux côtés de son allié. Longbottom. Elle s’en souviendrait.
Kenneth n’était pas en meilleure position. Elle ne le voyait plus clairement, gênée dans son champ de vision par les deux jeunes sorciers devant elle, mais elle l’apercevait s’agiter en grognant. Lui aussi semblait coincé dans sa position, tandis qu’Aïlin marchait vers lui, sa rapière sortie. Il allait lui trancher la tête. Le tuer. Elle le pressentait. Aurait-elle fait autrement à sa place ? Ou elle aurait fait pire. Un instant, elle imagina sa colère, sa rancœur, sa rage et sa douleur si elle était face au cadavre de son Fils. Si on avait osé humilier, dégrader son corps avec la même cruauté que l’avait fait Kenneth. Oh, elle aurait fait pis que tuer. Elle aurait mis hors d’état d’agir le coupable et l’aurait torturé, des heures et des heures, jusqu’à ce que sa rage s’abime et qu’elle ne l’achève dans un final bestial. Puis, elle aurait mis à feu et à sang le reste de la dynastie de l’être qui lui aurait arraché son enfant. La famille valait plus que tout. Sa chair était la promesse des plus grands exploits. Oh, oui, Bower allait trancher la tête de ce vampire qui n’avait que trop joué.
Elle avait toujours sa baguette. Elle devait agir avec extrêmement de vigueur et d’intelligence. Le moindre sort d’attaque pouvait amener leur perte à tous deux. Les fantômes n’agissaient pas encore, mais ils pouvaient attaquer à tout instant. Elle entendait leurs murmures lugubres, semblant venir d’un autre monde, comme si les voix parvenaient à ses oreilles depuis son esprit et non depuis la pièce.
Elle informula ses sortilèges. Aussitôt, la pierre se transforma en calcaire meuble, qui s’effrita dès qu’elle amorça un mouvement puis tomba en miettes. Levant haut les bras au-dessus de sa tête, elle jeta un Impedimenta, qui ralentit aussitôt les deux sorciers visés. Puis, dans un jeté de cape, elle se transporta auprès de Kenneth, dont elle découvrit le membre diminué par la chair arrachée jusqu’à l’os.
Elle aurait voulu promettre à ces deux sorciers qu’ils les reverront, qu’ils n’en avaient pas fini avec eux, mais elle ne pouvait pas parler au risque de se trahir au son de sa voix. Et puis, un fracas à l’entrée lui indiquait que la rescousse arrivait. Non, ils devaient croire que l’Ordre du Sombral était derrière tout ça. Ils devaient chercher les mauvais ennemis, si elle voulait que ce fiasco n’en soit pas totalement un. Alors, empoignant son allié qui souffrait autant qu’elle, elle jeta sur le sol un sortilège qui ancra dans le marbre le dessin d’un sombral carbonisé, et transplana.
Alors que le craquement du sortilège frappait comme un coup de tonnerre, un souffle de vent glacial balaya les flammes qui brûlaient encore et qui s’évanouirent comme une bougie qu’on souffle.
Le silence revint, assourdissant après la fureur du combat, lourd de l’atmosphère funèbre que le corps de la sœur, gisant désarticulé, imposait au salon calciné.
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Re: La mort attire la Mort par Dim 6 Nov - 13:18
Un rictus abominable déforma sa bouche quand l’alchimiste vit le vampire s’évertuer à échapper au piège du marbre, et il accéléra le pas, sortant sa rapière de sa main libre. Il allait en finir avec lui. Dans un instant, sa tête volerait et rencontrerait le sol avec fracas, elle roulerait en libérant le flot de sang vampirique qui courait dans les veines de ce monstre infâme. Aïlin leva sa lame, qui étincela lorsque la lueur rouge des flammes se mira au-dedans.
Et puis, comme il allait arriver devant le vampire pour l’achever, quelque chose le frappa de nouveau. Ce n’était pas douloureux, ni même vraiment agressif. Mais chacun de ses membres devint lourd, et ses mouvements devinrent incroyablement lents. Une frustration sans nom le traversa, mais il ne pouvait rien faire. L’impedimenta était imparable et il vit, impuissant, l’autre sorcière apparaître aux côtés du vampire et l’attraper. Ses oreilles perçurent les craquements de plusieurs transplanages depuis le hall, et il vit la baguette de la femme se baisser sur le sol, ou apparut le dessin effrayant d’un sombral. La seconde d’après, les deux assaillants avaient disparu. Aïlin trébucha et sa rapière racla le sol dans un bruit de métal. Puis, pendant une longue seconde, le silence.
Désemparé, il resta immobile. Le cadavre de sa sœur lui revint à l’esprit et il le vit, dans un coin reculé de son champ de vision, sans pouvoir tourner la tête vers lui. Oh, pourtant, il le voyait comme s’il l’avait clairement devant les yeux.
Ses armes tombèrent à ses pieds et, dans une convulsion qui le plia en deux, il se mit à vomir. Bower crut sentir des mains tenter de l’attraper, de le soutenir, mais il ignorait de qui il s’agissait. Était-ce Crestian ? Était-ce son père ? L’alchimiste n’en savait rien, mais il repoussa l’individu d’un geste malhabile pour s’éloigner à pas incertains.
Bronach. Sa mère, sans chasser pour autant le cadavre de Lynn, s’imposa à lui et son cœur se mit à battre au rythme de son désespoir. Titubant, il courut presque jusqu’à elle. Brady était déjà là, auréolant de sa puissante magie le corps de la matriarche. Elle était devant lui, inanimée. Était-elle bien vivante ? La gorge du fils était serrée au point de lui faire mal et il tomba à genoux auprès de sa mère, qu’il prit dans ses bras en l’appelant sur le ton de la prière. Sa main, tremblante et ensanglantée, caressa le visage de sa génitrice, et il la secoua doucement, la suppliant de se réveiller.
« Mère… ! Mère ! »
Les yeux de Bronach s’entrouvrirent. Aïlin, prostré, se courba sur le corps abîmé de sa mère et son front se cala contre la poitrine de cette dernière. Il sentit la chaleur de son corps, le murmure lent de sa respiration, le battement erratique de son cœur. Elle était en vie. Et, maintenant, elle pleurait, criait, hurlait. Les cris déchirants d’une mère réalisant qu’elle venait de perdre, sous ses yeux, l’enfant qu’elle chérissait. Mais, derrière son horreur et son chagrin, Aïlin perçut dans la façon dont elle s’agrippa à lui le soulagement de savoir son autre enfant en vie.
Les mains de sa mère sur son dos lacéré lui faisaient mal, mais Aïlin n’en avait cure. Il la souleva pour la redresser, puis la serra contre son cœur, avant de tourner un regard résolument sec en arrière.
Le lord était là. Pâle, désemparé. Il regardait fixement sa fille, sur le ventre, inanimée. Ses longs cheveux noirs éparpillés autour d’elle, englués de sang coagulé. Dans un réflexe protecteur, Aïlin cacha d’une main le visage de sa mère, ravalant le haut-le-cœur qui remua son estomac. Sa respiration était bruyante et précipitée, mais il ne s’en rendait pas compte.
Les elfes de maison encerclèrent le corps de sa sœur, et l’un d’eux fit apparaître un draps blanc, qu’ils empoignèrent tous pour couvrir la jeune lady et la soustraire à la vue des membres de sa famille. Ils pleuraient tous en silence.
Devin tourna la tête et le regard du père et du fils se rencontra. Instinctivement, Aïlin crispa ses poings dans le vêtement de sa mère, tandis qu’une vague de peur parvint à percer l’anesthésie du choc. La crainte se lut dans ses yeux quand le marquis s’approcha d’un pas lourd et lent, puis lorsqu’il se pencha pour attraper son fils et le forcer à se relever. La mère échappa à la poigne du fils mais celle-ci, à genoux, s’évertua à s’agripper à lui, empoignant le pan de sa veste. Cela n’empêcha pas Aïlin de reculer de plusieurs pas quand Devin lui asséna une gifle tonitruante. L’héritier demeura de profil, protégeant seulement sa joue enflammée de sa main droite, aveugle aux pupilles de son père, agrandies par l’émotion qu’il tentait de réfréner.
« Je t’avais dit de rester au manoir ! Je t’avais ordonné de les protéger en mon absence !
— Je ne savais pas… murmura Aïlin en retour. Je ne savais pas…
— Et tu ne peux maintenant t’en prendre qu’à toi-même pour m’avoir désobéi. Tu as tué ta sœur ! Du trépas de combien d’autres membres de ta famille devras-tu encore être responsable pour te soumettre à mon autorité ?
— Assez ! Hurla Bronach en poussant maladroitement son époux. S’il avait été là, ils l’auraient tué aussi ! Ils venaient pour lui ! »
C’était bien la première fois que Bronach faisait face à son époux, et cela fut suffisant pour le rendre muet de surprise. Lord Bower sembla se rappeler qu’ils n’étaient pas seuls et se détourna des deux derniers membres de sa famille pour s’intéresser à Crestian. Il s’approcha de lui et posa sa main sur l’épaule de l’auror.
« Je vous suis reconnaissant pour l’aide que vous avez apporté ici. Sans vous, je serais peut-être le seul Bower encore en vie ce soir. Vous devriez rentrer chez vous à présent. »
C’était plus un ordre qu’un conseil. Le ton de sa voix n’en laissait pas le moindre doute. À côté d’eux, les elfes de maison utilisaient leur magie pour réparer le corps de Lynn. Les membres de la Commission d’Irlande, qui avaient tous suivi le marquis, demeuraient figés, arme au point, devant les portes grandes ouvertes du salon. Ils semblaient stupéfaits, horrifiés, embarrassés tout à la fois et attendaient manifestement qu’on leur dise quoi faire. Et, derrière Devin, Aïlin regardait son ami sans le voir vraiment. À présent, la culpabilité était peinte sur son visage défait. Derrière la haute silhouette de son paternel, il semblait frêle, presque chétif tandis qu’il tremblait nerveusement.
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Re: La mort attire la Mort par Ven 11 Nov - 19:26
L’esprit embrumé par les effluves enivrants de la pourpre liquide, il en oublia même la douleur insoutenable de la chair se reconstituant. Instinctivement son regard tomba sur la gorge trop lisse pour son âge, et l’artère y battant était comme une sirène susurrant son nom. Sans bien même réaliser ce qu’il faisait, il passa sa langue sur ses lèvres, se régalant des dernières traces du sang de sa première victime de la soirée, à savoir la gamine qui ne l’avait nullement rassasié puisqu’il n’avait pas eu l’occasion de boire à loisir. Mais voilà que l’occasion de rattraper le coup se présentait à lui, il n’avait qu’à inverser la prise sur son bras pour enserrer sa compagne et elle n’aurait plus aucune chance. A défaut d’avoir un sorcier, il pourrait avoir une sorcière.
Néanmoins, alors qu’il s’apprêtait déjà à planter ses dents dans la chair de son alliée, leurs regards se croisèrent et, s’il ne reconnut l’émotion dans les prunelles de Lady Gaunt, l’éclat dans ses yeux fut suffisant pour réveiller la partie rationnelle de son esprit. A grand-peine, il réussit à refouler la bête qu’il était et mit volontairement de la distance entre Alceste et lui. Tentant tant bien que mal de reprendre le contrôle, une image vivide s’imposa à lui : le regard fou de rage de Bower se rapprochant de lui, et, pour la première fois depuis une éternité, la peur de mourir. Car il l’avait pressenti, pour autant qu’il se fût libéré de l’emprise du marbre, il n’aurait probablement pas échappé à la haine du sorcier si son alliée n’était pas venue à sa rescousse en ralentissant la progression de l’alchimiste. L’espace d’un horrible instant, il avait cru que ç’en était fini de lui et l’horreur qui s’était emparé de lui était moins liée à l’approche de sa destinée qu’à l’idée que ce n’était pas celui qu’il pensait qui aurait sa peau. Lui qui avait toujours pensé finir comme sa créatrice, entre les griffes destructrices du seul être qu’il craignait réellement – bien qu’il ne le reconnaîtrait sous aucune condition – à savoir Ewald, voilà qu’il se découvrait victime d’un maigre humain. C’était inacceptable ! Et soudain, la rage qu’il avait ressentie à l’encontre d’Alceste pour lui avoir ravi son choix suivi du désir de boire son sang jusqu’à la dernière goutte laissèrent place à une gratitude sans nom dont il ne savait vraiment que faire.
Alors, fixant volontairement son esprit sur la douleur bien réelle de sa peau se reconstituant pour éviter à la soif de reprendre le dessus, il prononça à son tour – à la suite du seul humain ayant réussi à le blesser par deux fois et en ressentir en vie – des mots chargés d’une puissance inestimable, celle de la Vieille Magie.
-Moi, Kenneth Donaghue, vampire né de Liliana Hemsworth, me reconnaît une dette de vie envers Alceste Gaunt. Pour aussi longtemps qu’elle vivra et que j’existerais, à tout moment elle pourra requérir mon aide et je me transporterais immédiatement à ses côtés pour la protéger. Par ce serment, je m’engage également à ne jamais m’en prendre à elle sous peine de mort immédiate.
A peine eût-il fini de prononcer ces mots qu’une lumière rouge sombre les enveloppa lui et Alceste avant de disparaître. La solennité de l’instant le surprit lui-même mais il savait avoir pris la bonne décision. Liliana lui avait longuement parlé de ce rituel qu’elle avait quant à elle effectué une seule fois à l’encontre d’un moldu lui ayant sauvé la vie. D’après elle, pour aussi libre que fut un vampire, il en allait de son honneur de respecter ses dettes et, lorsque quelqu’un lui sauvait la vie, il était naturel de lui rendre la pareille.
Néanmoins, s’il ne voulait pas succomber à son propre rituel en s’en prenant à sa désormais protégée, il fallait qu’il quitte les lieux au plus vite et aille rassasier sa soif ailleurs. Plantant donc une nouvelle fois son regard dans celui d’Alceste, il reprit la parole.
-Je vous quitte désormais Lady Gaunt, non pour fuir mes responsabilités dans ce nouvel échec, mais pour votre sécurité autant que la mienne. Je vous promets néanmoins de revenir vers vous pour discuter de nos erreurs respectives dès que j’en serais en état. Bower m’a peut-être échappé par deux fois et il sera désormais très probablement quasiment intouchable mais j’ai toute l’éternité devant moi pour rattraper mes erreurs et croyez-moi, je peux être très patient.
- Pourfendeur de cul-bénis
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Re: La mort attire la Mort par Ven 11 Nov - 20:18
Son aide ne dura cependant pas bien longtemps car Aïlin se défit de son emprise, cherchant instinctivement le corps de sa mère, et les cris déchirants de celle-ci lorsqu’elle se réveilla brisèrent le cœur de l’Auror. Il ne se considérait pas comme un homme prompt à la faiblesse ou à au déploiement gratuit de sentiments mais la douleur sans nom qui traversait les sanglots de Lady Bower n’aurait laissé personne indifférent. Incapable de réagir, se sentant bien inutile désormais que le temps de l’action était terminé, il observa bêtement le couple formé par le fils et la mère, avant de détourner pudiquement les yeux, cherchant ainsi à leur rendre le peu d’intimité qui leur restait.
Une intimité qui fut rapidement brisée par celui-là même qui aurait dû la protéger : Lord Bower. Crestian observa donc, abasourdi, le patriarche gifler son fils avant de l’accuser sans vergogne. Là où il avait espéré que l’homme soutiendrait son fils dans cette épreuve douloureuse, il découvrit un nouveau visage à l’Irlandais, un visage qui ne lui plut pas du tout. De quel droit Devin critiquait-il son fils ? Etait-ce là sa façon à lui de gérer son deuil ? Plutôt que de faire face bravement à la réalité, il s’en prenait à celui qui avait le plus souffert dans cette affaire ? Le mépris qui s’empara du Gryffondor le surprit lui-même. Il était rare qu’il ressente des émotions aussi fortes envers quiconque mais l’attitude du Porte-Parole était ignoble. Son regard croisa d’ailleurs celui de son ami et il vit tout le mal que les paroles de son père avaient fait. Comme si le pauvre Aïlin n’avait pas déjà assez souffert, comme s’il n’allait pas déjà suffisamment subir les affres de la culpabilité, il fallait que le seul homme qui aurait dû lui annoncer son soutien indéfectible l’accusât de tous les maux.
Il voulut d’ailleurs s’en mêler, dire à Lord Bower ce qu’il pensait de son attitude, faire comprendre à Aïlin qu’il n’était ni responsable ni seul face à sa peine, mais Devin lui coupa l’herbe sous le pied. Car il savait reconnaître un ordre lorsqu’il en entendait un. Le remerciement était peut-être sincère – et encore en doutait-il désormais après la scène à laquelle il venait d’assister – mais il n’y avait nul doute que Lord Bower ne voulait pas le voir s’attarder en son domaine. Un instant il craignit pour la vie de son ami s’il partait mais il se reprit, sachant que Devin Bower n’était pas assez stupide pour s’en prendre à son unique héritier alors qu’une multitude de témoins avait assisté à sa rage envers ce dernier.
Alors, usant de la seule carte qui lui restait à jouer, il fit semblant d’obtempérer mais non sans d’abord laisser bien clair ce qu’il pensait de la situation. Ainsi, il s’approcha volontairement d’Aïlin et posa sa main sur son épaule, avant de déclarer à voix haute :
-Les seuls fautifs dans cette histoire sont le vampire et les sorciers qui le soutiennent. Ne laissez personne vous convaincre du contraire. Je repasserais demain voir comment vous allez. En attendant, je m’en vais prévenir Père. Des Aurors devraient arriver au plus vite pour prendre les dépositions de tous les présents.
A cette annonce, il fixa Lord Bower des yeux, le défiant de s’opposer à ses paroles. L’Irlandais voulait sans nul doute régler la question dans le plus grand secret mais l’attaque d’une famille sorcière, fut-elle irlandaise, relevait de la juridiction du Bureau des Aurors. Devin ne pourrait donc empêcher l’arrivée des hommes de Benedict et si Crestian savait qu’il ne lui serait pas permis de s’occuper d’une affaire dans laquelle il était impliquée personnellement, il comptait bien exiger de son père qu’il la donne à des hommes compétents qui accepteraient de le tenir au courant de l’avancée des investigations. C’était là la moindre des choses qu’il pouvait faire pour Aïlin.
Ainsi, une fois qu’il apparut clair que Lord Bower ne s’opposerait pas à ses volontés, après avoir serré une dernière fois l’épaule de son ami dans un geste de soutien silencieux, il transplana dans le bureau paternel, sûr que son père saurait immédiatement que l’affaire qui l’amenait était urgente.
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