Magnum Opus :: Royaume-Uni :: Irlande
Dans le feu et le sang. par Mar 19 Aoû - 1:59
Poudlard... Il s'agissait de sept années entre les murs du château, et c'était pourtant une vie à part entière. Tant de souvenirs, tant de découvertes, de peurs, de peines, avait-elle laissé aux remparts du château, lorsqu'à dix-huit ans, elle l'avait quitté comme les autres sorciers de son âge. Sept ans d'une intense et effrayante formation, pour devenir la femme qu'elle était. Autant l'épouse que la sorcière.
Serrant ses doigts osseux grisés par le froid sur le col épais de sa cape, Alceste songea à ce qui l'amenait ici. Une autre vie, une autre formation. Une formation qui n'aurait dû relever d'elle, mais qui avait été manifestement négligée. Par cela, Cathleen la décevait. Mais la brillante sorcière était-elle vraiment responsable ? Elle ne s'octroyait pas le temps qu'Alceste, elle, avait eu pour sa progéniture. Cathleen était, de plus, seule pour élever ses petites-filles, qui n'avaient plus mère, et Merlin merci, plus père pour faire leur éducation. Finalement, la mère des Serpents elle-même avait peut-être sa part de responsabilité dans la rébellion absurde et abjecte qu'elle semblait être au bord d'opposer à sa famille. Car le sang qui coulait dans les veines de Carey et d'Elya les liait aux Gaunt et, par cela, la formation de leur esprit était le premier souci d'Alceste. L'une d'elle serait peut-être l'épouse de Janus. Et, à ce que lady Gaunt avait découvert de la personnalité d'Elya, elle doutait de plus en plus que celle-ci remplisse les conditions nécessaires. Elle avait compté sur elle, pourtant. Jusqu'au jour où leur regard s'était croisé.
Dix minutes d'une longue marche à travers les chemins boueux alentours étaient passées. La fourchelangue s'était arrêtée devant le haut portail de fer forgé protégeant l'imposant édifice. Elle n'eut guère besoin de manifester sa présence. Déjà, le directeur de Poudlard en personne se présentait sur le pas des grandes portes. D'une démarche énergique, il traversa la cour et s'arrêta devant le portail, pour ne l'ouvrir qu'après quelques secondes où il observa, soucieux et grave, la sorcière qui lui faisait face.
« Mrs Gaunt.
– Monsieur le directeur. »
Alceste ne recula pas tandis que le portail s'ouvrait pour elle. Son regard, intense, impénétrable, restait braqué sur Viridian. Lorsque les portes s'immobilisèrent dans un grincement de métal, un sourire funèbre arqua les lèvres de la descendante de Serpentard.
« Vous n'êtes pas très heureux de me voir, n'est-ce pas. Tout ce bruit sur ma famille, mes enfants... Et ce simulacre de procès, contre mon beau-fils. Vous y êtes vous rendu, professeur Viridian ? Le divertissement vous a-t-il plu ? »
Alceste darda son regard luisant d'une répugnance franche sur l'homme qui, impassible, la dominait de sa taille. Seul la lèvre du directeur tressauta, signe qu'il avait entendu les paroles qui lui étaient jetées au visage, comme une insulte qui n'avait pu être retenue.
« Miss Black est prête à partir, lady Gaunt. Dois-je vous l'amener ? »
Prenant une inspiration, une grimace de dédain gravée sur le visage à l'encontre de ce partisan de la paix, Alceste acquiesça.
« Pourquoi vous êtes vous déplacé, Viridian ?
– Pour avoir la confirmation de ce que je pensais à votre sujet, Madame. »
Sans un mot de plus, Viridian lui tourna le dos, la laissant seule et livrée à sa fureur. Celle-là mugissait dans son ventre au même rythme que le vent glacial frappant son visage.
Bientôt, la silhouette frêle et gracieuse de sa nièce apparut au-devant des lumières du grand hall. Lady Gaunt observa l'apprentie sorcière venir à elle, de cette démarche digne, ferme mais pas trop rapide qu'avaient les grandes dames de ce monde. En apparence, Carey était parfaite. Mais ce que renfermait son esprit était, encore, instable et dangereux pour l'idéal familial. Le regard sans complaisance de sa tante s'achemina jusqu'à celui polaire de Carey. Elle avait attendu ce moment, mais seul un éclair fugace trahit la satisfaction qu'elle éprouvait enfin à avoir la jeune fille à sa merci.
« Bonsoir Carey. Ta grand-mère t'as prévenue de ma venue assez tôt pour organiser tes affaires, j'espère ? Je m'en voudrais que cette sortie de Poudlard soit préjudiciable au passage de tes ASPIC. »
Malgré son ton doucereux, ses yeux n'avaient rien, eux, d'agréables. Ils demeuraient fixes et durs au contraire. La fourchelangue ôta sa main crispée qui, jusqu'alors, tenait serré son col contre sa gorge, et vint chercher sa baguette magique, qu'elle pointa vers le sac de Carey. D'un sortilège, elle le fit disparaître en direction du manoir Gaunt, dans lequel la jeune fille passerait la nuit, pour cette fois.
« Je te ramènerai ici même demain, à l'heure qui te conviendra. Tu es dorénavant notre hôte. »
Enfin, Alceste eut un sourire pour Carey. Il était rapide, crispé, certainement forcé et n'avait en rien adoucit la dureté de ce visage plus vieilli que la jeune fille l'avait vu jusqu'alors. Mais au moins donnait-il le ton. Il n'y aurait nulle réprimande, nulle menace pour ce soir. Du moins, c'était ce que prévoyait lady Gaunt.
« Avant de profiter d'une nuit de sommeil amplement méritée, il y a d'autres choses à faire et à voir, ce soir. Mais d'abord, discutons un peu, toutes deux. »
La mère des serpents se détourna du portail et invita d'un mouvement de la main Carey à marcher à ses côtés. Redescendant le chemin vers les profondeurs de la nuit, la sorcière braqua son regard droit devant elle, fixant l'obscurité.
« Es-tu confiante concernant le passage de tes examens, Carey ? J'ai ouïe dire que tu es une élève brillante, mais les responsabilités de préfète-en-chef ne sont pas de tout repos. »
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Re: Dans le feu et le sang. par Mar 19 Aoû - 14:27
Penchée au dessus de la malle qui trônait au pied de son lit, Carey s'affairait à terminer sa valise au plus vite. Le dortoir dans lequel elle se trouvait était étrangement calme ce soir-là, ses camarades de chambrée lui épargnant pour une raison inconnue leurs habituels commérages. La jeune fille avait reçu une lettre de sa Grand-mère deux jours plus tôt, lui annonçant une visite de Lady Gaunt. Si elle avait été ravie de voir entrer le majestueux hiboux noir de Cathleen dans la Grande Salle de Poudlard, elle avait aussi été plus que surprise de lire le contenu de la missive. En sept années passées à l'école, ses sorties se comptaient sur les doigts d'une seule mains. Que sa grande tante veuille passer un week-end avec elle surprenait la jolie brune autant que cela l'effrayait. La dernière fois qu'elles s'étaient vu, c'était dans le but de la réprimander sévèrement, et même si elles s'étaient quittées sur d'aimables paroles, Carey craignait encore une suite.
La Serpentarde se retourna et sortit de son alcôve, surprenant un regard échangé par deux de ses compagnes. Son regard polaire fit rapidement le tour de la pièce, scrutant les visages troublés des autres jeunes filles. « Vous êtes vraiment pitoyables. » lâcha-t-elle froidement. Depuis qu'elle leur avait dit qu'elle s'absentait et pour quelles raisons, ses simulacres d'amies n'avait cessé de l'observer étrangement, et à chaque fois qu'elle entrait dans le dortoir, le silence lourd de sous-entendus qui la suivait était presque palpable. « Vous devriez cessez de donner aux rumeurs qui courent sur ma famille une importance qu'elles ne méritent pas. » Carey se souciait peu de savoir qu'elle allait froisser ses camarades. Elles finiraient toujours par revenir vers elle, de toute façon. À cause de sa famille, justement. Aucune des leurs n'avait la prestance de la sienne, et aucun de leurs noms ne valaient le sien.
D'un coup de baguette, la cadette Black fit léviter son sac à ses côtés et, un sourire froid aux lèvres, sortit du dortoir sans se retourner. Elle traversa la Salle Commune de Serpentard sans prêter attention aux autres puis se dirigea vers le hall du Château. Elle avait troqué son habituel uniforme vert-et-argent pour une robe sombre resserrée à la taille, élégante et classique, sans artifices, pour l'instant camouflée par une cape épaisse qui la protégerait du froid de ce début d'hivers. La jeune fille était à l'heure, et elle se demanda si Lady Gaunt était déjà arrivée et si elle viendrait jusqu'à l'intérieur. La réponse lui apparut quelques secondes plus tard, lorsque le Directeur Viridian la rejoignit devant les grandes portes de l'entrée. « Lady Gaunt vous attend, Miss Black. Je vous souhaite que cette sortie soit agréable. » La jeune fille observa un instant le vieil homme, qui ne semblait pas dans son état de bonhomie habituelle. Elle lui répondit néanmoins par un fin sourire. « Merci, professeur. Passez une bonne soirée. » Et sur un dernier signe de tête, elle quitta le hall et sortit du Château.
Descendant les marches d'un pas digne, Carey se porta au niveau de sa grande tante, le regard fier et tentant de refréner son appréhension. D'un ton doux, la Serpentarde lui répondit. La mention de sa Grand-mère calmait les battements de son cœur. Elle ne devait pas oublier qu'Alceste était la plus chère amie de sa tutrice. « Bonsoir ma tante. Cathleen m'a fait parvenir une lettre il y a quelques jours, j'ai eu plus de temps que nécessaire pour m'organiser. » Le visage de la maîtresse des serpents était froid, et paraissait plus vieux que dans ses souvenirs. D'un geste de sa baguette, la sorcière fit disparaître le sac qui flottait toujours aux côtés de sa nièce. La jeune fille hocha la tête lorsque sa tante évoqua son retour. Elle avait l'impression que de longues heures la séparait de ce moment.
Le rictus d'Alceste rassura encore un peu la jolie brune, qui se sentie soudain plus légère. Lady Gaunt n'était donc pas venue pour la réprimander ; elle n'était pas de ces femmes qui tournaient autour du pot. Elle était venue... discuter. La cadette des Black suivit sa tante, marchant à ses côtés dans la nuit sombreet pleine de terreurspour descendre le chemin. Elle laissa son regard polaire glisser vers elle lorsqu'elle lui demanda comme elle envisageait ses futurs examens, mais Alceste regardait droit devant elle.
« Je ne suis pas inquiète, ma tante. Mes nouvelles attributions sont prenantes, en effet, mais ma priorité reste le passage de mes ASPICs. J'ai simplement... ôté toutes les activités superflus de mon emploie du temps. », déclara-t-elle avec franchise en pensant à ses camarades de dortoir. Elles marchèrent encore un instant en silence avant que Carey n'ose poser la question qu'elle avait en tête depuis la réception de la lettre de Cathleen. « Puis-je me permettre de vous demander pourquoi je fais l'objet d'une invitation, Madame ? » Un instant, elle craignit que son interrogation ne soit mal interprétée. « Cette sortie m'agrée, bien entendu, mais c'est que je n'ai pas eu l'habitude de quitter beaucoup l'enceinte de Poudlard durant mes dernières années à l'école... »
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Re: Dans le feu et le sang. par Sam 30 Aoû - 17:28
« Je constate que tu as hérité de l'esprit d'organisation de ta grand-mère. C'est bien là l'une des plus belles vertus que son sang ait pu te léguer. Je ne doute pas que l'ambition seconde cet esprit bien rangé. »
Pendant un instant, Alceste fit l'effort de tourner les yeux vers Carey. Elle était loin d'être aussi fière d'elle que son expression semblait le suggérer, mais lady Gaunt mentait bien plus facilement qu'elle disait la vérité. Puis, immuablement, son visage revint à l'horizon perdue derrière le rideau noir des ténèbres.
Si Alceste avait questionné Carey sur un sujet aussi banal, cela avait été à dessein. Cependant, avant d'avoir eu le temps de continuer sur sa lancée, la jeune femme l'interrompit, faisant montre d'une curiosité trahissant cette spontanéité presque impulsive qu'elle semblait partager avec sa sœur. Habituellement, la mère des serpents s'en serait agacée, mais ce soir, Alceste n'avait pas le droit de se laisser avoir par ses propres tendances à l'emportement. Elle inspira discrètement, refoulant cette colère qui suintait presque perpétuellement de son âme.
« Ce soir est une exception, mon enfant. » déclara-t-elle d'une voix sourde et grave. « Quelque chose se prépare. Quelque chose de très important, signe incontestable de la tendance funeste que prend notre avenir… »
Sans prévenir, Alceste s'arrêta. Elle ferma les yeux une seconde, le temps d'inspirer une grande goulée d'air froid, vivifiant. Discrètement, elle délassa les muscles de son dos, raidis par son port rigide ainsi que le froid qui lui mordait les os. Alors, elle fit un pas en avant pour se retourner et faire face à la jeune Black, qu'elle regarda fixement.
« Tu m'as dit te sentir tout à fait prête à mettre un point final à tes études à Poudlard et cela me rassure. Cela signifie que tu sais donc te servir de ta baguette à présent, aussi bien qu'une sorcière accomplie le saurait. D'ailleurs, bien que je n'approuve ni ne souhaite revenir sur tes frasques à Godric's Hollow – son ton, ce disant, s'était fait plus tranchant – tu as convenablement réagi, ce soir là, d'après ce que je sais. Cela est le signe qu'il est temps pour toi de découvrir une facette du monde dont nous t'avons, jusque là, protégée. Tu n'es plus une enfant, Carey, et ta grand-mère tient sincèrement à ce que tu aies les moyens d'appréhender l'avenir qui t'attend à ta sortie de Poudlard. »
Ce n'était pas vraiment une réponse, et pourtant, Alceste n'aurait su être plus précise sur le but de cette sortie. La sorcière laissa passer un moment de silence, pendant lequel elle jaugea la réaction de la cadette Black. La jeune fille devait certainement être plus angoissée et intriguée par ce discours que rassurée. Il la plongeait dans ses interrogations davantage qu'il les éludait, mais Alceste savait qu'elle regretterait d'avoir la réponse, lorsqu'elle se trouverait confrontée à ce que sa grand-tante lui préparait.
D'un mouvement qui ne tolérait aucun refus, la mère des Serpents tendit le bras devant elle, la main ouverte vers celle de Carey. Lorsque la jeune fille posa sa main frêle et délicate de poupée dans la paume maigre et osseuse de lady Gaunt, cette dernière l'enferma dans une prise aussi ferme que les serres d'un rapace. Il n'y avait pas là de brutalité, mais pourtant, cette main qui aurait dû être protectrice et rassurante était sèche et raide. De l'autre main, la quinquagénaire releva le capuchon de sa cape sur le haut de son crâne, camouflant son visage blafard derrière l'ombre de celui-ci.
« Mets ta capuche, Carey. Veille à ce que nul ne puisse voir ton visage. Tu connais la règle. Garde toujours ta baguette à portée de main lorsque tu sillonnes les terres d'Irlande. Conserve-la bien en main, car c'est là que nous nous rendons, ce soir. »
Lorsque Carey eut obéit à chacun de ses ordres, Alceste serra plus fort sa propre baguette, puis, tout en tournant sur elle-même, transplana dans un craquement retentissant avec son invitée. L'instant suivant, elles se trouvaient dans une petite maison de plain-pied, modeste et surchargée d'ingrédients magiques ainsi que de plantes séchées. Une puissante odeur de sauge blanche saupoudrée d'une arrière saveur de belladone comblait chaque recoin de la chaumine. On ne pouvait pas avoir le moindre doute quant à la nature de ceux qui y vivaient mais cependant, ses habitants ne se montrèrent pas. Une bougie, que nul n'avait pris le temps d'éteindre, mourait lentement au milieu d'un lit de cire fondue, au milieu de la table. Autour d'elle, trois assiettes d'un repas sommaire que les propriétaires n'avaient pas terminé.
Alceste ne se pressa pas. Elle lâcha la main de la jeune Black, observa rapidement autour d'elle, puis braqua son regard gris sur la petite-fille de Cathleen. Loin, si loin que cela était à peine perceptible pour leur ouïe, se devinait un brouhaha de voix humaines où se mélangeaient cri, rires et, semblait-il, musique. Tout du moins, l'on frappait un tambour, qui tel un énorme cœur, battait au rythme de cette vie nocturne inattendue, bien après la dernière maison du village.
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Re: Dans le feu et le sang. par Sam 20 Sep - 18:01
D'un pas lent et assuré, Carey suivait sa tante, faisant en sorte de ne pas se laisser distancer. Elle se sentait maîtresse de la situation, ou tout du moins, de ses sentiments, par rapport à la dernière fois où elles s'étaient vues. Elle avait tremblé, son estomac s'était noué et son cœur s'était emballé sans qu'elle ne puisse rien contrôler. Ce soir, à défaut d'être parfaitement confiante, la jeune fille se plaisait à penser qu'elle saurait faire face dignement. Elle eut un bref hochement de tête lorsqu'Alceste évoqua sa Grand-mère. « Et c'est bien là un des plus beaux compliments que l'on puisse me faire. », murmura-t-elle pour elle-même et sans attendre de réponse de la part de sa tante.
Du reste, on lui disait souvent. Plus à elle qu'à Elya en tous cas. Et cela lui avait toujours plut. Cathleen avait des défauts certes, et n'avait jamais fait preuve de beaucoup d'affection, mais elle inspirait le respect et avait toujours protégée ses deux petites-filles, envers et contre tout.
Dans un silence légèrement nerveux, la Serpentarde attendait que sa Grande-tante réponde à la question qui la hantait depuis des jours. « Ce soir est une exception, mon enfant. », commença-t-elle d'une voix sourde et surprenante. Lady Gaunt continua et sa nièce se sentie soudainement inquiète. Comment avait-elle pu penser ne serait-ce qu'un instant que l'invitation de la maîtresse des serpents pourrait être totalement anodine ? Alceste ne faisait jamais rien sans une bonne raison, elle aurait dû le savoir. La sorcière s'arrêta brusquement et Carey fit de même, curieuse d'en savoir un peu plus. Le regard sombre de sa tante se posa sur elle et elle fit de son mieux pour le soutenir sans faillir.
Alceste recommença à parler, sans que la jolie brune ne saisisse où elle voulait en venir. Elle hochait doucement la tête de temps à autre, pour montrer qu'elle comprenait bien, mais elle ne voyait pas véritablement le rapport avec la question qu'elle avait posé. Ses yeux polaires se dérobèrent une fraction de seconde à ceux de sa tante quand celle-ci évoqua la Nuit de la Concorde, mais elle retrouva bien vite sa position initiale, soulagée que la soirée de Godric's Hollow ne soit pas plus abordée. Sa Grand-mère voulait donc qu'elle découvre une nouvelle facette du monde magique ? Qu'elle soit prête à affronter le monde extérieur à sa sortie de Poudlard ? Carey songea que c'était bien dans les habitudes de Cathleen de s'occuper de son avenir sans lui donner un seul détail... Surtout que la réponse d'Alceste ne l'éclairait pas vraiment. Elle ne savait toujours pas en quoi consistait cette sortie, hormis peut-être à une sorte de rite d'initiation dont elle n'avait jamais entendu parler. Est-ce qu'elle aurait voulu en savoir plus ? Finalement, elle n'en était plus si sûre. Est-ce qu'elle avait peur ? Non. C'était juste une sorte de fébrilité inquiète qui l'envahissait. Comme si elle se trouvait devant une porte qu'elle avait envie d'ouvrir mais qu'elle craignait ce qui l'attendait derrière...
« Très bien. », déclara-t-elle simplement à sa tante, le visage de marbre. De toute façon, elle ne voyait pas ce qu'elle aurait pu dire de plus.
Sans préavis, Alceste tendit son bras devant elle. La cadette Black avait déjà expérimenté le transplanage d'escorte, aussi plaça-t-elle sa main dans celle de la sorcière sans la moindre hésitation. Rapidement, elle suivit chacun des ordres qui lui était donné, rabattant son capuchon sur son visage pâle et tenant fermement sa baguette magique entre ses doigts fins, au fond de la poche de sa cape.
Lady Gaunt transplana, entraînant sa nièce avec elle sans lui avoir donner d'indication. Lorsqu'elle sentie ses pieds toucher le sol, Carey lâcha la main de sa tante et tourna doucement sur elle-même pour essayer de savoir où elle se trouvait. Une odeur familière avait assaillit ses narines, la même que celle qui flottait parfois dans le couloir où se trouvait l'atelier d'Elya. La jeune fille se trouvait dans une maison modeste, et la première question qui lui traversa l'esprit concernait les habitants de ce lieu. On aurait dit que le temps avait été arrêté dans la chaumière. Comme si les sorciers – car s'en étaient forcément – qui logeaient ici avaient subitement disparus sans finir ce qu'ils étaient en train de faire. Le regard de la Serpentarde parcouru encore un moment le lieu avant de retrouver le visage d'Alceste.
« Que faisons-nous dans cet endroit, ma tante ? », demanda-t-elle à voix basse, comme si elle craignait un danger imminent. « Où sont les gens qui habitent cette maison et... » Le murmure mourut sur ses lèvres et elle tendit l'oreille, tentant de distinguer un bruit qui lui avait échappé jusque là. Au loin, un grondement joyeux enflait, sans qu'elle n'y trouve rien de rassurant. Au contraire, Carey se figea, les sourcils froncés, tandis qu'une inquiétude sourde montait en elle, faisait écho au brouhaha de fond. « Mais qu'est ce qui se passe ici ? ».
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Re: Dans le feu et le sang. par Sam 25 Oct - 21:11
Sous le capuchon de sa cape, la descendante de Salazar ne lâcha pas sa petite-nièce du regard. Elle avait exactement la réaction espérée. Sa question était pure rhétorique, selon Alceste. Carey savait déjà ce qui se tramait. Cela se voyait à la tension qui raidissait sa posture. Néanmoins, à l'inverse de sa grand-tante, la jeune fille ne connaissait pas le détail du drame pathétique qui se jouait en ce moment. Alors, Alceste pris la peine de lui répondre, tout en caressant du bout des doigts le bois tortueux de sa baguette. Celle-ci vibrait énergiquement sous la caresse de sa maîtresse, insufflant à celle-ci un sentiment de puissance et de contrôle.
« Nous sommes dans la demeure de sorciers du commun. Ils ne sont ni nécessairement riches, ni nécessairement pauvres. Ils ont vécu ici, à une vingtaine de lieues de Kenmare, depuis toujours. Comme leurs parents, comme leurs grand-parents. Des gens simples comme beaucoup de ceux qui se retrouvent dans leur situation, pourvus de trop de principes moraux pour causer le moindre tort à qui que ce soit. Et pourtant, aujourd'hui, leurs propres voisins se sont emparés d'eux et s'apprêtent à les brûler sans procès. »
Un cri de femme coupa Alceste dans son discours. Le brouhaha des voix s'intensifia, devenant plus agressif. La foule s'emballait, portée par son enthousiasme morbide.
« D'un instant à l'autre, ils mourront dans d'atroces souffrances. La femme y compris, bien qu'elle soit moldue. »
La baguette de lady Gaunt quitta soudain la main qui la caressait et se pointa vers la porte. Celle-ci bascula lentement sur ses gonds, mais aucune lumière, en provenance de l'extérieur, ne s'ajouta aux lueurs mourantes de la chaumine. Alors, après avoir agité l'index en direction de Carey pour l'inviter à la suivre, Alceste tourna le dos et s'aventura au-dehors.
« Vois par toi-même. Le village est désert. Tous se sont rendus au bûcher pour se délecter de l'agonie de ceux qui furent autrefois leurs amis ou leur famille. Ils fêteront encore leur forfait bien après que les cendres de leurs antagonistes soient balayées par le vent. »
Son goût de la mise en scène poussa Alceste à fermer un instant les yeux tandis que la bise d'un vent glacé venait caresser son visage et gonfler le capuchon couvrant le haut de son crâne. Elle ne profitait de rien d'autre, cependant, que de l'angoisse de la jeune sorcière marchant à côté d'elle.
« La foule est énervée, excitée par l'odeur de la peur et l'idée de la mort. Elle est dangereuse, vindicative, assoiffée de violence. Un couple et leur petit-garçon seront leur sacrifice au Dieu des moldus et nous sommes là, plongées dans le noir, à entendre les supplications de nos semblables. »
Parvenues à la sortie du village, les deux sorcières avaient grimpées une petite colline qui surplombait le lieu-dit. En haut, elles s'étaient arrêtées et, à présent, elles devinaient au travers de la nuit noire et des quelques volutes de brouillard la lueur dense et rouge d'un feu naissant.
« Alors, que devons-nous faire, Carey Black ? Comment agir, si seulement nous le devons ? »
Son regard, maintenant interrogatif, se tourna de nouveau vers la jeune sorcière. Alceste attendait une réaction, une décision. Elle espérait, cependant, que ce serait celle qu'elle espérait voir à la petite-fille de Cathleen. Pour l'heure, lady Gaunt n'en montrait cependant rien, laissant à Carey l'opportunité de prendre la décision qui changerait ou non le destin du trio que l'on ficelait peut-être déjà à leur bûcher.
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