Dans les troubles de la mort par Jeu 14 Jan - 22:17
Ici, l’obscurité était presque totale, seulement repoussée par les quelques lumières s’échappant du vieux manoir Gaunt. L’austère bâtisse ne dégageait cependant guère assez d’éclats pour conférer aux alentours autre chose qu’une aura de forêt maléfique.
Les ombres inquiétantes des arbres étaient, telles des allégories de contes, autant de bustes penchés, bras tendus et doigts noueux, semblant vouloir attraper le visiteur pour l’emporter dans les profondeurs des ténèbres.
Parfois, un serpent ou une énorme araignée surgissait de sous l’épaisse couche d’humus, pour disparaître presque aussitôt sous une feuille morte.
Puis, derrière l'ancestral bâtiment, quelques mètres plus loin, les griffes des arbres s’espaçaient soudain, donnant l’impression que s'ouvrait là une arche s’enfonçant dans l’obscurité totale. Avant que le noir ne referme sa gueule sur cette ouverture, on devinait un petit chemin de terre, bordé de ronces aux épines acérées.
Le chemin était sinueux, long d’une vingtaine, peut-être d’une trentaine de mètres. Et c’était après ce rapide passage que s’offrait enfin au regard un surprenant décor.
La Maîtresse des Serpents était toute de noir vêtu. Aucun corset ne retenait sa robe de sorcière de voleter derrière elle, sous la caresse de la brise, à la façon de ses cheveux qu’elle avait gardé défaits. Elle ne portait, pour ainsi dire, aucun apprêt, si ce n’était le fard noir ourlant ses yeux clairs. Quelques lucioles, par clémence, peut-être, flottaient dans l’air, éclairant d’un voile pâle le petit cimetière dans lequel Alceste Gaunt se trouvait. Elle tournait le dos au chemin, surplombant une tombe qu’elle fixait déjà depuis de longues minutes, sans bouger.
Ils étaient là. Ils étaient tous là. Ses enfants. Ceux qui n’avait jamais pu voir le jour, et ceux qui n’avaient pas eu le temps d’en profiter. Des avortons, expulsés de son ventre bien trop tôt pour survivre, des maigrichons, parfois difformes, parfois simplement trop malingres pour supporter le fardeau de la vie plus de quelques heures. Et il y avait aussi le tout premier. Le tout premier à avoir vécu assez longtemps pour être nommé.
Arion était né une nuit paisible, semblable à celle-ci. Dans le souvenir d’Alceste, cependant, il faisait moins froid. Un printemps prématuré réchauffait l’air de ce début de Mars. Aujourd’hui, la nuit lui semblait froide et vide.
La sorcière poussa un soupir, avant de s’accroupir devant la tombe. Sa main droite déposa délicatement huit roses blanches sur la pierre bombée du tombeau. Elle resta ainsi, yeux clos, menton baissé. Seul sa main gauche bougeait contre sa poitrine, caressant, tournant et retournant, une petite pierre noire qui chauffait peu à peu entre ses doigts.
Chaque année, elle essayait. Et, chaque année, elle croyait entendre dans le vent les gazouillis d'un bébé, avant qu’un oiseau nocturne ne s’envole d’une branche et rompe le charme de son imagination.
C’était peine perdue d’essayer, elle le savait depuis des années déjà. C’était pourtant devenu un rituel. Une façon d’exorciser sa honte et sa culpabilité. Les seules qu’elle se reconnaissait aujourd’hui, et pour lesquelles elle n’avait jamais versé assez de larmes. Si elle ne pleurait plus aujourd’hui, elle ne pouvait faillir à cet hommage, à cette soirée de recueillement, car elle était autant une communion avec ses plaies, qu’un moment de repos, hors du monde.
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Re: Dans les troubles de la mort par Dim 17 Jan - 19:27
Force était néanmoins de constater que, peu importât la méthode employée, le résultat était une véritable réussite. L’éternel adolescent n’aurait jamais supporté de vivre en permanence dans un lieu si sombre, mais il savait reconnaître la touche particulière des Gaunt. Ils avaient le sens du paraître, il leur reconnaissait au moins cela. Une qualité apparemment héréditaire comme il avait pu le constater lors de son arrivée au manoir. En effet, désormais reconnu par les protections de la bâtisse, il avait pu se rendre jusqu’à la porte d’entrée et rendre sa présence connue de ses hôtes. Ce n’était néanmoins pas la femme qu’il s’attendait à voir lui souhaiter la bienvenue qui l’avait accueilli après qu’il ait exigé de l’elfe qui lui avait ouvert qu’il aille chercher sa maîtresse. Là où il espérait la tenue altière et détachée d’Alceste, il était tombé sur un regard calculateur et une démarche royale. Les deux femmes étaient liées par le sang, aucun doute à avoir, il aurait cependant été incapable de déterminer si la sorcière face à lui était fille, sœur ou cousine de Lady Gaunt.
Ne laissant pas la surprise le gagner plus d’un instant, il s’était paré de son sourire le plus charmeur et avait même poussé le vice jusqu’à faire une courbette à la jeune femme. Un geste dont il n’aurait su dire s’il avait été apprécié ou méprisé étant donné le contrôle olympien de ses expressions de la sorcière.
-Bonsoir Milady, mon nom est Kenneth Donaghue. Je désirerais parler à Lady Gaunt. Est-elle disponible pour me recevoir ?
La lueur d’intelligence froide qui avait illuminé le regard émeraude l’avait immédiatement mis sur ses gardes.
-Vous la trouverez à l’arrière du manoir.
La façon qu’elle avait eu de terminer sa phrase sans le nommer, tout en fausse douceur, était l’équivalent d’avoir conclu sa phrase d’un méprisant « vampire » mais il n'en avait pas pris ombrage. Il avait pourtant tué pour moins que cela mais ne tenait pas à se mettre ses alliés à dos alors qu’il était pour une fois porteur de bonnes nouvelles. Figeant ses traits dans un sourire tout en dents, il avait cependant osé s’emparer de la main de la belle sorcière d’un geste d’une rapidité inhumaine pour y déposer un baisemain durant lequel il avait volontairement effleuré la peau d’albâtre de ses canines acérées. Non sans tout d’abord exsuder toute sa puissance magique pour tenir le cobra caché dans la manche de la jeune femme à distance.
Puis tournant le dos à l’insolente humaine, il avait pris la direction qu’elle lui avait indiqué et se trouvait désormais sur un petit chemin de terre, si sinueux qu’il semblait avoir été dessiné par un architecture sous l’influence d’une drogue quelconque. Il ne lui fallut néanmoins pas longtemps pour arriver à destination et comprendre soudain d’où provenait l’impression de satisfaction de la sorcière qui lui avait indiqué le chemin. Elle l’avait envoyé droit sur une scène quasi surréaliste, espérant sûrement le mettre dans l’embarras auprès d’Alceste.
La sorcière se tenait en effet prostrée devant une tombe, dans une tenue pour le moins peu appropriée à recevoir de la compagnie. Une attitude que l’immortel n’aurait jamais cru possible chez la fière humaine. Il ne put cependant s’empêcher de la trouver objectivement magnifique dans sa douleur. Car il était impossible de confondre l’émotion qui déformait les traits de Lady Gaunt.
-Qui qu’il ou elle soit, beaucoup vous diraient qu’il est bien chanceux de ne plus être de ce monde. Et ils auraient tous tort.
Sa voix résonna dans le silence aux alentours mais contrairement à ce qu’espérait sûrement sa jeune hôtesse, il n’en ressentit aucune gêne. Il respectait la douleur réelle lorsqu’il la rencontrait – il lui était même arrivé de la ressentir bien qu’il fît tout pour l’éviter depuis la mort de sa créatrice – mais il n’était pas pour autant disposé à se laisser aller en public à des émotions aussi humaines que la compassion ou encore la honte.
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Re: Dans les troubles de la mort par Mer 20 Jan - 21:53
Alceste inspira profondément et bascula la tête en arrière, bannissant le visage aigre de sa belle-mère hors de son esprit. Elle bannissait, ce faisant, la vision de son propre corps qui se reflétait dans le miroir mural, transpirant, pâle, haletant dans des draps souillés par le sang. La honte et la douleur qu’il y avait dans ses yeux gris, quand Ladyship Gaunt lui tourna le dos, emportant avec elle un enfant qui ne respirait pas, et qu’on ne lui laissa pas toucher. La porte s’était fermée sur elle, sans un regard, sans un mot, sans autre consolation que la disparition de la Gorgone. Mais, si elle avait violemment rejeté cette image de son esprit, Alceste entendait encore aujourd’hui, au plus profond de ses entrailles, le hurlement qu’elle avait voulu pousser et qui était resté ancré là, attendant l’heure de s’échapper enfin.
Puis, soudain, le cri s’étouffa dans la brume léchant les tombes et un murmure, tout proche, l’arracha aux songeries dans un violent sursaut. Ses yeux s’ouvrirent aussitôt en grand et, stupéfaite, elle se tourna vivement vers la voix masculine et familière.
Son cœur battait à tout rompre lorsqu’elle reconnut, presque irréel dans cette scène mortuaire, le vampire Kenneth Donaghue.
Elle ne sut objectivement pas combien de temps elle resta figée à le dévisager, stupéfaite. Il lui sembla qu’une éternité s’écoula entre le moment où son corps s’était figé d’effroi et celui où elle se leva d’un seul mouvement, comme frappée par la foudre.
« Comment avez-vous l’insolence de me faire un tel affront ?! » lâcha-t-elle sans pouvoir se contrôler.
Sa voix, à mi-chemin entre le cri et le grondement, tremblait en guise de mauvais présage.
Le calme repentant qu’elle arborait un instant plus tôt n’était plus qu’un souvenir. Elle semblait, tout à coup, plus proche d’exulter que se laisser confondre à loisir par le souffle du vent, assistée par le calme de la nuit.
Alceste ne s’attendait non seulement pas à la visite de Kenneth, mais pas non plus à la moindre présence alentour. Personne, jamais, ne venait l’interrompre. Personne, jamais, ne l’accompagnait. Personne n’avait jamais cherché à savoir ce qu’elle faisait exactement, une partie de la nuit durant dans le cimetière familial, une nuit par an. Arnald feignait de l’ignorer pour ne point s’en embarrasser, et Janus lui-même ne s’était pas aventuré à lui poser la moindre question. Si ses deux enfants avaient compris ce dont il s’agissait, ils respectaient, presque avec crainte, espérait-elle, ce moment où la maîtresse de famille abandonnait les vivants pour s’octroyer une conversation avec les morts. Les autres ignoraient tout simplement cette habitude. Comment Donaghue pouvait-il être là, devant elle ? C’était impossible qu’il sache. Il n’y avait pas deux moyens pour le vampire de se trouver là.
« Despina… »
Cracha Lady Gaunt entre ses dents. Aussitôt, elle ferma les yeux, ravalant la rage proche de se déverser sur celui qui avait été l’objet de la perfidie de sa fille. C’était exactement ce qu’elle aurait voulu. Lui faire perdre toute dignité et sang-froid devant un récent allié. Il y avait à parier qu’elle espérait fragiliser sa propre mère aux yeux de leurs alliés pour mieux la dépasser. Il n’y avait qu’elle au manoir pour conduire Kenneth jusqu’à elle malgré les circonstances. Jamais son fils ne l’aurait ainsi trahie. Quant à ton époux, il n’aurait nullement apprécié de voir sa femme préférée à lui.
Malgré sa fureur, Alceste se recomposa un visage digne, quoi que glacial, tout en se promettant que Despina ne perdrait rien pour attendre. Son cœur, cependant, n’avait pas calmé sa course folle dans sa poitrine. Elle se sentait parfaitement humiliée, et le regard insondable du vampire sur elle lui était, en cet instant, proprement insupportable. Il était peut-être dans son camp aujourd’hui, mais la sorcière n’oubliait pas de quel genre de créature il s’agissait, et ce qu’il pouvait faire d’une faiblesse percée à jour s’il décidait d’agir contre elle. Leur alliance était fraîche et fragile. Pis encore, Alceste ne pouvait pas déverser sa bile sur le vampire comme sur n’importe lequel de ses sbires sorciers pour lui rappeler ce que signifiait sa colère. Kenneth était un adversaire à sa taille.
Quand certains auraient volontiers bondit sur l’occasion de ramener Lady Gaunt à son rang de femme, de l’arracher à ce piédestal qu’elle s’était elle-même érigé, Kenneth n’avait finalement point lié d’offense à son propos. Point de ce genre, tout du moins. Mais ses paroles résonnaient maintenant dans sa tête avec une surprenante insistance. Lancinante.
« Certains reposant dans cette tombe n’ont jamais été. Tout du moins pour le reste du monde. » déclara-t-elle d’une voix polaire, cachant mieux que son rythme cardiaque les émotions contradictoires qu’elle ressentait. « Personne n'aurait eu l'audace de me déranger ici même de son plein gré. J'imagine que je ne peux vous en tenir rigueur ? »
Dernière édition par Alceste Gaunt le Lun 28 Mar - 0:03, édité 1 fois
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Re: Dans les troubles de la mort par Lun 25 Jan - 18:45
Heureusement pour l’avenir de ses relations avec Lady Gaunt, elle reprit immédiatement contenance et cracha un nom qu’il supposa être celui de la vipère lui ayant indiqué le chemin étant donné la haine avec lequel il avait été prononcé. Il laissa donc la sorcière tirer ses propres conclusions, restant inhabituellement silencieux. Une attitude qui finit par porter ses fruits lorsque son hôte lui adressa de nouveau la parole.
-Me tenir rigueur des actions malintentionnées de votre propre sang serait à vos risques et périls Milady. Je me suis après tout présenté à la porte du manoir, demandant une entrevue avec vous dans les formes, et ait été redirigé vers cet endroit par votre « charmante » parente.
Le sourire sardonique qui étira son visage sans âge au mot « charmante » laissa bien clair ce qu’il pensait de la fameuse Despina. Un point de vue qu’il cacha d’autant moins qu’il était évident qu’Alceste ne tenait pas la jeune femme en haute estime non plus et qu’il ne risquait pas de compromettre leurs mois de négociations sur ce point.
-Or, une fois présent, vous reconnaîtrez aisément qu’il aurait été encore plus déplacé de repartir en gardant ma découverte pour moi-même. Néanmoins, si vous désirez que je vous abandonne à votre recueillement et repasse à une date ultérieure, un mot suffit. Sachez simplement que je suis porteur de nouvelles qui je pense, à défaut de vous réjouir, vous intéresserons très probablement.
Une fois ces mots prononcés, il se tut de nouveau, laissant à son alliée de circonstance le temps nécessaire pour évaluer ses options et choisir celle qu’elle considérait la plus désirable. En attendant il se surprit à repenser à sa génitrice. Non pas la furie rousse qui l’avait transformé en vampire et modelé comme personne ne l’avait jamais réussi ni avant ni après elle mais la femme qui l’avait mis au monde et dont il ne gardait plus que de vagues impressions. Il aurait ainsi été bien en mal de dire si elle avait été blonde ou brune, grande ou petite, intelligente ou bête comme ses pieds. Tout ce dont il se souvenait c’était de cette phrase gravée dans sa mémoire après tous ses siècles à force de se l’entendre répéter : « J’ai un client qui vient, va jouer dehors ». Qu’il pleuve, vente ou neige, c’était toujours le même refrain. Parfois, il croyait se souvenir d’un regard fatigué mais insistant mais il n’aurait su dire s’il ne l’avait pas inventé et cela lui importait à vrai dire bien peu.
Pour être tout à fait honnête, rares étaient les occasions où il s’autorisait à laisser ses pensées divaguer vers la zone dangereuse de ses souvenirs d’humain. Mais, entendre Lady Gaunt évoquer ces âmes n’ayant jamais vraiment vu le jour, provoqua en lui une piqûre de rappel fort désagréable. Et soudain, alors qu’il était incapable de mettre seulement un nom sur la figure floue de la femme qu’il appela un jour « Mère », il la revit – ou plutôt une femme aux traits indistincts – se cachant tant bien que mal de ses yeux d’enfant pour attenter à la vie de celui ou celle qui aurait pu compléter sa fratrie. Chaque fois c’était le même rituel, une femme au regard sévère venait, il entendait des cris qui lui glaçaient le sang, la femme repartait avec un liquide gluant enroulé dans un linge sale et sa mère refusait pendant trois jours de le laisser entrer dans la pièce qu’ils partageaient pour dormir. Au final, elle finissait toujours par ressortir – il fallait bien retourner gagner sa vie – mais le regard qu’elle lui lançait, savant mélange de reproche et de mélancolie qu’il n’avait jamais compris, la vieillissait toujours un peu plus.
En grandissant, il avait fini par se demander pourquoi lui avait survécu là où tant avaient échoué et s’il n’aurait pas gagné au change en échangeant sa place avec l’un d’entre eux. Car, on ne pouvait pas dire que sa mère l’aimât. Elle ne le détestait pas non plus et dire qu’elle le maltraitait aurait été une exagération mais elle ne l’avait jamais vraiment élevé. Il s’était élevé seul, dans les rues de son miteux quartier ; ce qui expliquait grandement sa silhouette, blafarde, échancrée et dégingandée. Plus tard, il comprit que c’était son « saint » père – que, sans surprise, il n’avait quant à lui jamais oublié à l’inverse de sa mère - qui avait refusé que sa mère attente à ses jours : il avait préféré vivre avec la preuve en chair et en os de ses vices que d’en finir avec une vie humaine, même en devenir. Après tout il y avait des péchés qu’il ne fallait commettre sous aucun prétexte pour un homme d’Eglise et le meurtre était le premier d’entre eux.
Paradoxalement, avec le temps, il en était venu à éprouver une haine profonde pour ces mort-nés qui non contents d’échapper aux tourments de l’existence lui causaient trois jours de torture durant lesquels non seulement il souffrait de la faim mais on lui refusait même la protection d’un toit au-dessus de sa tête. Désormais qu’il avait l’éternité devant lui, il repensait à cette haine avec un mépris non dissimulé pour l’être faible qu’il avait été. Dire qu’il avait même envisagé d’en finir avec ses jours. Combien d’aventures aurait-il raté !
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Re: Dans les troubles de la mort par Sam 30 Jan - 12:54
Personne, si ce n’était Arnald, ne sermonnait, ni ne reprenait lady Gaunt. Lorsque sa rage explosait et balayait toute lucidité sur son passage, personne ne s’avisait de s’opposer à elle. Et même alors qu’elle ne rétorquait qu’avec une colère froide et tranchante, l’on courbait l’échine face à la sorcière, que les hommes surplombaient toujours facilement d’une tête ou deux, et que les femmes dépassaient elles aussi sans mal. Si lady Gaunt était diminuée par l’apparente gracilité de son corps, elle compensait par des arguments autrement plus importants. Elle avait enseigné à sa fille l’art de torturer et de tuer comme une Gaunt le devait. Elle lui avait inculqué l’art de la guerre au sens primaire, comme au sens moral. Elle n’avait plus besoin, aujourd’hui, de lever sa baguette pour faire baisser les yeux aux sorciers les plus gaillards.
Mais Kenneth Donaghue, lui, la sermonnait sans sourciller. Un frisson électrique traversa l’échine d’Alceste, qui inspira une goulée de la bise venant s’écraser sur son visage, balayant, dans sa caresse, quelques mèches de cheveux. Elle ne savait dire si elle se sentait, en cet instant, davantage outrée que rajeunie de plusieurs décennies.
Elle avait été surprise dans un moment d’abandon et avait dévoilé ce qui restait de faiblesse en elle aussi aisément qu’une jeune femme inexpérimentée. Malgré des décennies à se contrôler, à emmurer son cœur afin de le garder inaccessible, Kenneth avait pu s’infiltrer au travers d’une des rares brèches, avec l’entremise de son ennemie la plus chère. Sa propre fille. L’époque où ses beaux-parents étaient encore en vie, l’époque où elle était, sauf d’être nubile, encore dépourvue de toute descendance, l’époque où elle n’était considérée que comme la jeune épouse d’Arnald Gaunt, qui n’était à craindre qu’au travers de son mari, lui était revenu en mémoire, accompagnée d’une impression familière. D’un mouvement aussi soudain que violent, elle détourna la tête et ferma les yeux, quittant pour la première fois le vampire du regard. Puis, sa main qui tenait encore sa baguette pointa la tombe et elle montra son autre profil au vampire tandis qu’elle rouvrait les yeux pour les poser sur le bouquet de roses. Ses prunelles grises rougeoyèrent quand une grosse gerbe de flammes s’éleva soudain des fleurs pour les réduire en cendres.
Alceste fit disparaître la pierre de résurrection de la paume de sa main d’un simple mouvement des doigts, puis rangea sa baguette avant de s’avancer d’un pas vif, assoupli par l’amplitude de sa robe, vers Donaghue. Ils étaient morts, depuis longtemps. Certains n’avaient même jamais vécu. Kenneth avait vu cette faiblesse en elle. Elle devait s’en défaire, sans un regard en arrière. Une hargne de combattante l’empêchait de ressentir ce que lui coûtait de réduire en cendres son offrande aux morts tandis qu’elle s’arrêtait à hauteur du vampire pour relever ses yeux dans les siens. Puis, d’un geste assuré, Alceste releva sa main droite vers le visage du vampire. Elle le toucha d’un index qu’elle posa près de son menton, sans montrer la légère surprise qu’elle éprouva en ressentant la froideur de sa peau.
Elle ne pouvait le menacer physiquement. Ni de sa baguette, ni autrement. Elle ne pouvait non plus prendre le dessus sur Kenneth Donaghue sans mettre en péril leur fragile alliance. Cependant, elle ne pouvait pas lui laisser penser que lui le pourrait. Ce contact, surprenant de sa part, avait une signification sans équivoque. Elle ne comptait pas lui laisser croire qu’elle le craignait ou ne se considérait pas comme parfaitement égale à lui. Alceste n’avait ni hésité, ni frémit en approchant sa main, ni en touchant son visage, quand même les sorciers les plus aguerris auraient hésité ne serait-ce qu’à approcher d’un peu trop près un vampire vieux de plusieurs siècles.
« Je vous serais gré de ne point me rabrouer comme on se le permet avec une jeune fille, Kenneth Donaghue. J’ai reconnu que je ne pouvais vous tenir rigueur d’un fait que vous ignoriez, mais si vous me menacez encore une fois, je serais dans l’obligation de vous montrer quel genre de prédateur je puis être, moi aussi. Vous avez certainement l’habitude que les femmes se soumettent d’un seul regard un peu trop appuyé, mais je ne suis pas de cette espèce-là, et je vous ne le laisserai point penser, quoi que la leçon puisse me coûter. »
L’air calme mais intransigeant, Alceste resta les yeux rivés dans ceux du vampire, sans même cligner. Son cœur s’était un peu apaisé, quoi qu’il battait toujours vite, échauffant sa peau jusqu’alors rafraîchie par le froid de la nuit. Elle semblait pourtant ouverte à la discussion, malgré la remise au pas qu’elle avait déclamé dans un susurrement polaire.
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Re: Dans les troubles de la mort par Ven 5 Fév - 18:21
Car son apparition soudaine avait brisé le quiproquo. Il avait involontairement pris le dessus et ne comptait nullement faciliter la tâche de la sorcière qui cherchait désormais à rétablir l’équilibre. Pas plus qu’il ne comptait lui mettre des bâtons dans les roues. Ce n’était là qu’une occasion de plus de lui prouver qu’il ne s’était pas trompé en choisissant de traiter avec elle. Sans compter qu’il s’agissait d’un divertissement d’une rare qualité. Il la laissa donc approcher sans broncher mais non sans observer d’un œil suspicieux le moindre de ses gestes. Et quelle ne fut pas sa surprise lorsque l’humaine approcha sa main de son visage jusqu’à venir poser le bout de son aristocratique index sur sa peau glaciale.
Pris de court par ce comportement pour le moins inhabituel, il resta de marbre. Puis la sorcière prit de nouveau la parole et il fut envahi d’un sentiment profond qu’il n’avait pas ressenti depuis des lustres - et l’expression était à prendre au pied de la lettre - : le désir. Cette envie impérieuse et dévorante de posséder quelque chose, d’en maîtriser le moindre mouvement, de pouvoir le briser et le reconstruire selon son bon vouloir. Lady Alceste Gaunt, si fragile et si forte à la fois, une femme dans un monde d’hommes, une simple humaine face à une créature de la nuit. Et pourtant elle était là, impassible malgré les battements erratiques de son cœur qu’il entendait sans mal ou plutôt qu’il humait avec délectation. S’il se l’était permis, il aurait presque pu se représenter le sang pulsant dans ses veines délicates.
Un sang puissant, amer, comme sa propriétaire, avec un arrière-goût suave presque imperceptible pour qui ne savait l’apprécier. Tout chez elle semblait arrête savamment taillée pour empêcher toute douceur de faire son apparition mais il savait désormais que, comme tant d’autres avant elle, il ne s’agissait en réalité que d’un masque. La différence étant que le sien était si bien construit qu’elle-même n’osait probablement plus l’ôter de peur de ne plus reconnaître la femme cachée derrière. Un instant, il s’imagina la tordre et retordre en tous sens jusqu’à faire apparaître les premières craquelures qui finiraient par faire éclater l’hideuse vérité. Puis, l’instant d’après le désir presque incontrôlable de plonger ses canines acérées dans le blanc laiteux du cou de l’humaine s’empara de son être. Mais ce n’était pas le moment. Elle n’était pas un jouet quelconque, ne l’avait jamais été. Et s’il voulait poursuivre leur association, il allait devoir apprendre à contrôler ses pulsions de destruction. Il reprit donc le contrôle de ses émotions.
Son moment d’égarement n’avait pas duré plus de quelques secondes mais la puissance des sentiments qu’il avait ressentis l’avait bouleversé comme il ne l’avait pas été depuis la mort de sa créatrice, distordant sa perception du temps jusqu’à allonger indéfiniment ses infimes secondes. Il finit donc par recentrer son regard arctique dans celui d’ébène qui lui faisait face et un sourire franc – qui aurait traumatisé plus d’un homme adulte en pleine possession de ses moyens – se dessina sur ses traits inhumains. Son excitation était également perceptible dans le pétillement inhabituel de ses iris couleur émeraude.
-Vous n’êtes définitivement pas une pucelle Alceste Gaunt et si je reconnais sans peine qu’une curiosité malsaine me ronge à l’idée de vous voir mettre votre menace à exécution, les réjouissances devront attendre.
Son comportement insouciant et quasiment infantile, associé à sa voix n’ayant jamais réellement mué, tranchait avec les dernières paroles de sa compagne. Il s’agissait cependant de sa façon bien à lui de laisser derrière eux les premières minutes de leur entrevue. Ils avaient tous deux joué avec le feu, il était temps de le laisser reposer et d’en revenir à la véritable raison de sa présence en ces lieux.
-C’est que je suis certain que l’étrange phénomène auquel j’ai assisté ne pourra que vous intéresser. Car figurez-vous que les hommes de Dieu aux pouvoirs tout bonnement … magiques, il laissa volontairement un silence provocateur avant ce mot tel un prestidigitateur jouant avec son public avant le grand final, sont plus courant qu’il n’y paraîtrait au premier abord.
Dernière édition par Kenneth Donaghue le Dim 14 Fév - 16:14, édité 1 fois
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Re: Dans les troubles de la mort par Mar 9 Fév - 0:05
Elle était lady Alceste Gaunt. Elle était née Lestrange. Ce silence oppressant ne l’impressionnait pas. En revanche, la façon dont Donaghue la fixait hérissait les cheveux sur la naissance de sa nuque. Et, rien que pour l’affront qu’il lui faisait d’un seul regard, la sorcière se voyait avec envie lacérer ce beau visage d’éphèbe, plus lisse, plus juvénile et plus pur qu’elle ne l’aurait jamais.
La rage enflamma ses boyaux quand les lèvres vermeilles de la créature se murent autour d’une ultime provocation. Aussitôt, elle ôta son doigt de sa peau, aussi vivement que si elle s’était brûlée sur cette chair pourtant froide.
Sa lèvre agressive se figea dans un rictus avorté lorsque Donaghue parla de nouveau. Le feu de son ventre, qui ne demandait qu’à sortir pour incendier ce qui se trouvait directement à sa portée, sa figea net à la mention de mutmags au service de l’Église. La curiosité éclaircit les yeux gris de la lady. L’effet de manche avait eu son effet sur la sorcière, qui s’était imperceptiblement détendue, soudain plus ouverte à la conversation. C’était, cependant, un mouvement inconscient, et son esprit, lui, était encore secoué de s’être ainsi échauffé. Il lui fallut deux longues secondes pour mesurer le sens et l’importance de l’information que venait de lui donner Kenneth.
Il y avait au moins un autre homme de Dieu doté de pouvoirs magiques quelque part dans la nature. Une abomination qu’elle ne pouvait pas ignorer, qu’elle pouvait moins encore laisser courir sur l’île d’Albion.
« Ce n’est pas un endroit pour discuter. » concéda enfin Alceste, lâchant les yeux de Kenneth pour se détourner. « Suivez-moi. »
Prenant la tête, la sorcière marcha d’un pas rapide et altier entre les tombes pour atteindre le petit chemin qui menait au manoir. Se faisant, elle sortit sa baguette et, d’un coup sec vers le ciel, en fit sortir une boule de lumière bleutée, qui la dépassa pour éclairer ses pas sans l’éblouir.
En quelques instants, le vampire et la sorcière entrèrent dans l’ancestral manoir Gaunt. La porte que l’on voulait pluricentenaire gémit en se refermant derrière eux, et la lumière douçâtre des flambeaux muraux les accueillit. L’escalier d’ébène, face à eux, ressemblait à une escalade vers le néant, dans la pénombre ambiante. Cependant, une lumière un peu plus vive se déversait dans le corridor, par l’embrasure d’une porte entrebâillée, sur leur gauche. Alceste se défit de sa cape pour la jeter négligemment de côté, laissant la charge à l’elfe venu les accueillir de faire disparaître le vêtement. Puis, sans hésiter davantage, elle se dirigea vers la porte menant au salon.
Il n’y avait plus aucune trace de la bataille qui avait eu lieu ici. Pourtant, un sentiment désagréable envahissait toujours Alceste lorsqu’elle entrait, comme si l’atmosphère du lieu avait été définitivement souillée. Elle fut distraite bien vite de cette sensation lorsque son regard se posa sur Despina, qui se leva en voyant apparaître la maîtresse de maison. Janus, qui était à côté d’elle sur le canapé, fit de même, avant de détourner un regard aussi fixe et froid que celui d’un serpent dans l’hôte surprenant qui passait la porte, dans le dos de sa mère.
« Janus, aurais-tu l’obligeance de raccompagner ta sœur au domaine de son époux ? » demanda la lady, détournant superbement son regard de la première.
L’héritier la fixa une longue seconde, avant de courber l’échine en signe d’obéissance. Aussitôt, les enfants de lady Gaunt s’effacèrent et les elfes firent disparaître les traces du thé tardif qu’ils avaient pris. Alceste s’installa alors, avant d’inviter Kenneth à en faire de même, d’un signe de la main.
« Je suis curieuse d’entendre ce que vous avez à m’apprendre. » déclara-t-elle tandis qu’elle faisait apparaître dans sa main un ballon rempli d’un liquide incarnat, et pendant que l’elfe apportait verres et vin. Puis, levant les yeux vers le vampire, elle ajouta : « Je vous serais gré de ne point me faire attendre davantage… ».
Elle s’était penchée en avant, vers la table basse, pour remplir un des verres du breuvage qui, en touchant le fond du cristal, libéra un arôme de fer. Ce qu’elle tendit au vampire était bien du sang humain. Du sang moldu, plus précisément. Elle avait souvent eu l’occasion de s’en procurer, et le faisait régulièrement, pour le besoin de ses recherches. En revanche, elle se contenta très bien du verre de vin rouge que son esclave venait de lui servir.
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Re: Dans les troubles de la mort par Dim 14 Fév - 17:04
Ainsi, il la suivit en silence jusqu’à sa demeure. Il pouvait après tout bien lui faire la fleur de choisir le lieu de leurs négociations après ses provocations précédentes. Qu’elle tente donc de reprendre le dessus en son domaine, il n’avait rien contre. Au fond, il n’était pas là pour la titiller, il aurait même mieux valu qu’il garde l’humaine dans ses petits papiers mais ses réactions étaient si intéressantes qu’il ne pouvait pas s’empêcher de jouer avec le feu, se balançant toujours sur le rebord de l’abîme sans aucune certitude d’en revenir intact. C’était ce que Liliana avait appelé son grain de folie, ce besoin de s’imposer en toute circonstance, même lorsque la situation exigeait qu’il s’écrase. Pourtant, il n’en était pas inconscient pour autant, il savait renoncer lorsque les circonstances l’imposaient et c’était ce qui l’avait maintenu en vie durant toutes ses années sous la coupe d’Ewald. Néanmoins, Lady Gaunt pour aussi formidable qu’elle fut ne serait jamais au même niveau que le régent vampirique et Kenneth ne voyait donc pas le besoin d’exercer une excessive précaution en sa présence. Au contraire, tout l’enjeu consistait à obtenir le plus en lâchant le moins.
Pénétrant dans le manoir Gaunt pour la première fois, il ne put s’empêcher de le trouver trop sombre à son goût. Il avait beau être une créature de la nuit, il n’en appréciait pas moins une pièce correctement éclairée, ne voyant nul intérêt à vivre dans une demi-pénombre qui n’augmentait en rien sa puissance. Bien sûr, certains de ses congénères aimait l’ambiance « mystique » que cela imposait mais il avait toujours trouvé qu’il s’agissait là d’un beau ramassis d’idioties. Il garda cependant ses remarques pour lui, ne désirant pas vexer son hôte. La pousser à bout pour en obtenir quelque chose oui, se montrer volontairement désagréable, non. Il avait trop d’estime pour la sorcière pour lui faire un tel affront. Il en allait néanmoins bien autrement pour sa fille et, lorsque son regard croisa celui de la jeune Despina, il fit volontairement glisser ses yeux jusqu’au poignet de la demoiselle qu’il avait au préalable effleuré de ses dents avant de se passer explicitement la langue sur les lèvres. Il put alors se délecter des éclairs de haine qui remplacèrent le mépris dans les prunelles de la cadette Gaunt.
Il détourna ensuite ostensiblement le regard comme si l’humaine n’était plus digne de son intérêt et s’intéressa à l’aîné de la fratrie. Janus, qu’il avait déjà rencontré lors de sa première visite à la matriarche Gaunt, le regardait fixement, sans rien laisser paraître de ses sentiments si ce n’est qu’il n’appréciait clairement pas la proximité de sa génitrice avec une sangsue. Choisissant de ne pas créer d’antagonisme inutile, il se contenta de soutenir calmement son regard jusqu’à que frère et sœur quittent la pièce. Puis, il s’installa à la demande d’Alceste qui le surprit fortement en lui proposant rien de moins d’un verre de sang. Une attention qui le toucha et fit s’envoler toutes ses envies de taquinerie précédentes. S’emparant de la coupe, il lui répondit donc immédiatement.
-Laissez-moi faire honneur à votre présent et je vous raconterais tout.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Il porta le ballon à ses lèvres et apprécia la saveur ferreuse du liquide vermillon. Il n’était pas d’une qualité exceptionnelle mais les conditions de conservation étaient superbes. Pour du sang lambda, le goût était exquis. Terminant sa gorgée avec classe et sans laisser une seule goutte s’échapper hors du verre, il reposa donc celui-ci et commença son récit.
-Tout a commencé alors que j’apprenais l’ouverture d’un procès pour vampirisme dans un village à quelques lieux de Sligo. Sachant pertinemment être le seul vampire à avoir pris la peine de visiter ces contrées perdues, je n’ai pu que m’intéresser à l’affaire. Je voulais savoir comment ces idiots de l’Inquisition allaient gérer ce qui était clairement une histoire de superstition paysanne. Sans compter que vous m’aviez demandé de m’informer sur le fonctionnement de cette « vénérable » institution avant le procès qui se tiendra très bientôt.
Considérant qu’il s’était assez étendu sur les raisons de sa présence en Irlande, il accéléra jusqu’aux détails cruciaux.
-Je vous épargnerais les tenants et aboutissants de cette mascarade, tout ce qu’il convient que vous sachiez c’est qu’aux côtés de l’Inquisiteur du coin se trouvait un jeune Inquisiteur nettement plus compétent que son collègue, et ce, en plus d’un domaine. En effet, ayant fini par me lasser de ce pseudo-procès je décidais de m’amuser un peu aux dépends des crédules au coin en leur montrant à quoi ressemblait un vrai vampire. C’était sans compter qu’en plus d’un bon maniement de l’épée, le père possédait des pouvoirs magiques loin d’être négligeables et dont il n’hésita pas une seconde à faire usage dès qu’il réussit à nous éloigner un peu de la populace.
Se remémorant la scène, il conclut.
-Au vu du tour pris par les événements, je ne m’attardais pas mais je restais suffisamment longtemps pour remarquer que l’homme a tout fait pour que notre combat n’ait aucun témoin, comme s’il tenait à garder ses pouvoirs secrets. Par ailleurs, si je n’ai pas obtenu son nom, je peux vous faire une description exacte de ses traits.
Et il ne s’agissait pas là d’orgueil mal placé, dès son humanité, il avait toujours été doté d’une mémoire visuelle supérieure à la moyenne.
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Re: Dans les troubles de la mort par Dim 27 Mar - 15:59
Le vin, trop âpre à son goût, lui fit claquer la langue contre son palais et elle reposa son verre, presque avec dégoût. Alors, elle se redressa, bien droite sur le canapé, sans s'octroyer le confort de prendre ses aises sur le dossier comme elle aurait pu, en sa demeure, se le permettre.
Son maintien demeurait aussi rigide que si elle portait un corset, tandis qu'elle écoutait Donaghue faire le récit de ses aventures. Et, si ses yeux ne montraient rien de ce qu'elle pensait en cet instant, intérieurement, mille et une questions se bousculaient.
L'inquisiteur auquel avait fait face Alceste n'avait jamais fait mine de cacher ses pouvoirs. Au contraire, c'était une glorification, symbole, pour lui et ses brebis stupides et ignares, de la bienveillance de Dieu à son égard. Chez lui, ce qu'ils appelaient habituellement sorcellerie et satanisme étaient devenus miracles. Cela la révulsait.
Mais pourquoi, alors, l'autre inquisiteur se cachait-il ? Avait-il conscience de son état de sorcier, pour sa part ? Sans s'en rendre compte, Alceste se trémoussa légèrement sur sa place tandis qu'elle réfléchissait en silence, le regard détourné vers un coin du salon.
Attiré par la voix envoûtante du vampire, Sinéid venait d'apparaître dans la pièce et rampait grâcieusement en direction de ce dernier, vers lequel elle leva sa tête anguleuse. Sa langue fourcha, sans percevoir la chaleur émanant normalement des corps humains.
« Encore du grabuge à Sligo, la bourbe sera sur le qui-vive. Pourquoi le vampire n'a pas plutôt capturé l'humain ? Voilà trop longtemps que moi et mes frères n'avons plus goûté le sang impur… »
Un étonnant sourire glissa sur les lèvres d'Alceste, qui détourna un regard presque tendre en direction de sa compagne. En douceur, elle se pencha en avant et tendit le bras à sa vipère, qui vint aussitôt s'enrouler autour de la peau blanche de sa maîtresse.
« Bientôt, Sinéid. Sois patiente. » la rassura Alceste en fourchelang.
Puis, s'adressant à Kenneth :
« Sinéid s'étonne que vous n'ayez rien tenté de plus à l'égard de ce sang-de-bourbe. Il est vrai que j'aurais apprécié que vous m'apportiez sa carcasse agonisante, mais comme ma vipère, ce désir est la marque de ma propre impatience. Voilà trop longtemps que je dois tenir la bride à mes pions, mais aussi à ma propre soif de sang. »
Marquant une légère pause, Alceste conclut :
« Vous avez certainement eut raison de faire preuve de prudence. Tant que nous savons où cet homme se trouve, il est inutile de se lancer dans une croisade précipitée. Sligo… »
Décidément, c'était le cœur de toutes les batailles.
« Vous avez dû encore causer de grands troubles dans les parages. Le marquis - un vif mépris marqua le titre - ne va pas manquer de renforcer encore la sécurité sur son comté. Une chance, son manoir est assez isolé, et il compte trop sur ses protections magiques pour permettre à quelques forces armées de garder sa demeure. Cela risque tout de même de compliquer notre prochain déplacement. Mais, avant de vous parler de mes projets qui découlent directement de ce présent que je vous ai promis, je pense que vous avez encore des choses à me dire. »
Son regard perçant darda le vampire, comme pour passer au-delà de la barrière de ses prunelles et entrer dans son esprit, même si, au contraire de Kenneth, elle en était incapable.
« Vous n'avez pas laissé en vie cette insulte à la race sorcière sans raison. Qu'avez-vous derrière la tête, Kenneth Donaghue ? »
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Re: Dans les troubles de la mort par Dim 3 Avr - 17:58
Pourquoi avait-il laissé l’humain en vie ? Une question qu’il s’était lui-même posé en premier lieu. La situation lui avait cependant semblé trop incertaine pour tenter une attaque inconsidérée. L’Inquisiteur était loin d’être sans défense et, depuis le fiasco de Sligo, il avait retrouvé une certaine prudence. Certaines mauvaises langues la qualifieraient de frilosité pour ne pas dire couardise mais il pouvait bien supporter quelques calomnies tant qu’il arrivait à son but. Car s’il y avait bien une leçon qu’il n’avait jamais oublié dans le chaotique apprentissage de sa créatrice c’était que la patience était la première des vertus d’un vampire. Les nouveaux-nés en étant souvent dépourvus, trop heureux de pouvoir s’adonner à leurs pulsions primaires sans réfléchir aux conséquences, cela n’avait pas été une leçon facile à intégrer. Encore moins lorsque l’on prenait en compte qu’à l’époque, il n’avait été qu’un adolescent de plus déjà prompt aux décisions inconsidérées. Les choses avaient cependant bien changé depuis et il avait appris à prendre des décisions au quart de tour tout en réfléchissant à long terme.
Par conséquent, alors qu’il avait originellement prévu de se débarrasser du dérangeant moldu, il avait bien vite modifié ses plans devant l’étendue de la maîtrise de ses pouvoirs de l’humain. Il aurait en effet pu en finir, ayant beaucoup appris lors de son combat avec l’héritier Bower, mais une idée avait germé dans son esprit pendant l’altercation. Une idée qu’il comptait bien mener à son terme, ou tout au moins aussi loin que les circonstances le lui permettraient. Mais pour cela il avait besoin de l’aide de la femme assise face à lui. Ainsi, lorsqu’elle demanda des explications sur son comportement, il s’autorisa à laisser apparaître un sourire mauvais sur ses traits sans âge.
-Avez-vous déjà assisté à un envoûtement vampirique Milady ?
A ses mots, il fixa de son regard inhumain une elfe de Maison qui était restée en retrait en attente d’un quelconque ordre de sa maîtresse et l’interpella.
-Approche elfe.
La créature, terrorisée, jeta un regard effrayé à Lady Gaunt et, après s’être assuré qu’elle l’autorisait à suivre l’ordre du vampire, s’approcha craintivement. Kenneth, totalement détendu, poursuivit donc sa démonstration en lui intimant l’ordre suivant.
-Attaque-moi.
La peur céda la place à l’incompréhension dans le regard de l’elfe qui n’osa cependant pas demander à Kenneth de se répéter. Ce qu’il fit pourtant.
-Attaque-moi.
-Mais … Maître, Twinky ne peut pas ! Twinky…
Ne laissant pas l’esclave poursuivre, le blond planta de nouveau son regard dans les yeux globuleux de son vis-à-vis et poussant son charisme à son maximum envoûta totalement la pauvre créature. Puis, il réitéra sa demande.
-Attaque-moi.
Sans une once d’hésitation, Twinky s’élança sur lui toutes griffes dehors. Il l’arrêta sans mal et la laissa s’évertuer à le toucher de toutes ses forces quelques secondes de plus avant d’annuler les effets de son charme. Il relâcha ensuite la créature qui commença à se frapper violemment la tête contre le plancher. Il n’y prêta cependant pas la moindre attention, certain qu’Alceste interviendrait si cela la dérangeait.
-Et maintenant, imaginez un instant ce que nous pourrions obtenir si notre jeune Inquisiteur se trouvait à la place de cette brave Twinky. Un membre de l’Inquisition, disposant de pouvoirs inconnus de tous, et n’hésitant pas à s’en prendre à qui bon nous semble, reconnaissez que c’est un atout non négligeable. Pourquoi n’avoir alors pas déjà mis mon plan à exécution vous demanderez-vous. Pour une raison bien simple. A savoir que pour l’envoûter, j’ai besoin de pouvoir plonger mon regard dans le sien durant quelques secondes, autrement dit il doit être immobilisé. Chose que je ne pouvais obtenir dans le cadre de notre affrontement sans l’abîmer excessivement. Autrement dit, pour mettre ma proposition à exécution, le plus simple serait d’être accompagné d’un sorcier ou une sorcière capable d’immobiliser à distance.
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Re: Dans les troubles de la mort par Dim 3 Avr - 21:15
Cette réflexion ne la détourna pas de ses attentes plus d’une demie seconde et, quand le vampire lui posa en retour une question inattendue, Alceste se contenta de renvoyer un regard équivoque à Donaghue. Elle s’était imperceptiblement raidie, cependant. Malgré son visage impassible, elle se demandait si Kenneth n’allait pas avoir une audace qu’elle ne lui pardonnerait jamais. Mais non. Le vampire avait focalisé son attention sur une petite créature dont la maîtresse de maison avait oublié la présence. Suivant le regard de Kenneth, elle observa l’esclave se mettre à trembler comme une feuille, impressionnée par cette attention soudaine et oppressante. D’un signe de tête, Alceste encouragea cependant l’elfe à obéir à la demande de la créature de la nuit.
Cela devenait intéressant. Devant elle, l’elfe de maison rechignait, bien consciente qu’aucun membre de la maison Gaunt n’aurait permis un tel acte sur un invité sans en avoir explicitement formulé l’ordre. Mais pourtant, la seconde d’après, ladite Twinky se jetait griffes en avant au visage du vampire. Pendant l’instant qui avait précédé l’attaque, un long frisson avait parcouru l’échine de la sorcière lorsqu’elle s’était sentie obligée de relever les yeux vers Kenneth. Pendant cet instant, il lui avait semblé plus grand, plus beau, plus attirant. Son minois déjà bien fait avait eu, soudain, quelque chose d’hypnotique. Alceste devait bien le reconnaître : elle était soulagée de ne point être la victime d’un pareil envoûtement. Cette démonstration de puissance lui rappela qu’elle devait encore et toujours demeurer sur ses gardes avec Donaghue.
La seule idée qu’il use de tels stratagèmes sur elle la révulsait. Mais d’un autre côté, elle était fascinée par la vue de son elfe qui s’acharnait comme une petite bête féroce jusqu’à ce que le vampire cesse d’imposer son implacable dictature sur son esprit servile. À l’instant même où l’envoûtement prit fin, quelque chose ressemblant à du soulagement naquit en la sorcière. Ce n’était que l’esprit servile d’un elfe de maison. Envoûter un sorcier puissant était certainement une autre paire de manches. Quand bien même, l’imposant charisme du vampire l’avait ébranlée.
Kenneth avait-il conscience de l’effet de ce déploiement de pouvoirs sur les témoins ou avait-il laissé ceux-ci effleurer la sorcière par jeu ? Alceste ne pouvait pas répondre à ces questions, aussi fit-elle comme si cela ne s’était pas produit, tandis que le vampire reprenait la discussion où ils l’avaient interrompu.
Il se passa, alors, quelque chose de fort rare, voire d’exceptionnel. Alors que Kenneth titillait l’imagination de la sorcière avec un plan parfait, une lueur, bien différente de celles colériques qui étaient passé dans son regard alors qu’ils se trouvaient au cimetière, alluma ses yeux gris. Un éclat qui sembla même leur donner un peu de couleur, tandis qu’un exceptionnel sourire se dressait sur ses lèvres. C’était là un phénomène rare. Il ne s’agissait pas de ses brefs sourires, forcés pour la plupart, qu’elle lâchait lorsque les circonstances l’exigeaient, ni de ces mimiques souvent empruntes de cynisme étirant sa bouche. Non, elle souriait franchement à Kenneth, véritablement réjouie par l’esprit stratège de son vis-à-vis. Un sourire comme elle en accordait exclusivement à certains membres de sa famille ou encore à ses serpents. Car, en cet instant, elle se réjouissait d’avoir écouté son instinct et d’avoir convaincu Janus et Arnald du bien fondé d’avoir un vampire dans leur camp. Les faibles scores de Kenneth avec les Bower l’avait rendue sceptique, mais Kenneth avait réussi là un coup de maître : il remontait bien haut dans l’estime de la sorcière.
Si Kenneth avait seulement besoin d’une assistance pour tenir immobile l’inquisiteur, Alceste voulait bien mettre à sa disposition tous les pions qu’il voulait. Cependant, ceux-ci l’avait déçue dernièrement, et la sorcière voulait être certaine que le pouvoir qu’imposerait le vampire sur l’inquisiteur ne la desservirait pas, elle et sa famille. La méfiance demeurait, car s’il y avait une chose qui apparaissait avec évidence dans le plan de Donaghue, c’était que les Gaunt n’avaient pas le contrôle des évènements. À tout moment, l’influence du vampire pouvait se retourner contre eux. Il lui fallait être certaine que ce qu’il exigerait de leur victime serait conforme à leurs aspirations communes.
« Je viendrai. J’ignore de quoi est capable ce sang-de-bourbe, mais si ses pouvoirs équivalent ceux de l’évêque, il est nécessaire que la personne vous assistant soit capable de le dominer parfaitement. De fait, l’échec n’est pas envisageable cette fois. Si ce pseudo sorcier voit mon visage et s’en souvient, c’est le nom des Gaunt que je compromets avec moi. »
Alceste posa son verre de vin sur la table et frotta pensivement ses mains anguleuses l’une contre l’autre. Avant de livrer sa confiance à Kenneth pour une telle mission, elle avait besoin de savoir certaines choses, au risque sinon d’être comme une aveugle sur une terre inconnue. Elle ne pouvait pas rester inconsciente des risques pris, encore moins des éléments clefs liés à la prise de contrôle de l’inquisiteur.
« J’ai néanmoins besoin de savoir certaines choses à propos de votre… pouvoir. En premier lieu, comment il agit sur votre cible. A-t-elle conscience de votre influence et se trouve contrainte à plier ou, au contraire, c’est le désir de faire ce que vous désirez lui voir faire que vous être capable de faire naître ? J’imagine que je pourrais interroger mon serviteur, mais je crains qu’elle finisse le cerveau atrophié à force de s’auto-flageller. »
Alceste appuya sa remarque d’un regard sévère à l’attention de la pitoyable créature. Cette dernière, larmoyante, avait laissé quelques traces de sang sur le carrelage immaculé, tant elle avait mis de cœur à sa punition.
« Va faire ça ailleurs. » lâcha la sorcière d’un ton aigre. Puis, reprenant comme si elle ne s’était pas interrompue :
« Jusqu’à quel point s’étend votre capacité d’envoûtement ? Entre un ordre donné d’un regard et une influence de moyen ou long terme sur un esprit, il y a une différence qui modifierait notablement notre plan. »
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Re: Dans les troubles de la mort par Ven 15 Avr - 11:45
-Si le plan venait à échouer, le Moldu ne serait plus de ce monde pour rapporter votre implication. Soit nous menons notre projet à terme, soit j’en finirais avec lui. J’ai fait l’erreur de sous-estimer les pouvoirs d’un mortel un jour, je ne le ferais pas deux fois.
Sans compter qu’il doutait que l’Inquisiteur possède une puissance similaire à celle de l’apprenti alchimiste. Le feu qui l’avait embrasé à Sligo n’était pas un feu ordinaire de cela il n’avait pas le moindre doute. Enfin, s’il bénéficiait de l’aide des Gaunt, peut-être pourrait-il exiger une quelconque protection contre des attaques enflammées. Il préférait ne pas compter dessus, n’aimant pas dépendre d’un autre pour sa propre défense mais il ne serait pas assez stupide pour refuser l’offre si elle se présentait.
-J’ai néanmoins besoin de savoir certaines choses à propos de votre… pouvoir. En premier lieu, comment il agit sur votre cible. A-t-elle conscience de votre influence et se trouve contrainte à plier ou, au contraire, c’est le désir de faire ce que vous désirez lui voir faire que vous être capable de faire naître ? J’imagine que je pourrais interroger mon serviteur, mais je crains qu’elle finisse le cerveau atrophié à force de s’auto-flageller.
Les questions de la sorcière ne firent qu’augmenter l’intérêt qu’il avait pour cette femme d’exception qui semblait ne jamais rien laisser au hasard. Il se demanda d’ailleurs même un instant si elle n’avait pas été affectée par son déploiement de puissance précédent. Il n’avait pas volontairement cherché à la troubler – bien que désormais que l’idée s’était frayée dans son esprit, il craignait qu’elle ne le quitterait plus de sitôt – et il se fit un plaisir de lui fournir des précisions sur le fonctionnement de l’envoûtement. Il avait dès le premier instant éprouvé une curiosité sans fin pour cette spécificité de sa nouvelle nature et les rares conversations civiles qu’il avait réussi à tenir avec O’Hary se trouvaient être sur le sujet. Le scientifique était en effet un véritable spécialiste de tout ce qui se rapportait aux pouvoir vampiriques et, même s’il ne le reconnaîtrait jamais publiquement, il en avait beaucoup appris lors de leurs échanges. Liliana lui avait déjà expliqué l’essentiel du processus mais Owain était rentré dans le détail des choses, trop heureux de trouver une personne prête à l’écouter et ce même si les deux vampires ne se supportaient pas. Ainsi, se repositionnant dans une position plus confortable sur son siège, il se lança dans ses explications.
-Il existe deux types d’envoûtement. Le plus simple et plus couramment utilisé est celui qui consiste à convaincre votre cible qu’elle désire du plus profond de son être vous être agréable et faire ce que vous désirez lui voir réaliser. Cela fonctionne sur les esprits faibles ou avides de quelque chose. Il suffit de les convaincre qu’en suivant vos ordres, ils obtiendront tout ce qu’ils désirent.
L’ombre d’un sourire satisfait illumina brièvement ses traits au rappel des mille et une fois où il s’était joué d’un membre de l’Eglise catholique, voire occasionnellement d’un pasteur ayant eu le malheur de croiser sa route alors qu’il était d’humeur massacrante. La foi de ces hommes n’était souvent que de façade et, lorsqu’elle ne l’était pas, il était si simple de profiter de leurs croyances stupides pour se présenter tel un ange venu leur délivrer la bonne parole. Il en avait après tout le physique, tout chérubin qu’il paraissait.
-Le second, réservé aux esprits plus coriaces ou trop conditionnés pour être facilement modelés, consiste à imposer sa propre volonté à celle de sa marionnette. C’est celui auquel vous venez d’assister. Les elfes de maison ont beau être tout en bas de l’échelle sociale magique, leur nature intrinsèque les empêche d’aller contre leur vision du monde et, pour forcer l’un d’eux à aller contre un ordre, il est nécessaire d’user de force. Nul doute que c’est de ce type d’envoûtement qu’il faudra user contre l’Inquisiteur.
Prenant une nouvelle gorgée de vin, il laissa le temps à l’humaine d’absorber toute l’information qu’il lui fournissait avant de continuer.
-Dans ce cas-là, la victime est parfaitement consciente de ses actes et, selon les découvertes d’un de mes congénères, il semblerait bien qu’elle se voit agir sans pouvoir rien y faire.
La lueur qui illuminait son regard laissait entendre tout le plaisir qu’il retirait d’une telle nouvelle.
-Maintenant, pour ce qui est de votre dernière question, avec le premier type d’envoûtement, tant que l’ordre n’est pas retiré, la victime continuera à agir comme bon vous semble que vous soyez à ses côtés ou non puisqu’elle sera convaincue d’agir de son propre gré mais il en va différemment pour le second type. La présence physique n’est pas nécessaire pour assurer la réussite des actes exigés de la marionnette mais, plus l’envoûtement dure longtemps, plus la puissance exigée pour le maintenir en place augmente. Autrement dit, je ne pourrais pas indéfiniment imposer ma volonté au Moldu. Néanmoins, l’envoûtement drainant mes pouvoirs, je saurai parfaitement lorsque mon emprise s’étiolera puisque toute tentative d’échapper à mon contrôle de la victime exigera un surplus d’efforts de ma part pour la contrer, surplus que je ressentirais nécessairement. Il suffira donc de s’empresser de l’incapaciter le temps que je me repose si jamais nous avons encore besoin de ses services.
S’arrêtant là, il se reprit un instant avant de rajouter, comme une arrière-pensée.
-Tout dépendra donc de la puissance de son esprit, plus celle-ci sera importante, plus l’effort demandé pour le maintenir sous notre joug sera important. Mais la calculer n’est pas une opération aisée, sous-estimons-le et il risque de nous échapper, surestimons-le et le poids écrasant de mon esprit sur le sien le détruira de l’intérieur, le rendant inutile pour nos projets.
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Re: Dans les troubles de la mort par Sam 16 Avr - 11:53
De fait, tous ces conflits, toutes ces querelles avaient poussé la sorcière à accumuler un minimum de savoir à propos de toutes les créatures susceptibles d’être une nuisance ou une menace. Elle n’était cependant pas une grande lectrice, préférant l’action au calme d’une bibliothèque, et elle n’avait jamais eu la patience d’absorber toutes les subtilités relatives à ces êtres mystérieux et fascinants qu’étaient les vampires. Les explications, que Kenneth lui donna de bon cœur, étaient plus que bienvenues. Mieux encore, il n’eut pas l’air de lui cacher quoi que ce soit à propos de ce pouvoir, quoi que lady Gaunt restait méfiante. Elle se sentait rassurée d’entendre par la bouche du vampire que ce pouvoir avait un fonctionnement semblable à ce qu’elle s’était imaginé. Ainsi, jamais Donaghue ne saurait la faire plier sans qu’elle n’en ait conscience. Elle se savait forte et inflexible, plus que la plupart des hommes, qui jouissaient de trop de facilités dans la vie. Hélas, cela signifiait aussi, comme le disait Kenneth, qu’il faudrait employer la méthode forte contre cet inquisiteur. Dommage… Pensa-t-elle. Cela aurait été tellement amusant de le voir convaincu du bien-fondé d’agir contre les siens. Oh, le savoir victime et prisonnier de son propre corps était peut-être plus jouissif encore, mais dans le premier cas, il n’aurait pu s’en plaindre et éveiller le soupçon. Qu’importait après tout, ils le tueraient dès qu’il n’aurait plus d’utilité pour eux. À moins qu’ils ne choisissent de lui faire pire encore. Un éclair de plaisir passa dans ses yeux à l’idée des supplices qu’à deux, ils pourraient lui imposer en le gardant captif.
La conclusion du vampire ramena Alceste à la conversation. Elle plissa pensivement les yeux, réfléchissant à la complication qui se présentait à eux. Comment évaluer la puissance d’un esprit ? C’était un exercice auquel la sorcière ne pouvait pas se prêter, pour deux raisons. La première était tout simplement qu’elle ignorait comment mesurer une telle chose avec assez de précision. Seul un légilimens ou un occlumens aurait cette capacité, découlant de son art, ce qu’elle n’était pas. La seconde, et elle était là bien réaliste vis-à-vis d’elle-même, était qu’elle savait pertinemment qu’elle sous-estimerait le sang-de-bourbe. Elle savait que c’était une erreur. L’expérience lui avait appris à ne sous-estimer aucun ennemi, mais il était difficile d’aller contre ce penchant, en particulier à l’encontre d’une créature qu’on méprisait sans retenue. Les moldus et les personnages de cette espèce pouvaient cependant avoir une volonté d’acier. S’ils étaient dans l’erreur la plus crasse, leur conviction allait au-delà de tout. C’était la raison pour laquelle seule la violence avait des chances de les faire plier. Par bonheur, les deux alliés excellaient dans ce domaine.
« Je ne puis vous être d’une quelconque utilité pour ce point. Vous en avez la charge. Vous connaissez votre pouvoir et je ne doute pas que l’expérience accompagnant votre âge vous permette d’évaluer avec assez de précision la force que vous devrez y mettre. J’imagine cependant que cela vous demandera un peu de temps. À vous de me donner le signal lorsque vous serez prêt à passer à l’assaut de son esprit. »
Alceste lissa machinalement un pan de sa robe tandis que son esprit retournait à un sujet qu’elle s’était jusqu’alors retenue d’aborder.
« Parlant d’assaut… » commença-t-elle, s’interrompant pour sentir paraître sur ses lèvres un demi-sourire.
« Je vous disais tout à l’heure qu’il y avait un sujet dont je voulais m’entretenir avec vous. »
La sorcière se leva, heureuse de quitter enfin l’immobilité imposée par les convenances. Elle invita Kenneth à la suivre et marcha jusqu’à une autre pièce du manoir, accessible seulement par une porte dérobée. Elle ne craignait pas de montrer ce passage au vampire, car seul un sorcier connaissant le sort approprié pouvait ouvrir l’accès camouflé par une tenture à l’effigie de quelque ancêtre héroïque des Gaunt, fièrement juché sur un cheval ailé.
Alceste referma d’un sort derrière eux et alluma une à une les chandelles présentes dans la pièce, révélant petit à petit ce que les Gaunt avaient coutume d’appeler « l’Antichambre de la guerre ».
L’architecture avait cet archaïsme qu’on retrouvait à l’intérieur des vieux châteaux qui n’avaient encore été rénovés dans le style foisonnant du siècle. C’était spartiate, martial même, et à raison. Ce n’était clairement pas une salle où l’on séjournait, mais elle comptait de véritables trésors d’informations. En son centre, une large table de bois ronde était couverte de cartes, d’instruments et de parchemins couverts de l’écriture large et brouillonne d’Arnald. Les murs de pierre, quant à eux, soutenaient d’imposantes armoires toutes scellées par des enchantements de sécurité, ou encore des étagères renfermant des livres dont le sujet ne pouvait décemment pas être exposé à l’œil du premier visiteur venu.
Un pupitre assez haut, coincé dans un angle au-devant d’étagères remplies de fioles de poison, se révélait comme la place réservée à la maîtresse de maison. Un grimoire écrit de la main de la lady était ouvert sur la description d’un philtre inventé par elle, et des ingrédients odorants étaient encore calés dans un reposoir conçu pour les recevoir sans qu'ils ne risquent de tomber ou de se mélanger tandis qu’elle travaillait. C’était comme si elle venait tout juste de s’interrompre.
Alceste se dirigea vers son pupitre et, d’un coup de baguette magique, ouvrit un tiroir caché dans lequel elle prit un large morceau de vélin roulé. Puis elle revint vers son invité, auquel elle tendit l’objet.
« Voici un présent que vous avez prouvé mériter amplement, Kenneth Donaghue. » murmura-t-elle d’une voix qu’elle s’étonna d’entendre si caressante.
Lorsque le vampire eut déroulé le parchemin, Alceste consentit à l’expliquer :
« Voici un plan du manoir Bower et des protections magiques qui le ceignent. Vous avez rencontré le lord et découvert d’expérience sa capacité innée à multiplier ses ennemis. Vous ririez sûrement si je vous révélais qui a su me fournir un tel document, tant il y a d’ironie là-dedans. »
Elle même avait jubilé d’obtenir de cette main un tel trésor.
« Vous tenez votre revanche contre Devin et son fils entre vos mains. Il vous faudra l’aide d’un sorcier compétent pour briser facilement et rapidement les enchantements. Une chance, mon fils Janus est désenvoûteur. Il serait le candidat idéal pour vous accompagner… »
Alceste hésita, cherchant ses mots pour formuler le plus poliment possible son arrière-pensée.
« Je ne suis pas certaine cependant que vos caractères respectifs vous permettent de collaborer harmonieusement… »
C’était une question, mais Alceste était à peu près sûre de connaître la réponse. Si elle ne le disait pas ouvertement, il était assez évident que Janus se méfiait excessivement du vampire. Quant à Kenneth, elle ne le voyait pas supporter sans broncher les regards méfiants et les rebuffades de l’héritier Gaunt. Elle lui laissait cependant le choix d’accepter de collaborer en bonne intelligence, ou de refuser.
Au fond, Alceste espérait que le vampire la préfère à son fils. L’inaction lui pesait et l’aventure avec les inquisiteurs n’avait pas apaisé ses pulsions meurtrières. Et puis, elle était curieuse de voir enfin Kenneth à l’action, surtout contre les ennemis mortels qu’étaient les traîtres à leur sang.
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Re: Dans les troubles de la mort par Ven 22 Avr - 18:35
L’idée d’user de Legillimencie pour évaluer la puissance de l’Inquisiteur lui traversa alors un instant l’esprit et il se promit d’y réfléchir plus longuement à un autre moment. La réussite de leurs projets en dépendait. Il avait néanmoins toute confiance en ses capacités : il n’usait peut-être pas de l’envoûtement aussi souvent que les légendes aimaient à le faire croire – c’était un effort bien souvent inutile étant donné la facilité d’attraper certaines proies – mais il était loin d’être un novice en la matière. Il lui suffirait donc d’échafauder un plan digne de lui à tête reposée. En attendant, il semblait bien que la maîtresse de maison eût décidé de passer enfin au sujet principal. C’est qu’elle lui avait promis une belle surprise à condition de lui ramener de bonnes nouvelles et on ne provoquait pas sa curiosité sans être prêt à la rassasier par la suite. Ou alors, il fallait être prêt à en subir les conséquences.
Il suivit donc la potionniste en silence, admirant l’ingéniosité de l’architecte ayant créé l’entrée dérobée à la pièce dans laquelle ils venaient de pénétrer. Il avait beau résider dans un manoir depuis fort longtemps, son attrait pour les alcôves, passages secrets et autres entrées cachées à la vue du premier venu ne s’était jamais tari. Il était à peu près certain que c’était l’ancien manant en lui qui continuait d’exister à travers cette fascination pour les délices que la richesse permettait de s’offrir. Ainsi, s’il n’était pas particulièrement attaché au luxe, il mettait un point d’honneur à toujours être à la pointe du confort, ne se rappelant que trop bien de la dureté du sol, du piquant de la paille et de l’étreinte glacée de la bise.
Il continua ses observations une fois dans la pièce jusqu’à ce que la voix profonde de Lady Gaunt le tire de nouveau de ses réflexions. Il se retourna donc vers son hôte et observa avec une curiosité non dissimulée le paquet qu’elle lui tendait. Quels secrets pouvait bien renfermer en son sein ce bout de vélin apparemment si anodin ?
-Voici un plan du manoir Bower et des protections magiques qui le ceignent.
L’excitation qui s’alluma dans son regard à l’écoute de cette nouvelle fut immédiate. C’était sa vengeance qu’elle lui offrait là sur un plateau d’argent et il se surprit à vouloir connaître l’identité de la personne qui avait rendu tout cela possible. Cela ne lui ressemblait pas, il n’avait habituellement que faire des détails de ses opérations tant qu’il était à même de les mener à bout. Mais, pour une fois, la curiosité fut plus forte que lui et il se promit d’en apprendre plus, soit en interrogeant directement la sorcière, soit en usant de ses propres sources d’information si elle refusait de lui en dire plus. Pour l’instant cependant, Alceste n’avait pas terminé son discours et il lui accorda donc toute son attention.
Sa proposition de travailler en binôme avec son héritier lui plut d’ailleurs bien peu, ce qui n’apparut nullement sur ses traits. Il maîtrisait à la perfection l’art de cacher ses émotions pour mieux les dévoiler au moment fatidique. Cette fois-ci cependant, il n’eut pas à enfouir son désagrément très profondément car il semblait que Lady Gaunt avait déjà envisagé l’incompatibilité de caractère entre Janus et lui. C’est que s’il n’avait rien de particulier en contre du jeune Désenvoûteur, il n’était pas prêt pour autant à devoir subir son regard inquisiteur et méfiant tout au long de leur mission. Il préférait mille fois la compagnie de sa génitrice. Il se demanda soi-dit en passant un instant si elle n’avait pas organisé consciencieusement ses paroles pour l’amener à ce qu’il lui demande de l’accompagner mais la réalité était que, même si c’était le cas, peu lui importait. Il appréciait réellement sa compagne et c’était l’occasion ou jamais de continuer à jouer avec elle pour l’attirer toujours un peu plus dans ses filets. Il répondit donc, avec un tact tout calculé :
-Vous pourriez peut-être alors prendre sa place ? Je suis certain que vous êtes tout à fait qualifiée pour mener à bien notre projet.
Un compliment qui ne lui coûtait rien puisqu’il était parfaitement sincère. S’il estimait tant l’humaine c’était car elle avait fait ses preuves précédemment et que tout chez elle démontrait une volonté de fer et un désir de réussir qui empêchait qui ou quoique ce soit de se mettre en travers de son chemin bien longtemps. Travailler à ses côtés s’annonçait donc des plus gratifiants. Il laissa par conséquent apparaître un nouveau sourire satisfait et poursuivit.
-Sans compter que je n’ai aucun doute que vous saurez apporter une touche personnelle à cette petite escapade. C’est que je ne crois pas être le seul à avoir une dent contre M. l’Ambassadeur et sa progéniture., n’est-ce pas ? Mais avant d’entrer dans les détails pratiques, faites-moi une fleur et dites-moi qui je dois remercier de nous avoir offert cette occasion en or.
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Re: Dans les troubles de la mort par Sam 30 Avr - 12:57
Pourtant, rien, vraiment, ne justifiait qu’elle accompagne Donaghue, pas même son amitié pour Cathleen. Jamais Lady Black n’aurait pris la peine de se salir les mains pour cette engeance. Mais Alceste, elle, était trop curieuse de voir Kenneth à l’œuvre. Elle était impatiente de le voir déchirer la gorge de cette misérable petite sang-mêlé et arracher le cœur de son frère, face à un lord réduit à l’impuissance. Que feraient-ils de la mère ? Oh, peut-être s’en chargerait-elle personnellement. Peut-être lui ferait-elle payer d’avoir souillé le sang-pur en le portant dans son ventre. Et cela durerait des heures.
« Vous pourriez remercier Bartley Ó Maoilriain, le chef de la Commission d’Irlande, si vous y tenez vraiment. Il ne sait pas exactement à qui il a transmis ces précieuses informations, tout comme son intermédiaire ne sait pas de qui il a reçu l’ordre… Bartley croit certainement, à l’heure actuelle, avoir confié ces informations sensibles à un noble irlandais véreux, pressé de faire chanter Bower pour obtenir de lui quelques privilèges… Cet homme, non content d’être paresseux, est d’une affligeante pauvreté d’esprit. Il n’est pas étonnant que l’Irlande soit plongée dans un tel chaos. »
Alceste était fière de sa petite manipulation et, même si elle-même ne s’en rendait pas compte, cela se lisait dans sa posture et l’éclat de son visage. Cela se lisait encore dans sa démarche lorsqu’elle se retourna en levant distraitement sa fine main osseuse pour appeler encore l’attention du vampire.
« En parlant de chaos… » murmura-t-elle d’une voix de gorge, tout en s’avançant vers la table.
Dirigeant sa baguette vers elle, elle tapota trois fois le meuble et deux objets étranges apparurent. Il s’agissait de masques faits d’os qui, portés, devaient couvrir la moitié du visage jusqu’à la lèvre supérieure, cachée derrière d’horribles dents trop larges pour être vraiment humaines. Elle en prit un et le tendit à Kenneth.
« Il ne devrait pas y avoir de survivant. Mais, s’il y en a, je veux qu’ils se souviennent non pas de nos visages, mais de ces faciès morbides. Ce sont, voyez-vous, les masques que porte l’Ordre du Sombral lorsqu’il s’élance dans ses expéditions punitives, et je dois à son chef une revanche. »
Sa phrase s’acheva dans un grondement déterminé tandis qu’une haine, embrasée par un orgueil blessé, enflammait tout son être. Oh oui, Alceste comptait bien se moquer de ce groupuscule illégitime en empruntant leurs propres codes. Elle se mettait ainsi à l’abri en lançant les chiens fous du Conseil aux trousses de ce vieillard méprisable de Crowlore. Dans sa très haute stupidité, il s’était déjà illustré par des actions retentissantes, lui rendant le service de se placer en première ligne des ennemis à abattre. S’il voulait ce rôle, Alceste lui offrirait sur un plateau d’argent, et plutôt deux fois qu’une. Lorsqu’enchaîné, il subirait le Baiser du Détraqueur, elle serait au premier rang, les yeux dans les siens tandis que son âme lui serait lentement, douloureusement arrachée de force.
« Vous porterez une cape de sorcier entièrement noire, vous couvrant jusqu'aux pieds. J'imagine que vous pouvez aisément vous procurer cela pour disons… dans quatre jours ? »
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Re: Dans les troubles de la mort par Mer 4 Mai - 13:52
La satisfaction affichée par Alceste venait doubler la sienne. Elle avait, par ses manigances, réussi à obtenir l’information désirée tout en tâchant de sang les mains d’un autre. Le plan était particulièrement ingénieux. Encore plus lorsqu’il découvrit la suite. C’était d’une pierre trois et non deux coups que la matriarche Gaunt envisageait de faire. Non seulement la fuite pourrait être remontée jusqu’à Ó Maoilriain mais la faute de l’attaque elle-même serait imputée aux illuminés de l’Ordre du Sombral. Un véritable sans-faute qui lui tira un sourire à l’idée de se jouer ainsi de tant de leurs ennemis. Non pas qu’il ait quoique ce soit de particulier à l’encontre des fanatiques encapuchonnés mais il savait que pour obtenir l’aide des Gaunt lorsque le besoin s’en ferait sentir, il devait se plier à leurs envies. Et cela signifiait démontrer une saine dose de mépris coléreux envers le groupuscule radical.
La question suivante faillit lui causer un rire sardonique mais il se reprit à temps. Il était plus que capable de se procurer une cape de sorcier en quatre jours. Il aurait pu s’en procurer deux cent si nécessaire mais la question n’était pas là. Il apprécia cependant qu’elle ne lui impose pas l’inconfort d’une tenue cent pour cent sorcière. Il avait en effet beau avoir rejoint le monde magique depuis plus de deux siècles, il ne s’était toujours pas fait au manque cruel de mobilité offert par une robe de sorcier. Ce n’était pas tant une question de design – en deux cent ans, il avait vu passer les modes sans plus d’intérêt que cela – qu’un problème de confort. Il se sentait confiné dans les robes sorcières, entravé dans ses mouvements, ce qui l’empêchait d’user de son agilité et sa rapidité légendaires, deux de ses meilleures armes au corps à corps.
-Le délai est plus que suffisant. Désirez-vous que nous débattions des modalités de l’attaque ou préférez-vous les délices de l’improvisation ? Les deux méthodes ont leur attrait et je me plierai volontiers à votre décision. Ma seule condition est d’obtenir la possibilité de repérer les lieux avant le jour fatidique. J’ai sous-estimé un Bower une fois et il m’en a fort coûté, je ne renouvellerai pas l’expérience.
Son ton était sans appel. Deux cent ans de haine toujours brûlante envers l’Eglise catholique et plus généralement tout ce qui ressemblait de près ou de loin à un ministre du culte ne l’empêchaient pas d’avoir acquis une certaine sagesse au cours du temps. La victoire n’en était que plus savoureuse lorsqu’elle n’avait pas été entachée d’obstacles inutiles. Ainsi, s’il désirait grandement infliger toutes les tortures possibles aux Bower, père comme fils, il ne se laisserait pas entraîner sur une pente dangereuse par manque de préparation. Déterminer la dangerosité de l’adversaire avec précision était la clé d’un raid réussi. Et si Lady Gaunt ne le comprenait pas, leur alliance tout au moins sur ce sujet, s’arrêterait tout aussi net. Il ne comptait nullement souffrir au nom d’une autre. Car si sa quasi-immortalité avait plus d’un avantage, celui de l’absence de douleur n’en faisait pas partie et il sentait encore l’emprise mortelle du feu alchimique sur sa peau d’albâtre.
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Re: Dans les troubles de la mort par Sam 14 Mai - 10:40
« Nous ferons alors le tour du propriétaire d’ici deux jours, sous couvert de sort de désillusion. Nous ne pourrons pas cependant nous approcher de trop près, car si les sorts de camouflage nous cachent à la vue de tout importun, ils ne nous protégeront pas des enchantements qui entourent le domaine.
Vous souvenez-vous du sortilège de détection qui nous a permis de vous localiser aussitôt que vous pénétriez les alentours du territoire Gaunt ? Les Bower ont évidemment ce même type de protection, à la différence qu’il est moins étendu, du fait de leur promiscuité avec un village moldu. En revanche, nous pourrions avoir une meilleure vue depuis les airs. »
Alceste leva un sourcil interrogateur, attendant que le vampire s’oppose à cette éventualité ou l’accepte au contraire.
« La barrière de détection est une première étape particulièrement difficile à tromper, mais elle n’est pas la défense la plus complexe qui protège le manoir Bower. Devin a très peu touché aux protections magiques de son domaine, mais ses ancêtres ont été d’une ingéniosité remarquable. »
La trahison à son sang du dernier maître du manoir Bower était d’autant plus exaspérante que sa famille avait compté des sorciers particulièrement talentueux.
« Vous improviserez autant que vous le désirez une fois que nous aurons les Bower sous notre coupe. Rappelez-vous cependant que le fils a appris du père l’art de se battre, et ce dernier a la réputation d’être un bretteur fourbe et redoutable. Ses capacités magiques ne sont pas extraordinaires mais il les maîtrise aussi bien qu’il maîtrise les autres aspects de sa personne. Cet homme ne m’inquiète pas outre mesure, cependant, si le fils et le père s’allient, ils pourraient nous mettre en difficulté. Il ne faudra pas leur laisser la possibilité de s’unir. »
Lady Gaunt passa la main dans ses cheveux, rabattant ses longues mèches brunes en arrière, tandis qu’elle énumérait mentalement toutes les étapes qui les sépareraient du moment de l’attaque.
« Une fois que nous aurons désactivé le sort de détection, il nous faudra duper le portail afin que celui-ci s’ouvre pour nous, ou briser la barrière anti-intrusion afin de passer par l’arrière du manoir. Cette dernière entreprise serait la plus risquée, car alors, la protectrice du manoir s’éveillera et courra droit sur nous. Ce n’est que la statue d’une chimère, mais elle est capable de nous déchiqueter, et rien ne peut entamer la pierre d’une statue enchantée. Notre seule chance contre elle est d’avoir le moins de trajet à parcourir entre le jardin et l’entrée du manoir, et de la surprendre plutôt que de nous laisser surprendre. Aussi, nous forcerons le portail à s’ouvrir pour nous, puis nous marcherons droit vers l’entrée du manoir. La chimère s’éveillera et partira à notre poursuite, et je la forcerai à retourner à son état de pétrification d’un sort que Janus m’enseignera. Une fois parvenus à cette étape, il nous restera à affronter le manoir lui-même. »
Alceste marqua une légère pause, laissant le temps à Donaghue d’enregistrer toutes les informations qu’elle venait de lui donner.
« L’entrée du manoir est pourvue d’un sortilège de répulsion. Quiconque n’ayant pas été invité à pénétrer la demeure est — très — violemment repoussé. De plus, si les Bower ont été assez ingénieux, cela réactiverait toutes les protections que nous aurons démises. Certains sorciers ont équipé leur habitat d’enchantements tellement puissants que l’intrus est tout simplement désintégré par la protection magique. C’est la protection la plus dangereuse, et tout ce que j’ai pu savoir sur le manoir Bower, c’est que s’il en est pourvu, j’ignore à quel point elle est dangereuse si nous échouons. Voilà pour ce que je sais, mais sachez qu’on ne peut être certains de ce que nous rencontrerons là-bas, quoi que ce morceau de parchemin en dise. Si vous êtes prêt, je vous donne rendez-vous à Sligo, dans deux jours. »
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Re: Dans les troubles de la mort par Ven 27 Mai - 14:55
-Si vous avez les moyens de faire voler un vampire, je serai ravi de vous accompagner dans votre excursion.
Il ne craignait en effet pas la hauteur, sachant qu’il pourrait toujours s’évaporer en fumée avant de risquer une chute mortelle. L’idée d’avoir affaire aux Bower père et fils simultanément l’inquiétait quant à elle bien plus. Car si les deux hommes semblaient fort loin de se porter dans leur cœur s’il fallait en croire la réaction du fils lors de leur confrontation, il ne doutait pas un instant qu’ils ne s’associent pour sauver leurs vies respectives. C’est que, s’il y avait un point sur lequel les deux sorciers s’entendaient sans doute possible c’était leur désir de survie. Telle la vermine qu’ils représentaient, ils s’accrochaient à la vie de toutes leurs griffes, prêts aux pires sacrifices et aux alliances les plus infâmes dans le seul but de vivre un jour de plus. Kenneth se promit donc d’empêcher par tous les moyens l’union du père et du fils. Ne serait-ce que parce qu’il ne manquait plus à la formule que l’apparition du Saint-Esprit pour lui arracher la bouche dans son catholicisme flagrant.
La suite des explications s’avéra tout aussi prompt à éveiller son côté précautionneux. Il en avait déjà fait l’amère découverte mais les paroles de lady Gaunt ne faisaient que conforter son impression, les Bower n’étaient pas à prendre à la légère. Les protections entourant le manoir familial étaient là pour empêcher absolument quiconque d’y entrer sans la permission expresse des habitants. Parallèlement, plus Alceste parlait, plus l’excitation grandissait dans ses entrailles. Il avait hérité de Liliana un goût pour le risque et ne se sentait réellement vivant que lorsqu’il venait titiller la bête dans son antre, lorsqu’il sautillait sur le bord du gouffre, ne sachant pas de quel côté il finirait par retomber. Ainsi, affronter des sorts de protection capables d’en finir avec son existence pourtant loin d’être aisément supprimée allumait le même feu en lui que la possibilité de torturer à loisir un prêtre fornicateur. Le seul bémol était le fait de devoir dépendre quasi entièrement de la sorcière pour sa survie. Car elle était la seule à posséder la magie nécessaire pour leur faire passer l’essentiel des étapes jusqu’à l’entrée du manoir. Ainsi, lorsqu’elle termina son discours, il lui répondit avec un humour grinçant mais la lueur intéressée qui allumait son regard démentait le mordant de ses paroles.
-Et bien Milady, vous savez définitivement comment attiser l’intérêt d’un gentleman de mon calibre : soirée mouvementée en charmante compagnie, le tout avec désintégration en supplément, je serais fou de refuser pareille proposition.
Mais qu’attendre de moins d’une femme comme Alceste Gaunt ? Elle lui avait promis une surprise à la hauteur du respect qu’elle éprouvait pour lui et elle n’avait pas failli à sa promesse. Elle lui offrait non seulement une occasion de s’en donner à cœur joie sur un adversaire à qui il devait une revanche mais également une soirée exigeant qu’il fasse usage de toutes ses facultés mentales pour ne pas se laisser dépasser par des antagonistes de qualité. Bref, un cadeau digne de l’alliance exceptionnelle qu’ils formaient.
-Maintenant que les détails pratiques de notre prochaine rencontre sont réglés, vous permettrez cependant que je me retire, d’autres affaires m’attendent.
Mensonge éhonté mais il avait toujours aimé donner l’impression d’être un vampire occupé, ne daignant accorder son temps à ses alliés de circonstance qu’au compte-gouttes. Il supposait bien que Lady Gaunt n’était pas de celles qui se feraient si facilement avoir mais peu lui importait. L’idée de ne jamais laisser la belle sorcière se reposer sur ses lauriers en sa présence était une raison suffisante pour son départ précipité. Il aurait en effet tout aussi bien pu rester pour profiter quelques temps encore de la compagnie de la Maîtresse des Serpents mais il n’en ressentait pas le désir impérieux. Il s’était déjà bien amusé pour une soirée et il avait appris à ne pas abuser des bonnes choses, sous peine de s’en lasser trop vite. Or, il avait encore bien trop de plans impliquant la présence d’Alceste Gaunt pour prendre le risque de se débarrasser d’elle trop tôt. Par conséquent, après un dernier signe de tête respectueux en direction de l’humaine, il s’évapora devant les yeux de celle-ci.
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