À destination de Miss Cecilia Peverell - de hibou inconnu par Jeu 26 Nov - 0:34
Vous ne vous attendez pas à cette lettre. Mon écriture ainsi que mon souvenir vous paraissent sûrement surgir d’outre-tombe. J’espère que ce souvenir ne vous tirera point de larmes, mais ce sourire que j’aime tant voir naître sur vos lèvres. Car, Cecilia, seule la joie vous sied. Aucune larme ne devrait souiller l’éclat de vos yeux.
Miss Peverell, j’aimerais vous écrire tout ce qu’au fond de mon cœur je peux ressentir. J’aimerais vous livrer mon âme comme jamais je ne me le suis permis. Seul face à ce morceau de vélin et le souvenir de votre visage m’obsédant, je ne crains que la perspective que cette lettre tombe dans d’autres mains et nous compromette tous deux. Car Cecilia, je ne saurais souffrir qu’en plus du malheur de ma perte, s’abatte sur vous celui du déshonneur. Je ne saurais donc vous dire ô combien mes pensées, tournées vers vous, déchirent mon âme, ni combien le monde me semble froid et gris, loin de vous et d’Henry. Mais j’aimerais que vous sachiez, ma belle Cecilia, que ce que je prenais pour la dernière de mes pensées, dans cette ruelle glacée de Sligo, fut pour vous et ce sourire que je veux vous voir arborer en devinant la vérité.
Non, Cecilia, je ne suis pas mort. Je regrette infiniment de n’avoir eu d’autre choix que de vous laisser dans l’ignorance. Je vous conjure, je vous supplie de ne point m’en vouloir. Vous en avez le droit, je le sais, mais soyez sûre que j’aurais accouru au domaine de votre père dès mon réveil si l’on m’avait laissé faire. Mais, il paraît que j’ai croisé la mort de près. Il est vrai que j’ai senti son souffle glacé. Je suis demeuré longtemps, trop longtemps, privé de mes moyens, privé même de mes sens.
Ma seule chance fut d’être trouvé par une jeune femme, une guérisseuse de l’ordre de Merlin qui m’a sauvé la vie quand personne ne me voyait passer la nuit. Elle est allée jusqu’à me donner son propre sang quand le mien ne suffisait plus à maintenir les battements de mon cœur. Elle ne me l’a point révélé, mais je l’ai su. Ma reconnaissance envers elle est telle que je n’ai pu avoir l’impudence de la tromper et l’exposer, m’échappant du lieu où elle m’a tenu cloîtré, au courroux de mon père.
Je ne me sens plus le même. Mon corps et mon âme sont meurtris et je souffre encore de mes plaies comme je souffre de l’humiliation des stigmates que me laisse ce vampire. Mais je suis en vie et, Cecilia, à votre commandement, je viendrai à vous.
Je serai là dès lors que vous serez prête à me revoir, et demeurerai toujours votre serviteur, fidèle et dévoué, vous mon amie, vous qui êtes comme ma sœur.
Cecilia, si un jour mon heure vient, promettez-moi de ne point me pleurer encore. Les hommes comme moi ont besoin de femmes comme vous pour illuminer les ténèbres de leur cœur. Et les femmes comme vous ne versent pas de larmes pour ces hommes indignes qui vous admirent depuis leur obscurité.
Enfin, mon amie, je dois vous demander une faveur. Écrivez pour moi à Elya. Vous trouverez dans le vélin suivant ce que j’aimerais vous voir lui écrire et signer de votre main. Pardonnez-moi : déjà, je vous demande quelque chose. Je m'en veux de le faire, mais je ne puis me résoudre à ignorer le silence de Miss Black à mon égard. J'aimerais qu'elle apprenne que j'ai survécu avant les autres membres de sa famille. Peut-être cette lettre ne lui parviendra-t-elle pas. Je n’aurais, alors, point de réponse. Mais j’aurais la certitude que je doive m’inquiéter de son absence.
Répondez-moi, Cecilia. Dites-moi que vous me pardonnez et priez, s’il-vous-plaît, à votre père d’en faire autant. Vous saurez guider votre hibou jusqu’à moi en lui demandant de retrouver le vieux visage ciselé d’O’Neill. Il demeure fier quand bien même son menton baigne dans un océan de larmes, pleurant la victoire anglaise sur ses terres.
A.B
- Héritier rebelle
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