Magnum Opus :: Royaume-Uni :: Irlande
Les agneaux du saigneur [Alan Thorne] par Sam 26 Sep - 22:51
Son attaque à Sligo avait en effet mis le feu aux poudres dans l’île et c’était la population toute entière qui croyait désormais percevoir des vampires à tous les coins de rue. Pourtant, suite à l’échec monumental d’O’ Hary et Rosenthal à Whitehill – échec qu’il s’était fait un plaisir de renvoyer à la figure de l’Irlandais dans une vengeance parfaitement symétrique à l’affront que le tas de muscles lui avait fait suite aux blessures causées par Bower Jr – Lester avait préféré calmé les ardeurs de ses troupes et les routes d’Irlande n’avaient jamais été aussi sûres. La peur, lorsqu’elle s’est infiltrée jusqu’au plus profond des âmes, ne disparaît néanmoins pas du jour au lendemain. Des milices avaient par conséquent commencé à faire leur apparition ici ou là, semant le doute et la méfiance dans les esprits et n’hésitant pas à recourir à la violence pour obtenir des aveux, qu’ils fussent réels ou imaginaires important peu.
Sans surprise, les alentours de Sligo avaient été les plus touchés par cette fièvre populaire et c’était ainsi dans la bourgade de Droim Chliabh que la première sentence était tombée. Une vieille femme y vivait en effet isolée depuis plus de deux décades, n’apparaissant au village qu’une fois de temps en temps pour s’approvisionner en bois de chauffage. Les rumeurs les plus folles avaient toujours couru sur son compte, de la plus farfelue à la plus terrifiante, certains prétendant qu’il s’agissait d’une sorcière exilée, d’autres d’un hybride mi femme, mi goule. Personne n’avait cependant jamais osé s’approcher de sa demeure pour vérifier les ouï-dire, de peur d’en subir les conséquences. Toutefois, il ne fait jamais bon être le vilain petit canard au beau milieu d’un banc de cygnes en période de chasse aux sorcières. Ainsi, puisque c’était des vampires que le peuple voulait, c’était des vampires qu’on lui avait donné. Ou en l’occurrence une vampire.
Un bûcheron avait en effet prétendu avoir aperçu la vieille couverte de sang un soir de pleine lune alors qu’il rentrait chez lui, tandis que des cris horribles s’élevaient de sa proximité. Il n’en avait pas fallu plus pour que les hommes du village s’arment de fourches, de gousses d’ail et de crucifix et rentrent chez la pauvre femme manu militari. Cette dernière avait ensuite été conduite jusqu’à une étable proche où elle avait été enfermée et enchaînée à un pilier, un cercle de crucifix entourant sa personne pour l’empêcher de s’enfuir tandis que les plus robustes des jeunes du village montaient la garde à l’entrée du bâtiment. Il n’avait alors plus fallu que se rendre chez l’Inquisiteur le plus proche pour exiger sa présence pour un procès en bonne et due forme.
Bref, une histoire digne d’un roman de cape et d’épées si les protagonistes n’en avaient pas été une vieille pathétique et une bande de villageois ignorants. Kenneth ne s’en conformait cependant pas. Il voyait en effet là l’occasion idéale de faire d’une pierre deux coups. Lui qui n’était pas encore totalement remis de ses blessures, il pourrait ventiler une partie de ses frustrations sans risques de représailles de la part de quiconque tout en apprenant un peu plus sur le fonctionnement concret d’un procès de l’Inquisition. Il n’avait personnellement jamais trouvé le moindre intérêt à la question mais, au vu de la situation dans le monde sorcier, Alceste Gaunt lui avait demandé de se tenir le plus informé possible sur la question. Et s’il n’estimait pas avoir à recevoir d’ordres de la sorcière, il la respectait suffisamment en tant qu’alliée pour accepter de se rendre agréable à ses yeux. Sans compter qu’elle avait su piquer sa curiosité lors de leur dernière entrevue et il avait hâte de savoir quelle récompense elle lui réservait en cas de satisfaction. Non pas qu’il ait eu besoin de quoi que ce fut, mais cela faisait fort longtemps que le concept de la hâte n’était plus qu’un mot de vocabulaire et plus une réalité de son quotidien, alors se découvrir de nouveau impatient l’avait amusé plus qu’autre chose.
C’était donc habillé d’une simple chemise de toile et d’un pantalon aux trois quarts rapiécés, tenue qu’il arborait dès qu’il souhaitait se mêler à la populace moldue pour tromper la vigilance d’un bon père qu’il se dirigeait vers le lieu du procès public. Il avait volontairement noirci son visage et débroussaillé ses boucles blondes, ne voulant pas attirer l’attention par son physique trop parfait. Car, s’il comptait dévoiler sa véritable nature pendant le procès, il tenait d’abord à se délecter de la stupidité humaine incapable de différencier une vieille folle d’une vampire. Comme si le moindre vampire doté d’une once de bon sens aurait accepté de transformer une vieille femme alors qu’ils vouaient un culte à la beauté éternelle ? Et puis que dire des faibles protections dont les moldus s’affublaient ? La collection de crucifix qu’il apercevait autour des cous des participants était certes impressionnante mais plus par son importance que par une quelconque protection qu’elle pourrait prodiguer. Lui-même se serait bien servi au petit stand vendant des crucifix pour deux shillings si l’idée d’arborer aussi ostensiblement un signe liée à l’Eglise catholique ne l’avait rebuté. Des siècles avaient beau s’être écoulés depuis qu’il en avait fini avec la vie de son « saint » père mais la haine qu’il ressentait pour tout ce qui se rapprochait de près ou de loin à la religion chrétienne lui hérissait toujours autant le poil. Et aujourd’hui, il comptait bien faire un véritable massacre en transformant les agneaux du Seigneur en agneaux du saigneur. Voilà qui leur apprendrait à reconnaître un véritable vampire d’un faux à ces idiots.
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Re: Les agneaux du saigneur [Alan Thorne] par Sam 31 Oct - 3:57
Toutefois, la mission qu'il avait sympathiquement accepté de partager avec un collègue - en prêtant main forte à ce dernier - le conduisait loin de ses terres natales anglaises, et loin de la contrée de Canterbury non loin de laquelle il oeuvrait la plupart du temps. L'Irlande les appelait en effet, afin de répondre à l'appel au secours du peuple chrétien qui craignaient la présence d'une créature maléfique en leur sein, une vampire de ce qu'il avait pu entendre de la bouche de ses collègues peu avant leur départ. Juché sur son hongre alezan, les traits masqués sous sa capuche de voyage brune, il passait plus discrètement que son collègue ayant revêtu pour sa part les vêtements officiels de l'Inquisition. Cela ne le dérangeait pas, après tout il ne faisait que lui prêter son aide et lui apporter son avis. Tant qu'il pouvait accomplir son devoir et empêcher que le mal ne commette moults sévices, tous plus fâcheux les uns que les autres, aux innocentes brebis de l'Empereur des cieux, cela lui conviendrait très bien. Il ne cherchait ni le prestige, ni la renommée, ni le pouvoir : très simplement, sa quête se résumait à la justice et à la préservation de la foi. De même, s'il appréciait les efforts des communs pour traquer les individus suspects, il était toujours méfiant concernant les dénonciations et ne préférait pas se prononcer avant de mieux connaître les détails de l'affaire, et d'interroger, d'entendre de lui même les affirmations des accusateurs et des témoins. En effet, il avait eu le déplaisir et la déconvenue à certains déplacements de découvrir plus ou moins rapidement que certaines accusations n'étaient que calomnies et sacrilèges de mauvais gens envers leurs voisins. Et s'il aimait rendre service à la communauté de Dieu, l'Inquisiteur Thorne n'appréciait certainement pas de se déplacer parfois sur de nombreuses lieues pour rien. Il se raisonnait toutefois le plus souvent en se disant que, par mesure de précaution, le voyage n'avait pas été effectué en vain.
En ce jour, c'était le village de Droim Chliabh, bourgade assez proche de Sligo, qui allait retenir leur attention. Frère Johan n'avait guère d'expérience concernant les affaires de vampires - moins que lui-même - et avait donc mandé son assistance, ayant ouï dire de son esprit rationnel et plutôt efficace la plupart du temps dans ses enquêtes… quand il ne se laissait pas quelques fois rarement emporter par la fougue de sa jeunesse et le caractère intérieurement sanguin de son tempérament, soigneusement refoulés de son mieux. Il avait visiblement ravalé sa fierté pour demander son assistance, et intrigué par l'affaire, le jeune Inquisiteur avait accepté la requête. À vrai dire, à l'heure actuelle il ne savait trop que penser de cette histoire, qui le laissait à la fois très intrigué et perplexe. Il n'était pas aussi sûr que son collègue concernant la potentielle criminalité de l'accusée, mais n'était pas non plus certain avec les très maigres éléments dont il disposait présentement de pouvoir affirmer le contraire. Dieu les guiderait sans doute sur le chemin de la vérité, afin de déterminer si la victime était innocente brebis ou bien infâme louve au sein de Son troupeau, dont ils faisaient partie des pasteurs veillant à sa protection. Il en était fermement convaincu. Les bruits les plus étranges leur étaient parvenus concernant la prochaine interrogée de leur enquête : sorcière exilée selon les uns, hybride monstrueux d'humanité et de goule selon les autres… ou encore vampire, motif qui avait été retenu dans la demande d'enquête auprès du bureau inquisitorial du saint royaume de Sa Majesté. Elle vivrait apparemment à l'écart du village, auprès des bois - ce qui n'était certes pas un premier facteur en sa faveur, n'étant pas preuve de saine vie - et un villageois sur le retour vers son propre logis l'aurait aperçue recouverte de sang un soir de pleine lune, des cris terrifiants se faisant ouïr dans les alentours des lieux incriminés. Il tâchait de préserver toujours une saine distance et méfiance des racontars des communs du peuple, mais ceux-ci pouvaient parfois faire preuve d'un bon sens redoutable chez les gens remarquables de leur milieux. Suffisamment pour justifier leur future présence dans la région.
Le procès serait de nature publique, et la vieille femme alors enfermée et enchaînée dans une étable, entourée par un cercle de crucifix - il était quelque peu dubitatif de leur efficacité réelle, si ceux-ci n'avaient pas été bénis - serait conduite au coeur du cercle formé par les villageois pour être interrogée par leurs soins au cours de son procès. Ses gardiens ne la quitteraient probablement pas des yeux le temps qu'ils puissent gagner la contrée, et c'était sans doute l'attitude la plus prudente en attendant qu'ils aient pu clarifier son statut. Il pouvait voir à l'horizon l'orée du village concernée, et le vent du galop mesuré de sa monture fit choir sa capuche sur ses épaules, révélant ses mi-courts cheveux bruns et légèrement ondulés, tranchant avec la tonsure observée par son collègue. Ses traits plus jeunes le feraient sans doute passer pour l'apprenti, ou tout du moins l'ancien élève de son "mentor", bien que cette déduction serait totalement erronée de la part de l'imprudent. Toutefois, elle pourrait peut-être lui servir à gagner plus aisément la confiance de la populace, sachant qu'il saurait se défendre le cas échéant. On se méfierait moins de lui, ce qui pourrait compléter efficacement l'enquête "officiellement" menée uniquement par son collègue. Ils parvinrent à leur destination en début-milieu de matinée, ayant progressé aussi promptement qu'ils ne l'avaient pu depuis le lieu assez éloigné de leur provenance. Il ne serait pas mécontent de mettre pied à terre quelques temps, et plus encore de se mettre à la tâche aussi tôt que possible. Fausses accusations ou bien intuition bien ciblée, il serait plus sage d'oeuvrer avec prudente, rapide et méticuleuse efficacité pour dénouer les fils de cette affaire. Il observa de ses yeux noirs attentifs la foule environnante, ne trouvant pour l'heure pas d'éléments qui puisse lever sa suspicion mais il demeurait, par nature autant que par habitude, constamment prudent et sur ses gardes. L'expérience relative qu'il possédait lui avait tôt fait comprendre qu'au moment même où il baisserait sa garde et sa vigilance, les armées des ombres pourraient en profiter pour le frapper avec une furtivité et une implacabilité redoutables.
Mettant pied à terre quasiment en même temps que son collègue, épée légère reposant dans son fourreau et ceinte à sa ceinture et son chapelet habilement dissimulé sous la tenue plus neutre, moniale et humble que son collègue, il rejoignit celui-ci après avoir remercié sa monture et s'être assuré que celle-ci recevrait de bons soins en son absence, le sérieux revenant bientôt s'imposer dans son esprit. Ce dernier avait salué le chef du village, et il se joignit à la conversation après un bref et respectueux salut de la tête, demeurant silencieux alors que son collègue demandait s'ils disposaient de détails plus poussés que ceux qui leur avaient été communiqués, où se trouvait l'accusée présentement et quand pourraient-ils s rendre à sa rencontre afin de l'observer puis de l'interroger. Pour sa part, laissant - pour le moment - l'autre Inquisiteur mener la discussion, il observa avec le plus d'attention possible leurs alentours et leur entourage, avant de poser à son tour une question de sa voix grave, cordiale et posée :
- Pardonnez-moi, mais pourriez-vous apporter plus de précisions concernant les circonstances de cette découverte, ainsi qu'à propos du principal témoin de cette affaire ? Qui sont les autres témoins ? Les motifs d'accusation datent-ils du même soir, ou sont-ils plus répartis dans la durée ?
- Inquisiteur
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Re: Les agneaux du saigneur [Alan Thorne] par Sam 7 Nov - 18:51
C’est donc abrité derrière la forte carrure d’un fermier grossier qu’il observa l’accueil fourni par le dirigeant du village aux deux religieux. Ces derniers ne perdirent pas de temps et interrogèrent directement l’homme concernant les détails pratiques de l’affaire, détails qui intéressaient grandement Kenneth. Il était en effet fort curieux de savoir quel était l’imbécile fini qui avait réussi à confondre une vieille folle n’ayant plus toute sa tête avec une créature parmi les plus majestueuses de la Création. D’autres que lui auraient d’ailleurs très mal pris cette comparaison peu flatteuse mais il n’avait que faire d’un ego mal placé. Il avait de l’orgueil en quantité mais préférait le garder pour des choses qui en valaient réellement la peine et non pour quelque vanité physique.
-La créature est gardée sous haut’ surveillance dans la grange au fond du village, Vot’ Excellence. Personne n’a l’autorisation d’s’y rendre à part moi. On a préféré faire comme ça, d’peur qu’elle use des pouvoirs du malin cont’ l’un des nôtres. Z’êtes néanmoins libre de l’interroger dès que vous l’voudrez, j’peux même vous emmener auprès d’elle maintenant si vous l’désirez.
Le ton atrocement servile de l’homme l’irritait, surtout qu’il détonait avec son parlé paysan. Que craignait-il ? Il n’était certes pas en condition physique pour s’attaquer au moine à l’épée au vu de sa bedaine proéminente mais n’étaient-ils pas censés être du même bord ? Avait-il besoin de baiser le sol foulé par les Inquisiteurs pour se sentir seulement le droit d’exister ? Heureusement pour ses nerfs, le jeune prêtre l’interrompit pour poser les bonnes questions. Lui jetant un regard surpris, le villageois sembla seulement réaliser sa présence en cet instant – preuve s’il en fallait de son incompétence – et, après avoir vérifié que l’Inquisiteur désirait également les mêmes informations, commença son récit. Ou plutôt, il allait le faire avant de se rendre compte de la présence de leur auditoire. Il fit signe alors aux deux hommes d’Eglise de le suivre.
Une fois les trois hommes partis, les remarques de tout ordre ne tardèrent pas à fuser depuis la boulangère envieuse de la chaude cape d’hiver de l’Inquisiteur jusqu’au va-t-en-guerre du village qui déclarait déjà savoir quelle punition attendait l’infidèle dans la grange. Le vampire quitta donc rapidement l’insupportable assemblée dans l’indifférence générale pour prendre la direction dans laquelle le chef du village était parti. Usant de vitesse désormais qu’il était seul, il ne tarda pas à rattraper les moldus et fut content de constater qu’ils venaient à peine d’arriver dans un champ enneigé à l’arrière du village et n’avaient pas encore entamé la conversation. Il s’installa donc derrière un arbre et fit usage de son ouïe surdéveloppée pour écouter de quoi il retournait.
-C’est Lewis l’bûcheron qu’a découvert l’pot aux roses. Y rentrait chez lui après une journée d’travail quand l’a entendu des cris ressemblant à ceux d’une bête qu’on égorge. Y s’est donc approché et v’la qu’y est tombé sur la vieille Bérénice r’couverte de sang de la tête aux pieds qu’il a juré ! Du sang partout ! Une scène apocalyptique. Et l’pire qu’il a dit c’était son r’gard fou, à vous en faire pisser vo’t pantalon si vous m’passez l’expression. Pourtant Lewis c’est pas un couard Vot’ Excellence, ah ça non c’est pas un couard. Toutes les filles voulaient l’épouser quand y’était jeune mais l’a choisi la p’tiote Irons, un joli brin de fille, même après lui avoir pondu cinq mioches.
Se rendant compte qu’il divaguait, l’homme sembla reprendre ses esprits et continua son récit.
-Mais ça c’était juste la goutte qui f’sait déborder la jarre Vot’ Excellence. L’a jamais été nette la vieille Bérénice. Même quand elle habitait encore l’village, elle sortait pas souvent. J’me souviens qu’on l’appelait « vieille fille » quand j’étais jeune. Mais maint’nant c’est clair. Elle évitait l’astre du Seigneur qu’aurait révélé sa vraie nature. M’enfin z’êtes mieux placés qu’moi pour l’savoir. Bref, assez causé on est pas des bonnes femmes, suivez-moi Vot’ Excellence, j’vous emmène voir la créature.
- HJ:
- Un peu court mais vu je préférais te laisser le temps de réagir avant d’aller plus loin. Si y’a quoique ce soit à changer néanmoins, tu sais quoi faire
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Re: Les agneaux du saigneur [Alan Thorne] par Jeu 28 Jan - 4:57
- La créature est gardée sous haut’ surveillance dans la grange au fond du village, Vot’ Excellence. Personne n’a l’autorisation d’s’y rendre à part moi. On a préféré faire comme ça, d’peur qu’elle use des pouvoirs du malin cont’ l’un des nôtres. Z’êtes néanmoins libre de l’interroger dès que vous l’voudrez, j’peux même vous emmener auprès d’elle maintenant si vous l’désirez.
La créature… que l'innocence des paysans et laboureurs était tantôt douce tantôt agressive à son oreille, et pourtant il avait la modestie de savoir qu'il était né parmi leurs semblables avant que Père Matthew ne lui montre la voie vers la lumière de Nôtre Père. Tantôt trop pompeux à la démesure, tantôt irrespectueux au possible, ils ne semblaient pas connaître une sage modération dans leurs comportements vis-à-vis d'eux. Alan repoussa une fois de plus son agacement, tâchant de rester concentré sur les propos tantôt saugrenus tantôt plus intéressants du chef du village. Un vampire, de vieille apparence ? Encore une curiosité que ne lui indiquaient pas ses livres sur les créatures du malin dans la sainte école inquisitoriale et la bibliothèque de Canterbury. Ces monstres étaient en effet réputés pour leur jeunesse éternelle, damnation que leur prêtait le Malin, afin de mieux tromper leurs proies et de les perdre dans leur suite sur les chemins des ténèbres. Peut-être encore, selon de très vieilles histoires paysannes, s'ils n'avaient pas vu assez de sang ou pas depuis un moment leur peau et leur apparence trompeuse souffraient de cette carence sanguine, mais de l'expérience relative du jeune Thorne, il n'avait jamais vu pareils cas. Serait-ce une première dans sa carrière, ou bien une étrangeté qui ne le conduirait que vers une fausse piste, un leurre de leur ennemi ou une erreur de raisonnement ? Il ne pouvait pas le déterminer, tout du moins pour l'instant. Il ne pouvait pas se permettre de fauter de prudence pour le moment, les vampires étaient créatures bien fourbes après tout. Heureusement, il termina son propos sur une proposition des plus pertinentes, et Alan prit sur lui pour ne pas répondre avant son collègue et ainsi ruiner leur petite précaution concernant son réel statut. Toutefois, celui-ci ne tarda pas :
- Votre prudence vous honore. C'est une sage proposition, nous pourrons ainsi l'observer, l'interroger, enquêter et juger de son cas de nos propres yeux. Auriez-vous l'amabilité de nous montrer le chemin, mon brave ?
Se contentant d'approuver d'un signe de tête - bref - et silencieux, l'inquisiteur Thorne tâchait de ne pas se laisser distraire à ses réflexions à cause du ton quelque peu servile de leur interlocuteur. Ils lui emboîtèrent ainsi le pas, le jeune homme réfléchissant activement tout en gardant un oeil prudent sur leurs alentours. Cette affaire était pour le moins étrange, il arrivait de plus en plus à ce constat à force d'écouter le semblant d'explications du doyen du village, pas peu fier de leur "découverte" et de leur "exploit" d'avoir mis la "créature" hors d'état de nuire jusqu'à leur arrivée de leur supposée science primaire de non-initiés aux sciences éclairées inquisitoriales. Il tournait et retournait les propos dans son esprit, y cherchant des indices et des points à approfondir afin de se faire une meilleure idée de la suspecte et des méfaits-crimes qu'on lui faisait endosser. Ainsi resta t-il muet alors que le paysan légèrement bedonnant se plaisait à se perdre en explications… et en égarements aussi, au déplaisir d'Alan :
- C’est Lewis l’bûcheron qu’a découvert l’pot aux roses. Y rentrait chez lui après une journée d’travail quand l’a entendu des cris ressemblant à ceux d’une bête qu’on égorge. Y s’est donc approché et v’la qu’y est tombé sur la vieille Bérénice r’couverte de sang de la tête aux pieds qu’il a juré ! Du sang partout ! Une scène apocalyptique. Et l’pire qu’il a dit c’était son r’gard fou, à vous en faire pisser vo’t pantalon si vous m’passez l’expression. Pourtant Lewis c’est pas un couard Vot’ Excellence, ah ça non c’est pas un couard. Toutes les filles voulaient l’épouser quand y’était jeune mais l’a choisi la p’tiote Irons, un joli brin de fille, même après lui avoir pondu cinq mioches.
Le pauvre bougre ne l'aidait pas beaucoup à ne pas laisser son impatience et son agacement reprendre le dessus sur sa concentration alors qu'il tâchait de rationaliser au mieux les faits déclarés par le paysan. "Le pot aux roses"… Seigneur, pourquoi les simples allaient-ils si vite en mesure dans leurs déductions parfois erronées ? "Une bête que l'on égorge"… un indice intéressant qui pourrait aller dans les deux hypothèses, si l'on prenait l'expression au premier sens ou au second sens. Un bûcheron… un homme donc qui se rendait souvent dans les bois, et devait de fait être perpétuellement sur ses gardes et craintif de ces créatures ou mirages trop alimentées par le peuple. La vieille dame en revanche avait été, de ses dires, retrouvée compromise avec du sang, mais il ne pouvait être certain des descriptions du brave comme il avait malheureusement connu à ses dépends la tendance à l'exagération des paysans, qui ralentissaient grandement le processus d'enquête et le procès inquisitorial en lui-même. "Une scène apocalyptique"… voilà qui devrait impérativement être développé, avec l'accusée comme avec les autres témoins, après tout jamais il ne pourrait se fier à une parole de seconde bouche, la rumeur était souvent mère d'illusions et de fausseté. Il retint dans son esprit une remarque quelque peu acerbe et fougueuse de sa jeunesse, qui voulait informer le simple qu'être doté de courage ne rendait pas forcément plus intelligent… mais il eut la sagesse de retenir ce constat en son fort intérieur, qu'il repoussa une fois de plus hors de ses pensées. Diantre que cet homme se perdait en digressions !
- Mais ça c’était juste la goutte qui f’sait déborder la jarre Vot’ Excellence. L’a jamais été nette la vieille Bérénice. Même quand elle habitait encore l’village, elle sortait pas souvent. J’me souviens qu’on l’appelait « vieille fille » quand j’étais jeune. Mais maint’nant c’est clair. Elle évitait l’astre du Seigneur qu’aurait révélé sa vraie nature. M’enfin z’êtes mieux placés qu’moi pour l’savoir. Bref, assez causé on est pas des bonnes femmes, suivez-moi Vot’ Excellence, j’vous emmène voir la créature.
Dieu soit loué, il allait lui demander d'un ton un peu sec de bien vouloir en venir aux faits mais notre Seigneur avait du rappeler le simple dans son bon sens et le ramener sur le droit chemin des explications plus spécifiques. Mm… il est vrai que les habitudes de la vieille dame ne semblaient pas des plus saines à ouïe dire du paysan, et bien souvent les vieilles dames qui n'avaient jamais pu être épousées étaient dénigrées par leurs pairs, qui racontaient les plus méchantes rumeurs à leur sujet dès que la situation s'y prêtait. Cela pouvait - potentiellement - être des indices en faveur des affirmations des simples, mais également sujets à exagérations. Ce qui ne le pressait que davantage à faire la rencontre des autres témoins et de la vieille dame. Pour l'heure les deux inquisiteurs étaient prudents, mais le jeune Thorne semblait être le moins convaincu et le plus sceptique des deux hommes d'église. Alors qu'ils arrivaient auprès de la grange, Alan se permit d'ordonner d'une voix ferme bien qu'encore cordiale et respectueuse au chef du village, sa curiosité aussi attisée que son exaspération envers sa simplicité d'esprit apparente :
- Mon collègue et moi-même en jugerons effectivement, après une enquête approfondie en bonne et due forme. N'ayez crainte pour nous et laissez-nous seuls à l'intérieur avec cette Bérénice. J'aurais un dernier service à vous demander, mon brave : sauriez-vous rassembler en ces lieux les témoins qui affirment avoir pris l'accusée en tort, nous aimerions leur parler au plus tôt. Cela nous serait d'une grande aide.
Une fois le paysan écarté de l'enquête - pour ne pas entraver celle-ci et ne pas effaroucher démesurément la vieille accusée, fusse-t-elle humaine ou vampire, ils sauraient tous deux se défendre correctement, que ce fusse dans son cas à l'aide de son épée… ou bien de son chapelet consacré qui ne le quittait jamais dans l'ombre de ses habits - il s'entendit avec son confrère pour se répartir les tâches : pendant que l'un irait interroger la vieille accusée, l'autre s'occuperait d'interroger les témoins, et au besoin ils inverseraient par la suite leur rôle afin d'avoir un avis aussi pertinent et objectif que possible en croisant leurs deux points de vue. Sentant l'inquiétude de son collègue, il le rassura en disant qu'il ne serait pas loin et que la vampire - si tant est qu'elle en fut un réellement, il en doutait toujours dans un coin de son esprit - n'oserait pas l'attaquer en sachant qu'ils étaient sur leurs gardes, elle attendrait auquel cas - si vampire elle était et non simple créature humaine - que sa vigilance s'abaisse. Il acceptait même d'être le premier qui interrogerait - sans torture initialement, sauf si la situation le demandait, il n'était pas inhumain à ce point - la vieille Bérénice. Il ne la craignait pas après tout, Dieu le protègerait et le guiderait, il en était intimement convaincu. Enfermée et enchaînée à un pilier, entourée de crucifix, la pauvre vieille lui donnait presque pitié s'il n'était pas encore méfiant, puisqu'il n'était sûr ni qu'il avait affaire à simple humaine, ou fourbe vampire. Il serait bientôt fixé, il en était convaincu. Mais avant cela, pour ne pas risquer un jugement trop hâtif, il devait mener les interrogatoires et l'enquête de manière rationnelle et efficace, qui exigeraient de lui rigueur, vigilance, écoute minutieuse et un esprit des plus éveillés.
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Re: Les agneaux du saigneur [Alan Thorne] par Sam 6 Fév - 18:30
Son discours n’était que professionnalisme. Il ne se hâtait pas dans ses conclusions tout en se débarrassant gentiment des témoins gênants pour faire une enquête en toute objectivité. Il n’en fallut pas plus au blond pour choisir de le suivre dans son travail. S’il y avait quelque chose d’intéressant à apprendre sur le danger représenté par l’Inquisition, ce serait à ses côtés et pas auprès de son incapable d’acolyte. L’homme transpirait l’inquiétude et le mal-être et le vampire doutait qu’il soit capable de réagir s’il venait un jour à être suffisamment malchanceux pour croiser la route d’une créature de la nuit. Il mourrait probablement avant d’avoir seulement compris ce qui lui était arrivé. A l’inverse du jeune homme à l’épée. Non pas qu’il considérât une seconde que celui-ci fut un adversaire de taille – aucun moldu n’avait la moindre chance contre lui – mais au moins il aurait le temps de comprendre ce qui lui arrivait avant qu’il ne plante ses canines dans sa carotide.
La situation requérait cependant qu’il reste en vie pour le moment, il le laissa donc se répartir les tâches à accomplir avec son partenaire avant de le suivre en toute discrétion. Il ne lui fallut pas plus de quelques minutes pour atteindre la tente hautement gardée. Il fit signe aux gardes de le laisser passer et ces derniers, reconnaissant l’habit d’un Inquisiteur, s’écartèrent sans broncher. Kenneth, quand à lui, brisa volontairement une branche morte sous son pied et attendit de pied ferme qu’un des deux gros bras qui faisaient le guet vienne déterminer l’origine du bruit. Puis, à peine celui-ci arrivé, il planta son regard dans celui de son adversaire et entama une rapide session d’envoûtement. Ainsi, en moins de dix secondes, l’homme repartit convaincu que Kenneth n’était qu’une hallucination et que même s’il venait à le recroiser dans son champ de vision, il n’était en réalité pas là. Il se déporta ensuite de l’autre côté et fit de même avec le deuxième gorille. Une fois sa tâche terminée, il ne lui resta plus qu’à se faufiler jusqu’à l’arrière de la tente et ouvrir très légèrement un des pans pour observer la scène.
La supposée « vampire » était prostrée au sol, dans un état pitoyable. Pourtant, malgré la crasse qui recouvrait son visage ridé, son regard était limpide. Deux iris d’un noir d’ébène étaient fixés sur l’Inquisiteur et, lorsqu’elle eut terminé de l’observer à loisir, elle s’adressa à lui d’une voix rocailleuse et moqueuse..
-Z’êtes bien jeune mon père. M’enfin, si des mains d’homme doivent me brise, autant qu’il soit jeune et beau com' vous.
A ses mots, un sourire pervers et en grande partie édentée étira ses traits et elle partit dans un fou rire dérangé.
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Re: Les agneaux du saigneur [Alan Thorne] par Dim 1 Mai - 21:45
Pauvre brebis ! Le poids des ans s'affichait clairement sur son visage affaissé par les rides, et terni par la crasse si propre aux prisonniers ou aux plus humbles gens du tiers-état. Elle ne semblait pas bien menaçante sous cet apparat, mais il se garda bien de baisser totalement sa prudence, sachant fort bien que la gent vampirique était réputée comme fourbe pas nature, et mortelle pour quelque voyageur imprudent et malheureux qui les rencontreraient sur leur route. Cette pauvre femme, un vampire ? Son esprit dubitatif se renforce plus encore, sachant à quel point les vampires avaient en affection la jeunesse éternelle et le souci de la beauté charnelle, bien éloignées des valeurs prônées par l'Empereur des Cieux dans les saintes écritures. Ces engeances du démon si ennuyeuses à terrasser ou tout du moins à repousser, puisqu'elles représentaient des adversaires d'un niveau semblable, si ce n'est supérieur, à celui des sorciers. Elles relevaient d'ordinaire davantage de l'autorité d'un chasseur de monstres, mais il arrivait parfois qu'ils aient l'infortune de les croiser sur leurs chemins, alors qu'ils faisaient routes comme messagers de Dieu. Le regard qui l'observait en tout cas lui sembla limpide, clair et signe de l'intelligence qui y brûlait encore. Il n'apprécia toutefois guère le sous-entendu grivois qui lui fut fait, et sa mine resta ferme bien que non-hostile, pour le moment :
- Et votre langue bien pendue, vieille Bérénice. Vous devez sans doute savoir la raison qui nous emmène en ces lieux ? Les villageois racontent d'étranges choses à votre égard, en vous accusant ni plus ni moins d'être un vampire eut égard à vos habitudes de vie pour le moins curieuses, dirons-nous.
Sa voix grave et ferme n'était en aucun cas accusatrice, elle faisait simplement le constat de l'état des lieux à l'heure actuelle de l'enquête... à peine dans ses débuts. Restant debout mais avec une légère distance - il n'éprouvait pas pour le moment le besoin de faire pression en empiétant sur la sphère privée de l'interrogée du jour - et il reprit, bras non croisés mais non posés sur la poignée de son épée au fourreau pour l'instant, bien qu'elle n'était pas son arme la plus fiable et la plus redoutable qu'il portât sur lui en ce jour :
- Pouvez-vous me parler un de vous ? Les villageois n'ont guère été spécifiques vous concernant en dehors de leurs accusations, et j'aimerais bien connaître ce qui a encouragé une brebis de notre Seigneur à choisir un nouveau logis si éloigné du reste du village, qui plus est dans les bois. Il m'a également été conté que nous ne sortiez guère le jour de votre habitat, me confirmez-vous ces faits ?
- Inquisiteur
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Re: Les agneaux du saigneur [Alan Thorne] par Ven 6 Mai - 19:48
-La stupidité a t’jours été la spécialité du coin. Mettez les gens face à l’inconnu et z’y vont de suite crier au loup. J’suis pas plus une sangsue qu’vous êtes Sa Majesté.
Se redressant tant bien que mal, probablement dans le but de trouver une position plus confortable, la vieille femme sembla contempler un instant ses options. Du point de vue de Kenneth, elle ne risquait rien à dire la vérité étant donné qu’elle était déjà considérée comme coupable par l’intégralité du village avant même d’avoir été jugée. Mais qui savait ce qui passait par la tête d’une vieille bique affamée et déshydratée ? Sans compter que, s’il n’avait pas encore décidé si elle ferait partie de ses victimes, la possibilité était haute. En effet, si jamais elle restait en vie, les crétins de service étaient capables de croire qu’ils étaient de ligue et son honneur s’y refusait catégoriquement ! Autrement dit, qu’elle soit exemptée aux yeux de l’Inquisiteur ou non, il risquait fort d’écourter son existence dans tous les cas. Il s’agissait cependant là d’une donnée qui n’était pas à sa disposition et, après quelques minutes de silence, elle se décida à s’expliquer.
-J’a jamais bien supporté l’soleil. Déjà quand j’étais piote, ma peau d’venait rouge et des boutons m’poussaient d’partout. Ma’ et Pa’ avaient pas les moyens d’payer un Guérisseur, encore moins un médecin, alors j’restais à la maison. Mais ça n’plaisait pas autour d’nous. Les gens disaient qu’j’étais possédée. Alors, Pa’ y l’a construit une cabane dans la forêt et Ma’ m’y a emmené. J’me souviendrais t’jours d’ce qu’elle m’a dit : « Bérénice, Pa’ et Ma’ t’aiment et c’est pour ça qu’tu dois rester ici. L’village est pas sûr pour toi »
La voix rocailleuse s’essouffle et le regard s’échappe, comme pour empêcher une larme traîtresse de couler à la grande hilarité du vampire. Il était tellement évident que les parents de l’humaine avaient juste voulu se débarrasser d’un problème en l’éloignant d’eux et voilà qu’elle se prenait de nostalgie à leur souvenir. Que l’humanité était faible avec ses belles paroles ! Sa génitrice à lui n’avait jamais eu la prétention de l’apprécier. Il était juste l’erreur qu’elle n’avait pas réalisé assez tôt pour pouvoir s’en débarrasser sans mettre sa propre vie en danger. Un instant, la colère sourde qui s’emparait toujours de lui à la pensée de son ancienne vie faillit le pousser à la faute en l’amenant à achever les souffrances de la vieille femme sur le moment mais il se reprit à temps. Il cherchait à se donner en spectacle et pour cela achever les deux présents dans l’intimité de la tente était loin d’être suffisant. Il désirait un public, un vrai. Il lui faudrait donc attendre le procès du lendemain. Heureusement, la patience était une de ses vertus. Il se retira donc discrètement pour la nuit, décidant d’aller s’amuser avec un curé de campagne quelconque en attendant le moment fatidique.
Malheureusement pour la suite de ses plans, sous le poids du remords, l’imbécile avait préféré en finir avec ses jours et, avant que le vampire ne comprenne ce qui se passait, son cadet s’était précipité vers la torche la plus proche avant de s’enflammer lui-même. Ses cris de souffrance avaient néanmoins amélioré la situation et Kenneth s’était empressé d’observer la scène en s’abreuvant des autres victimes qu’il avait originellement prévu de fournir à sa victime/nouveau partenaire. Bref, l’un dans l’autre, une nuit réussie. Il restait désormais à s’assurer une aussi belle réussite durant la journée. Pour cela, il s’installa donc dans une position stratégique, au bout milieu de la foule, à l’endroit où il serait vu de tous lorsqu’il se déciderait enfin à agir. Puis il se contenta d’observer les derniers préparatifs du procès à venir, attendant patiemment l’heure de se montrer à visage découvert.
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Re: Les agneaux du saigneur [Alan Thorne] par Dim 25 Sep - 2:13
"La stupidité a t’jours été la spécialité du coin. Mettez les gens face à l’inconnu et z’y vont de suite crier au loup. J’suis pas plus une sangsue qu’vous êtes Sa Majesté."
Il tendait à être méfiant envers les affirmations des accusés, mais celle-ci coïncidait avec ses propres observations concernant les attitudes des habitants de ce village avec lesquels il avait pu brièvement échanger. Son collègue, aussi respectable fut-il, semblait moins accessible que lui, et de fait avait plus de difficultés à obtenir des témoignages voilés ou indirects. Et, à l'agacement de son confrère plus jeune, il semblait hâtif de conclure cette affaire et semblait persuadé, en considérant les éléments et indices obtenus, à faire brûler celle qu'il considérait comme un spécimen vampirique. Il avait été consulter notamment le médecin du village, masquant avec habileté ses intentions en demandant, par pure curiosité, si une maladie quelconque pouvait répondre à de tels symptômes, et si cela s'était déjà vu dans la région ou parmi les cas de ses confrères. S'il avait obtenu une réponse plutôt récalcitrante et ambigüe, le médecin n'avait pas pu nier totalement que la cause puisse être quelque humeur corporelle incommodée et relevant davantage du domaine de la santé que de la pure théologie et superstition populaire, mais il n'aimait visiblement pas plus la vieille que les autres. Suceuse de sang ou non, ses moeurs de vie n'étaient pas saines, alors peut-être était-ce un signe du Divin comme punition envers ses fautes ou celle de ses parents, discours que maintenait le curé du coin.
"J’a jamais bien supporté l’soleil. Déjà quand j’étais piote, ma peau d’venait rouge et des boutons m’poussaient d’partout. Ma’ et Pa’ avaient pas les moyens d’payer un Guérisseur, encore moins un médecin, alors j’restais à la maison. Mais ça n’plaisait pas autour d’nous. Les gens disaient qu’j’étais possédée. Alors, Pa’ y l’a construit une cabane dans la forêt et Ma’ m’y a emmené. J’me souviendrais t’jours d’ce qu’elle m’a dit : « Bérénice, Pa’ et Ma’ t’aiment et c’est pour ça qu’tu dois rester ici. L’village est pas sûr pour toi »"
La voix rocailleuse n'était pas plus feinte que la larme traîtresse qui avait coulé sur les joues rêches de la veille femme, qui n'avait pas échappées au jeune inquisiteur qui, toutefois, garda une attitude aussi neutre et illisible que possible, ses traits marquant une égalité et ses yeux noirs restaient vifs mais imperturbables. Ce genre de cas n'était pas le premier de son office d'Inquisiteur, l'ayant fait se déplacer parfois pour de vaines raisons. Silencieux dans la pièce où ils devaient se reposer, il s'était agenouillé au sol pour faire face à la petite croix christique accrochée au mur, les yeux clos, les avant-bras posés sur ses jambes et les mains aux paumes jointes en signe de prière. L'affaire était sensible : s'il se trompait, il devrait répondre de sa décision face aux autorités de l'Inquisition et tromperait la confiance de son mentor en permettant à une créature diabolique de s'enfuir au jugement de Dieu. Mais s'il l'incriminait à tort, il porterait sur ses épaules jusqu'au Jugement Dernier sa faute d'avoir mené à la mort une innocente brebis incomprise par ses semblables, dont le seul tort était de s'être légèrement déviée du droit et principal sentier. Là était l'une des grandes responsabilités des Inquisiteurs, qui étaient à ses yeux plus des Juges que des Bourreaux même s'ils pouvaient avoir les deux robes. La justice devait, autant que possible, être d'abord faite par le livre que par l'épée, car avant les armes étaient les paroles, puisque selon l'évangile de saint Jean, "Au commencement étaient les mots". Si les mots avaient été avant les hommes, avant les créatures et avant même le monde, ils étaient donc premiers quand le Diable ne les corrompait pas. Quels mots étaient donc fautifs, en cette affaire ? Ceux des villagois accusateurs, ou bien ceux de la vieille accusée ? Mais, l'air décidé une fois sa prière réflexive finie, il se leva et se rendit dans le lit pour prendre un repos bien mérité. Le nouveau jour levé, la volonté de l'Empereur des Cieux serait faite, et Justice serait rendue sous sa lumière bienveillante.
Une fois apprêté et revêtu de ses effets inquisitoriaux - qu'il avait précédemment rangés avant son départ - pour pouvoir mener à bien son office. Le jugement serait rendu après la première messe de la journée, Alan restant silencieux depuis son éveil, invitant son collègue à le laisser réfléchir et se préparer pour le procès qui aurait lieu. Il avait réussi à convaincre l'autre Inquisiteur de le laisser s'occuper de ce procès en tant qu'avocat représentant de Dieu, sans toutefois accepter de se confier à lui concernant ses réflexions. Ils portaient la Vérité du Christ aux yeux du peuple, ils étaient les juges et défenseurs des sujets de Sa Majesté terrestre contre les hérétiques et les créatures du démon. Il était de leur devoir de, par leur méthode judiciaire plus modérée que les actes de justices expéditifs et stricts des réactions populaires, de chercher et de mettre au jour la vérité, le jugement et la sanction éventuelle. La véracité des faits avait été établie dans son esprit, et il devrait maintenant réussir à convaincre les prud'hommes rassemblés autant que son propre collègue par la rigueur de son enquête, sa recherche de preuves pour convaincre le jury dans leurs délibérations. Le foule était nombreuse autour du lieu où se déroulerait le procès, et leurs cris exprimaient en grande partie leur soif de sang, et pour une rare minorité des implorations à la clémence, mais il tâcha de les ignorer. Prenant donc place en tant qu'Inquisiteur principal de l'affaire, le jeune homme se dressa de toute sa hauteur et porta son regard de nuit sur l'Assemblée, une Bible à la main alors qu'il réalisait la prédication traditionnelle des procès. Puis, après avoir rendu sa Bible à son confrère, il prit la parole de sa voix grave et chaude, pour la rendre portante :
- Chers fidèles, au nom de Dieu, je tiens à rappeler qu'il ne sera toléré aucun débordement au cours du procès. Vous ne devez pas ignorer que l'Édit de Foi a été publié, portant les dénonciations de vos pairs envers l'accusée. Vous ne devez pas ignorer autant votre devoir de sincérité que la sanction qui adviendrait en cas de faux témoignage. Nous arrivons au terme de l'Édit de Grâce conféré par mon confrère, et nous commencerons donc le procès de la vieille Bérénice. L'interrogatoire a été mené auprès du jury que vous voyez en ce jour, et après d'âpres délibérations, avec la bénédiction de Dieu, nous sommes en mesure de vous rendre la sentence.
La rumeur grondait dans l'entourage. En temps normal, il aurait pu se contenter de livrer le verdict sans en expliciter la cuisine auprès des communs, mais il avait le sentiment qu'ici les explications ne seraient pas de trop dans un contexte aussi hostile à l'accusée. Il faudrait les faire réfléchir et les amener vers la lumière du jugement divin. Un simple coup d'oeil au jury et à son confrère lui permit d'obtenir leur aval en guise d'exception, au vu de l'émotion soulevée par l'affaire. Il ne tarda pas à reprendre la parole, tâchant de se faire entendre de l'ensemble des témoins :
- La prévenue ici présente, Bérénice, a été dénoncée comme une créature de la nuit par plusieurs fidèle de ce village, et plus exactement une vampire. Les preuves avancées ont été la vie qu'elle menait en un logis au coeur des bois et loin du village, et sa présence couverte de sang de la tête aux pieds en un lieu où des cris avaient été entendus, avec, je cite, un regard fou. Il nous a été affirmé que rares étaient les occasions où elle sortait de son logis, du temps où elle vivait encore au village, autant de comportements des plus étonnants s'il en est.
La rumeur grondait plus encore, mais avec une autorité obtenue avec l'expérience, le jeune homme aux cheveux bruns fit taire les cris d'un geste de main ferme, obtenant à nouveau le silence de par l'autorité dont disposaient les Inquisiteurs auprès des simples comme auprès de la noble société. Il n'avait pas terminé son propos, où ses efforts pour convaincre par des arguments irréprochables les prudhommes et son confrère auraient été réalisés en vain. Il ignora les appels au sang ou au bûcher des uns, reprenant la parole d'une voix grave et imperturbable :
- Après enquête et interrogatoire de l'accusée et des principaux témoins, nous, au nom de l'Empereur des Cieux, nous avons appris par un témoin présent sur les lieux que le sang dont on l'incriminait n'était pas celui d'un fidèle de Dieu, mais plutôt celui d'une chèvre qui a été abattue... et à laquelle appartenaient les cris entendus. La rareté des sorties diurnes étaient en partie justifiées par une contrariété des humeurs corporelles, qui l'accablent depuis son enfance comme plusieurs témoins ont pu nous l'attester. Enfin, la dernière preuve qui innocente la prévenue concerne un dernier détail que je juge, en ma qualité d'Inquisiteur, de rappeler aux fidèles ici-présents.
La pointe décisive de son argument allait arriver, et il ne tarderait pas à délivrer son dernier mouvement verbal pour que la foule puisse saisir dans sa douce ignorance les preuves qui éclairaient la vérité, et ne se laisse pas saisir par l'émotion. Ignorant les regards furieux de certains, ou bravant ceux qui lui faisaient face ou contestaient ouvertement dans leur rage presque bestiale son jugement objectif et logique, ayant obtenu l'approbation du jury des prud'hommes et de son confrère pourtant au départ très récalcitrants et ayant cherché à l'éprouver jusqu'au bout. Autant que ses cordes vocales ne le lui permettaient, il éclaircit sa voix grave pour la draper de l'autorité de la vérité :
- Ces créatures diaboliques que nous appelons vampires sont contraintes, selon les saintes écritures, par la sorcellerie diabolique à demeurer éloignées de la mort et du pardon divin... et à ce que leurs enveloppes terrestres demeurent en l'état où elles étaient au moment où ils ont acquis leur malédiction. Un vampire n'est pas connu pour son adoration des traits de la vieillesse, mais plutôt pour le culte qu'il consacre à la jeunesse éternelle. Il ne peut vieillir, et tel n'est pas le cas de la vieille Bérénice, ce que plusieurs témoins ont pu attester avec serment sur la Bible. Si les moeurs de l'accusée ne sont pas louables, celle-ci n'est pas un vampire, seulement une fidèle égarée. Le jury a donc décidé de faire encourir à la prévenue les sentences suivantes pour amender ses fautes auprès de Notre Seigneur : pour le restant de ses jours la vieille Bérénice devra réciter chaque jour les prières qui lui seront indiquées et assister aux offices décidés par le curé guidant les fidèles de ce village. Tel est le jugement que nous rendons, au nom de Dieu.
Sa voix était ferme, il ne reviendrait pas sur le jugement qui avait été rendu même s'il ne conviendrait pas à plusieurs aveuglés, mais il comptait sur la sagesse du curé local pour les guider sur la bonne voie. Il n'était pas de bon ton de contester le jugement d'un Inquisiteur, aussi jeune fut-il, et encore moins celui de deux Inquisiteurs. Son regard noir et vif demeura sur ses gardes, alors qu'il exigeait aux prud'hommes locaux d'aller libérer la pauvre vieille qui, s'il avait bien jugé son comportement, pourrait se repentir de ses réelles fautes avec les sanctions adaptées qui avaient été prononcées. Son coeur était serein et son esprit d'une calme assurance de celui qui avait porté la vérité et défendu un innocent. Même en cas de doute, il était toujours préférable de libérer un coupable que de tuer un innocent. Et en cette affaire, il n'y avait aucun doute dans son esprit dans la justesse du verdict qui avait été rendu. Il restait toutefois sur ses gardes, prêt à confronter l'émotion populaire autant que ses compétences d'Inquisiteur le lui permettraient.
- Inquisiteur
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Re: Les agneaux du saigneur [Alan Thorne] par Lun 10 Oct - 19:45
Lorsque l’humain prit la parole, il fut ainsi agréablement surpris par sa maîtrise du verbe et son intelligence qui contrastaient si crument avec la stupidité ambiante. Il se plut néanmoins à mêler ses protestations à celles des autres pour échauffer encore un peu plus la foule. Il lui fallait après tout un public prêt à recevoir le clou du spectacle, à savoir lui-même, vampire extraordinaire, à l’inverse de la vieille bique accusée. Tout à son entreprise de perturbation, il ne perdit néanmoins pas une miette de ce que le « saint père » avait à dire.
Le ton affecté et les formules alambiquées le fatiguèrent d’ailleurs bien rapidement. Cela lui rappelait les souvenirs toujours trop frais des sermons de son chanoine de père qui aimait à se croire un orateur de renom. Le pauvre fou se voyait déjà comme le nouveau Saint Augustin ! Or, pour quiconque avait lu les œuvres du Père de l’Eglise comme Kenneth l’avait fait par curiosité malsaine, c’était d’une ironie sans nom. Le crétin d’Hippone se flagellait pendant des centaines de page pour avoir seulement apprécié les caresses de sa mère étant bambin, à côté Jonas Ainsley était un pêcheur de première, lui qui aimait les plaisirs de la chair et fréquentait assidûment le quartier des prostituées. Certes il était le seul fruit de ses amours interdits, sa mère ayant été assez idiote pour faire un déni de grossesse jusqu’à ce qu’il soit trop tard pour régler le problème – non pas qu’il pût réellement lui en vouloir, il tenait bien trop à la vie, ou tout au moins à l’existence puisqu’il n’était plus vraiment vivant, pour cela – mais le résultat était le même. Son géniteur était un hypocrite de première et, par conséquent, la première victime qu’il avait pris un réel plaisir à torturer. A vrai dire cela s’était terminé bien trop vite à son goût mais, pour sa défense, il était encore un adolescent débutant en proie à ses émotions bouillonnantes. En gros, il avait fit une se crise d’hormones de nouveau-né vampirique comme avait aimé à le lui rappeler Liliana.
Mais revenons-en à nos moutons. Ou plutôt nos Inquisiteurs. Le verdict suivit la veine de bon sens affairé qu’avait pris l’intégralité du procès. Mais, bien évidemment, le petit peuple n’était pas prêt à écouter raison si cela le privait du lynchage qu’il était venu voir. L’appel de la violence était bien trop grand et Kenneth s’en délecta avec plaisir. Tous les phéromones de rage et de haine qui l’entouraient lui procuraient une sensation de bien-être comparable à une chasse réussie. Et dire que, dans quelques instants, tous ces bourreaux potentiels se transformeraient en victimes, il en riait d’avance ! D’ailleurs le moment était presque venu de faire son entrée triomphale.
Lorsque la sentence tomba, des cris de protestation s’élevèrent très vite. Car là où les membres de l’Eglise locale respectaient encore la hiérarchie ecclésiastique, le groupe de villageois échauffés demandait quant à lui le sang de celle qu’ils avaient déjà condamnés. Ils n’avaient après tout fait appel à l’Inquisition que pour confirmer leurs certitudes et pouvoir achever la vieille en toute tranquillité d’esprit. Apprendre soudain que ce plaisir leur était retiré n’était donc pas en mesure de satisfaire de leurs pulsions
Certains s’approchèrent des gardes, voulant les empêcher de libérer Bérénice. Le curé des lieux tenta bien de s’interposer, essayant en vain de ramener le calme. Jusqu’à ce qu’une voix s’élève déclarant que la vampire avait ensorcelé les inquisiteurs d’où le fait qu’ils ne se rendaient pas compte de sa fourberie, ce qui déclencha une véritable hystérie collective. Pendant ce temps, Kenneth observait le spectacle avec plaisir. Il finit néanmoins par se décider à entrer d’une fois pour toutes en scène.
Il frappa donc sur l’épaule de sa voisine, enleva son capuchon et lui fit un sourire tout en dents. Cette dernière poussa un cri terrifié – raison pour laquelle il avait choisi une femme, leurs cordes vocales étant bien plus puissantes – qui attira l’attention de tous les présents. Paralysée, sa première victime ne chercha même pas à se débattre quand il lui tordit le cou du geste précis du spécialiste. Puis, pour en rajouter dans le dramatique, il planta ses canines dans sa gorge encore chaude et s’abreuva amplement, laissant volontairement des traces de sang couler le long de ses commissures. C’est dans cette tenue qu’il s’adressa alors à la foule d’une voix ô combien méprisante et narquoise.
-Ladies and gentlemen, vous vouliez un vampire ? Me voici venu satisfaire vos plus noirs désirs. Ne croyez néanmoins pas que j’ai une quelconque affiliation avec le pathétique tas de chair vieilli que Monseigneur l’Inquisiteur a cherché à innocenter. Votre soi-disant vampire ne pourrait pas faire de mal une mouche. Alors que moi…
A peine ses paroles prononcées, il commença à attaquer avec un seul but en tête : faire un carnage digne de remettre ses crétins à leur place. Confondre la vieille peau avec une vampire ! C’était presque pour une question d’honneur à restaurer qu’il était présent. Bien sûr la possibilité d’ennuyer l’Inquisition tout en apprenant plus sur leurs méthodes de fonctionnement était un bonus non négligeable mais il tenait également à remettre les pendules à l’heure concernant la race vampirique.
Se déplaçant à une vitesse impossible à contrer pour de simples humains, il se fit un plaisir d’attaquer indistinctement jeunes et vieux, femmes comme hommes. Mais, les penchants habituels étant difficiles à oublier, il chercha bin vite le curé des yeux. Parce qu’il n’était pas assez inconscient pour choisir de s’en prendre directement à un Inquisiteur. Le plus vieux des deux semblait pourtant une cible facile mais justement, quitte à pouvoir se glorifier d’avoir abattu une des Lancs du Seigneur, il voulait un adversaire à sa mesure. Or, le plus jeune lui semblait un peu trop dangereux pour le moment. La mésaventure Bower lui avait au moins appris l’importance de choisir ses batailles. Il se ferait un Inquisiteur un jour, aucun doute là-dessus, mais pour aujourd’hui le jeu n’en valait pas la chandelle. Il se contenterait donc du curé.
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Re: Les agneaux du saigneur [Alan Thorne] par Dim 23 Oct - 5:55
-Ladies and gentlemen, vous vouliez un vampire ? Me voici venu satisfaire vos plus noirs désirs. Ne croyez néanmoins pas que j’ai une quelconque affiliation avec le pathétique tas de chair vieilli que Monseigneur l’Inquisiteur a cherché à innocenter. Votre soi-disant vampire ne pourrait pas faire de mal une mouche. Alors que moi…
Le jeune adulte se hâtait autant qu'il le pouvait. Il devait éloigner le démon des innocents, avant de pouvoir le combattre à armes égales ! Par précaution, bien que cela lui déplaisait fortement de devoir utiliser sa main senestre pour un objet aussi consacré, il noua autour de son avant-bras la fine lanière de cuir qui tenait autour de son cou le chapelet qu'il avait dévoué à Dieu, en médium pour quérir sa grâce quand le danger était grand, et celui-ci était absolument gigantesque ! En effet, en tant que bretteur sa main d'attaque favorite était sa main dextre, avec laquelle il rendait le plus souvent la justice divine, mais l'heure n'était pas au détail, mais plutôt dans la célérité ! Le monstre commençait à s'en prendre au peuple, et Alan se rua aussi vite qu'il le put, ralenti toutefois par la foule paniquée qui s'enfuyait dans toutes les directions. Il espérait que son confrère s'occuperait de leur protection, mais il craignait d'être le seul être mortel capable en ces lieux et en cet instant d'apporter une quelconque résistance à l'engeance du démon. Sa voix méprisante et narquoise lui hérissait les cheveux d'indignation et de répulsion. Son indignation gagna des pics dangereux alors qu'il croisait sur son chemin les corps de pauvres gens, de tout âge et de tout genre, qui gisaient sur le sol en martyrs de la monstruosité du fléau qui les fauchait en lieu et place de la fausse vampire qu'ils voulaient condamner. Était-ce la fortune ou la volonté du Divin ? Un mouvement de foule le projeta au sol quelques mètres plus loin mordre la poussière, et quand il se redressa, il put rétablir un contact visuel avec l'être démoniaque qu'il devait éloigner des communs qui ne sauraient se défendre face à une telle engeance.
"Infamies ! Cette créature mortifère veut non seulement s'en prendre à des innocents, mais à un pasteur du Seigneur sur terre ! Il est de mon devoir de la repousser en des lieux plus propices au combat qui, hélas, est inévitable au vu de sa sauvagerie diabolique. Hâtons notre pas autant qu'il nous soit possible !"
La créature allait se jeter sur le pauvre homme d'église quand, puisant dans son intuition plutôt que sa raison, le jeune homme fit fi des recommandations et autres sommations à la prudence de son mentor en s'écriant, sa voix en grande partie couverte par le brouhaha et des cris paniqués des sujets et serfs terrifiés avec raison :
- Puisse la Lumière Divine garder le Juste et repousser la créature diabolique dans les Ténèbres d'où elle naquit !
Une brève lueur émana du chapelet de noyer serré entre ses doigts senestres, alors que son corps était tendu pour le combat difficile qui s'annonçait alors qu'il récitait ces vers en un latin presque pur et longtemps éprouvé par de longues années d'études théologiques et d'exorcisme, plus secrètement. Il ne pouvait anticiper combien de temps pourrait durer les effets de sa requête auprès de l'Empereur des Cieux, ses dons ayant la fâcheuse tendance dans sa jeunesse d'être des plus imprévisibles en durée, intensité et efficacité. Toutefois, chaque seconde pouvait être précieuse et il ne comptait pas en gâcher la moindre miette pour rejoindre la monstruosité, épée en main. Il ne pourrait pas utiliser très régulièrement ses dons alors que quelques témoins étaient encore présents sur place, et priait en silence que l'Empereur des Cieux serait bienveillant pour protéger ses sujets et éloigner leurs regards de non-initiés hors de la vue de phénomènes que leur esprit simple ne saurait appréhender de manière raisonnable et avisée. Regardant le prêtre terrifié, il s'écria fermement tout en se mettant en garde pour se préparer à l'assaut de la créature :
- Fuyez mon frère ! Ce n'est pas un ennemi que votre sagesse est en mesure de confronter. Fuyez, les brebis sous votre gouverne ont besoin de vous ! Menez-les vers la sécurité, loin d'ici !
Le vieil homme aurait probablement protesté, s'il n'avait pas été dans un tel état de stupéfaction. Voyant des gardes, il leur fit signe d'escorter le curé loin d'ici et de sécuriser les innocents. Puis il porta toute son attention sur la menace la plus immédiate, adoptant une posture neutre-défensive alors que sa main droite enserrait la poignée de son épée et surtout sa main droite sécurisait entre ses doigts le chapelet en noyer qui, plus que l'arme forgée par les simples mortels, représenterait sans doute sa meilleure chance de salut et le meilleur bouclier... à sa portée.
- Inquisiteur
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Re: Les agneaux du saigneur [Alan Thorne] par Dim 30 Oct - 18:33
Toutes ses chimères s’envolèrent cependant alors qu’une vague d’énergie pure le repoussa brutalement tandis qu’il s’apprêtait à resserrer ses griffes sur sa victime. S’écrasant contre le sol à plusieurs mètres du curé, il se redressa dans l’instant, plus interloqué que perturbé par cette attaque inattendue. Un sorcier se cachait donc dans la foule d’imbéciles du coin ? Mais pourquoi avait-il pris le risque de dévoiler sa nature alors qu’il était clair que la stupidité ambiante risquait fort de faire de lui le prochain bouc-émissaire des villageois paniqués ? A moins qu’il ne s’agît d’un de ces martyrs à bonne conscience qui préféraient se mettre en danger que de ne pas porter secours à une personne dans le besoin.
Quoiqu’il en soit, il ou elle était tout de même assez intelligent pour ne pas avoir sorti sa baguette de manière visible car, Kenneth avait beau chercher cette dernière parmi la foule déboussolée, il ne trouvait nulle trace d’elle. A la place, il tomba sur le jeune Inquisiteur qui cherchait à faire fuir sa proie. Voilà qui ne lui convenait nullement. Il allait devoir apprendre à ce gringalet que, tout épéiste qu’il fût, on ne dérobait pas les plaisirs d’une créature de la nuit sans en subir les conséquences. Il lui fit donc face et dut se retenir de rire devant la posture défensive de l’homme d’Eglise. Espérait-il sincèrement lui faire peur avec son aiguille à tricoter à la main ? Il lui en faudrait nettement plus pour avoir la moindre chance.
Cherchant tout d’abord le sorcier caché pour éviter une nouvelle mauvaise surprise tandis qu’il s’occuper de l’homme d’Eglise, il ne sentit pas de présence supplémentaire et en déduisit qu’il avait choisi de sacrifier l’Inquisiteur en échange de la vie du reste des présents. Une sage décision. Car Kenneth n’avait nulle intention de retourner semer le chaos une fois qu’il en aurait fini avec l’Inquisiteur. Il était venu s’amuser quelque peu et récolter des informations, ce en quoi il avait déjà amplement réussi sa mission. S’il acceptait le « défi » de l’homme face à lui c’était plus pour remettre l’orgueilleux à sa place comme il avait rappelé à ses idiotes de « brebis » que si le loup se cachait bien dans la bergerie, il s’y faisait passer pour le plus innocent des agneaux. Il était ainsi temps de montrer au berger que l’agneau avait des dents bien pointues.
A vrai dire, il ne pensait même pas en finir avec l’Inquisiteur, il était jeune et plein d’avenir, il ferait sûrement un adversaire digne de ce nom dans quelques années s’il lui laissait le temps de cultiver ses atouts. Pour cela, il lui faudrait simplement retenir ses coups, ce qu’il avait appris à faire avec les années. Ce n’était toujours pas spécialité – il n’était pas connu pour sa finesse – mais il savait reconnaître une situation nécessitant de faire preuve de réflexion plutôt que de sadisme. Sans compter que l’homme avait prouvé être d’une intelligence légèrement supérieure à la moyenne, sa parole serait donc probablement prise au sérieux lorsqu’il déclarerait qu’il fallait se méfier comme de la peste du jeune vampire blond au visage angélique. Car, après avoir passé des années à maudire son physique de freluquet, il savait désormais comment en faire une arme capable de déjouer.
Ainsi, sans plus attendre, il se lança à l’attaque, non pas avec l’intention d’achever son adversaire mais simplement de lui causer la peur de sa vie. Et puis, pourquoi pas, de goûter un peu à son sang. Sa carotide semblait en effet des plus invitantes.
- HJ:
- Un post très court mais ça fait plusieurs jours que j'essaye de m'y mettre et l'inspiration refuse de venir. Donc c'était ça ou rien. Mais je suis sûre que quand le combat commencera je serais plus inspirée
- Pourfendeur de cul-bénis
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Re: Les agneaux du saigneur [Alan Thorne] par Mer 16 Nov - 6:04
"Ces gens sont sous notre responsabilité, Notre Seigneur nous a confédéré le don mais aussi le devoir de veiller à leur protection face aux tentations obscures et aux serviteurs du Malin. Puisse l'Empereur des cieux et ses archanges veiller sur son troupeau de brebis innocentes, et sur les pasteurs les guidant sur Son Ordre"
Oh, que la créature des enfers semblait courroucée de voir ses proies s'en aller vers des lieux plus sûrs et au plus éloigné de sa portée ! Et pourtant, comme la Genèse dans les écrits sacrés, ce n'était que le prélude, le préambule de ce qui l'attendrait de pied ferme ! Il s'efforçait pourtant de ne ressentir aucune colère envers ces démons qui, un jour, disait-on, avaient été des humains et des mortels qui entendaient encore la voix du Divin, comme le lui avait pris son mentor le père Matthew. Il ne fallait pas les haïr, ou ce sera céder aux tentations du Malin, mais plutôt faire preuve de pitié à leur égard et de juste fermeté pour les ramener dans les terres qu'ils n'auraient jamais du quitter : les Enfers, où crépitaient des feux éternels pour embraser les infidèles et les païens, les criminels et l'engeance de la pire espèce lorsque le Jugement Dernier avait choisi de guider l'âme en ces terres pour la délivrer aux crocs multiples et avides de la créature maléfique le Leviathan, l'une des principales portes menant droit aux Enfers. Le jeune inquisiteur eut, dut-il le reconnaître, quelque difficulté à ne pas rompre sa paix intérieure quand il fut témoin de la moue moqueuse de son opposant, à défaut d'un rire qu'il ne voulait pas avoir la grâce et le respect d'exprimer ouvertement. Ses traits se froncèrent mais sa position ne changea que fort peu, restant équilibrée entre la neutralité et la défensive. La voie du Seigneur, tâcha-t-il de se rappeler, n'était pas dans l'agressivité et la colère, mais plutôt dans la paix intérieure et la compassion la plus pure qu'ils leur soit possible de ressentir et d'exprimer.
« Grâce au pouvoir de la foi, nos armes deviennent des lames de lumière rédemptrice capables de trancher le démon en deux »
Il se remémora ce passage d'un excellent écrit sur la lutte contre les démons et créatures maléfiques aux yeux de la Sainte Eglise et de ses défenseurs dévoués aux âmes pures écoutaient les voix célestes des anges, des saints, de la Vierge, du Fils et plus encore du Père sous la gouverne du Saint-Esprit, en cette triade de sagesse et de pureté. Ainsi inspira-t-il profondément et discrètement pour tâcher d'évacuer de son corps les humeurs néfastes et les viles pensées, bien décidé à montrer au loup qu'il lui coûterait fort cher de demeurer trop près de la bergerie, et que le bâton des pasteurs pouvait parfois receler de secrets qu'il pourrait lui cuire très douloureusement de connaître. La diablerie pensait-elle vraiment le duper par son apparence faussement innocente et juvénile, d'une beauté traîtresse telle que celle de l'infâme Lilith ? Alors elle le jugeait fort mal, peut-être était-il encore fort jeune, mais assurément pas un imbécile. Ainsi était-il prêt et résolu à trépasser si cela s'avérait nécessaire pour conjurer hors de cette basse-terre l'engeance maléfique. Les sourcils froncés en remarquant qu'il avait du mal à suivre les mouvements de la créature, il fortifia sa position et sa posture défensive, se rappelant aussi qu'il ne valait mieux pas que la créature puisse l'approcher. Le souci reposait en ce que le don que lui avait accordé l'Empereur des Cieux ne disposait pas réellement de techniques très offensives et reposait essentielles sur la défensive. Il devrait donc s'habituer à ce répertoire et tâcher de surprendre la créature, sans pour autant reposer excessivement sur les enseignements des anges et du Seigneur. La main gauche serrée sur son chapelet consacré qui lui semblait presque d'une douce chaleur entre ses doigts et devait émettre une douce lumière en bonne partie étouffée par sa paume et ses doigts resserrés sur lui, il s'exclama en latin :
- Que la lumière éclatante de Raphaël me préserve des griffes du démon et qu'elle purifie par le feu l'impie qui ose vouloir corrompre les lances de l'Empereur des Cieux !
Si la prédication fonctionnait comme il l'espérait, la créature démoniaque ne pourrait pas l'approcher sans ce que sa peau impie ne soit rongée et cautérisée par la lumière divine accordée par l'Empereur des Cieux sous la forme d'une évanescent bouclier éclatant repoussant, à une seule et unique occurence à la fois, l'assaut de l'opposant. Si cela fonctionnait - ce qui était impossible à prévoir au vu du caractère très aléatoire de ses dons encore bien jeunes en comparaison aux capacités de son mentor - il pourrait peut-être profiter de la surprise du démon pour tenter de le frapper en plein coeur avec son épée ou, si sa posture le lui permettait, viser directement la carotide et le cou du vampire à la trompeuse apparence innocente. Mais déjà, quelques gouttes de sueur perlaient sur ses tempes face à l'effort mental et spirituel exigé par ses Dons et le jeune homme savait qu'il ne ferait guère long feu si la créature maudite parvenait à l'approcher en combat rapproché, au vu des étranges réflexes de celle-ci et de sa vitesse absolument formidable et merveilleuse dignes des plus vicieux et redoutables serviteurs de Satan. Il courrait toutefois le risque que sa prière n'obtienne aucun résultat, voire même se retourne contre lui si l'Empereur des Cieux et ses Éclatants Archanges n'estimaient pas son coeur assez pur ou sa demande suffisamment désintéressée. Mais, pour protéger cette contrée et ces pauvres brebis égarées, il était prêt à mettre sa propre vie en jeu .
- HRP:
- J'espère que ce second tour te plaira et avoir été assez clair sur les différentes options possibles et failles de ma tentative Bonne lecture !
- Inquisiteur
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Re: Les agneaux du saigneur [Alan Thorne] par Dim 20 Nov - 18:20
Poussant un cri entre la douleur et la stupéfaction, il se recula instinctivement. La sensation de brûlure n’avait rien à voir avec la torture que le feu alchimique lui avait causée mais il ne tenait pas pour autant à retenter l’expérience. Il chercha donc des yeux le responsable de son double échec et fut pour le moins surpris de faire de nouveau chou blanc dans ses recherches. Ainsi, soit le sorcier était un as de la dissimulation – ce qui sans être probable vu les capacités nécessaires à cacher sa présence aux sens d’un vampire n’était pas pour autant impossible – soit… Tournant de nouveau son regard vers l’Inquisiteur il vit a sueur perler sur son front et l’illumination eut lieu. C’en était presque trop ironique pour être vrai !
Un homme d’Eglise, qui plus est membre de l’Inquisition, possédait les mêmes pouvoirs magiques qu’il clamait avoir pour mission de détruire. Pire, non seulement il en avait mais il n’hésitait pas à s’en servir lorsqu’il s’agissait de protéger sa misérable vie. Voilà qui avait de quoi provoquer un rire narquois et Kenneth ne se gêna pas pour afficher son amusement. Dans un sens, c’était totalement prévisible de la part d’un clerc. Ce n’étaient tous qu’une bande d’hypocrites prêts à exiger tous les sacrifices des autres mais toujours prompts à user de subterfuges pour fuir leurs propres responsabilités plutôt que d’y faire face comme les surhommes qu’ils prétendaient être. La situation présente n’était alors que l’étape suivante du « péché » commis par son sacro-saint père. Lui qui prêchait le célibat n’avait pas hésité à fréquenter des prostituées et à finir par enfanter. Pourquoi un homme chargé de poursuivre les créatures magiques de toutes sortes ne posséderait-il pas la même magie qu’il cherchait à exterminer ? Nul doute qu’il était capable de justifier son utilisation de pouvoirs en expliquant qu’il s’agissait là d’une exception permise par son Dieu pour exterminer la vermine.
Quoiqu’il en soit, Kenneth n’avait soudainement plus envie de se battre avec cet adversaire improbable. Non, bien plus intéressant, il voulait l’exposer aux yeux du monde pour ce qu’il était : une fraude ! Une fois sa tâche accomplie, il pourrait retourner auprès des siens l’esprit tranquille. Il décida donc de s’atteler à sa tâche en provoquant l’humain.
-La magie te protège sorcier, mais qu’en est-il de tes innocentes brebis ? Seras-tu assez rapide pour m’empêcher de poursuivre mon massacre de tantôt ?
A peine sa provocation lancée, il s’évapora et réapparut une centaine de mètres plus loin, à l’orée du village. Il ne lui fallut que quelques instants pour trouver celui qu’il cherchait : l’Inquisiteur tentait vainement de calmer les villageois effrayés mais ce n’était pas lui qui l’intéressait, lui qui était certainement complice du mensonge de son cadet. Non, il était venu chercher le curé qui pourrait divulguer le secret si bien gardé tout en étant plus crédible qu’un quelconque villageois. Il se téléporta donc auprès de lui, lui agrippa le bras et ils réapparurent devant l’Inquisiteur. Tenant fermement sa victime, Kenneth approcha ses dents du cou de celle-ci avant de s’exclamer à l’adresse de l’Inquisiteur frauduleux :
-Alors Monseigneur, on ne réagit pas ? Si vous ne faites pas usage de vos pouvoirs ce pauvre hère en subira durement les conséquences.
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Re: Les agneaux du saigneur [Alan Thorne] par Jeu 1 Déc - 23:40
« La magie te protège sorcier, mais qu’en est-il de tes innocentes brebis ? Seras-tu assez rapide pour m’empêcher de poursuivre mon massacre de tantôt ? »
La magie ? Jamais il n’aurait trempé dans cette diablerie. Ce n'était pas de la magie, seulement des dons marquant l'élection de Dieu vis à vis de son mentor et de lui-même comme humbles messagers de son courroux envers les créatures des ombres et les suppôts du Malin. Pourtant, l'incertitude avait mordu son coeur à l'instar d'un serpent qui étreignait l'organe noble de sa constriction, répandant son venin dans ses pensées et dans ses veines. Il avait essayé de saisir l'insolent mais celui-ci s'était évaporé par l'usage indéniable de sorcellerie. Alors que, le coeur battant de frustration d'avoir été pris de court et d'impuissance, il cherchait des yeux son adversaire. Il blêmit quelque peu malgré lui et malgré sa façade de calme quand la diablerie réapparut du néant avec le vénérable père de l'église du village. Lui qui n'avait jamais hésité auparavant, au point de sombrer dans la témérité de temps à autres, ne savait absolument pas quoi faire dans une situation face à laquelle il n'avait jamais été confronté auparavant. Ses doigts avaient été enserrés avec force sur le médium qu'était son chapelet, mais sa concentration en était devenue quelque peu plus friable et il avait grand peine à atteindre de nouveau l'état d'esprit nécessaire pour ouvrir son esprit à la compréhension des mystères et dons auxquels l'Empereur des Cieux, et en son nom son mentor, l'avaient initié. Il réfléchissait à toute allure mais des pensées contradictoires s'entrechoquaient avec force : la voix plus raisonnable de son mentor lui recommandait de choisir le chemin difficile de l'abstention et de la prudence vis à vis du dévoilement de ses dons, tandis que la voix plus impétueuse de sa jeunesse l'enjoignait à protéger son frère alors que le vampire approchait ses dents monstrueuses de bête infâme du cou de l'innocent curé avant de s'exclamer :
« Alors Monseigneur, on ne réagit pas ? Si vous ne faites pas usage de vos pouvoirs ce pauvre hère en subira durement les conséquences. »
Le souvenir de cet échange lui était cuisant, même si son confrère Inquisiteur ne pouvait pas en comprendre la pleine étendue de sa frustration et de son sentiment d'impuissance. Alors qu'ils s'en revenaient vers Londres dans ce qui serait une longue chevauchée parsemée d'étapes, le regard du jeune homme restait braqué vers l'horizon et semblait abîmé dans ses pensées alors qu'il se remémorait la conclusion de cet épisode. Qu'aurait-il dû faire ? Avait-il pris la bonne décision ? Il souffrait de ne pas obtenir de réponse à cette interrogation. Le regret alourdissait son coeur du deuil et de la culpabilité dans le trépas d'un frère de l'Église, qui avait perdu la vie à cause de sa trop longue hésitation entre deux positions contraires qui, dans une étrange prise de conscience, lui avait rappelé sa propre nature paradoxales et ses propres interrogations vis à vis de ses dons, sans la sagesse de l'Évêque. Le dilemme avait été d'autant plus amer et difficile en regardant le curé dont l'expression était emplie de terreur, et au moment où il avait réussi à trancher sur une réponse, le vampire lui en avait damé l'honneur. Le craquement terrifiant de la nuque du saint pasteur le hanterait probablement de longues nuits, peut-être même jusqu'à la fin de son existence. Quand son accompagnateur voulut en savoir davantage sur la raison de son humeur sombre et maussade, malgré la conclusion "heureuse" du procès et de la limitation des victimes de l'incident avec le vampire, il préféra garder le silence et lui répondit qu'il préférait réfléchir sur l'incident et se confesser à son mentor avant de se prononcer. La culpabilité qui le rongeait en cet instant était bien trop intense pour qu'il puisse s'exprimer avec suffisamment de recul sur ces tragiques faits. Le chapelet de nouveau noué autour de son cou lui semblait presque écrasant comme fardeau. Ses mains se crispant sur les rênes et n'accompagnant plus les mouvements de sa monture, le hongre d'un brusque coup de tête manqua de les lui arracher, voulut le déséquilibrer et le rappela à l'ordre d'une vive ruade, lui irritant les paumes des mains tandis que le jeune Inquisiteur tâcha de reprendre son équilibre assez laborieusement mais sûrement. Sa résolution vint temporairement repousser les doutes, les questions et les incertitudes qui l'assombrissaient sur l'instant : il serait contre-productif de se morfondre, il devait recouvrer pour le moment une relative paix intérieure, et devrait méditer au cours de prières et de confessions dès que son mentor serait revenu de sa mystérieuse mission sur les conséquences de ce qui était advenu. L'injure de "sorcier" grinçait entre ses dents, avec une amertume aigre-douce qu'il peinait à comprendre. Il tenta de se reprendre en se sermonnant : les non-initiés ne pouvaient pas comprendre les enseignements les plus avancés du Seigneur, alors comment est-ce que les disciples du démon pourraient le comprendre ? La confusion réalisé par l'âme faible du vampire était en un sens logique, comme elle ne pouvait pas saisir les nuances de la vertu divine et du sacré. Il ne devait pas laisser cette confusion obscurcir son jugement et son engagement... tout du moins tâcha-t-il de s'en convaincre. S'en retournant vers Canterbury alors que les premiers feux de l'aube aveuglaient ses yeux sombres et aussi las que sa monture, il ne put toutefois nier que cet incident raviva de vieilles interrogations assez dérangeantes dans son esprit. Oui... de la lecture, des prières et se confesser, il pourrait réfléchir plus posément une fois son esprit libéré des remous et des ombres qui traversaient actuellement son âme, et accablaient son coeur et son corps.
- Inquisiteur
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