Le temps de la Vérité. par Sam 9 Aoû - 14:59
Le soleil brillait sur Londres, mais Matthew Prewett savait que cela n'allait pas durer longtemps. D'un coup d'œil à la fenêtre de sa salle d'eau, il vit quelques nuages, lointains mais que le vent approcherait vite, rouler sur le ciel bleu et le recouvrir d'un duvet lourd, grisâtre. Séchant ses cheveux d'un coup de baguette et les coiffant d'un autre sortilège, il se détourna de l'interstice d'où s'infiltrait un courant d'air moite et passa ses bottes par-dessus ses chausses puis, par-dessus sa chemise de lin, un pourpoint de cuir. Il ne donnait pas l'impression d'être le fils du célèbre Chef du Conseil des Sorciers, ainsi vêtu, mais cela l'arrangeait. Matthew préférait la discrétion aux apparats de la Cour, quand bien même il supportait les kilogrammes de tissus frivoles sur ses épaules lorsque la situation l'exigeait. Il était trop franc, trop entier pour se costumer de la sorte, cela fut-il pour rencontrer une dame. Une française, qui plus était. Mais cette rencontre n'avait rien de galant. La raison de son déplacement était on ne peut plus sérieux. Cela le motivait d'autant plus à faire preuve de sobriété. Cependant, pour faire honneur à l'hôte s'apprêtant à le recevoir, il passa sur sa tête son chapeau de sorcier et sur ses épaules une élégante cape, certes aussi brune que le cuir de son pourpoint, mais d'un tissu précieux et délicat, qui tombait dans son dos avec autant de grâce que le tombé de l'eau. Un mouvement que seuls les plus beaux tissus savaient rendre. Fin prêt, Matthew quitta la salle de toilette d'un pas énergique, un brin précipité. « Monsieur veut-il son épée ? » entendit-il dans son dos, alors qu'il rangeait sa baguette dans le petit fourreau de cuir, prévu à cet effet, attaché à sa ceinture. Un rire amusé lui échappa alors qu'il se tournait vers l'elfe de maison de son père. « Je doute qu'elle me soit utile pour une conversation civilisée. Il n'y a point de dragon à ourdir pour passer les portes du cabinet d'une guérisseuse ! » Laissant là l'elfe tellement pressé de lui rendre service, il quitta la demeure paternelle et se rendit aux écuries, pour seller et monter son pur-sang anglais à la soyeuse robe baie. Un moyen de transport certes moins pratique qu'un simple transplanage, mais qui avait l'avantage de lui faire parcourir les rues de Londres et ainsi, profiter des derniers et précieux moments de beau temps, avant l'arrivée de l'automne. Il y avait un autre avantage à prendre le temps du voyage. Il pouvait, ainsi, ressasser et songer librement à la raison de son déplacement, et aux mots qu'il comptait dire à cette guérisseuse, dont le sort avait remué l'Ordre de Merlin faute de faire réagir véritablement la Chambre du Conseil. En effet, quand la Chambre avait recueilli cette moldue sortie de nul part dans leurs jardins, quand ils l'avaient entendu délirer sur un ange venu à sa rescousse alors qu'elle était le pantin de Satan lui-même, ange qui a purifié par le feu et la grâce de Dieu lui-même les morts relevés d'outre-tombe, ils n'avaient pris la pauvre créature au sérieux jusqu'à ce que la lumière et les flammes ravageuses d'un feudeymon soient repérées au beau milieu d'un des plus infâmes quartiers de Londres. Mais, quand les aurors furent sur place, ils n'eurent trouvé que cendres et vapeur d'eau, suspendue dans les airs comme une de ces nombreuses brumes londoniennes. Le récit de Passiflore comme de la moldue avaient été pris pour de l'hystérie de bonne femme, par des sorciers soucieux de ne point voir surgir des mages noirs dignes de contes d'horreur dans les rues mêmes de la capitale anglaise. Car il n'y avait pas plus infâme, pas plus sordide, pas plus terrifiant que le récit de la guérisseuse et de la rescapée, qui, pour sa part, avait à jamais perdu la raison. Matthew s'était senti étrangement concerné par le sort de la moldue, au point qu'il avait personnellement pris de ses nouvelles à l'hôpital Sainte-Mangouste, où la femme demeurait à présent. C'était d'ailleurs en parlant de la pauvre victime que le fils Prewett avait abordé, par courrier, Mademoiselle Delacour. Il avait dit espérer pouvoir, de vive-voix, lui donner des nouvelles de la femme et, si elle le lui permettait, pouvoir prendre des siennes et écouter le récit qu'elle avait à faire sur ce monstre qui avait détruit l'esprit de la moldue. Pourquoi aujourd'hui ? Pourquoi si tard ? Matthew avait beau être le fils du Chef Suprême des Sorciers, il n'en était pas moins soumis aux ordres et à la discipline primordiale au maintien d'une institution aussi importante que l'était celle de l'Ordre de Merlin. Il ne pouvait agir sans l'accord textuel de ses supérieurs et, en ce jour, des éléments nouveaux avaient apporté un peu plus de concret à l'existence potentielle de ce mage noir terrible, hantant encore les nuits de la moldue des bas-quartiers. Car... Qui aurait pu être ce grand mage dégingandé, fendant un ciel noir sur le dos de son noir sombral, lançant des sorts cruels et mortels sur la foule en panique, si ce n'était ce même monstre ayant œuvré à Londres quelques jours plus tôt ? Une seule personne, une seule femme pouvait permettre à l'Ordre de Merlin d'en avoir le cœur net et d'apporter les preuves de son existence aux aurors, eux-mêmes surpassés dans leurs recherches par les circonstances dans lesquelles le sorcier noir avait fait sa première apparition publique. Arrivé au-devant de la bâtisse renfermant le cabinet Delacour, Matthew Prewett fit arrêter sa monture et sauta à bas de celle-ci, avant de nouer les rênes à l'un de ces anneaux de fer, spécialement fixés dans les murs. Après avoir lancé un petit sort sur les rênes nouées de son cheval, afin d'empêcher le vol de celui-ci, il frappa trois petits coups à la porte du cabinet, sentant une appréhension liée à son impatience grimper en lui. Il y était, et il était impatient de découvrir le visage de la jeune femme qui avait si vaillamment défendu une misérable et une inconnue, au péril de sa propre vie. Lorsque la jeune femme ouvrit la porte en personne, Matthew eut le souffle coupé pendant un instant. Il s'était représenté une grande gaillarde, drôlement puissante et râblée comme un jeune homme, capable et un brin sauvage, ou l'une de ces fines créatures musculeuses qui aimaient à tenir têtes à leurs opposants avec plus de ferveur encore que des hommes. Mais, en aucun cas, il n'avait imaginé une beauté si sublime, cette créature auréolée de douceur et de calme. Les mots de la moldue lui revinrent en mémoire, mais cette fois, il les comprit. Un ange. Miss Delacour avait les atours d'un ange. Le rose lui montant aux joues, le fils Prewett s'inclina un peu trop profondément, avant de saluer, d'une voix aussi claire que son trouble le lui permettait, la belle sorcière : « Mes hommages Miss Delacour, c'est un honneur de vous rencontrer enfin. Je suis Matthew Prewett, protecteur de l'Ordre de Merlin. J'espère n'être point trop en retard sur le moment de notre rendez-vous. » Avec un sourire béa, Matthew se redressa, sans songer à demander l'autorisation de passer le pas de sa porte. |
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Re: Le temps de la Vérité. par Lun 11 Aoû - 18:23
La lettre était arrivée par hibou, à la fin d’une journée de travail, il y avait quelques jours. Elle provenait d’un certain Matthew Prewett : Passiflore avait entendu parler du jeune homme, mais surtout de son père, via ses patients, notamment, ainsi que lors de ses nombreuses sorties en ville. Elle avait, d’ailleurs, aperçu le fameux Bartholomey Prewett, au cours de son discours à la Nuit de la Concorde. Suite aux événements qui avaient suivi, Londres s’était trouvée en plein émoi, et les langues s’étaient déliées quant aux diverses représentants de l’ordre sorcier, permettant à Passiflore de connaître un tant soit peu l’homme qui l’avait contacté.
Il souhaitait, vraisemblablement, entendre l’histoire qu’elle avait racontée à bon nombre d’interlocuteurs, qui avaient tous le même point commun, celui de ne pas croire un seul de ses mots, ou tout du moins de ne pas vouloir le croire. L’absence de réaction de la part de ces grands d’Angleterre avait laissé un profond sentiment de frustration à la Française, tout comme l’état de la Moldue qu’elle avait sauvée. Elle n’était pas prise au sérieux, alors qu’il y avait un Sorcier dérangé et dangereux au dehors.
Elle s’était posée la question de savoir s’il s’agissait du même individu qu’elle avait surpris à se livre à de monstrueuses expériences et qui avait attaqué les fêtards de la Concorde : il y avait eu plusieurs attaquants et leur idéologie était vraisemblablement celle que partageait le Sorcier Noir : Moldus, Sang-Mêlés et Tolérants n’avaient pas leurs places dans la société sorcière. Toutefois, elle n’avait pu aller au bout de sa réflexion, puisqu’un seul coupable avait été identifié et allait être jugé. Mais sur la quarantaine d’attaquants dénombrés à la Concorde, Passiflore Delacour était certaine que le Nécromancien avait eu son rôle.
Suite, donc, au courrier du membre de l’Ordre de Merlin, la Vélane s’était visualisée plus d’une fois son combat sur les bords de la Tamise. Elle voulait livrer à cet homme un souvenir quasi intact. Certes, elle n’avait pas été écoutée, ni prise au sérieux par ses précédents auditeurs, mais Matthew Prewett s’était enquit de l’état de la Moldue détruite et avait contacté Passiflore : cette dernière s’était mise à espérer que si quelqu’un pouvait bien faire quelque chose, c’était lui.
Ils avaient convenu d’un jour et d’une heure pour que le jeune homme vienne la rencontrer au Cabinet. Passiflore Delacour avait écourté ses visites de l’après-midi pour se replonger dans les événements.
Elle avait, pour cela, ressorti ses notes quotidiennes, matière première de sa mémoire à long terme. Ensuite, elle s’était préparée : son Cabinet était sans grande prétention, mais elle voulait que son hôte soit le plus à l’aise possible pour qu’il puisse être convaincu par son récit.
La pièce dans laquelle elle accueillait ses visiteurs était toujours impeccable et parfaitement bien rangée. Elle avait juste laissé les journaux de ces derniers jours qu’elle avait épluchés dans l’espoir d’y trouver des informations. La Vélane s’était organisée pour offrir à son invité le thé, privilège de ses honorables visiteurs. Enfin, elle s’était assise dans son fauteuil pour relire son journal.
Lorsqu’elle entendit les trois coups francs poussés à sa porte, elle sauta sur ses pieds silencieusement. En quelques enjambées, elle put poser sa main sur la poignée de son entrée, et ouvrir à son hôte.
La Française n’avait pris la peine d’une coiffure complexe, préférant laisser à ses cheveux la liberté d’être lâchés. Elle avait choisi une jupe et une chemise au col en dentelle bleu pâle, une de ses couleurs fétiches.
Elle fut surprise de trouver un jeune homme, qui ne devait pas être son aîné de beaucoup. Elle avait entendu parler de lui, mais beaucoup de gens associaient le père au fils, certains jaloux utilisant le terme de parvenu, d’autres en en justifiant la crédibilité.
Matthew Prewett s’inclina profondément, puis se redressa en se présentant avec les meilleures convenances.
La Vélane esquissa une courbette, et s’effaça pour que le jeune homme puisse entrer :
- Je vous en prie, Lord Prewett, répondit-elle. Vous êtes à l’heure, et j’étais prête à vous recevoir.
Elle ferma la porte derrière son invité, le laissant découvrir son humble cabinet. D’une main et d’un sourire, elle l’invita à prendre place sur l’un des sièges placés autour de la table de travail.
- Je peux vous proposer un thé ? Demanda-t-elle.
La Vélane attendit la réponse de son hôte. Elle était anxieuse. Elle voulait qu’il la prenne au sérieux, qu’il croit en cette rencontre qui l’avait terrifiée : il était certainement le seul à pouvoir encore faire quelque chose, et elle se devait de le convaincre. Elle s'obligea à respirer profondément et à ne pas trahir son impatience.
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Re: Le temps de la Vérité. par Jeu 14 Aoû - 17:27
Reprenant contenance, le jeune Prewett s’avança dans le cabinet comme l’y invitait son hôte. Son regard, un brin curieux, parcourut rapidement les environs, le temps de découvrir son environnement. La simplicité ainsi que l’atmosphère calme et proprette de la demeure mettaient à l’aise. L’on était loin du faste des demeures des sorciers fortunés côtoyés par son père, dans lesquelles les yeux finissaient par se fatiguer prématurément de tant d’opulence exhibée. Revenant à Miss Delacour, Matthew alla s’assoir au signe de sa main, tout en répondant à son sourire. « Avec plaisir, merci beaucoup. » répondit-il d’une voix douce, lorsque la guérisseuse lui proposa une tasse de thé. Silencieux, il la laissa d’abord s’occuper du service, mais en profita pour observer plus attentivement la jeune femme. Derrière sa très grande beauté, ce charme presque surnaturel qui l’auréolait, la médicomage avait ce pli de bouche, ce soupçon de rigidité dans le visage qui trahissaient sa nervosité. Un sentiment de compassion s’empara de Prewett, alors qu’il se remémorait ce que la jeune femme avait du subir. On l’avait, ni plus, ni moins, traitée de menteuse, on avait ignoré sa déposition et elle s’était retrouvée seule avec cette vérité que personne ne voulait entendre et, certainement, le traumatisme qu’avait engendré cette terrifiante rencontre. Elle, l’étrangère fraîchement installée sur la pluvieuse Albion, une femme qui plus était, provenue d’un pays où les violences étaient particulièrement rudes autant à l’encontre des moldus que des sorciers. Comment la croire, comment accorder confiance à une créature dont, après tout, on ne savait rien ? Les moldus déliraient vite, et malgré la maison incendiée, malgré les preuves accablantes, le siège de la Justice avait décidé de ne pas aller plus loin dans l’enquête. C’était une aberration. Il fallait bien consentir, à leur décharge, que la Justice était engorgée de cas aussi divers que variés depuis plusieurs mois, cela même avant l’attaque de la Nuit de la Concorde. Alors qu’elle n’avait encore rien dit, grâce à ce qu’elle dégageait et à tous les éléments entourant cette histoire, Prewett était tenté de la croire sur parole. Cependant, avant de s’y autoriser, il devait l’interroger. L’Ordre de Merlin avait besoin d’élément précis, et ne faisait jamais plus confiance aux témoins directs qu’aux rapporteurs. Tandis qu’elle lui apportait son thé, le sorcier sortit sa baguette magique de son étui et d’un petit tapotement, fit apparaitre un rouleau de parchemin ainsi qu’une plume. S’attribuant un coin de table, il posa la plume sur le parchemin et celle-ci resta sagement droite sur le vélin, attendant de recevoir l’ordre d’écrire. « Si vous n’y voyez pas d’inconvénients, cette plume écrira mot pour mot le récit que vous me ferez de ce qu’il s’est passé lors de votre agression. Au contraire d’un interlocuteur, elle ne déformera pas vos propos. Mais permettez-moi d’abord de vous parler un peu de la moldue que vous avez sauvée, je ne crois pas me tromper en songeant que vous seriez soulagée de la savoir toujours bien en vie. » Attrapant sa tasse de thé, Matthew se servit une pincée de sucre et un peu de lait avant de reporter son attention sur Passiflore. Son regard se fit rassurant, presque positif, afin de mettre à l’aise la jeune femme. « Mrs Abberline est en convalescence à Sainte-Mangouste pour une durée indéterminée. Elle parle encore énormément des… choses qu’elle a vues et prononce souvent le prénom de John. Les guérisseurs présument qu’il s’agissait de son mari, et au vu des propos qui entourent la mention de celui-ci, il s’agissait d’une des victimes du mage noir… Sa santé mentale est très gravement compromise, je ne vous le cacherai pas. L’amnésie elle-même ne pourrait éradiquer un tel trauma. Cependant, elle est en vie, et même s’il faudra peut-être des mois pour une rémission, elle bénéficie à Sainte-Mangouste de soins dont elle n’aurait profiter auprès de guérisseurs moldus. » Après un bref silence semblable à un moment de recueillement, Prewett ajouta : « Elle a eu de la chance de s’en sortir en vie, cela grâce à vous. Cela étant, les circonstances vous ayant permis la découverte de la présumée cache du mage noire ne figurent dans aucun rapport et nous nous interrogeons à propos de celles-ci. Si vous vous sentez prête, j’aimerais beaucoup entendre de votre bouche le récit complet de cette confrontation. » S’il allait droit au but, le ton du Protecteur de l’Ordre n’en demeurait pas moins calme et doux. Il avait l’habitude d’interroger, de pousser aux confidences et de discuter avec des hommes et des femmes qui ne comprenaient souvent pas le pourquoi de sa venue, ou de la situation dans laquelle ils se trouvaient. Aussi savait-il que tourner autour du pot ne servait à rien d’autre que de triturer mollement une épine douloureuse, plutôt que de l’arracher définitivement d’un bon coup sec. |
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Re: Le temps de la Vérité. par Lun 18 Aoû - 19:00
L’hôte de la Vélane avait suivi l’invitation de cette dernière et s’était installé à sa convenance. Comme pour se distraire et se détendre, la jeune femme avait fait le service, s’obligeant à être lente, de peur que la nervosité ne lui fasse glisser ne serait-ce qu’une tasse des mains. Elle voulait être crédible face à son invité.
Elle le laissa l’observer, trouvant ce court silence paradoxalement apaisant et angoissant. Apaisant, car elle pouvait, une énième fois, passer en revue les derniers événements et parfaire, au cas où, son récit, et angoissant car elle n’osait imaginer à quoi le jeune homme pensait : la trouvait-il tendue au point de douter de sa crédibilité, ou au contraire était-il touché de la percevoir nerveuse ?
Toutefois, le calme que dégageait le personnage finit par la détendre, tout comme la simple action de lui servir le thé. Elle l’observa à son tour préparer ses affaires. Oui, le calme qu’elle lisait sur ce visage si jeune l’aiderait au long de cet entretien. Déjà, elle se détendait et se permit un très léger soupir lorsque le jeune homme reprit la parole.
La Vélane hocha la tête et esquissa même un léger sourire détendu aux premiers propos du Sorcier : l’impartialité de la plume permettrait très certainement à la jeune femme d’apporter plus de détails à son récit. Elle s’était effectivement aperçu, lors des précédents entretiens, voire interrogatoires des Aurors, qu’elle avait occulté des sensations qu’elle avait eu, allégeant son témoignage et le décrédibilisant certainement un peu plus aux yeux de ses interlocuteurs.
A l’annonce de la Moldue qu’elle avait « sauvée » et de l’état dans laquelle elle se trouvait, la jeune femme baissa un instant les yeux, avant de les relever pour regarder son hôte :
- Je suis certaine que les Guérisseurs de Sainte-Mangouste feront de leur mieux... Ils sont tous très compétents, je ne pouvais imaginer Mrs Abberline entre de meilleures mains, souffla-t-elle. J’ai conscience qu’un tel choc soit dévastateur, et j’espère très sincèrement qu’elle s’en remettra un jour.
Passiflore remercia silencieusement Matthew Prewett de ne pas prendre quatre chemins pour entrer dans le vif du sujet. Il avait parfaitement bien amener la chose, tellement que la Vélane se sentait effectivement prête à lui raconter ses souvenirs.
- Bien... Cela risque d’être un peu long, je le crains. N’hésitez pas à me couper s’il vous apparaît une incohérence ou même une question sur un infime détail. Je tâcherai d’être la plus précise possible.
La jeune femme inspira, puis s’appuya contre le fauteuil dans lequel elle s’était installée.
- C’était il y a trois semaines, le dimanche précédant la Fête de la Concorde. Je m’étais rendue au quartier de Whitechapel, à l’Est de Londres, pour y prodiguer des soins aux indigents et aux plus pauvres, au petit matin. A mesure de mon avancée, j’étais arrivée aux plus près des docks, à Wapping High Street. Je n’avais plus rencontré âme qui vive depuis un moment, jusqu’à ce que j’aperçus, au détour d’une ruelle, une étrange lueur verte...
Pendant un instant, j’ai cru, oui, à une hallucination. Puis, le silence qui régnait dans la rue me dérangea. Le doute ne perdura pas. Je m’approchais de la bâtisse en question, et je sentis tout de suite une odeur significative.
Elle marqua un temps d’arrêt.
- Ce serait naïf et indélicat de ma part, Matthew Prewett, de vous demander si vous avez déjà senti l’odeur de la chair en décomposition. Même si vous ne l’avez jamais senti, dès la première fois, vous savez ce que c’est. Elle vous prend à la gorge et vous donne des frissons. La bâtisse semblait écrasée entre deux immeubles, et je décidais d’y entrer. Un simple Homenium Revelio m’indiqua qu’il y avait bien des gens dans le bâtiment.
Je suivis l’odeur, et arrivais face à une porte... J’entrais dans une pièce où je découvris l’horreur...
La Vélane expira, comme si elle cherchait à chasser les souvenirs de l’odeur qui avait envahi ses poumons et ses narines. Elle soupira longuement, et reprit :
- La pièce devait faire 70 pieds de long et 10 de haut... En son centre, il y avait une grande table en bois au dessus de laquelle lévitait le corps d’un homme, d’un Moldu. Il était maintenu dans les airs par un Sorcier, qui se tenait derrière la table. Il était âgé. Il doit avoir plus de 70 ans, je pense... Mais seul son apparence est marquée par l’âge : son visage ridé, ses mains crispées sur sa baguette et son dos légèrement voûté. Il y avait une autre Moldue, Mrs Abberline, en lévitation contre le mur qui était à ma droite. Et... Tout au fond de la pièce, il y avait un amas de cadavres. Je ne sais pas combien, je ne parvenais pas à distinguer un seul corps intègre...
S'ensuivit un dialogue avec le Mage Noir... Naïvement, je pensais que je le ferai... Arrêter cette folie. Il a parlé d'un "monde meilleur, propre, et pur". Ensuite, je l'ai vu se concentrer et... Les Moldus mutilés se sont redressés.
Elle sentit son échine frémir, tant le souvenir était intact.
- Je n'avais jamais vu d'Inferi auparavant, Matthew Prewett... Je suis parvenue à les contenir avec le feu. Entre temps, le Mage tua le Moldu, très certainement ce... John, qu'appelle constamment Mrs Abberline. J'étais tétanisée.
Elle ferma les yeux un moment. Puis les rouvris.
- Il a eu des mots qui m'ont étonnée. Quand je lui ai demandé pourquoi il s'attaquait aux Moldus, qu'ils étaient des êtres humains comme nous et qu'effectivement, je cherchais à les défendre, il m'a répondu ceci : "Traîtrise dont vous êtes coupable, en vous accouplant avec ces chiens, vous conspirez contre les nôtres, vous êtes responsables pour des dizaines de morts d'hommes et de femmes au sang noble dont vous partagez l'héritage. Je vous déclare coupable ! Et la sentence pour la traîtrise, jeune fille, c'est la mort."
A nouveau, la Vélane marqua un temps d'arrêt. Les paroles du Mage résonnaient dans son esprit comme s'il les lui avait répété aujourd'hui encore. Il ne faisait aucun doute qu'il était un des partisans de cette théorie pro Sang-Pur, accroissant la probabilité de son implication à la Fête de la Concorde.
- Ensuite, tout est allé très vite. A mesure que nous "discutions", j'avais réfléchi à la manière dont je pouvais nous faire nous échapper, la Moldue survivante et moi. Je parvins à créer une diversion et à immobiliser le Mage, et sortis de la pièce avec Mrs Abberline. Elle était déjà profondément choquée... Je décidais de créer un Portoloin pour l'envoyer aux autorités compétentes, ironisa-t-elle avant de se reprendre : J'ai été suffisamment sotte pour me sentir capable de retenir le Mage jusqu'à l'arrivée des Aurors de la Chambre. Je sortis donc de la bâtisse par derrière, débouchais sur les King Henry's Stairs et finalement sur les quais bordant la Tamise...
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Re: Le temps de la Vérité. par Jeu 21 Aoû - 0:16
Un sourire se voulant réconfortant passa sur le visage de Matthew lorsque Miss Delacour commenta ce qu'il venait de lui dire à propos de Mrs Abberline. Sourire qui se transforma en encouragement silencieux quand Passiflore s'apprêta à entrer dans le vif du sujet. D'un coup de baguette magique, Prewett donna l'ordre à la plume de commencer la prise de note. Il avait fait ce geste le plus discrètement possible, pour ne pas perturber la jeune femme en la déconcentrant ou pire, en l'angoissant. Elle était certainement plus forte et plus vaillante que son visage angélique lui en donnait l'air, en témoignait ce à quoi elle avait survécu, cependant, Passiflore était de ces femmes envers qui l'envie de se montrer prévenant était plus forte que la logique. Alors, Miss Delacour commença son récit. De sa voix claire, agréable à l'oreille et posée, elle narra son histoire avec un soin qui lui faisait honneur. Rares étaient les témoins qui avaient l'éloquence et le sang-froid pour raconter ce qu'ils avaient vu et vécu en commençant par le primordial : le début de leur histoire. Nombreux étaient les éléments perdus par la mémoire humaine, allant même parfois jusqu'à laisser de gros trous sur le lieux, le moment du jour, les noms. Mais Passiflore faisait un travail de mémoire remarquable. Tout à son récit, Matthew prit garde à ne pas l'interrompre, même alors qu'elle l'interpela. Le protecteur de l'Ordre se figea, absorbé, lorsque Passiflore se mis à décrire la pièce dans laquelle elle avait découvert la vision cauchemardesque dont nul n'avait voulu croire un mot. Sa tasse dans les mains, il l'observait d'un air grave tandis qu'elle en faisait le récit. D'une part, il enregistrait ses paroles en se surprenant de la façon dont le rapport avait été allégé dans les détails, d'autre part, il surveillait les émotions qui passaient sur le visage de la narratrice. Même s'il était quasiment sûr qu'elle n'avait pu inventer pareille histoire, surtout après ce qu'il s'était passé à la Godric's Hollow, sa conscience l'obligeait à étudier la situation comme n'importe quelle autre. Mais, malgré sa concentration et le recul qu'il tentait d'opposer aux paroles de la belle guérisseuse, un frisson courut sur l'échine de Matthew en même temps que sur celle de Passiflore, lorsqu'elle parla des inferis. En même temps, un choc sourd remua son estomac. Rien n'avait été écrit au sujet de cela. L'on n'avait n'avait pas retrouvé d'inferis, et c'était certainement tant mieux pour la brigade, qui ne voulait pas voir cette histoire faire des vagues. Puisque l'on n'avait rien vu, on pouvait le passer sous silence. Matthew pinça les lèvres, contrarié par la gravité de ce déni. Une telle mauvaise foi en disait long sur la santé de la Chambre du Conseil. Ses pensées revinrent vite au récit de Passiflore, et le jeu d'autruche de la Chambre fut le dernier de ses soucis, lorsque la guérisseuse cita des paroles qui, à son visage, l'avait profondément marquée. Prewett lui-même en fut choqué. Oh, il avait entendu beaucoup de choses, mais ce genre de propos abjects étaient une grande première. C'était absurde, démesuré, grotesque. Honteux. Matthew se tortilla dans son siège. Son esprit vola vers les Gaunt, et il s'imagina Janus prononcer de telles paroles. L'homme pouvait-il avoir pris une autre forme pour commettre les crimes odieux dont il avait l'air de rêver depuis toujours ? En un sens, c'était ce que le jeune homme aurait souhaité. Car sinon, cela signifiait qu'un autre sorcier traînait au-dehors, prêt à recommencer son carnage, et cela sans la pondération d'un homme qui était retenu par le prestige de son poste et la nécessité d'un salaire. Car, si on laissait Janus Gaunt exercer au Magenmagot, c'était bien pour réfréner ses instincts sauvages plutôt que pour lui faire le moindre honneur. La plume s'immobilisa tandis que Passiflore reprenait son souffle. Jusqu'alors, Matthew n'avait pas même pris la peine de toucher à sa tasse de thé, bien trop absorbé pour penser à autre chose qu'à l'histoire de la jeune femme. Le courage qu'elle avait déployé, pensant faire barrage à un mage noir bien plus expérimenté qu'elle, frôlait la stupidité, mais c'était en même temps d'une bravoure rare, rarement trouvée même parmi ses congénères masculins. Aussi plutôt que de l'en blâmer – et pour détendre la jeune femme – Matthew s'autorisa un sourire, ponctué d'un trait d'humour : « Si vous aviez suivi vos études à Poudlard, nul doute que vous auriez été accueillie à bras ouvert dans la Maison Gryffondor. » Matthew posa sa tasse et croisa les bras sur ses cuisses, se penchant avec un sérieux recouvré vers son interlocutrice. Il l'observa une seconde, lui laissant encore un petit moment de répit, avant de la questionner afin qu'elle continue son récit. Pour le moment, il ne souhaitait pas revenir sur les points qui ne concordait pas avec le rapport qu'il avait eu entre les mains. Ni sur ce qui l'avait le plus interpelé dans ce récit : l'origine même de son déplacement dans les quartiers incertains de Londres. « De ce que j'ai lu, vous avez raconté aux forces de l'ordre qu'un duel magique a eu lieu entre le mage noir et vous. D'après leur propre enquête – une mimique sceptique passa sur son visage – ils confirment un incendie sur Whapping High Street, mais qui aurait eu pour l'origine... Cela me fait honte tant la déduction est grossière, pardonnez-moi de vous la rapporter, Miss Delacour... pour origine un départ de feu à cause d'une cheminée mal ramonée. » Dans d'autres circonstances, une excuse aussi grotesque l'aurait fait rire aux éclats, mais même sans avoir eut la fin du récit de Passiflore, Matthew n'avait absolument plus le cœur à rire. Tout humour l'avait quitté et une colère grondante agitait son ventre. Les incendie ayant une telle origine étaient certes courants, en particulier dans les quartiers moldus où les pauvres n'avaient pas les moyens de payer les services d'un ramoneur, mais les membres de l'Ordre de Merlin, s'étant rendu sur place après le passage des Aurors, n'avaient pas eu besoin de retrouver un os humain aux trois-quarts carbonisés pour se rendre compte que le feudeymon n'avait pas été le délire hystérique d'une immigrée. « Le rapport des Aurors stipule cependant que vous avez parlé d'un feudeymon… Pouvez vous m'expliquer comment cela s'est produit ? » |
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Re: Le temps de la Vérité. par Lun 2 Mar - 19:04
Il était très encourageant d’avoir une oreille aussi attentive que celle de Matthew Prewett. Cela donnait envie et motivation à la jeune femme de continuer son récit et d’être la plus fidèle possible dans ses paroles. La Vélane avait totalement occulté le mouvement fluide et rapide de la plume qui s’attachait à noter tous les mots qu’elle pouvait prononcer.
Passiflore relevait également les quelques réactions du jeune homme, quoique discrètes, selon l’enchaînement des évènements narrés. Elle était soulagée de constater qu’il exprimât de la surprise et de la gravité là où les premières personnes qui avaient interrogés la Vélane avaient manifestés de l’indifférence. Sur le coup, elle ne s’était mise en colère, encore sous le choc des événements. Mais une fois qu’elle était rentrée chez elle et que la pression était retombée, elle s’en était profondément voulue de ne pas avoir su les convaincre.
Elle sourit lorsque le jeune homme détendit l’atmosphère en ouvrant une parenthèse.
- Un ami m’a parlé de la maison Gryffondor... Il en parle comme s’il s’agissait d’une seconde famille.
D’un air plus grave, elle ajouta :
- J’ai été parfaitement inconsciente... Lorsque j’ai agi, ce jour-là, je n’ai pas réfléchi suffisamment et sans prendre de recul. Je... je l’ai réalisé en constatant les réactions de ceux à qui j’ai raconté ce que j’avais fait. Je ne sais pas ce qui m’a pris. Plus je revois la scène dans ma tête, plus je me demande comment je peux être encore en vie aujourd'hui.
Lorsqu’elle acheva la première partie de son récit, elle s’offrit une pause. Elle porta sa tasse de thé à ses lèvres et ferma les yeux en en buvant une gorgée. Lorsque son interlocuteur prit à son tour la parole, elle l’écouta avec cette même attention qu’il avait manifestée à son égard.
Elle fronça les sourcils lorsqu’il lui présenta, quelque peu honteux, les résultats de l’enquête. Elle se mordit la lèvre et se maudit en sentant des larmes de frustration lui monter aux yeux. Pudique, elle se reprit et s’efforça d’esquisser un sourire en répondant :
- C’est ma foi... Original, comme déduction. Je dois avoir quelques problèmes de vue ou souffrir d'hallucinations. Toutefois, je doute que le Mage à l’origine du sortilège soit flatté que son Feudeymon soit comparé à un feu de cheminée., ironisa-t-elle. C'est embêtant, d'ailleurs, que les enquêteurs dépêchés sur cet incident aient de tels problèmes d'appréciation... Je n'ose imaginer ce qui sera trouvé et prétexté s'il survient d'autres incidents comme le mien ou celui de la Nuit de la Concorde, ajouta-t-elle.
Elle regarda le jeune homme. Elle ne lui reprochait rien, mais été frustrée de voir comment était traitée son histoire, qui trahissait un manque sérieux d'investissement et de prise en compte du contexte dans lequel les Sorciers mais aussi les Moldus se trouvaient. Si les Sorciers ne se responsabilisaient pas en cherchant les coupables de tels actes, les tensions allaient s'envenimer entre les différentes communautés mais aussi entre les différentes opinions sorcières. Elle soupira.
- Pardon. Je vous fais un procès injuste, vous n'y êtes pour rien. Je suis juste effrayée de constater que la prise en charge de mon récit n'ait pas plus inquiété les autorités... Comment seront considérés les prochains événements de ce genre ? demanda-t-elle au jeune homme, bien qu'elle doutât qu'il puisse lui offrir une réponse.
Elle se tut un instant, puis reprit son récit :
- Excusez moi. Revenons à ce pourquoi vous êtes venu ici... Hum... Quand je suis arrivée sur les quais, je n’ai pas eu le temps de me demander quoi faire. Je me suis juste dit qu’il fallait que je tienne jusqu’à ce que... quelqu’un arrive.
Guérisseuse
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Re: Le temps de la Vérité. par Dim 3 Mai - 21:06
Il ne plut guère à Matthew de voir la frustration remplir de larmes les yeux de la française. Lui-même éprouvait une véritable colère contre ceux qui avaient déformés des faits cruciaux, par peur. Comment pouvaient-ils à se point se voiler la face ? Car, à n'en pas douter, ce qui était arrivé là se produirait de nouveau, et peut-être la situation serait-elle plus grave encore. Le gouvernement ne pouvait se cacher les évènements pour en détruire l'impact. Il ne pouvait pas les rendre irréels en inventant une nouvelle version des faits. Matthew comptait bien en toucher quelques mots à son père, quand bien même il savait que celui-ci n'était pas omnipotent. Face aux manipulations et autres fomentations qui avaient cour à la Chambre, le Chef du Conseil lui-même se trouvait parfois pieds et poings liés.
L'indignation de la sorcière déborda bientôt sur ses paroles. Il y avait de quoi et Prewett ne pouvait que l'en excuser. Comment aurait-il réagit, lui, s'il voyait son histoire piétinée et ridiculisée dans un autre pays, alors qu'il devait déjà affronter le trauma qu'avait causé l'évènement ?
Ce fut à ce moment, néanmoins, qu'il réalisa qu'à être pressé d'écouter le récit de Passiflore Delacour, il en avait oublié de parler de son ordre, d'expliquer à la française le fonctionnement de son organisation.
« Ne vous excusez pas, Miss Delacour. Je n'ai aucun mal à imaginer votre frustration. »
Le regard du jeune homme, à la fois grave et attentionné, parcourut le visage de la jeune femme avant de s'arrêter dans les yeux de celle-ci, qu'il fixa avec intensité, soucieux de la rassurer sur la sincérité de ses prochains mots.
« Sachez-le cependant, je vous crois. Votre histoire explique tous les points obscurs que la version officielle ne peut résoudre et l'ordre de Merlin mettra tout en œuvre pour faire réagir les autorités compétentes, je vous le promets. »
Matthew se leva, animé par l'impatience qui le submergeait à présent. Celle de rassurer la jeune femme, celle aussi de faire son rapport à l'ordre de Merlin. Et, surtout, celle qu'il éprouvait à l'idée de faire la lumière sur cette terrible affaire.
« Je remarque non sans honte que je n'ai point pris le temps de vous expliquer les tenants et aboutissants de l'ordre duquel je fais parti, et auquel, en tant que française, vous n'êtes peut-être pas familière. L'ordre de Merlin est un organisme indépendant du Conseil des Sorciers. Il ne réfère qu'à lui-même, car son devoir est d'étudier, avec le plus d'impartialité possible, les lois sorcières afin de veiller à ce qu'aucune n'entrave le droit moldu. Mais, depuis l'arrivée de notre chef, Barnabas Bird, et même au-delà, notre mission consiste aussi à veiller à ce que leurs droits soient appliqués dans le monde sorcier, et qu'ils soient protégés de la magie. Nous ne sommes pas des juges, mais nous tâchons cependant de percer à jour l'injustice afin que l'harmonie soit rétablie. »
S'interrompant une seconde en se rendant compte qu'il parlait maintenant avec animation, une lueur fervente dans les yeux, il prit le temps d'inspirer, pour pousser un soupir qui se voulait discret.
« Il y a un mage noir qui sévit, c'est certain. S'il était seul dans un premier temps, comme semble le suggérer votre récit, ce n'est plus le cas désormais. La situation est trop grave pour être ignorée des personnes compétentes, lorsqu'elle atteindra leurs oreilles. Car, si une force s'opposant aux moldus et aux sorciers non issus de familles sorcières se met à sévir, nous allons droit au devant d'une guerre. Si l'Angleterre sombre dans de tels extrêmes, je n'ose imaginer ce qu'il se passera dans le reste de l'Europe, où les moldus craignent plus encore les sorciers… »
Matthew baissa les yeux, se rendant compte que ce qu'il venait de dire n'était certainement pas pour rassurer la française. Après une courte seconde de répit, il ramena son attention sur la jeune femme, s'excusant d'un regard, pour finalement lui adresser un faible sourire.
« Ce qui vous a amenée dans les bas-quartiers de Londres sont des intentions tout à fait louables, admirables même. Nous aurions besoin de davantage de sorcières comme vous au sein de la communauté magique, et même à l'intérieur de l'ordre de Merlin lui-même. Mais… promettez de ne point recommencer telle folie. Sans escorte, vous vous exposez trop dangereusement. Vous ne pouvez dispenser les soins à autrui au péril de votre propre vie. Cependant, l'ordre de Merlin serait heureux d'accueillir de telles initiatives, et vous pourriez aller sous l'escorte de protecteurs de l'ordre. Je vous laisse y songer. »
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Re: Le temps de la Vérité. par Sam 16 Mai - 22:55
Elle s’était laissée gagner par la frustration qu’avaient engendrée les paroles que lui avait répété le jeune homme. Passiflore pinça les lèvres, peu habituée à se laisser aller de la sorte. La compréhension que son interlocuteur manifesta à son égard la soulagea un temps.
Puis, enfin, Matthew Prewett prononça les mots que la jeune femme attendait intérieurement. « Je vous crois ». La tension, qu’elle avait accumulée en elle durant ces quelques semaines d’attente, au cours desquelles les rares personnes à qui elle avait raconté sa mésaventure l’avaient, dans le meilleur des cas, traitée d’inconsciente et de menteuse, sembla disparaître d’un coup. Son visage se détendit vraiment pour la première fois depuis l’arrivée du jeune homme et elle ne put retenir un soupir de soulagement. La boule d’angoisse, de colère et de frustration qui s’était logée dans sa gorge et qui n’avait cessée de grossir à mesure des récits et cauchemars que faisaient la Vélane s’affaissa à son tour.
- Merci, souffla-t-elle du bout des lèvres d’une voix serrée, en proie à un profond soulagement. Vous n’imaginez pas la valeur qu’ont vos mots pour moi. Merci beaucoup, Matthew Prewett, répéta-telle en levant les yeux vers lui.
L’implication que le jeune homme montra quant à cette affaire acheva de rassurer et soulager la Française. Son hôte sembla, brusquement, incapable de tenir en place. Elle le regarda se lever, quelque peu surprise, puis l’écouta attentivement discourir sur l’Ordre de Merlin et le rôle de cette brillante institution. Elle en avait, bien sûr, déjà entendu parlé, mais jamais par un membre de la dite organisation, ce qui offrait une véracité et une crédibilité qui manquaient parfois à ceux qui pouvaient parler de l’Ordre sans réellement savoir ce que c’était. Elle fut d’autant plus attentive que le jeune homme parla avec passion. La Vélane aimait les gens investis et passionnés, les gens qui vivaient leur métier. Matthew Prewett devait être une de ces personnes si rares et si précieuses aux institutions.
Seule l’inquiétude ternit un peu son discours, mais Passiflore ne pouvait que la comprendre. Les journées des membres de l’Ordre devaient être bien remplies avec les événements en cours, et ne devaient pas être des plus faciles. Ils devaient sûrement être amenés à discuter avec les différents partis du conflit, être appelés sur des cas où personne ne voulait se rendre... Passiflore trouvait l’investissement et l’engagement du jeune homme louables, et, en l’espace de cette seule rencontre, éprouvait une grande inspiration et admiration envers le jeune Prewett.
Les derniers mots de son hôte la surprirent.
- Je ne ferai plus preuve d’une telle inconscience, je vous le promets...
Elle haussa un sourcil, et lui rendit son sourire :
- C’est une proposition ?
Guérisseuse
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Re: Le temps de la Vérité. par Dim 17 Mai - 16:16
C'était pour le moins osé - ou en tout cas, peu conventionnel - de proposer aussi promptement une place parmi les membres de l'Ordre de Merlin à mademoiselle Delacour. Ce n'était d'ailleurs pas dans les habitudes de Matthew, ni dans celles de l'Ordre en général, d'agir avec tant de précipitation. De mauvaises langues auraient pu arguer que la beauté envoûtante de la jeune femme était propice à faire perdre son sang-froid au jeune Prewett, par quelques maléfices inconnus des hommes. La vérité était tout autre, cependant. Les raisons, multiples.
« C'en est une, si l'aventure vous tente. » répondit doucement Matthew, sans se départir de son léger sourire.
Jamais la situation n'avait été si tendue au Royaume-Uni et Barnabas Bird lui-même venait à s'inquiéter du manque d'effectif que comptait l'Ordre de Merlin. Ils possédaient bien plus de secrétaires chargés d'étudier les nouvelles lois que de protecteurs, et la pénurie de guérisseurs était flagrante, ceux-là souvent bien plus attirés par la perspective d'officier à Sainte-Mangouste ou à leur propre compte afin d'obtenir un meilleur salaire, ou ne se rendant pas compte de la diversité de corps de métier dont avait besoin l'Ordre pour fonctionner.
Aujourd'hui, l'Ordre de Merlin comptait une poignée de guérisseurs dont la moitié ne pouvait plus, du fait de son grand âge, aller sur le terrain comme l'avait fait Passiflore, et dont l'autre moitié craignait trop de voir la situation lui échapper pour s'aventurer quasiment à l'aveugle dans les quartiers moldus.
« C'est un peu cavalier de vous faire une telle proposition alors que nous nous rencontrons pour la première fois. Ce n'est pas dans les habitudes de notre organisation d'ailleurs, mais mon intuition me dit que nous gagnerions à nous inspirer de vos initiatives avant que toute possibilité de dialogue soit définitivement rompue entre la communauté magique et moldue. Connaissant Barnabas Bird, je ne doute pas qu'il verra votre inclusion dans l'Ordre comme bienvenue lorsque je lui narrerai le véritable récit de votre histoire. Bien sûr, si vous le voulez vous aussi. »
- Pnj aléatoire
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Re: Le temps de la Vérité. par Mer 27 Mai - 23:33
C’était effectivement une proposition. Bien sûr, si elle acceptait, elle aurait du travail supplémentaire, mais que diable ! Elle aimait travailler, et surtout, rendre service. Offrir son savoir et ses compétences aux nécessiteux, offrir son temps et son attention aux malheureux... Changer le monde, ce n’était guère possible, mais faire de son mieux en son temps et son lieu, ça l’était, et Passiflore ne pouvait se résoudre à faire autrement. L’Ordre de Merlin pouvait lui donner la possibilité d’étendre le champ de ses possibilités, et d’en apprendre plus encore. Elle pourrait aussi, très certainement, rencontrer des gens intéressants et instruits, et entendre dans les paroles de ses homologues l’écho des siennes.
- S’il m’est donné la possibilité d’aider des gens comme vous venez de le faire avec moi, je ne peux qu’accepter, sourit-elle.
Elle était considérablement emballée par l’idée. Cependant, son esprit la mit en garde. L’espace d’un instant, d’une joie et d’une ambition irrépressibles, elle avait oublié d’où elle venait et qui elle était. Jusqu’ici, son exil ne lui avait jamais été reproché et elle n’avait jamais été inquiétée par ses détracteurs. Elle en venait, par moments, à oublier. Ce devait être un bon signe, non ? Oublier son ancienne vie, en France, et les souvenirs, bons et mauvais, qui avaient forgé son caractère.
La Française leva les yeux lorsque Matthew Prewett reprit la parole. Elle ne pouvait qu’être fière et portée par les mots qu’il prononça. Elle espérait, bien sûr, que son entreprise en inspirerait certains, mais de manière plus responsable et sécurisée, évidemment.
- Je serai fière d’initier des démarches pour favoriser l’entente entre les Sorciers et les Moldus... Cependant, avant de vous offrir un oui définitif, je ne peux garder certains faits sous silence qui pourraient, peut être, porter préjudice...
Elle inspira, les mots lui pesant quelque peu lorsqu’elle les prononça :
- Je suis Française, expatriée depuis 8 ans. J’ai fui les menaces de ma famille, dans un pays qui, avant le vôtre, avait le sang des innocents sur les mains... J’ai appris mon métier ici, auprès du peuple anglais et lui en serai éternellement reconnaissante. Je ne veux pas, toutefois, qu’on puisse vous reprocher, à vous ou à l’Ordre, de m’avoir intégrée dans vos rangs.
Passiflore savait que les relations entre son pays et l’Angleterre avaient connu des périodes beaucoup plus tendues que celle qu’ils vivaient actuellement, mais elle préférait avertir son interlocuteur. Il était un second point, et non des moindres, qu’elle devait aborder avec le jeune homme.
- Et, dernière chose... Je suis une Sang-Mêlée, et, de ma Grand-Mère, j’ai hérité de sang de Vélane, avoua-t-elle.
Elle se mordit la langue. Mal à l’aise, elle passa la main dans ses cheveux. Elle n’aimait pas dévoiler ce « secret », car elle n’aimait pas les réactions qui en découlaient, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Ses amies lui avaient souvent envié ce que pouvait procurer la spécificité de son sang, et, a contrario, ceux qui l’aimaient moins avaient souvent critiqué la jeune femme, lui prêtant des intentions qui n’étaient pas siennes liées aux rumeurs et légendes qui courraient sur les créatures qu’étaient les Vélanes.
- Je n’aime pas m’en « vanter », Matthew Prewett. Cela m’apporte certes des avantages, dit-elle, neutre, mais ce trait de caractère, si j’ose dire, n’est pas toujours un allié. A nouveau, je ne voudrais pas, si j’intègre l’Ordre, que ses membres le découvrent de manière fortuite...
Elle soupira, gênée, puis acheva :
- Votre proposition m’intéresse beaucoup et je serai ravie d’intégrer les rangs de l’Ordre de Merlin. Toutefois, si pour des questions d’ordre... Politique, diplomatique ou je ne sais quoi d’autre, cela n’est pas possible... Je comprendrai. Vous avez déjà fait beaucoup pour moi.
Guérisseuse
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Re: Le temps de la Vérité. par Sam 30 Mai - 1:52
L'enthousiasme de la française était palpable et communicatif. Elle acceptait. Compter la guérisseuse parmi les membres de l'Ordre du Merlin serait un atout non négligeable pour l'avenir, Matthew en avait la certitude. L'Ordre n'avait jamais été érigé pour faire la guerre, mais pour protéger. La protection passait aussi par l'assistance active des plus démunis, qui avaient besoin de soins, en particulier lors d'attaques de villages. Un « sport » de plus en plus courant, aussi bien pour les moldus que pour les sorciers. L'institution commençait à être dépassée, d'autant plus qu'elle devait de surcroît surveiller les décisions gouvernementales et demeurer forte et objective face à celles-ci.
Cependant, un « mais » vint atténuer l'instant d'après l'engouement de Prewett. Fronçant légèrement les sourcils, davantage surpris que véritablement méfiant, il garda le silence, l'invitant seulement d'un signe de tête à aller au bout de sa pensée.
Matthew avait du mal à imaginer quels éléments du passé pouvait bien freiner l'entrée de la jeune femme au sein de l'ordre. Cela était certainement subjectif, mais à ses yeux, elle transpirait l'innocence et la douceur. Alors, quel point noir pouvait cacher dans le secret de sa mémoire la belle française ?
Passiflore reprit la parole, alors que Matthew revenait s'assoir lentement dans le siège que lui avait désigné plus tôt la guérisseuse. Il éprouva un certain soulagement en entendant les mots de la jeune femme. Il s'agissait de son expatriation. Rien, aux yeux de l'ordre, qui puisse lui être reproché. Elle avait dû fuir, et elle était loin d'être la seule dans ce cas. Ni la première française. D'ailleurs, Prewett avait entendu parler de la famille Rosier, qui semblait proche de quitter leur demeure familiale française pour rejoindre le sol anglais, tant la situation était difficile, dans leur pays, pour cette famille sorcière. Une migration que Matthew voyait d'un moins bon œil que celle de Passiflore, puisqu'il était de notoriété publique que les Rosier possédaient une haine tenace à l'encontre des moldus.
Cependant, avant que le protecteur de l'ordre n'ait l'occasion de la rassurer à ce sujet, Passiflore ajouta une confession qui pris d'abord de court le jeune homme. Elle possédait du sang de vélane. La seconde de stupeur passée, Matthew se prit à sourire pour lui-même. Ainsi, c'était donc de là qu'était venu son trouble lorsqu'il avait posé les yeux sur Passiflore pour la première fois ! Quelque part, cela rassurait le sorcier. Il s'était senti à la fois stupide et indélicat de s'être ainsi laisser troubler par le visage harmonieux de son hôtesse.
La jeune femme ne voulait cependant pas que ses origines soient source de problèmes au sein de l'institution. Matthew, en retour, ne pouvait certainement pas promettre que nul ne la regarderait différemment, qu'elle soit vélane ou non. C'était une sorcière au charme bien réel, au minois délicat et à la taille gracile que bien des hommes ne sauraient ignorer. Et, aussi tolérants et honnêtes pouvaient être ses collègues, ils demeuraient des hommes, pour la plupart tout du moins. Il savait, cependant, que Passiflore n'avait rien à craindre d'eux, encore moins leur jugement.
Alors, prenant appui des avant-bras sur ses genoux, Matthew entrecroisa ses doigts tout en se penchant vers son interlocutrice, une lueur rassurante dans le regard.
« Miss Delacour, j'imagine que ces confessions ne sont pas aussi aisées qu'elles pourraient le paraître et je vous remercie de la confiance que vous me portez. Je suis honoré par votre honnêteté, vous avez eu raison de me faire part de vos craintes, car ainsi, je puis vous rassurer avant que vous preniez vos marques parmi-nous. » répondit Matthew d'une voix feutrée, destinée à la rassurer. « Vous avez ma parole à ce sujet. Quelles que soient vos origines ou votre naissance, cela n'importe pas à l'ordre de Merlin. Comme je vous le disais, nous sommes apolitiques. Certes, nous sommes une force d'opposition de par certaines de nos fonctions au sein de la communauté, mais nous n'avons aucune prétention décisionnaire. Nous œuvrons pour l'égalité et la justice. Cela serait très mal avisé, ne pensez-vous pas, si nous venions à juger nos recrues sur le pays d'où elles viennent et les origines de leur famille ? »
Un sourire amical apparut sur son visage, bientôt suivi par une remarque amusée : « Oh, bien sûr, si vous m'aviez confessé quelque passé criminel, j'aurais reconsidéré ma proposition ! Mais je ne vois pas le moindre crime à être née dans un certain pays et d'avoir un parent vélane. »
Sa remarque ne comportait pas la moindre moquerie. Au contraire, elle avait été prononcée sur un ton léger et il espérait ainsi détendre la demi-vélane. Les femmes travaillant pour l'ordre auraient pu, certes, éprouver quelques jalousies, mais Matthew connaissait assez la plupart pour savoir que ce sentiment était loin d'être une constituante de leur personnalité. Un même but les rassemblait, et c'était tout ce qui importait.
« Nous comptons sur des principes tels que l'honnêteté, le dévouement, le désintéressement. Nous demeurons des hommes, chacun avec son histoire, ses origines, ses qualités et ses défauts. Vous pourriez être surprise par le passé de certains d'entre-nous ! » sourit-il.
À présent que les inquiétudes de la guérisseuse avaient été écartées - en tout cas, l'espérait-il ! - Matthew se redressa, s'apprêtant à parler plus prosaïquement. L'ordre avait une histoire riche et une hiérarchie que la jeune femme se devait de connaître avant d'entrer dans l'institution. Si Barnabas Bird l'entretiendrait certainement à propos de tout cela, Prewett préférait cependant l'instruire sur quelques points essentiels tant qu'il était là.
« Vous devez savoir que l'ordre de Merlin est une institution très ancienne. Comme son nom l'indique, elle a été fondée par Merlin en personne, afin de défendre les moldus des mages noirs ou des sorciers mal intentionnés susceptibles d'abuser de leur « faiblesse » vis-à-vis de la sorcellerie. L'ordre a toujours agi dans une optique d'apaisement, de tolérance, lorsque les tensions entre moldus et sorciers risquaient de briser une paix toujours plus ou moins relative. L'œuvre de Merlin accomplie, l'ordre a plus ou moins subsisté, demeurant parfois en sommeil, sans chef et réelle organisation. Aujourd'hui, Barnabas Bird lui a donné un nouveau souffle et, à cause des guerres intestines que notre monde connaît aujourd'hui, un plus vaste champ d'action. Ainsi, nous comptons aujourd'hui des sorciers aux compétences différentes pour assurer le bon fonctionnement de notre mission. »
Profitant d'une courte pause, Matthew se décida à s'intéresser à sa tasse de thé, et bu quelques gorgées du breuvage tiédi. Parler autant lui donnait soif et bien que le thé ne soit plus très chaud, il lui fit du bien.
« Ainsi, il y a notre chef, Barnabas Bird, qui est au courant d'à peu près tout ce qui se passe au sein de l'ordre et des missions de chacun. C'est un sorcier accessible et jovial, je ne doute pas qu'il s'empressera de venir à votre rencontre le moment venu pour vous parler bien mieux que moi de tout cela. Vous pourrez compter sur lui en toutes circonstances, que ce soit pour vous conseiller ou vous rassurer. Barnabas s'appuie sur l'aide des conseillers de l'ordre. Ce sont eux qui se tiennent au courant de l'actualité et qui épluchent les lois et les décrets. Leur travail est loin d'être simple et demande souvent quelques bras de fer avec le Conseil des Sorciers. Puis il y a les protecteurs, dont je fais parti. Nous avons pour mission d'agir sur le terrain, d'intervenir lorsque nous sommes appelés sur un lieu de conflit. Autrefois, nous allions principalement sur des lieux où les moldus étaient en danger, mais à l'heure actuelle, nos missions se diversifient, car il faut avoir conscience que les moldus eux aussi s'en prennent aux sorciers. Vous devez, en tant que française, en savoir quelque chose, hélas… Cependant, nous ne sommes pas des figures d'autorité. Nous n'arrêtons personne, et nous n'avons aucunement le droit d'exécuter le travail de brigadiers ou d'aurors, ce qui rend nos interventions d'autant plus délicates et complexes. Disons que nous gardons un œil vigilant sur le pays, tentons de rétablir le status quo et prévenons les forces de l'ordre lorsque la situation l'exige. Enfin, nous avons les guérisseurs, dont vous ferez parti. Ils travaillent principalement dans un petit dispensaire attenant aux locaux de l'ordre de Merlin ou directement dans les villages lorsque la situation l'exige. »
- Pnj aléatoire
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Re: Le temps de la Vérité. par Mer 1 Juil - 20:44
Faire part de ses origines à son interlocuteur lui paraissait loyal et naturel, quand bien même elle craignait la réaction qui pouvait découler de cet aveu. La dernière fois qu’elle avait avoué ces faits de la sorte à quelqu’un remontait loin dans ses souvenirs, puisqu’il s’agissait de la nuit de sa rencontre avec la personne qui l’avait formée. Passiflore se souvenait de l’appréhension qui lui avait noué l’estomac, et de l’émotion que ces mots avaient soulevée en elle. Elle arrivait fraîchement de son pays, volontairement expatriée pour sa propre sécurité. La Vélane, encore très jeune, avait du s’appliquer à retenir ses larmes, et l’accueil bienveillant et chaleureux d’Amanda Hatthaway avait eu raison de son angoisse et de ses peurs. Elle avait pris Passiflore sous son aile et lui avait offert son savoir, offrant à cette dernière une perspective, un avenir dans lequel elle avait pu se projeter, à l’heure où elle avait tout abandonné.
La réaction de Matthew Prewett soulagea la Vélane, l’amusant même. Nombre de personnes qui apprenaient de manière fortuite sa qualité de demi-Vélane semblaient retenir un soupir de soulagement, comme si cette déclaration apportait une réponse à une quantité certaines de questions et taisait leur imagination. Si aujourd’hui Passiflore était « à l’aise » avec les émotions qu’elle pouvait dégager auprès de son entourage, il lui en avait fallu du temps. Désormais, elle prenait les remarques à la légère, mais n’hésitais plus à être franche avec ceux qui pouvaient se montrer discourtois ou provocateurs.
- Vos mots me rassurent, souffla-t-elle, soulagée par la congruence des propos et du ton de son interlocuteur. Elle sourit, même, au trait d’humour que présenta le jeune homme. Les Français sont parfois perçus comme tels, mais je compte bien briser petit à petit les clichés qui nous font passer pour des personnages contestataires et parfois nonchalants.
Elle haussa un sourcil interrogateur, mais intéressé, lorsqu’il évoqua de manière très brève le passé de certains membres de l’Ordre. La Guérisseuse avait déjà hâte d’y être. Elle regarda le jeune homme se redresser, et écouta attentivement la présentation qu’il lui fit de l’Ordre de Merlin.
Elle était bien sûre connue de tous, même au-delà de la Manche. Sans se l’avouer, les Français avaient souvent envié les Anglais pour la puissance de cette institution et sa renommée à l’échelle mondiale. A dire vrai, qui ne pouvait désirer posséder en son pays une confrérie de Sorciers puissants, neutres et loyaux, prêts à défendre le peuple contre la magie noire ? Passiflore se souvint un bref instant de son professeur d’histoire de la magie, fervent admirateur de l’Ordre. Intarissable sur le sujet, il pouvait narrer pendant des heures l’œuvre de Merlin et de ses successeurs, pour ensuite s’agacer de l’indolence des dirigeants Sorciers du pays, incapables, selon ses mots, de réaliser le dixième des actions de l’institution.
La Vélane se souvenait de la virulence de son professeur mais, aux explications de Matthew Prewett, peu du contenu de ses enseignements. Elle n’imaginait pas une telle organisation au sein de l’Ordre, et fut surprise de constater qu’il était constitué de diverses spécialités, offrant à chacune ce qui apparaissait comme un semblant d’autonomie.
- Je suis surprise de tout ce que cela représente, et n’ose imaginer l’organisation que cela induit. C’est l’œuvre de toute une vie, je suppose, pour les hommes et les femmes qui dirigent l’Ordre de Merlin. Si je ne peux m’imaginer le travail de ceux dont je ne connais que très vaguement le domaine, j’ai toutefois bien conscience des responsabilités auxquelles les Guérisseurs doivent répondre.
Elle fit une pause, et en profita pour lui demander :
- Je vais faire bouillir de l’eau, désirez vous encore du thé ?
Elle se leva dans un bruissement de tissu et emporta la bouilloire dans la cuisine, pour revenir quelques instants plus tard.
- J’ai vu la guerre intestine, comme vous la qualifiez si justement. Je l’ai vue dans mon école, dans les yeux de mes camarades et de mes professeurs. J’ose espérer que Poudlard ne souffre pas comme Beaux Bâtons pouvait souffrir lorsque je suis partie. Arrivée en Angleterre, mon soulagement fut de courte durée. Je constatais très vite les prémisses de la guerre fratricide engagée en France, aussi bien dans les campagnes que dans les villes. J’ai espéré, je l’avoue, naïvement, que l’Angleterre ne suivrait pas mon pays dans le triste exemple des tueries au nom du sang et de la pureté. La raison initiale de votre venue ici va à l’encontre de cet espoir, mais l’Ordre de Merlin, que vous représentez aujourd’hui, m’offre une nouvelle raison d’y croire.
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