Beloved nieces par Dim 12 Jan - 20:12
« Comment osent-elles ? Comment osent-elles se mêler à la bourbe sans la moindre gêne ! Elles mériteraient d'être dépecées et brûlées vives ! Sortez, vous ! Hors de ma vue ! Je n'en peux plus de vos odieuses nouvelles ! Sortez avant que je ne lance Varuna à votre poursuite ! »
Le sorcier quitta le salon dans un mouvement de cape et Alceste se trouva seule, haletante, entre les quatre murs de pierres grises. D'un geste rageur, elle extirpa sa baguette et la caressa de ses doigts longs et fins.
« Les idiotes. Par Morgane, je promets d'avoir leur peau si elles osent encore une fois trahir la mémoire de Salazar ! Esclave ! »
Un elfe apparut dans un « plop » et son nez s'écrasa lamentablement sur le sol quand sa maîtresse se tourna vers lui. D'un geste qui n'était que pure fureur, elle le propulsa d'un sort en direction de la porte, qu'il heurta.
« Annonce-moi aux Black. Je me rends chez eux, et ils ont tout intérêt à me recevoir comme l'on reçoit une reine. Car c'est ce que je deviendrai bientôt. Et ce seront mes esclaves s'ils osent trahir la mémoire de leurs plus illustres ancêtres. »
L'elfe ne s'embarrassa pas de répondre avant de transplaner, pressé de se trouver loin de la sorcière. Celle-ci expira bruyamment, puis rangea sa baguette avant de se diriger vers sa chambre, par la porte opposée. Mais la sorcière se figea. Son fils, nonchalamment accoudé à l'embrasure de la porte, la fixait avec un regard amusé.
« Doucement, Mère. »
Janus. Son pauvre Janus. Elle qui avait envisagé de marier son fils unique à la plus vieille de ces deux imbéciles de Black, voilà qu'il se retrouvait de nouveau sans prétendante. Il aurait été tellement plus simple si, comme elle enfant, l'une des deux jeunes filles avait montré quelques talents pour le Fourchelang. Ou une autre, qu'importait. La seule importance étaient les gênes, et voilà ce que ces sottes avaient. Du sang Gaunt coulait dans leurs veines, et de fait, le sang de Salazar Serpentard. Cela signifiait que leur sang était capable de concevoir un nouveau fourchelang. Mais si elles trahissaient, si elles se rangeaient du côté de la bourbe et des mous qui espéraient encore éviter la guerre, alors, marier son fils à pareilles progénitures était la plus odieuse des humiliations. Ils avaient de quoi les punir, les mater, mais Janus valait tellement mieux que cela. Il méritait une femme à la mesure de sa stature. Il avait la prestance et le charisme d'un prince. Seule la perfection lui seyait.
« Mon Janus, je suis si navrée... » fondit la sorcière en s'approchant de lui pour prendre le beau visage de son garçon entre ses mains.
« De quoi êtes vous navrée, au juste, Mère ? ...Oh, vous parlez d'Elya. Qu'importe ce qu'elle croit faire, elle se pliera. La crise d'adolescence viendra à lui passer et elle réalisera ô combien elle a pu se fourvoyer.
— …Tu as raison, mon Fils, comme toujours. D'ailleurs, je m'en vais commencer le travail. Il te faut une épouse, et si je dois la concevoir de mes mains, Elya Black sera la glaise et moi le maître d'œuvre. Ta présence apaise ma colère et j'ai besoin de tout mon calme. Embrasse ta mère, mon ange. »
Janus se pencha vers elle et elle ferma les yeux, trouvant dans l'attention de son fils le réconfort dont elle avait besoin.
Affublée d'une longue robe de sorcière noire et d'une cape en fourrure de loup, ses longs cheveux bruns ramenés en chignon au-dessus de son crâne et les pointes tombant dans sa nuque, Alceste quitta le manoir et transplana dans le bosquet qui encerclait la vieille bâtisse. Dans un craquement sonore, elle apparut à Loutry Sainte Chaspoule et s'avança d'un pas déterminé en direction du Manoir Black. On en devinait la majestueuse toiture de là où elle se trouvait, mais cela n'impressionnait nullement la sorcière. Le faste et le luxe dans lequel vivaient les Black l'indifférait au plus haut-point. Car les Gaunt n'avait que faire du porte-monnaie. Seuls la noblesse et le sang comptaient. Les gallions étaient un gadget pour les immoraux, la nourriture des esclaves.
Sans attendre qu'on l'y autorise, Alceste passa le portail et vint frapper au heurtoir de la porte d'entrée. Puis, royale, elle entra à peine la porte fut-elle ouverte, balayant l'entrée des yeux avant de ramener son regard sur le petit elfe qui lui avait ouvert la porte et qui frémissait devant elle, inquiet.
« Où est ta maîtresse ? Je veux parler à Cathleen.
— La... Lady Black n'est pas là, Lady Gaunt. Comme je le disais à votre serviteur, elle est en aff...
— Alors je l'attendrai ! N'y-a-t-il personne pour me recevoir, ou la visite d'une Gaunt est-elle devenue indésirable dans votre demeure ? Va me chercher l'une de tes maîtresses. »
Sans attendre de réponse, Alceste dépassa la petite créature et se dirigea jusqu'au salon, pour y attendre Cathleen ou l'une de ses filles. À peine avait-elle passé la porte qu'elle se figea. Un sourire ourla ses lèvres. Un sourire qui n'avait ni chaleur, ni autre émotion qu'une satisfaction proprement mesquine. Elya et Carey se trouvaient réunies là. Son corps, doucement, se détendit, et elle marcha d'un pas plus suave jusqu'aux deux jeunes filles.
« Comme le hasard fait bien les choses. Je venais justement m'enquérir de vous, mesdemoiselles. » souffla-t-elle d'une voix qui n'avait de serein que les intonations. « J'ai appris que vous aviez été victimes de quelques… troubles. »
Sans attendre de permission, elle s'installa dans le premier fauteuil qui leur faisait face.
« J'espère sincèrement qu'il ne vous ai pas arrivé trop de mal… »
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Re: Beloved nieces par Mar 21 Jan - 1:31
Etait-ce là le prix de la liberté ? Effusion de sang et promesse de déshéritement ? Honte sur ancêtres et descendance ? En gardant son nom, elle perdait ses espoirs, ses désirs, ses rêves, et elle gardait le visage d’une radicale arrogante et prétentieuse. En le perdant, elle perdait sa réputation de potionniste, son coffre à Gringotts, son droit d’être avec sa famille, pour gagner le droit de refuser de se marier à Janus Gaunt et celui de penser comme elle le souhaitait. Maigre récompense, puisqu’après tout, sans argent ni réputation, elle n’était plus rien aux yeux de la société. Elle n’était qu’un nom, un sombre nom avec une sombre destinée. Vouloir y échapper était un désir noble et stupide à la fois. Mais après tout, devait-elle se blâmer de désirer vivre heureuse au bras d’un homme qu’elle aurait choisi, si ce n’était par amour, au moins pour sa gentillesse ou son ouverture d’esprit ? Devait-elle rester de marbre quant à la perspective de se laisser mourir aux côtés d’un monstre détestable et cruel dans l’unique but de rester dans les bonnes grâces d’une personne qu’elle ne supportait pas ?
Dans un faible soupir, Elya ouvrit les yeux sur le salon de la demeure. Carey était là, silencieuse, insondable. La potionniste eut un pincement au cœur en pensant au fait qu’elle partait demain pour l’Ecosse. Sans doute avait-elle espéré une veille de départ plus chaleureuse, ou au moins plus vivante. Mais Elya ne savait pas quoi lui dire. Elle la regarda un long moment, et si sur son visage aucune expression ne perçait, elle était vraiment désolée pour elle. Désolée de l’avoir entraînée dans cette histoire, désolée de ne pas avoir réussi à la défendre face à Cathleen. Au moins Elya se consolait en se répétant que Carey n’avait pas été blessée lors de la soirée. Elles avaient échappé au pire, fort heureusement. Et tout ceci était derrière, à présent.
… Ou peut-être pas. Lorsque résonna les coups du heurtoir dans le manoir, Elya se redressa dans son fauteuil, ses yeux fixés vers l’entrée du salon. Cathleen n’était pas présente, aujourd’hui, et elle n’attendait aucune visite. Alors qui venait frapper à leur porte en ce dimanche ? La réponse vint vite, terrifiante et menaçante. Alceste. Sa voix, avec ses intonations insupportables, elle l’aurait reconnu entre mille. Se levant hâtivement, elle tendit le bras devant sa sœur, dans un geste protecteur, comme pour l’empêcher de faire quoi que ce soit, avant d’avancer de quelques pas, les yeux fixés sur la porte du salon. Elle restait silencieuse, se tenant plus droite encore qu’un pique, le regard fermé et le cœur palpitant. Elle avait espéré un instant que Sully réussisse à la renvoyer chez elle en lui affirmant que Lady Black n’était pas ici, mais ses espoirs étaient vains. Lady Gaunt était là, sinistre, terrifiante, son aura noire emplissant la pièce aussitôt la porte passée.
« Lady Gaunt, que nous vaut un tel honneur ? » - prononça-t-elle respectueusement, exécutant une révérence digne de ce nom pour l’accueillir.
Aucun sourire ne vint habiller ses lèvres rouges. Elle redoutait le dessein de cette visite et n’avait, de toute façon, aucune envie de voir cette maudite sorcière ici. Elle n’aimait pas le reconnaître, mais cette femme-là la terrorisait bien plus que tout autre chose en ce monde. Elle et son mari, son fils, ses serpents. Elle haïssait chacun de ses gestes, chacune de ses paroles. Ces propos qu’elle sifflait avec ce sourire mesquin. Alceste ne s’inquiétait nullement de l’état de ses nièces, Elya le savait, ce n’était qu’un prétexte pour leur parler de la soirée, la fameuse et terrible nuit de la Concorde. Comment avait-elle eu vent de leur présence aussi rapidement ? Elya la regarda s’asseoir et attendit qu’elle eût fini sa phrase pour faire de même, s’asseyant en face d’elle et la fixant avec un regard froid.
« C’est très aimable de votre part. Rassurez-vous, ma tante, nous sommes toujours bien vivantes malgré les troubles que nous avons subi. »
Elle savait que nier les faits n’aurait fait qu’attiser la colère de la maitresse des serpents. Il ne faisait aucun doute qu’elle était au courant de tout, et peut-être même de plus. Discrètement, elle frappa deux fois dans la paume de sa main et aussitôt, Sully apparut, la mine déconfite et le regard désolé. Elle déposa un plateau de douceurs sur la table basse qui séparait les deux filles Black et Lady Gaunt, puis se plia en deux face à cette dernière, son nez au niveau du sol.
« Puis-je vous proposer un rafraichissement, madame ? »
Elle ne lança aucun regard à Carey, de peur de se faire surprendre, mais elle espérait que sa jeune sœur la laisserait parler et tenter de régler cette histoire au plus vite. Moins de temps elles passeraient avec cette sordide sorcière, mieux elles se porteraient toutes deux. Pourtant, quelque chose lui disait que Carey ne tiendrait pas sa langue bien longtemps. Pourquoi fallait-il que cette jeune sotte admire les personnes les plus méprisables de ce monde ?
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Re: Beloved nieces par Ven 31 Jan - 23:23
Il manquait quelque chose à la pièce. Le salon du Manoir des Black était imprégné d'une atmosphère qui dérangeait la cadette de la famille. Peut-être était-ce le silence qui la gênait. Il contrastait tellement avec l'agitation permanente qui régnait dans son esprit depuis la veille. Carey n'avait cessé de se rappeler en boucle tous les événements de la Concorde, cherchant en vain un détail qu'elle avait manqué et qui, peut-être, leur aurait épargné, à sa sœur et à elle, la colère de leur aïeule. Mais sans succès. La jeune fille ne voyait pas, entre les explosions et les sorts, où elles auraient pu trouver une chance de salut. Alors, par entêtement ou par syndrome d'auto-destruction, qu'en savait-on, elle continuait d'écouter inlassablement les cris de sa grand-mère qui résonnaient dans son crâne sans que leur force n'est été atténuée par la nuit.
Carey se sentait étrangement vide. Passée la douleur des gifles et celle, plus acide, des insultes et des reproches de celle qui l'avait élevée, les larmes s'étaient taries pour ne laisser en elle qu'un souvenir glacé. Elle avait agit toute la matinée dans un automatisme silencieux, et seuls persistaient en elle les hurlements de la veille, comme un fond sonore infatigable. La jolie brune avait préparé ses affaires pour Poudlard avec une lenteur calculée. Elle partait le lendemain pour l'école de Sorcellerie, où elle effectuerait sa septième et dernière année. Pour la première fois, ses préparatifs se teintaient d'amertume. Tout d'abord parce que, si elle était plutôt fière d'entrer bientôt dans le grand monde, Carey ne laissait pas moins de la moitié de sa vie dans le château familier, soit l'ensemble de son adolescence. Et ensuite, ne pas entendre les pas vifs et pressés de Cathleen, qui passait d'habitude dans le couloir en jetant quelques coups d’œil inquisiteurs par l’entrebâillement de la porte lui laissait un goût amer au fond de la gorge.
Même Elya, pourtant assise à quelques pas d'elle dans un fauteuil, lui paraissait incroyablement lointaine. La jeune fille s'évertuait à ne pas regarder sa sœur, tournant méthodiquement les pages de son livre, gardant un visage impassible. Qu'aurait-elle pu lui dire ? Qu'elle était désolée ? Elle l'avait déjà fait, et ces bons sentiments de les avaient pas protégé de la colère de la veille... Son départ approchait sans qu'elle ne puisse rien faire pour désamorcer l'ambiance pesante de la demeure des Black. Elle allait transplaner seule le lendemain, prendre son poste de Préfète-en-Chef et laisserait derrière elle le même silence que ce jour, lourd et malsain.
Comme pour lui prouver qu'elle avait tort, les coups du heurtoirs de la grande porte d'entrée résonnèrent dans l'ensemble de la bâtisse. Surprise, Carey leva les yeux de son livre pour poser sur sa sœur un regard qui trahissait son inquiétude. Une voix retentit dans le hall et elle ne fit qu'accentuer la frayeur qui montait chez la jeune fille. Alceste Gaunt. Arrivée à la même conclusion, Elya se leva précipitamment et, dans un geste étonnement protecteur, tendit le bras devant sa cadette qui venait de se lever à son tour, délaissant son ouvrage sur le bord de son fauteuil.
Leur grande tante entra dans la pièce, fière et hautaine dans sa robe noire, sans qu'aucune expression ne viennent habiller son terrifiant visage. À l'instar de son aînée, Carey effectua une gracieuse révérence pour saluer leur invitée, repoussant d'un geste les plis de sa robe émeraude.
« Lady Gaunt. »
Alceste Gaunt était sans aucun doute possible une des personnes les plus effrayantes que la jolie brune ait eu le déplaisir de côtoyer. Il en allait de même pour son mari. Car si Cathleen, bien que froide et austère, était capable d'avoir des sentiments humains, Carey doutait franchement qu'il en fut de même pour Alceste, hormis dans le cas de son fils. Néanmoins, il y avait chez Lady Gaunt une sorte d'aura royale, puissante et supérieure qui, si elle l'impressionnait beaucoup, rendait aussi la jeune Black assez admirative.
Les propos de sa tante, dénués de toute sincérité, faillirent lui tirer un frisson. Comment Alceste était-elle au courant des événements de la Concorde ? Si vite surtout... Jamais sa grand-mère n'aurait été raconter ce déshonneur à la branche la plus pure et la plus radicale de la famille, les descendants directs de Salazar Serpentard. Pour une fois, la jeune fille était plutôt soulagée de pouvoir laisser Elya et son statut d'aînée assurer la conversation. Celle-ci s'en tirait d'ailleurs remarquablement bien et venait de faire apparaître Sully, qui portait un plateau de douceurs. L'elfe semblait avoir pitié d'elles... Assises toutes trois dans les confortables fauteuils de la demeure, la table basse séparant les sœurs Black de leur tante, Carey songea qu'il valait peut-être mieux prendre la parole maintenant plutôt que d'attendre une attaque de Lady Gaunt, qui ne manquerait d'ailleurs pas de venir.
« Madame. Puis-je vous retourner la question ? Comment se porte votre fils ? »
Dernière édition par Carey Black le Mar 4 Fév - 22:00, édité 1 fois
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Re: Beloved nieces par Sam 1 Fév - 17:30
L'honneur… L'honneur semblait tout relatif dans cette maison, aujourd'hui. Alceste n'avait jamais eu beaucoup d'estime pour Elya Black, mais aujourd'hui, elle commençait à entrevoir que la réciproque était peut-être vraie. Jusqu'à quel point ? Cela, la sorcière l'ignorait. Il était temps de jauger à quel degré l'idéal des Gaunt dérangeait les deux petites-filles Black.
Une envie de se lever et de la battre jusqu'à ce que sa chair explose lui secoua les tripes lorsque l'aînée répondit avec une insolente rhétorique. C'était très mal avisé, de le prendre sur ce ton. User de violence ne ferait cependant que conforter la jeune femme dans les idées idiotes qui l'avaient menée à participer à la Fête de la Concorde. Puis, Elya et Carey étaient les petites-filles d'une amie d'enfance, que la Sang-Pur croyait de confiance. Aussi, par estime pour sa collègue et alliée, Lady Gaunt ne les rosserait pas au beau milieu de leur propre salon.
Sa famille avait encore besoin du soutien des Black. Plus que jamais, ils avaient besoin de rassembler, d'unir. Ce travail était loin d'être ingrat et lui incombait. Son époux était un guerrier, son fils le prince en attente du trône. Elle, Alceste, était la mère. Et c'était là un pouvoir que l'on sous-estimait trop souvent. Si elle agissait dans l'ombre de ses hommes, elle était le ciment qui colmatait ensemble chaque pièce de leur empire naissant.
Ignorant la proposition autant que l'apparition de l'elfe, la maîtresse des Serpents tourna les yeux vers la plus petite des deux sœurs. Une ombre passa dans son regard tandis que celui-ci la jaugeait avec intensité. Puis, sans que rien n'ait laissé présager cela, un rire court et dédaigneux échappa à la sorcière.
« Est-ce de la sollicitude ou une tentative laborieuse et imprudente d'obtenir des informations dont il vaudrait mieux que vous ne vous souciiez pas ? »
Elle ne la quittait pas des yeux. Elle n'en avait pas fini avec elle. D'ailleurs, la danse ne venait qu'à peine de commencer.
« Comment devrait se porter mon fils, Carey Black ? J'ignore si je peux encore vous parler en toute franchise… Vos actes à toutes deux scellent une désunion historique. Jamais nos familles ne se seraient trouvées opposées sur un champ de bataille, et pourtant, voilà que cela devient envisageable… Car, pour me poser une telle question, vous devez soupçonner que Janus aurait pris le parti des guerriers, s'il avait été présent lors de cette sanglante nuit. »
Nouveau silence. Alceste croisa les jambes et tourna un instant son regard sur Elya, la mettant au défi d'oser ouvrir la bouche pour prendre la défense de sa cadette.
« Qu'allons-nous faire, jeunes filles ? Comment les Gaunt doivent interpréter le signe fort de deux héritières d'un nom aussi royal que celui des Black festoyant au milieu de nos ennemis politiques ? »
D'un geste lent, Alceste défit les boutons du col de sa cape et laissa celle-ci tomber derrière elle d'un mouvement ennuyé d'épaule. Le simple fait de bouger l'indisposait, mais elle mettait sous le fait d'une grâce indolente la douleur qu'elle ressentait encore à l'épaule, dont le Feudeymon, qui l'avait effleuré au moment où elle sautait de son balai pour transplaner, était responsable. Sous sa robe, sa chair et sa peau étaient calcinées. Chaque blessure était un honneur, cependant, car la cause qui lui avait valu ces stigmates était juste.
« Il pleut au-dehors, Miss Black. » murmura-t-elle sans regarder Elya. « Un thé vaut mieux que de la glace, lorsque la Terre se purifie du sang qui l'a éclaboussée. »
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Re: Beloved nieces par Mar 25 Fév - 0:23
Comme elle s’y était attendu, Carey intervint, les lançant toutes deux sur une pente vertigineuse. De tous les sujets, pourquoi fallait-il qu’elle choisisse celui-ci ? Pourquoi s’était-elle senti obligée de parler de cet infecte, ce fourbe, ce rigide et insupportable Janus ? Retenant difficilement ses yeux de se tourner vers le ciel, elle resta de marbre face à la mère des serpents, son regard préférant se baisser plutôt que de rester fixé à jauger irrespectueusement la réaction de la sorcière. Et le rire qui s’échappa des lèvres d’Alceste la confortèrent dans sa fuite. Carey payait sa sottise, et dans une lointaine pensée, Elya trouva que c’était tant mieux. Mais la punition était rude, surdimensionnée. Sa cadette n’avait, après tout, posé qu’une malheureuse question sans prendre le temps d’y réfléchir. Une erreur de jeunesse, voilà tout. Le bleu froid de ses yeux remonta lentement pour s’ancrer dans ceux de la fourchelangue. Une guerre entre les Gaunt et les Black ? Impossible, pas pour si peu. Ce n’était que des menaces, puéril jeu d’adultes qui se prennent trop au sérieux. Elle ne souhaitait qu’instaurer la peur dans le cœur de sa sœur, la modeler à sa façon en se servant de la peur pour l’empêcher de commettre tout écart. Elya s’apprêtait à prendre la parole pour défendre mais aussi faire taire Carey et ainsi éviter toute autre faute, quand Alceste tourna son regard vers elle. Les mots se noyèrent alors dans sa gorge, et elle hésita un instant à tenter quoi que ce soit. Lady Gaunt fonctionnait avec la peur, et cela marchait très bien.
Elle se tut donc, pour laisser Alceste reprendre la parole, s’adressant désormais aux deux sœurs. Comment devaient-elles agir pour se sortir de ce pétrin ? Subir sans gémir n’était pas une possibilité pour Elya, elle se devait de trouver une défense, un mot, un je-ne-sais-quoi qui permettrait à une famille entière de ne pas avoir à supporter le poids de la honte que deux jeunes femmes leur auraient lancé sur les épaules. Elle le faisait pour tous ceux qu’elle détestait, non pas pour eux, mais pour ne pas être ennuyée par la suite.
« Nous vous devons des excuses, madame, pour l’imprudence et la maladresse dont nous avons fait part. Mais, avec tout le respect que je vous dois, vous vous trompez. Nous n’étions pas là-bas pour festoyer avec des impurs et des traîtres. Nous y étions pour les étudier, pour connaître le positionnement de Lord Prewett concernant les évènements actuels. Nous… Non, j’y étais pour apprendre à connaître les adversaires qui nous font face en ces temps troublés. Ne blâmez pas Carey, elle n’a fait qu’accepter de m’accompagner car je refusais de m’y rendre seule et il est normal, dans une famille, de se soutenir. Malheureusement, son rôle étant celui de cadette, elle n’a su comment me raisonner. »
Elle tourna un instant son visage vers Carey, comme pour la désigner lorsqu’elle parla d’elle, avant de retrouver le chemin des yeux d’Alceste. Elle la fixait sans ciller, mêlant un air désolé et convaincu dans son regard. Elle avait toujours su mentir, et ni les battements calmes de son cœur, ni son corps parfaitement détendu ne la trahiraient. Il était plus facile de mentir aux personnes qu’on connaissait, car il était facile d’user de mots qu’on savait utiles avec celles-ci. Dans le cas d’Alceste, elle savait que la famille était importante pour elle, et que dénigrer les mutmags, les moldus et les traîtres la satisferait.
D’un geste de la main, Elya envoya Sully aux cuisines chercher le thé de la fourchelangue, ainsi que les boissons habituelles des sœurs Black, sans prêter plus d’attention que cela à la tournure théâtrale qu’avait employé Alceste pour le demander.
« Je comprends parfaitement que cette initiative peut vous paraître absurde ou déshonorante, mais elle m’a parut indispensable pour me conforter dans l’idée que ces gens nous sont bien inférieurs. Je ne pensais pas que nous nous ferions remarquer là-bas, et j’en suis sincèrement désolée. »
Au moins ne s’excusait-elle pas directement d’avoir participé à l’évènement. De s’être fait prendre et de son imprudence, oui, mais c’était là tout l’effort qu’elle pouvait faire face à Alceste.
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Re: Beloved nieces par Jeu 27 Fév - 23:58
Un frisson glacé s’empara de Carey, partant du bas de son dos pour remonter jusqu'à sa nuque. Y avait-il plus désagréable et plus terrifiant en ce monde que le regard d'Alceste Gaunt ? À cet instant même, alors que les yeux sombres de sa grande tante la retenaient captive, la jeune fille aurait été tentée de répondre que non. Réflexion faîte, elle se disait qu'elle aurait peut-être dû attendre que la colère de son aïeule vienne d'elle-même plutôt que de la provoquer. À croire que la cadette des Black ne possédait aucun instinct de survie... Une main de fer lui broya les entrailles lorsque leur invitée surprise laissa échapper un rire bref, chargé de dédain, mais elle se força à rester droite et à soutenir le regard de la Lady Gaunt sans faillir. L'éducation que leur avait donné Cathleen faisait ses preuves dans les moments difficiles.
S'écraser dans un sursaut de frayeur, laisser ses grands yeux bleu se remplir de larmes, ce n'était pas là des choses qui auraient attiré de la compassion chez Alceste, d'autant plus que si celle-ci connaissait le sens du mot, elle ne devait certainement pas savoir quel effet cela faisait d'en ressentir. Pour elle, tous ses bons sentiments n'étaient fait que pour ceux qui n'avait pas de pouvoir, les serviteurs et les esclaves à qui l'on ne demandait rien d'autre que d’obéir aux ordres de leurs maîtres. Carey le savait, elle avait été élevée dans cette vision de la vie et l'avait même parfois pensé avec plus ou moins de convictions. Pourtant, y réfléchir aujourd'hui, alors qu'elle se trouvait en si mauvaise posture, lui soulevait l'estomac.
Les mots d'Alceste fondirent sur elle sans qu'elle n'y soit vraiment préparée et sa volonté vacilla. La jolie brune sentit sa main se crisper sur le tissus émeraude de sa robe tandis qu'elle essayait en vain de soutenir le regard de sa grande tante. Les dents serrées, la jeune fille baissa finalement les yeux, fuyant le visage de la sorcière, résolue à ne surtout pas répondre.
Néanmoins, les paroles que prononça sa grande tante par la suite la laissèrent assez surprise et elle ne pût s'empêcher de relever la tête pour l'observer alors que c'était maintenant vers Elya qu'était revenue tout l'attention de la terrifiante amie d'enfance de leur grand-mère. Une désunion historique ? La jeune fille restait légèrement septique. Comment les faits et gestes de deux toutes jeunes femmes lors d'une soirée, quand bien même celle-ci célébrait l’entente entre sorciers et moldus, pouvaient ils influer sur les ancestrales alliances de deux familles de sang pur ? Et conduire à une guerre ? C'était absolument inimaginable, ou alors la Nuit de la Concorde avait pris une importance que Carey ne comprenait pas. Un soupçon de peur s'insinua en elle. Et si Alceste disait la vérité ? Si ces mots n'étaient pas seulement destinés à les désorienter ? La colère de Lady Gaunt ne serait alors plus rien par rapport à celle de Cathleen à leur égard...
Ce fût la réaction de sa sœur qui la surpris le plus et Carey dû prendre sur elle même pour ne pas se tourner vers elle. Mais, finalement, Elya ne faisait-elle pas que répéter le schéma qu'elle avait suivit depuis la veille au soir ? Elle se jetait devant sa cadette, la protégeait de son corps et, plus efficace encore, d'une barrière de mots derrière laquelle elle la poussait pour prendre les coups à sa place. La plus jeune des Black aurait voulu pouvoir démentir, partager la faute alors que son aînée s'accusait et prenait seule les responsabilités de leurs actes. Mais elle avait aussi l'impression que la partie se jouait sans elle, dans un monde trop adulte, trop violent et trop cruel pour qu'elle puisse y avoir un quelconque impact. Pourtant, n'avait-elle déjà pas causé assez de tord à sa famille et plus particulièrement à sa sœur ? Alors, prenant exemple sur Elya, la jeune fille se tourna vers Alceste à son tour.
« Je vous pris d'accepter également mes excuses, Lady Gaunt. J'aurais dû persévérer et être plus convaincante pour empêcher Elya de commettre cette erreur, au lieu de quoi je l'ai accompagné. Sans le vouloir, nous avons trahi l'honneur de notre famille, et rien ne pouvait nous être plus terrible que cela. »
Carey sentait son cœur frapper dans sa poitrine et le sang battre sourdement ses tempes. Elle espérait que sa sœur savait ce qu'elle faisait. Leur sort était désormais entre les mains d'Alceste Gaunt.
Dernière édition par Carey Black le Dim 4 Mai - 21:19, édité 1 fois
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Re: Beloved nieces par Jeu 6 Mar - 18:31
Enfin, Elya parla. Aux premiers mots, la sorcière dû retenir de s'esclaffer avec mépris au visage de la jeune femme. Quel joli baratin que voilà. Des mots choisis, des mots qui sonnaient creux, des mots qui la prenaient pour une imbécile. Une colère sourde naquit et gronda dans le ventre de la Sang-Pur. Une colère qui faisait vibrer les parois de son estomac dans une insatiable faim de chair et de sang. Si sa fille avait, un jour, osé pareille stupidité, elle aurait certainement eu l'occasion de la battre jusqu'au sang, comme elle avait si souvent rêvé de le faire. Et Elya, avec son air fiérot et son aplomb perfide, lui rappela le temps d'un éclair Despina et son immuable arrogance. Elle aussi, aimait tenir tête. Elle aussi avait eu plusieurs fois l'audace de mentir à Lady Gaunt.
Les deux avaient oublié une chose : Alceste aussi avait eu une jeunesse. Elya, pour sa part, en oubliait une deuxième : Alceste était aussi une mère.
Raidie, la maîtresse des serpents baissa les yeux le temps de sauvegarder le marbre de son masque. Elle doutait, elle n'avait aucune confiance en ce joli brin de femme qui gardait la tête haute devant elle, mais les deux jeunes filles ne devaient pas voir les troubles tortueux agitant autant son cœur que son intellect. La déclaration l'avait prise au dépourvu, elle n'imaginait pas Elya capable de lui sortir une telle excuse. Elle ne pouvait plus la condamner sans remettre sa parole en doute et sans courir le risque de briser définitivement ce qu'il y avait de soutien et d'amitié entre Gaunt et Black. Dans son culot, son interlocutrice avait bien joué. Malheureusement, son épaule qui l'élançait toujours et sa mauvaise humeur latente n'arrangeait pas ses ressentis vis-à-vis des deux filles. Alors, quand Carey prit à son tour la parole, ce fut d'un regard vénéneux qu'elle écopa, trahissant le peu d'empathie que lady Gaunt avait pour les remords éprouvés par la Serpentard.
Les derniers mots d'Elya résonnaient dans son crâne comme une insulte à son intelligence. Si Alceste aurait pu envisager que la potioniste lui ait dit — au moins en partie — la vérité sur les raisons de leur présence à la Fête de la Concorde, elle en avait vraiment trop fait pour flatter l'orgueil de sa tante et s'attirer les bonnes grâces de la dame. D'une façon ou d'une autre, la colère allait éclater. Alors, mieux valait la diriger, en faire une arme plutôt qu'un bouclier branlant qui n'aurait fait que conforter les demoiselles dans leur doutes. Alceste releva enfin les yeux sur Elya. Un regard noir, sans compromis.
« En effet, Miss Black, vous avez été une idiote de penser que personne ne vous verrait là et si je n'avais pas un profond respect pour l'amie qu'est votre grand-mère, je me demanderai comment celle-ci vous a élevée, et si la dégénérescence de votre père ne coule pas finalement dans vos veines ! Quand vous aurez à connaître ces choses-là, nous vous le ferons savoir. Nous n'avons pas besoin d'entendre un discours toujours semblable d'année en année pour savoir ce que pense Prewett. Nous savons qu'il n'est rien d'autre qu'un faible à abattre ! sa voix, au fur et à mesure de sa remontrance, s'élevait, gagnant en graves et en férocité, à l'instar de l'étincelle dans ses yeux. Avant de jouer aux apprenties espionnes, je vous serai gré de vous occuper de votre art, Elya, et vous Carey, de terminer vos études ! Quand vous aurez la puissance et la maturité pour vous aventurer sur ces chemins périlleux, nous vous solliciterons, ajouta-t-elle en se levant et en s'approchant, tel un fauve, du fauteuil d'Elya. En attendant que vienne ce jour, je vous interdis de prendre la moindre liberté, la moindre décision. À faire cavalier seul, voyez ce qu'il advient : vous auriez pu mourir de la main de votre propre famille ! »
Alceste se détourna et s'éloigna du fauteuil de l'aînée aussi vivement qu'il y avait fondu. Elle prit une inspiration et son visage changea, résorbant sa fureur, la rentrant de nouveau dans sa cage pour ne pas la voir se retourner contre elle. Les choses étaient dites, il fallait maintenant donner un espoir à ces jeunes pousses, l'espoir de pouvoir réparer leurs erreurs et de remonter de nouveau dans l'estime que leur famille leur portait.
« Imaginez quel fiasco cela aurait été si nous avions dû vous récupérer et vous protéger de nos propres attaques… Vous êtes jeunes et votre sottise vient de là, ayez confiance en vos aînés. Vous avez eu la preuve qu'en faire à votre guise ne peut que vous mettre en péril. Aucun Sang-Pur ne doit se mettre en danger sans que cela soit justifié et vous avez été chanceuses que personne ne vous cherche de troubles au milieu de cette fête immonde. »
Elle marqua une pause, pendant laquelle elle se pencha délicatement pour récupérer la tasse que lui apportait l'elfe de maison. Sortant sa baguette, elle y ajouta, d'un sort, un peu de sucre et de lait, qui vint automatiquement se fondre avec le thé.
« J'ai été jeune, moi aussi. Je n'ai pas toujours été lady Gaunt. Je sais ce que c'est, que de douter… Doutez-vous, mes enfants ? Répondez-moi sincèrement, aucun mal ne vous sera fait. »
Son regard ne trahissait pas le mensonge, et laissait même entrevoir la tentative chancelante d'y faire transparaître un peu de bienveillance. Alceste ne savait, cependant, jouer la comédie à ce point-là, et cela paraissait aussi faux que les excuses d'Elya un peu plus tôt.
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Re: Beloved nieces par Lun 7 Avr - 1:11
Derrière ce jeu, la jeune potionniste se sentait rassurée. Après coup, elle sentait bien que ses excuses sonnaient bien trop fausses pour qu’Alceste y croit, mais la sorcière ne pouvait l’accuser de mentir. Un instant, elle pensa même avoir réussi à arranger un tant soit peu la situation. Elle accepta même sans souci l’insulte que la maîtresse des potions lui lança, comme si ce simple mot pouvait calmer la colère de Lady Gaunt. Mais cela ne lui suffit pas.
A l’énonciation de son père, le cœur d’Elya rata un battement et elle sentit ses entrailles se compresser en une colère rageuse, parsemée de tristesse. Ses poings se serrèrent sur ses genoux, et son regard se fit plus froid que l’acier, alors qu’elle rêvait d’enfoncer la baguette de charme d’Alceste dans sa gorge de vieille harpie pour la faire taire. Les mots qui suivirent n’atteignirent pas les oreilles d’Elya, qui concentra toutes ses forces pour se calmer. Ne pas exploser, ne pas exploser. Dans les plis de sa robe, elle sentit la pointe de sa baguette chauffer, prolongement de son bras, de son âme - sa fidèle – ressentant chacun des furieux battements de cœur de sa propriétaire. La tentation était grande, l’envie irrésistible. Foncer. Faire taire cette sorcière. Non, elle avait besoin de rester calme, de se détendre. Se laisser aller à la colère, tant physique qu’orale, face à Alceste était la pire des idées. Elle ne devait pas céder.
Heureusement, l’occasion de se calmer vint vite, et, contre toute attente, arriva des lèvres d’Alceste. Jouer à l’apprentie espionne. Sans doute étaient-ce ses nerfs qui jouaient avec elle, mais le hasard de ce choix aurait pu la faire rire. En présence de Lady Gaunt, elle se contenta d’afficher une expression moins froide, empêchant tout sourire amusé de poindre sur ses lèvres. Elle laissa le temps à son cœur de ralentir pour retrouver un rythme plus ou moins normal, laissant la mère des serpents continuer son monologue. Jouer à l’apprentie espionne. Ah si elle savait !
Elya s’était calmée à temps, juste avant que la sorcière ne se lève pour s’approcher d’elle. Si ce geste aurait pu la faire craquer il y a quelques secondes, à présent, cela ne fit que l’obliger à baisser les yeux en signe de soumission. Comme elle la détestait d’exercer tant de pression sur elle… Elles n’étaient plus des enfants, et n’avaient pas à recevoir d’ordre de cette vieille harpie. Et la famille, ah ! quel concept intéressant. Elya ne voulait pas de cette famille-là. Elle n’était pas comme eux, ne pensait pas comme eux. A croire qu’elle n’avait pas le même sang qu’eux. Et pourtant, elle était obligée de vivre dans leur monde infecte, de côtoyer chacun des membres tous plus insupportables les uns que les autres. Si elle n’avait pas tant prit goût à sa situation financière et à ses deux carrières – car malgré ce qu’elle avait dit à Miss Delacour, elle appréciait son travail de potionniste -, sans doute aurait-elle envisagée depuis longtemps un voyage sans retour et sans regret. Mais l’incertitude, la peur et la fierté l’enfermaient dans une prison dorée aux barreaux aussi solides qu’imperceptibles. Et les gardiens de son Azkaban à elle étaient les Gaunt.
Elya ne releva les yeux que lorsqu’Alceste reprit son discours. Des yeux bleus, froids, emplis d’une haine correctement dissimulée. Souvenir encore frais, la douleur de sa blessure ressurgit dans son esprit, et elle eut même l’impression que sa cicatrice s’ouvrit à nouveau sous ses tissus. Voilà tout ce que cette famille lui offrait, et cela ne s’apparentait pas à de la protection. Alors pourquoi leur offrirait-elle sa confiance en retour ? De toute évidence, Alceste était aussi sincère qu’Elya.
Quand enfin elle leur donna la parole, l’espionne fut prise d’un doute. Que devait-elle répondre à ça ? Avec son excuse, elle n’avait d’autre choix que de répondre par la positive. Tout était une question de subtilité. Approuver sans trop en dire. Elle prit donc sa tasse, le temps de réfléchir à sa réponse, ajouta du lait, fit tourner la cuillère et en bu une première gorgée. Prendre son temps pour trouver les mots. Elle reposa ensuite sa tasse, et releva la tête, envoyant un regard gêné à sa tante.
« Si vous nous permettez la confidence, ma tante, alors je ne vous mentirais pas. Mes années d’études m’ont fait partager la vie de sorciers au sang impur et je n’ai pas eu l’impression qu’ils étaient moins bons ou impropres au monde de la magie. Pourquoi devrions-nous les évincer ? Ne serait-ce pas plus judicieux de rassembler tous les sorciers, peu importe leur ascendance, pour nous battre contre la menace que représente les moldus ? Sir Longbottom et Sir Bucks étaient présents à la soirée de la Concorde, ce sont deux hommes importants, deux hommes d’actions, de bons alliés, alors pourquoi ne pas les enrôler dans notre combat ? – elle parlait avec empressement et conviction, accompagnant ses mots par des gestes gracieux des mains. Son cœur battait rapidement, mais elle ne se laissa pas le temps de le calmer. Après avoir reprit sa respiration, elle poursuivit – La théorie du sang-pur est trop élitiste, et je ne sais plus qui sont nos vrais ennemis. Nous battons-nous contre les moldus qui tuent nos semblables depuis des années, ou bien contre des sorciers qui pourraient faire perdurer notre monde ? Pourquoi tuons-nous les hommes et femmes de notre communauté ? Pourquoi tuer ceux de notre famille ? »
Elya s’était levée et éloignée du canapé, tournant le dos à Alceste et Carey. Elle pensait à son père, qu’elle n’avait pas assez connu, qu’on lui avait retiré trop tôt. Il n’était pas dégénéré, elle le savait. Peut-être était-il comme elle ? Peut-être avait-il voulu fuir le monde dans lequel on l’avait enfermé ? Pendant son discours enflammé, ses mains s’étaient mises à trembler sans qu’elle ne puisse les contrôler. Un soupir lui échappa, alors que son cœur se calmait doucement. Elle se retourna, la mine grisâtre et le regard baissé, se rapprochant lentement de son point de départ. Et d’un ton posé, bien plus contrôlé, elle déclara :
« Pardonnez-moi, madame. Certaines subtilités m’échappent encore.»
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Re: Beloved nieces par Lun 5 Mai - 21:48
Comme pour appuyer ses pensées, la cadette reçut un regard vénéneux de la part de Lady Gaunt. Elle s'interdit de baisser les yeux pendant quelques secondes avant de céder. Une onde de soulagement la parcourue néanmoins. Elya avait bien joué. Impossible à présent pour l'effrayante sorcière de jeter sur elles toute sa colère, à moins de n'accorder aucun crédit à leurs dires. Mais cela, en revanche, aurait bien pu signifier la fin de l'union de leurs deux familles. Cathleen Black passait pour avoir un cœur des plus glacés, mais elle tenait énormément à ses deux petites-filles.
La remontrance, à laquelle les deux sœurs ne pouvaient échapper, vint avec une violence que la jolie brune n'aurait pas soupçonné. À l'évocation de son géniteur, le cœur de Carey loupa un battement. La "dégénérescence" de leur père. Elle-même ne l'avait pas connu. Il les avait abandonné avant qu'elle soit en âge d'avoir des souvenirs. Une partie de son être se figea dans un dégoût et un mépris glacial. Elle ne voulait rien avoir en commun avec cet homme qui se disait leur père mais qui les avait déshonorées et laissées comme orphelines à leur Grand-mère. Mais, d'un autre côté, le sentiment d'être la cause de tout ce désastre s'insinua insidieusement en elle sans qu'elle ne puisse l'en empêcher. La jeune fille battit des paupières pour chasser cette pensée, heureuse de ne pas pouvoir voir le visage d'Elya en cet instant. Cathleen Black était sa vraie famille, celle qui l'avait regardée grandir et devenir celle qu'elle était à présent. Elle n'avait besoin de personne d'autre.
Lady Gaunt lui signifia sèchement de finir ses études avant de prendre la moindre décision elle-même et la Serpentarde hocha discrètement la tête. Sa Grand-mère avait eu des mots semblables la veille. Pour les deux sorcières, elle n'était encore qu'une enfant à protéger de ses envies et pulsions puériles. Et, en voyant le résultat de ses récentes actions, Carey ne pouvait que leur donner raison. En quarante-huit heures, elle s'était rendue compte qu'un trop grand nombre de choses lui échappaient encore pour qu'elle puisse se considérer comme une adulte avertie.
Alceste se radoucit, en apparence du moins, mais ses premiers mots firent frissonner d'effroi la jeune fille. "Mourir de la main de votre propre famille", "Vous protéger de nos propres attaques"... Le souvenir de la Concorde était encore frais dans sa mémoire. La fumée, les sorts jetés dans tous les sens, les blessés, l'odeur du sang, le goût acre dans sa bouche. Et les cadavres. Les dizaines de cadavres, de corps sans vie à ses pieds. Elle ressentait une terreur immense à l'idée d'être liée à tout ça. Elle n'était pas responsable des actes de sa famille. Mais elle était malheureusement liée à elle et à ses crimes, bien plus qu'elle ne le pensait, manifestement.
Les confidences de Lady Gaunt la laissèrent surprise. Il était tout bonnement impossible pour la jolie brune d'imaginer sa Grande-tante à son âge, et encore moins en train d’éprouver des doutes... Elle ne savait trop que répondre. Il fallait qu'elle reste en accord avec Elya, mais elle ne pourrait mentir sans être démasquée. De plus, si la sorcière appelait à la franchise, peut-être que lui donner ce qu'elle voulait serait le plus prudent... Elle n'avait pas encore décidé de la marche à suivre lorsque sa sœur prit la parole.
Les doigts crispés sur sa tasse de thé, Carey la regarda, les yeux écarquillés par l'étonnement. Jamais elle n'avait vraiment parlé de politique avec son aînée, mais elle savait que ses opinions divergeaient de celles du reste de la famille. Elya parlait avec convictions, et semblait dire ce qu'elle avait sur le cœur. De façon absolument inopportune, un vague sentiment de reproche envahit la cadette. Elle aurait voulu savoir tout cela dans un autre contexte que celui-ci, où elle aurait pu discuter avec sa sœur en toute tranquillité. Au lieu de ça, celle-ci la laissait dans une position inconfortable. Devait-elle approuver ou, au contraire, se ranger du côté des valeurs qui seraient celles de sa Grande-tante ? Son tour de parole arriva beaucoup plus vite que prévu, le regard froid d'Alceste plongé dans le sien.
« Ma tante, en toute franchise, je ne peux comprendre le point de vu d'Elya... Je n'ai pas encore terminé mes études, mais je n'ai côtoyé à Serpentard que d'autres sorciers de Sang Pur. Je n'ai jamais songé à remettre en question l'enseignement moral de ma Grand-mère qui prône l'élitisme. Je n'ai donc jamais eu de doutes à ce sujet. Peut-être à tord, d'ailleurs. Ma sœur n'est sans doute pas ridicule de vouloir compter sur son expérience pour se forger un avis, même à faire quelques erreurs de jugement. - elle ne voulait trahir son alliance du jour, mais ne pouvait s'empêcher de se détacher des propos de son aînée. Quant à moi, je n'ai aucune expérience du monde extérieur, mais j'espère que, lorsque j'aurais définitivement quitté Poudlard, je pourrais attester la véracité de ce qu'il m'a été appris jusqu'ici. »
Incertaine, Carey avait choisit de parler avec sincérité. Les propos d'Elya tournaient sous son crâne, et elle ne savait si elle devait les écouter. Une partie d'elle même souhaitait qu'Alceste leur donne une vérité universelle, celle qu'il faudrait suivre sans hésitation, tandis que l'autre aurait voulu pouvoir se détacher de cette famille extrémiste pour aller voir ailleurs et se forger sa propre opinion.
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Re: Beloved nieces par Mer 21 Mai - 12:51
La Maîtresse des Serpents fixa d'un air dur la nuque de l'aînée Black. Ses mains se joignirent sur sa baguette, qu'elle se mit à caresser du bout des ongles. Puis, lentement, elle tourna son visage vers la plus jeune, la sommant en silence de réagir aux propos de la sœur, de faire part, à son tour, du fond de sa pensée.
Une chance, Carey s'avérait plus jeune, plus naïve, plus malléable. Une chance, elle se détachait des propos de sa sœur, n'osant profiter de l'audace de celle-ci pour prôner quelque idée absurde. Un sourire douçâtre ourla les lèvres de lady Gaunt, et de son pas lent et gracieux, elle s'approcha de la cadette. Sa main gauche se détacha de sa baguette et vint à la rencontre du visage de la jeune fille, tandis que du buste, Alceste se penchait vers elle. Alors, ses yeux rencontrèrent les siens, et son sourire, maternel, s'accentua légèrement tandis que du bout des doigts, elle accrocha le menton de Carey.
« Vous en attesterez bien assez tôt, ma jeune nièce. Bien trop tôt. Une jeune fille de votre âge devrait être épargnée par les abominations de la vie, hélas, cela n'est pas possible, dans notre famille. La guerre approche, et sous notre blason, les sorcières aussi sont des guerrières. »
Ses doigts froids caressent la peau opaline de l'enfant, un court instant. Puis, elle se redressa, se détachant de Carey pour reporter son attention sur Elya.
« Elya… » prononça Alceste, tout en avançant de quelques pas. Elle avait choisi, à dessein, d'interpeler la potionniste par son prénom, simulant une proximité familiale, voir maternelle dans l'intonation de sa voix.
« Vos propos me déçoivent. Je note que vous n'avez pas compris, et cela n'est pas de votre faute. Il semblerait que personne ne vous ait expliqué, et vous êtes une sorcière vive d'esprit. Les gens intelligents ont ce défaut, heureusement récupérable, de remettre les enseignements en cause. Le fait est, mon enfant, que nous ne tuons pas les membres de notre famille. Et si cela vient, tristement, à arriver, considérez cela comme l'élimination de pousses pourries. »
Alceste marqua une pause, pendant laquelle elle porta son thé à ses lèvres. Elle était dans son terrain, et le calme lui était parfaitement revenu. Les discours éloquents étaient son fort, et c'était le moment ou jamais de convaincre par les mots.
« Un bon jardinier n'aura aucune pitié pour les pousses malades d'un arbre, car il sait qu'en leur laissant une chance de récupérer, c'est l'arbre lui-même qu'il risque, à terme, de condamner. Quel est la tare des sorciers aux ascendances moldues ? Non comptant d'amoindrir le pouvoir de leur sang en le mêlant à un sang dépourvu de magie, ils entretiennent le lien avec les moldus, celui-là même qu'il devient urgent de rompre. Ils s'exposent à leur influence, se vêtant comme eux, adoptant leurs coutumes, tentant de se mêler à un monde qui n'est pas le leur. Dans quel but ? S'enrichir, la plupart du temps. Étendre leur influence dans une communauté où ils n'ont rien à faire. Pour l'argent et le pouvoir, ils exposent leurs pairs aux retombés de leurs frasques. Car les moldus ont peur de nous, et de cette peur vient leur haine. Des milices catholiques se forment un peu partout et s'emparent des plus faibles d'entre-nous. Des femmes, des enfants, des vieillards ! Je vous le ferai voir, bientôt. Vous verrez ce qu'ils font aux nôtres, quand leur roi ferme les yeux. La seule chose que doivent faire les sorciers avec les moldus, c'est la guerre. J'ai douté, moi aussi, puis j'ai vu de mes yeux. Croyez-moi, Elya. Il n'y a pas plus insupportable que l'odeur de la chair brûlant, pas plus affreux que le hurlement d'un ami se noyant au grondement des flammes. Pas vision plus cauchemardesque que la silhouette noire d'un homme, se tortillant sur le bûcher, jusqu'à disparaître derrière un étau de fumée noire. »
Tout en discourant, Alceste s'était rapprochée d'Elya. Elle se tenait à présent dans son dos, le regard rivé sur le profil de la jeune femme, l'émotion que trahissait son discours gravé sur son visage austère.
« Tout ça pour le pouvoir et la richesse. Et je ne parle pas encore de la perte de nos coutumes et de nos valeurs. De l'influence des lois moldus sur les nôtres, alors que nous autres, sorciers, sommes si différents. Regardez-moi, Elya. »
Immobile, Alceste attendit que la jeune femme consente à braquer ses yeux dans les siens.
« Je sais ce que vous pensez. Vous imaginez que je ne suis que l'épouse d'Arnald Gaunt, et que je le suis les yeux fermés, en bien docile de mon mari. La sulfureuse et colérique Alceste, qui ne jure que par l'agonie des ennemis d'Arnald, valeur ajoutée de la monstrueuse famille Gaunt. Je ne suis pas sourde à ce que l'on dit de nous, Mesdemoiselles Black. Seulement, la véritable raison de ces rumeurs vient du fait que beaucoup aimeraient penser comme nous, aller au bout de leur idéal comme nous le faisons, mais qu'ils n'ont pas le courage de vivre pleinement en accord avec leurs valeurs. Notre conviction et notre ferveur effraient, et aux yeux des autres, cela fait de nous des monstres. J'espère, Elya, que vous ne nourrissez pas ce genre d'à priori sur votre propre tante. J'espère que vous n'imaginez pas votre grand-mère capable d'apprécier et d'estimer un monstre, dépourvu de sens commun ? Car la vérité, c'est qu'en tant que femme, il faut être plus dure, plus impitoyable et plus forte encore que doit l'être un homme. C'est ainsi que l'on survit, lorsque l'on pense mériter une autre place que celle de poulinière. Nous ne pouvons trouver d'excuses à la trahison, quelle que soit sa forme. »
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Re: Beloved nieces par Dim 29 Juin - 20:56
Mais le temps lui manquerait peut-être. Comme leur tante le disait si bien, la guerre approchait. C’était indéniable, les tensions augmentaient, et la nuit de la concorde avait sans doute mis le feu aux poudres. Alceste ne lui laissa cependant pas le temps de penser à demain, l’obligeant à concentrer toute son attention sur elle. A l’écoute de son prénom, la jeune femme sut que sa tante engageait le combat. Elle le sentait dans son intonation, dans ses gestes. Pourtant, son cœur resta calme, ses yeux dérivant à droite et à gauche alors qu’elle écoutait avec une attention toute particulière le discours de la sorcière, cherchant une faille dans celui-ci. Ses mains jointes se serrèrent un instant lorsqu’elle parla de pousses pourries, blanchissant ses jointures, mais celles-ci se desserrèrent lentement. Alceste utilisait les mots justes dans un discours bien rodé. Elle savait convaincre. Quelque part au fond d’elle, Elya avait envie de céder, de se laisser séduire par ces idées qui sonnaient incroyablement justes dans la bouche de sa tante. L’argent, le pouvoir, la peur, la haine. Oui, Alceste avait raison concernant les moldus. Ces hommes de foi n’engendraient que la mort. Leurs bûchers trônaient fièrement sur les places publiques, emportant en leur sein les membres de leur communauté. Elya ne niait pas sa crainte de ces démons. Mais elle refusait d’entrer en guerre avec d’autres sorciers, peu importe leur ascendance.
« Regardez-moi, Elya. »
Avec crainte, l’espionne se retourna pour faire face à Alceste. Elle la fixa d’un air déterminé, comme preuve de son insoumission. Elle ne voulait pas la laisser espérer que son cœur flanchait. Non, elle ne voulait pas offrir à cette harpie ce plaisir. Elle l’écouta, la tête droite, le regard impassible, alors qu’une voix rageuse commentait les paroles de sa tante dans sa tête. Oui, Cathleen était tout à fait capable de s’allier à des monstres, comme elle était capable de déshériter son propre fils, voire bien pire encore. Ses lèvres cependant, restaient fermement closes. Elle ne savait pas comment se défendre de ce discours. Pourtant, la jeune femme savait que ne rien dire, se soumettre à ce regard anthracite pousserait irrémédiablement Carey dans les filets de la théorie absurde du sang-pur. Et aujourd’hui, elle avait envie de se battre pour que sa petite sœur ne vive pas dans un tel monde. Elle en était la première étonnée, pourtant, elle avait envie d’y croire.
« Je ne doute pas que vous ayez raison, madame. Votre expérience est indiscutable, vos convictions compréhensibles. J’aimerais vous croire, car je sais que vous êtes une femme d’esprit et d’action. Mais je ne veux pas croire en ce monde si chaotique que vous décrivez. Je ne veux pas croire que ce que j’ai pu voir, ce que j’ai pu constater n’était que mensonges et calomnies. Les sorciers ne devraient pas avoir à s’entretuer pour quelques cas isolés. Tous les moldus ne sont pas des assassins, tout comme les né-moldus ne sont pas tous fils et filles de parjures. Les sorciers n’attestant pas d’un sang pur n’en sont pas moins des sorciers. Nous ne devrions pas sous-estimer les nôtres, et par ce terme, j’entends toute personne apte à utiliser la magie. Naître impur n’est pas une trahison, tout comme ne pas vouloir voir ses enfants grandir et vivre dans un monde en guerre n’est pas une félonie. »
Son regard se tourna vers Carey. Elle l’observa un instant, se demandant comment elle pouvait la convaincre de ne pas faire aveuglement confiance à Alceste sans que cette dernière ne comprenne son manège. Elle cherchait aussi un moyen de couper court à la conversation, pour que leur tante s’en aille au plus vite et qu’enfin cela s’arrête. Sa voix se fit alors plus douce, et son regard plus compatissant alors qu’elle se tournait à nouveau vers Alceste :
« Bien sûr, je sais que notre grand-mère vous accorde toute sa confiance et son estime, et qu’elle ne nous mettrait jamais en danger. Et défendre nos valeurs et nos coutumes est un combat qu’il nous faut mener. Mais malgré ces certitudes, je ne peux me résoudre à l’idée d’une guerre ouverte avec les moldus. Nous avons déjà tant perdu … »
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Re: Beloved nieces par Ven 25 Juil - 14:47
Le sourire qui étira les lèvres fines d'Alceste n'avait rien de rassurant, et la cadette des Black dû retenir un mouvement de recul lorsque sa tante s'approcha d'elle à pas lents. Elle resta d'une immobilité parfaite, ses yeux d'un bleu glacial plongés dans ceux de la maîtresse des serpents, comme hypnotisée par ses paroles tandis qu'elle lui caressait le visage. « Je comprends, ma tante. », murmura-t-elle quand elle fut enfin délivrée de l'emprise de la sorcière qui avait retourné son attention sur Elya.
Carey observait avec prudence les deux femmes, à l'affût du mot de trop qui envenimerait la situation, redevenue calme à cet instant. Elle tressaillie à l'évocation des "pousses pourries". Pour rien au monde elle n'aurait voulu se trouver dans ce camp, manifestement si désagréable à Lady Gaunt...
Sa tante était douée avec les mots comme avec la terreur, mais même en sachant que tout ce qu'Alceste disait avait pour but de leur faire adhérer sans retenu à ses convictions, qui étaient pourtant discutables, la jolie brune ne pu s'empêcher d'y croire. Elle avait entendu parler, à Poudlard, de ceux dont les familles avaient voulu nouer des liens avec les moldus, et de ce qui était arrivé à certains d'entre eux. Elle n'avait jamais vu de ses propres yeux les bûchers destinés à ses semblables, mais la description de Lady Gaunt alluma un éclat de haine au fond de son regard. Elle tourna la tête vers sa sœur et songea péniblement à ce qui lui arriverait si les membres de sa famille subissait un tel sort. Elle n'avait qu'Elya et Cathleen, que ferait-elle si ces monstres lui prenaient ?
Alceste continua de parler, et une fraction de seconde, Carey fut remplie d'admiration pour cette femme forte et indépendante. Puis la terreur qu'elle avait ressenti lors de la Concorde lui revint en mémoire et elle réfréna ses ardeurs. Sa tante décrivait à la perfection l'image qu'avait les autres de la famille Gaunt. La jeune fille avait pris l'habitude de tendre l'oreille, pendant ses rondes à Poudlard, et d'autres rumeurs, tout aussi sombres, concernant les Black, s'ajoutaient à celles d'Alceste. Néanmoins, la Serpentarde n'y croyait pas. Seuls les élèves qui n'appartenaient pas à sa maison avaient la bêtise de proférer de pareilles absurdités. Les mots qui sortirent de la bouche de sa tante l'instant d'après finir de convaincre Carey. Elle avait une confiance absolue en sa Grand-mère, et celle-ci avait une confiance absolue en Alceste Gaunt. Cela réglait la question. Jamais la jolie brune ne se serait permise de s'opposer à Cathleen, qui était son unique point d'accroche.
Elya reprit la parole avec un aplomb qui surpris sa cadette. Il fallait que sa sœur croit profondément à ce qu'elle disait pour oser se dresser ainsi devant leur tante. Ses mots frappaient Carey de plein fouet, autant, peut-être même plus que ceux d'Alceste, tout en étant pourtant radicalement différents. Ils étaient porteurs de paix, et donnait envie d'espérer. Espérer de vivre dans un monde moins dur, où chacun serait libre de faire ce que bon lui semblait sans que cela ne déclenche de catastrophes. Pourtant, sa position par rapport aux nés moldus était totalement à l'opposé de ce que Carey entendait depuis sa plus tendre enfance. Si les moldus étaient des monstres, comment être sûr que leur progéniture, même douée de pouvoirs magiques, ne l'était pas tout autant ?
La jeune fille croisa le regard d'Elya et se demanda quel était le sens du message qu'elle essayait de lui faire passer. Les sœurs Black n'avaient jamais été proches, on aurait même pu dire qu'un monde les séparait. Seulement, aujourd'hui, Carey se disait qu'elles s'étaient peut-être trompées en décidant de ne pas approfondir leur relation. Son aînée venait de lui prouver en prenant sa défense ; la jolie brune avait encore besoin qu'on la protége du monde extérieur. Elle se sentait redevable auprès de sa sœur et lui adressa un petit sourire discret avant que celle-ci ne reprenne la parole d'une voix plus douce.
Cette fois-ci, Carey était en accord total avec Elya. Elle se fichait bien des quelques sorciers brûlés sur le bûcher, finalement. Ce qu'elle voulait, c'était que sa famille à elle soit épargnée. Et au diable les moldus ! Qu'ils vivent ou qu'ils meurent, elle les voulait loin d'elle. La dernière chose qu'elle souhaitait, au regard des cadavres de la veille, c'était qu'une guerre éclate.
« Il faut protéger la famille. », déclara-t-elle doucement, sûre de penser ce qu'elle disait. La famille était étrangement symbolique, pour elle qui n'en avait jamais vraiment eu. « C'est le plus important. Nous ne pouvons pas permettre que les nôtres meurent... » Le regard légèrement perdu dans le vide, elle ajouta, plus pour elle-même que pour les deux autres sorcières. « Que va-t-il se passer maintenant ? »
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Re: Beloved nieces par Sam 2 Aoû - 15:50
Elle n’était qu’une jeune sotte, sans expérience ni recul, une pédantesque petite Serdaigle chez qui des promesses de félonies se manifestaient au moindre de ses gestes. Elle était la digne fille de son père, prompte à trahir sa famille et les lois de celle-ci pour faire ce que bon lui semblait.
Cathleen n’avait manifestement pas su l’éduquer comme il l’aurait sied. Elle n’avait su agir avec ses petites-filles comme il l’aurait convenu. La pousse pourrie qu’avait été Drew avait commencé à atteindre l’arbre. Sa solidité n’était peut-être déjà plus qu’une illusion.
Il n’y avait sûrement plus rien à faire avec Elya. La jeune femme avait déjà vingt-et-un ans. Seule une pression intense et féroce avait une chance de rattraper les dégâts, la diplomatie ne pouvant plus rien face à l’entêtement convaincu d’une adulte à peine sortie de sa chrysalide. Car, si. Ce que venait de citer Elya était bel et bien de la félonie. De la félonie et de la lâcheté. Et ce que lui inspiraient ces deux tares était tel qu’Alceste ne put retenir un rictus qui souleva sa lèvre supérieure au-dessus de ses dents inégales, à la façon d’un chien qui réfrène une violente envie de mordre. Son regard était plus intense et féroce qu’il ne l’avait jamais été à l’intention de sa nièce et nul n’était besoin de mots pour qu’Elya saisisse la sentence tournant dans les pensées de lady Gaunt : « Je te hais. ». En cet instant, plutôt que parler, la mère des serpents aurait voulu détruire son interlocutrice.
Mais il y a avait Carey. Il y avait une raison, dans cette pièce, de conserver son sang-froid et persévérer par les mots. Il y avait encore un espoir avec la plus jeune, à condition qu’elle ne se laisse pas manipuler par sa sœur. Espoir déjà fissuré, au vu de ce qu’entendait sortir Alceste de la bouche de la cadette. Dédaignant l’interrogation de la Serpentard, lady Gaunt déclara sur un ton formel :
« Nous pouvons nous le permettre et nous nous le permettrons. » déclara la sorcière, sèchement. « Par honneur et courage. Car éviter la guerre par souci pour sa vie est félonie. Félonie et lâcheté. Ce que nous avons le devoir de perpétrer, d’une part, et de construire d’autre part mérite que nous agissions sans trembler face à la souffrance et la mort. »
Jusqu’alors, Alceste n’avait pas quitté Elya des yeux, mais à présent, elle se retournait pour jauger la cadette Black.
« Trembler est l’acte des soumis et des couards. Vous êtes une Black. Vous avez du sang Gaunt, du sang Serpentard. Vous ne serez surement jamais aussi illustre que vos ancêtres mais vous pouvez tenter, votre vie durant, de vous élever à leur hauteur et, ce faisant, leur faire honneur. Ou vous pouvez trembler, cachées derrière des espoirs illusoires, et nous trahir tous, l’histoire et les valeurs de votre nom avec nous. Vous avez le choix. »
Alceste se tourna à demi vers Elya, pour croiser son regard.
« …Mais choisissez bien, car je serai derrière-vous, à épier le moindre de vos actes, prête à m’assurer que vous ayez l’audace d’aller au bout de vos convictions. Car une fois que le choix est fait, revenir en arrière, c’est commettre l’ultime trahison. C’est se trahir soi-même. C’est ainsi que la branche se gangrène, c’est ainsi qu’elle condamne à l’infamie. Ou à la mort. »
Immobile, la maitresse des potions s’attarda sur l’ainée Black. La menace était évidente et ne s’adressait qu’à elle seule. Elle brulait dans les yeux de la mère des serpents au point que cette dernière semblait vouloir l’exécuter dans l’instant. Le masque s’était fissuré, cependant, la haine s’évapora le temps qu’elle fasse demi-tour et pose sa tasse, pour se trouver finalement face à Carey.
Affublée d’un air protecteur, maternel, elle s’avança et posa sa main sur l’épaule de la jeune fille.
« Vous transmettrez à votre grand-mère l’immense regret que j’éprouve à n’avoir pu m’entretenir avec elle. Je ne perds cependant pas l’espoir d’obtenir de ses nouvelles. »
Sa main chut alors qu’elle revenait au fauteuil où elle avait laissé sa cape, pour récupérer celle-ci et la passer avec précaution sur ses épaules. Un seul soupir, à peine plus bruyant qu’un chuchotis, trahit la douleur qu’elle éprouvait encore et qui s’éveillait au moindre mouvement ample. Une douleur aussitôt oubliée, semblait-il, car ce fut pourvue d’une immuable droiture qu’elle passa la porte du salon pour quitter le manoir Black.
Ce n’était pas fini pour autant. Au contraire, la bataille venait tout juste de commencer.
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Re: Beloved nieces par Ven 15 Aoû - 15:22
Et Alceste, contrairement à ses précédentes déclarations, utilisaient à présents des mots durs, trop violents, qui étaient à l’exact opposé des faibles aveux de Carey. De quoi l’effrayer, mais pas de quoi la convaincre. Elya ne risqua pourtant pas un regard vers sa cadette, trop occupée à soutenir le regard de leur tante. Elle était effrayante, vraiment, tant dans son regard que dans ses mots. Elle pouvait d’ailleurs très nettement entrevoir à présent la haine qui perçait au travers l’anthracite de ses yeux. Elle se bougea cependant pas un cil, fière et froide, alors qu’elle tentait bien vainement de calmer les battements de son cœur sans en laisser rien paraître. Elle ne tremblerait pas, pas devant elle. Et aussitôt qu’Alceste lui en donna l’occasion, Elya tourna le regard vers Carey, observant ses réactions face aux menaces à peine déguisées de Lady Gaunt. Encore une fois, elle espérait que l’intimidation d’Alceste ne trouve aucun écho en sa jeune sœur, et elle tenta, par le regard, de lui faire comprendre qu’elle n’était pas seule, qu’elle la soutenait, comme elle le faisait depuis qu’Alceste était entrée au manoir. C’était pourtant plus difficile qu’il n’y paraissait, et peut-être qu’un lien plus fort entre les deux sœurs aurait permis à l’une comme à l’autre de comprendre ce qui se cachait derrière leur regard. Mais il fallait se rendre à l’évidence, Elya ne savait rien de sa cadette et ne savait pas comment agir avec elle.
Mais elle pouvait lui montrer comment faire face. Relevant le menton lorsqu’Alceste darda à nouveau son regard dans le sien, elle lui offrit le plus impénétrable des visages. Elle ne lui donnerait rien, pas même l’ombre de la peur qui lentement montait en elle. Elya était déterminée à ne pas choir devant une telle sorcière. Elle seule était maitresse de ses pensées, de ses choix et de ses convictions, et personne ne l’obligerait à penser différemment. Elle était une Black, ce qui signifiait aussi qu’elle était une femme forte, sûre d’elle et insoumise. Et malgré le sang Gaunt qui coulait dans ses veines, elle n’avait aucun compte à rendre à cette femme. Ses yeux bleus restèrent de marbre, même pendant la courte confrontation muette des deux femmes. La jeune espionne ressentait bien la haine palpable de sa tante, elle se laissait deviner aisément. Ils étaient loin, ses douces intentions maternelles et ses gestes doux. Et Elya savait que ce qu’elle voyait là était un aperçu du vrai visage de la mère des serpents. Elle se concentra encore pour ne pas détourner le regard, malgré son envie d’échapper à cette puissante haine qui lui perçait le corps et dévorait son courage. Et bientôt, son souhait fut exaucé. La dame tourna le regard, adressant une dernière parole à Carey, avant d’enfin remettre sa cape et de s’en aller vers la sortie, sans un mot de la part de la Serdaigle.
Elya attendit d’entendre claquer la porte avant de pousser un soupire de soulagement et de relâcher enfin son corps, raidi par la fierté et la peur. Elle tourna ensuite son regard vers sa sœur, d’abord fermé, tentant de déchiffrer ce que pouvait bien se cacher derrière ses grands yeux d’enfant. Mais bientôt, ses lèvres s’étirèrent en un sourire rassurant, la remerciant en silence du soutien qu’elle avait été. Elle prit ensuite une grande respiration par le nez et après avoir retenu sa respiration quelques secondes, soupira. Elle se sentait fatiguée et lassée par cette conversation. L’envie de rejoindre sa chambre l’envahit soudainement et elle n’hésita pas longtemps entre une longue et périlleuse conversation avec sa sœur et de simples conseils.
« Tu n’es pas obligée de suivre le chemin qui t’es imposé. Tu es libre de réfléchir par toi-même, et de faire tes propres choix. Ne les laisse pas t’utiliser comme un simple pion. Tu es une Black, oui. Mais cela ne signifie pas que tu es au service de la famille Gaunt. »
Elle ne savait pas si ces quelques mots étaient suffisants. Cela l’aurait été, pour elle. Aussi, elle ne s’attarda pas sur la réponse de Carey, préférant lui laisser le temps de réfléchir. Elle avait assez été confrontée aux changements, durant ces trois derniers jours. S’avançant vers le hall pour rejoindre l’escalier central, elle se retourna juste avant de passer la porte, pour adresser un dernier mot à sa sœur.
« Sois celle que tu as envie d’être. Pas uniquement celle qu’on t’oblige à devenir… - elle marqua une pause, durant laquelle elle se retourna, avant de reprendre d’une voix douce – Merci pour ce que tu as fait. Pas seulement aujourd’hui. »
Elle faisait allusion à la fête de la Concorde, bien sûr, mais aussi à tous les bons moments que les deux sœurs avaient passées ensemble. C’était inutile de la remercier pour cela, mais Elya en ressentait le besoin, aujourd’hui. Oui, elle lui était redevable. Mais alors qu’elle montait les marches pour se rendre dans sa chambre, elle se rendit compte, avec un sourire, que cela ne la gênait pas. Après tout, Carey était sa seule famille.
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Re: Beloved nieces par Lun 18 Aoû - 22:35
Le ton froid et sec de sa grande tante surprit Carey et un éclat d'incompréhension traversa son regard polaire. Les mots qu'elle entendait l'effrayaient, sans doute plus qu'ils ne l'auraient dû. Elle craignait pour sa vie et pour celle de ceux qui l'entouraient depuis sa plus tendre enfance ; comment Lady Gaunt pouvait-elle qualifier ce sentiment de trahison ? La maîtresse des serpents n'avait donc pas peur de la mort ? Était-ce là la preuve d'un courage sans commune mesure ? Si oui, alors la cadette Black ne pouvait que constater avec stupeur que la lâcheté qu'on lui reprochait était entièrement justifiée. Ne serait-ce que repenser à la nuit dernière, aux sorts qui filaient au dessus de sa tête et aux cadavres qui tombaient à ses pieds, elle sentait son cœur s’emballer et son estomac se nouer de terreur... Heureusement pour la jeune fille, Alceste fixait sa sœur aînée, et elle ne se rendit donc pas compte du trouble qui s'était emparé de sa seconde petite nièce.
Lorsqu'elle reposa enfin les yeux sur elle pour la jauger de son regard sombre, Carey avait repris une contenance et se tenait droite, son visage de marbre malgré les battements désordonnés de son cœur qui tambourinait dans sa poitrine. Contrairement à plus tôt, elle sentait qu'elle ne devait pas faire part de ses doutes à sa tante. Elle n'en avait d'ailleurs plus aucune envie de poursuivre cette conversation. Cependant, Alceste n'en avait pas finit avec elle. La jolie brune rassembla tout son courage pour ne pas trembler face à ces paroles pleines de désapprobation où étaient évoqués l'honneur et la gloire de ses ancêtres.
Lady Gaunt reporta son attention sur Elya, avec un regard haineux qui donnait des sueurs froides à la Serpentarde, à qui il n'était pourtant pas destiné. Le poids des menaces lui coupa le souffle, comme un uppercut en plein milieu du ventre. Et pourtant, ce ne fut pas ce qui la choqua le plus. Ce qui la stupéfia, ce fut l'attitude de sa sœur. Elle ne bougea pas, les yeux plantés dans ceux de celle qui lui promettait pourtant la mort en cas d’écart de conduite. Droite et fière, Elya soutenait sans faillir le regard de la maîtresse des serpents. Une vague gratitude l'envahit alors qu'elle songeait que son aînée la protégeait, suivit d'un sentiment d’admiration incrédule. Pourquoi sa sœur faisait-elle preuve d'autant de bravoure ? Où trouvait-elle le courage de résister ? Et surtout, que défendait-elle exactement ? Les questions de Carey fuirent son esprit lorsque sa grande tante se retourna vers elle.
Affichant un air radoucit qui jurait affreusement avec le visage plein de haine qu'elle avait abordé quelques instants auparavant, Lady Gaunt s'avança et posa une main sur l'épaule de sa nièce, qui ne bougea pas d'un pouce. Elle hocha doucement la tête devant ses dernières paroles. « Bien entendu, Lady Gaunt. Je suis certaine que ma Grand-mère sera navrée d'avoir manqué votre visite. » La jeune fille adressa à sa tante un petit sourire hésitant, pourtant ses yeux restèrent de glace, démentant tout bon sentiment. Alceste traversa la pièce une seconde plus tard, traversant la pièce d'une démarche royale.
La porte claqua, et Carey poussa un léger soupir de soulagement, en écho à celui de sa sœur. Ses épaules se relâchèrent et elle desserra ses poings douloureusement crispés. L’étau qui contractait sa poitrine se relâcha également. Pourtant, son cœur battait toujours un peu vite, et la jeune fille se sentait emplie d'un étrange sentiment de perte. Elle ne savait pas d'où il venait, elle avait d'ailleurs l'impression de ne plus rien savoir du tout. Dans un élan inhabituel, elle chercha le regard de sa sœur pour se rassurer. Elya lui adressa un léger sourire qui dissipa momentanément ses craintes.
Mais au lieu de l'apaiser, les mots que prononça son aînée par la suite la plongèrent dans une incertitude encore plus profonde. « Elya... Je ne suis... Je... » Mais sa sœur n'attendait pas de réponse, et elle se dirigea vers le hall après lui avoir adressé quelques mots qui la troublèrent plus que tous les autres. L'aînée des Black sortie, et Carey resta là, debout au milieu de la pièce, ses yeux bleus perdus dans le vide. Une question qu'elle ne s'était jusqu'alors jamais posée prenait à présent toute la place dans son esprit. Qui voulait-elle être ?
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