A chaque action sa réaction par Mer 14 Déc - 21:00
La seule certitude était la présence d’un vampire et c’était de là qu’il fallait partir. L’identité du suceur de sang restait inconnue mais le problème n’en était pas moins le même. L’alliance d’une créature de la nuit avec les membres les plus radicaux de la mouvance Sang-Pur était un problème à elle seule. Ainsi, après avoir discuté de la question avec le Responsable de la réglementation magique - qui avait lui-même été briefé par ses Régulateurs les plus expérimentés – pour Benedict, il s’agissait désormais de savoir si le meurtre était l’action d’un individu isolé ou si tout le clan séparatiste qui s’était défait de la tutelle du roi vampire avait choisi de se rapprocher de l’Ordre du Sombral. Le mélange était à première vue inattendu, sachant à quel point les partisans de la théorie Sang-Pur avaient tendance à mépriser toute créature considérée comme inférieure intellectuellement voire magiquement. Néanmoins, les membres de l’Ordre du Sombral n’étaient pas encore connus des services de la Défense, aucune option ne devait donc être délaissée. Il pouvait bien s’agir là d’une alliance de circonstance.
Quoiqu’il en fût, une discussion en bonne et due forme avec Ewald ou un de ses représentants s’imposait. Régler des affaires importantes de vampires supposait en effet presque toujours de s’entretenir avec le régent vampirique en premier lieu pour éviter un incident diplomatique inter-espèces d’envergure. Il avait donc envoyé Duncan Lamont, le moldu chasseur de vampires que le clan McFusty avait mandaté auprès du Conseil pour jouer les représentants, s’enquérir de l’avis d’Ewald sur la question. Il avait beau douter que le roi-vampire eut grand-chose à faire d’un meurtre de mortel, un de ses sujets rompant l’équilibre entre espèces était néanmoins un sujet certainement à même de piquer son intérêt.
Pour partir sur de bonnes bases, il avait choisi de faire accompagner Lamont d’une escorte vampirique. Tout d’abord car il craignait qu’envoyer un de ses hommes ne cause plus de problèmes à la cour vampirique qu’autre chose. Beaucoup de ses Aurors avaient le sort facile en présence de vampires après les nombreux incidents que le groupe de Lester avait causé et il ne s’agirait pas qu’ils confondent ennemis et potentiels alliés et mettent fin à la mission avant même qu’elle ne commence. Par ailleurs, étant donné les tensions modus-sorciers, faire voyager un moldu portant la claymore avec des sorciers prompts au duel lui semblait, sans être une recette pour le désastre, une bien piètre idée. A la place, il avait entrepris de former un contrat de protection auprès d’un couple de vampires avec qui le Conseil avait déjà fait affaire par le passé. Les époux Du Val, pour aussi français qu’ils fussent, avaient pour habitude de travailler en terres britanniques, sans compter que leurs relations cordiales avec Ewald étaient notoirement connues. C’était donc la raison pour laquelle il avait demandé à son collègue à la réglementation magique de s’adresser directement à eux. De ce qu’il avait compris seule la femme était disponible mais c’était bien suffisant. Il espérait seulement que Lamont reviendrait avec des informations utiles, l’heure n’étant plus aux discussions vaseuses.
En son for intérieur, il espérait que son remplaçant à la tête officieuse du Conseil soit bientôt trouvé. Depuis trois semaines déjà, ses journées étaient interminables. A l’instant même, alors qu’il était rentré depuis pas même une heure du Conseil, il avait tout juste pris le temps d’avaler de quoi se sustenter pour éviter de croiser le regard réprobateur de Brianna avant de s’enfermer de nouveau dans son bureau et de reprendre ses dossiers. Il avait en effet quelque peu délaissé ses fonctions de Responsable de la Défense ces derniers temps et, s’il savait pouvoir compter sur Harold pour gérer le Bureau des Aurors, il avait plusieurs rapports de ses espions qui attendaient d’être lus. Il était donc en pleine lecture des conclusions d’un de ses hommes en charge de s’informer des affaires des principales meutes de loup-garou de Grande-Bretagne lorsque Tinky, le plus vieux des elfes de la maisonnée apparut à ses côtés pour l’informer qu’une jeune femme bien mal en point se tenait à la porte et demandait à rencontrer le maître de maison. Intrigué, il suivit son serviteur et quelle ne fut pas sa surprise d’apercevoir dans le chambranle de la porte d’entrée du manoir Elya Black ou plutôt l’ombre de la jeune femme fière qu’il avait lui-même recruté peu après sa sortie de Poudlard.
Mille questions sur sa localisation et ses activités durant les derniers mois lui vinrent immédiatement et il ne put s’empêcher d’éprouver une bonne dose de méfiance face à l’arrivée impromptue d’une de ses espionnes. L’essence même de la profession exigeait discrétion et l’héritière Black venait de, à défaut de briser, tout au moins compromettre sa couverture en l’approchant ainsi. Rien que cela lui fit comprendre que la situation était sérieuse. Par ailleurs, un seul regard à l’état de la jeune femme suffit pour qu’il réalisât la gravité de la situation. Alors, sans perdre une seule seconde, il la fit rentrer ne craignant pas pour l’intégrité de son foyer. Son instinct ne l’avait jusqu’alors jamais trahi et la mine traumatisée qui lui faisait face n’était pas une menace, de cela il était sûr. Ainsi, intimant à Tinky d’apporter une couverture et une boisson chaude, il guida la jeune Black jusqu’à son bureau - il ne désirait pas que Brianna l’aperçoive tant qu’il ne savait pas de quoi retournait la situation. Une fois installés au chaud, il posa enfin la question qui le taraudait :
-Qu’est-ce qui vous amène jusqu’à chez moi Miss Black ?
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Re: A chaque action sa réaction par Ven 30 Déc - 9:25
Et, très bientôt, un elfe vint l’accueillir. Baissant les yeux vers elle, la jeune Black ne tenta pas même de sourire à la créature et, comme pour lui montrer l’urgence de la situation, lui demanda d’un ton rapide si Lord Longbottom était disponible. Elle s’excuserait de son manque de politesse plus tard, lorsque la peur ne lui tiraillera plus les entrailles. Aussitôt, la créature alla prévenir son maître, et la Black se reconcentra sur les bruits de la rue. La faiblesse de son corps lui apparue alors, tandis qu’elle avait fermé les yeux pour mieux entendre. Ses jambes tremblaient et chaque respiration semblait tirer sur sa peau. Pourtant, dans un geste désespéré, elle se dissocia de ces douleurs, de cette impression d’asthénie et concentra toutes ses forces sur les éléments qui l’entouraient, comme si, à la simple idée de rencontrer son patron, son corps entier reprenait les habitudes de ses mois d’espionnage. Ses yeux se rouvrirent et bien qu’elle les garda fixes devant elle, la jeune Black était concentrée sur tout ce qui se passait autour d’elle.
Lorsque le Lord Longbottom vint l’accueillir à sa porte, ses muscles se détendirent et son regard se fit implorant, contrastant avec la tenue altière qu’elle adopta sans même y penser. D’une voix faible, elle le salua d’un révérencieux « Lord Longbottom » et, sans le quitter des yeux, attendit sa sentence dans le silence. Elle avait tout à fait conscience que se présenter directement chez lui pouvait leur porter préjudice à eux deux. Mais l’urgence de la situation avait pris le dessus sur la prudence. Elle n’avait pas eu beaucoup de choix. Heureusement, son employeur sembla comprendre ce qu’il en était et la fit rentrer rapidement.
Ses cheveux ondulés descendirent en cascade dans son dos lorsqu’elle retira son capuchon. La porte se ferma très rapidement derrière elle et une vague de soulagement traversa son corps, l’espace d’une seconde. Elle ne réalisait pas encore tout ce que sa fuite allait changer, et était encore bien trop secouée pour le comprendre tout de suite. Elle voulut refuser le breuvage chaud que le Lord demanda à son serviteur en expliquant qu’elle ne s’attarderait pas, mais elle n’en eut pas le temps. Rapidement, elle se retrouva dans le bureau du chef de famille, débarrassée de sa cape. Là, dans le silence de la pièce, la honte la saisit alors qu’elle faisait face en seul-à-seule à son patron. Par Merlin, comme elle aurait aimé ne jamais se retrouver dans cette situation. Elle savait ses yeux cernés, sa peau pâle, terne. La peur et la tristesse lui avait fait perdre du poids, ses cheveux lâches et son teint fatigué lui donnaient l’air abattu. Pourtant, comme pour protéger sa dignité, elle garda le dos raide et son regard était droit, fixe. Pourtant, malgré les faux-semblants qu’elle s’appliquait à mettre en place, lorsqu’elle répondit à la question du Lord, sa voix était faiblarde, légèrement tremblante.
« Pardonnez ma visite impromptue, monsieur, malheureusement, ma situation ne me permettait ni de remettre cette conversation à plus tard, ni de me présenter au bureau des aurors. Elle marqua un léger temps de pause, cherchant ses mots alors que l’embarras prenait possession de ses joues. Car j’ai bien peur que les familles affiliées aux Black ne soient d’ors et déjà à ma recherche. »
À nouveau, elle se tut, cette fois en accompagnant ce silence d’un soupir, alors que ses yeux se baissaient légèrement. Elle ne savait comment expliquer la situation sans s’étendre en plaintes, mais en en disant suffisamment pour que le Lord comprenne.
« J’ai dû, au cours de ces derniers mois, rester aux côtés de Madame Black suite à une… Erreur de ma part. Je n’ai pas eu de contact avec l’extérieur, ni entrant, ni sortant, car Lady Black l’interdisait. Aussi, je vous prie d’accepter mes excuses concernant le silence auquel je vous ai confronté. J’aurai aimé vous contacter, bien plus tôt, afin de vous prévenir, mais n’en ai pas eu la possibilité. »
Cette fois, elle prit une inspiration et se redressa, le regard froid, et pourtant ô combien brisé. Elle réfléchit une seconde à ses mots et, décidant qu'il était à présent trop tard pour conserver son honneur, finit par exprimer tout haut la crainte qui la possédait depuis des jours, d'une voix blanche.
« Pour tout vous dire, Lord Longbottom, je ne donnerai pas cher de ma tête si celle-ci venait à se retrouver entre les mains d'un de ces sang-pur radicaux. Offrir une traîtresse à son sang à Cathleen Black doit sûrement octroyer quelques faveurs. Et à vrai dire... C'est pour cela que je suis là. Pour obtenir une certaine... assurance. Ô je ne demande pas votre parole, ni même une protection rapprochée. Cependant, peut-être serait-il possible que, grâce à des informations de votre part, je puisse éviter les lieux susceptibles d'être surveillé, voire de m'enfuir si la situation l'exige. »
Elle eut un pincement au cœur en formulant ces dernières phrases, repensant avec mélancolie à son passé d'espionne. Cela n'avait pas duré longtemps, à peine deux ans de son existence, mais ces missions représentaient tant pour elle... L'idée que cela se soit terminé définitivement, malgré elle, des mois plus tôt lui était impensable. Pourtant, comment reprendre cela, après ces mois d'absence, après la révélation de ses faiblesses à son employeur ? Quel intérêt pourrait-il bien lui trouver, à présent qu'elle s'était éloignée des Sang-Pur ?
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Re: A chaque action sa réaction par Dim 15 Jan - 18:43
L’Intendant du Conseil écouta donc, muré dans le plus parfait silence et sans esquisser la moindre réaction, les propos proférées par son invitée. Réagir avant l’heure était en effet une erreur qui pouvait coûter cher puisqu’elle tendait à influencer la suite d’un récit. L’interlocuteur, prenant note – consciemment ou non – de l’attitude de son public pouvait chercher à adapter sa narration pour qu’elle corresponde aux attentes qu’il supposait à ses auditeurs. Par conséquent, Benedict préférait laisser les choses suivre leur cours sans interférer en rien. Par ailleurs, cela lui offrait l’avantage de pouvoir réfléchir aux propos tenus dans le calme, sans réaction à chaud.
En l’occurrence, les informations fournies par Elya avaient de quoi l’interpeller. Un possible conflit interne au camp des extrémistes Sang Pur ? Voilà qui compliquait encore un peu plus une situation déjà fort complexe en amenant plus de questions qu’il n’apportait de réponses. L’erreur de la jeune Black était-elle à lier aux événements ayant secoué la société sorcière ces dernières semaines ? Il était trop tôt pour le dire mais il aurait été inconscient d’écarter la possibilité sans même l’envisager. Il n’avait en effet pas encore abandonné l’idée tenace que les Black fussent mêlés à l’Ordre du Sombral qui avait causé tant de soucis durant les derniers mois. Et ce bien que rien de ce que ses espions n’avaient déniché jusqu’alors ne le prouvait. L’absence de son principal atout dans la manche lui avait par conséquent cruellement manqué. Car s’il n’aurait jamais pris la moindre information d’Elya concernant sa famille sans une bonne dose de scepticisme, elle n’en restait pas moins la mieux informée. Du moins l’avait-elle été jusque-là.
En effet, s’il suivait bien son propos, elle était désormais une paria et une fugitive au sein de son propre clan. L’espace d’un instant, un flashback de l’époque où Drew, alors héritier des Black et accessoirement le père de la jeune femme lui faisant face, s’était retrouvé dans une position similaire s’imposa à lui. Il ne put s’empêcher de réaliser la marche implacable de l’histoire qui répétait à l’envie les schémas tragiques et envoya une prière à Merlin pour que ses enfants n’aient pas à faire face aux responsabilités quasi insurmontables qu’il vivait en ce moment. Il se reconcentra néanmoins bien vite sur la situation présente. Les paroles d’Elya changeaient en effet significativement la donne et, s’il avait perdu une des pièces les plus précieuses de son échiquier avec l’éviction de l’héritière, il comptait bien profiter de la moindre information qu’elle pourrait lui fournir. Puisqu’il ne doutait pas un instant que, même privée de contact avec l’extérieur, les facultés cognitives de la Serdaigle n’avaient pas cessé de fonctionner pendant son enfermement. Elle était donc la mieux placée pour éclairer un peu une situation chaque jour plus obscure.
-Mademoiselle. Avant d’envisager une quelconque suite à notre alliance, j’aurais besoin que vous soyez plus précise que ce que vous ne l’avez été jusqu’ici. Je ne doute pas de la sincérité de vos propos et peut vous assurer que rien de ce qui sera prononcé entre ses murs n’en sortira. Néanmoins, malgré ma sympathie pour votre situation apparente, je ne peux engager les ressources du Siège de la Défense sans en savoir un peu plus.
Fixant un regard volontairement intimidant dans les pupilles de la demoiselle, il poursuivit d’une voix toujours parfaitement posée.
-Vous me demandez de vous prolonger ma confiance en vous aidant à échapper à vos poursuivants mais sans jamais m’expliquer la raison exacte de votre situation présente. Or si je n’ai jamais eu à redire à vos talents lors de notre association, notre dernière correspondance date de fin août, quelques jours avant la fête de la Concorde. Vous comprendrez aisément ma méfiance. Le monde peut s’effondrer en sept mois et je serais un bien piètre maître-espion si j’accordais le moindre crédit aux dires d’une personne ayant disparu de la circulation l’espace d’une demi-année sans exiger d’abord des explications.
Epoussetant le bas de sa robe dans un geste plus mécanique que conscient, il finit sur ces paroles.
-Ne voyez cependant dans mes propos ni refus ni mépris. Sachez simplement que rien en ce monde n’est gratuit et, lorsqu’on se trouve dans une position de pouvoir, les faveurs ne s’accordent jamais sans contrepartie. Que je le veuille ou non, mon poste au Conseil m’empêche d’agir sans mesurer toutes les conséquences de mes actes. Convainquez-moi donc que j’ai à gagner à vous étendre ma protection.
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Re: A chaque action sa réaction par Mar 21 Fév - 8:46
Face à Lord Longbottom pourtant, elle ne montra rien de ses angoisses. Pas même lorsqu’il exprima la méfiance qu’il ressentait face à elle. Elle s’était doutée, bien sûr, qu’il exigerait bien plus d’explications et elle se savait prête à lui en fournir, malgré la fierté qui avait toujours dicté ses actes. Elle avait eu, pourtant, l’infime espoir de ne pas avoir à se dévoiler ainsi devant le Lord. Par pudeur, elle baissa un instant les yeux, avant de les fixer à nouveau, sans animosité ni supériorité, dans ceux de l’homme. Quand il eut fini, elle resta un instant impassible, cherchant ses mots, avant qu’un sourire triste n’étire ses lèvres.
« Vous pourriez légitimement penser que j'ai finalement cédé à cette théorie du sang-pur. Ma position serait singulière. Après vous avoir offert toutes les informations que j'ai pu récolter auprès des radicaux, voilà que je changerais de camp en leur faveur. Je comprends que la situation vous trouble, monsieur, car il vous manque des éléments importants pour la comprendre, commença-t-elle d'une voix calme et lente. Machinalement, elle baissa le menton, se donnant un air plus grave alors qu'elle fixait plus intensément le Lord. Voici donc les réponses à vos questions, dans la mesure de mes propres certitudes. Sachez tout d'abord que mon engagement auprès de vous n'a souffert d'aucune faiblesse. Après la nuit de la Concorde et le repos que vous m'avez accordé à sa suite, je me suis concentrée sur ma profession principale. Par l'intermédiaire de Lord Peverell, j'ai été contactée par l'héritier de Lord Devin Bower. Voilà sans doute un élément de réponse éclairant les mystères qui planent actuellement au-dessus de la famille Bower. »
Un soupir lui échappa alors, la serdaigle se rappelant, à la stipulation des nouvelles actuelles, que sa famille était au cœur de cette sordide affaire. Le fruit d'une collaboration entre deux êtres qui n'auraient jamais dû se voir. Elle avait accordé une importance démesurée au défi que lui offrait Aïlin, souhaitant prouver à ce dernier l'esprit dont elle pouvait faire part dans son domaine de prédilection, les potions. Bien sûr, son affection pour l'alchimiste et le respect qu'elle lui accordait avait joué un rôle non-négligeable dans l'affaire. Ce qui rendait les conséquences de ses actes plus difficiles encore à supporter.
Elle reprit pourtant rapidement contenance, et dans un récit calme et construit, Elya expliqua avec assurance les détails de la rencontre avec son père. Le départ d'Aïlin pour les Hébrides dans le but de trouver un cœur de dragon, essentiel à la potion qu'il lui avait commandé. Sa rencontre avec Drew Black et l'espoir que ce dernier lui avait confié d'un jour revoir ses filles. Comment l'alchimiste lui avait raconté cela en détails et le plan qu'ils avaient alors élaboré dans le but de retrouver ce père exilé. Leur séjour aux Hébrides, elle-même sous les traits de Lynn Bower alors qu'elle avait prétendu un contrat important à exécuter en Allemagne pour expliquer son absence à Cathleen Black. Et puis comment cette dernière l'avait sanctionné à son retour au manoir. Elle donna, sur cette partie aussi désagréable que personnelle, le moins de détails possibles, honteuse d'avoir été traîtée ainsi par sa matriarche. Lentement, sa voix était devenue blanche, et son regard avait parfois faibli, alors qu'elle avait l'impression de se mettre à nue devant Lord Longbottom. Cela lui coûtait de s'exprimer ainsi, mais plus Benedict connaissait d'éléments, plus il serait apte à juger la situation dans son ensemble.
« Je ne suis pas encore en mesure de vous expliquer comment Lady Black a été mise au courant de cette rencontre. Pour l'instant, je peux seulement assurer qu'elle ne sait pas que Drew Black est concerné, et qu'elle ne peut que supposer la raison de ma fugue avec monsieur Bower. Elle savait qu'il était concerné, elle l'a su tout de suite. Et je peux aussi vous assurer que, d'une façon ou d'une autre, Lady Black est responsable de l'attaque dirigée contre Aïlin Bower. »
Ses paroles étaient sèches, haineuses. Elle savait que Cathleen avait commandité la mort d'Aïlin, ses propos à ce sujet ne laissaient aucun doute sur la question. Pourtant, là encore, des éléments importants lui échappaient, et elle préférait exprimer tout de suite ses incertitudes, afin d'éviter d'autres questions de la part du Lord.
« Je n'ai malheureusement aucune information à vous offrir concernant la marque de sombral retrouvé au manoir Bower lors de l'attaque qui a tué Lynn Bower. Ce n'est pas le symbole de Lady Black, ni même, à ma connaissance, celui des extrémistes dont elle fait partie. Lady Black ne marque pas ses faits, elle n'en a pas besoin. Je n'ai donc malheureusement aucune preuve tangible que cette deuxième attaque a été commandité par Lady Black. Et bien que j'ai pu observer les allées et venues de cette dernière depuis décembre, je n'ai malheureusement pas beaucoup d'informations importantes à vous fournir. Elle a principalement été occupée à rencontrer différents responsables au sein du Conseil des Sorciers. »
Elle fouilla un instant dans son esprit à la recherche d'autres informations à fournir pour prouver sa droiture envers le Lord. Malheureusement, peu d'informations lui vinrent, aucune visite ne s'était déroulée au sein du manoir, exception faite de la réunion exceptionnelle du Conseil tout entier, auquel elle n'avait bien sûr pas assisté. Son regard se fit alors plus observateur tandis qu'elle tentait de déceler dans le regard du directeur si cela lui semblait suffisant. Elle n'avait plus qu'une chose à offrir et, doutant que les informations qu'elle venait de fournir conviendraient parfaitement au maître espion, décida que le moment était opportun pour lui proposer.
« Voilà peut-être bien tout ce que j'ai à vous offrir, Lord Longbottom. Cela et mes services en tant qu'espionne.»
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Re: A chaque action sa réaction par Dim 26 Fév - 20:35
Dans tous les cas, les explications de l’(ex) héritière Black jetèrent une nouvelle lumière sur bien des zones d’ombre des derniers mois. Il écouta donc dans un silence attentif chacune de ses paroles, établissant mentalement des connexions alors même qu’une partie des interrogations qui l’avaient taraudé depuis les évènements de la Nuit de la Concorde se voyaient progressivement résolues. Tout ne faisait pas sens et il restait un nombre certain de questions sans réponse – comment Lady Black s’était-il assuré les services d’un vampire renégat pour n’en citer qu’une – mais il avait plus progressé en l’espace d’une demi-heure qu’en plusieurs mois d’investigation. Rien que pour cela, sa protection était déjà assurée à la jeune fille assise face à lui. Avant de l’en informer, il la laissa néanmoins terminer son propos par respect pour les confidences qu’elle acceptait de lui faire malgré l’absence totale d’intimité dans leur relation.
A l’écoute des souffrances subies des mains même de celle qui avait pour rôle de la protéger et la guider, il lui fallut cependant toute la puissance de son éducation pour ne pas laisser percevoir sa profonde désapprobation. S’il respectait que chaque famille possédait sa propre méthode d’éducation, certaines plus libres que d’autres, il était fondamentalement opposé à tout usage de la violence sur ses proches. Or, pour aussi pudique qu’Elya fut lors de son récit, il savait lire entre les lignes pour deviner la dureté du traitement qui lui avait sans nul doute été infligé par la matriarche Black. L’idée que l’on puisse lever la baguette sur la chair de sa chair lui était inconcevable. Merlin savait pourtant que ses enfants lui avaient causé plus d’un grief mais l’idée de les punir physiquement ne lui avait jamais traversé l’esprit. Si son propre père avait parfois recouru à des punitions corporelles, lui s’était promis de ne pas suivre son exemple en la matière et il n’avait jamais eu à regretter sa décision. Quelque chose lui disait cependant que Cathleen Black était prête à tout pour ramener sa petite fille dans « le droit chemin ». Si elle avait choisi de déshériter et exiler son seul héritier plutôt que de subir l’opprobre, il n’était pas illogique d’imaginer qu’elle puisse requérir à des méthodes peu recommandables pour « discipliner » son héritière restante.
En parlant d’héritier, la soudaine réapparition du dernier des Black le surprit. Il ne savait pas qu’il avait choisi de s’établir aux Hébrides – il était difficile de réconcilier l’image policé de l’héritier Black avec celle bien plus sauvage du clan McFusty – et se demanda dans quelle mesure il serait un futur joueur de l’échiquier politique à venir. Resterait-il sur l’île où il avait élu résidence ou bien était-il prêt à tout risquer pour retrouver ses filles ? Si cela ne le concernait pas personnellement, Benedict ne pouvait s’empêcher de désirer être tenu au courant car un conflit chez les Black était exactement le type d’événements à même de causer des remous profonds. Elya ayant fui le manoir, elle ne serait néanmoins pas capable de l’informer, il choisit donc de ne pas s’attarder sur l’affaire. A l’inverse, la dernière de ses phrases attira grandement son attention.
Ainsi, elle désirait reprendre du service ? Au premier abord, l’idée lui sembla dangereuse. Elle était désormais une fugitive s’il en croyait ses propres mots. Il ne pourrait donc pas assurer sa protection si elle partait sur les routes en tant qu’espionne. Pourtant, la possibilité de pouvoir bénéficier à nouveau de ses talents était trop alléchante pour ne pas au moins la considérer sérieusement. Les espions compétents n’étaient pas légion et en former de nouveau exigeait du temps et de l’investissement pour des résultats pas toujours probants. Il fallait en effet s’assurer de leur totale loyauté au Siège de la Défense et en ces temps compliqués c’était de plus en plus difficile de trouver des âmes vierges d’attaches. Ou tout au moins trouvant suffisamment d’intérêt personnel à travailler pour le Conseil pour être des espions dignes de ce nom. Alors, désormais que la plus prometteuse de ses jeunes recrues se présentait de nouveau à lui, il aurait été impensable de refuser sa proposition. Sans compter qu’après avoir écouté son récit, il était encore plus convaincu de sa valeur. Une jeune femme d’à peine vingt ans – à la voir si forte il était facile d’oublier qu’elle n’était pas plus âgée que sa propre nièce dont il lui semblait d’ailleurs qu’elle était une proche amie – capable de survivre à tout ce qu’elle avait vécu était une valeur sûre.
-C’est beaucoup et je vous remercie tout d’abord de votre honnêteté ainsi que des nombreuses informations que vous avez partagées avec moi.
Il se permit l’esquisse du premier sourire de la soirée.
-Par respect pour votre franchise, je ne vous mentirais donc pas. Votre offre m’intéresse. Votre travail aussi bien aux côtés de Messire Wayland que seule par la suite s’est toujours révélé de qualité à défaut parfois d’avoir été utile.
C’était en effet la croix de l’espion que de ne pas toujours rapporter d’informations intéressantes.
-Néanmoins, si vous choisissez d’enfiler de nouveau le manteau sombre des espions, je ne pourrais vous assurer une pleine protection. Mon aide vous sera bien entendu acquise en cas de besoin, mais comme vous le savez parfaitement, une fois sur le terrain, vous ne pourrez compter que sur vous-même. En cas d’exposition publique, le Siège de la Défense démentirait toute relation avec vous. A l’inverse, si vous cherchez une réelle protection, je suis en mesure d’organiser votre exfiltration hors d’Angleterre. Les informations que vous m’avez fournies ce soir seront un paiement bien suffisant.
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