Qui futuri sunt moliti par Mer 31 Juil - 13:22
Si toute cette histoire contrariait énormément la jeune femme, qui avait bien d'autres ambitions, il n'était pas judicieux pour elle de se mettre son frère à dos. Après tout, il était son seul allié dans cette histoire. D'autant qu'il serait son gardien tant qu'elle n'aurait pas épousé un autre homme; lui seul avait donc réellement le pouvoir de faire traîner les choses en longueur et de lui préserver un minimum de liberté. Elle avait espéré qu'il reviendrait vers elle le jour d'après pour sa leçon suivante mais il semblait avoir décidé de lui faire payer ses humeurs et n'avait plus évoqué le sujet depuis près d'une semaine. Lynn en avait profité pour lire beaucoup mais elle s'ennuyait déjà à nouveau et elle s'était résignée à aller s'excuser, voir à le supplier si c'était ce qu'il désirait. Après tout, il était très occupé et il lui était facile de prétendre ne plus avoir de temps pour elle. Et elle allait définitivement dépérir si c'était le cas. Elle savait néanmoins qu'il n'allait pas être facile à convaincre car s'il y avait bien un trait de caractère commun à tous les Bower, c'était l'entêtement.
Mais Lynn avait plus d'un atout dans sa manche et elle en usait et abusait lorsqu'il s'agissait d'obtenir ce qu'elle désirait. Aïlin en faisait les frais régulièrement car elle savait que si elle y mettait suffisamment de cœur et d’énergie, son frère ne pouvait rien lui refuser. Ce qui ne l'empêchait pas de la faire languir parfois longtemps. En contrepartie, la réciproque était on ne peut plus vraie. La jeune femme adorait son frère et se savait capable de n'importe quoi pour lui.
Elle avait attendu le début d'après-midi pour aller frapper timidement à la porte de son bureau. Elle avait attendu qu'il l'autorise à entrer et s'était avancée timidement, les mains serrées derrière son dos.
- Bonjour Grand Frère. Le salua-t-elle avec un petit sourire.
Ne voulant pas tout de suite se lancer dans la raison de sa présence, elle s'enquit de son travail:
- Comment se passe ton apprentissage auprès de Mr Peverell ? En es-tu satisfait ?
Aïlin avait beaucoup de chance d'étudier auprès du vieux sorcier. Cela lui donnait également une excuse parfaite pour repousser les tentatives de leur père pour lui faire intégrer les cercles fermés des politiciens. Lynn ignorait si c'était uniquement pour contrarier Devin ou si Aïlin n'avait vraiment aucun goût pour les histoires politiques, mais il était amusant de voir qu'il pouvait faire preuve d'encore plus d’opiniâtreté qu'elle lorsqu'il voulait -ou ne voulait pas dans ce cas précis- quelque chose. Cela dit, il était un peu plus aidé en cela qu'il était un homme fait et qu'en dehors du respect et de l'honneur familial, leur père ne pouvait guère lui imposer grand chose. Pas comme à elle...
Elle allait devenir folle si elle devait encore tenter de faire une broderie, elle voulait jeter des sortilèges, créer des enchantements, utiliser la magie pour une activité qui n'avait rien de "féminin". Elle prit son air et son regard le plus innocent et déclara, d'une voix douce :
- J'espérais que nous pourrions reprendre les leçons...
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Re: Qui futuri sunt moliti par Sam 10 Aoû - 17:26
Car, en effet, Bower n'avait pas digéré le ton avec lequel sa sœur s'était adressée à lui, et cela ne cessait de tourner dans son esprit, pour une raison très simple. C'était l'heure et le jour d'un de ses cours, et cela faisait une semaine qu'il avait superbement ignoré ces rendez-vous avec sa cadette. Aïlin la connaissait par cœur. Il savait qu'elle viendrait à lui aujourd'hui. C'était la raison pour laquelle il avait mis un point d'honneur à ne pas se montrer dans les pièces principales, s'enfermant dans son bureau personnel pour lire un grimoire alchimique que lui avait confié, pour études, Maître Peverell.
La fenêtre était grande ouverte et des oiseaux passaient régulièrement devant celle-ci, faisant jaillir dans la pièce un petit point d'obscurité lorsque leur corps fragile passait devant un rai de soleil. Le bruissement irrégulier du vent dans les feuilles des arbres formait un fond sonore à la musique estivale qui se jouait au-dehors, composé par les oiseaux, les insectes et la faune qui s'aventurait dans le vaste jardin. C'était paisible, lumineux, et quand Lynn ouvrit la porte du bureau, Aïlin avait arboré un air également serein, comme s'il n'éprouvait pas la moindre animosité en son for intérieur. Il releva ses yeux clairs dans ceux de sa sœur lorsque celle-ci l'apostropha, mais ne répondit que d'un bruit de gorge, semblable à un marmonnement. La politesse ne l'avait pas étouffée, à leur dernière leçon. Il n'était pas essentiel qu'il en fasse preuve à son tour. Son rôle était de l'éduquer, non pas de répondre au moindre de ses caprices.
« Comment se passe ton apprentissage auprès de Mr Peverell ? En es-tu satisfait ?
Un sourire faux naquit sur les lèvres de l'aîné alors qu'il refermait son grimoire sur un marque-page.
— Cela fait quatre ans que je suis l'élève de Maître Peverell. Est-ce seulement aujourd'hui que tu t'interroges sur l'intérêt que je porte à ses leçons ? rétorqua-t-il de but en blanc. Cela dit, étant donné que je le respecte en tant qu'aîné et que j'ai l'humilité de prêter oreille aux savoirs qu'il me transmet, cela se déroule merveilleusement bien. »
Son sourire hypocrite n'avait toujours pas quitté ses lèvres, mais à présent, une lueur victorieuse brillait dans ses yeux d'azur. Il aimait réprimander Lynn de cette façon là. Elle était bien plus prise au dépourvu que lorsqu'il laissait éclater sa mauvaise humeur. Cela, en général, ne faisait qu'encourager la belle à se montrer butée comme une mule.
« Que me vaut ta visite ? » Enchaîna-t-il, croisant une jambe au-dessus de l'autre en se tournant pour faire face à Lynn. L'un de ses sourcils s'arqua d'incrédulité à la réponse que lui fournit sa sœur, malgré l'air angélique qu'elle lui retournait. Il l'observa cinq longues secondes, immobile et silencieux, avant de se rabattre contre le dossier de son siège.
« Je croyais que cela n'avait pas le moindre intérêt ? Je ne perds pas de temps pour les choses destinées à ne porter aucun fruit. »
Déclara Aïlin en attrapant sa plume et en s'intéressant à un rouleau de parchemin.
« Mère a prévu d'aller cueillir quelques roses dans le jardin, afin d'en orner le salon. Tu devrais la rejoindre. C'est une activité à laquelle tu te dois d'être experte, dans ta vie de femme. Savoir à quel stade de croissance ôter la fleur du buisson parent, identifier le parfum le plus fort, mais qui ne soit pas entêtant... sacrifier celles dont les pétales sont déjà tâchés par le soleil, ou amollis par de trop fortes pluies... Tout un art passionnant s'ouvre à toi, hors de ce bureau. »
Lentement, Bower reposa sa plume et adressa un sourire complaisant à sa sœur, doublé d'un regard goguenard. Elle ne l'avait pas volé. Aïlin trouvait cette façon de la menacer particulièrement drôle et subtile. Il ne disait rien, mais, ce faisant, il lui rappelait ce qu'elle devait toujours garder en tête. Son frère était son seul allié au manoir, et ne pas le respecter coûterait bien plus cher à la jeune femme qu'à lui.
- Héritier rebelle
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Re: Qui futuri sunt moliti par Mer 14 Aoû - 13:01
« Je croyais que cela n'avait pas le moindre intérêt ? Je ne perds pas de temps pour les choses destinées à ne porter aucun fruit. »
- Je n'ai pas dit que...
Elle soupira alors qu'il se détournait d'elle et la narguait en lui parlant des activités maternelles. Elle sentit une bouffée de colère l'envahir. Elle ne l'avait pas volé, mais cela ne rendait pas la leçon plus facile à assimiler.
- Cesse de te jouer de moi, je n'ai que faire des roses, si j'en veux une, il me suffit de faire ça ! Dit-elle en sortant sa baguette et en transformant la plume de son frère en rose.
Elle lui jeta un regard buté qu'il soutint sans faiblir. Dans son regard, parfois si semblable à celui de leur père, elle voyait tout ce qu'il taisait. Il la mettait face à ses propres contradictions, face à son emportement, sa jeunesse et son inexpérience. Cela prouvait bien qu'elle n'était pas encore prête, qu'elle avait besoin de lui, maintenant plus que jamais.
Elle détourna les yeux et soupira.
- Je suis désolée de m'être emportée la dernière fois. Dit-elle d'une voix plus calme. Ce n'était pas juste envers toi. Mais tu sais bien que ce n'est pas ton enseignement que je remets en question, c'est... tout le reste.
Elle se rapprocha du bureau, l'air las.
- Je te respecte et je respecte ton travail, tu le sais, n'est-ce pas ? Je te suis infiniment reconnaissante de ce que tu fais pour moi... mais tout ça... j'aspire à tellement plus, Aïlin. J'ai l'impression d'être prisonnière ! J'étouffe ici !
Ne pouvait-il pas comprendre qu'elle était en train de mourir à petit feu ? Que passer l'été ici, enfermée entre ces murs était une torture et qu'elle ne s'imaginait pas devoir continuer comme ça pour le reste de ses jours ? Quel intérêt de quitter cette prison pour une autre ? Quel intérêt d'apprendre toutes ces choses dont elle ne se servirait jamais ?
Elle attrapa la rose qu'elle avait métamorphosée et s'y piqua. Une goutte de sang tomba sur le parquet.
- Elle peut se protéger, elle, au moins. Quel choix ai-je, moi ? Tu finiras par quitter le Manoir, et qu'est-ce qu'il me restera ? Un mari ventripotent de deux fois mon âge ? Ho pitié, ne laisse pas ça arriver, Aïlin ! Je ferai tout ce que tu voudras, je t'écouterai, je t’obéirai, je serai disciplinée, mais par pitié, aide-moi !
- Invité
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Re: Qui futuri sunt moliti par Mer 14 Aoû - 18:32
« Ma pauvre sœur, quelle vie terrible tu as... » commenta-t-il tout bas, en détournant le regard.
Il la laissa cependant s'épancher, contemplant avec ennui la voltige des oiseaux au-dehors, qui passaient de branche en branche sur un arbre proche, avec force piaillements. Il s'accouda à son bureau et posa son menton contre la paume de sa main, en essayant de faire passer son agacement pour de la songerie. Il ne supportait pas l'entendre se plaindre, car Aïlin estimait qu'il n'y avait pas matière à cela. Elle n'était pas l'héritière, elle n'était pas celle qui éveillait la hargne et l'agressivité de leur père à chaque fois qu'elle prononçait un mot. Certes, Aïlin avait fini par prendre un malin plaisir à se jouer de son paternel ainsi qu'à lui donner de bonnes raisons de se faire haïr, mais la situation lui pesait bien plus qu'il le laissait transparaître. Sous la gouverne de son père, il avait encore parfois l'impression de n'être qu'un garçon, quand bien même il avait vingt-quatre ans.
« Cesse tes jérémiades, Lynn, tu sais que je ne supporte pas ça. »
D'un geste sec et le regard noir, Aïlin lui ôta la rose des mains et lui fit reprendre sa forme originale, d'un coup de baguette. Il posa plume et arme sur le bureau et s'enfonça dans son fauteuil, les bras croisés.
« Si tu ne veux pas que ça arrive, apprends à te comporter comme une femme et non plus comme une enfant. Tu as passé l'âge des caprices à présent, Lynn. Tu approches de l'âge adulte, et j'ai parfois l'impression d'être encore confronté aux douleurs d'une enfant de dix ans. Crois-tu être la seule à étouffer ici ? Tu n'es pas l'héritière, tu es bien plus libre que tu le crois, quand bien même Père fait tout pour que tu penses l'inverse. »
C'était l'heure du réel sermon. Aïlin décroisa les bras et se leva, pour dominer sa sœur de toute sa hauteur. Les sourcils froncés, il l'observa longuement, avant d'aviser d'un geste du menton sa baguette magique, qu'elle tenait encore entre ses mains.
« Puisque tu souhaites recevoir une leçon aujourd'hui, laisse moi t'en donner une d'intégrité et de courage. Si tu ne veux pas de ce destin, apprends à devenir une véritable sorcière ! Plus tu prendras les devants, plus tu auras de chances d'avoir satisfaction dans ton avenir. En revanche, tu as tout à perdre en méprisant l'apprentissage que je te donne, quelles que soient les raisons de ta mauvaise humeur. M'entends-tu me plaindre de mes obligations ? Pourtant, elles sont autrement plus importantes que les tiennes. Qui prendra, si j'échoue à faire de toi une lady digne de ce nom ? Je prends des risques pour toi, j'attends ta loyauté en retour. C'est la moindre chose que tu puisses faire, pour moi. »
Aïlin n'avait ni haussé le ton, ni fait preuve d'une froideur excessive. Cependant, on devinait dans la sévérité de son regard d'azur qu'il était parfaitement sérieux, et qu'il n'admettrait pas que sa cadette lui tienne tête d'une façon ou d'une autre, à la suite de ce sermon. Ce fut seulement lorsqu'il fut certain que le message fut bien passé qu'il s'autorisa un maigre sourire.
« Ton futur n'est pas si terrible, tu sais. Regarde Cecilia Peverell. Malgré son immense beauté, aucun homme n'ose l'approcher, de peur de se trouver face à son père. Tiens, tu devrais te faire une amie de Miss Peverell, tu te rendrais certainement compte de ce qu'est véritablement une prison. »
Il marqua une pause, faussement pensif, avant d'ajouter avec un sourire un peu plus espiègle :
« Et puis, peut-être qu'avec un peu de chance, te laisseras-tu imprégner par la tempérance de Cecilia... Tout espoir n'est pas perdu. »
- Héritier rebelle
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Re: Qui futuri sunt moliti par Dim 25 Aoû - 19:12
Les mots de son frère lui firent le même effet qu'un gifle et elle détourna les yeux alors qu'il récupérait la rose d'un geste sec et lui redonnait sa forme d'origine. Aïlin ne comprenait, il ne voulait pas comprendre. Elle savait bien que sa propre place n'était pas exempt d'inconvénients, mais elle valait toujours mieux que la sienne, de cela elle était convaincue.
Le discours d'Aïlin la vexa. Elle n'était plus une enfant, elle était une jeune femme à présent, mais dont le potentiel était bridé, si bien qu'elle ne pouvait prendre son envol ! Elle ne demandait qu'à s'épanouir au lieu de se morfondre ici.
Elle se mordit la langue pour ne pas répliquer. Il n'était de toute façon pas d'humeur, elle ne ferait que l'agacer davantage. Pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de trouver que c'était lui qui exagérait. Son titre d'héritier ne serait pas un tel fardeau s'il ne s'efforçait pas continuellement de contredire leur père. Combien de choix avait-il fait dans sa vie dans le seul but d'importuner Devin ? Elle l'ignorait, et si elle appréciait grandement de voir le patriarche à deux doigts de s'étouffer quand Aïlin lui tenait tête, elle ne pouvait nier qu'il ne se rendait pas service en agissant de la sorte.
Il se leva et la domina de toute sa hauteur, l'obligeant à lever la tête pour croiser son regard.
Il se mit finalement à la sermonner de son air sévère qui lui rappelait tellement leur géniteur. Elle savait qu'il disait vrai. Qu'elle devait se dépasser si elle voulait pouvoir un jour déjouer ce qui l'attendait. Elle avait vraiment contrarié Aïlin ce jour-là en s'en allant au beau milieu de leur leçon. Aujourd'hui, il se vengeait, à sa manière, en lui faisant bien comprendre qu'il était son seul allié ici et que se le mettre à dos ne serait jamais à son avantage. Il ne se plaignait peut-être pas ouvertement de ses obligations, mais tout dans son attitude montrait à quel point il détestait les tâches qui lui incombaient. Mais encore une fois, il avait raison lorsqu'il disait prendre des risques pour elle. La colère de leur père pouvait atteindre des sommets et elle préférait ne pas imaginer ce qu'il se passerait s'il n'obtenait pas ce qu'il voulait d'eux deux. Il était déjà tellement contrarié par les décisions d'Aïlin que si Lynn ne devenait pas la parfaite petite Lady ils risquaient fort tout deux d'en payer le prix.
- Tu sais bien que ma loyauté t'est depuis longtemps acquise. Protesta-t-elle d'une petite voix. J'entends ce que tu me dis… tu as raison et je te prie de me pardonner.
La soumission dont elle venait de faire preuve s'évapora bien vite lorsqu'il évoqua Cécilia. Honnêtement, elle aurait préféré que ses époux potentiels aient trop peur de Devin pour l'approcher. Mais c'était à Aïlin qu'ils auraient d'abord affaire. Oui, il pouvait vraiment faire de sa vie un cauchemar. Mais il n'en ferait rien, elle le savait.
- Et bien, puisqu'elle est si parfaite, tu devrais peut-être songer à l'épouser. Répliqua-t-elle d'un ton acide avant d'ajouter, plus pragmatiquement : A ma connaissance, tu n'as aucune raison d'avoir peur du Professeur Peverell. Au contraire, il te porte une grande estime.
Elle ignorait ce que penserait leur père d'une telle union, mais cela lui était bien égal. En revanche, si Aïlin quittait le domicile familial, elle serait définitivement coincée ici, et elle n'était pas pressée.
- Je tâcherai d'être plus… posée, si c'est ce que tu attends de moi. Pouvons-nous reprendre les leçons, à présent ? Ou faut-il que je te supplie ?
Il était bien du genre à pousser les choses jusque là. Aïlin avait beau essayer de s'en dissuader, il était définitivement le fils de son père. Il aimait le pouvoir, celui qu'il pouvait avoir sur les autres, celui que lui procurait son art…
Lynn plongea son regard argenté dans les pupilles océans de son frère et fit la moue en lui attrapant doucement le bras :
- S'il te plaît, ne m'envoie pas cueillir les roses avec mère…
Tout mais pas ça. Il pouvait passer une heure à lui parler d'histoire de la magie qu'elle trouverait toujours cela plus passionnant.
- Pitié ?
- Invité
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Re: Qui futuri sunt moliti par Jeu 26 Sep - 18:55
« Père serait ravi de me voir lui faire la cour. C'est bien la raison pour laquelle je m'en abstiendrai. » rétorqua-t-il d'une voix glaciale.
S'il y avait une chose qu'Aïlin abhorrait, c'était de voir autrui mettre le nez dans ses affaires, en particulier lorsque cela concernait les sentiments. Il avait apprécié, instinctivement, Cecilia dès le premier regard qu'il avait posé sur elle. Elle était belle, fascinante, mystérieuse et surtout, elle était fragile. C'était une femme autant qu'une enfant, et cela avait le don d'éveiller en Aïlin des instincts de protecteur. Mais ces instincts-là n'avaient absolument rien à voir avec ce qu'il pouvait ressentir auprès d'autres femmes, dont les atours le transcendaient. Rien à voir, non plus, avec Elya, vers qui ses pensées s'égaraient parfois, alors qu'elle était à des lieues de là. Cela le surprenait, mais la bannir de ses songeries s'avérait impossible. Il ne savait dire, cependant, s'il tombait amoureux ou s'il éprouvait seulement un irrépressible désir charnel vis-à-vis d'elle. De l'amour, le futur lord ne savait pas grand chose et ne se sentait guère plus intéressé que cela par le sujet.
Là n'était pas la discussion, de toute façon. Aïlin évinça Cecilia et Elya de son esprit et se focalisa de nouveau sur Lynn, qui grommelait maintenant qu'elle ferait des efforts pour se montrer plus posée. Puis, illustrant le mirage qu'était cette promesse en ne prenant pas la peine de feindre la patience, elle lui demanda s'il voulait bien reprendre les leçons alors qu'elle ne lui avait offert, pour l'instant, que des mots. Pas très convaincante, comme méthode. Le jeune homme fronça les sourcils, mais Lynn, opiniâtre, attrapa son bras avec une moue suppliante.
Aïlin soupira. C'était plus fort que lui, il n'arrivait pas à dire « non » lorsqu'une femme lui faisait ces yeux-là, quand bien même il s'agissait de sa sœur. Et surtout lorsqu'il s'agissait de sa sœur, à vrai dire. Il semblait voué à tout lui passer, et cela l'exaspérait au plus haut point. Son regard migra vers un mur, puis coula de nouveau vers sa sœur, en biais.
« Ça va, ne me fais pas ces yeux là. » râla Aïlin, se sachant vaincu malgré le ton qu'il employait. « Sache cependant que c'est la dernière fois que tu as une attitude pareille. »
Aïlin observa longuement sa sœur puis son visage se fendit d'un sourire : « Tu m'exaspère, tu le sais ? ».
Il rangea sa baguette magique dans son fourreau puis ouvrit la porte du bureau avant d'inviter sa sœur à sortir. « Ne restons pas ici. Le manoir est bien trop vaste pour que nous nous confinions dans une pièce aussi petite. Tes leçons d'aujourd'hui nous demanderons plus d'espace. »
Il savait ce que la jeune femme espérait. Un cours de duels magiques. Elle le lui réclamait depuis un moment déjà, mais Aïlin n'avait toujours pas consenti à accéder à sa demande. Il ne comptait pas le faire aujourd'hui non plus, à vrai dire. Cependant, il trouvait amusant de lui conférer de faux espoirs. À pas rapides, le jeune homme conduisit Lynn jusqu'à la vaste salle d'armes, dans laquelle il avança jusqu'à se trouver au centre. Alors, il se tourna vers elle et la jaugea du regard. Puis, il parcourut les alentours, comme s'il cherchait quelque chose de particulier. Il ne s'arrêta ni sur les armes, ni sur les vêtements d'entraînement rembourrés, installés sur des mannequins de bois. Non, ses yeux se posèrent seulement sur une table de bois, un petit pupitre d'enfant qui traînait là, Merlin seul savait pourquoi. De nouveau, il sortit sa baguette magique de son étui, et la brandit en direction de ce pupitre, qui fut irrémédiablement attiré par lui. Il s'achemina en douceur jusqu'au point central de la pièce, là où se trouvait Aïlin, qui recula d'un pas.
« Assieds-toi. » ordonna le jeune homme en désignant la table de la main.
D'un sort, Aïlin fit apparaître une montagne de grimoires sur le plateau de bois. Il en prit quelques-uns en main, au hasard, et les étudia d'un œil indifférent. Enfin, il en sélectionna trois, qu'il posa un à un devant Lynn avant de lever les yeux vers elle.
« Alors Lynn, Histoire de la magie, arithmancie ou latin ? »
Négligemment, Aïlin s'assit sur le rebord de la table, non sans rejeter en arrière le pan de sa veste noire. Il n'y avait rien de plus distrayant que de taquiner sa jeune sœur, et comme elle lui rendait bien, il n'avait aucune raison de se priver. Bien sûr, au moins deux de ces domaines le fatiguaient autant qu'ils fatiguaient sa sœur. Cependant, elle se devait de les apprendre. Le jeu était donc de savoir si Aïlin était sérieux ou non pour cette fois. En cet instant, son regard ne trahissait qu'un tranquille amusement, qui ne signifiait rien pour autant.
- Héritier rebelle
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Re: Qui futuri sunt moliti par Mer 9 Oct - 10:24
Lynn s'efforça de ne pas lever les yeux au ciel avec exaspération. Cette manie d'agir toujours en fonction de ce que penserait leur père ! Et c'était elle qui se comportait comme une enfant ? C'était risible. En revanche, même si Lynn ne l'avait jamais rencontrée, elle ne doutait pas que Cécilia devait être d'une compagnie charmante, mais elle n'était pas certaine d'avoir envie de le vérifier pour l'instant, même si cela lui donnerait peut-être l'occasion de sonder le cœur de l'intéressée tout en quittant le manoir pour quelques heures. Oui, cela pourrait s'avérer être amusant après tout. Aïlin semblait plaindre l'héritière Peverell mais Lynn voyait beaucoup d'avantages à sa situation. Ne pas avoir à s’embarrasser de prétendants lui aurait certainement plu. Au moins, Aïlin veillait-il à retarder l'échéance et elle était persuadée qu'il ferait au mieux pour combiner les intérêts familiaux et les siens. Jamais l'héritier ne la forcerait à se marier à un homme trop âgé ou totalement dénué de chaleur. S'ils avaient encore un peu de temps devant eux, il faudrait néanmoins que leur père ait bientôt l'impression qu'ils faisaient des progrès pour ne pas risquer qu'il décide de s'en occuper lui-même.
Son regard innocent eut raison de la mauvaise humeur de son frère. Il se plaignit encore un peu, pour la forme, et la prévint qu'il ne tolérerait plus à l'avenir un tel comportement. Elle acquiesça docilement et répondit à la remarque du futur Lord par un sourire malicieux. Bien sûr qu'elle savait qu'elle l'exaspérait, mais n'était-ce pas le rôle d'une petite sœur ? Vouer une admiration sans borne à son aîné tout en lui rendant la vie impossible ? Cela l'amusait parfois, même si pour le coup, ce n'était pas volontaire la dernière fois.
Elle regarda Aïlin ranger sa baguette et ses yeux se mirent à briller lorsqu'il expliqua qu'ils allaient avoir besoin de plus d'espace. Enfin ! Cela faisait des mois que Lynn réclamait à son frère des cours de duel magique mais jusque là il avait toujours refusé d'accéder à sa demande.
Elle le suivit avec enthousiasme jusqu'à la salle d'arme et observa, sans comprendre, son frère attirer un pupitre au milieu de la salle. Lynn fronça légèrement les sourcils et obéit lorsqu'Aïlin lui ordonna de s'asseoir. Il fit apparaître une pile de livre devant elle et en sélectionna trois. La mine réjouit de Lynn s'effaça lorsqu'il lui proposa les trois matières les plus ennuyeuses qui soient.
- Aïlin...protesta-t-elle, déçue.
Elle lui jeta un regard équivoque et retint un soupir. Soit elle protestait et prouvait qu'elle n'avait rien retenu de la leçon, soit elle se pliait aux caprices de l'héritier Bower. Elle n'allait pas revenir sur ce qu'elle avait dit. Elle avait beau ne pas apprécier ces matières et préférer la pratique à la théorie, elles rentraient dans le cadre de son éducation et ne pouvaient pas lui faire de mal. Et puis, tout était plus intéressant que d'aller cueillir des roses avec sa mère. Lynn éprouvait des sentiments très contradictoires envers ses parents. Elle les respectait, bien sûr, mais elle ne s'était jamais sentie proche d'eux. Ses rapports avec Bronach étaient compliqués. En réalité, ses rapports étaient compliqués avec tout le monde, même avec Aïlin. Il prenait son rôle de conseiller un peu trop au sérieux et s'il disait vouloir son bien, il s'amusait bien trop souvent à ses dépends. Comme à cet instant précis. Parfois la jeune femme en venait à souhaiter être mariée au plus vite, simplement pour quitter cette prison dorée, même si c'était pour une autre. Mais d'après ce qu'elle avait compris, un époux était bien plus facilement manipulable qu'un frère et peut-être qu'elle s'inquiétait pour rien. Si elle tombait sur un gentil Lord, elle pourrait sûrement réaliser ses rêves et ses espoirs sans avoir l'impression d'étouffer. Mais pour cela, il fallait qu'elle se fie à l'enseignement d'Aïlin, qu'elle se plie aux ordres de son père et qu'elle assimile toutes les techniques de sa mère pour être le plus à son avantage possible. Oui, elle n'était encore qu'une gamine, finalement. Elle avait tant à apprendre... si cela ne l'enchantait guère, elle n'avait d'autre choix que de s'y investir corps et âme.
Prenant sur elle, Lynn prit un des livres et releva la tête vers son frère avec défi:
- Va pour le latin !
Elle posa son doigt au hasard sur une page et un sourire se dessina sur ses lèvres alors qu'elle lisait ce qui y était inscrit :
- Qui futuri sunt moliti... L'avenir... appartient à.. ceux qui luttent ? Ho et bien voilà qui est fort à propos, tu ne trouves pas ?
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Re: Qui futuri sunt moliti par Dim 3 Nov - 1:09
« Néanmoins... » murmura-t-il en penchant la tête vers sa sœur, « lutter sans cause ne rend meilleurs ni le présent, ni l'avenir. »
Le jeune Bower se leva du coin de table sur lequel il était assit et fit face à la jeune femme. C'était ainsi qu'il voyait Lynn. Déterminée à se battre, incapable de canaliser son énergie, de trouver une cause à la hauteur de sa personnalité et ses talents. Elle avait besoin d'un catalyseur, besoin d'un garde-fou qui la protégerait du tumulte agitant son âme.
« Tu peux apprendre à te battre. Tu peux devenir la sorcière la plus brillante avec une baguette. Ce n'est pas cette force là qui compte. Celle dont tu auras besoin, tout au long de ta vie, est celle qui te fera surmonter toutes tes erreurs, tous ses échecs, toutes tes peurs et tes indécisions. Lutter n'est qu'un mot si le combat n'est pas mené en l'honneur de la vie. »
D'un geste sec, Aïlin sortit sa baguette magique de son étui et l'éleva à la verticale, devant lui.
« Si tu ne tempères pas ton énergie, dans la vie comme en duel, c'est l'aigreur de la défaite que tu vivras, non pas l'allégresse de la victoire. Peut-être que l'expérimenter te le feras mieux comprendre que de longs discours, après tout. »
Son regard d'azur s'attarda longuement sur Lynn, puis il lui adressa un nouveau sourire. D'un geste presque doux, il l'invita à se lever à le rejoindre, tandis que lui même reculait de quelques pas, pour laisser l'espace à sa sœur de se tenir entre lui et le pupitre, à bonne distance de l'un et de l'autre.
« Alors en garde, Lynn ! Le premier code – et il est fondamental – réside dans le salut. Les duellistes doivent toujours se saluer avec respect, avant de prendre position. »
Aussitôt dit, Aïlin montra l'exemple en élevant sa baguette devant son visage, puis en s'inclinant profondément, gardant pour ce faire le dos bien droit.
« Les deux alliés primordiaux d'un duelliste sont son instinct et sa réactivité. La puissance n'est rien seule. Prête ? Inclinons-nous pour combattre, cette fois. »
Cette fois, Aïlin s'inclina et se mit en position de combat avec cet air concentré qui signifiait qu'il allait bel et bien passer à l'attaque. D'un moulinet du poignet, il ramena sa main armée jusque devant lui et pointa la jambe droite de Lynn en informulant un sort qui fusa à toute vitesse. Il s'agissait d'un maléfice du croche-pied, destiné à faire chuter la jeune femme. C'était, au yeux d'Aïlin, un bon compromis pour ménager sa cadette sans pour autant l'infantiliser complètement. Lui faire du mal dès le premier cours – et sûrement même pour les suivants – était au-delà de ses forces, mais ce n'était pas un rictusempra qui allait apprendre à Lynn ce qu'était un véritable duel.
Avant même de vérifier si le sort avait bien atteint sa cible, l'héritier Bower se remit en garde, près à se protéger d'une réponse de la benjamine.
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Re: Qui futuri sunt moliti par Mar 3 Déc - 19:04
Les yeux de Lynn s'écarquillèrent de surprise lorsqu'il sortit finalement sa baguette et lui laissa entendre qu'un peu de pratique serait probablement le meilleur moyen de lui faire comprendre tout cela. Elle lui rendit son sourire, le regard brillant et accepta son invitation à se lever pour le rejoindre. Elle fit quelques pas, incertaine avant de sortir sa baguette comme il semblait s'attendre à ce qu'elle le fasse. Ils se faisaient face, à une distance raisonnable l'un de l'autre et Lynn restait là, immobile, dans l'expectative. Aïlin était tout à fait capable de revenir sur sa décision dans l'instant et de lui faire réviser des sortilèges ordinaires plutôt que de lui enseigner le duel. Mais le repenti de la jeune femme semblait avoir fonctionné et il commença à évoquer la première règle du code des duels : le salut. Elle acquiesça studieusement et l'imita, levant sa baguette devant son visage avant de s'incliner profondément face à lui. "Comme ceci ?"
L'instinct et la réactivité ? Elle pensait en avoir à revendre dans les deux cas. Il lui demanda si elle était prête et elle acquiesça bien qu'elle n'en soit pas certaine. Mais il n'y avait qu'un moyen de le savoir et il avait raison, elle voulait s'exercer, elle l'avait assez supplié pour cela. Assez de théorie, c'était à présent au tour de la pratique. Elle répéta son salut avec un peu plus d'assurance cette fois et imita la position de combat que prenait son aîné. Elle se prépara à lancer un sort bouclier mais alors qu'elle le vit bien faire un geste du poignet dans sa direction, le sort la heurta sans qu'un son ne soit sortit de sa bouche et elle s'effondra sur le sol avec un petit cri de surprise.
Sans chercher à comprendre davantage et sans même être encore tout à fait redressée, elle lança à son tour : "Experlliarmus !" Et sans même vérifier si son sort avait atteint sa cible, elle se releva précipitamment, prête à se défendre. Pourtant, elle ne put s'empêcher de dire : "Ce n'est pas très juste, pour mon premier duel tu pourrais éviter les sortilèges informulés ! Je n'ai pas ta maîtrise..."
Elle était intriguée mais admirative et cela se lisait sur ses traits. Elle sourit à son frère. Avec lui comme professeur, elle deviendrait efficace et puissante. En ce qui concernait le dépassement de ses peurs, elle finirait par y arriver, mais ce n'était pas sa priorité. Chaque chose en son temps.
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Re: Qui futuri sunt moliti par Sam 28 Déc - 15:32
« Ne souhaites-tu pas que je te prévienne avant de lancer un sort, aussi ? Un opposant qui te voudra du mal ne se mettra jamais à ton niveau, c'est à toi de te mettre au sien, autant que faire se peut. Voilà pourquoi il est primordial que tu tiennes compte de ton environnement. Tu n'es pas dans un espace clos et figé, tu es au milieu d'une scène où chaque objet peut se transformer en arme ou en rempart entre toi et ton assaillant. C'est pourquoi il y a quelques sorts que tu te dois de connaître et qui doivent devenir un réflexe pour agir sur ce qui t'entoure et ce qu'on t'offre. Le sortilège de retour de flammes est un parfait exemple. Bien maîtrisé, il peut renvoyer un sort puissant avec la même intensité que celle impulsée par le lanceur. »
Élançant son bras en même temps qu'il prenait de l'élan sur son pied fort, Aïlin cibla de nouveau sa cadette :
« Everte Statum ! » prononça-t-il, prenant le parti, cette fois, de prononcer à voix haute le sortilège afin que Lynn puisse avoir ces quelques précieux millièmes de seconde pour tenter de le retourner à l'envoyeur.
Le chemin pour faire de Lynn une bonne duelliste risquait d'être long, mais il pouvait au moins lui apprendre de quoi lui sauver la vie en cas de danger. Par les temps qui couraient, il était autant nécessaire d'enseigner ces choses à la jeune femme que l'Histoire de son pays et du monde magique. Certainement plus, d'ailleurs, puisque du premier pouvait dépendre sa vie.
Il n'y avait, en théorie, aucune raison pour que Lynn voit sa vie menacée par un tiers. Elle demeurait, la plupart du temps, bien protégée derrière les nombreuses protections magiques qui entouraient le domaine, mais les Bower étaient assez peu appréciés par certains de leurs pairs pour qu'ils prennent soin d'apprendre à se prémunir de leurs attaques, hommes comme femmes. Si Devin désapprouvait la petite leçon d'Aïlin à sa sœur, ce serait d'ailleurs ce qu'il lui répondrait. Il ne pourrait, ainsi, pas lui reprocher de perdre de son précieux temps pour des choses sans utilité. N'aurait-il pas été davantage honteux de voir une Bower réfugiée dans un trou, tremblante et démunie face au péril, plutôt que forte, vaillante et déterminée à protéger sa vie ?
C'était son devoir de frère aîné que de la protéger, mais il ne pouvait pas toujours être là. Il n'était pas son ombre. Le meilleur protecteur était celui qui donnait les moyens à son protégé de prendre gare à sa vie.
Aïlin se savait bientôt pris dans les affres des affaires matrimoniales, que préparait son père. Il avait l'âge idéal pour être marié. Cela l'amènerait certainement à quitter le manoir, laissant Lynn à son père, seule. Il s'inquiéterait peut-être un moins pour elle s'il la savait prompte à se défendre ; cela lui conférerait la confiance qu'il lui manquait encore pour s'imposer et diriger, autant que faire se peut, sa vie.
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Re: Qui futuri sunt moliti par Lun 13 Jan - 23:39
Lynn baissa sa baguette. "Peut-on s'arrêter là, s'il te plaît ? Je ne me sens pas très bien…" C'était la vérité, sa tête l'élançait et elle commençait à se sentir nauséeuse. Elle fit quelques pas pour s'asseoir légèrement sur le pupitre avant de poser sa main sur son front en grimaçant. "J'ai bien peur de m'être refroidie…" Lors de sa dernière escapade non autorisée, probablement. Elle releva les yeux vers son frère et fronça les sourcils."J'espère que ce n'est que passager, je ne veux surtout pas manquer tes exploits à la fête de la concorde." Lynn n'avait pas réellement envie d'assister à cette célébration qui se répétait année après année. Elle ne voyait pas d'intérêts à observer des bretteurs anonymes se disputer un titre honorifique mais elle ferait un point d'honneur à être présente pour soutenir son frère. Elle pourrait toujours prétexter se sentir mal après le tournoi pour pouvoir s'éclipser et échapper à la surveillance de Devin. "Il faut bien que quelqu'un soit là pour t'encourager ! Et qui mieux qu'une petite sœur insupportable pour cela ?"Elle lui sourit tendrement. "Même si je suis déjà certaine que tu seras remarquable." Aucun de doute là-dessus : il était un Bower. Et surtout il était son frère, la personne la plus importante à ses yeux et dont elle était extrêmement fière. Probablement le plaçait-elle sur un piédestal, mais elle s'en moquait. Il veillait sur elle, à sa façon, parfois un peu rude. Mais sous ses airs cyniques, il voulait le meilleur pour elle, elle le savait. Et elle lui en était profondément reconnaissante, même si elle ne le lui exprimait pas ainsi. "Et puis, je ne doute pas que d'autres viendront t'apporter leur soutien..." Elle pensait à la famille Peverell, son maître comme sa fille semblaient beaucoup apprécier le jeune homme, mais qui pouvait les en blâmer ? Il pouvait être si charmant lorsqu'il le souhaitait...
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Re: Qui futuri sunt moliti par Jeu 16 Jan - 15:37
Bower n'attendit pas et s'avança pour récupérer sa baguette au vol, détestant, comme tout sorcier, la voir lui échapper.
Il allait se remettre en garde quand il vit, aux regards inquiets que lançait sa sœur à la porte, qu'elle n'était déjà plus à ce qu'elle faisait. Un soupir sec lui échappa tandis qu'il abaissait son arme. Résigné, il la rangea au fourreau lorsque la Gryffondor demanda la fin de la leçon.
C'était tout de même un monde. Des semaines qu'elle le suppliait de lui apprendre les bases du duel et, aujourd'hui qu'il cédait, à peine entamaient-ils les bases que Lynn se lassait, prétextant une fatigue à laquelle l'alchimiste ne croyait qu'à moitié. Avant qu'il n'ait le temps de répliquer, elle lui adressa quelques mots qui, il s'en doutait, étaient prononcés uniquement pour l'adoucir. Elle savait mettre sa patience à rude épreuve, mais savait également étouffer son énervement dans l'œuf par de menus compliments.
S'il y avait une chose propre aux hommes de la famille, c'était bien leur fierté et leur orgueil. Et, comme toute jeune femme perspicace, Lynn savait abuser de ce défaut à son avantage. Aussi, plutôt que de se mettre en colère ou s'impatienter, Aïlin jaugea un moment sa sœur du regard, cherchant la faille dans l'attitude de la jeune femme, la piste qui pourrait le conduire à déterminer ce qui n'allait pas. Car, manifestement, quelque chose n'allait pas.
« Je suppose oui. Faute de pouvoir compter sur les encouragements de père, j'espère que Sire Peverell m'applaudira. » répondit-il d'une voix neutre, tout en ramassant le grimoire qui avait été projeté au sol, quelques minutes plus tôt.
Il s'avança et le reposa sur la table, avant de tourner le regard vers Lynn, le visage baissé vers elle. Bien qu'il n'avait répondu sur le sujet qu'avec la distance d'une personne à peine concernée, le jeune homme craignait peut-être plus de décevoir son maître d'Alchimie que son propre père. Ou, pour être plus exact, ces deux craintes étaient d'une espèce bien différente. Il se serait volontiers considéré comme résigné à ne plus rien attendre de son père, s'il n'avait pas autant d'amertume au seul fait de songer à son regard sévère, teinté de désapprobation. Mais Aïlin n'éprouvait pas l'envie de se confier, certainement pas à Lynn. Il était son aîné et, de surcroît, elle était une jeune femme en pleine recherche d'elle-même. Il n'avait pas à lui infliger ses aigreurs, ses peines ou ses désirs.
En revanche, il était le seul au manoir à écouter sa sœur véritablement, même si cela lui pesait parfois. Souvent. Mais quoi qu'il pouvait en dire, Aïlin aimait sa sœur. Il tenait à ce bout de femme comme à sa propre vie et s'il s'énervait si durement face à ses caprices et ses peines, c'était autant parce que cela l'indisposait que parce qu'il avait horreur de la savoir malheureuse.
« Lynn, tu m'as ennuyé pendant un temps considérable dans le but que je t'apprenne les bases du duel, et voilà que tu t'esquives à peine avons-nous commencé. Qu'est-ce qui ne va pas ? »
L'alchimiste marqua une courte attente, avant de s'appuyer machinalement contre le pupitre. Son index vint caresser un instant la mâchoire de sa cadette, tandis qu'il fronçait les sourcils à son adresse, cherchant à percer les mystères de son humeur si changeante à travers les prunelles de ses yeux, cela avant qu'elle ne prononce un mot.
« Qu'est-ce qui te chagrine ? Ton avenir ? Tu le construis en ce moment même, rien n'est encore acquis. Tu es une jeune femme aussi belle qu'intelligente, deux armes redoutables pour une femme. À force de temps et de vécu, tu t'armeras contre les choses déplaisantes qui t'arriveront forcément. La vie est un chemin de ronces. Tu as le choix de pleurer à chaque griffure ou apprendre à marcher au travers des épines. »
Il savait que ces propos, qu'il répétait inlassablement sur tous les tons ne plaisaient pas à sa sœur. Elle voulait être libre, entièrement, complètement. C'était une chose impossible. Une utopie qui la ferait souffrir davantage au fil des années, si elle ne s'en débarrassait pas. Il savait beaucoup des espoirs vains et de l'âcre pessimisme qui en découlait.
« Que crains-tu, exactement ? »
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Re: Qui futuri sunt moliti par Jeu 16 Jan - 18:45
La question d'Aïlin la mit mal à l'aise. Ce qui n'allait pas ? C'était trop vague pour mettre des mots dessus et après le sermon qu'il lui avait fait un peu plus tôt, elle ne voulait pas lui donner davantage de raison de la considérer comme une enfant plutôt que comme une jeune femme.
Après avoir reposé le grimoire, l'héritier Bower s'appuya contre le pupitre et vint caresser un instant la joue de Lynn qui détourna les yeux. Elle se sentait triste et inquiète, mais comment lui expliquer ? Il tenta de mettre des mots sur ce qui la dérangeait et elle se força à acquiescer en souriant tristement face à ses encouragements. "Je sais bien, tu as raison…" Car oui, il avait raison, elle en était conscience, et à force de le répéter, cela commençait à faire son chemin dans son esprit. Elle sentait qu'elle se résignait peu à peu et ça lui faisait peur.
Elle reporta son attention sur lui, plongeant son regard argenté dans ses prunelles océan, y puisant un peu de courage et d'apaisement. "Je… je redoute que père découvre ce que nous faisons et que cela t'attire plus d'ennuis encore…"
Elle soupira, hésitante. Elle savait bien qu'il ne servait à rien de s'inquiéter pour lui et que cela lui déplaisait mais elle ne pouvait pas s'en empêcher. S'inquiéter était la seule chose en son pouvoir puisqu'elle ne lui était de toute façon d'aucune aide. "Il te cherche une épouse, il n'arrête pas d'en parler. Aïlin, que vas-tu faire ? Tu ne peux pas épouser une femme que tu n'aimes pas !"
En vérité, il le pouvait, et il le ferait sûrement, mais cette idée lui était intolérable, presque autant que celle de son propre mariage arrangé. "J'appréhende ton mariage, ton départ, de me retrouver seule ici et de te savoir loin et malheureux…" Elle baissa les yeux. "Je suis désolée, je sais que c'est ridicule. Je crois que j'ai trop de temps pour me torturer l'esprit." Elle se força à sourire pour essayer de dédramatiser, sachant bien qu'elle ne trompait personne.
"La vérité c'est que je ne me sens pas prête. Je ne suis pas à la hauteur, Aïlin… "
Elle se mordit la lèvre et détourna les yeux. "Je ne sais pas quoi faire… j'ai peur…"
Elle n'avait aucune emprise sur cette peur. Il lui semblait ne rien maîtriser et elle avait horreur de subir. Elle voulait être actrice de son destin, mais tout ce qu'elle entreprenait lui paraissait futile et inutile. Il lui semblait qu'elle était en train de faner, ici, à Leitrim. Ces murs et ces landes pourtant si étendus lui paraissaient tellement étriqués ! Elle avait besoin d'air, elle avait besoin de voir le monde, de rencontrer des gens. Elle dépérissait. Poudlard lui manquait, ses amis, ses illusions, tout ça était en train de disparaître, ce serait bientôt presque comme si rien de tout ça n'avait été réel, et cela la terrorisait. Elle reposa une main sur son front douloureux et ferma les yeux en répétant dans un murmure :"Je ne sais pas quoi faire."
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Re: Qui futuri sunt moliti par Jeu 16 Jan - 22:57
Allons bon. Si Aïlin lui posait une telle question, ce n'était pas pour s'enquérir de ce qu'elle craignait à l'instant même, mais bien de ce qu'elle gardait en elle depuis plusieurs semaines déjà et qui la rendait, comme elle le disait si bien, potentiellement insupportable.
Le jeune homme n'eut cependant pas besoin de la secouer davantage pour qu'elle exprime le malaise plus général qui l'habitait. Et, alors qu'il pensait qu'elle geindrait sur son sort, ce fut de lui que Lynn parla, avouant les craintes qu'elle éprouvait à son sujet. Aïlin l'observa, les sourcils haussés, d'abord stupéfait de l'entendre le plaindre ainsi. Puis, bientôt, ce fut un sourire qui éclaira son visage. Elle parlait d'une façon si naïve, si touchante, à déclarer avec toute la fermeté du monde que son grand-frère ne pouvait se marier sans amour. Il aurait ri si cela n'avait pas tant l'air de la toucher.
Puis, l'autre peur sous-jacente au mariage de l'aîné émergeait, et Bower perdit un peu de son sourire en découvrant que ses pensées n'avaient pas été tout à fait désintéressées. À travers les inquiétudes qu'elle nourrissait pour lui, elle alimentait les angoisses qui la concernait. Sa peur de se trouver seule ici, au manoir, de n'avoir plus son frère pour la protéger et veiller à ce que ses erreurs ou ses bêtises ne retombent pas aux oreilles du patriarche.
Le jeune homme se redressa et lança un sort sur les grimoires. Ceux-ci allèrent se ranger seuls, puis vint le tour du pupitre qui alla se caler contre un coin de mur. Doucement, il s'approcha tout près de Lynn et vint murmurer, à quelques millimètres de son oreille :
« Ne me dis pas que je sais tout des idioties que tu as faites lorsque j'avais le dos tourné. Tu es parfaitement à la hauteur, tu es capable de mentir aussi bien que moi si la situation l'exige. Mets-toi dans le crâne que nous ne sommes rien d'autre que des pièces sur l'échiquier de notre père, arme-toi de ton légendaire courage de Gryffondor et tout ira bien. »
Il posa un baiser sur sa joue et glissa ses bras autour de ses hanches afin de l'étreindre dans un geste protecteur.
« Tu ne sais pas quoi faire pour l'instant car je suis toujours là à agir et décider pour toi. Quand il te faudra assumer le fait que tu es une femme et non plus une enfant, tu sauras quoi faire. »
Aïlin se recula et prit la main de sa sœur, pour l'entraîner en-dehors de la salle d'armes. Inutile de s'attarder davantage ici. Autant profiter que personne ne les ait vu plutôt que de se donner des prétextes pour se faire interroger sur leurs activités. L'ancien Serdaigle ferma d'un sort la porte qui s'ouvrait sur la cuisine et marcha d'un pas détendu au travers celle-ci, abandonnant la main de sa sœur afin d'attraper un peu de chocolat dans un placard et lui en lancer.
« Vois le côté positif de mon mariage. Si elle est jeune, cela te fera une compagne de jeux et vous pourrez trouver matière à converser lorsque vous vous trouverez ensemble. Si elle est plus âgée, tu pourras profiter de ses conseils et te nourrir de son expérience. …Sauf si, bien sûr, père me marie à une idiote, mais je doute qu'il commette un tel impair. La qualité de notre sang en pâtirait. »
Il marqua un temps d'arrêt, silencieux, observant désormais sa sœur sans vraiment la voir tandis que les paumes de ses mains s'appuyaient contre le plan de travail. Puis, l'ombre d'un sourire sans joie glissa sur son visage.
« Lord Devin Bower trouvera le meilleur parti pour moi, il n'y a pas d'inquiétudes à avoir. La femme qui corresponde à ses projets pour la famille, à même de participer à l'image de grandeur qu'il souhaite instiguer. Le réceptacle de ses ambitions pour l'avenir, en somme. Une jolie reine qu'il se sera choisie et qui aura exactement la place et le bagage familial que la future Lady Bower devra posséder. Après tout, le seul devoir que j'aurai sera de feindre un peu de tendresse et nous donner un fils. Certains hommes dans ma situation, à force de faire semblant, sont parvenus à éprouver véritablement de la tendresse pour leur épouse. Voir, pour les chanceux, quelques inclinations sentimentales. »
Il avait prononcé cela d'une voix calme et égale. Lorsque le sujet était abordé, le futur lord se faisait un devoir d'être tel un mur imperméable ; il ne laissait aucune émotion transparaître. Car, s'il commençait à laisser filtrer ses émotions, s'il commençait à les ressentir, il savait qu'il se mettrait également à souffrir de la situation.
Il n'aimait pas de femme, à l'heure actuelle. Il ne nourrissait aucun espoir particulier. Devait-il souffrir à l'idée d'avoir une jeune femme dans son lit, laquelle il devrait honorer au moins jusqu'à ce que le miracle de la vie se produise ? Non, assurément, non. Bien sûr, il était angoissant d'ignorer à qui il serait enchaîné, quelle femme il tromperait allègrement après lui avoir juré tendresse et fidélité. Cependant, il refoulait violemment cette angoisse dès qu'elle faisait mine d'affluer vers sa conscience.
« L'amour n'est pas une affaire de mariage. Il faut laisser cela au cœur. » Un petit rire court lui échappa et il ajouta : « Certains ajouteraient qu'il faut le laisser aux faibles. ».
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Re: Qui futuri sunt moliti par Ven 17 Jan - 11:31
Elle acquiesça silencieusement et se laissa entraîner vers les cuisines. Elle s'adossa à la porte lorsque son aîné la ferma d'un coup de baguette et attrapa le chocolat qu'il lui lançait. Elle l'observa tandis qu'il essayait de lui faire voir les avantages de son mariage. Elle qui se plaignait de manquer de compagnie… mais ce n'était pas ce qu'elle désirait. On pouvait tout aussi bien lui offrir un animal bien dressé ! Après tout, n'était-ce pas ce qu'étaient toutes ces femmes qu'envisageait leur père pour Aïlin ? De belles plantes racées qui feraient exactement ce qu'on attendait d'elles ? Finirait-elle par devenir ainsi ? De gré ou de force, c'était probablement ce qui l'attendait également.
La jeune femme frissonna et croqua un petit morceau de chocolat mais la chaleur qui l'envahit fut de courte durée au vu de la suite du discours de son frère. Son stoïcisme face à tout ça l'effrayait. Comment pouvait-il rester si calme ? Comment pouvait-il faire bonne figure ?
A mesure qu'il évoquait cette future union, Lynn se sentit blêmir. Car soudain, ce n'était plus du mariage de son frère qu'ils parlaient, mais du sien. Ne réalisait-il pas que c'était son avenir à elle qu'il était en train de décrire ? Qu'elle serait cette femme épousée par obligation, dont le mari feindrait la tendresse jusqu'à avoir un fils ?
Ses yeux s'embuèrent malgré elle. Le reste de chocolat lui échappa et elle posa une main tremblante sur sa bouche, le regard terrifié. Voilà ce qui l'attendait. Elle serait elle aussi une belle plante racée, choisie pour son sang, sa dot et son pucelage, donnée au plus offrant… Non, non, non ! Ce n'était pas ce qu'elle voulait, ça ne pouvait pas être son avenir ! Et pourtant… Aïlin ne cessait de lui répéter que plus vite elle l'accepterait, plus vite elle se résignerait, et plus facile seraient les choses par la suite. Il fallait qu'elle trouve une solution, il fallait absolument qu'elle fasse quelque chose… Sûrement était-elle faible, car elle ne pouvait imaginer une vie entière sans amour. Les hommes prenaient des maîtresses, mais que restait-il à une femme lorsque ses espoirs de bonheur étaient anéantis ? Rien… à part peut-être ses enfants, nés d'une union forcée, sans amour, sans passion, des enfants voués au même schéma… Était-ce vraiment vivre que cela ?
Bouleversée, Lynn sortit précipitamment de la cuisine, une main sur la gorge tant les sanglots qu'elle retenait lui broyaient la poitrine. Elle avait besoin d'air, besoin de… d'espace. Elle couru presque jusqu'au jardin, s'empêtrant dans ses jupes. Elle ne savait pas ce qu'elle faisait, ni ou elle allait et elle finit par trébucher avant de s'effondrer lamentablement sur le sol. Les larmes roulant sur ses joues, elle se redressa et resta quelques instants à même le sol. Elle laissa sa tristesse être apaisée et supplantée par quelque chose qui ressemblait à de la colère et qui s'infiltrait dans ses veines. Alors, elle se mit à crier, comme pour que les terres de ses ancêtres en soient témoins :"Je ne serai pas cette femme-là ! Ce ne sera pas mon avenir !" Jamais de la vie ! Plutôt mourir… non, non, non elle n'allait pas laisser ça arriver, elle allait se battre ! Et si pour ça elle devait prendre exemple sur son père sans cœur, alors elle le ferait. Elle deviendrait elle aussi une maitresse de la manipulation. Son avenir n'était pas encore joué, Aïlin le lui avait assuré… elle pouvait encore changer les choses. Et cela commençait maintenant.
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Re: Qui futuri sunt moliti par Mer 22 Jan - 13:34
Les sourcils de l'aîné se haussèrent devant la manifestation du trouble de la jeune femme. Celle-ci venait de lâcher son morceau chocolat, des larmes dans les yeux, laissant Aïlin interdit. Qu'est-ce qui lui prenait, encore ? Pourquoi était-elle au bord d'imploser sous l'effet des larmes qu'elle retenait alors qu'ils ne faisaient que parler posément de son mariage ?
Un soupir franchement exaspéré dépassa les lèvres de l'héritier quand sa cadette quitta presque en courant la cuisine, et il ne chercha même pas à la rappeler. Sa jauge de patience venait d'être dépassée. Aïlin sentait que s'il l'entendait gémir sur son sort ou pleurer sur son avenir, il ne répondrait plus ni de ses mots, ni de ses actes.
Il ferma les yeux et bascula la tête en arrière, prenant une profonde inspiration pour contenir la fureur que le comportement puéril de sa sœur déclenchait en lui. Puis ses yeux s'ouvrirent et il se redressa, incapable de contenir son exaspération seulement par la respiration :
« Par Merlin, Lynn ! Il est vraiment temps que tu te trouves une amie dans les bras de laquelle geindre ! »
D'un pas sec, Aïlin s'avança et jeta un evanesco sur le chocolat, puis quitta la cuisine.
C'était à croire que Lynn avait hérité de toute la sensibilité, l'émotivité et la fragilité dont le reste de la famille Bower n'avait voulu s'embarrasser. Au fond, l'alchimiste comprenait les peurs de sa sœur. Alors qu'il retournait à son bureau, il devinait peu à peu la raison pour laquelle elle avait eu une telle réaction. Mais tout était exagéré, chez elle. La surenchère d'émotions qu'elle lui avait offert en un espace de temps aussi restreint avait le don de lui scier les nerfs comme personne n'en avait la capacité. Ce n'était pas parce qu'elle était en présence de son frère, et non d'une personnalité tierce, que la jeune femme pouvait se permettre un tel affichage, vulgaire et inutile, de sentiments.
Mais peut-être était-ce sa faute, finalement. Peut-être leur père avait-il raison de ne pas s'attarder sur les sentiments de sa fille. Elle devait apprendre à se débrouiller seule et trouver sa place. Quant à lui, il fallait qu'il cesse de la traiter comme une enfant. Il était temps que la jeune femme s'endurcisse. Elle ferait moins de scènes et chercherait moins à transgresser les interdits lorsqu'elle se serait brûlé les ailes une ou deux fois.
S'installant sur son siège, Aïlin porta son index à ses lèvres et resta immobile de longues minutes, pensif. Qu'est-ce que désirait sa sœur, au juste ? Ce qu'elle ne désirait pas était clair, en tout cas. Elle refusait tout idée de mariage et, alors que cela ne la concernait pas encore, se focalisait tant et si bien sur cette perspective qu'elle en oubliait de vivre afin de mieux pleurer sur son sort. Elle attendait d'hypothétiques solutions concernant un avenir dont elle n'entrevoyait pas même les premiers fils avant de s'autoriser à vivre.
Néanmoins, puisque c'était cela, « vivre », que Lynn désirait, même si elle n'avait aucune idée de ce qu'elle entendait par-là, Aïlin n'allait pas l'en empêcher. Il n'avait, d'ailleurs, rien contre le principe. Elle voulait prendre des risques, s'aventurer dans le monde, trouver matière à se créer des ennuis pour sortir de son quotidien monotone ? Fort bien. Il suffisait de changer de tactique d'éducation. Que sa sœur se retrouve dans des frasques improbables pour une sorcière de son rang l'indifférait parfaitement, après tout. Non comptant de le faire rire tout en occupant Lynn, cela aurait aussi le don de distraire un peu leur père.
Avec un sourire, Aïlin s'empara du grimoire qu'il avait abandonné à l'arrivée de Lynn et l'ouvrit, pour reprendre le cours de son étude.
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