The time when we were busy playing happy family par Mar 3 Nov - 16:36
Elle avait d’ailleurs profité de l’occasion pour revêtir cape et fourrure et s’aventurer dans le jardin, où elle marchait à présent les joues rougies et le sourire aux lèvres. Chacun de ses appuis éveillait les cristaux de glaces qui s’étaient formés sur les herbes qu’elle foulait, et elle se réjouissait du subtil mélange de ces sons glacés aux odeurs de pain monté qui émanaient du manoir et lui faisaient hâter le pas. Ses cousins ne tarderaient pas à arriver, et on s’étonnerait de ne pas la trouver au salon si elle ne rentrait pas à temps ; voire même, on lui reprocherait ses habituels enfantillages, dont son père était d’avis qu’ils devaient désormais cesser. C’est ainsi que, tout en s’amusant de chaque crevasse formée par son empressement dans l’immense tapis immaculé, elle se retenait de courir – c’était pourtant si tentant ! – et listait les tâches qui lui avaient été confiées en vue de l’anniversaire de Julius, leur grand-père. Sa mère ayant dû s’absenter une bonne partie de la journée, elle avait elle-même veillé à orchestrer la maisonnée, afin que chacun garde en mémoire les tâches qui lui avaient été confiées et les accomplisse en temps voulu : le repas était prêt ou sur le point de l’être, les cadeaux emballés, le salon dégagé, tous pouvaient désormais arriver et se régaler des quelques douceurs qu’avait à leur offrir le foyer de sa jeunesse.
D’humeur particulièrement joviale, elle pénétra donc dans le grand hall où l’on vint avec bien trop grande cérémonie l’aider à se débarrasser de ses dessus trempés. Elle se faufila ensuite jusqu’à sa chambre où elle se vêtit d’une robe aux tons d’argent qui devait faire honneur au plus âgé des Greengrass, dont on fêtait aujourd’hui les 70 ans. Elle rejoignit enfin le petit salon où avaient été installés quelques mets qui devraient les sustenter à l’heure du thé et où crépitait vivement un feu des plus agréables. Sur un fauteuil à oreilles de velours grenat était déjà installée lady Suzan, leur grand-mère, qui la régala d’un sourire dont elle seule avait le secret et qui finit d’agrémenter la gaieté communicative de sa petite fille.
Bientôt, ils furent rejoints par chaque membre de la famille Greengrass qui ne déplorait que l’absence du cadet, Maxwell, qui n’avait bien sûr pas pu quitter Poudlard pour l’occasion. Le collège serait en grand mal de gérer allées et venues si chaque résident venait à s’absenter pour prendre part aux diverses réunions qui rassemblent les membres de sa famille. Une fois de plus, son sourire affable manquerait donc à l’appel, et c’était bien là le seul point qui aurait pu obscurcir l’esprit de la jeune sorcière qui regrettait également que Cyriac, le benjamin de ses cousins, ne puisse pas plus les rejoindre que Maxwell. Par chance, les autres Longbottom ne seraient plus longs à arriver. Il y avait longtemps qu’elle n’avait pas revu les jumeaux Crestia et Crestian, et elle se rendait désormais compte que leur présence lui avait manqué, d’autant que les événements récents lui donnaient, plus qu’à l’accoutumée, des raisons de s’inquiéter pour la sécurité de ce dernier ainsi que pour celle de son père. Être auror était une activité bien singulière, de celles qui laissent parfois autrui dans un tourment des plus désagréables. Elle respectait bien sûr le choix que tous deux avaient faits de s’y adonner, mais elle eût souvent préféré les savoir à leurs côtés qu’à se trouver là où l’on requérait leurs services. Par chance, ils avaient confirmé leur venue, et il était peu probable qu’il leur arrive quelque pénible aventure en chemin.
Tout en discutant avec lady Amilia qui vivait désormais avec eux et dont elle soupçonnait que le ventre s’arrondît déjà, Lenore guettait donc par moment la cour intérieure dans l’espoir d’y déceler le moindre mouvement. Non loin d’elle, Isobel, probablement désireuse d’échapper à sa conversation avec Julius, avait entamé quelques notes sur le clavecin et, l’espace d’un bref instant, Lenore se surprit à ne plus écouter que les accents suaves de la mélodie qui courrait sous ses doigts. Elle en profita ainsi pour s’excuser et se servir de cette boisson qui faisait désormais autant fureur en Angleterre qu’en France ou encore en Espagne : le chocolat. Les conquistadors avaient été bien inspirés de la leur ramener, bien qu’elle avait été, comme par habitude, sujet à débat au sein de l’Église. Le fanatisme religieux trouvait réellement tout prétexte bon pour étendre ses griffes aussi acérées que ridiculement longues ; rien d’étonnant en ce que les sorciers représentent pour lui une cible de choix s’il pouvait se sentir menacé par une boisson aussi inoffensive que ne l’était le chocolat.
Elle soupira et secoua la tête. L’heure n’était pas à de telles pensées, d’autant que, dans l’entrée, une voix grave venait de se faire entendre et que lady Brianna, sa tante, apparaissait dans l’encadrure de la porte où elle avait été annoncée, et se précipitait déjà pour embrasser les joues du patriarche Greengrass. Mais ce ne fut pas cette scène qui retint l’attention de Lenore, sinon celle de l’arrivée parmi eux d’une jeune femme aussi blonde que le bé en juillet, et qui semblait accompagner Crestian, derrière lequel elle se trouvait un peu en retrait. Il ne se passa d’ailleurs pas longtemps avant que tous les regards ne se tournent vers elle et ne la fixent, en silence ; tous sauf celui de Lenore qui, la pupille soudainement éclairée, préférait accorder son entière attention à ce cousin qu’elle chérissait tant, dans l’attente d’une parole de sa part ou dans l’espoir de déceler dans l’expression de ses traits l’once d’une explication.
Dernière édition par Lenore I. Greengrass le Dim 24 Avr - 11:36, édité 2 fois
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Re: The time when we were busy playing happy family par Sam 7 Nov - 19:45
-Oui Mère.
-Benedict, avez-vous vu mon châle ? Je ne le retrouve plus. C’est un cadeau de Lady Isobel, je pensais le porter en son honneur.
-Dans notre chambre, ma mie.
-Crestian, venez ici, le bas de votre robe est froissé, cela risque d’irriter Mère, vous savez l’importance qu’elle porte à l’apparence physique.
S’approchant à contrecœur de sa mère qui lissa le pli de sa robe d’un geste de sa baguette, le jeune Auror ne pouvait s’empêcher de trouver contrariante l’inquiétude palpable de sa génitrice. Brianna avait eu beau accueillir Passiflore à bras ouverts lorsqu’il avait présenté la jeune femme à ses parents, désormais qu’il était question d’annoncer leurs fiançailles à la branche maternelle de la famille, elle semblait prête à perdre ses moyens à tout instant. Le fait que son père ait aussi considéré l’anniversaire du patriarche Greengrass comme un « test » de la réaction que la frange la plus radicale de la société pourrait avoir à l’annonce de son futur mariage n’avait par ailleurs fait qu’empirer son humeur. Il ne supportait en effet pas l’idée que quiconque se sente en droit de juger de ses affinités sentimentales. Passiflore était la femme la plus belle et la plus impressionnante qu’il lui ait jamais été donné de rencontrer et, si qui que ce fut y trouvait à redire, il saurait le ou la remettre à sa place, fût-il un membre de sa famille.
La tension était donc à son comble au manoir Longbottom alors que tous les membres de la famille, à l’exception de Cyriac resté à Poudlard, s’apprêtaient à quitter les lieux en direction de la résidence Greengrass. Sentant les étincelles grésiller dans l’air, Crestia fit néanmoins une de ces interventions dont elle avait le secret et qui avaient le don de calmer les esprits.
-Reprenez-vous Mère, vous n’êtes plus une fillette que l’on peut réprimander si les choix de ses proches déplaisent à Grand-Père. Vous êtes Lady Longbottom, femme d’un des hommes les plus influents du pays. Quant à toi Crestian, cesse donc tes enfantillages, ne vois-tu pas que ton humeur de cochon met mal à l’aise Miss Delacour. Tu fais un piètre fiancé.
Les réprimandes avaient été prononcées sur un ton neutre, presque désintéressé, et pourtant mère et fils sentirent tous deux le rouge leur monter aux joues. Benedict, quant à lui, ne cacha pas son sourire amusé devant la déconvenue de sa femme et son fils. Crestia intervenait rarement dans les discussion familiales mais lorsqu’elle le faisait, elle allait droit au but, au risque de briser un ou deux egos au passage. En cela, elle était redoutable, peut-être bien plus que tous les autres membres de la famille réunis.
Se reprenant tant bien que mal, Crestian réalisa la vérité qui se cachait dans les propos de sa sœur. Tout à son agacement, il en avait oublié la principale intéressée. Si Brianna était inquiète de la réaction des Greengrass, que devait-il en être de la pauvre Passiflore, projetée dans un monde dans elle ne connaissait pas les codes parce qu’il avait eu l’audace de demander sa main et qu’elle avait gracieusement accepté ? Il lui devait affection et protection en cette journée difficile. Il se tourna donc vers elle avec un regard contrit.
-Veuillez excuser mon comportement. Cela ne se reproduira plus. Je vous assure que vous pouvez compter sur mon soutien indéfectible aujourd’hui et pour le reste de notre existence.
-Beau-parleur, murmura suffisamment fort pour être entendue Crestia, provoquant une nouvelle rougeur chez son jumeau qui eut bien envie de lui envoyer un sort de son cru mais dut se retenir d’exhiber un comportement aussi enfantin en présence de ses parents et sa promise.
-Restez donc à mes côtés et tout se passera pour le mieux. Quelles que soient les opinions de mon oncle et ses proches, personne ne nous séparera.
-Notre fils a définitivement hérité de votre talent pour parler aux femmes, très cher, déclara cette fois-ci Brianna à la grande surprise de son mari.
-Mais vous savez aussi bien que moi je n’ai jamais su m’adresser au beau sexe.
-Exactement comme Crestian. Mais, lorsque nos cœurs se sont apprivoisé, les mots doux vous sont venus naturellement comme ils semblent aujourd’hui venir à notre aîné.
Un sourire doux apparut sur le visage de Lord Longbottom à ses mots et c’est ainsi qu’il accompagna sa femme jusqu’au carrosse, suivi de près par sa fille cadette. Quant à Crestian, de nouveau pivoine, il décida d’en faire abstraction et proposa son bras à sa fiancée.
Ils arrivèrent au manoir Greengrass peu de temps après et plusieurs elfes se firent un devoir de les débarrasser de leurs divers pardessus. L’un d’entre eux annonça par la suite leur arrivée et Brianna s’empressa d’aller embrasser ses parents. Crestian lui resta quelque peu en retrait, protégeant inconsciemment Passiflore de son imposante carrure tandis que Crestia et leur père les entouraient respectivement sur leur gauche et leur droite. Le silence ne tarda pas à se faire tandis que tous les regards se tournaient vers Passiflore. Ne lâchant pas la main de celle-ci, Crestian se décala légèrement pour que tous puissent admirer sa beauté sans pareille et déclara, non sans une fierté évidente.
-Grand-Père, Grand-Mère, mon oncle, ma tante, mes cousins. Je vous présente Passiflore Delacour, ma fiancée. C’est une Guérisseuse de grand talent, élève de Maître Hattaway, dont les talents ont permis de sauver nombre de vies lors de l’attaque du Chemin de Traverse.
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Re: The time when we were busy playing happy family par Dim 15 Nov - 17:53
- Inspire... Expire... Inspire... Expire..., répétait inlassablement Passiflore Delacour, une main posée sur son bas-ventre et l’autre sur le haut de son buste, accompagnant ainsi les mouvements respiratoires de son abdomen et de son thorax.
La jeune femme ferma les yeux en expirant une dernière fois. Jamais elle ne s’était sentie aussi angoissée. Elle appliqua sa main sur sa nuque, qu’elle massa brièvement, sans trop d’espoir toutefois que la tension qui s’y était accumulée ne s’envole en un instant. Elle rouvrit les yeux pour se regarder dans le miroir en face duquel elle se trouvait. Une fois encore, en bonne perfectionniste, elle vérifia sa coiffure et sa tenue, s’encouragea mentalement, et entreprit de rejoindre sa belle-famille, dans le hall du manoir.
Elle ne sut trop que penser de l’inquiétude manifeste de Brianna Longbottom, se rassurant du calme olympien que dégageait Crestia et son père. La Vélane affectionnait particulièrement cette famille, qui l’avait accueillie sans sourciller, bien au contraire. Elle avait, de nombreuses fois, reconnu Crestian en son père, et s’amusait du comportement de la jumelle du jeune homme envers ce dernier.
La remarque de Crestia la fit sourire, et voulut rassurer son fiancé :
- Je vous soutiendrai également.
Des yeux, la Française suivit l’échange entre Crestian et sa sœur, puis entre Brianna et son époux, et ne put s’empêcher de sourire tendrement aux propos de Dame Longbottom, Elle accepta volontiers le bras de son fiancé, et s’avança à ses côtés jusqu’au carosse. Avant d’y monter, elle s’arrêta et regarda le jeune homme, venant effleurer du revers de sa main la joue de ce dernier.
- Je vous fais confiance Crestian... Tout ira bien, souffla-t-elle avec un sourire.
Le trajet en carrosse parut bien court à la Vélane, qui sentait l’appréhension grandir en elle. En arrivant devant le sublime manoir des Greengrass, elle s’efforça de respirer comme elle avait pu le faire chez les Longbottom. En tendant l’oreille, il lui sembla entendre quelques notes de musique qui, durant un instant, calmèrent ses tensions. Une fois allégés de leurs capes chaudes, ils s’avancèrent jusqu’au devant de la famille Greengrass. Entourée de sa belle-famille, Passiflore serra la main de son bien-aimé tandis qu’il la présentait aux yeux de tous.
La mention de son maître d’apprentissage insuffla une bonne dose de courage à la Française, qui exécuta une délicate révérence avant d’offrir un sourire à tous ces visages inconnus qui la dévisageaient.
- Enchantée de faire votre connaissance. Je suis heureuse de me joindre à vous ce soir, et j'espère honorer nos familles respectives dans mon engagement avec Monsieur Longbottom, dit-elle en levant les yeux vers son fiancé, coeur battant.
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Re: The time when we were busy playing happy family par Dim 24 Avr - 18:24
« Grand-Père, Grand-Mère, mon oncle, ma tante, mes cousins. Je vous présente Passiflore Delacour, ma fiancée. C’est une Guérisseuse de grand talent, élève de Maître Hattaway, dont les talents ont permis de sauver nombre de vies lors de l’attaque du Chemin de Traverse. »
En lieu et place des félicitations d’usage qui auraient dû suivre une déclaration de cet acabit, c’est un long mutisme qui accueillit les dires du jeune homme. Il n’avait bien sûr pas fallu longtemps pour que chacun mesure la teneur de ses propos : le nom de Passiflore Delacour, qui n’avait été précédé d’aucun titre d’aucune sorte, laissait sous-entendre la condition de celle-ci. Ni Anglaise ni noble, elle était une demoiselle quelconque qui se retrouvait aujourd’hui parmi eux par un bien singulier hasard et qui, pourtant, prenait l’initiative de se présenter à eux :
« Enchantée de faire votre connaissance. Je suis heureuse de me joindre à vous ce soir, et j'espère honorer nos familles respectives dans mon engagement avec Monsieur Longbottom. »
Honorer. Le mot, tout mal choisi qu’il était, résonna comme une ironie bouffonne et valut une moue narquoise à la jeune épouse de Marius, Lady Amilia, dont la fraîcheur rivalisait sans nul doute avec celle de l’intrus. Il était évident qu’à ses yeux, l’inconnue serait la seule à jamais se targuer d’une telle union. Plus sage sûrement, mais aussi plus discrète, Lenore n’avait, quant à elle, pas encore posé de jugement immuable sur l’affaire dont il était question. Réservant son avis, elle demeurait coite de stupéfaction et dévisageait Crestian en ignorant superbement sa conquête. Qu’il ait jeté son dévolu sur une sorcière de rang inférieur – bien heureusement, c’était une sorcière ! - ne la surprenait pas vraiment, mais elle admirait l’audace dont il faisait preuve en la leur présentant aujourd’hui. Une audace déplacée, assurément, mais toutefois remarquable. Elle se souvenait, par là même, de son premier émoi juvénile, celui-là même qui lui avait valu les fureurs de Marcus, son père, et l’avait privée, l’année suivante, ne serait-ce que de songer aux festivités de la Concorde. Qu’elle se fut autrefois éprise d’un moldu s’apparentait tout au plus à une lubie passablement grotesque et dérisoire, mais s’expliquait immanquablement par son extrême jeunesse d’alors. Et la faiblesse, comme la félonie, furent rapidement oubliées sur les chemins de la mansuétude parentale. La verdeur de l’âge excuse nombre de faux pas que n’excuse plus sa douceur, et il serait fort improbable aujourd’hui que la jeune lady se laisse encore aller à de telles fantaisies. Pouvait-on, dès lors, pardonner à Crestian, désormais un homme accompli, de s’abandonner à des émois puérils au mépris de tout discernement ?
C’est cette réflexion qui lui fit enfin poser ses iris sombres sur la guérisseuse pour la détailler de cette même façon neutre et froide dont elle gratifiait sans distinction chaque étranger. Ses cheveux étaient d’un blond exsangue, sa tournure réservée et sa tenue mal assurée, mais on pouvait lui reconnaître un certain charme infantile qui dénotait probablement un excès de gentillesse et qui devait aller de pair avec sa profession, puisqu’elle était de celles dont le labeur n’avait pour dessein que celui, nécessaire, de répondre à ses besoins primaires.
Elle hésita un instant encore, la paume fâchée sous sa tasse de porcelaine et la mâchoire figée, avant que ses traits ne se défroissent et ne laissent entrapercevoir l’esquisse d’une pointe déridée. Elle n’était pas en position de faire des reproches à l’auror – son père, naturellement, s’en acquitterait – et cette jeune femme, bien que ni du même sang ni du même statut, méritait pour le moins qu’on lui accorde le bénéfice du doute. Et si sa condition ne faisait incontestablement pas d’elle le meilleur choix pour un mariage, elle n’en restait pas moins une sorcière qui saurait immanquablement faire preuve de qualités quelconques.
Elle observa l’assemblée et, face à la figure interdite de tous – elle soupçonnait lady Suzanne de s’offusquer davantage de la présumée nationalité de la dulcinée de Crestian que de la couleur de son sang, compris qu’elle devrait être celle qui devrait mettre un terme à la tranquillité gênante qui régnait désormais en unique maître. Très calmement, elle ferma les yeux, inspira et posa sa tasse sur le guéridon qui se trouvait à sa portée avant de se redresser et de s’avancer de quelques pas sous le regard lourd de son père. Lorsqu’enfin elle se trouvât à distance raisonnable, elle détailla sans l’once d’une expression complaisante les traits de la nouvelle venue avant, finalement, de remplacer son masque de neutralité par un rare sourire.
« Bienvenue Miss Delacour, nous sommes heureux de vous compter parmi nous. Entrez, je vous en prie. »
Ce n’était pas son rôle, tous le savaient. Joignant néanmoins le geste à la parole, elle pivota le buste pour l’inviter à la suivre en ignorant superbement les pupilles courroucées qui se posaient sur elle, préférant se focaliser sur celles, bienveillantes, de sa tante qui semblait la remercier. Bien sûr, le geste ne fut pas du goût de tous, et il ne fallut plus que quelques secondes avant que Marcus ne sorte de la surprenante inertie dans laquelle la situation l’avait plongé.
« Lenore, il suffit ! »
La voix, ferme, fit âprement résonner les cordes du clavecin tandis que lord Greengrass s’approchait d’eux à son tour, récompensant sa fille d’une œillade accablante et lui faisant ainsi comprendre que son geste ne resterait pas sans conséquence. Son visage, tout comme son intonation, s’adoucirent cependant lorsqu’il s’adressa à son beau-frère, le ton empreint d’une réelle interrogation.
Si Lenore connaissait la dureté de son père, elle savait de même que les situations domestiques autorisaient davantage de compromis. Mais si ce dernier n’était pas si intraitable sur les sujets familiaux que sur les questions diplomatiques, la politique familiale n’en restait pas moins une affaire sensible. Et la matière du jour était en l’occurrence des plus délicates, de sorte qu’il ne faisait aucun doute qu’une phase de pourparlers suivrait celle de cette interrogation des plus légitime. En ce moment, néanmoins, Lord Greengrass, tout médusé qu’il était, se demandait encore quelle attitude adopter.
« Benedict, qu’est-ce que tout cela signifie ? »
Si la réponse était connue de tous, la question avait au moins le mérite d’empêcher le maître des lieux de faire témoignage de son irascibilité devant la fiancée de Crestian laquelle, en ce moment même, blêmissait extraordinairement, si tant est que cela fut davantage possible.
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Re: The time when we were busy playing happy family par Mer 27 Avr - 12:57
Ainsi, lorsque Lenore prit enfin la parole, il éprouva un élan de tendresse profond pour sa cousine. Cela faisait longtemps qu’ils n’avaient plus eu l’occasion de converser, ses occupations d’Auror le tenant bien trop occupé, mais il avait toujours apprécié le feu qui brûlait dans le regard de la jeune fille. Ils avaient beau ne pas se mettre toujours d’accord, il était possible de discuter avec Lenore. Elle n’était pas une marionnette sans vie, se contentant de suivre les ordres donnés par son père. Ce qu’elle venait de prouver une fois de plus en venant à la rescousse de Passiflore. Mais, sans surprise, ce dernier la remit bien vite à sa place avant de s’adresser à Benedict, ignorant royalement Crestian et sa fiancée. L’héritier Longbottom ne s’en formalisa pas, sachant parfaitement comment les relations familiales fonctionnaient dans la haute société sorcière, mais il ne put s’empêcher de se sentir humilié pour autant. Son oncle laissait, à travers cette action, amplement clair que, non seulement il considérait son choix comme inadéquat – pour ne pas dire totalement inacceptable – mais que, par ailleurs, il supposait qu’il s’agissait juste d’une folie que son père s’empresserait de lui faire passer. Autrement dit, il ne le considérait pas assez adulte pour prendre ses propres décisions sans avoir à demander l’aval paternel. Et si c’était là la façon dont le monde tournait et qu’il n’avait jamais rien trouvé à y redire jusque-là, respectant totalement les décisions de Benedict, la situation présente le dérangeait fortement.
Ainsi, pour se calmer, il se mit à caresser quasi-inconsciemment la main de sa dulcinée, laissant à son géniteur le soin de calmer les esprits. Benedict était après tout un négociateur hors-pair, capable de s’adresser à Arnald Gaunt avec un calme olympien, ce n’était donc pas Marcus Greengrass pour tous les grands airs qu’il se donnait qui allait l’impressionner. Sans compter qu’aux yeux de Crestian, toutes les personnes qui comptaient réellement pour lui avaient déjà accepté Passiflore, le reste n’était que bonus dont il pourrait aisément se passer. Les convenances exigeaient cependant que sa fiancée soit présentée à sa famille avant que le reste du monde ne soit informée de leur union à venir. Annonce qui serait probablement encore retardée s’il se fiait aux réactions des présents. Il ravala donc sa colère, écoutant attentivement les paroles de Benedict.
-Il me semblait que Crestian avait été on ne peut plus clair Marcus.
Le ton était purement factuel, ne cherchant nullement à insulter son vis-à-vis.
-Miss Delacour ici présente ne le sera plus longtemps et rejoindra bientôt Brianna au titre de Lady Longbottom. Ma famille a toujours laissé ses membres libres de choisir leurs partenaires et, si je ne regrette nullement de ne pas avoir cherché la mienne, Brianna ayant amplement su combler tous mes désirs, mon fils a quant à lui pris les devants en rencontrant Miss Delacour.
Sentant les critiques sur le point d’affleurer, le patriarche Longbottom poursuivit sur le même ton posé.
-Votre surprise est néanmoins compréhensible et j’ai moi-même été étonné dans un premier temps mais j’ai pu amplement constater que les affections de ces jeunes gens ne sont nullement feintes. Par ailleurs, accueillir l’élève d’une des plus grandes Guérisseuses de notre temps dans ma famille m’honore.
Il s’arrêta alors, comme s’il avait fini d’exposer ses arguments, puis plantant son regard franc dans celui de la matriarche Greengrass, il exposa l’as caché dans sa manche.
-Et puis, quel père ne serait pas fier que son fils ait réussi à se réserver les charmes d’une demi-Vélane ?
A l’écoute de ses mots, Crestian se tendit de nouveau. Il comprenait pourquoi son père avait lâché une telle bombe, mieux valait que tous les secrets soient dévoilés au grand jour plutôt que de laisser quiconque tenter de les retourner contre eux. Néanmoins, il s’agissait là d’une arme à double tranchant et il craignait comme la peste la réaction de sa grand-mère.
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Re: The time when we were busy playing happy family par Sam 7 Mai - 15:28
Le silence qui suivit les propos de la Vélane fut des plus éloquents. Nul besoin de parole pour signifier les pensées qui agitaient les membres de la famille Greengrass. La Vélane tâchait de se concentrer sur sa respiration et d’occulter les regards critiques qui se posaient sur le jeune couple qu’elle formait avec Crestian. Habituellement, les silences ne gênaient pas la Guérisseuse, mais dans la situation présente, elle guettait le mouvement de lèvres annonciateur d’une parole, pour briser cet instant qui, à son goût, s’étirait bien assez. Sa sauveuse se révéla être, contre tout attente, l’une des cousines de Crestian. La Vélane retint un soupir de soulagement et remercia la jeune femme des yeux. Toutefois, son soulagement fut rompu par l’intervention du patriarche de la famille, sur lequel elle posa ses yeux verts. Elle l’observa tourner son visage crispé vers Benedict, ignorant superbement Crestian.
La Guérisseuse sentit le peu de couleurs qui lui restait sur les joues disparaître de son visage aux propos prononcés. La situation était des plus humiliantes, quand bien même elle avait pu s’y préparer. En cet instant elle plaignait tous les malheureux couples mixtes dont le sort était conditionné par l’aval de leurs familles. Elle pensa, brièvement, à ses parents, qui avaient pu vivre leur amour grâce à sa grand-mère maternelle. Elle n’avait jamais su ce qui avait motivé cette dernière à donner son accord à l’union de ses parents. La matriarche de la famille avait toujours été quelqu’un de stricte et fière de ses origines, pour autant elle avait concédé à sa fille une vie différente de celle qu’elle le lui avait imaginé. En serait-il de même chez les Greengrass ?
Elle se reconcentra sur Benedict lorsque celui-ci prit la parole. Le calme olympien qui se dégageait de lui eut presque un effet apaisant sur la jeune femme. Elle reprit confiance lorsqu’il évoqua son apprentissage auprès de Maître Hatthaway, point plus que positif dans son Curriculum Vitae. Elle s’appliquait au quotidien à lui faire honneur, et elle savait que, même si la Guérisseuse n’était pas appréciée de tous, sa renommée et son talent n’étaient que très rarement remis en question. Ragaillardie, elle se redressa doucement, prête à répondre à des questions, si tant est qu’on lui en pose.
Ce regain de confiance fut cependant de courte durée avec les dernières paroles de son beau-père. Les croyances populaires au sujet des Vélanes n’étaient pas des plus positives. Au mieux, elles se trouvaient être des femmes de charme, au pire, elles envoûtaient les riches héritiers pour les faire disparaître une fois les vœux prononcés. Passiflore n’avait que peu d’espoir quant à l’avis que les Greengrass pourraient bien formuler quant à cette ascendance pour le moins peu commune, et, pour cette information là, elle ne pouvait que les comprendre. Elle n’avait jamais fait usage de ses "prédispositions avantageuses", comme aimait à dire Sofia, sa meilleure amie, auprès de la gent masculine. Les seuls moments où elle se permettait d’user de son charme, c’était dans le cadre de son travail, pour convaincre plus aisément, par exemple, du bien-fondé d’un traitement ou d’un acte médical. La Vélane ferma les yeux une fraction de seconde, pour les rouvrir en espérant ne plus être au manoir Greengrass et ainsi s’éviter un nouveau silence de mort.
Française, sang-mêlée, ET demi-Vélane. On pouvait difficilement faire pire.
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Re: The time when we were busy playing happy family par Mer 13 Juil - 19:29
Suite aux déclarations de son oncle, Lenore, qui à peine quelques instants auparavant avait accordé à son cousin un clin d’œil discret rehaussé d’un bref sourire complice, avait retrouvé l’habituel flegme qui la caractérisait en société et qui laissait transparaître d’elle une image antinomique à sa véritable nature. Attentive, elle écouta celui-ci confirmer les craintes de tous et préciser, comme ultime injure, l’ascendance vélane de la blêmissante demoiselle.
Une demi-vélane. En un instant, toute la sympathique qu’avait éprouvée la sorcière pour la présumée future épouse de Crestian s’était évanouie. Les vélanes n’étaient-elles pas, selon les croyances populaires, des créatures du Diable descendues sur terre pour profiter des faiblesses des hommes ? De ce même Diable dont Crestian, d’une façon ou d’une autre, pourchassait les feux sur terre ?
Lenore ne croyait que difficilement au Dieu moldu, aussi puissant était-il décrit. Pour autant, le Diable qu’ils redoutaient tant lui semblait parfois s’incarner dans leurs actions, tant et si bien qu’elle voyait en eux son visage. Elle doutait de même qu’un tel être habite les Cieux ou les Enfers, mais elle ne doutait pas pour autant du pouvoir qu’il conférait bien malgré lui à ceux qui croyaient en son incarnation. Et si les hommes craignaient qu’un être maléfique n’abuse de leurs bassesses, c’est immanquablement que, sur celles-ci, leur emprise était réduite au plus ridicule néant. En ces conditions, descendues du ciel ou nées des fruits de la terre, les vélanes incarnaient la petitesse des hommes et, conscientes de celles-ci, s’en nourrissaient pour jouir de leurs biens. Fut-il jamais une exception ? Comme elle n’avait jamais rencontré de vélane auparavant, elle se surprenait à alimenter cette lubie comme un éventuelle potentialité. Mais, pour l’heure, elle ne pouvait plus que réserver son avis et présumer que son cousin, qui s’était tant prévalu du mal, était davantage sous le charme de la personnalité que sous celui de la créature. Pour l’affection qu’elle portait au jeune auror, elle espérait de même que la blonde qui les dévisageait ne nourrissait pas démesurément la harpie qui sommeillait inéluctablement en elle et qu’elle saurait faire ses preuves auprès des femmes de la famille, seules aptes à juger du bienfondé des intentions de la descendance d’une vélane.
Bien sûr, les opinions de lord Greengrass sur le sujet seraient plus tranchées que les siennes, mais sa propre mère, lady Suzan, aux yeux de laquelle la bouffonnerie n’avait que trop duré, ne lui laissa pas le temps d’en témoigner, coupant presque la parole à son beau-fils.
« Une vélane ? » s’esclaffa-t-elle en ancrant fermement ses deux mains sur le pommeau de la canne qui dissimulait sa baguette. « Allons bon, de ma vie, je n’ai jamais rien entendu de si ridicule. »
Tous, sans exception, tournèrent leur buste vers la matriarche de leurs deux familles, pourtant la plus éloignée des deux imposantes portes qui gardaient l’entrée du salon. Celle-ci, qui pour l’occasion oubliait presque les origines françaises de la nouvelles venue dont elle s’était dans un premier temps offusquée, témoigna de son habituelle assurance quand elle s’adressa à lady Brianna, sa fille.
« Toi que les envoûtements de ces êtres n’atteignent pas, n’as-tu pas songé un seul instant que ceux-ci puissent être utilisés à mauvais escient pour profiter de la situation plus que confortable de ton fils ? Enfin, cela me semble relativement évident, elle n’a aucun titre, aucune dot je suppose, rien ! »
Tout aussi sûre d’elle, elle tourna vivement la tête vers la sœur jumelle de l’indolent.
« Et toi non plus, Crestia, je présume ? Tu sais que j’ai toujours apprécié la nature affable de tes opinions, mais que cela ne justifie point l’aveuglement dont fait preuve ton père en pensant que l’affection qu’éprouve Crestian pour miss Delacour lui est rendue par celle-ci. Les vélanes, demi-vélanes et autres enjôleuses ne connaissent en la notion d’union que celle du profit et sont incapables de concevoir l’idée même de fidélité. »
Sans laisser à qui que ce soit l’occasion d’intervenir, elle se leva prestement et s’avança vers celle qui, bien qu’au centre de la controverse, ne retenait réellement l’intention d’aucun, si ce n’est celle son fiancé dont l’agacement se faisait ressentir. Quand elle fut à distance suffisamment raisonnable du visage de la Française, elle la considéra avec détermination, ses pupilles plantées avec conviction dans les siennes.
« Ne croyez pas, mademoiselle, que nous niions que vous puissiez avoir des qualités quelconques ou que nous doutions de vos talents de guérisseuse, ou que sais-je encore. J’admire notamment la hardiesse qui vous a poussée à vous introduire à nous aujourd’hui. Vous comprendrez néanmoins qu’un joli minois venu du continent ne suffit pas à amadouer une femme de mon âge, et guetter les richesses de ma famille comme un loup sa proie ne vous rend indéniablement pas estimable à mes yeux ni à ceux, soyez-en assurée, de la majorité d’entre nous. A quoi, parbleu, rêviez-vous en venant perturber la tranquillité de l’anniversaire de mon époux ? »
En cet instant précis, lady Amilia posa une main discrète sur l’avant-bras de l’héritier Greengrass, Marius. En quelques mots, lady Suzan avait su très justement exprimer le ressenti de tous. Marcus, bien sûr, ne manquerait pas d’ajouter son grain de sel, mais Lenore le savait suffisamment sage et réfléchi que pour attendre un moment plus opportun pour répondre aux propos qu’avait précédemment tenu son beau-frère. En ce moment néanmoins, il était tout à fait perceptible que son avis rejoignait celui de sa génitrice dont la verve, vive malgré le poids des années, ne cessait d’étonner Lenore.
- Rendez-vous ce soir à la taverne (et incognito !)
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Re: The time when we were busy playing happy family par Lun 15 Aoû - 12:20
A l’adolescence, Crestian l’avait souvent comparée – dans l’intimité rassurante de ses pensées – à un dragon mal luné. Elle en partageait après tout les principales caractéristiques : une force hors du commun pour une femme de son âge, une fierté rigide qui régissait le moindre de ses actes et une tendance à atteindre ses objectifs en écrasant tout sur son passage. En cela elle était très distincte de son unique fille. Brianna, si elle avait hérité des talents d’observatrice de sa génitrice et se révélait bien plus perspicace que son extérieur fragile et son attitude discrète le laissaient supposer, était la parfaite femme de Sang Pur : toujours présente, jamais remarquée. Elle se contentait de laisser son mari s’exprimer et influençait les décisions des présents, Benedict le premier, par de subtiles manipulations dignes de l’ancienne Serpentard qu’elle était. Ainsi, là où le grand public n’avait pas une grande opinion de Lady Longbottom qui semblait bien fade une fois comparée au reste de sa famille, ses proches savaient pertinemment qu’elle n’était pas que l’hôtesse irréprochable qu’elle paraissait au premier abord. Derrière son regard placide et ses manières parfaites se cachait un tempérament, certes affable, mais loin d’être docile pour autant.
Raison pour laquelle, lorsque les regards de mère et fille se croisèrent et que celui de la dernière brilla d’irritation face aux accusations de la première, Crestian se mit à craindre le pire. Brianna s’énervait très rarement, méprisant les personnes incapables de contrôler leurs émotions, mais s’il y avait bien une chose qu’elle ne supportait pas, c’était d’être humiliée. Ainsi, désormais que sa mère l’accusait publiquement d’avoir failli à ses devoirs maternels, il la sentit prête à défendre becs et ongles son choix de fiancée, et ce malgré ses réticences premières. En effet, Brianna avait craint cette rencontre depuis le moment où son mari l’avait annoncée, inquiète pour l’avenir de son héritier qu’elle aurait préféré voir épouser une femme à l’ascendance moins questionnable, et ce malgré l’affection réelle qu’elle éprouvait pour Passiflore - qu’elle apprécie la jeune femme ne signifiait pas pour autant qu’elle la considère comme l’épouse idéale pour son fils. Cependant, qu’elle puisse souhaiter une autre union bien qu’elle acceptât celle choisie par son fils ne signifiait nullement qu’elle permettrait à quiconque, fût-ce sa propre mère, de critiquer son engagement envers le bien-être de sa famille et cela tous les Longbottom présents le savaient pertinemment.
Sans surprise, Crestia resta, quant à elle, de marbre face aux accusations de Lady Suzan, bien trop habituée à ne faire que peu de cas de ce que les gens pensaient d’elle. Un instant, Crestian crut qu’elle se permettrait d’interrompre leur grand-mère mais celui-ci passa aussi vite qu’il était venu et la matriarche adressa alors ses reproches directement à Passiflore, allant jusqu’à envahir l’espace personnel de cette dernière. Aucune des trois accusées n’eut cependant l’occasion de s’expliquer car la voix caverneuse de Maximilian Greengrass s’éleva soudain dans la pièce, attirant tous les regards sur lui et provoquant un nouveau silence pesant.
-Suffit ! Suzan, reprenez-vous car vous êtes jusqu’ici la seule à perturber réellement ma tranquillité. La stupidité de la jeunesse n’est pas une nouveauté suffisante pour empêcher le bon déroulement de la soirée. Désirée ou non, la présence de Mademoiselle est désormais un fait et nous devrons tous nous y faire puisque je ne tiens pas à délayer plus longtemps l’apéritif.
Le goût de Maximilian pour l’alcool n’était un secret pour personne, tout comme son mépris pour les libertés prises par sa femme. Leur mariage n’avait après tout jamais été qu’une alliance nécessaire avec la seule héritière Sang Pur capable de supporter son caractère grincheux, à savoir Suzan Carrow, elle-même loin d’être le rêve de tout jeune homme à marier. Ainsi, une fois son opinion exprimée, le vieil homme claqua dans ses mains et une armée d’elfes de maison apporta divers boisons alcoolisées, de quoi plaire à tous les palais.
Profitant de l’occasion, les Longbottom prirent place parmi leurs hôtes mais la tension était encore palpable. Suzan jetait des regards furieux à Maximilian, le tout sans oser s’opposer directement à lui. Quant à Brianna, le feu qui illuminait son regard laissait supposer que l’humiliation qu’elle avait subie n’était pas oubliée. Les hommes de la pièce semblaient, eux, plus incertains sur la conduite à suivre. Crestian se contentait de protéger inconsciemment Passiflore de la vindicte populaire en interposant son imposante silhouette entre sa fiancée et le reste des présents et Benedict semblait prêt à arrêter physiquement si nécessaire toute altercation à venir. La seule qui gardait un calme complètement olympien était Crestia. Et, alors qu’elle exigeait un verre de Pur Malt - s’attirant les regards désapprobateurs des femmes de l’assemblée qui avaient pour la plupart opté pour des liqueurs, réputées plus douces et fruitées et donc plus féminines – elle fut la première à reprendre la parole.
-Passiflore, permettez-moi de vous poser une question. Crestian n’est pas le seul héritier à marier et d’autres familles sont connues pour leurs positions beaucoup plus ouvertes : les Flint par exemple, ou bien encore les Weasley bien que je vous accorde que l’héritier de la branche principale est déjà marié et père. Pourquoi donc avoir porté votre dévolu sur mon frère, sachant les difficultés auxquelles vous auriez à faire face ?
Le ton était parfaitement conversationnel, comme si la question taraudait réellement l’apprentie Professeure. Crestian crut pourtant s’étrangler : qu’espérait donc faire Crestia en pointant de nouveaux tous les feux sur Passiflore ? Sa jumelle n’était-elle pas censée être de leur côté ? Il s’aprêtait donc à remettre vertement sa sœur à sa place lorsque la main de son père se posa sur son épaule et que celui-ci lui murmura discrètement à l’oreille.
-Fais-lui confiance, nous savons tous deux qu’elle est la personne la plus intelligente de la pièce et de beaucoup. Si quelqu’un peut arranger la situation, c’est elle. Sans compter qu’il est temps de laisser à Miss Delacour l’occasion de répondre à toutes les accusations portées contre elle, mieux vaut donc qu’elle s’adresse à Crestia qu’à Lady Suzan.
Dernière édition par Crestian Longbottom le Mar 6 Sep - 19:29, édité 1 fois
Auror
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Re: The time when we were busy playing happy family par Mar 6 Sep - 10:55
Passiflore eut la désagréable impression que le mot « vélane » était sorti des lèvres de lady Greengrass avec un dégoût et une répugnance à peine feints. Elle s’employa à ne rien laisser paraître du profond agacement qui la saisit, si ce n’est un léger tressaillement des ailes du nez lorsqu’elle s’obligea à prendre une discrète et grande inspiration pour rester sereine.
En balayant brièvement l’assemblée Greengrass du regard, la jeune Française lut dans les yeux de chacun les mots qui venaient d’être prononcés par la matriarche. Elle ne savait s’il était judicieux qu’elle prenne la parole. Bien qu’invitée à parler, elle se doutait bien que le moindre de ses arguments ne changerait en rien la méfiance et la colère de Lady Amilia.
L’atmosphère était électrique, aussi bien du côté Greengrass que du côté Longbottom. Se savoir source de cette tension n’aida pas la Vélane à vouloir ouvrir la bouche à nouveau. Le temps semblait s’étirer, et elle n’avait qu’une envie : tourner les talons. L’intervention de Maximilian Greengrass, bien moins désagréable que celle de son épouse, offrit un instant de répit à la Française, qui reprit doucement des couleurs. Elle s’installa calmement sur le fauteuil qui lui était présenté par un elfe de maison, demanda du bout des lèvres la liqueur la plus légère dont ses hôtes disposaient avant de se tourner vers Crestia lorsque cette dernière prit tranquillement la parole.
La jolie blonde se mordit la langue. Venant de Crestia, la question était, bien sûr, de bonne intention. Toutefois, Passiflore se demanda comment elle pouvait présenter une réponse qui pourrait faire changer d’avis les Greengrass, sans trop se dévoiler non plus. Elle jeta un regard vers Crestian, comme pour chercher son accord. Elle passa sa main dans ses cheveux et, après un temps de réflexion, elle choisit de jouer la carte de la spontanéité.
- Avant de tenter de vous répondre, je voudrai revenir sur les mots que vous avez employés, Crestia... Non, je n’ai pas jeté mon dévolu sur votre frère, j’ai choisi de l’aimer. – La jeune femme marqua un temps, et, détournant les yeux de son interlocutrice, regarda celui dont il était question. Je n’ai pas choisi d’aimer Crestian parce qu’il est un Longbottom, parce qu’il est un héritier ou que sais-je encore. J’ai choisi de l’aimer pour la personne qui s’est présentée à mon cabinet il y a quelques mois de cela. Pour la personne humble et respectueuse qui, ce jour-là, en dépit de ses difficultés du moment, a fait preuve de chaleur et d’attention à mon égard... Pour la personne qui a vu en moi autre chose qu’une Française, autre chose qu’une Sang-Mêlée, autre chose qu’une Guérisseuse ou autre chose qu’une créature magique à la triste réputation... Au bras de Crestian, je me sens fière de qui je suis, mais plus encore je suis fière de la personne qu'il a choisi d'être.
En prononçant ces dernières phrases, Passiflore avait tourné les yeux vers Crestia. Les deux jeunes femmes étaient radicalement différentes du point de vue de leur caractère : la Guérisseuse pouvait être tactile et chaleureuse comme la Longbottom pouvait être distante et froide. Emotive et spontanée, la Française espérait toutefois, malgré l’esprit rationnel et cartésien de Crestia, que l’affection amoureuse pour l’une, fraternelle pour l’autre, qu’elles portaient à Crestian les rapprocheraient, et surtout que la Serdaigle se présenterait en un soutien, qui s’avérait, ce soir, plus qu’indispensable.
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Re: The time when we were busy playing happy family par Mer 12 Oct - 22:18
Si lady Suzan était une femme de poigne, Maximilian n’avait en cela rien à lui envier. En une phrase, témoin de son agacement, il avait réduit à néant les diverses tentatives de protestations, ou tout du moins postposé celles-ci. Son timbre grave, manifestement bien trop tenté par les plaisirs de l’alcool que pour supporter l’idée même de s’en priver ne serait-ce qu’une minute supplémentaire, venait cependant d’alimenter grassement le malaise déjà palpable qui régnait parmi les fruits sa descendance.
Ce fut pourtant dans un calme olympien que furent servis les différents spiritueux et liqueurs, des plus amères au plus sucrés. Lenore, qui ne voulait s’obscurcir ni se griser l’esprit dans une circonstance telle que celle-ci, en avait choisi un léger à l’amertume prononcée qu’elle sirotait désormais distraitement en scrutant placidement les convives, tous trop occupés à se toiser que pour remarquer rien d’autre que les œillades les concernant. Alerte, elle laissait glisser ses iris de l’un à l’autre, ouvrant dans le confort de ses pensées les paris sur le déroulé de cet anniversaire. Alors que, dans les prunelles da sa tante, lady Brianna, se consumait encore, fervent, le brasier de l’humiliation, Lady Suzan fulminait et lançait des piques mentales à son époux qui les recevait avec flegme. Serein, ce dernier n’en n’était pas moins tant agacé que par les largesses prises par son épouse que par la présence de l’importune. Car si un fait était indéniable, c’était bien que Maximilian, pas plus que Suzan, n’appréciait la nouvelle venue. Mais contrairement à elle, il préférait davantage se laisser le temps de l’examiner tout en savourant son scotch que de tempêter sans argument recevable pour les Longbottom. Mais il paraissait évident qu’aujourd’hui ou demain, le vieil homme ne manquerait par de marquer son désaccord concernant l’ineptie de Crestian. Pour l’heure, il se livrait donc au même jeu que sa petite fille, ses réflexions se focalisant néanmoins principalement sur la vélane et ses attitudes timides, naturellement non initiées aux codes qui régissent les grandes maisons.
Lady Amilia ne semblait pas plus tolérer la compagnie de la Française que sa belle-famille ne le faisait. Se tenant aux côtés de lady Isobel, elle ne pouvait s’empêcher de faire aller ses pupilles de l’inconnue, qu’elle surveillait d’un œil torve, à son tendre mari, comme pour s’assurer qu’il ne succombait pas au charme maléfique de la créature. Bien qu’elle tentait de masquer avec quelque dignité le dégoût que la fille lui inspirait, l’air circonspect qu’elle affichait ne parvenait toutefois pas à cacher l’aversion qu’elle éprouvait déjà à son égard. Sous ses boucles couleur de soleil, elle glissait d’ailleurs, de temps à autres, quelques mots discrets à l’oreille de sa belle-mère, mots auxquels cette dernière ne réagissait que vaguement, par politesse, elle-même bien trop occupée à tenter de se contenir pour éviter de nourrir le scandale. Isobel n’était pas une femme soumise. Bien que d’un naturel bienveillant et prévenant, elle ne laissait pourtant jamais se propager ce qui l’indisposait, et moins encore ce qui était susceptible de nuire à sa famille. Pour autant, elle savait qu’agir sous la sujétion de la passion ne portait que rarement ses fruits. Et si elle ne s’inquiétait quant à elle pas des ardeurs que pourraient susciter la proximité d’une vélane chez son mari – elle savait après tout que ses faveurs lui étaient acquises – elle n’en n’agirait pas moins, comme à son habitude, dans l’intérêt de sa parenté, mesquinement et dans l’ombre, à coups de manipulations perfides qu’elle était déjà occupée à savamment calculer.
Les autres convives appréciaient quant à eux le cas sans trop oser intervenir. Alors que Crestia, fidèle à elle-même, était restée de glace face aux reproches de sa vénérable grand-mère, elle se tenait désormais aux côtés de sa future belle-sœur, laquelle était à demi-cachée derrière Crestian qui semblait prêt à la protéger de cet ennemi si puissant qui lui faisait face. En l’observant, Lenore ne put que camoufler son sourire. On ne voyait que trop, en ce moment, que sa profession déteignait en tous temps sur sa posture. Bien que sa fiancée ne fut pas accueillie parmi eux comme le plus précieux des cadeaux, il était peu probable que l’un des membres de l’assemblée tente la moindre attaque à son égard. Les Greengrass avaient certes des idées bien arrêtées mais ils étaient, pour la plupart, et hormis sans doute en termes d’idéaux et de politique, relativement pacifiques. De sa vie, jamais Lenore n’avait vu ni son père, ni son frère, ni aucun autre membre de sa famille lever main ou baguette sur autrui. Qu’ils paraissent hautement sévères et tentent d’ingérer la vie de leurs prochain était une autre entreprise, mais jamais celle-ci ne s’était mue en violence physique d’aucune sorte. C’est pourquoi la réaction de Crestian laissait poindre une lueur vive dans les yeux de sa cousine qui, malgré la tragi-comédie qui se jouait dans le salon, le dévisageait sous le joug d’une affection indulgente et d’un certain amusement, il fallait l’avouer.
Ce fut finalement la jeune lady Longbottom qui brisa le mutisme ambiant en interrogeant la guérisseuse sur les raisons de sa préférence, en réaction de quoi Benedict posa sa main sur l’épaule de son fils et lui murmura quelques paroles dont Lenore devinait assez aisément la teneur. S’il eût pu apparaître que Crestia soit soudainement de leur côté, Lenore connaissait suffisamment sa cousine que pour n’être point dupe à ce propos. Sa démarche visait davantage à laisser l’inconnue s’expliquer quant à son volonté de s’unir à l’héritier Longbottom qu’à l’inculper dans toute l’affaire dont il était question. Si l’initiative était généreuse, la principale concernée n’en pâlit pas moins quand elle comprit qu’il était désormais temps pour elle d’oser s’exprimer. Alors que tous les visages se tournaient à nouveau dans sa direction, elle se mordit la lèvre, passa une main mal assurée dans sa chevelure et, enfin, entama sa réponse.
Tout inexpérimentée qu’elle était, Lenore ne put retenir un nouveau sourire lorsqu’elle entendit Passiflore parler d’amour. Soutenant à nouveau son regard, elle tenta presque, dans un mouvement à peine perceptible de la tête, de l’inviter à changer de direction, mais celle-ci n’en perçut rien et s’aventura sur un terrain qui n’avait pas sa place dans le commerce marital de la famille. Si les Greengrass laissaient un certain choix à leurs enfants en la matière, celui-ci était tout relatif, puisqu’en effet strictement calibré et sélectionné avec précaution. Qu’ils souhaitent à leur progéniture un mariage harmonieux et efficace ne signifiait pas pour autant que l’amour y trouve sa place, car l’amour était éphémère et les mariages faits pour la pérennité, et la descendance de la famille en allait de leur bon fonctionnement. Si l’inclination devait finalement être au rendez-vous une fois le mariage contracté, elle n’en restait pas moins un à-côté tout personnel dont on pouvait, certes, se réjouir, mais qui ne devait en aucun cas perturber le bon fonctionnement des affaires familiales. En choisissant d’évoquer ses sentiments, Passiflore venait de commettre une erreur de débutante. Elle eût pu évoquer un tandem efficace, sous-entendre un échange de bons procédés ou tout autre sujet plus terre à terre, mais elle avait choisi d’employer le vocable « aimer » qui, dans la conjoncture actuelle, ne faisait immanquablement pas mouche. En dépit des efforts presque touchants de l’ingénue, l’argument n’était pas convainquant. La réaction ne fut d’ailleurs pas longue à venir. Alors que Marius retenait un ricanement gêné, la voix caverneuse de Maximilian résonna à nouveau dans la pièce.
« C’est un bien beau discours que vous venez de prononcer là, Miss ; attendrissant, je dirais. Mais en admettant que vos intentions soient aussi louables que vous les décrivez, elles n’en restent pas moins très éloignées de la réalité, en retour de quoi, je vous poserai, moi aussi, une question avant que le repas ne nous soit servi, et je vous prierai d’y répondre avec honnêteté, sans vous sentir influencée par les avis des uns ou des autres. »
Alors qu’il étudiait la jeune femme d’un regard inquisiteur, il fit tourner le liquide que contenait son verre, sembla s’y plonger quelques secondes, en but une gorgée et reporta son attention sur celle-ci en savourant son alcool à gestes incroyablement lents. La théâtralité de la gestuelle du grand-père Greengrass était, de l’avis de Lenore, impressionnante d’impassibilité et d’assurance, et elle se surprit à n’en n’admirer que plus son aïeul qui, malgré un tempérament dur et inflexible, était un homme redoutable qu’il était de bon ton de considérer et de respecter.
« Savez-vous, Mademoiselle, pourquoi la majorité des grandes familles comme les nôtres prennent sur elles-mêmes la lourde responsabilité d’élire les époux de leurs enfants ou de s’octroyer un droit de veto lorsque le dévolu de ceux-ci leur paraît inapproprié ? »
La question semblait des plus banales, mais Lenore vit lady Suzan roidir son échine, redresser le menton et plisser les paupières d’un air suffisant en direction de celle qui prétendait épouser son petit-fils. Bien que chacun des membres de l’assemblée eût pu apporter une réponse sensée à l’interrogation et, la plupart du temps, souvent orientée dans une direction similaire à celle de son voisin, celle-ci n’avait toutefois, dans la bouche de lord Greengrass, rien d’une banalité innocente, et les termes que choisirait d’employer Passiflore seraient, à coup sûr, des armes à doubles tranchants capables de servir comme, plus probablement, de desservir une cause perdue d’avance.
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Re: The time when we were busy playing happy family par Jeu 20 Oct - 12:17
Pourtant, à la surprise de Crestian, ce ne furent ni sa tante ni sa belle-cousine qui prirent la parole – pas même sa grand-mère ! – mais nul autre que le patriarche Greengrass. Maximilian planta sur Passiflore son regard empreint de l’expérience de toute une vie passée à écraser les adversaires suffisamment stupides pour s’interposer entre lui et ses objectifs, et son petit-fils craignit le pire. Car si, à côté de la place prise au sens propre comme figuré par Lady Susan, il pouvait être facile d’en oublier son mari, ce dernier était tout aussi dangereux, si ce n’est plus. Il était après tout le seul être humain capable de faire taire son épouse. Ce n’était pas une mince affaire mais, à la connaissance de Crestian, jamais Maximilian n’avait perdu une joute verbale contre sa femme. Un exploit dont il était le seul à pouvoir se glorifier à ce jour.
Il écouta donc avec les dents serrés le discours de son aîné et dut se mordre la lèvre pour ne pas répondre à la place de sa fiancée. Il savait néanmoins que s’il voulait laisser la moindre chance à Passiflore de gagner au moins une once du respect des Greengrass, il devait la laisser répondre seule. Il ne s’agissait là que d’un test de plus. Un test arrangé pour que toute solution soit défectueuse mais il savait pertinemment que telle serait la situation avant même d’arriver au manoir. Il avait néanmoins insisté pour que Passiflore vienne car il fallait en passer par cette étape. C’était un mauvais moment à passer, une couleuvre à avaler avec le sourire, et ensuite ils auraient la paix. Car, pour autant que sa famille maternelle n’accepterait jamais publiquement la future Lady Crestian Longbottom, ils ne pouvaient cependant rien faire de concret pour s’opposer à l’union future. Qu’ils la renient ou non, Benedict avait offert sa bénédiction au jeune couple et rien ni personne ne pouvait contredire l’avis paternel. Crestian était après tout un Longbottom et non pas un Greengrass. Or, il était de notoriété publique que les Longbottom derrière un extérieur rigide ne faisaient rien comme personne en ce qui concernait les unions matrimoniales.
En effet, sans jamais avoir obtenu le qualificatif de traîtres à leur sang comme cela pouvait être le cas des Flint ou des Weasley, ils n’en étaient pas moins des électrons libres qui – bien que la majorité d’entre eux suivît les règles de la haute société sorcière – avaient déjà plus d’un mariage excentrique à leur palmarès. Aux repas de famille, il n’était ainsi pas rare de parler de Katherine Longbottom qui, au début du quinzième, avait tout quitté – famille, fiancé et pays – pour parcourir les mers du monde et était rentré des années plus tard au bras d’un homme noir comme la nuit avec deux petites métisses de dix et six ans. Tous les jeunes Longbottom grandissaient sans bien savoir s’il fallait révérer l’héroïne partie à la découverte du monde ou mépriser l’esprit rebelle qui avait préféré un ancien esclave à l’homme choisi par ses parents. Bien évidemment, cette branche de la famille ne portait plus le nom de Longbottom et pouvait aisément être oubliée mais c’était un exemple de plus de l’esprit libre des membres du clan.
Sans remonter si loin, quand il était petit, Cyriac adorait se faire raconter l’histoire de son homonyme, le frère de leur arrière-grand-père qui, au cours d’une mission en tant qu’Auror, avait sauvé une magnifique jeune fille des griffes d’un loup-garou sur le point de la déchiqueter. Subjugué par sa beauté et sa simplicité, il avait juré de vivre à ses côtés malgré le fait qu’elle fût une moldue. S’il avait été le cadet de la fratrie, leur union aurait pu être acceptée - ou tout au moins tolérée - sauf qu’il était l’héritier. Alors, choisissant l’amour plutôt le devoir, il avait renoncé à son droit d’aînesse et c’était la raison pour laquelle ils étaient désormais la branche héritière de la famille. Bref, une histoire pleine d’aventures et de romantisme, juste ce qu’il fallait à son frère à l’imagination débordante.
Un instant, il se demanda s’il serait prêt à faire la même chose pour Passiflore et l’absence de réponse immédiate lui fit peur. Il repoussa cependant bien vite cette pensée. Il n’y aurait pas à en arriver là. Ses parents avaient accepté Passiflore, il n’avait donc pas à imaginer le pire. Sans compter que penser une seconde à laisser toutes les responsabilités de chef de famille entre les mains de son frère avait de quoi lui donner des sueurs froides. Il avait beau adorer le Poufsouffle, il était bien trop impulsif pour faire un bon héritier. Parfois, il se demandait sérieusement s’il y avait quelque chose que le jeune batteur ne serait pas capable de faire. Car, il avait beau être le Gryffondor de la fratrie, Cyriac était bien plus rentre-dedans que lui. La différence c’est qu’il ne se mettait jamais dans les ennuis par lui-même mais toujours pour aider quelqu’un d’autre – en cela un bon Jaune-et-Noir.
Pour ne citer que ses derniers exploits, si on laissait de côté la débâcle avec le fils Mérindol, il avait récemment failli perdre son poste de capitaine de l’équipe de Quidditch pour avoir vicieusement attaqué des Gryffondor de septième année qui avait décidé de s’en prendre à deux Serpentards de qinuième année. Apparemment, ils auraient été trop proches pour deux garçons et les Gryffondor avaient décidé de leur apprendre la morale à leur façon, ce que son frère n’avait nullement apprécié. Son père non plus soi-dit en passant puisqu’il n’avait même pas considéré utile d’écrire à Cyriac pour le réprimander. Que les deux Serpentards se soient ou non adonné à des penchants mal vus en société mais pourtant tolérés derrière une porte close – car personne n’était suffisamment dupe pour ne pas savoir que plus d’un célibataire endurci était en réalité plus que cela, y compris dans les plus grandes familles – Benedict avait toujours eu en horreur qu’on s’en prenne à plus faible que soi. Horreur qu’il avait transmise à ses trois enfants. Cyriac était juste le seul à la démontrer immédiatement avec sa baguette. Quoique, pour être tout à fait honnête, alors qu’il attendait comme tous les présents la réponse de Passiflore, Crestian n’aurait pas dit non à lancer un petit maléfice discret envers tous les bigots de la pièce.
- HJ:
- Bon, ça ne fait pas vraiment avancer le Schmilblick mais il fallait laisser à Passi l'occasion de répondre. En espérant que ça vous plaira/inspirera tout de même
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Re: The time when we were busy playing happy family par Dim 27 Nov - 14:15
Elle soutint, poliment, le regard du patriarche de la famille lorsqu’il s’adressa à elle, choisissant d’ignorer les éventuels sourires moqueurs ou rictus affligés. Elle observa le geste soigné de l’amateur de spiritueux, attendant patiemment la question qui, de toute façon, ne pouvait être pire que celle posée par Crestia.
Passiflore regarda longuement son aîné. Elle entrouvrit les lèvres, s’apprêtant à répondre, puis se ravisa. Un instant, elle songea à ses parents. Elle imaginait son père, jeune homme, se présenter devant sa grand-mère maternelle. Sa mère avait déjà essuyé un profond courroux et des menaces sans précédent lorsqu’elle avait annoncé qu’elle avait choisi d’épouser un Moldu, mais lorsque ce dernier s’était retrouvé, dans la maison Delacour, pour demander la main de sa chère et tendre, la colère de la matriarche avait été terrible. Toutefois, Philippe de Grasse avait su trouver les mots et gagner le respect de cette adversaire. Qu’avait-il dit ou promis à sa grand-mère, Passiflore n’en avait pas la moindre idée. En revanche, elle savait que, jusqu’à sa mort, Valériane Delacour les avait chéri et protégé contre le reste de la famille, farouchement opposée à cette union.
La Vélane n’espérait pas parvenir à cet exploit avec les Greengrass, et la question posée par Maximillian ne la rassurait guère, tant la réponse lui paraissait évidente. Quels mots attendait le maître de la maison ? Elle baissa les yeux un instant. Oui, elle connaissait les réponses à cette lourde question. Mais ce soir, en dépit des convenances et de la situation déjà délicate, elle ne voulait pas courber l’échine. La jeune femme inspira, et entreprit de répondre :
- J’ai bien peur, malheureusement, des les connaître, ces raisons, mais de ne vouloir les exprimer. Savez-vous, Monsieur, que ce sont ces mêmes raisons qui ont motivées, il y a de cela neuf années, l’assassinat de mes parents, par mes propres oncles, tantes et cousins ? Oui, ma mère était une Vélane, et mon père un Moldu. Ils s’aimaient d’amour sincère, ce même amour que Crestian et moi-même éprouvons l’un pour l’autre, ce même amour qui vous fait sourire, tant cela vous paraît absurde, puéril et inconcevable.
La jeune femme battit des cils en sentant sa voix perdre pied. Elle serra doucement les pans de sa robe, et s’attacha à soutenir, non sans respect et douceur, le regard de Maximillian Greengrass.
- Mon père s’était présenté à ma grand-mère, qui avait, d’une certaine façon, votre place ce soir. Je ne sais ce qu’il lui avait dit mais elle lui avait laissé sa chance, quand bien même il avait eu l’audace de se montrer, lui, le Moldu provincial, à la Capitale, dans la maison Delacour. Ma grand-mère, Valériane Delacour, avait offert sa bénédiction à mes parents. Ils avaient choisi Grasse, la ville des fleurs et des parfums. Ils ne gênaient personne, vous savez...
Elle marqua une pause, et esquissa un sourire triste.
- Quand je suis arrivée au Royaume-Uni, pour fuir, j’avais peur. Peur de retrouver ce qui m’avait fait quitter la France. La guerre que l’on craint tant ici, la France la vit depuis des années déjà. Il y a des années qu’en France, des familles se déchirent et s’entretuent. A Beaux-Bâtons, où j’ai étudié, les étudiants et les professeurs prenaient part, indirectement, au conflit. Combien de brillants élèves, Sang-Mêlés, Moldus, ou même Sang-Purs, ont souffert de cette guerre ? Tous, sans exception, ont perdu au moins un proche au cours de leur scolarité. C’est la guerre, me direz-vous... Alors oui, le Royaume-Uni m’est apparu paisible et m’a offert la nouvelle vie dont j’avais besoin. Je dois beaucoup à votre pays, souffla-t-elle en regardant l’assemblée.
Elle se tut. Elle s’était égarée, dans son discours qui allait très certainement sonner creux aux oreilles du patriarche, et de la famille tout entière. La jeune femme espérait ne pas perdre de crédit aux yeux du couple Longbottom. Elle acheva son palabre sur ces quelques mots :
- Effectivement, Monsieur, je sais pourquoi la majorité des grandes familles choisissent les époux de leurs héritiers. Je le sais, mais je pense que jamais je ne pourrais le comprendre, ou tout du moins les accepter.
Enfin, elle souffla :
- Merci de m’avoir écoutée.
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Re: The time when we were busy playing happy family par Mar 10 Jan - 17:53
La jeune Française en avait probablement conscience, mais elle choisit toutefois de prendre le risque de ne pas offrir de réponse concrète à son interlocuteur, préférant revenir sur ses origines basses et les circonstances de son arrivée en Angleterre. L’éclair qui passa dans les prunelles de Lady Amilia quand elle évoqua ce dernier point traduisit d’ailleurs avec justesse le fond de la pensée de chacun : assurément aurait-elle mieux fait de ne point quitter la France et de ne point les encombrer de telles simagrées. La vélane – ou demi-vélane, quelle différence pouvait-il bien y avoir ? – bien qu’ayant indubitablement dû noter ce rictus, n’abandonna pas en si bon chemin et renchérit de la manière dont elle avait entamé sa réplique en spécifiant que si les motifs qui poussaient les grandes familles à diriger les mariages de leurs enfants ne lui étaient pas inconnus, elle ne les cautionnait nullement.
Entendant cela, Lenore ne put retenir une grimace, la première véritable depuis l’arrivée de l’inconnue parmi leur assemblée, et se retint de justesse d’intervenir là où l’on ne requerrait probablement pas son avis. Tout aussi honorables qu’étaient les intentions de la fiancée de Crestian en ne souhaitant pas s’abaisser – car tel était visiblement son point de vue – à énoncer une opinion à laquelle elle n’accordait de toute évidence aucun crédit, elle n’en venait pas moins de perdre toute possibilité de gagner les faveurs de leurs aînés. Car en admettant qu’ils aient, d’une façon ou d’une autre, accepté d’accorder le bénéfice du doute à l’ascendance précaire de celle qui prétendait épouser leur petit-fils, le fait même que celle-ci exprime tout haut ne point pouvoir accepter l’une des règles de conduite qui régissait leur famille finit de les convaincre que cette entreprise n’en valait pas la peine. Maximilian n’était d’ailleurs pas dupe, et il comprit vite qu’il serait inutile de palabrer longuement sur le sujet tant une telle discussion se révélerait vaine et stérile. Aussi, après avoir longuement et silencieusement observé la jeune femme, il se contenta de perdre une ultime fois ses pupilles dans le fond de son verre, d’en faire tanguer les restes d’alcool et, après un regard appuyé, sourcils haussés, en direction de Suzan, de déclarer simplement : « Passons à table ! ».
Lenore avait vu juste. En évitant de répliquer franchement, Passiflore Delacour venait de perdre une bataille décisive, et le fait même que Maximilian ne daigne pas revenir sur ses propos soulignait le peu d’importance qu’elle aurait désormais à ses yeux. Non pas qu’il fut incapable de s’attendrir sur le triste sort de sa famille ni sur les conditions qui l’avaient poussée à traverser la Manche, mais ce qui se jouait céans était d’un autre acabit, lequel requérait qu’il se montre intraitable sur certaines matières.
C’est donc dans un silence presque religieux que tous prirent place autour de la table où une assiette avait, en dépit des circonstances, été ajoutée et où une entrée froide leur était présentement servie dans l’espoir un peu vain qu’elle les aiderait à faire passer la couleuvre indigeste qu’ils tentaient de digérer, chacun à leur façon. Si tous semblaient momentanément s’accommoder de l’idée de se concentrer sur la beauté de l’argenterie, Lady Suzan, qui n’avait détaché son regard de la jeune femme blonde depuis plusieurs minutes déjà, regagnait visiblement en confiance et vivacité, et c’est ce moment qu’elle choisit pour reprendre la parole, d’un ton autrement plus aimable que celui qu’elle avait précédemment employé, mais qui ne trompait personne.
« C’est une histoire fascinante que la vôtre, Miss Delacour. Vraiment fascinante. Et comme votre arrivée en Angleterre a dû se faire dans des conditions éprouvantes ! »
Sereine, Suzan marqua un temps de silence lorsqu’un elfe de maison vint remplir son verre d’un vin clair comme une eau de pluie, avant de reprendre flegmatiquement, telle une vipère s’enroulant lentement autour de sa proie.
« Vous seriez bien surprise, par ailleurs, de nous découvrir aptes à y prêter une oreille compatissante. Oh, ce n’est pas que nous trouvions l’amour absurde ou inconcevable, bien au contraire… »
Une nouvelle pause et, dans un geste théâtral qui sonna comme un écho à celui de son époux, Lady Greengrass but, dans une extrême délicatesse, une gorgée du moelleux qui venait de lui être servi et Lenore ne put s’empêcher de redresser le regard pour observer une gestuelle aussi admirable que calculée.
« Nous sommes tous tributaires de notre histoire, n’est-ce pas ? »
Une lueur amusée passa dans ses prunelles claires et, visiblement par avance satisfaite d’elle-même, elle esquissa de trinquer en direction du couple Longbottom-Delacour.
« Vous qui parlez de la vôtre pour faire fi de la question de mon époux, vous semblez plus que quiconque apte à comprendre l’importance d’un tel capital. Ceci étant, peut-être ne m’avancerais-je pas trop imprudemment en affirmant que vous pourriez vous intéresser au nôtre également ? »
Manifestement particulièrement fière d’elle-même, la matriarche se tourna, pour leur surprise à tous, y compris de l’intéressée, vers Lady Amilia, dont la jeunesse cristalline rivalisait de charme avec celle de leur invitée.
« Amilia, peut-être pourriez-vous nous faire part, à votre tour, de l’histoire de vos plus proches aïeuls ? »
Alors que Suzan lui offrait un sourire encourageant, Amilia qui, à défaut de posséder une véritable vigueur d’esprit, évoluait en toutes circonstances avec douceur et grâce, plia poliment sa serviette et la reposa sur la table avec raffinement avant de redresser la tête et de leur accorder à tous une œillade sereine, manifestement comblée d’avoir à son tour droit au chapitre.
« J’en serais honorée, Lady Suzan. Mon père, Lord Giffard Yaxley, en plus de gérer les affaires du comté de Cornwall, dans le Sud, est juge au Magenmagot, ce qui n’est pas sans accaparer la majorité de son temps. Son épouse, Lady Daphné, née MacMillan, a elle-même un parent d’origine française. Feu ma grand-mère, Jehanne de Guernisac, est en effet bretonne. Cette branche de ma famille s’est illustrée dans de nombreux faits d’armes, notamment à Vado et Carthagène. Ma grand-mère était très attachée à sa terre natale, mais elle a trouvé en la famille MacMillan des honneurs tout aussi grands que ceux qu’elle laissait sur le sol français. C’est donc tout naturellement qu’un mariage avec la famille Yaxley qui, par l’intermédiaire de mon grand-père paternel, lord Gilderoy Yaxley, est intervenue de façon décisive dans le dénouement de la révolte des gobelins, a été contracté entre mes deux parents. Et très bientôt, nous aurons l’immense honneur de célébrer les épousailles de mon jeune frère, Gilroy, avec lady Katherin Shafiq. »
Ayant conclu son monologue, lady Amilia, qui brillait sous les iris bleutés de son époux, offrit un regard appuyé et faussement amène à miss Delacour. En-deçà ses origines françaises qui avaient valu à Maximilian et Suzan Greengrass d’émettre quelques réticences au sujet de son mariage avec leur petit-fils, Marius, Lady Amilia incarnait au plus haut point les vertus la bru idéale. Fière et parfaitement éduquée, elle était l’archétype de l’épouse parfaite. Outre la qualité de son sang, son obéissance à toute épreuve et sa beauté d’ivoire – naturelle, en ce qui la concernait – elle pouvait en effet se targuer d’origines irréprochables qui résonnaient harmonieusement avec les vertus des familles les plus nobles. Elle était même parvenue, fait non négligeable, à rapidement faire oublier aux plus âgés des Greengrass son ascendance bretonne, gommée derrière de parfaites manières d’aristocrate anglaise. En ce sens, la demande qui avait émané de lady Suzan à son encontre n’avait rien d’innocent. Elle devait démontrer, sans rien en dire, que si Crestian était en manque d’exotisme, il lui serait tout à fait possible de s’attirer les faveurs d’une famille plus prestigieuse. Bien qu’ils aient toujours favorisés les produits du terroir, y compris en termes matrimoniaux, les grands-parents Greengrass avaient bien conscience qu’une union similaire à celle de Marcus et Amilia serait de loin préférable à celle de Crestian et Passiflore. L’ensemble de ce que représentait le dernier membre de la famille avait en effet suffi à effacer le léger écart de sa filiation ce qui, en aucun cas, ne serait l’apanage de la guérisseuse qui soupait en leur illustre compagnie. L’une et l’autre ne venaient pas des mêmes milieux et, s’il était encore nécessaire de le souligner, en aucun cas elles ne pourraient bénéficier des mêmes prérogatives.
« Merci, Amilia, reprit simplement Suzan. Il m’est toujours extrêmement plaisant d’entendre la passion dans votre voix lorsque vous vous exprimer au sujet de votre famille. »
Et sans ajouter le moindre mot, si ce n’est celui, silencieux, qu’elle accorda à son mari dans un demi-sourire auquel, contre toute attente, il répondit, lady Suzan consentit enfin à goûter les mets qui s’étalaient pompeusement devant elle.
- HJ:
- Désolée pour le délai de réponse...
Dernière édition par Lenore I. Greengrass le Sam 1 Avr - 12:05, édité 2 fois
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Re: The time when we were busy playing happy family par Sam 4 Fév - 18:52
En termes plus crus, s’il avait fallu décrire la femme de Marius, Crestian l’aurait qualifiée de « fade ». Elle manquait de personnalité derrière un parfait extérieur. Elle n’était qu’une copie de plus des idéaux Sang-Pur, en cela interchangeable avec tant d’autres. Peut-être était-il trop dur, n’ayant jamais fait l’effort d’apprendre à la connaître plus en profondeur, mais l’occasion ne s’était pas non plus présentée. Pas plus qu’il ne l’avait cherchée soi-dit en passant, bien trop confortable dans la distance qui les séparait. Pourtant, désormais qu’elle étalait son pedigree sans défaut au vu et au su de tous les présents, trop heureuse de briller soudain aux yeux des convives rassemblées pour l’occasion, il ressentit pour la première fois depuis leur rencontre une profonde haine pour cette femme qui, n’étant pas plus digne que Passiflore de porter le nom qui était désormais le sien, ne paraissait que trop heureuse de rabaisser cette dernière.
Car il n’était pas plus idiot qu’un autre et avait parfaitement compris la manœuvre de Lady Susan en interrogeant la plus récente des Greengrass. La comparaison entre les deux jeunes femmes ayant un jour prétendu intégré les rangs de la famille n’était pas en faveur de Passiflore et l’Auror se mit alors à haïr avec une ferveur renouvelée toutes les règles qui décidaient de la valeur d’un individu à la naissance. A défaut de pouvoir changer la situation, il en perdit néanmoins l’appétit et, lorsque les entrées firent leur apparition, apportées par une armée d’elfes de maison, il ne toucha pas même à son plat. A la place, son regard croisa celui de sa fiancée et il essaya de lui insuffler à distance tout le courage et l’amour dont il disposait. En effet, comble de l’insulte, au lieu d’être installée à ses côtés – ce qui lui aurait permis de lui prendre discrètement la main sous la table pour s’excuser du comportement de ses proches – la Française avait été reléguée en bout de table, comme l’invitée indésirable qu’elle était.
Malheureusement, pour autant qu’il se creusât les méninges, Crestian ne voyait pas comment changer la situation. Tout avait déjà été dit et rien n’y avait fait, Susan et Maximilian ne considéraient pas Passiflore digne de lui. Pire, ils semblaient désormais tout juste prêts à tolérer sa présence pour le reste de la soirée si elle se faisait oublier. Ainsi, la conversation avait repris entre les hommes de la table lorsque Marcus avait demandé l’avis de Benedict sur une quelconque affaire politique et que ce dernier avait répondu, après un rapide échange de regard avec sa femme. Crestian comprenait qu’il s’agissait probablement de la moins pire des situations - continuer comme si de rien n’était et prendre congé au plus vite - mais l’ambiance étouffante lui pesait. Il rêvait d’affirmer haut et fort ses opinions sur la situation – et le sourcil peu impressionné que sa sœur lui avait dirigé laissait supposer qu’elle devait le deviner également – mais il avait encore assez de jugeote pour réaliser qu’il ne ferait qu’empirer les choses.
Heureusement, sa nature taciturne découragea quiconque de tenter de lui adresser la parole durant le dîner. Ou bien était-ce le regard fermé qu’il adressait à quiconque autre que Passiflore qui cherchait à attirer son attention ? Il faillit pourtant entamer un semblant de conversation avec Lenore au moment du plat principal mais la mère de celle-ci choisit cet instant précis pour exiger l’attention de sa fille. Comme si elle craignait le résultat du débat entre cousins. A la place, il entama donc une conversation non-verbale avec sa bien-aimée si merveilleusement ignorée par Lady Amilia qui semblait considérer le fait d’être assise à ses côtés comme une indignité. Un instant il regretta de ne pas être Legilimens pour pouvoir au moins communiquer des émotions à Passiflore mais réalisa bien vite qu’il n’avait pas besoin de cela. Il était un sorcier de talent, capable des sorts de métamorphose les plus avancés. Alors, vérifiant que l’attention de la tablée était toujours détournée de sa fiancée, il lui fit un clin d’œil avant de transformer la serviette délicatement posée sur ses genoux en une belle rose sans épines.
Face au regard insistant de sa mère, il défit cependant son sort et se reconcentra sur la conversation en cours, hochant la tête à intervalles réguliers pour donner l’impression de s’intéresser un tant soit peu à ce qui était dit. Son esprit, lui, était pourtant toujours tourné vers le fond de la table, et se sentant d’humeur un peu plus légère, il retenta son coup. Sauf que, cette fois-ci, la serviette de la Française prit la forme d’une jolie hermine endormie. L’Auror espérait ainsi redonner un peu de contact chaleureux à sa bien-aimée. C’était néanmoins sans compter sans l’allergie d’Amilia à tout type de mustélidé. La jeune femme se mit ainsi à éternuer de façon fort peu gracieuse, ses yeux rougissant à vue d’œil. Paniquée, elle se leva de la table, cherchant certainement à échapper à l’humiliation publique. Cependant, en faisant cela, elle réveilla l’animal endormi qui, dans un feulement indigné, sauta à terre avant de s’enfuir direction la sortie. Non sans d’abord faire trébucher un des elfes apportant le gâteau du dessert.
Le désastre fut néanmoins promptement évité par les réflexes toujours au point du patriarche Longbottom. Benedict arrêta en effet en plein vol la chute du chef d’œuvre avant d’aider l’elfe à reprendre pied. Pendant ce temps, Marius et Isobel s’étaient approchés d’Amilia pour lui prodiguer les premiers soins. Quant à Crestian, il resta assis comme le crétin qu’il se sentait être. Pourquoi avait-il fallu qu’il joue au plus malin et cherche à aider Passiflore alors qu’elle avait largement prouvé être capable de supporter seule l’attitude de ses proches ? Au lieu d’attendre la fin du dîner tranquillement et de quitter les lieux sans plus d’histoire, il venait une fois de plus de mettre sa fiancée dans l’embarras. Et il ne voyait pas comment la tirer de ce mauvais pas sans aggraver la situation. Car nul doute que s’il prenait sa défense, cela se retournerait contre eux. Tout comme si Passiflore cherchait désormais à user de ses talents pour aider Amilia. Heureusement, comme à chaque fois qu’il se ridiculisait en présence de sa jumelle, celle-ci vint à sa rescousse – parfois il se disait qu’elle aurait dû être l’Auror et pas lui. Ainsi, profitant du fait qu’elle était la deuxième voisine d’Amilia et que sa cousine par alliance avait les yeux suffisamment touchés pour ne pas bien avoir vu la direction d’où venait l’animal originellement, elle s’exclama, toujours aussi franche et calme :
-Toutes mes excuses Lady Amilia. Je ne vous savais pas allergique sinon jamais je n’aurais joué avec votre santé. Je suis peu amie des longs repas et ait pour habitude de faire passer le temps par des sorts de moindre importance dont la métamorphose présente. Croyez bien néanmoins que si j’avais su les résultats de mon passe-temps, je me serais bien tenue de m’y adonner.
Ou de comment s’excuser dans les formes sans donner l’impression de croire à un mot de ce qu’on disait.
- HJ:
- A mon tour de vous avoir fait attendre. J'espère que l'attente aura valu le coup
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Re: The time when we were busy playing happy family par Mar 21 Fév - 17:17
L’isolement en bout de table contenta parfaitement Passiflore, espérant ainsi se faire oublier. L’attention des convives allait se concentrer vers le milieu de la table, lui permettant ainsi d’être discrète et effacée ; ce que, finalement, on lui intimait de faire. Cependant, Lady Suzan sembla se faire un plaisir de revenir sur les derniers propos de la Française. Quand elle lui adressa la parole, sous formes de sous-entendus et de questions plus que vexants pour la jeune femme, celle-ci n’offrit pas un sourire à son interlocutrice, qui, de tout évidence, n’attendait pas la moindre réponse de sa part, se délectant de son propre discours et de son attitude.
Passiflore s’efforça toutefois de regarder Lady Amilia, lorsque celle-ci prit la parole, avec toute l’attention et la douceur dont elle faisait preuve au quotidien. Elle haussa les sourcils et esquissa un sourire surpris à l’évocation des racines bretonnes de la jeune femme, soutenant poliment son regard.
La française se souvint avec tendresse d’amies et de camarades bretonnes de Beaux-bâtons, qui s’avéraient être parmi les étudiantes les plus affirmées et mémorables de l’école. La compagnie de ces dernières pouvait être parfois fatigante, tant elles débordaient de vitalité et de soif d’aventures et de liberté. Ainsi, Passiflore ne douta pas un instant de la véracité des propos de Lady Amilia sur sa grand-mère ; elle regretta, silencieusement, que son interlocutrice n’ait pas la sympathie et le caractère qu’elle avait pu apprécier de ses camarades d’école. Elle regarda la jeune femme. Pendant une fraction de seconde, elle envia le fait qu’elle ait été acceptée au sein de la famille Greengrass ; puis, elle regarda l’assemblée, qui s’était bien vite désintéressée de la jeune femme. Aussi, elle s’interrogea sur son quotidien de femme mariée, et ressentit une légère angoisse à l’idée qu’une existence puisse être menée de la sorte, entre faux-semblants et mondanité. Passiflore eut un léger soupir, presque soulagé, à l’idée de mener une vie bien différente de celle terne et sans saveur de sa voisine de table.
Presque ragaillardie par ses pensées, elle esquissa un tendre sourire à Crestian. Elle haussa un sourcil étonné lorsque ce dernier lui fit un clin d’œil et baissa les yeux vers ses genoux. L’apparition de la rose la fit sourire, mais elle s’obligea à ne pas la regarder. Des yeux, elle remercia son fiancé, touchée de l’attention de ce dernier. Elle perdit un peu son sourire en pensant au lendemain, et en imaginant leur conversation une fois qu’ils seraient seuls. Il semblait bien moins atteint qu’elle ne l’était par les propos et le froid glacial qui l’avaient accueillis ici, et elle craignait d’apparaître pessimiste en évoquant le sujet de fiançailles.
Ses pensées sombres furent interrompues par l’apparition, encore plus surprenante, d’une douce hermine sur ses genoux ; son contact chaud et rassurant fit sourire la jeune femme. Alors qu’elle s’apprêtait à l’effleurer du bout des doigts, sa voisine fut prise d’un violent sursaut et éternua bruyamment. L’animal endormi se redressa sur les cuisses de la Vélane et, d’une impulsion, sauta au sol avant de s’enfuir en courant. La jeune femme grimaça en imaginant les catastrophes à venir, qui furent toutefois anticipées et prévenues par Benedict Longbottom en personne, faisant preuve d’une efficacité à tout épreuve.
Passiflore regarda Lady Amilia, tiraillée entre son devoir de Guérisseuse et le statut de fiancée indigne qui lui collait à la peau depuis le début de la soirée. Elle esquissa un geste pour se lever et aller à la rencontre de la jeune femme qui s’époumonait, mais fut retenue par le regard appuyé des convives et par la prise de parole de Crestia. La Guérisseuse ferma les yeux, frustrée par la situation, puis les rouvrit en soupirant. Elle s’accorda un regard appuyé à la victime de l’allergie pour écarter un éventuel oedème trop important et risquant d'attenter à la santé d'Amilia puis, voyant que les beaux-parents s’affairaient efficacement autour d’elle, fut soulagée de ne pas avoir à s’approcher du petit groupe. Elle tourna alors son regard vers Crestia et la remercia des yeux, comme elle l’avait fait un peu plus tôt avec son jumeau.
Tremblante, elle posa ses mains sur sa serviette en tissu et serra cette dernière, s’efforçant de ne pas baisser les yeux. La soirée était catastrophique, et le pire, c’est qu’elle n’était pas terminée. Passiflore n’osait imaginer les remarques qui allaient fuser une fois que Lady Amilia serait remise et que le dîner reprendrait son cours.
« Que ça se termine, par Merlin », pensa-t-elle très fort, ne rêvant, à ce moment-même, qu’à être emmitouflée dans une couverture chaude, assise sur son fauteuil préféré, un livre dans les mains et accompagnée d’une tasse de thé chaud.
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